Ukraine

Re: Ukraine

Messagede vroum le Mar 4 Mar 2014 13:48

Déclaration des organisations de gauches et anarchistes d’Ukraine à propos du syndicat Borotba («Lutte»)

http://avtonomia.net/2014/03/03/stateme ... anization/

Nous, les associations et groupes anarchistes et de gauches ukrainiennes, déclarons que le syndicat Borotba n’appartient pas à notre mouvement. Pendant toute son existence ce projet politique était engagé en faveur de régimes et d’idéologies de «gauche» les plus discrédités, conservatrices et autoritaires, qui ne représentent point les intérêts de la classe ouvrière.

Borotba s’est avéré être une organisation aux financements non transparents et suivant une politique de coopération avec d’autres organismes sans principes. Elle embauche du personnel salarié qui « travaillent » dans l’organisation et qui donc ne sont pas des « membres libres ». Les cellules de Borotba ont coopéré à des campagnes communes avec le Parti socialiste progressiste (le Parti socialiste progressiste d’Ukraine est un parti raciste, antisémite, cléricale qui n’a aucun rapport avec le mouvement socialiste) et un groupe pro­gouvernemental antisémite et homophobe « Oplot ». Elles sont aussi en relation avec le journaliste infâme A. Chalenko qui se décris ouvertement comme un chauviniste russe.

Les événements récents montrent que Borotba, comme le Parti « communiste » d’Ukraine, défend franchement les intérêts du président Ianoukovitch : ses leaders justifient les actions des forces de sécurité d’État contre les militants et nient les actes de violence et la cruauté de leur part, leur utilisation de la torture et d’autres formes de terreur politique. Dans des sources sous leur contrôle et dans leurs commentaires aux médias, les représentants de Borotba prennent une position extrêmement partiale sur la composition du mouvement de Maidan. D’après eux, les protestations ne sont qu’un « coup d’Etat fasciste ». Nous avons une position antifasciste, et nos militants ont été victimes d’attaques de la part de l’extrême­droite.

Nous ne partageons pas toutes les idées de Maidan et allons lutter contre l’opposition bourgeoise. Nous condamnons également le sentiment conservateur, nationaliste et d’extrême­droite qui est tolérée dans cet environnement de protestation. Toutefois, nous soulignons que nommer tous les citoyens actifs des « fascistes », c’est non seulement faux, mais aussi néfaste. Cette partialité alimente l’hystérie chauviniste et aide la classe dirigeante à diviser la société.

Le 24 Janvier, le président régional adjoint et représentant de Borotba, Alex Albu, a participé à la défense de l’administration régionale d’Odessa « contre des nazis » aux côtés de l’organisation « Cosaques », des nationalistes russes ( « Unité slave »), des membres du Parti des Régions qui était au pouvoir à ce moment et de Parti communiste. Plus tard dans un interview, il a avoué avoir coopéré avec les Services de Sécurité ukrainiens.

Le 1 mars, les militants de Borotba avec les organisations pro­Poutine ont participé à la prise de L’administration régionale de Kharkiv, qui a comme résultat suspendu le drapeau russe sur le toit de l’administration et battu violemment de nombreux militants, dont le poète de gauche Serguei Zhadan. Les « borotbistes » appellent leurs actions « antifascistes » et croient que cette violence est juste et commise contre les « nazis ».

Nous en concluons donc que l’organisation Borotba n’est pas seulement une organisation partisane d’un retour au passé soviétique autoritaire, mais aussi un groupe de manipulateurs conscients de l’opinion publique qui agissent comme des « révolutionnaires à la botte » des groupes dirigeants. Pour le moment, leurs activités, qui n’a rien à voir avec la politique de gauche et la lutte de classe, visent à soutenir les forces pro­ Poutine en prétendant être « antifasciste » et « communiste ». Ainsi, les actions de cette organisation discréditent leur nom, emprunté aux borotbistes révolutionnaires du début du XXe siècle, mais aussi toute la gauche ukrainienne d’aujourd’hui. En outre, Borotba ne recule pas devant le mensonge et la manipulation des faits et trompe ainsi les mouvements de gauche étrangers et antifascistes.

Nous encourageons tous les révolutionnaires conscients de cette organisation traître et pro­ bourgeoise de rompre définitivement toutes leurs relations politiques avec ces leaders. Nous espérons également que la gauche européenne et russe va reconsidérer l’attitude de Borotba. Une organisation de cette sorte doit être isolée.

Ni dieu, ni maître ! Pas de nations, pas de frontières !

Prolétaires de tous les pays, unissez­vous !

Syndicat autonome des travailleurs de Kiev

Syndicat indépendant d’étudiant(e)s “Action Directe”
"Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs, cherchez-y la vérité, créez-la vous-mêmes ! Vous ne la trouverez nulle part ailleurs." (N. Makhno)
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Re: Ukraine

Messagede bajotierra le Mer 5 Mar 2014 18:16

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) doit arriver mardi en Ukraine pour discuter d’un plan d’aide avec les nouvelles autorités qui ont requis son assistance financière, a annoncé le Fonds lundi.

