Pour une Fédération anarchiste de la Caraïbe

Pour une Fédération anarchiste de la Caraïbe

Messagede vroum le Dim 31 Aoû 2014 10:54

Pour une Fédération anarchiste de la Caraïbe

source : http://www.polemicacubana.fr/?p=10442

Kisqueya libertaria (République dominicaine) et Atelier libertaire Alfredo López (Cuba)

I.
Les Caraïbes ont été l’un des scénarios privilégiés où ce qu’on appelle la modernité, ce mélange explosif de capitalisme et d’étatisme, a montré ses visages les moins présentables au monde. Cette barbarie persistante et bien aménagé, entre les agents impériaux espagnols, anglais, français, néerlandais… a donné naissance après plusieurs siècles passés, à un monde d’insulaires isolés, attentifs aux signaux des anciennes et des nouvelles puissances coloniales, et castrés dans de nombreux cas, sans même avoir la capacité de se parler les uns aux autres sans les médiateurs tutélaires.
La seconde moitié du XXe siècle a apporté dans la Caraïbe l’enthousiasme généré par la décolonisation et les « États souverains », qui en somme ont fonctionné en créant une nouvelle étape pour un isolement qui s’est estompé au cours des dernières années, apparemment en raison des alliances entre les États de la Caraïbe. Mais en tout cas, c’est l’union des gouvernants de service qui nous offrent ce qu’ils appellent « l’unité du peuple ». Ca n’a pas été, ce n’était pas, sauf en de rares et belles occasions, une alliance de fraternités concrètes, de personnes unies dans un travail idéal libérateur et anti-autoritaire.

II.
Les compagnons de Kiskeya libertaria de la région dominicaine et l’atelier libertaire Alfredo López de La Havane, ont décidé d’unir leurs efforts pour convoquer et organiser une Fédération anarchiste de la Caraïbe, afin de mettre en commun des propositions ici et maintenant pour une société fondée sur les principes que nous défendons d’autogestion, d’association volontaire et d’appui mutuel, et contraire à toutes les relations sociales fondées sur les hiérarchies, l’autoritarisme et la discrimination comme l’étatisme, le capitalisme, le classisisme, le sexisme, le racisme, le colonialisme, l’urbanisme, l’industrialisme ou l’académisme et d’innombrables autres manifestations du pouvoir plus ou moins institutionnalisé.
Face à ce réseau de dominations nous opposons aussi notre réponse faite d’entraide, d’autogestion et de solidarité et avec un clair esprit anti-autoritaire et libertaire. Ce projet fédérateur ne fera pas par avance la promotion d’une forme particulière de l’anarchisme, parce que nous ne voyons dans aucun de ses courants l’anarchisme comme un dogme, mais comme un mouvement d’approche, d’apprentissage libre et désireux d’aller vers le monde que nous voulons sans oppression, sans exploitation, sans autorité sacrés, ni des ordres paralysants.
À cet égard, cette Fédération travaillera pour la solidarité et l’autogestion et pour construire des projets de coopération entre les individus et les collectifs qui s’auto-définissent de façon cohérente comme « anarchistes », mais elle le fera aussi avec tous ceux qui sans prêcher une condition d’acrate, vivent et travaillent quotidiennement, à tous les niveaux de la société, en vertu de cet esprit fraternel libérateur et en actes, où il n’y a pas de pasteurs, ni de troupeaux, ni de dirigeants, ni de dirigés.

III.
Définir les limites de la Caraïbe a été un problème ardu, si on tient compte des connaissance en matière de sciences sociales. Cependant, pour nous, ce n’est pas un problème, mais une possibilité. La Caraïbe n’est pas seulement formée par ses îles, ni par les territoires continentaux adjacents, la Caraïbe existe là où se trouvent ceux qui vivent leurs contradictions et leurs inégalités et qui en souffre. Mais elle existe aussi là où sont les amis et les compagnons qui partagent leurs idées, leurs sentiments et leurs luttes.
Par conséquent, ceux qui animons cette Fédération anarchiste de la Caraïbe nous nous efforcerons de rechercher l’intégration avec les compagnons de la région centre- américaine, où naquit en 2010 le premier élan fédérateur dont nous avons connaissance en Amérique centrale et dans la Caraïbe, à travers les compas du Collectif La Espiral et sa revue La Libertad, dans la ville de San José de Costa Rica.
D’eux, nous devons prendre soin d’entendre les indications. Pour atteindre un processus fédérateur au niveau régional « il est important d’abord de renforcer les processus de formation et de sensibilisation locaux et leurs incidences dans une pratique libertaire et avec un état d’esprit libertaire », mais comme eux-mêmes le soulignent, la fédération régionale peut être un « des moyens de dynamiser et de renforcer notre identité (…) en gardant toujours les pieds fermement ancré dans la réalité » (« L’anarchisme en Amérique centrale : une petite radiographie actuelle ». Dans : La Libertad, n°11-12, San José de Costa Rica en Décembre 2010, p.10).
Quel sens l’anarchisme a-t-il dans notre région…? Quelles sont ses possibilités…? Quelles sont ses limites et ses difficultés…? Voici quelques-unes des questions que nous ont été laissé par les compas centre-américains il y a quatre ans et elles pourraient être discutées par les processus des assemblées dans chaque localité, comme base de cet autre engagement de l’organisation régionale.
Ce que nous rêvons n’est escorté par la splendeur d’aucune « possibilité objective », mais contrairement à d’autres, qui négocient des fragments défigurés de nos idéaux, en les mettant en hibernation pour de meilleurs moments, nous pouvons avancer au-delà ce que nous connaissons déjà. Avec de bonnes probabilités, nous imaginons nécessaires les efforts de toutes sortes qui pourront être transformés en affection et ene confiance mutuelle, pour se convertir en des facteurs d’alliance plus fortes, d’où pourront grandir de manière plus sûr nos efforts fédéraux.
Pour cela, nous proposons la réalisation en mars 2015 dans le région dominicaine de la première rencontre constitutive de la FAC-C. [Amérique centrale] (nom provisoire) d’individus et de « délégués » des collectifs acrates de la région, qui soit le point de départ afin de confronter les points de vue et de coordonner les actions, les idées et les apports, à partir des axes thématiques qui émergeront dans les collectifs de chaque localité.

