Au-delà du cas emblématique de France Télécom, ce qui m'interpelle dans ce sujet c'est le vrai flou dans l'analyse des causes de suicide au travail. Bien sûr, tout un tas d'articles de presse a paru ces deux dernières années mais ces textes n'ont, me semble-t-il, fait qu'effleurer le sujet. Sans doute n'en sommes nous qu'au début...
Dans ma boîte, ce que je constate c'est qu'il y a énormément d'arrêt maladie. En plus, mon constat est que ça touche une fonction/poste précis...tiens tiens...et que ces postes sont (pourtant?) occupés par des "jeunes", entre 25 et 35 ans...Disons que mon analyse de ce fait sociologique tient en quelques points :
- la compression des missions sur les individus/postes (travailler plus pour gagner toujours pareil)
- l'exigence de performance, corollaire de la compression des missions et de la réduction globale des effectifs
- l'inefficacité endémique résultant de la compression des missions et de la réduction globale des effectifs et résultant aussi des moyens supplémentaires non alloués (à la fois en termes financiers ou techniques)
- la frustration personnelle résultant d'une impression générale d'inefficacité, aux niveaux personnel et collectif
- le cloisonnement volontaire des services et catégories d'emplois dans la boîte sous couvert d'une fausse autonomie
- la rétention d'informations sur les actions sociales et le muselage des syndicats par la direction générale
- la rétention d'informations dans les choix des objectifs d'entreprise par la direction générale
- l'opacité des grilles salariales et droits des salariés par la direction générale
- la mise en concurrence permanente des employés aux fins de performance et au détriment de la qualité de service rendue aux usagers
- ...voilà grosso modo
Et tout cela pris ensemble entraîne un isolement, une saturation très forte de l'esprit (fatigue etc) entraînant parfois l'incapacité même de contestation basique, une "souffrance" au travail où les solidarités tendent nettement à disparaître (et quand il y en a ce n'est souvent qu'aux fins de promotions personnelles recherchées) puis, pour reprendre un terme en psychologie, ce qu'on nomme l'injonction paradoxale. A savoir la dualité entre ce qui est exigé (par l'entreprise en terme de performance par exemple ou à soi même en terme de besoin de dignité par le salariat aussi) et ce qui ne paraît pas "juste" (par l'entreprise en terme de ce qu'elle demande de nous est contraire à nos principes ou à soi même en terme de ce que nous aurions fait dans une situation donnée). Le trouble naît, de pair avec la perte d'orientation. Il suffit que la force vienne à manquer, que la vie privée soit négligée, qu'un incident personnel intervienne, pour que la bascule se fasse vers le suicide dit "au travail" mais de fait "à cause du travail".
Car il y a aussi tous ceux qui se reconnaissent à travers leur emploi...Cette donnée sociale erronée depuis belle lurette....Comme si on était encore très nombreux à choisir pleinement sa profession, son contenu et ses modalités...Or tant que cette représentation sociale demeurera encore figée (par choix de qui je vous laisse le deviner) dans nos moeurs, dans nos propos, nos échanges sociaux, tant qu'on ne criera pas enfin au mensonge qu'est cette représentation là ("et toi que fais tu dans la vie?"), il sera difficile de sortir de l'esclavagisme qu'est le salariat, et du néo-esclavagisme qu'est le salariat du 21ème siècle...
EVENEMENTS DE POITIERS - RÉACTION à CHAUD
( par kuhing )
Je viens de prendre connaissance de ce qui s'est passé à Poitiers.
Je pense que ce genre d'actions, à l'étape actuelle, n'est pas adaptée si elle se passe à si peu de personnes.
En même temps nous savons bien que la violence, la vraie, ne vient pas au départ de ceux qui ont voulu en découdre.
Donc faut-il condamner ce genre d'actions ?
Je crois qu'il faut être très nuancé.
Ces départs de feux ne sont que le résultat normal de la situation.
Quand les membres du comité de lutte Contis saccagent la préfecture, la majorité des personnes ici sont prêtes à les soutenir et comprennent leur acte issu d'une rage légitime.
Mais quand des jeunes cagoulé-e-s s'en prennent à des vitrines de commerçants, beaucoup s'indignent et condamnent.
C'est pourtant de la même rage dont il s'agit, de la même impatience pour que les choses bougent et avec cette illusion que ce genre de démonstration peut réveiller les foules.