La mission, qui devrait rester dans le pays jusqu’au 14 mars, «évaluera la situation économique actuelle» et «discutera des réformes qui pourraient servir de bases à un programme» d’aide, a indiqué le FMI dans un communiqué.



Le Fonds a par ailleurs déjà un lourd passif avec l’Ukraine. En juillet 2010, il avait accordé au pays une ligne de crédit de 15,3 milliards de dollars qu’il avait bloqué début 2011 face au refus des autorités de l’époque de mettre en les réformes exigées en contrepartie.

Il réclamait notamment une baisse des subventions publiques au prix du gaz, qui pesaient, selon lui, sur les finances de l’Etat. Depuis 2011, différentes missions du Fonds se sont succédé en Ukraine mais elles se sont toutes soldées par un échec.

Qu’en sera-t-il aujourd’hui alors que l’instabilité politique règne encore dans le pays? Le nouveau gouvernement disposera-t-il du soutien nécessaire pour imposer des réformes douloureuses à la population? Le programme d’aide devra être «applicable», a prudemment répondu le porte-parole du FMI.

Il a toutefois affirmé que le nouveau pouvoir ukrainien avait, dans sa demande d’aide, assuré être prêt à «mettre en oeuvre des réformes d’envergure».

Le nouveau Premier ministre l’avait déjà laissé entendre pendant son investiture: «Nous n’avons pas d’autre solution que de prendre des mesures impopulaires», a-t-il déclaré.
AFP
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Re: Ukraine

Messagede bajotierra le Jeu 6 Mar 2014 18:41

http://blogs.mediapart.fr/blog/xavier-d ... -mouvement

Kiev - Les nouvelles autorités ukrainiennes misent sur les oligarques pour s'opposer aux manifestations de séparatisme dans les régions industrielles russophones de l'est de l'Ukraine après avoir perdu de facto le contrôle de la Crimée.

Serguiï Tarouta, 58 ans, chef de l'Union industrielle du Donbass, dont la fortune est estimée à 600 millions de dollars par le magazine Forbes, est devenu récemment gouverneur de la région de Donetsk, fief du président déchu Viktor Ianoukovitch, en proie à des troubles depuis le déploiement des forces russes en Crimée fin février.
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Re: Ukraine

Messagede bajotierra le Ven 7 Mar 2014 10:28

Aujourd'hui les medias expliquent, a posteriori, la présence de groupes actifs d'extrême droite lors de l'insurrection de Kiev

pourquoi avaient ils "oublié " d'en parler pendant l'insurrection ?

exemple d 'explication
http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/05/k ... zie-250390

Un foi n'est pas coutume , voici du Mélenchon , qui apporte quelques infos intéréssantes

Je condamne l’antisémitisme néonazi des ministres de fait au pouvoir en Ukraine, et je souhaite qu’ils soient rapidement expulsés de ce gouvernement.
rapidement expulsés de ce gouvernement.

Je le fais conformément aux recommandations de la résolution adoptée par le Parlement européen le 13 décembre dernier. J’en profite pour signaler que cette résolution « à propos de l’Ukraine » émane des sociaux libéraux, de la droite et des Verts, dont Daniel Cohn-Bendit. Elle dit sans aucune ambiguïté : « le Parlement s’inquiète de la montée du sentiment nationaliste en Ukraine, qui s’est traduit par le soutien apporté au Parti « Svoboda », lequel se trouve ainsi être l’un des deux nouveaux partis à faire son entrée à la Verkhovnaz Rada ; rappelle que les opinions racistes, antisémites et xénophobes sont contraires aux valeurs et principes fondamentaux de l’Union européenne et, par conséquent, invite les partis démocratiques siégeant à la Verkhovna Rada à ne pas s’associer avec ce parti, ni à approuver ou former de coalition avec ce dernier ». Ainsi, voilà ce que Cohn-Bendit en personne a signé et voté. Soutenait-il Poutine à cette occasion parce qu’il condamnait les néo nazis Ukrainiens ? Non, évidemment ! C’est pourtant ce qu’il me reproche d’avoir fait.

Ce n’est pas fini. Je condamne aussi les provocations du gouvernement de fait de l’Ukraine que sont sa demande d’adhésion à l’OTAN ou le retrait du russe comme une des langues officielles de l’Ukraine, d’ailleurs parlée majoritairement dans le Donetz et la Crimée. Je pense que les Etats-Unis n’ont rien à faire dans cette zone, et je condamne leur activisme belliqueux.