Contact et information :

Cibaolibertario(a)gmail.com
et
https://www.facebook.com/pages/Cibao-Li ... al/2621347

Pour lire le texte en castillan :

http://observatoriocriticocuba.org/2014 ... arquistas/
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Re: Pour une Fédération anarchiste de la Caraïbe

Messagede vroum le Ven 31 Oct 2014 19:17

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Re: Pour une Fédération anarchiste de la Caraïbe

Messagede vroum le Lun 30 Mar 2015 11:56

La Fédération anarchiste d’Amérique centrale et des Caraïbes est née !

http://salvador-segui.blogspot.fr/2015/03/la-federation-anarchiste-damerique.html

Après plusieurs mois de préparation, de débats précongrès et d’appel au premier congrès pour la formation de la Fédération anarchiste d’Amérique centrale et des Caraïbes (FACC), nous nous sommes réunis entre compagnes et compagnons de différents pays aux réalités diverses de la zone d’Amérique centrale et des Caraïbes (et avec la présence d’observateurs internationaux), dans la ville de Santiago de Los Caballeros (Saint-Domingue), les 21 et 22 mars de cette année, pour confronter nos idées, nous connaître, constater nos différences et nos affinités.

Nous exprimons notre satisfaction d’avoir créé la FACC. Un réseau pour la solidarité et la collaboration des anarchistes dans cette zone, au-delà des frontières que nous imposent le capitalisme et les États, un fédéralisme des tendances qui cherche à faire vivre les relations entre les divers collectifs de la région et leurs diasporas. Initialement, les membres fondateurs de la fédération sont : Taller (atelier) Libertario Alfredo López (TLAL) de Cuba, Kiskeya Libertaria Dominicana (République dominicaine), des camarades de Porto-Rico, San Salvador, Bonnaire et Miami (d’autres groupes voulaient participer à la FACC et en devenir membres, mais du fait de leur éloignement ils n’ont pas pu venir et y adhérer pour le moment).

La fédération est basée sur les principes de consensus, solidarité, acceptant la diversité des individus et collectifs dans leurs tendances et pratiques, se centrant sur les interventions critiques et l’étude dans le cadre des deux régions, et se caractérisant en étant une fédération à organisation horizontale.

En accord avec les décisions prises au consensus, les critères d’adhésion sont les suivants :
- Que l’individu et/ou le collectif se déclare anarchiste.
- Que l’individu ou le collectif fonctionne de manière horizontale.
- Que l’un des membres actifs de la fédération se porte garant de l’individu ou du collectif sollicitant son adhésion.
- Qu’il y ait unanimité pour l’intégration à la fédération de l’individu ou du collectif.
- L’individu ou les collectifs sollicitant leur adhésion à la fédération attendront au maximum deux mois pour obtenir l’acceptation unanime.

La fédération a pour le moment un comité de communications (relations extérieures), ainsi que trois comités créés sur la base du volontariat qui sont : le comité antirépressif, le comité antinationaliste, et le comité autogestionnaire.

La formation de la fédération marque un jalon dans l’histoire des mouvements anarchistes de la région, étant donné qu’auparavant il n’a jamais existé un espace pour partager les expériences et travailler ensemble de manière critique.

Nous avons choisi le chemin de la liberté et de l’horizontalité, et nous espérons que, de partout, nos camarades sympathisants nous accompagnent dans notre nouvelle marche vers un idéal ancien mais sans cesse renouvelé, vers l’anarchie !

