[Espagne] « Vies courtes mais bien remplies … 80ème anniversaire de la FIJL (Fédération Ibérique des Jeunesses Libertaires) – Badalona, 2012 – 127 pages »dimanche 31 mars 2013
http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article1144Alaíz Felipe, Fontalillas Antonia, García Victor
« Vies courtes mais bien remplies … 80ème anniversaire de la FIJL (Fédération Ibérique des Jeunesses Libertaires) – Badalona, 2012 – 127 pages »
Le livre remplit parfaitement sa mission première qui est d’arracher de l’oubli certains destins. De fait, il s’agit de la réédition de deux brochures, l’une d’Alaíz : « Vies bien remplies – La FIJL dans la lutte pour la liberté » (1954), et l’autre de Victor García : « Contribution à une biographie – Raúl Carballeira ». Toutes les deux bénéficiaient d’une courte contribution d’Antonia Fontanillas sur la naissance de la FIJL et d’un texte inédit « Germinal Gracia et la valeur de l’amitié ».
La seconde mission qui était de présenter des faits historiques et des actions collectives est en grande partie occultée par la première. Et c’est mieux ainsi car les organisations sont forgées par les camarades créateurs du monde nouveau qu’ils portent dans le cœur. Et dans le cas présent il faut signaler le travail d’Antonia Fontanillas qui, à 90 printemps est toujours jeune d’esprit.
Le souci partagé par les créateurs de la FIJL, le 18/10/1932 pendant une période de clandestinité et en soutien à la FAI (p.7), était de se dévouer pour la révolution visible, ce qui fut le cas.
On sait qu’une partie des jeunes de la FIJL qui donnèrent leur vie dans la lutte antifranquiste (1946 – 1948), furent comme Amador Franco des animateurs de collectivités autogérées et des opposants à la participation gouvernementale de la CNT-FAI. Cette partie regroupait les jeunes de cette époque sur une base affinitaire, qui leur permit de développer leur passion pour la culture et la poésie.
Au long de ces pages surgissent beaucoup de prénoms et de noms de camarades qui composèrent ces groupes, indispensables en France comme en Espagne pour offrir refuge, soutien, appui à la lutte clandestine.
Au passage je tiens à signaler Liberto Sarrau qui m’a transmis les souvenirs et les réflexions d’une partie des camarades cités, et qui donna tant pour la lutte anti-franquiste et l’anarcho-syndicalisme, quoique je ne sois pas toujours d’accord sur ses orientations.
La méthode révolutionnaire, ou, si on veut, subversive, préconisée et pratiquée par le mouvement anarchiste international pendant trois-quarts de siècles a-t-elle échoué ? Nous sommes persuadés que non. S’il y a eu des erreurs, elles ne se trouvent pas dans les tactiques libertaires proprement dites, comme le prétendent sans pouvoir le prouver, les partisans du « révisionnisme », mais dans la mauvaise application de ces tactiques. Est-ce la faute du savant si les hommes utilisent à tort et à travers sa découverte ? (Impulso, 24/01/1945, p.67).
Raúl Carbaillera (28/2/1918, Juarez, Argentine – 26/7/1948, Barcelone), écrivait ainsi à ses amis comme Victor García (22/11/1944) : « Il faut réaffirmer les postulats de la Première Internationale qui annoncent et constituent son unique vitalité ». Mais ne laissons pas les travailleurs confédérés à la merci du réformisme politique et la franc-maçonnerie internationale, car sinon nous cesserons d’être le facteur déterminant de la lutte sociale et nous deviendrons quatre groupuscules de rêveurs d’Arcadie » (p.70). Le texte inédit d’Antonia Fontanillas complète en partie l’histoire de Raúl, et n’implique pas de conséquences policières pour les proches à cause des nombreux liens qui existaient entre eux tous. Bien sûr ceci était en contradiction avec les règles de survie dans la clandestinité, mais en même temps, la survie existentielle procédait d’une exaltation du refus de la soumission morale, militaire, castratrice imposée par la répression et la dictature fasciste catholique (p.106).
Au passage, Antonia révèle sa défiance envers le nouvel élan qu’eut la FIJL dans les années 1960 (p.119). Curieusement elle est beaucoup plus discrète dans ce cadre que dans celui des susceptibilités entre elle et les camarades dont elle parle, comme Germinal (Victor García) et Diego (Abel Paz).
Antonia retient de Germinal son refus du dogmatisme anarchiste en général et donc de la CNT de l’époque (1987). Et Germinal lui réponds : « Tu t’imagines parcourant la moitié de l’Europe en quête de congrès comme une fervente admiratrice de ces anciens printemps. J’envie ton enthousiasme » (lettre du 23/3/1987, p.121).
Définition juste de l’inquiétude qui habitait la génération révolutionnaire et antifranquiste.
L’enthousiasme pour le travail libertaire accompli par tant de compagnons à travers le monde, doit illuminer nos vies.
Franck Mintz. 31/3/2103. Traduction par Fédération Anarchiste