Bref, mon camp est celui de la paix contre la guerre. Car la guerre sur le vieux continent entraînant tout le monde comme par un enchaînement est redevenue possible. L’une des manières de l’éviter est de refuser de jouer avec des allumettes dans cette poudrière. C’est pourtant ce que font les va-t-en-guerre traditionnels de ce type de situation. Loin de faire le bilan des guerres qu’ils ont provoqué ou réclamé depuis 20 ans, ils en redemandent. L’Irak, la Lybie, l’Afghanistan, le Kosovo : ils n’ont rien appris, et ne veulent rien apprendre. Leur intérêt ce n’est pas la paix ou la guerre. C’est leur tropisme atlantiste fanatique. En attendant, les faits ne sont pas ceux que vendent les marchands de papier va-t-en-guerre. Ainsi concernant la présence militaire des russes. Elle ne comporte aucune illégalité selon le Général français Vincent Desportes qui le déclare sur BFM TV, le 2 mars 2014. Il dit : "La Russie ne viole aucune loi, qu'elle soit internationale ou autre. Selon les accords signés avec l'Ukraine, la Fédération est autorisée à disposer d'une force de 25 000 hommes sur le territoire ukrainien. Actuellement, même avec les derniers mouvements de troupes, les forces russes ne s'élèvent pas à plus de 15 000 hommes en Crimée, nous sommes encore loin du compte. Et l'Ukraine ne fait ni partie de l'UE, ni de l'OTAN ; de ce fait, ni l'UE ni l'Otan ne sont disposées ou autorisées à intervenir en Ukraine. "

Se mettre à distance du gouvernement de fait de l’Ukraine ce n’est pas en faire autant avec le mouvement insurrectionnel qui a renversé le pouvoir kleptocratique précédent. Au contraire. Pour moi, ce mouvement est riche de rebondissements, qui seront autant d’opportunités pour les forces qui pourront constituer une alternative. J’approuve les manifestations et l’insurrection de masse qui s’est dressé contre le pouvoir en place. Que les éléments les plus discutables aient pris la tête du processus contre les pouvoirs en place est tout simplement un fait de lutte commun à toutes les périodes révolutionnaires. Ce n’est peut-être qu’un mauvais moment à passer. Car il semble bien que les Ukrainiens de toutes les couleurs politiques conservent une grande énergie révolutionnaire intacte. Déjà plusieurs séquences révolutionnaires se sont enchainées sans que cette énergie se disperse. Or, que se doivent de faire les nouvelles autorités ? Une politique impopulaire au plus haut point pour rembourser la dette et faire face aux obligations du pays ?

Ne croyez pas que la situation va se détendre. Les intérêts engagés sont trop importants. Anglais, Français, Autrichiens, Allemands : les premières économies de l’Europe sont lourdement engagées en Ukraine et, en Russie, de toutes les façons possibles, les principales. Et j’ai bien noté qu’il est dorénavant accepté en Europe de chasser à coup de bâton un président élu et son gouvernement quand il est impopulaire, qu’il y a des ministres corrompus et que le peuple subi des sacrifices indignes tandis qu’une petite minorité s’enrichi indécemment. Je peux attester du fait que le message a été bien reçu sur le terrain ! En effet, dans la manifestation des cheminots européens à laquelle j’ai participé à Strasbourg, je ne compte plus ceux qui m’ont lancé : « alors il faut faire comme en Ukrainien pour être entendu ? ». C’est la première fois de ma vie politique depuis trente ans que j’ai entendu des travailleurs se référer à une insurrection populaire en cours hors de nos frontières. Que les révoltés ukrainiens en soient remerciés du fond du cœur !
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Re: Ukraine

Messagede rubion le Lun 21 Avr 2014 22:12

Concernant Mélenchon. Je trouve que c’est un discours pacifiste qui n’a rien de révolutionnaire

Un tract du SAT dis :

‘Ce n’est pas notre guerre, mais la victoire du gouvernement signifiera la défaite des travailleurs. La victoire de l’opposition ne promet rien de bon non plus. Nous ne pouvons pas appeler le prolétariat à se sacrifier pour le bien de l’opposition et de ses intérêts.’


Je suis d’accord avec ça, car ça part du point de vue de la classe ouvrière. C’est une position qui ne reste pas neutre. Je trouve que c’est contradictoire avec ce qui suit :

‘Nous pensons que l’ampleur de la participation à ce conflit est une question de choix personnel.’


Là, on dit, vous faites comme vous voulez, alors que juste avant on prend parti pour que les travailleurs ne choisissent aucun camp.

Ensuite il est dit :
Cependant, nous vous encourageons tous à éviter d’être enrôlés dans les forces militaires internes contrôlées par Ianoukovitch et à saboter par tous les moyens disponibles les actions du gouvernement.


qu’entend par là le SAT ?

