Mouvements sociaux au Québec

Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Dim 22 Avr 2012 02:01

Le Québec descend dans la rue

De violents affrontements entre manifestants et policiers ont éclaté vendredi à l’occasion d’un discours du Premier ministre québécois Jean Charest confronté au plus important mouvement de contestation estudiantin de l’histoire de la province francophone.

Une centaine de manifestants a fait irruption vers midi (17H00 GMT) au Palais des Congrès qui accueillait le gotha politique et financier de la province à l’occasion d’un forum stratégique sur le développement minier du Grand Nord québécois (Salon Plan Nord), projet phare de M. Charest.

« La police au service des riches », ont scandé les contestataires alors qu’une manifestation sous le thème « Non à la gratuité minière! Oui à la gratuité scolaire! » avait lieu à l’extérieur de l’édifice situé dans le centre-ville de Montréal.
Affrontements

De violents affrontements ont éclaté entre des manifestants, dont certains ont saccagé des kiosques, et plus d’une trentaine de policiers qui ont fait usage de leurs matraques. Les manifestants ont été rapidement expulsés du centre des congrès, mais les affrontements se sont poursuivis à l’éxtérieur.

Des manifestants ont lancé des pierres, tandis que des policiers utilisaient des gaz irritants. En milieu d’après-midi, des centaines de policiers quadrillaient le centre-ville de la métropole qui vit depuis la mi-février au rythme d’un mouvement de grève estudiantin sans précédent au Canada.

« Il y avait des cellules radicales, des gens portant des masques et des lunettes de skis comme s’ils allaient à la guerre », a dit Ian Lafrenière, porte-parole de la police de Montréal. « Il n’y avait pas juste des étudiants » du côté des contestataires, a-t-il ajouté, dénombrant six blessés, dont quatre policiers, et 17 arrestations. Plusieurs véhicules, dont certains de la police, ont été vandalisés.
Frais de scolarité

Les étudiants dénoncent la décision du gouvernement québécois d’augmenter les droits de scolarité de 325 dollars par an pendant cinq ans à compter de l’automne, soit une hausse totale de 1 625 dollars ou 75%.

Les frais de scolarité dans la province francophone sont beaucoup moins élevés qu’aux Etats-Unis et ailleurs au Canada, mais beaucoup plus onéreux que dans nombre de pays européens, selon les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

« A ceux qui frappaient à notre porte ce matin on va leur offrir un emploi, dans le Nord autant que possible », a ironisé M. Charest, une boutade qui a fait rire à gorge déployée le parterre d’hommes d’affaires assistant à son discours.

« De voir le Premier ministre tourner ça en dérision c’est extrêmement inquiétant », a réagi à la télévision Gabriel Nadeau-Dubois, un des principaux leaders étudiants.

Le gouvernement québécois a ouvert la voie à un dialogue sur les prêts et bourses pour les étudiants à condition que ceux-ci dénoncent la violence étudiante. Les mouvements étudiants veulent quant à eux discuter des droits de scolarité, et non des seuls prêts et bourses, et refusent de condamner uniquement leur violence.

Une grande manifestation « pour un printemps québécois », regroupant entre autres des étudiants et des opposants au Plan Nord du gouvernement, est prévue dimanche.

Une poignée de manifestants opposés à la réforme du système d’immigration ont par ailleurs fait irruption lors d’une allocution dans un hôtel luxueux de Montréal du ministre canadien de l’Immigration Jason Kenney.

Qualifiant la situation de « bordélique », M. Kenney s’est dit « un peu jaloux » que « Jean Charest attire beaucoup plus de manifestants » que lui.

http://dndf.org/?p=11282#more-11282

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Luttes étudiantes à Montréal

Université de Montréal : Des étudiants vandalisent les lieux

QMI, 12/04/2012 22h00

MONTRÉAL – Vitres fracassées, peinture déversée sur les sièges et le plancher de l’amphithéâtre, balles de peinture lancées ici et là, équipement informatique vandalisé, constables spéciaux intimidés et molestés : le mouvement de protestation étudiant a pris une tournure violente, jeudi après-midi, à Montréal.

Aux environs de 15 h, de 700 à 800 étudiants en grève ont fait irruption à l’intérieur du pavillon Roger-Gaudry de l’Université de Montréal, un édifice patrimonial que la direction de l’établissement considère comme « l’un des plus beaux exemples d’architecture Art Déco en Amérique du Nord. »

Selon des témoins, plusieurs d’entre eux ont cassé et vandalisé tout ce qui leur tombait sous la main, pendant que d’autres tentaient de défoncer la porte donnant accès au bureau du recteur.

Ils étaient à peine une dizaine de constables spéciaux pour rétablir l’ordre dans tout ce brouhaha. C’était peine perdue.

Cinq d’entre eux ont d’ailleurs été bousculés et rudoyés par les manifestants qui tentaient d’entrer de force dans le bureau du recteur, à l’intérieur duquel une réunion était en cours.

Les cinq agents qui essayaient de sécuriser l’imposante porte de bois ont littéralement été pris en sandwich entre celle-ci et les dizaines de manifestants « extrêmement hostiles et agressifs ».

Un constable spécial a été coupé à l’avant-bras lors de la bousculade, possiblement par le bouclier de fortune qu’avait en main l’un des manifestants.

Alors que la situation était devenue hors de contrôle, la poignée de constables spéciaux, qui ne disposent d’aucune arme pour se défendre, ont reçu l’ordre de battre en retraite de la part de leur supérieur.

Selon des témoignages recueillis sur place, certains d’entre eux ont vraiment craint pour leur sécurité face à la foule déchaînée.

N’ayant pas réussi à enfoncer la porte massive donnant accès au bureau du recteur et appréhendant l’intervention imminente de l’escouade policière anti-émeute, tous les manifestants ont quitté les lieux promptement.

Aucune arrestation

En soirée, aucune arrestation n’avait été effectuée.

À l’intérieur des murs du pavillon Roger-Gaudry, un enquêteur de la police de Montréal et un policier muni d’un appareil photo faisaient le tour des lieux, s’arrêtant à chaque endroit où un méfait avait été commis.

L’acte de vandalisme le plus indécent a eu lieu dans l’amphithéâtre du pavillon : des dizaines de sièges et le plancher de la salle ont été abîmés après qu’un manifestant eut déversé rien de moins qu’une chaudière contenant 20 litres de peinture blanche.

Selon la direction de l’Université de Montréal, les méfaits commis au pavillon Roger-Gaudry s’ajoutent au vandalisme ayant eu lieu durant le même après-midi, au pavillon Jean-Brillant.

À cet endroit, 32 salles de cours ont été endommagées par les manifestants. « On parle essentiellement de câbles internet sectionnés dans ce pavillon récemment rénové », a indiqué Flavie Côté, porte-parole de l’Université de Montréal.

En début de soirée, la direction de l’Université de Montréal a réagi aux événements disgracieux survenus sur son campus, par voie de communiqué.

« L’Université de Montréal dénonce vivement les actes de vandalisme commis sur son campus lors de manifestations tenues cet après-midi, quels qu’en soient les auteurs. »

Il a été impossible d’avoir un bilan final des dommages causés à l’intérieur des deux pavillons investis par les manifestants. Chose certaine, les dégâts qui y ont été causés s’élèvent à plusieurs dizaines de milliers de dollars.

Autre manifestation

En soirée jeudi, quelques centaines de manifestants ont marché de la place Émilie-Gamelin jusqu’à l’intersection des rues de La Gauchetière et University.

Vers 21 h 30, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a dû donner un avis de dispersion, après qu’un véhicule policier eut été vandalisé.

Des agents se seraient également fait lancer des roches, a indiqué le SPVM sur son compte Twitter.

L’Université de Montréal ne veut plus de manifestants sur son campus

La Presse, 13 avril 2012 à 11h13

Moins de 48 heures après avoir obtenu une injonction pour empêcher le blocage des accès aux pavillons par ses étudiants en grève, l’Université de Montréal est de retour devant la Cour supérieure du Québec à la suite des actes de vandalisme commis jeudi dans certains locaux.

L’Université de Montréal durcit le ton et demande maintenant qu’aucune manifestation n’ait lieu sur son campus.

« Environ 800 personnes ont saccagé un pavillon, hier soir. Elles ont forcé les portes avec ce qui ressemblait à un bélier alors qu’on était arrivé à une entente avec les associations étudiantes mercredi. La situation est totalement déplorable », a expliqué l’un des avocats de l’Université de Montréal, Me Simon-Pierre Hébert, au juge Michel Caron.

De son côté, la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM) condamne ces actes de vandalisme. Sa présidente, Stéfanie Tougas, à toutefois tenu à préciser à La Presse qu’il s’agissait d’une manifestation « spontanée » qui n’était pas organisée par la FAECUM.

« Ça ne justifie pas les actes de vandalisme, mais en même temps, il faut comprendre la colère des étudiants. Chaque fois que l’Université est contrariée, elle se retrouve en cour contre ses étudiants. On est sur le point de nous retirer notre liberté d’expression, notre droit de manifester. C’est inacceptable », a dit Mme Tougas.

La requête de l’Université de Montréal doit être débattue aujourd’hui au palais de justice de Montréal. De nombreux étudiants entendent assister à l’audience.Montréal : saccage diurne du bureau de la ministre Line Beauchamp

(Le 13 avril 2012)

Montréal : Une arrestation pour saccage au bureau de Line Beauchamp

Le soleil, 13 avril 2012 à 10h43

Des actes de vandalisme ont été commis en début de journée, vendredi, au bureau de circonscription de la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, à Montréal-Nord.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) rapporte que vers 8h30, une quinzaine de personnes sont entrées dans l’immeuble où sont situés les bureaux de la ministre dans la circonscription de Bourassa-Sauvé, sur le boulevard Henri-Bourassa Est. Ils ont fracassé deux vitrines de portes et ont pu ensuite accéder au bureau de la ministre où ils ont tout saccagé.

Après leurs méfaits, ils sont sortis à l’extérieur où les attendaient d’autres individus. Une personne a été arrêtée, mais les autres ont quitté les lieux.

Dans un autre dossier, la Sûreté du Québec a arrêté jeudi un homme âgé de 33 ans qui a proféré des menaces de mort sur Internet à l’endroit d’un ministre du gouvernement du Québec. Cet homme a été remis en liberté sous promesse de comparaître.

Deux autres enquêtes sont en cours puisqu’un autre ministre du gouvernement Charest a fait l’objet de menaces. Selon plusieurs sources, les ministres visés sont Line Beauchamp et son confrère de la Justice, Jean-Marc Fournier.

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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Dim 22 Avr 2012 02:11

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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Dim 22 Avr 2012 02:20

Un prof souhaite donner son cours dehors: 49 arrestations

Désormais au Québec, chercher à s'instruire et réclamer ses droits pacifiquement est passible de tête écrasé sur l'asphalte, de genoux enfoncé dans le dos et de ticket salé. Oubliez le droit de manifester. Toute apparence de dissension est désormais interdite. Profilage politique, profilage racial, violence, intimidation. Tout cela est désormais chose courante au point où on risque de trouver ça rapidement banal.

Cet après-midi 13h au cégep Limoilou, 49 manifestant-e-s d'un groupe d'environ 300 ont été arrêtés pour avoir marché pacifiquement. Cette marche spontanée s'est produite après qu'une professeur de philosophie, Valérie Cayouette-Guilloteau, a annoncé sur Facebook qu'elle réaliserait "de plein gré un acte de désobéissance civile extrême".

Coup de théâtre au lieu de rendez-vous. Sacha Calixte, prof contre la hausse, lit au porte-voix un texte signé par Mme Cayouette-Guilloteau. Absente, celle-ci révèle que, suite à la publication de l'évènement, elle a reçue de nombreuses menaces venant de plusieurs inconnus suivi d'une convocation de la direction du cégep. On force Mme Cayouette-Guilloteau à se taire.

Le texte ajoute qu'une personne se présentant comme Mme Cayouette-Guilloteau a fait une entrevue le matin même à l'antenne du 93,3. Aussi, un faux compte Facebook avec son identité s'est mis à faire de la provocation.

Pour finalement apprendre que l'action s'annonçait pour être... un cours de philo sur le gazon.

Suite à la lecture du texte, les étudiant-e-s furieux prennent la moitié de la 8e avenue. La tension est palpable. Un groupe de provocateurs anti-grève calottés se mettent à huer les manifestant-e-s et suscitent des troubles. La police intimide les étudiant-e-s en leur disant de quitter la chaussée sous peine d'amendes.

Vous voulez pas vous tasser? Parfa.

C'est alors qu'environ 200 étudiant-e-s décident de prendre spontanément le pavé. Qu'els aient été poussé ou non par des provocateurs reste à voir. Ceux-ci font pacifiquement le tour du Presbytère Roc Amadour. La crainte d'être arrêté est sur toutes les lèvres.
Nos taxes à l'oeuvre
Au moment de revenir au cégep, à environ 300 mètres de l'entrée, les constables bloquent la rue avec leurs véhicules. Les étudiant-e-s hésitent et arrêtent. La police procède aussitôt à des arrestations arbitraires violentes, au sein de la foule. Cinq ou six étudiant-e-s sont menottés comme des criminels.
Une zone est aléatoirement déterminée par des bandes jaunes
Une zone dans laquelle se trouvent les marcheurs et les marcheuses est aléatoirement déterminée par des bandes jaunes. Une trentaine d'étudiant-e-s, résignés mais solidaire, attendent en se laissant cueillir un par un. Els sont amenés au poste dans un autobus du RTC emprunté pour l'occasion. 51 constats d'infraction de 494$ sont remis.
Ceux-ci seront tous arrêtés
L'opération dure plus d'une heure. Des étudiant-e-s à l'extérieur du périmètre tentent de se motiver en scandant "police partout, justice nulle part". Certain décident de s'asseoir dans la rue pour aussitôt se raviser lorsque la police se rapproche.

En aucun moment la police n'a indiqué que la manifestation était illégale.

L'opération ressemble en tout point à celle d'hier à l'UQO, ou 150 personnes ont été arrêtées pour avoir manifesté, est-il utile de le mentionner, pacifiquement.

Il ne s'agit pas simplement que d'arrestations arbitraires dont il est question. C'est aussi le droit de penser librement qui est attaqué de front. Un prof souhaite donner un cours à l'extérieur de son local pour profiter du soleil splendide d'un début d'été. Dès que l'idée a été soulevée, une violence inouïe s'est déchaîné contre elle. Une manifestation de 10 minutes à été sauvagement réprimé. Désormais, toute pensée doit être orienté en direction de la production de valeur. S'interroger sur notre condition d'exploité est hautement prohibé.

Notez que le cégep Limoilou n'est pas en grève.





http://voixdefaits.blogspot.fr/2012/04/ ... cours.html
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Dim 22 Avr 2012 02:21

Communiqué – Action étudiante dérangeante à Chicoutimi, prise 5 : Gala des SCABS sans mérite

SAGUENAY, 20 avril 2012 // Près de 80 étudiants ont pris la rue pour dénoncer les personnalités qui, par leurs provocations, intimidation et violence, ont tenté de briser le mouvement historique de grève des étudiants. Dans le cadre d’une cinquième manif-action de perturbation, les étudiants ont fait plusieurs arrêts pour tenir un « Gala des scabs sans mérite ». De nombreux rapprochements s’observent entre les multiples bavures pour faire plier les lock-outés de Rio Tinto-Alcan d’Alma et celles réalisées à l’endroit des étudiants en grève et ces derniers en ont tenu compte dans leurs nominations. Tout comme RTA a employé des briseurs de grève protégés par une injonction, les étudiants d’Alma et de Chicoutimi voient maintenant leur grève bafouée par des injonctions et la répression.

Selon Pierrot Côté, porte-parole du Comité autonome d'action de l'UQAC: « la lutte pour le droit à éducation menée par le mouvement étudiant démontre combien tant de gens ont oublié que c'est par la lutte, par la grève, que la quasi-totalité des acquis sociaux ont été gagnés. Chaque personne qui franchit une ligne de piquetage, en plus de devenir un obstacle à la lutte, aide le système néolibéral à nous éloigner de la démocratie, en ne la respectant pas.»

La ministre de l'éducation, Mme Line Beauchamp, a utilisé à plusieurs reprises la voie des médias pour mettre de l'huile sur le feu: « dans les années 70, une loi anti-scab a été votée au parlement pour enrayer l'intimidation et la violence sur les lignes de piquetage lors de conflits de travail. La ministre, en invitant les gens à franchir les lignes et à imposer la reprise des cours, incite à la violence et à la confrontation », nous rappelle Pierrot Côté.

Il est intolérable que les hauts dirigeants de nos universités s’octroient des augmentations salariales, bonus et parachutes dorés, tout en réclamant des étudiants qu’ils paient davantage et cessent leur grève. En plus des menaces régulières envers les étudiants et d’une vingtaine d’arrestations, il a été révélé que l’UQAC a dépensé 50 000$ supplémentaires en agents de sécurité depuis le début des activités de grève – des dépenses très mal gérées qui n’ont fait que provoquer les étudiants. Il est indignant que l’État québécois use d’autant de brutalité et de mauvaise foi envers un mouvement pacifique et d’envergure nettement historique. L’arrêt collectif des cours par décision démocratique d’associations reconnues est une grève. Certaines associations de l’UQAC exercent ce droit depuis le 27 février. Nous réclamons le gel des frais de scolarité et menons une lutte conjointe avec les étudiants et étudiantes du monde entier qui défendent le droit à l’éducation.

Comité autonome d'action de l'UQAC

http://ucl-saguenay.blogspot.fr/2012/04 ... eante.html
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede Ben B. le Dim 22 Avr 2012 02:22

Merci de nous poster toutes ces infos.

Je pensais que le mouvement étudiant au Québec était assez réformiste, mais à la lecture de tes articles j'ai l'impression que ça se radicalise un peu non ?
Avant, ce forum était anarchiste. Mais ça, c'était avant.
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Dim 22 Avr 2012 02:36

Il y a eu toujours du radicalisme dans le mouvement, pas beaucoup plus aujourd'hui qu'avant. C'est un peu noyé dans le réformisme ambiant mais pour l'instant le mouvement est assez fort et populaire donc i y a pas trop d'embrouilles :)
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede fabou le Dim 22 Avr 2012 15:15

La tension monte au Québec, théâtre d’une grève étudiante historique

Le Parisien, 18.04.2012, 22h20

Professeurs intimidés, agents de sécurité en classe, appel controversé à « s’affranchir de la tyrannie des agitateurs de gauche », vandalisme dans le bureau d’une ministre : la plus importante grève étudiante de l’histoire du Québec s’envenime malgré des appels au calme.

Une grève contre l’augmentation des frais de scolarité. Depuis la mi-février, ce mouvement de grève étudiant cherche à faire revenir le gouvernement québécois de Jean Charest sur sa décision d’augmenter les droits annuels de scolarité de 1.625 dollars en cinq ans. Cette semaine, la ministre de l’Education Line Beauchamp a montré un signe d’ouverture en proposant de discuter avec deux des trois organisations étudiantes, mais uniquement de la gestion des universités. La ministre exige que le syndicat étudiant qui représente 47% des étudiants en grève, pour l’instant exclu de ces négociations « dénonce haut et fort tout acte de violence ».

Actes de vandalisme. Car violence il y a. Considéré comme responsable, le mouvement estudiantin québécois a pourtant vu des actes de vandalisme ternir son image, notamment le saccage du bureau de la ministre de l’Education, perpétré par une quinzaine d’individus en marge d’une manifestation la semaine dernière. « Nous refusons de faire porter la responsabilité de cette violence aux étudiants », a déclaré Marie Malavoy (Parti Québécois), une porte-parole de l’opposition : « Dans toutes les démocraties, des individus plus ou moins organisés s’infiltrent dans les manifestations et les décrédibilisent ».

Ambiance pesante à l’université de Montréal. Au coeur de la grève suivie depuis la mi-février par les étudiants québécois pour protester contre une hausse des frais de scolarité, l’université de Montréal a obtenu en justice une injonction obligeant les élèves à revenir en classe. Les cours ont repris mardi matin, mais l’ambiance est pesante sur le campus, où des agents de sécurité d’une société privée, matraque à la taille, patrouillent, pénétrant à l’occasion dans une classe pour vérifier l’identité des étudiants présents. A l’Institut d’urbanisme, une des branches de cette université, deux cours sont prévus. Dans le premier, pas d’étudiant, dans le second, un seul présent. Les professeurs estiment que les « conditions pédagogiques » ne sont pas réunies et refusent d’enseigner. Un appariteur de l’université, secondé par un agent de sécurité, tance les enseignants, leur ordonne de donner cours.

Le « langage est autoritaire », regrette Franck Scherrer, directeur de l’Institut d’urbanisme, présent lors de cet incident. Cet ancien professeur à l’Université Lumière Lyon 2, qui avait « assisté ou participé » à des grèves de professeurs et d’étudiants en France au début des années 2000, s’étonne voir au Québec des policiers « enjoindre fermement les professeurs d’enseigner », chose qu’il n’avait « jamais vue » de l’autre côté de l’Atlantique. Les étudiants québécois sont normalement, selon lui, « extraordinairement responsables » comparés à leurs camarades français.

Un professeur arrêté, un autre expulsé. A l’université du Québec en Outaouais (UQO), un professeur de sociologie a même été interpellé dans l’enceinte universitaire et accusé d’entrave au travail des policiers. Un autre enseignant a été expulsé par la police. Autre signe de l’ambiance délétère que commence à faire peser dans la province la grève estudiantine, le quotidien Le Soleil a publié jeudi dernier sur son site internet une tribune appelant à « s’affranchir de la tyrannie des agitateurs de gauche » en suivant l’exemple des mouvements fascistes des années 1920 et 1930. Face à la polémique, Le Soleil a présenté ses excuses, alléguant une « erreur ».

Pour info

L’article publié par Le soleil le 12 avril ("Pour en finir avec les grèves étudiantes") était signé Bernard Guay. Ce dernier occupe un poste de Directeur Général de la fiscalité du Ministère des Affaires Municipales, des Régions et de l’Occupation du Territoire (MAMROT) dans le cabinet du ministre Laurent Lessard.

Le paragraphe en question disait : "Les activistes étudiants ont, en profitant de la pusillanimité de la police et de la complicité de certains enseignants, occupé le terrain par des manifestations et des piquetages. Ils ont prétendu que les votes extorqués lors d’assemblées manipulées auxquelles ne participait qu’une partie des étudiants leur permettaient d’exiger que tous les étudiants suivent leur mot d’ordre de grève, comme si la formule Rand s’appliquait également aux étudiants. Il ne suffit pas, pour faire échec à une opération préméditée et extra-légale comme celle-là, de prendre part aux assemblées, de déclarer publiquement son opposition ou de s’adresser aux tribunaux. Étant passé par là en mon temps, j’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui ont posé de tels gestes, mais cela ne suffit pas : il faut s’organiser pour reconquérir le terrain. Dans les années 1920 et 1930, c’est ce qu’on fait les mouvements fascistes, en appliquant aux gauchistes leur propre médecine. Ceux-ci en ont gardé un souvenir si cuisant que, trois quarts de siècle plus tard, ils s’acharnent encore à démoniser cette réaction de salubrité politique. Les opposants aux grèves doivent donc cabaler, s’organiser pour franchir en masse les lignes de piquetage, apostropher les porteurs de carrés rouges où qu’ils les rencontrent, répondre à l’intimidation par le défi."


-> http://cettesemaine.free.fr/spip/articl ... ticle=4936

Des vandales ciblent des bureaux de ministres et le métro

La Presse, 16 avril 2012 à 14h59

La nuit et la matinée ont été mouvementées à Montréal. Quatre bureaux de circonscription de ministres libéraux ont été vandalisés la nuit dernière, notamment à l’aide de cocktails Molotov, et tout le réseau du métro a été paralysé à l’heure de pointe dans ce qui a toutes les allures d’un acte de vandalisme bien coordonné.

C’est le bureau du ministre de la Justice Jean-Marc Fournier qui a été la première cible vers 3h. Une bouteille contenant un liquide, qui ne s’est toutefois pas enflammé, a été lancée à travers la porte vitrée, qui a été fracassée, du 750 du boulevard Marcel-Laurin dans Saint-Laurent. L’immeuble abrite de nombreux bureaux d’entreprises privées et des Centres jeunesse du Québec, qui sont tous fermés aujourd’hui, le temps que policiers et pompiers mènent leur enquête et ratissent la scène de crime.

Une telle scène a aussi paralysé un secteur de l’arrondissement Sud-Ouest, autour du bureau de la ministre responsable des Aînés, Marguerite-Blais, où des graffitis de couleur rouge ont été peints sur l’entrée de l’immeuble du 3269, rue Saint-Jacques. Un produit chimique avait été déversé sur le sol du bureau par une fenêtre fracassée, et les pompiers ont dû s’assurer que cela ne représentait aucun danger avant de rouvrir les lieux.
« Nous avons reçu un appel par la centrale d’alarme. Quand les policiers sont entrés, par l’arrière, ils ont senti une odeur. Les pompiers ont été appelés et tout le bâtiment a été évacué », raconte Gabriel Retta, attaché responsable du bureau de circonscription de la ministre Blais. Il faut dire qu’aux étages supérieurs du bâtiment se trouvent des logements résidentiels. Un périmètre de sécurité a été érigé, causant la fermeture de tout le quadrilatère pendant un bon moment.

Scénario similaire, dans l’arrondissement Anjou, dans l’immeuble abritant les bureaux de la ministre du Travail Lise Thériault, rue Beaubien est.

Dans Côte-des-Neiges, le bâtiment sis à l’angle du chemin du même nom et de la rue Édouard-Montpetit, dans lequel se trouve le bureau de circonscription du député d’Outremont et ministre des Finances, Raymond Bachand, a aussi été visité par des vandales. La façade a été peinte de graffitis rouges, mais les vitres n’ont pas été brisées. Comme il s’agit de bureaux de ministres du gouvernement québécois, c’est la Sûreté du Québec qui fera enquête.

Il est impossible pour l’instant d’identifier les responsables de ces actes de vandalisme. Mais la couleur rouge utilisée pour certains graffitis dirige les soupçons vers le mouvement étudiant ou ceux qui l’appuient.

« Inadmissibles », « stupides » et « dangereux »

Rencontrée alors qu’elle se rendait sur les lieux pour constater les dommages, la ministre Marguerite Blais marchait sur des oeufs et refusait d’accuser les étudiants du coup. « Ça fait trois fois qu’il y a des manifestations ici. Vendredi passé, il y en a qui sont montés sur le toit et qui ont hissé une banderole rouge. Je crois que ces gestes sont posés dans un cadre plus large que seulement les étudiants », croit-elle.

« Je dénonce les actes de violence de cette nature. Ce vandalisme, toute la société paie pour. La rue a été fermée, le métro a été bloqué. Ça empêche les gens d’aller au travail. (...) Ici, les gens ont été évacués. Ça perturbe leur vie et les insécurise », déplore-t-elle.

Si elle n’accuse pas les étudiants directement, elle dit que leurs représentants doivent dénoncer les actes de vandalisme. « Gabriel Nadeau-Dubois dit qu’il ne peut pas dénoncer parce qu’il représente des membres qui pensent peut-être autrement. Les associations étudiantes doivent dénoncer pour être en mesure de négocier et avoir des discussions avec le gouvernement », poursuit-elle.

Elle croit que sa collègue ministre de l’Éducation s’est montrée suffisamment ouverte avec ses propositions concernant le régime de prêts et bourses et la gestion des universités, et que la balle est maintenant dans le camp des étudiants. « Ça fait des années qu’ils sont gelés les frais », conclut-elle.

Sa collègue ministre du Travail, Lise Thériault, renchérit et juge « inadmissibles », « stupides » et « dangereux » les actes de vandalisme survenus la nuit dernière à son bureau. Cette « intimidation » ne sert en rien le débat, lance-t-elle. Mme Thériault rappelle qu’on a dû forcer l’évacuation de tout l’immeuble où se trouve son bureau. La plupart des gens qui ont dû quitter leur logement étaient des personnes âgées. Elle demande à la population et aux « différentes associations concernées » de dénoncer le « saccage » des bureaux de députés.

Arrestations au Cégep du Vieux-Montréal

La police de Montréal a par ailleurs arrêté trois jeunes hommes de 19 ans lors d’une courte manifestation qui a réuni une centaine d’étudiants et professeurs au Cégep du Vieux-Montréal. Ils auraient tenté de s’introduire par effraction dans l’établissement dont les portes sont closes depuis le début de la grève.

Vandalisme à Québec et à Montréal

Le soleil, 16 avril 2012 à 09h37

(Québec) À Québec, une quantité importante de peinture rouge a été déversée sur la chaussée de la côte d’Abraham, dans la nuit de dimanche à lundi, près de la côte Sainte-Geneviève. L’équivalent de six gallons de peinture, estime la porte-parole de la police de Québec, Christine Lebrasseur.

Le métro de nouveau perturbé

La Presse, 16 avril 2012 à 15h38

Le service dans le métro est de nouveau perturbé aujourd’hui. Cette fois, c’est un engin fumigène qui aurait été trouvé dans la station Berri-UQAM vers 14h15. Le métro a de nouveau été la cible de vandales cet après-midi.

À 14h12, les pompiers ont été alertés par des usagers qui rapportaient un incendie dans la station Berri-UQAM. Une fois sur les lieux, les sapeurs se sont rendus compte qu’il s’agissait d’un engin fumigène qui semblait avoir été lancé dans un tunnel. La station la plus importante de la ville a été complètement évacuée, et une simple ventilation des lieux a permis de rapidement rendre l’air respirable.

Au cours de l’opération, les lignes verte et orange ont été fermées, ce qui a duré une dizaine de minutes. Personne n’a été incommodé par la fumée.

Des sacs de briques sur les voies ce matin

Ce matin, le métro avait été paralysé lors de ce que la Société de transport de Montréal qualifie « d’acte de vandalisme concerté ».

Diverses actions ont interrompu le service dès 7h15. Des sacs de briques ont été jetés sur les voies des stations Préfontaine, du Collège, Laurier, Université de Montréal et Georges-Vanier. Les freins d’urgences ont aussi été actionnés dans cinq stations sans raison. Les lignes verte, orange et bleue ont été mises à l’arrêt.

Au moment où le train s’est immobilisé sur la ligne orange, l’annonceur au micro a indiqué « qu’on ne sait pas si ce sont des manifestants qui ont fait ça ». Le service a repris sur la ligne verte vers 7h35 et peu après sur les lignes orange et bleue.

Si l’interruption a été de courte durée, le fait qu’elle ait touché toutes les lignes du réseau sauf la jaune, a causé un ralentissement bien au-delà de l’heure de la reprise du service.

Pour Isabelle Tremblay, porte-parole de la STM, « il est clair que c’est un acte de vandalisme concerté ». Elle ne montre aucun groupe du doigt pour le moment, mais la piste étudiante sera assurément dans les priorités des enquêteurs montréalais chargés de faire la lumière sur cette série de méfaits.

-> http://cettesemaine.free.fr/spip/articl ... ticle=4937
fabou
 

Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Mar 1 Mai 2012 13:24

Merci d'avoir complété le sujet (et merci pour le sujet palestine aussi).

On est en grève pis c’est pas des crisses de farces !

Salut vous autres. Quelques nouvelles de Montréal pendant que ça brasse. Le Québec, la province « cute », qui parfois, dans l’histoire, arrive à se montrer autre chose qu’une simple banlieue culturelle entre New York et Paris. Faut croire que ça prend quelque chose pour que les « cousins » français ou européens prennent au sérieux ce qui se passe ici, politiquement, et qu’on ne s’y rapporte pas seulement comme à un nouveau spot de vacances, une opportunité de carrière où se faire valoir pour pas cher, où la place cool que s’arrachent les hordes de Pévétistes venus innocemment gentrifier les quartiers de Montréal. Parce que le Québec c’est pas juste cool, c’est aussi de la marde. Et la marde, parfois, ça revole.

J’avais envie de partager un peu de ce qui se passe ici à quelques uns et unes de vous, qui là-bas, n’avez peut-être pas trop idée de ce qui se trame ici en ce moment.

Une grève étudiante, la première digne de ce nom depuis 2005, s’en va maintenant dans sa douzième semaine. La plus longue et la plus massive de l’histoire étudiante québécoise, mais aussi canadienne et étasunienne.

Ma petite lettre risque d’être un peu longue, mais je n’ai pas trop le temps de faire dans la finesse. Et bon, je m’efforce quand même d’aller un peu dans les détails, ceux dont on ne parle pas dans la presse.

Ça faisait plus de deux ans que les associations étudiantes la promettais. Le prétexte, la hausse annoncée de 1625$ des frais de scolarité à la fac. Une hausse que le gouvernement Charest, en place depuis 9 ans, à vendu en disant que les frais actuels étaient ridicules comparés aux université du Canada et des États-Unis, et que les étudiants — ces privilégiés qui feront pleins de thunes plus tard — doivent contribuer. Au début du mois de janvier, c’était encore assez dur de croire à un mouvement, d’en sentir l’imminence, tant le mouvement était planifié, au sens bureaucratique du terme. Ce qu’il faut comprendre, par rapport à la France, c’est qu’ici, les A.G. où se décident les grèves ne se tiennent pas n’importe comment. Dans chaque fac, ou Cégep (collèges préuniversitaire où on entre vers 17 ans) il y a un syndicat étudiant unique à cotisation obligatoire. C’est l’A.G., qui décide si son association (le « syndicat ») s’affilie à une fédération nationale quelconque, la FECQ, la FEUQ (équivalents de l’UNEF) ou l’ASSÉ (le syndicat « de combat »). En gros, c’est comme s’il n’y avait que des A.G. d’UFR, et que tout étudiant cotisait obligatoirement soit à l’UNEF ou à SUD selon le résultat d’une élection d’UFR. Les syndicalistes ont donc une bonne longueur d’avance sur toute forme d’organisation autonome. C’est le principe de la formule RAND, entrée dans les lois du travail pour briser le syndicalisme radical.

Bien que tous les étudiants peuvent parler et voter des trucs en A.G., ces associations deviennent les seules dépositaires de toute légitimité, et elles sont présentées par de nombreux militants, y compris des anarchistes, comme le modèle d’une démocratie directe à construire. Les A.G. sont aussi hyper lourdes, c’est le paradis (ou l’enfer) de la procédure (le code Morin), et la seule critique apparente qui s’en fait se voit dans l’absentéisme. Ce système de représentation, d’encadrement du mouvement étudiant donne beaucoup de moyen à un « appareil », qui lorsqu’il est contrôlé par des gauchistes, rend possible du travail de mobilisation coûteux (permanents payés, location de bus, de salles de spectacles pour les A.G., photocopies illimitées, etc.), mais ça tend à décourager ou à invisibilité toute initiative qui n’émane pas de la « structure », ou qui ne va pas dans son sens (ce serait « antidémocratique »).

Dans ces conditions, c’est très difficile de faire déborder le mouvement en dehors de l’identité étudiante ; sans parler du fait que le système des associations continue à cloisonner les étudiants dans leurs discipline.

Toujours est-il que cet hiver, ces A.G. ont largement voté en faveur d’une grève générale illimitée (à l’UQAM, les votes de grève allaient souvent chercher dans les 80% et même 94% en arts). Il n’y a qu’à Québec (qui se démarque année après année par son caractère conservateur) où le mouvement n’aie pas pris. Tandis qu’à Montréal, même certains départements des facs anglophones, traditionnellement indifférentes à toute agitation politique, ont rejoint la grève. Après 3 semaines, plusieurs associations ont fait passer des propositions voulant qu’aucun vote de reconduction ne serait demandé tant que la ministre ne recule pas sur la hausse des frais. C’était à savoir qui ferait la proposition la plus radicale, certains Cégeps votant même pour reconduire jusqu’à la gratuité scolaire.

Le plus frappant, c’est nettement l’ampleur du mouvement. Depuis 2 mois, il y a des manifs tous les jours à Montréal, sans parler des actions de perturbations sans arrêt (blocage du port, du ministère, des bureaux d’administration des facs, du casino et des dépôt de la Société des Alcools (qui sont deux entreprises d’État), de l’autoroute, des ponts — Montréal c’est une île — et perturbations de congrès d’actionnaires de banques, etc.) La plupart du temps, ça tourne autour de 1000 à 10’000 personnes, mais pour la manif nationale du 22 mars, c’est au moins 200’000 personnes qui sont sortis marcher avec leur petit carré rouge. Le carré rouge, c’est un bout de feutre que les gens se mettent au manteau avec une petite épingle à nourrice, pour montrer leur solidarité avec la grève étudiante. Cette espèce de cocarde, apparue lors du mouvement de 2005, est maintenant omniprésente dans les rues, partout, dans les bus, etc., des vieillards autant que des enfants ; des gens mettent des draps rouge à leur balcon, etc. etc. Ça met l’ambiance, ça rend la grève présente comme « événement », mais comme événement sans contenu. Un peu comme l’avait été il y a des années le drapeau du Québec et les petits pins du « oui » au référendum de 95 sur l’indépendance. La grève actuelle reprend en quelque sorte le flambeau d’« Occupy Montreal » en tant que rumeur qui courre dans la ville et le reste de la province, qui rassemble tout un paquet de gens qui ne partage pas grand chose d’autre qu’un symbole. Au-delà du sourire en coin, il reste quoi ? La durée, l’approfondissement du conflit révèlent toujours plus la fausse solidarité dont le carré rouge est le signe.

Jusqu’à tout récemment, j’avais vraiment l’impression que le mouvement manquait de la magie qu’il y avait en 2005. C’est que cette année, il n’y a pas d’occupations, il n’y a pas eu de nuit de barricades. Tout a été fait pour que les campus « à risque » soient administrativement fermés dès que le vote de grève a passé. Ceux qui ont tentés d’y rester ont tous été arrêtés. En 2005, les occupations étaient vraiment l’occasion de faire exister autre chose, ça créait un flou par rapport aux identités, ça décollait du simple aspect revendicatif. Cette fois-ci, même les facs qui sont ouvertes sont désertées : rien ne s’y passe, tous ne font qu’y passer. Si les actions directes se multiplient et dépassent en vigueur les coups de 2005, il est difficile de ne pas y voir qu’une simple radicalité au service des revendications. Si la détermination à durer est plus impressionnante, ça reste difficile de présager quelque chose qui se poursuivrait au-delà d’une entente avec le gouvernement. Quelque chose qui tiendrait dans autre chose qu’un statut d’étudiant. On dirait que tout est fait, même au sein du mouvement, pour que rien ne déborde du cadre. Et c’est sans parler d’une radicalisation des pacifistes, qui deviennent de plus en plus violents envers les méchants « black blocs » et autres incivils qui nuisent à l’image.

Le mouvement est très imprévisible, dur à lire, tant il produit peu de discours et ses slogans sont vides. Cette fois, contrairement à l’habitude, la plupart des textes critiques ont été écrit avant la grève, et depuis, tout s’est fondu dans un (activisme réducteur). Jusqu’ici, il n’y avait pas de quoi s’en enthousiasmer, mais c’est peut-être maintenant ce qui fait la force du mouvement. Vu les mandats de reconduction automatiques, les A.G. sont désertées et ne sont plus le lieu central de la lutte. De plus en plus, on sent qu’elles n’expriment plus la réalité du mouvement mais ne sont qu’un outil qui sert à faire durer la situation. En plus de la multiplication démesurée des manifs, la grève se reterritorialise dans une multiplicité de projets et d’expériences plus modestes, mais moins « vides ».

Pour ne parler que de ce qui se passe à Montréal, il y a entre autre « Fermaille », qui sort un recueil de poésie et de courts textes chaque lundi depuis le début du mouvement, il y a aussi une « maison de la grève » qui a ouvert ses portes le 2 mars, donnant un espace où se retrouver en dehors du cadre des associations, qui ne soit pas liée à une fac en particulier et où ont lieux diverses activités qui rejoignent entre autre des gens de d’autres secteurs, travailleurs syndiqués ou non, chômeurs, etc. Il y a encore Schola, un projet d’université populaire nomade, né aussi au début de la grève, et encore d’autre groupes, plus sérieux ou plus ludiques, comme « Force étudiante critique » ou encore les ravisseurs du Rabbit Crew, l’école de la montagne rouge, les oiseaux rouges, le pink block, et j’en passe. Bien sûr, c’est sans parler du plus important sans doute, qui est l’ensemble des petites bandes plus informelles, sans nom, qui se sont formées au cour de la grève et qui font véritablement la solidité du mouvement.

Maintenant, ce qui se passe, et ce qui m’a donné envie de vous écrire, c’est que quelque chose de cette grande spectacle de la mobilisation semble s’être fragilisé. Comme si la magie, cette fois, venait de la durée inattendue de la grève, et du pourrissement de la situation. Les semestres sont déjà en péril et à ce point-ci, les étudiants n’ont rien à perdre et ne vont surtout pas lâcher l’affaire. De leur côté, Charest et sa ministre de l’éducation, Line Beauchamp, essaient de jouer les intraitables, maintenant la ligne dure en misant sur le soutient de ceux qui en appellent à l’ordre et qui veulent faire taire ces petits cons dans la rue. Il faut croire qu’ils ne s’attendaient pas, eux non plus, à un mouvement d’une telle ampleur, et là, c’est comme si leur orgueil les empêchaient de plier. Même certains citoyens des plus réacs commencent à en avoir marre de l’entêtement du gouvernement qui commence à coûter cher et qui transforme Montréal en zone occupée. Le budget annuel de la police de Montréal a déjà été dépassé et leurs hélicos continuent de tourner en permanence au-dessus de nos têtes. La « crise » coûte cher à la ville et crée des tensions entre le maire et le premier ministre. Les éditorialistes des grands journaux compétitionnent en commentaires imbéciles et condescendants. Un fonctionnaire du gouvernement, Bernard Guay a même publié une lettre dans « le Soleil » de Québec, où il appelle les gens de bon sens à servir aux gauchistes leur propre médecine : ne pas se contenter d’aller voter contre la grève en A.G. mais de les intimider dans la rue, et de « s’inspirer des tactiques fascistes des années 30 » (sic). La situation polarise tout. Les flics épuisés par leurs heures sup’ à courir partout deviennent de plus en plus bêtes et agressifs. De l’autre côté, les grévistes goûtent abondamment à la médecine porcine, et les bavures se multiplient. Cette année, la manifestation annuelle du 15 mars, contre la brutalité policière, s’est tenue par « coïncidence » quelques jours après que les flics aient fait perdre un œil à un cégépien de St-Jérôme. Résultat : 5000 personnes se sont pointées, et la soirée à virer à l’émeute. Pillages et voitures de keufs cramées sur la rue Ste-Catherine. Ce n’est pas un hasard si les premiers « débordements » ont eu lieu dans une manif qui n’était pas « étudiante ». Mais quelque chose s’était produit qui témoignait d’une tension qui ne faisait encore que monter.

Le harcèlement policier devient systématique. Plusieurs ont encore dans les dents le goût de la répression au G8/G20 à Toronto, en 2010, où les Québécois ont payés cher. Et déjà l’an dernier, les flics de Montréal annonçait la création de leur nouvelle escouade GAMMA (guet des activités et mouvements marginaux et anarchistes) avec une série d’arrestations à domicile.

Au mois de mars, une semaine après l’ouverture de la maison de la grève, les flics ont sauté sur le premier prétexte (un mec qui buvait sa bière sur le trottoir) pour entrer en force dans le local, arrêter tout le monde et perquisitionner. C’est aussi le festival des P.V. que les même cochons distribuent à tous les jeunes comme si c’était des prospectus de free party. De plus en plus de gens sont arrêtés, détenus, paient des cautions, des avocats, et on attend les procès de camarades qui risquent du ferme.

Le plus embêtant reste de voir la complicité parmis les grévistes de soi-disant pacifistes qui se félicitent de collaborer avec la police. Mais l’arrogance du gouvernement et la violence des flics continuent d’amplifier la rage. Le gouvernement ne cherche pas tant à nier le mouvement qu’à lui nier toute hétérogénéité. Il ne voudrait le reconnaître qu’en tant qu’il pourrait pacifier le conflit, c’est-à-dire raisonner les esprits et les corps qui le compose. Il ne négociera pas avec un mouvement qui n’est pas capable d’assurer sa sujétion à la souveraineté de l’État. Il ne veut rien savoir du politique.

Par toutes sortes d’opérations, tous les ennemis de la grève essaye de ramener la question à une affaire de droits et de règlements municipaux. On assiste depuis quelques semaines à une judiciarisation sans précédent de la grève : les injonctions pleuvent (des étudiants ont gagné en cour supérieure le droit d’aller en classe), et dans certaines villes les flics et les vigiles forcent le retour en classe tout en empêchant ceux qui ont des têtes de gréviste de rentrer. À l’UQO de Gatineau, ceux qui ont voulu aller en cours y ont goûté. Le sang a coulé et même les profs se sont résigner à refuser la reprise des cours.

Dans leur coins, des militants anti-grève et partisans de la hausse regroupés sous le nom de MESRQ (Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec) se sont même mis à distribuer des « kits » d’injonction (genre de formulaire pré-rempli avec juste le nom à changer) pour faciliter la démarche.

En fait, avec la grève, ce n’est plus tant la question de la hausse qui a le dessus, car l’immense majorité des étudiants sont contre la hausse, ou contre Charest. La polarisation principale tient d’abord dans la question du blocage, dans la question du droit d’aller en cours, qui voudrait poser la grève comme « choix individuel », ne devant pas dépasser le « boycott », sans quoi il s’agirait d’une prise d’otage anti-démocratique. Comme d’habitude, ces deux questions sont elles-mêmes recoupées par une autre, celle de la « violence ».

Pensant peut-être que tout ce harcèlement allait jouer en leur faveur, et que les débordements auraient nuit au mouvement, le Charest et la Beauchamp ont fait mine de vouloir négocier, et n’ont s’empêcher de dire des conneries. Leurs propositions sont ouvertement des provocations tant elles semble parfois empirer la réalité actuelle. Ils veulent bien faire entendre qu’ils ne veulent rien savoir d’une remise en question de la hausse des frais. Cette première annonce à l’adresse des étudiants est reçu comme un défi. Ceux qui craignait que la ministre ne propose une entente à rabais que la FECQ et la FEUQ accepteraient et qui ferait rapidement fondre le mouvement ont dès lors senti que la grève avait encore du temps devant elle. Et plus ça dure, plus ça agrège d’autres luttes. La crise avec laquelle le gouvernement doit dealer prend le nom du mouvement étudiant, mais le dépasse largement. Ainsi, il y a quelques semaines, les mises à pieds massive chez les travailleurs d’AVEOS, qui bossent pour Air Canada, ont donné lieu à des manifestations sérieuses souvent appuyées par de nombreux étudiants. Pareil pour la lutte des travailleurs lock-outés de Rio Tinto-Alcan.

Dans la foulée, comme pour le 15 mars, ce sont d’autres mobilisations qui se sont trouvées comme « dopées » par la situation. Ainsi du le « Plan Nord », une des grosse entreprise de développement du gouvernement Charest, la plus contestée depuis les gaz de schistes. Ce nouveau méga-projet de détournement de rivières et de colonisation minière des territoires Cris, Inuits, Attikamekws et Innu a déjà été visé par de nombreux blocages de routes sur la Côte-nord et différentes actions de solidarités au sud. Or, il y a moins de 10 jours, vendredi le 20 avril, se tenait à Montréal un « salon de l’emploi » pour le plan Nord que des gens de divers horizons entendaient bien perturber, groupes autochtones, écolos, anars, etc. De nombreux étudiants en grève étant de la partie, ça a assurer une certaines masse critique qui a réussi à pénétrer dans le palais des congrès et prendre le contrôle des rues avoisinantes pendant plusieurs heures. Alors que plusieurs n’en pouvaient plus de désespérer en voyant la faible réaction de la rue, depuis des semaines, face au mépris des flics, du gouvernement et des grosses business qui vienne faire leur show, cette fois, ils en ont eu pour la peine. Des lignes de flics qui reculent, qui se sauvent en courant sous les jets de pierres, de bouteilles et autres morceaux de mobilier urbain, des barricades sur la rue St-Antoine, et des rassemblement qui resurgissent de partout après chaque dispersions. Même la Sûreté du Québec, la police provinciale, a dû être appelée en renfort. Les flics aussi, bien sûr, s’en sont donné à cœur joie. Lorsque le salon a finalement repris, dans son discours de présentation, Charest a poussé l’arrogance en faisant des blagues sur la situation : « tous ces gens qui cognaient à nos portes ce matin, nous pourrons leur offrir des jobs, dans le Nord autant que possible ». Comme le roi qui fait ses jokes devant sa cour pendant que la plèbe se révolte dehors du château.

L’opération de Charest et des médias aura été à nouveau de tout présenter ce qui se passe comme étant des actions des étudiants, ayant pour objet la hausse. Après coup, on a parlé d’une émeute, de la grève étudiante, mais pas d’une attaque contre le plan Nord. Le conflit étudiant sert d’histoire à raconter pour masquer tout un tas de trucs dont on ne parle plus depuis 2 mois. Mais du coup, là, c’est le mouvement de grève qui a gagné l’attention de CNN, d’Aljazeera, du Monde et de tout un paquet de médias internationaux qui ont commencé à répandre la rumeur du « printemps québécois ».

Immédiatement, dans la fin de semaine, la ministre Beauchamp a voulu se montrer de bonne foi en appelant une table de négociation, mais elle a refuser de recevoir la CLASSE (coalition large de l’ASSÉ) sous prétexte que ses membres ne veulent pas dénoncer la « violence », les actes de grabuges etc. Lorsque finalement, le dimanche 22, le congrès de la CLASSE a adopté une motion pour condamner la violence « physique », la ministre a soudain décidé qu’elle ne recevrait ses délégués qu’au terme d’une trêve de 48 heures. Or, bien que la CLASSE n’aie pas appelé à manifester durant ces 2 jours, ça n’a pas empêcher les gens de continuer à sortir dans la rue, et à foutre le bordel dans le centre-ville de Montréal (ça commence à faire beaucoup de voitures de flics hors-services depuis quelques jours). Évidemment, la ministre en a profiter pour exclure à nouveau la CLASSE, mais cette fois, les délégués de la FECQ et la FEUQ se sont solidarisés et ont refusés de rencontrer la ministre sans les délégués de la CLASSE.

Les négociations sont donc à l’eau, et tant mieux, ça retarde les trahisons, les compromis, la suspension du momentum. Le « conflit » n’est pas prêt de se régler, et la tension continue de monter. Depuis 2 semaines, c’est 3 ou 4 manifestations qu’il y a par jour, ce soir, c’était la sixième nuit consécutive de manifs nocturnes. Sans parler des actions plus intenses des derniers jours, le bétonnage du métro, les fumis dans les centre commerciaux aux heures d’affluence, le saccage du bureau de la ministre, et l’attaque de nuit du poste de police 45.

Avec la polarisation, c’est aussi l’hétérogénéité du mouvement qui s’accentue. D’une part, de plus en plus de gens se laissent prendre par la tentation de l’action directe. Mais par ailleurs, d’autres manifestants, carré rouge sur le coeur, s’organisent de plus en plus sérieusement pour assurer l’absence de friction entre la manif et le reste. On voit se multiplier les connards qui prennent à parti les « casseurs », essaient de leur casser la gueule ou huent tout simplement ceux qui gueulent des slogans anti-flics.

Dans la manifestation nocturne de vendredi dernier, les flics ont annoncés au haut-parleur qu’ils interrompaient la marche (5 ou 10’000 personnes) afin de procéder à des arrestation. Ils sont allé se servir dans la foule, sous les applaudissement des « pacifistes », sont ressortis avec une quarantaine de proies, et ont repris le micro pour dire que la manifestation pouvait reprendre son chemin. Et elle l’a repris ! Cette expérience dystopique a de quoi faire flipper.

Mais ce n’est pas ce qui va empêcher la situation de s’enliser encore plus. Au vu des événements des derniers jours et de l’arrogance du gouvernement, certaines écoles qui n’étaient plus en grève songent maintenant à la reprendre, même à Québec où tout semblait mort.

Aussi, c’est le 1er mai qui arrive. Et on sait bien qu’il n’y aura pas que des étudiants. Ya moyen que ça pète. D’ailleurs, en se préparant pour le 1er mai, les A.G. de l’UQAM ont repris des propositions de mobilisation pour une grève sociale, afin de faire sortir le mouvement de la revendication étudiante, ce qui apparaît de plus en plus comme la seule continuité possible de la lutte. L’éventualité d’une chute du gouvernement Charest devient une possibilité de plus en plus sérieuse. Son gouvernement est sous tension : il subit des pressions de toute parts et est miné par des divisions à l’interne. Le congrès du parti libéral (au pouvoir) se tiendra en fin de semaine. Des rumeurs veulent que des élections se préparent, ce qui retarderait encore plus un règlement du conflit. Pour certains, c’est une stratégie électorale : pousser au pourrissement pour devenir le parti de l’ordre, faire passer l’autre parti de droite (la CAQ) pour la 5e roue du carrosse. Dans l’opposition, le Parti Québécois n’apparaît pas mieux que les autres. Sa chef, Pauline Marois, était ministre de l’éducation lors de la grève étudiante de 1996.

Il y a donc des possibilités qu’on assiste à un retour de Charest : ici pas besoin de changer la constitution pour briguer un 3e mandat.

Dans tous les cas, la merde n’a pas finie de chier. Le semestre d’été est déjà menacé et la saison des festivals s’en vient. Comme le maire de Montréal l’a dit, la situation est très préjudiciable pour sa ville, son économie, etc.

Les gens ont bien vu la semaine dernière se qui s’est arrivé au Chili, lorsqu’un mouvement ose durer. Et tout ça ne donne pas envie de s’arrêter.

On ne sait pas ce qui peut se passer même s’il y a un ralentissement des manifs cet été : s’il n’y a pas d’entente, les cours ne reprendront pas à l’automne.

Ya moyen de suivre un peu ce qui se passe à travers des blogues et d’autres sites. Sur grevemontreal.noblogs.org, qui n’est pas toujours à jour, on trouve aussi des liens vers d’autres sites et notamment des textes qui ont été publiés juste avant la grève. Il y aussi CUTV qui diffuse parfois en direct. Et puis pour les images plus grasses de médias, avec vitrines pétées, fumée et cailloux, ya toujours TVA nouvelles, cyberpresse ou autres merdes du genre.

sans-titre-diffusion, 30 avril 2012

http://juralib.noblogs.org/2012/05/01/m ... de-farces/
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Mar 1 Mai 2012 13:27

Sur l’émeute dans la soirée du 25 avril à Montréal

La révolution ne sera pas tranquille – sur l’émeute du 25 avril à Montréal
Nous recevons et transmettons

Mercredi soir, le 25 avril, des milliers de personnes (jusqu’à 10’000 selon les flics) ont pris la rue à partir de la Place Émilie-Gamelin. Après 1 heure de manif les flics ont chargé au coin Peel et Sainte-Catherine en lançant des bombes assourdissantes et plusieurs noyaux se sont formés.

Pendant la soirée des vitrines de plusieurs banques et de commerces ont volé en éclats, des graffitis et de la peinture rouge partout et tout ce qui tombait sous la main se retrouvait dans la rue. Les flics ont bouffé des pierres durant des batailles de rue laissant plusieurs blessés dans leurs rangs. Ils sont visiblement fatigués et le doute commence à s’installer. Ils ont encore appelé la SQ en renfort.

Plusieurs voitures de flics et un bâtiment des Forces armées canadiennes vandalisés, le Poste de quartier 21 du SPVM a eu ses fenêtres pétés pendant que les flics à l’intérieur se chiait dessus et des balles de peinture pour Loto-Québec. Les médias de désinformation rapporte que des gens huaient les actions des « casseurs » mais ne rapportent pas qu’autant de personnes applaudissaient. Ils peuvent bien parler d’une « crise sociale », nous on appelle ça un soulèvement.

Selon les flics il y aurait eu un total de 85 arrestations sur les quelques 10’000 manifestants.

Comme il faut s’y attendre dans toutes les manifestations massives, des citoyens-flics et de dogmatiques pseudos-pacifistes ont hués et même attaqués des personnes cagoulées qui contre-attaquent le système oppresseur, ayant compris que pour transformer le monde qui nous entoure ça prend bien plus que de simples marches santé peu importe à quel point elles sont massives et pacifiques. Ceux qui n’ont aucun intérêt à ce que les choses changent réellement, les privilégiés de cette planète qui recueillent les bénéfices du monopole de la violence, défendent la logique de l’abuseur qui dit que la violence est toujours légitime lorsque c’est lui-même qui l’utilise. Les soi disant « pacifistes » dans leur dogmatisme hypocrite sont des collaborateurs de la violence qui est perpétré chaque jour partout sur le globe contre les pauvres, contre les femmes et les enfants, contre les autochtones et les gens de différentes couleurs, contre les animaux et la nature au complet, aux mains de l’ordre mondial raciste, patriarcal, colonial, mercantiliste, totalitaire et génocidaire. Quand on mentionne ces choses avec ces automates on se fait systématiquement reprocher de faire l’apologie de la violence… Est-ce que ces mêmes « pacifistes » sautent sur des flics quand ceux-ci lance des bombes, tirent du gaz et foncent avec leurs matraques sur des jeunes qui manifestent ? Ou encore quand ils tuent des gens à coup de balle dans la rue ou dans le métro ? Est-ce qu’ils attaquent des soldats qui reviennent d’une mission de bombardement dans un pays « lointain » parce que ceux qui ont le monopole de la violence veulent le pétrole qui s’y trouve ? Non, jamais. Cette violence ils la rationalisent. Dans le summum de l’absurdité, ces pacifistes perpétuent la violence systématique de cette société de merde en attaquant celles et ceux qui, détruisant des symboles du pouvoir et attaquant ceux qui sont payé pour être violent, se mettent en danger et se révoltent de toutes les façon possibles en solidarité avec les opprimé-e-s de ce monde.

Pendant que les médias de désinformation ont le piton collé sur la dénonciation de la violence depuis le premier pet lâché dans la première manif étudiante de la grève, mobilisant toute leur machine à bouffer des cerveaux pour faire leur truc de manipuler, abrutir et diviser… que le gouvernement pensait pouvoir laisser la jeunesse pourrir et les regarder disparaître sous le poids d’une population vieille et résignée… que les flics pensaient n’avoir que quelques anecdotes de plus pour rire autour d’une bière des petits manifestants à qui ils ont foutu la trouille et cassé la gueule… ce mouvement continue de se radicaliser, de dépasser son identité étudiante cadré et réductrice et est en train de rompre le monopole de la violence appartenant au sociopathes d’en haut et leurs mercenaires. Parce que Freddy, Michel et Farshad se sont fait assassiner par les mêmes flics qui nous profilent socialement, racialement et politiquement, que notre famille, nos ami-e-s et nos amant-e-s se font déporter, qu’on se fait crisser dehors de tous les quartiers pendant que des condos en carton poussent partout pour le « vrai monde », que la jeunesse qui démontre sa conscience sociale se fait tabasser, poivrer, tirer des bombes à la tête et foutre en prison, que dans le Nitassinan les Innus et ce qui reste de vivant sur ce coin de la Terre dont nous dépendons se font passer sur le corps par une gang de parasites corrompus et leurs commanditaires, les mêmes salauds qui nous chient dessus chaque jour et qui trouvent ça drôle de nous regarder nous enfoncer de plus en plus dans leur merde… des raisons pour tout péter y’en a en masse !

Sabotage Medias, 29avril 2012
http://www.sabotagemedia.anarkhia.org/

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85 arrestations et une autre manifestation qui tourne mal

La police de Montréal a procédé à 85 arrestations lors d’une autre manifestation qui a mal tourné, mercredi soir, au centre-ville, dans le cadre du conflit étudiant.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a précisé dans un bilan provisoire que trois des personnes arrêtées étaient d’âge mineur.

3 policiers blessés, deux citoyens incommodés par les gaz irritants

« Trois policiers ont été blessés lors des affrontements survenus lors de la manifestation dont l’itinéraire n’avait pas été divulgué », a révélé Ian Lafrenière du SPVM à l’antenne du 98,5 fm, jeudi matin.

« 70 des 85 arrestations ont été effectuées en groupe près du Carré St-Louis et les 15 autres réparties dans la soirée. Deux personnes présentes ont été incommodées par les gaz et un chauffeur d’autobus de la STM qui a subi un choc nerveux », a précisé le porte-parole de la police.

La protestation a été lancée par des étudiants rendus furieux par l’exclusion de la CLASSE de la table de négociation par la ministre Line Beauchamp, quelques heures plus tôt, à Québec.

Manifestation illégale à 22h15

Des milliers de personnes se sont réunies vers 21h00 à la Place Émilie-Gamelin mais vers 22h15, la police de Montréal a déclaré illégale la manifestation qui a suivi dans les rues car des actes de vandalisme venaient d’être perpétrés.

Des vitrines de commerces, incluant celles d’au moins trois institutions financières du centre-ville, ont été fracassées. Plusieurs voitures ont été abimées par des casseurs, l’une d’elles ayant été incendiée.

Plus tard en soirée, le poste de police numéro 21, situé sur la rue Sainte-Élisabeth, a été la cible de casseurs.

Les policiers du SPVM ont cherché à disperser les participants en faisant usage de plusieurs outils multiplicateurs de force.

SPVM et SQ

Selon la police, plusieurs des participants ont quitté le secteur de la manifestation lorsqu’elle a été déclarée illégale, mais certains sont restés, lançant même des projectiles aux représentants des forces de l’ordre.

Les policiers du SPVM ont reçu l’aide de collègues de la Sûreté du Québec.

La métropole a finalement retrouvé son calme peu après 1h00, jeudi.

Selon diverses estimations, la manifestation a réuni au moins 5000 personnes, peut-être le double.

Il s’agissait du troisième rassemblement d’importance à avoir lieu mercredi.

Plus tôt en après-midi

Une manifestation regroupant plusieurs centaines d’étudiants sous l’égide de la CLASSE a pris le départ peu après 14h, empruntant un parcours qui n’avait pas été communiqué aux autorités pour se rendre devant les bureaux montréalais du premier ministre Jean Charest.

Les manifestants se sont dispersés dans l’ordre après l’événement qui s’est déroulé dans le calme et la bonne humeur.

À Québec, une autre manifestation a mené des dizaines d’étudiants devant l’Assemblée nationale. Là aussi, tout se déroulait dans le calme.

En matinée

Plus tôt en avant-midi, des engins fumigènes, l’un au métro Henri-Bourassa et l’autre au métro Lionel-Groulx, ont forcé une interruption du service de métro durant environ une demi-heure.

Puis, lors d’une manifestation au centre-ville, en fin d’avant-midi, un autre engin fumigène a été déclenché, cette fois au Complexe Desjardins, forçant une évacuation partielle de certains locaux.

Les enquêteurs du Service de police de la Ville de Montréal cherchent à identifier un suspect en lien avec ces engins.

Selon la police, le même individu a été aperçu dans les deux stations de métro pendant les méfaits. Elle recherche un homme d’environ 25 ans, mesurant 1,80 mètre et pesant 70 kilos. Il a le teint basané et les cheveux noirs, qu’il porte en queue de cheval. Il portait, au moment des méfaits, un manteau trois quarts de couleur noire, un pantalon gris et des souliers foncés. Il portait également des verres fumés.

Leur presse (La Presse canadienne, 26 avril 2012)
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Lun 14 Mai 2012 18:08

Le retour des indignéEs

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Le début du printemps en ville ça signifie le retour de deux choses: les odeurs de bouses et la crème glacée. Cette année, on peut ajouter à cette exhaustive liste le retour des indignéEs. Le "grand réveil mondial".

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une élite informelle s'est créée

Mêmes idées, même concept. Révolte du 99% contre le 1% qui accapare toute la richesse. Pas de camping. Prises de parole au micro.

Rassemblés sur la Place D'Youville cet après-midi, les occupistes ont décidé de la marche à suivre en assemblée générale.

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La volonté de changement est intacte

Une petite foule d'une cinquantaine de personnes s'est présentée. On constate que l'enthousiasme original s'est un peu effiloché, mais la curiosité est toujours au rendez-vous. La volonté de changement aussi.

Au moment de quitter, la décision a été prise d'en faire un évènement hebdomadaire. Ce sera au Parc de l'Université-du-Québec chaque samedi dès 14h30.

On remarque qu'une élite informelle s'est créée. Malgré l'absence du campement, des assemblées générales ont eu lieu tout l'hiver à l'Ostradamus. L'émission de radio aussi.

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lu sur Voix de faits : http://voixdefaits.blogspot.fr/2012/05/ ... istes.html
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Mar 15 Mai 2012 16:36

« Nos policiers sont toujours aussi professionnels »

Le conflit étudiant a fait des centaines d’éclopés

En trois mois, la grève étudiante aurait fait plusieurs centaines d’éclopés. Si la plupart n’ont subi que des ecchymoses, des éraflures ou des irritations aux yeux, certains garderont à jamais des séquelles du conflit.

« Je n’ai jamais vu autant de blessés dans un mouvement de contestation au Québec », affirme l’avocat Alain Arsenault, spécialiste des cas de brutalité policière.

Bien que le bilan des blessés soit imprécis, il reste particulièrement lourd. Une équipe d’infirmiers bénévoles affirme avoir fait quelque 400 interventions seulement lors de l’émeute de Victoriaville, vendredi soir, dont près de 200 pour traiter des gens incommodés par les gaz. La Sûreté du Québec dénombre pour sa part 12 blessés graves, 6 dans son camp et 6 dans celui des manifestants, dont 4 ont été hospitalisés. Parmi ceux-ci : Maxence Valade, 20 ans, élève au cégep de Saint-Laurent, qui a perdu l’usage d’un œil et subi une opération de huit heures après avoir reçu un projectile au visage, et Alexandre Allard, 20 ans, étudiant à l’Université Laval, dont on a craint pour la vie à la suite d’un traumatisme crânien causé par un projectile.

« Ce que j’ai vu était horrifiant », dit l’infirmière Sophie Vallée-Desbiens, 32 ans, membre du groupe Infirmières contre la hausse, visiblement secouée de son week-end militant. « J’ai travaillé aux urgences et en Afrique et, en huit ans de carrière, je n’ai jamais vu chose pareille. » Son équipe d’une dizaine de premiers répondants et elle ont traité des centaines de personnes durant les trois heures de l’émeute. S’ils ont vu beaucoup de cas de brûlures aux yeux et à la peau à cause du gaz poivre et aidé de nombreux manifestants en panique, ils ont aussi secouru des gens qui ont eu les dents fracassées par des projectiles et d’autres qui s’étaient foulé une cheville, voire fracturé une jambe, en essayant de se sauver du chaos.

Choc post-traumatique

« J’ai vu le plus gros hématome fémoral de ma vie », raconte la professionnelle, qui affirme que ses collègues et elle ont perdu le sommeil depuis les événements. « Heureusement, la blessure était interne. Sinon, on perdait le patient. Je n’ai jamais eu aussi hâte qu’une ambulance arrive. » