Révoltes massives en Slovénie et perspectives anarchistes

Révoltes massives en Slovénie et perspectives anarchistes

Messagede vroum le Sam 22 Déc 2012 22:17

[SOURCE : http://www.a-federacija.org/2012/12/11/mass-revolts-in-slovenia-december-2012/]

http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article1102

Révoltes massives en Slovénie et perspectives anarchistes

La Slovénie est secouée par la première révolte massive de ces deux dernières décennies, et la première qui est principalement orientée contre l’establishment politique, contre les mesures d’austérité et qui, dans certaines villes, prend un caractère anticapitaliste.

En moins de trois semaines, il y a eu 35 manifestations dans 18 villes, où plus de 70.000 personnes ont participé au total. Les protestations se transforment souvent en affrontements avec la police qui tente de disperser brutalement les manifestations. 284 personnes ont été arrêtées certaines libérées, d’autres non. Beaucoup de gens ont été blessés.

Tout a commencé au milieu du mois de novembre avec des gens qui protestaient contre le maire corrompu de la deuxième ville de Slovénie, Maribor (il a déjà démissionné). Ils sont venus avec des slogans du genre « Il est fini » (« Gotof je ») qui a été repris par la suite pour désigner plus ou moins tous les hommes politiques du pays. Les protestations se sont répandues dans tout le pays en seulement quelques jours. Elles sont de plus en plus la voie choisie par le peuple afin d’exprimer la colère sur les conditions générales de la société : ne pas avoir d’emplois, de sécurité, de droits futurs.

Les protestations sont décentralisées, anti-autoritaires et non-hiérarchiques. Les gens qui ne sont jamais descendu les rues avant y participent. Elles se produisent dans les villes et villages qui n’ont jamais vu la moindre protestation avant. Les gens créent de nouvelles alliances, devenant camarades dans la lutte, et sont déterminés à poursuivre aussi longtemps qu’il le faudra. Nous ne savons pas combien de temps nous arriverons à rester dans la rue. Mais une chose est sûre. Les gens ont connu un processus d’émancipation et ont repris la parole qui leur a été violemment volé dans le passé. Et c’est quelque chose que personne ne pourra leur enlever.

Solidarité internationale !

FAO (Fédération anarchiste slovène, membre de l’Internationale des Fédérations anarchistes – IFA).

a-federacija.org //// inter@a-federacija.org

Chronologie des événements :

• 21 novembre, Maribor, 1.500 personnes

• 6 novembre, Maribor, 210.000 personnes, 31 arrestations (relâchés)

• 27 novembre, Ljubljana, 1.000 personnes

• 28 novembre, Jesenice, 200 personnes

• 29 novembre, Kranj, 1.000 personnes, 2 arrestations

• 30 novembre, Ljubljana, 10.000 personnes, 33 arrestations, 17 blessés / Koper, 300 personnes / Nova Gorica, 800 personnes / Novo mesto, 300 personnes / Velenje, 500 personnes / Ajdovščina, 200 personnes / Trbovlje, 300 personnes

• 1er décembre, Krško, 300 personnes

• 3 décembre, Maribor, 20.000 personnes, 160 arrestations, 38 blessés / Ljubljana, 6.000 personnes / Celje, 3.000 personnes, 15 arrestations / Ptuj, 600 personnes / Ravne na Koroškem, 500 personnes / Trbovlje, Monday, 400 personnes

• 4 décembre, Jesenice, 300 personnes, 41 arrestations / Brežice, 250 personnes

• 5 décembre, Ljubljana, manifestation étudiante devant la Faculté des Arts, 500 personnes

• 6 décembre, Ljubljana, manifestation étudiante devant le Parlement, 4.000 personnes / Koper, 1.000 personnes, 2 arrestations / Kranj, 500 personnes / Izola, 50 personnes

• 7 décembre, Murska Sobota, 3.000 personnes / Bohinjska Bistrica, 50 personnes / Ajdovščina, 150 personnes / Ljubljana, Friday, 3.000 personnes

• 8 décembre, Nova Gorica, 300 personnes

• 9 décembre, Brežice, Sunday, 200 personnes

• 10 décembre, Ljubljana, 100 personnes / Maribor, 200 personnes (manifestation de solidarité avec les personnes arrêtées) / Ptuj, 200 personnes

Manifestations annoncées :

• 13 décembre, Ljubljana

• 14 décembre, Maribor

• 21 décembre, Slovénie (dans toutes les villes)

Informations du 11 décembre, traduction par Fédération Anarchiste
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Re: Révoltes massives en Slovénie et perspectives anarchistes

Messagede Lehning le Dim 23 Déc 2012 01:29

Bonsoir !

La Slovènie, c'est vraiment intéressant !
C'est grand comme à peine 2 départements.
En quelques années et rapidement, une Fédération Anarchiste conséquente s'y est montée. Active, présente, visible.

Le passage à l'€ de la Slovénie a appauvri un peu + les pauvres et le populo. Evidemment, tout devenant + cher subitement. (on retrouve le même phénomène dans tous les pays d'Europe ou européannisés dans l'UE selon que le pays se situe curieusement plus au sud qu'au nord.-Italie, Grèce, Espagne, Portugal-)

Alors que les pays resté à l'est vivotent encore comme au temps du début de l'ère industrielle et capitaliste, donc inégalitaire, les pays qui ont rejoints l'UE et donc l'€ survivotent tant faire se peut.



Salutations Anarchistes !
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Re: Révoltes massives en Slovénie et perspectives anarchistes

Messagede vroum le Dim 23 Déc 2012 10:02

[Slovénie] Le maire de Maribor dégagé
Posted on 22 décembre 2012 by juralib http://juralib.noblogs.org/2012/12/22/slovenie-le-maire-de-maribor-degage/

Slovénie : Démission du maire de Maribor sous la pression des manifestations

Manifestations dans les grandes villes de Slovénie, organisées par des associations de citoyens sur Facebook, pour dénoncer la « corruption de la classe politique » dans le pays.

Première victoire de la rue : le maire de la deuxième ville du pays, Maribor, a annoncé il y a quelques jours sa démission après plusieurs manifestations, parfois violentes.

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Un manifestant tient une pancarte à l’effigie de Franc Kangler, maire démissionnaire de Maribor et de Milan Kucan, ancien président slovène, lors d’une manifestation à Maribor, le 3 decembre 2012.

Franc Kangler, soupçonné de corruption et de clientélisme, était sous pression depuis plusieurs semaines. Des groupes civils ont régulièrement, sous couvert de l’anonymat, appelé à la mobilisation via les réseaux sociaux et rassemblé des milliers de mécontents dans les rues de cette ville de montagne d’ordinaire paisible, qui fait surtout parler d’elle pendant la saison des sports d’hiver.

« L’affaire de corruption autour du maire n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », estime Jernej Demsar, journaliste au quotidien de la ville, Vecer. La colère montait « depuis un moment déjà, alimentée par le chômage élevé, les faillites d’entreprises et l’absence de mesures contre des responsables politiques accusés de corruption » , indique-t-il à l’AFP.

Leur presse (RFI.fr, 21 décembre 2012) via Solidarité ouvrière


Slovénie : au cœur de la révolte citoyenne

Que se passe-t-il en Slovénie ? Des milliers de personnes ont défilé vendredi [21 décembre] à Ljubljana et dans d’autres villes du pays, alors que les syndicats et les partis d’opposition n’avaient pas appelé à ces rassemblements. La mobilisation s’organise par les réseaux sociaux, comme Facebook, et dans la crainte permanente des provocations de la police. Les manifestants brandissaient des drapeaux slovènes et ceux de l’ancienne Yougoslavie socialiste. Reportage à Ljubljana.

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Ils sont des milliers dans le centre de Ljubljana, venus de tout le pays, même si d’autres rassemblements ont lieu à Maribor, Ptuj ou Nova Gorica. Les manifestations de ce vendredi doit couronner le mois de mobilisation entamé à la fin novembre à Maribor, la ville devenue le symbole de la faillite du modèle libéral en Slovénie.