Rubion. http://fr.internationalism.org/
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Re: Ukraine

Messagede vroum le Dim 7 Sep 2014 07:59

Ukraine libertaire (1918-1921)
Publié le 4 septembre 2014 sur http://paris-luttes.info/ukraine-libertaire-1918-1921


La crise actuelle en Ukraine se déroule dans le Sud-Est du pays, le long de la frontière russe bien sûr, mais aussi dans une région qui a une relation très particulière au pouvoir de Kiev. C’est en effet autour de Donetsk, première ville industrielle et économique du pays, que se déroule l’Histoire de l’Ukraine libertaire et de la Makhnovtchina, chantée par les Béruriers Noirs.

Image

Ce détour historique ne confère certainement pas à l’invasion russe un caractère libertaire, mais il permet de mieux comprendre les dynamiques de ce territoire au passé mouvementé. Le territoire de l’Ukraine actuelle a connu des dominations et des revendications nationales multiples : les empires ottomans, russes et autrichiens se le disputent au XVIIIème et XIXème siècles. L’histoire de l’indépendance ukrainienne est étroitement associée à celle de la révolution russe et de la makhnovtchina. La déclaration d’indépendance ukrainienne intervient en effet alors que la Première Guerre mondiale et la Révolution russe détruisent les Empires russe et autrichien [1] Cependant, l’offensive des Bolchéviks contraint le gouvernement à quitter Kiev en février 1918. En mars 1918, par l’armistice de Brest-Litovsk, Lénine livre l’Ukraine aux occupants allemands, qui permettent le retour du gouvernement à Kiev : corps francs allemands, troupes russes débandées, anarchistes de Nestor Makhno, différentes factions ukrainiennes (pro-alliées, pro-allemandes ou pro-bolchéviques) s’affrontent alors. Un article de Pascal Nurnberg paru dans le Monde Libertaire en 2010 revient sur cette histoire :


Nestor Makhno et l’armée insurrectionelle d’Ukraine

Monde libertaire # 1616

Il est nécessaire, tout d’abord, de replacer l’expérience anarchiste d’Ukraine dans le contexte à la fois historique et géographique qui lui sert de cadre. C’est dans le grand bouleversement de la révolution russe qu’elle va se situer, comme un îlot au milieu de l’expérience marxiste qui s’étend dans le reste de l’ancien empire tsariste.
L’Ukraine est alors un pays totalement différent des autres provinces russes. Pays agricole riche, qui a toujours suscité le désir de ses voisins, elle est marquée par un fort esprit d’indépendance de ses habitants, esprit d’indépendance allant parfois malheureusement jusqu’à un nationalisme exacerbé, mais ayant surtout donné au pays une tradition de « Volnitza » (vie libre) qui empêcha les différents partis politiques de s’y implanter fermement.
Cette absence politique explique pourquoi la révolution d’Octobre se déroula, en fait, un peu plus tard dans cette province. De l’abdication du tsar en mars 1917, et alors que Kérensky prenait la tête du gouvernement provisoire en Grande-Russie, on avait vu s’établir en Ukraine un pouvoir parallèle dirigé par la petite bourgeoisie nationaliste, désireuse de recréer un État indépendant.
Ce mouvement, animé principalement par Vinitcheuko et Petlioura, s’établit surtout dans le nord du pays, alors que dans le sud les masses paysannes, sous l’influence des groupes anarchistes, s’en détachaient pour former un courant révolutionnaire qui, en décembre 1917 et janvier 1918, expulsa les gros propriétaires et commença à organiser lui-même le partage et la mise en valeur des terres et des usines.
Mais tout fut remis en question lorsque, le 3 mars 1918, Lénine signa le traité de Brest-Litovsk qui permettait aux armées austro-allemandes d’entrer en Ukraine.
Celles-ci rétablirent aussitôt les nobles et les propriétaires fonciers dans leurs privilèges afin de s’assurer la neutralité de la région. La nomination de l’hetman [2] Skoropadsky à la tête de la Rada centrale [3] marqua véritablement le retour au tsarisme. En effet, les propriétaires chassés peu de temps auparavant se hâtèrent, par esprit de vengeance, de resserrer leur étreinte sur le peuple, qui subissait par ailleurs le brigandage des troupes d’occupation.
Devant cette répression impitoyable, le pays tout entier va se dresser et ce mouvement insurrectionnel des paysans et des ouvriers va se déclarer pour la révolution intégrale, c’est-à-dire ayant comme but la complète émancipation du travail. On assiste alors à une organisation simultanée de corps de francs-tireurs, cela sans aucun mot d’ordre venu d’un quelconque parti politique mais par les paysans eux-mêmes.
Mais les représailles de la Rada ukrainienne, appuyée par les troupes austro-allemandes, vont être sanglantes (juin-juillet-août 1918). La nécessité d’une certaine unification face à la répression se faisant sentir, ce sera le groupe anarchiste de Goulaï-Polé qui en prendra l’initiative (...) , duquel va se détacher un animateur de premier ordre, Nestor Makhno.