Ce n'est en général pourtant pas le cas.
Donc il faut je crois être précis: oui, la rage de ces jeunes est compréhensible et elle est l'expression d'un ras-le-bol
général et d'une impatience que je saisis.
En même temps ce sont des actions romantiques, désespérées et qui ont toutes les chances de couper leurs auteurs de la grande masse de la population.
La violence, il va falloir se faire à l'idée qu'elle risque de surgir à tous moments et avec une ampleur croissante.
Il ne me semble pas, dans ce cas, opportun de s'en indigner surtout pour des révolutionnaires : nous savons que le vrai changement social ne passera pas par les urnes, il sera très probablement très violent à un moment même si ça plait pas à beaucoup de gens.
Maintenant il faut aussi réfléchir sur l'efficacité des actions.
Il parait clair que des bris de vitrines éparts et trois poubelles qui brulent ont peu de chance d'aboutir à un changement direct de société.
Alors quelle efficacité ?
D'abord il ne faut pas se tromper de cible : ce ne sont pas les vitrines de commerçants auxquelles il faut se prendre mais bien aux bâtiments qui sont les antennes de l'appareil d'état.
Ensuite il faut établir un rapport de force correct : 200 personnes même déterminées ne peuvent rien face aux forces de répression du pouvoir.
Par contre 5000 à 10 000 personnes qui envahissent tout bâtiment symbole de l'état et en prennent le siège, changent fondamentalement la donne.
Mais si 5000 personnes sont prêtes à faire ça , cela voudra dire que des centaines de milliers les soutiennent.
Et ceci est dépendant d'une conscience collective qui avance d'elle-même et aussi par un travail sur le terrain.
Dans ce sens il me parait logique de dégager de telles perspectives.
Il y a actuellement cette idée de manifestation consécutive à la votation contre la privatisation de la poste.
Certains veulent amener les 2 ou 3 millions de signatures chez Sarkozy à l'issue d'une manifestation nationale.
Je trouve l'idée correcte à condition que ces signatures soient apportées par plusieurs milliers de personnes à l' Elysée et qu'elles refusent d'en sortir jusqu'au moment où une issue "intéressante" soit trouvée.
Préparer et établir le rapport de force suffisant et face aux bonnes cibles.
Neill a écrit: Après vous verrez si oui ou non vous voulez le mettre dans le prochain numéro du Ptit Noir!
Dire que tout va de mal en pis, que « c’était mieux avant », ou tout simplement que « plus rien ne va » est indéniablement cliché.
Difficile de ne pas penser à ces vieillards qui répètent aussi souvent que possible « y’a plus d’jeunesse » derrière leur fenêtre.
Cliché donc, mais pas faux pour autant.
Le chômage frappe. Sans-papiers, ouvriers et précaires sont bien entendu les premiers à subir les conséquences néfastes d’une crise qui n’est pas la nôtre, mais que nous payons tous.
Les grandes centrales syndicales occupent les travailleurs qui ont du temps à perdre en organisant une journée par-ci, une par-là, secteur par secteur (diviser pour mieux céder !).
Ils ont même renoncé à leurs ridicules journées interprofessionnelles organisées une fois tous les deux mois. Il faut dire que ces défilés en rangs serrés, entourés par les forces de l’ordre sur un parcours bien délimité étaient véritablement subversifs.
Le gouvernement comme le patronat observent le sourire aux lèvres les joyeuses bandes de bouffons qui prennent régulièrement la rue d’assaut et crient à qui veut bien le croire – c'est-à-dire personne – qu’ils vaincront.
Les oppresseurs et les traîtres forment une merveilleuse équipe. Les classes laborieuses brillent par leur docilité, leur naïveté et leur absence.
Nous n’aurons que ce que nous prendrons !
La répression s’accentue. Cette saloperie d’Edvige a disparue mais elle avait deux petits frères en projet…
Deux nouveaux fichiers ont été créés, ciblant les « bandes » et les « hooligans/groupuscules ».
Brice Hortefeux – l’homme qui réprime, expulse et enferme plus vite que son ombre – prétexte les événements qui ont eu lieu à Poitiers pour se remettre à agiter le spectre de « l’Ultra-Gauche » ou encore les fameux « Anarcho-autonomes » (qu’est-ce qu’on l’aime bien celle-ci, elle nous manquait !!).