Sur la place en face du Parlement, la foule est tenue à distance par une centaine de policiers anti-émeute qui ont construit un grand cercle de protection autour de l’édifice. On s’attend au pire. La violence, au cours des dernières semaines, a évolué d’une façon préoccupante, selon Nika, une jeune fille qui travaille comme documentariste et n’a pas raté une seule manifestation depuis la fin novembre : « au début », explique-t-elle, « les policiers n’étaient pas armés. Ensuite, ils ont commencé à utiliser les gaz lacrymogènes, pour la première fois dans l’histoire de la Slovénie moderne. Désormais, ils nous chargent à cheval »…

La décision de la Cour Constitutionnelle de rejeter la demande de référendum contre la banque poubelle et les privatisations, a exaspéré la tension entre les contestataires et le gouvernement. Tout le monde redoute des provocations.

La hantise des provocations

Jeudi, dans le centre Metelkova, refuge de nombreux groupes militants, des inconnus sont arrivés avec des sacs rempli des produits nécessaires à la fabrication de bouteilles Molotov. « Ils avaient appelé les journaux en avance, bien évidemment, car il y avait déjà des photographes sur place », explique Anita, une des coordinateurs de l’Université des Punks et des Ouvriers : « ils sont restés ici juste le temps nécessaire pour poser devant les appareils photos, et puis ils sont partis, ni vus ni connus ». Elle se dit convaincue que cela fait partie d’une stratégie pour discréditer les manifestants. La crainte de possibles infiltrations est tellement répandue que certains manifestants confient à mi-voix : « on nous a dit que le gouvernement payerait les ultras du Dinamo Zagreb pour provoquer des accidents ».

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La tension est très forte chez tous les manifestants. Beaucoup ne veulent pas être photographiés, certains refusent même de donner leur nom. Tout le monde a peur de la police. Il y a quelques semaines, un policier avait écrit une lettre ouverte à ses collègues, pour les exhorter à joindre le mouvement de protestation. L’État, pour éviter le risque d’une coalition entre la police et les manifestants, a décidé d’augmenter le salaire des agents déployés face aux manifestants, ce qui coûtera 600.000 euros aux caisses de l’État, théoriquement vides.

Parmi les quelques 10.000 personnes qui se retrouvent Place de la République, la grande majorité sont des jeunes étudiants comme Miha, qui a 24 ans. « J’espère que les institutions entendront enfin notre voix », affirme-t-il. Il y a beaucoup de drapeaux, des drapeaux de la Slovénie en majorité, mais aussi ceux de l’ancienne Yougoslavie socialiste. « Bien sûr, beaucoup de Slovènes regardent leur passé yougoslave avec nostalgie ». Primoz est né en 1979 à Ljubljana. Aujourd’hui, il est sociologue. Il n’a pas vécu longtemps sous le communisme mais cela ne l’empêche pas de faire l’éloge de la Slovénie socialiste : « après la guerre, ce pays était totalement détruit, mais il a connu un développement incroyable sous le régime communiste, surtout dans les années 1960 et 1970. Tout le monde travaillait, la sécurité sociale et les retraites étaient assurées. Maintenant, c’est fini ».

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Le réveil de la conscience politique slovène ?

La difficile situation économique a poussé les Slovènes dans les rues. Les manifestants sont fondamentalement autonomes, les groupes politiques organisés sont peu nombreux. Les syndicats avaient donné leur soutien à cette journée, mais ils ont finalement décidé de ne pas appeler à la manifestation : la grève générale, qui devait marquer l’union de tous les travailleurs contre les réformes, a été repoussée à janvier 2013. Les partis politiques sont absents. La révolte, aujourd’hui, se développe on-line. Un seul événement partagé sur Facebook peu convaincre de milliers de personnes de participer. « Tu ne dois pas venir ici et demander qui organise cette manifestation », répète-t-on partout : « cette manifestation est à tous, et tout le monde est fier d’être là ».