(...) Arrêté en 1908 par l’Okhrana (police du tsar), il est condamné à mort. Mais, en raison de sa jeunesse, sa peine sera commuée en réclusion à vie. (...) L’insurrection de Moscou, le 1er mars 1917, va lui permettre de recouvrer sa liberté et de rentrer à Goulaï-Polé où il reçoit un accueil triomphal. Il y retrouve le groupe anarchiste, avec lequel il va d’abord avoir quelques différends. En effet, sa détention lui avait permis de méditer longuement et, à son retour, il affirme vouloir que les paysans s’organisent d’une façon assez solide pour chasser définitivement les koulaks.
Bien que très hésitants, ses camarades vont tout de même le suivre et impulser une union professionnelle des ouvriers agricoles, une commune libre et un soviet local des paysans qui va partager les terres de façon égalitaire. Exemple qui sera rapidement suivi dans les villages voisins.
C’est à cette époque que se situe l’entrée des armées austro-allemandes en Ukraine.
Makhno est alors chargé par un comité révolutionnaire de former des bataillons de lutte contre l’occupant et la Rada centrale de l’hetman Skoropadsky. II va participer à de nombreux meetings, appelant les travailleurs à l’insurrection générale. (...)
Lorsque [les armées d’occupation qui protégeaient l’hetman] vont être rappelées dans leur pays à la suite de la défaite du bloc germanique sur le front occidental, c’est la débandade chez les propriétaires, qui trouvent refuge à l’étranger.
C’est à ce moment-là que se situe véritablement l’expérience anarchiste en Ukraine qui, avec sa théorie d’organisation libertaire, se trouve en confrontation directe avec la théorie d’organisation marxiste et les réalisations bolcheviques en Grande-Russie.

L’expérience anarchiste
Jusqu’à la fuite de Skoropadsky, le mouvement avait été surtout destructif. Avec l’unification, il va trouver une structure permettant un plan précis pour une organisation libre des travailleurs. Ce plan va être tracé au premier congrès de la Confédération des groupes anarchistes qui prend le nom de Nabat (le Tocsin).
Les principaux points en sont : le rejet des groupes privilégiés (non-travailleurs) ; la méfiance envers tous les partis ; la négation de toute dictature (principalement celle d’une organisation sur le peuple) ; la négation du principe de l’État ; le rejet d’une période « transitoire » ; l’autodirection des travailleurs par des conseils (soviets) laborieux libres.
On voit déjà dans ce plan les différences fondamentales avec les aspirations des bolcheviks dans le reste du pays. C’est pourquoi, dans un premier temps, le mouvement anarchiste va présenter et expliquer ses idées aux travailleurs, sans essayer pour autant de leur imposer. L’armée insurrectionnelle formée auparavant va être désormais uniquement un groupe d’autodéfense, car l’idéal anarchiste de bonheur et d’égalité générale ne peut être atteint à travers l’effort d’une armée, quelle qu’elle soit, même si elle était formée exclusivement par des anarchistes.
Ainsi, peut-on lire dans La Voie vers la liberté (organe makhnoviste) : «  L’armée révolutionnaire, dans le meilleur des cas, pourrait servir à la destruction du vieux régime abhorré ; pour le travail constructif, l’édification et la création, n’importe quelle armée qui, logiquement, ne peut s’appuyer que sur la force et le commandement, serait complètement impuissante et même néfaste.
Pour que la société anarchiste devienne possible, il est nécessaire que les ouvriers eux-mêmes dans les usines et les entreprises, les paysans eux-mêmes dans leurs villages, se mettent à la construction de la société antiautoritaire, n’attendant de nulle part des décrets-lois.  »
Et pendant six mois (de novembre 1918 à juin 1919), on va assister à une véritable expérience anarchiste pendant laquelle paysans et ouvriers vivront sans aucun pouvoir, créant ainsi de nouvelles formes de relations sociales. À côté de la gestion directe des usines par les ouvriers sur la base de l’égalité économique, vont se créer des communes libres.
« La majeure partie de ces communes agraires était composée de paysans, quelques-uns comprenaient à la fois des paysans et des ouvriers. Elles étaient fondées avant tout sur l’égalité et la solidarité de leurs membres. Tous, hommes et femmes, œuvraient ensemble avec une conscience parfaite, qu’ils travaillassent aux champs ou qu’ils fussent employés aux travaux domestiques […]. Le programme de travail était établi dans des réunions où tous participaient. Ils savaient ensuite exactement ce qu’ils avaient à faire » [4].

« Un nouvel état d’esprit naît aussitôt de ces expériences, car les paysans en arrivent rapidement à considérer ce régime communal libre comme la forme la plus élevée de la justice sociale. Ainsi, les membres du groupe se faisaient à l’idée d’unité collective dans l’action et tout particulièrement dans l’action raisonnée et féconde. Ils s’habituaient à avoir naturellement confiance les uns dans les autres, à se comprendre, à s’apprécier sincèrement dans leur domaine respectif » [5]
Poursuivant leurs recherches créatrices, ils vont s’apercevoir qu’une société nouvelle ne peut maintenir une éducation sclérosée ; c’est ainsi qu’ils se tournent résolument vers la pédagogie libertaire de Francisco Ferrer qu’ils déclarent vouloir appliquer dans les écoles. Cela posera, bien sûr, quelques problèmes de départ, car ils n’ont eu connaissance de cette pédagogie que très succinctement. Aussi demanderont-ils à quelques personnes, aptes à l’expliquer et à la mettre en pratique, de venir des villes, et c’est ainsi que Voline arrive à Goulaï-Polé.
Sur le plan des échanges avec les villes, les paysans vont rejeter tout intermédiaire. Sans passer par les structures de l’État, ils vont fournir aux ouvriers des villes céréales et nourriture, en contrepartie desquelles les ouvriers leur échangeront leurs produits, sur la base de l’estimation réciproque et de l’entraide définie par Kropotkine. [6] (...)
Tout cela n’est évidemment pas vu d’un bon œil par les autorités bolcheviques et Makhno sait qu’un jour, il y aura affrontement.
Il déclare : « Le jour n’est pas éloigné où le peuple russe sera complètement écrasé sous la botte des partis. Les partis ne servent pas le peuple, c’est le peuple qui doit les servir. Ainsi voyons-nous déjà que toutes les décisions concernant le peuple sont prises directement par les partis politiques. Ainsi va se trouver une fois de plus justifiée la parole de Bakounine : partout où il y a domination, il y a exploitation. Or, nous ne voulons accepter ni la domination ni l’exploitation. »
C’est un véritable défi. Pourtant, celui-ci ne sera pas relevé. Un événement important va retarder l’affrontement : c’est l’approche des troupes monarchistes de Dénikine. Mais, parallèlement, c’est aussi cet événement qui va servir de prétexte aux bolcheviks pour « normaliser » la situation en Ukraine.

L’affrontement
Face aux troupes blanches qui s’apprêtent à envahir le pays, les paysans du sud de l’Ukraine sont résolus à se défendre eux-mêmes. Mais Makhno sait qu’en face, il y a une très bonne armée, composée principalement de cosaques et d’officiers de l’ancienne armée tsariste. Il faut donc renforcer la makhnovchtchina et deux congrès régionaux sont convoqués (à trois semaines d’intervalle) pour examiner la situation.
Le second de ces congrès va décider une mobilisation volontaire et égalitaire ; il n’y a jamais eu de conscription dans la makhnovchtchina, comme ont voulu le faire croire certains. Les volontaires vont être nombreux, mais le gros problème est le manque d’armes. Cependant, durant trois mois, l’Armée révolutionnaire insurrectionnelle (c’est le nom adopté par les partisans ukrainiens) tient tête aux monarchistes.
Makhno se révèle être, de nouveau, un stratège extraordinaire. Toute la presse bolchevique chante même ses louanges, le qualifiant de « courageux partisan » et de « grand dirigeant révolutionnaire » !
C’est seulement au bout de trois mois que l’Armée rouge arrive. Aussitôt, un accord est conclu avec Makhno : l’Armée révolutionnaire insurrectionnelle se joint à l’Armée rouge, mais elle ne dépend d’elle qu’au point de vue strictement militaire ; elle a droit au même approvisionnement en vivres et en munitions ; elle garde son nom, ses drapeaux noirs et ses structures (volontariat, principe électoral, autodiscipline). De plus, elle n’accepte aucun pouvoir politique (commissaires) dans la région où elle évolue. Les bolcheviks vont accepter, pensant absorber par la suite la makhnovchtchina.
Ils vont bien vite se rendre compte qu’ils n’y arriveront pas et ils décident de ne plus approvisionner les partisans ukrainiens. Makhno réquisitionne alors les trains destinés à l’Armée rouge et refuse de livrer la houille et les céréales dont la région qu’il occupe est riche.
C’est l’épreuve de force qui commence avec les premières arrestations d’anarchistes, l’interdiction de leur journal "Nabat" – dont Voline était alors rédacteur –, une campagne de calomnie dans la presse, de Moscou et des autorités de plus en plus menaçantes.
Devant cette situation, un troisième congrès régional est convoqué pour déterminer les positions civiles et militaires à adopter. Ce congrès est aussitôt déclaré hors-la-loi et contre-révolutionnaire par le commandant de division Dybenko, décision à laquelle le conseil révolutionnaire de Goulaï-Polé va répondre d’une façon véhémente : « Peut-il exister des lois faites par quelques personnes s’intitulant révolutionnaires, leur permettant. de mettre tout un peuple plus révolutionnaire qu’elles hors-la-loi ? […] Un révolutionnaire, quels intérêts doit-il défendre ? Ceux du parti ou bien ceux du peuple qui, par son sang, met en mouvement la révolution ? » [7]

