Turquie : répression violente de la gay pride

Turquie : répression violente de la gay pride

Messagede bajotierra le Lun 29 Juin 2015 09:40

La police anti-émeutes turque a violemment réprimé dimanche une Gay Pride, lançant des gaz lacrymogènes et utilisant des canons à eau pour disperser des milliers de manifestants rassemblés pacifiquement dans le centre d’Istanbul.

Lorsque des manifestants portant des drapeaux d’arc-en-ciel ont scandé des slogans dénonçant « le fascisme » du régime du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, la police, présente en nombre à l’entrée de la grande artère piétonne d’Istiklal, a chargé en force la foule, utilisant par endroits des balles en caoutchouc.



Avant le lancement de la marche, de nombreux policiers en tenue ont fermé l’accès à la place Taksim, sur laquelle s’ouvre la rue d’Istiklal, centre de la contestation contre le régime islamo-conservateur de l’été 2013. Depuis, tout rassemblement est interdit sur la place et ses abords.

Un groupe de civils, apparemment des nationalistes et islamistes qui s’étaient réunis près d’Istiklal, là où devait avoir lieu la marche, ont attaqué les journalistes couvrant l’événement, blessant légèrement plusieurs d’entre eux dont un photographe de l’AFP. La police n’a pas bronché à cette agression, selon les témoins et les médias. Une vidéaste de l’AFP a, quant à elle, été brutalisée par la police alors qu’elle filmait son intervention musclée. Au moins cinq manifestants ont été interpellés par la police.

AFP

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Re: Turquie : répression violente de la gay pride

Messagede bajotierra le Lun 29 Juin 2015 15:56

Pourtant cette marche devait constituer la 13è édition de la marche des fiertés homosexuelles pour soutenir les droits des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) qui s’étaient dans le passé déroulées sans incidents graves en Turquie, où l’homophobie reste répandue, surtout dans les zones rurales.

« Nous voulions simplement marcher. Cela fait des années que nous marchons ici en paix. nous n’avons ni pierre ni arme, nous voulons juste marcher », a expliqué, très incrédule, à l’AFP Can, un jeune militant LGBT.

« Et maintenant ils tirent du gaz sur nous sans aucune impunité », a-t-il regretté.

Cette année, la manifestation a coïncidé avec le mois musulman du Ramadan. Selon un communiqué publié par l’association des LBGT « le gouverneur d’Istanbul a interdit la manifestation au prétexte qu’ell intervient pendant le Ramadan », mois de jeûne en Turquie musulmane mais laïque.

Des députés de l’opposition social-démocrate au Parlement qui assistaient au début de la marche ont voulu négocier avec la police et l’un d’eux, Mahmut Tanal, du parti républicain du peuple (CHP) est monté sur un véhicule blindé de la police, selon les images diffusés par les médias.

De nombreux internautes ont fait part de leur indignation après la dispersion de la marche. « Attaquer des gens qui défilent pour soutenir l’amour n’a pas de place dans la démocratie. C’est tout simplement une honte », a lancé sur son compte Twitter Erdem Yener, un comédien connu de Turquie.

« Aucune quantité d’eau ne peut effacer les valeurs universelles d’égalité, de fierté, de diversité et d’espoir incarné par le drapeau arc-en-ciel », symbole de la communauté homosexuelle, a pour sa part écrit la romancière Elif Shafak.

La place de Taksim est devenue le symbole de la contestation contre M. Erdogan et de son régime pendant près d’un mois en 2013. Un mouvement, réprimé par la police, qui avait gagné toute la Turquie pour dénoncer la dérive conservatrice de l’homme fort du pays. La communauté LGBT était à l’avant front du mouvement qui s’était soldé par la mort de huit personnes.


https://communismeouvrier.wordpress.com ... -istanbul/
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Re: Turquie : répression violente de la gay pride

Messagede bajotierra le Ven 24 Juil 2015 11:39

Le « massacre de Suruç/Pirsûs » (20 juillet 2015) : cinq points

On a enterré hier mercredi 22 juillet des jeunes victimes du « massacre de Suruç/Pirsûs » dans diverses périphéries d’Istanbul, de Maltepe à Gazi, en passant par Ümraniye. Avant-hier 21 juillet, sur le site Internet « Siyasi Haber » le bloggeur Ahmet Saymadı – dont les papiers lors des événements de Gezi ont été très suivis – a posté une note intitulée « Désormais Kobanê c’est Istanbul1 ». Dans cette note il écrit : « La bombe qui a explosé à Suruç, a en même temps explosé à Gülsuyu, à Soğanlı, à Kadıköy et à Kurtuluş ».

Dans la continuité de nos notes précédentes sur Okmeydanı (voir nos éditions des 4 et 7 avril 2014), sur la frontière turco-syrienne (voir notre édition du 26 septembre 2014) et sur l’entrée d’Istanbul dans la guerre syrienne (voir notre édition du 14 octobre 2014), alors que la colère et la stupeur règnent largement dans une partie de l’opinion, que des victimes restent non identifiées et que l’enquête se poursuit, quelques points seulement.

1.L’organisation socialiste de jeunesse qui a organisé ce mouvement de solidarité avec Kobane, SGDF – la Fédération des Associations de Jeunesse Socialiste, formée en 2005 – est liée non pas au mouvement kurde directement, mais au Parti Socialiste des Opprimés (ESP), lui-même issu en 2010 de la Plateforme Socialiste des Opprimés (ESP2. Parti marxiste-léniniste, l’ESP a cependant eu pour fondatrice la co-responsable (eşbaşkan) actuelle du parti kurde HDP, Figen Yüksekdağ. A ce titre, SGFD est une des expressions manifestes de l’articulation récemment reconfigurée entre extrême gauche turque et mouvement kurde : les origines mêlées des victimes du massacre et l’importance de celles de socialisation alévie en sont des indices. Le public de SGDF est avant tout étudiant et dans une moindre mesure lycéen ; d’où le jeune âge (jusqu’à 16 ans !) et l’origine urbaine des victimes.