Comité de communications de la FACC
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Re: Pour une Fédération anarchiste de la Caraïbe

Messagede vroum le Ven 24 Avr 2015 16:04

Cuba fait partie de la Fédération anarchiste d’Amérique centrale et de la Caraïbe

http://www.polemicacubana.fr/?p=10982#more-10982

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L’activisme anti-capitaliste anti-autoritaire compte avec une nouvelle organisation dans Notre Amérique, la Fédération anarchiste d’Amérique centrale et de la Caraïbe. Il y a quelques semaines, cette organisation a tenu son congrès fondateur à Santiago de los Caballeros, en République dominicaine, et Cuba était présente avec un délégué de l’Atelier libertaire Alfredo López. Il y a quelques jours, a été publiée la première expression publique du comité de correspondance de la toute récente Fédération.

“L’anarchisme aujourd’hui ?” Demanderons les incrédules.

L’anarchisme, bien sûr que oui ! Nous répondrons : assez de “socialismes” autoritaires, de néolibéralismes capitalistes, de démocraties élitistes et compétitives et de multi-polarismes charismatiques de “quatrième degré”.

Un petit groupe, mais représentatif, de délégué-e-s s’est réuni à Santiago de los Caballeros, en République dominicaine, au nom de ceux qui croient dans la lutte pour la justice sociale, mais qui sont sceptiques à propos des thèses affirmant que les États sont les meilleurs moyens pour l’atteindre…

“C’est que les mouvements sociaux perdent leur essence en essayant de se convertir en gouvernement : leur identité propre de mouvements, d’êtres sociaux et d’êtres autonomes…” a commenté un compa durant la pause café, tandis que la discussion sur la façon dont la nouvelle Fédération s’auto-définissait devenait interminable. Mais par un miracle, de ceux qui arrivent entre les partisans de la convivialité en anarchie, les choses ont été résolus en quelques minutes, et la séance s’est poursuivie, plus détendue et consolidée vers des fins de plus en plus claires.

La Fédération a été formé avec des délégués de la République dominicaine, de Cuba, des États-Unis, de Bonaire, du Salvador et de Porto Rico. C’est une organisation spécifiquement anarchiste structurée en tant que fédération de tendances (qui ne cherche pas à imposer à ses membres une tendance unique, mais qui respecte celles qui existent dans le mouvement).

Parmi les missions que nous nous sommes assignés, il y a celle d’évaluer la situation complexe entre la République dominicaine et Haïti, quand le nationalisme est utilisé par les États pour exacerber les tensions, engendrer la violence et le sexisme, et militariser la société ; pour générer des réponses à ces maux à partir des idées de liberté, nous avons créé une équipe de volontaires contre le génocide ; nous avons aussi une équipe sur l’autogestion, pour coordonner et soutenir les projets qui cherchent à se développer en auto-organisation et apprendre par la pratique. Et une équipe de solidarité contre la répression et la prison.

Cuba a participé à travers l’Atelier libertaire Alfredo López, même si d’autres projets anarchistes, des anarchistes individualistes inclus, pourraient adhérer de manière indépendante.

Les hôtes du Congrès étaient le groupe Kiskeya libertaire, l’union de trois collectifs avec des locaux dans les principales villes de République dominicaine. L’un deux (Cibao libertaire) possède un excellent centre social à Santiago de los Caballeros, où fonctionne une bibliothèque, plusieurs projets communautaires, un micro-jardin, et différents compagnon-ne-s y vivent en communauté, avec un chat, également très anarchiste.

Il y a eu une nuit de fête, où les militants de Kiskeya libertaire – pour sûr d’excellents musiciens – ont partagé avec le reste des participant-e-s des chansons de bachata, de rock et de trova. L’anarchisme dominicain est très familial : les parents des jeunes anarchistes respectent et soutiennent leurs activités. L’idée libertaire est présente dans les universités dominicaines, il y a des enseignants qui sont aussi des anarchistes, et ils maintiennent de la correspondance avec les auteurs très connotés de cette tendance, comme Noam Chomsky, pour ne citer que le plus connu.

Le Congrès a pu conter avec le soutien et la présence d’invités de l’Internationale des fédérations anarchistes (IFA) et de la Fédération Black Rose des États-Unis. Lors de la première réunion, ont été lus ou projetés plus de dix messages de salut de divers groupes anarchistes du continent.

La nouvelle Fédération s’oppose au capitalisme et aux autoritarismes (étatistes ou autres).

L’anarchisme a une présence croissante dans les luttes sociales des dernières décennies ; il met l’accent sur le pouvoir populaire sans médiations bureaucratiques et en défendant l’horizontalité, il a approfondi les concepts récents de réflexion politique anti-capitaliste.

Dmitri Prieto. Havana Times

Traduction : Daniel Pinós

Sur photo de tête : trois générations d’anarchistes cubains. De gauche à droite : Lisette-Black Rose anarchist et Industrial Workers of the World de Miami, Frank Fernandez, historien de l’anarchisme cubain de Miami et Dmitri-Taller Libertario Alfredo Lopez de La Havane.
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