Cette réponse va aussitôt entraîner une nouvelle campagne de diffamation dans la presse communiste. Les hautes autorités vont alors venir sur place pour se rendre compte de la situation. L’envoyé de Lénine, Kamenev, a un entretien assez cordial avec Makhno ; il s’en va même en déclarant que les bolcheviks sauraient toujours trouver un langage commun avec les makhnovistes, et qu’ils peuvent et doivent œuvrer ensemble.
Mais à peine est-il parti que les paysans ukrainiens interceptent des messages donnant l’ordre à l’Armée rouge d’envahir Goulaï-Polé et qu’un attentat contre Makhno ait lieu. Un quatrième congrès des délégués ouvriers, paysans et partisans est convoqué. L’ordre de Trotsky ne se fait pas attendre : toute personne participant à ce congrès doit être arrêtée.
Et il déclare : « II vaut mieux céder l’Ukraine entière à Dénikine que permettre une expansion du mouvement makhnoviste : le mouvement de Dénikine comme étant ouvertement contre-révolutionnaire pourrait être aisément compromis par la voie de classe, tandis que la Makhnovstchina se développe au fond des masses et soulève justement les masses contre nous » [8]
Et il met aussitôt ses paroles en pratique en retirant ses troupes afin de permettre à l’armée blanche d’envahir la région. Il déclare, d’autre part, que c’est Makhno le responsable de la défaite et ordre est donné de l’arrêter et de fusiller les insurgés pendant leur retraite. Pris entre deux feux, Makhno a alors une astuce pour se tirer du traquenard : il démissionne de son poste de commandement de l’Armée révolutionnaire insurrectionnelle et s’évanouit dans la nature avec ses compagnons.
C’est une catastrophe pour Trotsky qui est battu à plate couture par Dénikine et qui doit retirer ses troupes d’Ukraine. C’est à ce moment que Makhno décide de revenir à la surface. Il reforme son armée et en trois mois va battre les troupes monarchistes, sauvant ainsi la révolution.
Devenue très puissante et très populaire, la makhnovstchina ne va pas user de sa force pour étendre sa domination. Elle va, au contraire, se tourner à nouveau vers l’auto-organisation du pays. Elle va également appliquer intégralement ces principes si chers aux anarchistes en détruisant prisons et postes de police, et en accordant entière liberté de parole, de conscience, d’association, de presse.
Mais Makhno commet une erreur. Sûr de lui et de l’appui des masses populaires, il ne pense pas à se préserver d’une nouvelle traîtrise des bolcheviks. Et lorsque la moitié de ses troupes sera décimée par une épidémie de typhus, Trotsky reprendra le harcèlement. Il y aura une nouvelle trêve en octobre 1920, à l’approche de l’armée blanche de Wrangel.
La makhnovchtchina acceptera encore d’aider l’Armée rouge. Quand les monarchistes seront définitivement éliminés, on assistera à la dernière trahison des communistes. Makhno va intercepter trois messages de Lénine à Rakovsky, président du Conseil des commissaires du peuple d’Ukraine ; les ordres : arrêter tous les militants anarchistes et les juger comme des criminels de droit commun. [9]
Août 1923, Makhno, épuisé, sera battu et devra s’enfuir en Roumanie, puis en Pologne, pour enfin venir à Paris où il terminera sa vie dans la misère et l’abandon.


Le 30 décembre 1922, l’URSS naissait du traité qui réunissait la RSFSR, la Biélorussie, l’Ukraine et la Transcaucasie. Quand Joseph Staline lança le premier plan quinquennal en 1928, l’Ukraine devint l’une des sources indispensables de son financement. Les années d’industrialisation furent marquées par la construction de la plus grande centrale hydraulique de l’Europe sur le Dniepr (le DnieproGuES), ce qui contribua à l’électrification de la République, ainsi qu’une importante mise en valeur du grand bassin minier et métallurgique, le Donbass, au coeur des enjeux actuels. En outre, dès l’indépendance de l’Ukraine en 1991, des conflits d’intérêt l’opposent à la Russie sur le statut de la Crimée et sur le contrôle de la flotte de la mer Noire. Autant dire que les populations du Sud-Est de l’Ukraine sont habituées à voir leur territoire en proie aux vautours autoritaires, et que les traditions d’insoumission sont encore vives et bien ancrées.



P.-S.

Sources : Monde Libertaire, http://www.youtube.com/watch?v=567XlivrW9c
Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e ... krainienne
Bande-son : Les béruriers noirs, Makhnovtchina. : http://www.youtube.com/watch?v=567XlivrW9c
Bibliographie complémentaire : Piotr Archinoff, Le Mouvement makhnoviste ; Nestor Makhno, Mémoires et écrits ; Nestor Makhno, La Révolution russe en Ukraine ;
Voline, 1917-1921 : La Révolution inconnue.
Film : Nestor Makhno, paysan d’Ukraine : http://www.youtube.com/watch?v=JS255bOr ... 94494240AD



Notes

[1] 17 mars 1917 : création de la Verkhovna Rada dont Mykhaïlo Hrouchevsky est le président jusqu’au 29 avril 1918.

[2] Commandant en chef des armées

[3] Corps politique représentatif, sorte de Parlement

[4] Makhno, La Révolution russe en Ukraine

[5] Ibid.

[6] Selon une autre source : dans la région de Goulaï-Polié, des communes libres furent organisées ; elles étaient basées sur l’entraide matérielle et morale, et sur des principes « non-autoritaires » et égalitaires. Malgré une situation militaire difficile, trois congrès régionaux furent organisés du 23 janvier au 10 avril 1919. Ils avaient pour fonction de déterminer les objectifs économiques et sociaux que se fixaient les masses paysannes et de coordonner les efforts pour une réalisation rapide de ces mêmes objectifs. La makhnovchtchina fit tout ce qui était en son pouvoir pour encourager et favoriser cette « auto-organisation ». L’auto-organisation passait par la création de « communes du travail » ou « communes libres », formées à l’initiative des paysans, pauvres eux-mêmes et leur permettait d’organiser leur vie économique sur la base communale. En ce qui concernait les organes de l’auto direction sociale, les paysans et les ouvriers étaient partisans de l’idée des Soviets de travail libre (contrairement aux Soviets politiques des Bolchéviks et des autres socialistes, les soviets libres devaient être les organes de leur auto gouvernement social et économique). Elle permettait même une liberté d’expression, de parole de presse et d’association très importante pour les socialistes-révolutionnaires et les Bolcheviks, bien que ces derniers aient déjà commencé la lutte contre les anarchistes russes. L’armée bénéficie en outre d’une très bonne réputation auprès de la population. Les congrès de makhnovstchina regroupaient à la fois des délégués, des paysans et des combattants. En effet, l’organisation civile était le prolongement d’une armée insurrectionnelle paysanne, pratiquant la tactique de la guérilla. Elle était remarquablement mobile. L’armée était organisée sur les bases, spécifiquement libertaires, du volontariat, du principe électif en vigueur pour tous les grades et de la discipline librement consentie. Ces règles étaient observées par tous.

[7] Archinoff, Le Mouvement makhnoviste

[8] Ibid.

[9] Une autre version de l’histoire, plus classique, soutient que le noeud de l’histoire est le fait que Makhno n’accepta pas de lancer son armée sous le commandement suprême de Trotsky, chef de l’Armée rouge. Cependant, il est admis que les deux armées se trouvèrent d’accord à deux reprises : lorsque la gravité du péril interventionniste exigea leur action commune ce qui se produisit d’abord en mars 1919 contre Dénikine, puis au cours de l’été et de l’automne 1920 quand menacèrent les forces blanches de Wrangel que finalement Nestor Makhno aida à mettre en déroute. Mais aussitôt le danger contre-révolutionnaire conjuré, l’armée Rouge reprenait effectivement les opérations militaires contre les guérilleros de Makhno qui lui rendaient coup pour coup. À la fin de novembre 1920, le pouvoir bolchevik n’hésita pas à organiser un guet-apens contre ceux que Léon Trotski considérait comme un mouvement formé par les riches fermiers « koulaks » cherchant à établir leur pouvoir dans la contrée.Les officiers de l’armée makhnoviste de Crimée furent alors invités à participer à un Conseil militaire, ils y furent aussitôt arrêtés par la police politique, la Tchéka, et fusillés sans autre forme de procès ou désarmés. À la fin, mis hors de combat par les forces très supérieures en nombre et mieux équipées, Makhno dut abandonner la partie. Les causes de l’échec du mouvement sont multiples et complexes. Tout d’abord, la liberté des paysans était garantie par une armée, qui manquait cruellement d’armes et de munitions. De plus, il y a un réel désengagement des partisans qui ne sont plus que quelques milliers en 1921. Le peuple est las des guerres, et de la violence aveugle, la famine, l’épidémie. En outre, des accusations d’antisémitisme et de pogroms ont terni leur image, bien que Makhno ait toujours affirmé le contraire. Finalement, les combats incessants contre les Armées blanches et rouges auront progressivement sapé les dynamiques populaires et la possibilité d’une nouvelle organisation sociale durable.
"Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs, cherchez-y la vérité, créez-la vous-mêmes ! Vous ne la trouverez nulle part ailleurs." (N. Makhno)
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