2.À l’échelle de la Turquie, cet attentat ne vise donc pas directement et exclusivement le mouvement kurde. Il vise la nouvelle alliance qui s’est exprimée aux élections de juin 2015 (alliance issue partiellement des soulèvements de Gezi de juin 2013), qui associe gauchistes turcs, alévis et mouvement kurde. Il vise aussi le mouvement féministe de Turquie, nombre de victimes étant des femmes. Les ferments d’un renouveau du champ politique turc, au-delà des paradigmes ethniques ou religieux, étaient en ligne de mire.


3.Ce massacre, qui se nourrit d’une conjoncture internationale de désordre et de violences extrêmes, a une dimension très turque. Il semble qu’à l’instar de l’attentat meurtrier de Diyarbakır du 5 juin 2015 – à la veille des élections législatives – les responsables soient des citoyens turcs, issus d’une même filière ou d’un même environnement idéologico-activiste (Adıyaman). À cet égard, on comprend mal les tolérances dont ont été l’objet les auteurs des deux attentats – dont on suppose qu’ils se connaissaient – de la part des forces de sécurité turques comme des institutions du renseignement. Comme le souligne le chroniqueur Aydın Engin dans le Cumhuriyet du 23 juillet 2015, « l’EI est en nous, et parmi nous, ce n’est plus une menace extérieure3 ». Si les franchissements de la frontière turco-syrienne sont désormais mieux contrôlés4, les circulations internes à la Turquie et les activités d’anciens combattants djihadistes turcs retournés ces derniers mois en Turquie semblent l’être beaucoup moins systématiquement5.

4.À une échelle plus régionale, ce massacre intervient le lendemain des célébrations du début de l’insurrection autonomiste de Kobanê, le 19 juillet 2012. En effet, c’est à partir de cette date que les Kurdes de Syrie, et notamment ceux du canton de Kobanê, ont décidé de prendre leur défense et leur organisation en mains, rompant avec le gouvernement syrien comme avec les autres opposants armés à celui-ci. La coïncidence de calendrier est donc significative. De part et d’autre de la frontière, de Kobanê à Suruç/Pirsûs, on est ainsi passé en quelques heures, de l’allégresse des commémorations à l’horreur du cauchemar. Le massacre survient aussi alors que l’EI perd des positions sur plusieurs fronts en Syrie comme en Irak6, comme une aveugle démonstration de force de nuisance persistante aux portes mêmes de Kobanê « perdu » fin janvier 20157.

5.Quoi qu’il en soit, ce massacre montre le risque de la projection du champ politique turc sur le terrain syrien – les différents acteurs du jeu turc s’identifiant, parfois jusqu’à la compassion active, à différents acteurs du sanglant théâtre syrien -, pour ne pas parler du débordement du chaos syrien sur le territoire turc8. Seul le versant armé du mouvement kurde – et quelques combattants internationalistes plus ou moins aguerris9 – fait le lien entre ces deux régimes d’action, non sans schizophrénie parfois. Se rendant à Kobanê, ces jeune du SGDF sont entrés dans un champ infernal auquel ils n’étaient pas formés/préparés et ont été happés par le chaos syrien. La responsabilité des hommes politiques turcs de tout bord qui projettent leurs rivalités dans le champ syrien est donc grave.


http://ovipot.hypotheses.org/13675

Les jeunes victimes de Suruç ont un nom et un visage...

http://www.susam-sokak.fr/2015/07/atten ... -a-la.html

Attentat de Suruç: cette jeunesse turque victime de la barbarie
Read more at http://www.lexpress.fr/actualite/monde/ ... jB6GEif.99
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Re: Turquie : répression violente de la gay pride

Messagede bajotierra le Ven 24 Juil 2015 12:02

Quelques jours après l’attentat de Suruç qui a couté la vie de 32 jeunes, le YDG-H (Mouvement de jeunesse démocratique et patriote), organisation liée au PKK a revendiqué dans une déclaration, la mort de Mürsel Gül, tué mercredi soir.

L’organisation affirme que Mürsel Gül était un membre haut gradé de Daesh et qu’il était en phase de préparation d’un nouvel attentat à la bombe.mursel-gul-daesh

Selon le YDG-H, Mürsel combattait dans les rangs de Daesh à Kobanê. Blessé, il était revenu à Istanbul il y a 7 mois, pour se faire soigner.

Mürsel Gül serait actif également sur les réseaux sociaux sous le pseudo « Selef Ebu Selef » sur Twitter et en tant que Mürsel Gül sur Facebook

Il aurait exprimé sa satisfaction de l’attentat sur son compte Facebook, avant qu’il soit désactivé.

Le YDG-H affirme que leurs observations et actions contre Daesh continueront et que d’autres membres seront exécutés et ajoute :


Le compte du massacre de Suruç sera reglé."

Par ailleurs, la mort de Mürsel a été annoncée sur les réseaux sociaux, via des comptes connus par leur proximité avec Daesh. Ces sources ont également diffusé des publications menaçant le PKK de vengeance pour la mort de Mürsel.

On peut comprendre les réactions vu l’ampleur et le symbolique du massacre mais on peut aussi redouter une escalade dans les règlements de compte qui ne ferait que tarir le courant d’empathie qui gagnait une partie de la population turque.


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