C’est sans doute une manière de fêter le premier anniversaire de la grande mascarade du 11 novembre 2008.
Petit rappel ? Les médias nous ont bassiné avec ces terroristes anarchistes que l’on a accusés de poser des bombes sur les voies ferrées, de participer à des manifestations violentes, et qui vivaient à l’écart du monde dans une ferme de Tarnac (Corrèze).
Pour quel résultat et quelle vérité ? Tous les inculpés ont été relâchés, et il s’agissait effectivement de dangereux paysans communistes qui lisaient et qui étaient soupçonnés d’avoir écrit un livre (et de publier des textes politiques/philosophiques).
Et donc à Poitiers, de jeunes anarchistes (forcément), se sont attaqués, entre autres, à des banques et ont fait dégénérer la manifestation.
Du pain béni pour Hortefeux qui lance un message clair aux dissidents (peu importe leurs tendances ou leurs terrains de lutte), voici ce qu’il faut comprendre :
Nous continuerons à guérir par la matraque et la geôle, mais nous préviendrons aussi par le fichage liberticide et d’éventuelles arrestations de « prévention ».
La chasse aux réfractaires est plus ouverte que jamais. Des quartiers populaires aux campagnes…
La bourgeoisie défendra ses intérêts jusqu’au bout. Quitte à mettre des innocents en prison.
L’extrême droite de retour sous de nouvelles formes. Le vieux fascisme des années 30’s est mort et ne reviendra pas (quoique !).
La dose de fascisme que contiennent nos pseudos-démocraties peut (et doit) faire débat. La droite populiste triomphe en France comme en Italie et ailleurs, et les thèmes comme l’immigration ont fait leur grand retour sur le devant de la scène (au point d’en faire un ministère).
Si l’état définit ce qu’est l’identité nationale, nous sommes là dans le fascisme pur.
La séduction qu’opère les Dieudonné, Soral, Kémi Séba, Gouasmi et autres énergumènes identitaires sur les jeunes des classes populaires a déjà été vivement dénoncée sur ce site. Nous ne rappellerons ni leur antisémitisme, ni les liens avec l’extrême droite « traditionnelle », ni leurs théories racistes, ni leurs doctrines merdiques.
Et comme si tout cela ne suffisait pas et ne sentait pas suffisamment le soufre, voici que le « Bloc Identitaire » devient un parti politique comme les autres.
La créature puante de Fabrice Robert est donc devenue acceptable.
Décidément, le glissement des idées propres à l’extrême droite s’est nettement opéré sous l’ère sarkozyste. C’est indéniable, et c’est à gerber.
Pendant que certains s’en inquiètent, d’autres préparent la riposte.
Aucune lutte anti-raciste n’est crédible si elle se concentre sur la défense d’une ethnie, ou si elle s’acharne sur une catégorie de personne particulière (et donc bouc-émissaire).
La lutte anti-raciste, anti-fasciste, anti-capitaliste ou encore anti-sexiste ne peut-être qu’internationale pour être crédible et renverser radicalement l’ordre et les valeurs existantes pour opérer un véritable changement durable en profondeur.
Face à la misère, l’exclusion, la répression, le fascisme...
CONTRE ATTAQUONS AVEC LA MÊME VIRULENCE QUE NOS TORTIONNAIRES !
Polack a écrit:Je proposerai bien ce texte là : viewtopic.php?f=16&t=3395
A voir avec sulfateuse si il est ok.
willio a écrit:On pourrait préciser en intro de ce texte qu'il a pas mal fait débat, qu'il y a eu des critiques et que tout le monde n'est pas 100% d'accord avec. On peut accompagner ça du lien vers le topic en question.
je suis plutôt pour que ceux et celles qui ne seraient pas d'accord et tiennent à le faire savoir rédigent une réponse même brève pour l'exprimer soit dans ce numéro soit dans le suivant .
"les articles n'engagent que la responsabilité de ceux et celles qui les écrivent"
Et le P'tit Noir n'est pas l'organe d'une orga centralisée.
D'autant que dans le cas présent ce n'est même pas Sulfateuse qui demande que son texte soit publié.
Polack a écrit:
. Donc ça fait avancer le scimilimili schimili mili bili bilik !
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