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Même si les manifestations, jusqu’à présent, n’ont eu que des résultats tangibles limités — essentiellement la démission de Franc Kangler, le maire de Maribor accusé de corruption — elles ont provoqué un véritable tsunami dans l’histoire de l’engagement politique en Slovénie.

« La dernière fois que j’ai assisté à une manifestation comme celle d’aujourd’hui, c’était à la fin des années 1980, juste avant la déclaration d’indépendance », explique Boris, 58 ans. Vlado Kreslin, un des plus importants artistes slovènes contemporains, se souvient bien de ces jours qui furent les derniers de la Yougoslavie fédérale : « nous étions ici, assez ironiquement, pour démontrer notre soutien à Janez Janša. Il avait été injustement accusé d’avoir divulgué des secrets militaires, mais il s’agissait d’une maladroite tentative pour étrangler l’opposition au communisme en Slovénie. Du moins, à cette époque, les autorités yougoslaves nous avaient permis de manifester juste devant le Parlement. Maintenant, tu vois, ce même Janša que nous soutenions alors nous tient à distance ».

Tout au long du mois qui vient de s’écouler, les citoyens de Slovénie ont retrouvé le chemin de la rue et des mnaifestations, après deux décennies. Il est peut-être trop tôt pour savoir si cette renaissance de l’engagement politique aura des conséquences durables ; pour l’instant, toutefois, les manifestants semblent comprendre qu’il faudrait se donner une organisation plus définie. La désorganisation peut facilement emmener à l’exacerbation des divisions qui existent entre les myriades des groupes et d’individus qui composent l’univers de la contestation à Ljubljana. « Parler seulement en notre nom n’est pas suffisant », reconnaît une jeune militante d’un groupe antifasciste qui préfère rester anonyme : « après ces contestations, il faudra donner une alternative institutionnelle au changement… Sinon, nous n’aurons pas la possibilité de représenter une véritable alternative face aux partis politiques ».

Leur presse (Rodolfo Toè à Ljubljana, Le Courrier des Balkans, 22 décembre 2012)
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Re: Révoltes massives en Slovénie et perspectives anarchistes

Messagede vroum le Dim 23 Déc 2012 10:06

Quelques photos et vidéos sur le site de la FAO-IFA : http://www.a-federacija.org/2012/12/11/mass-revolts-in-slovenia-december-2012/

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Ljubljana 3/12/12


Riots in Maribor 3/12/12


Ljubljana 7/12/12
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Re: Révoltes massives en Slovénie et perspectives anarchistes

Messagede vroum le Mer 26 Déc 2012 15:26

[FAO] Révoltes massives en Slovénie - Pas de discrimination, ils sont tous finis ! décembre 2012
dimanche 23 décembre 2012

[SOURCE : http://www.a-federacija.org/2012/12/11/mass-revolts-in-slovenia-december-2012/]

Pas de discrimination, ils sont tous finis !

Ces derniers jours ont vu l’histoire de toute sa force s’écraser sur nous. La révolte à Maribor a entrepris ce que peu avaient imaginé possible : les auto organisés ont poussé leur shérif local dans le coin, puis l’ont forcé à fuir en disgrâce. Ce fut l’étincelle qui a déclenché une vaste révolte contre l’élite politico-économique et le système capitaliste dans son ensemble. Nous ne possédons pas une boule de cristal pour dire ce qui suivra, mais ce dont nous sommes certains c’est que nous ne pouvons rien attendre du romantisme et de la naïveté mais beaucoup d’organisation et de courage.

Du bas vers le haut et de la périphérie vers le centre

Alors que les manifestations réparties dans tout le pays, elles ont versé dans une grande révolte contre l’élite dirigeante et l’ordre existant. De façon créative, les gens de chaque région ont utilisé leurs propres dialectes locaux pour exprimer le même message aux politiciens : « Vous êtes fini ». Le caractère décentralisé de la révolte est l’un des aspects clés des événements à ce jour. L’autre est le fait que l’ensemble du processus jusqu’à ce point reste totalement ascendant de caractère, il n’y a pas de dirigeants qui organisent, seulement des personnes qui ne représentent personne. Afin de défendre cette solidarité entre les peuples et de bloquer la récupération de la révolte de la part de la classe politique, c’est exactement cette décentralisation que nous avons besoin défendre, de promouvoir et de renforcer !

Police partout, justice nulle part pour être vu

La brutalité policière sur les manifestants n’était pas une surprise. Ce qui est surprenant sont toutes les illusions que la police se joint à nous. Il est vrai que les policiers ne sont pas la cible principale de cette révolte et que l’affrontement entre la police et les manifestants n’est pas son horizon ultime et unique. Ce que les gens visent dans ce conflit est la classe capitaliste et politique et le système dans son ensemble. Mais il est aussi tout à fait vrai que les policiers ne sont pas nos alliés et en raison de leur rôle dans le système ils ne peuvent, jamais et nulle part, être des alliés de cette révolte. Rappelons-nous : la police fait partie de l’appareil répressif de l’Etat. Sa fonction structurelle est de défendre l’ordre existant et les intérêts de la classe dirigeante. Peu importe comment les individus en uniforme sont exploités ! Alors qu’ils suivent les ordres de leurs supérieurs, ils restent policiers et policières. Quand ils cesseront de le faire, ils pourront faire partie de la révolte. Nourrir les illusions qu’ils sont de notre côté est donc naïf à l’extrême. Étaient leurs interventions sur les manifestations de ces derniers jours, vraiment si non problématiques comme certains le présentent et vraiment dans l’intérêt des gens dans la rue ? Avons-nous déjà oublié la répression brutale des manifestations à Maribor et les menaces de Gorenak (ministre de l’Intérieur) qu’ils vont traquer tous les organisateurs de manifestations illégales ?

Nous ne sommes également pas surpris par toute la moralisation des émeutiers et la violence qui s’est propagé à travers les réseaux sociaux. Les médias gouvernementaux nous ont jeté un os et certains sont immédiatement tombés dans le panneau. Mais qu’est-ce que 10 vitres brisées, une porte défoncée à la mairie et une rue où des pavés ont été arrachés par rapport à la violence structurelle de l’État ? Jeunesse sans avenir, chômage, précarité, réduction des bourses, réduction du nombre de repas dans les écoles qui sont payés par les fonds publics, diminution du nombre de enseignants dans les écoles maternelles, réduction des droits aux services de santé, réduction du financement public de l’éducation et de la recherche, âge de la retraite de plus en plus élevé, baisse des salaires et des retraites, diminution de jours de repos, pénurie de logements à but non lucratif, jeunes contraints de vivre avec leurs parents jusqu’à un âge avancé, déni des droits aux homosexuels, aux migrants, aux femmes et aux personnes dont l’origine sociale n’est pas l’une des grandes religions ou d’ethnie. Et nous n’avons même pas parlé de la corruption, le népotisme, le clientélisme et la criminalité de l’élite dirigeante. Ils nous obligent à travailler plus, mais le fruit de notre travail est constamment accaparé par la classe capitaliste. Cette exploitation est au cœur de ce système. Dites-nous maintenant, qui commet la violence sur qui ? Comment ose t’on condamner des gens dont l’avenir a été volé ? La jeunesse est en colère et n’a rien à perdre. Arrêtons de les condamner, ensemble, nous devons nous recentrer sur les vrais problèmes.

Encore plus dangereux sont les différents appels à l’auto répression et la coopération avec la police. Ne sommes-nous déjà pas confrontés à des niveaux inacceptables de la surveillance, l’utilisation de vidéosurveillance et de la répression ? Ce sont ces gens qui proposent d’aider la police à la recherche de émeutiers, de les livrer à la police et donc d’exclure un grand nombre de jeunes de la révolte à laquelle ils ont contribué de manière significative ? Coopérer avec la police pour se tirer une balle dans le pied pour condamner les jeunes qui expriment leurs positions de manière plus directe consiste à jouer un rôle de blocage dans le potentiel de la réalisation future de cette révolte.

Aujourd’hui, briser une fenêtre est défini comme un acte de violence par les autorités. Pourtant il doit être clair que cette même définition peut rapidement être appliquée à toutes les formes de protestations qui ne seront pas approuvées ou autorisées par ces autorités, qui ne seront pas assez passives et donc pas totalement bénignes. Qu’il soit clair que dans les yeux du système qui nous humilie, nous vole année après année, nous sommes tous des émeutiers.

Une fois de plus, nous affirmons notre entière solidarité avec toutes les personnes détenues, et demandons leur libération immédiate et appelons à la fin de poursuite judiciaire et la persécution par les médias et l’annulation de toutes les sanctions financières et autres qui ont été délivrés aux personnes en raison de leur participation aux manifestations.

Le pouvoir au peuple, pas aux partis politiques

Après l’agitation initiale spontanée de la révolte, où la créativité des masses a été manifeste, un nouvel espace de réflexions stratégiques est ouvert. Si nous voulons que la révolte se transforme en mouvement social avec des demandes concrètes, des objectifs et des visions, nous devons trouver des façons d’articuler ces exigences, et d’aboutir à une forme d’organisation qui peut rendre ce processus possible. Sinon la révolte disparaîtra rapidement et les choses resteront les mêmes.

En ce qui concerne les exigences, nous devons procéder étape par étape et commencer par celles qui ont déjà été formulées dans la révolte. Pour sûr, nous devons préserver les structures sociales telles que la santé publique et le système éducatif. Nous devons également préserver les droits existants des travailleurs. Après avoir déclaré que nous ne luttons pas pour la préservation de l’ancien système. Bien que nous ne permettons pas aux droits qui ont été acquis dans les luttes du passé d’être remis en question, nous devons maintenir aussi bien un point de vue stratégique essentiel. Tant que le capital et l’Etat existeront, les modes d’exploitation et d’oppression resteront dans le système du bien être public d’éducation, de santé et du social. C’est pourquoi nous devons aussi nous auto organiser au sein de ces structures, et pas seulement négocier des miettes. Les droits ne sont jamais garantis, il faut les défendre !

Une partie de l’élite politique corrompue se rend compte qu’ils sont finis et quittent la scène politique. Ils sont remplacés assez rapidement par de nouveaux politiciens, sans que nous leur donnons une quelconque légitimité, qui prennent des décisions en notre nom. Leur intérêts ne sont pas les nôtres et ils nous montrent chaque jour par de nombreux exemples de népotisme, de la corruption et par des réformes de « divers anti-crise » et des lois qui nous poussent encore plus loin en marge de la société et au-delà.

C’est pourquoi chacun d’entre eux doit s’en aller, du premier au dernier. Il serait de pure naïveté de croire qu’il y a des gens purs, non corrompus, quelque part, qui portent notre intérêt dans leur cœur et qu’ils nous sortirons de la crise, et qu’il suffit pour cela de voter pour eux aux prochaines élections. C’est le système politique et économique avec son autoritarisme inhérent et son caractère hiérarchique qui rend impossible pour nous de vivre d’une manière non aliénée, selon nos désirs et nos besoins. Tant que le capitalisme existera où les règles d’une minorité imposent sur la majorité, nous poussant aux marges économiques et sociales, nos vies seront vides. Si nous ne résistons pas et ne luttons pas pour des alternatives, il y aura toujours quelqu’un qui régnera sur nous : patriarches dans nos foyers, doyens et représentants des étudiants dans nos facultés, patrons de nos emplois et politiciens dans le gouvernement. La fausse démocratie qu’ils nous offrent en forme d’élections n’est pas la seule forme possible d’organiser notre vie sociale.

Nous allons organiser où nous vivons, travaillons et étudions

Si nous voulons que la révolte et ses exigences produisent une réelle puissance sociale, il faut s’auto organiser. Quand on parle de l’organisation de la révolte nous devons nécessairement penser à des formes différentes de développement socio politiques auxquelles que nous sommes habituées. Nous devons nous organiser d’en bas, sans hiérarchie ni dirigeant, partout où nous sommes exploités et opprimés : dans nos quartiers, sur nos lieux de travail, dans nos établissements d’enseignement. Les agriculteurs doivent s’organiser en coopératives, les coopératives doivent se connecter avec l’environnement urbain. L’auto organisation doit être spontanée et créative, elle doit développer des relations libres et établir des structures qui permettront la pleine émancipation de tous les individus. Ils doivent suivre les principes de la démocratie directe, solidarité mutuelle, non autoritaire et anti-fasciste.

Pour la méthode initiale de l’organisation, nous suggérons l’établissement de la démocratie de l’assemblée directe qui a été une pratique de mouvements insurrectionnels dans le monde entier ces deux dernières années. Nous pouvons nous organiser localement en petits groupes et ainsi façonner l’avenir en définissant nos besoins et les besoins de nos villes et villages. Ensemble, nous pouvons formuler des propositions et découvrir nos potentialités, ce qui nous permettrait aussi de réaliser que nous sommes capables de le faire par nous-mêmes. C’est ainsi que nous construirons la fraternité et l’unité pour tout le monde, mais rien pour ceux qui voudront régner sur nous.

Pour la prochaine étape, nous suggérons la coordination mutuelle de ces groupes et de mettre en place de nouvelles formes d’organisation de cette dispersion de la révolte et son développement. Nous suggérons que, sur la base de nos principes communs, nous nous unissons dans un front de groupes, d’organisations et de particuliers. Ce front doit être idéologiquement ouvert, inclusif et basé sur des revendications communes. Elles doivent être organisées horizontalement, sans organes centraux et fonctionnaires et sur la base de l’autonomie des individus et dans un processus décisionnel de la démocratique directe.

Nous appelons tous les groupes, les organisations et les individus qui trouvent ces idées convenables, d’organiser dans nos communautés locales des assemblées ouvertes, qui peuvent ensuite se connecter les unes avec les autres. Prenons ensemble nos vies en main !

Des rues et des places, 6. décembre 2012

Fédération pour l’organisation anarchiste (FAO), de la Slovénie (membre de l’International des Fédérations Anarchistes)

a-federacija.org //// inter@a-federacija.org

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Re: Révoltes massives en Slovénie et perspectives anarchistes

Messagede vroum le Mer 6 Mar 2013 10:30

[FAO, Slovénie] Appel au soulèvement ! bloc anticapitaliste - Ljubljana, 1er mars 2013 (fr, en)
mardi 5 mars 2013

http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article1130

GOTOVI SO ! Ils sont tous finis !

Au sein de bloc anticapitaliste, l’un des rares groupes organisés des manifestations, nous avons décidé d’ essayer de l’internationaliser..

Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, le côté internationaliste est très important car nous voulons montrer que tout le monde globalisé subit les mêmes chose et que la Slovénie n’est en rien particulière – comme beaucoup de gens essaient de le souligner ici. Et d’autre part, nous voulons renforcer l’influence de notre bloc de cette façon.

Au final, un maire est parti, quelques politiciens ont disparu et un vieux gouvernement est remplacé par un neuf, mais nous allons essayer de résister et de travailler davantage pour des changements radicaux et pas seulement pour des ravalements de façades !

Nous vous invitons donc à rejoindre les manifestation et diffuser notre appel international.

En solidarité. FAO (Slovénie), membre de l’IFA (Internationale des Fédérations anarchistes)

***

Il y a trois mois, les gens en Slovénie se sont levés dans une révolte décentralisée massive. Elle a marqué le début d’une intense résistance à la crise largement auto-organisée. Ce soulèvement a commencé à Maribor contre le maire corrompu et le conseil municipal, mais il est né de plus de 20 ans de transition politique et d’accumulation du capital qui ont accentué les inégalités et le sentiment d’impuissance. La privatisation lente de la société n’a jamais signifié l’amélioration de nos conditions de vie et maintenant cette privatisation est rejetée de partout. C’est dans la vie quotidienne et dans les pratiques qui remettent en question les relations de pouvoir que nous voyons notre soulèvement. Tout comme la résistance qui se déroule partout en Europe, il s’agit d’un processus avec de nombreuses formes différentes de lutte et d’expression. Toutes sont également importantes et aucune ne doit être ignorée, écartée ou criminalisée. C’est dans cette multitude que nous nous engageons dans un processus qui se ré-oriente vers le pouvoir de contrôle sur nos propres vies et qui ne peut pas être récupéré ou instrumentalisée par des intérêts particuliers, des groupes ou des partis. De cette façon, les mobilisations ouvrent un processus de récupération de l’espace pour les personnes afin d’intervenir dans les discours sur la crise des politiques appliquées dans toute l’Europe.

C’est pourquoi nous disons que le soulèvement appartient à tous et chacun d’entre nous !

L’appel systématique, dès le début, de rejeter l’élite politique a clairement fait savoir que ce processus est contre tout simple politicien ou clique particulière. Le corruption des individus au pouvoir n’est que l’exemple extrême de la corruption réelle que nous combattons : le système lui-même. C’est pourquoi nous avons besoin de continuer le combat jusqu’à la chute du gouvernement actuel et, au-delà, des frontières de notre cité et nos États. Nous voulons un processus différent, un processus basé sur la satisfaction de nos besoins. Personne, parmi les puissants, ne nous offrira, de façon bienveillante, des alternatives. Nous allons donc les imposer de bas en haut !

C’est pourquoi nous disons que personne ne nous représente et nous ferons pas de discrimination : ils sont tous finis !

Dans les mois qui ont suivi le début du soulèvement, nous avons vu des attaques de plus en plus draconiennes de la police. Nous avons été intimidés dans nos maisons et dans les espaces communs ; nous avons été aspergés de gaz lacrymogène et de poivre ; nous avons été battus et détenus pour de fausses raisons et pendant de longues périodes sans charges, nous avons été persécutés et jugés. Le soulèvement lui-même a été criminalisé ! L’émergence d’un État policier est une indication nette que la résistance qui se passe ici et dans toute l’Europe a ébranlé ceux qui sont aux manettes de la vie économique et du pouvoir étatique. Le processus se déroule sans questionner la violence systémique à laquelle nous sommes confrontés tous les jours et qui a un impact négatif énorme sur nos vies. Les marchés financiers et les banques attaquent nos moyens de développement social, prennent nos maisons et nous menacent avec des dettes. L’État fera le sale boulot afin de nous tenir tranquille au cours de ce vol.

C’est pourquoi nous disons qu’il y a des policiers partout et la justice nulle part !

Il s’agit d’un soulèvement qui va au-delà des spécificités, des processus locaux en Slovénie. Il s’attaque au cœur du grand mensonge : celui qui prétend que l’économie de marché et la privatisation de l’industrie, des services et des biens finira par conduire à la prospérité de tous les peuples. Le projet d’une Europe néo-libérale, un processus constitutif des élites, est le principal vecteur afin de nous vendre ce mensonge, alors qu’il nous font payer les coûts d’une crise que nous n’avons pas créé. Le système obtient l’accumulation, nous obtenons l’austérité. Nous ne pouvons pas lutter contre un système transnational du capital si nous sommes enfermés dans notre État-nation. En effet, nous devons transcender les identites paroissiales, les mythes historiques et les frontières politiques dans cette lutte.

C’est pourquoi nous disons tans-nationalisons la révolte ! Nous vous adressons un appel à rejoindre le processus commun à tous.

Bloc Anticapitaliste. Ljubljana. 1 mars 2013.


Voir aussi : Fédération des Anarchistes Organisés, Slovénie : http://www.a-federacija.org/english/
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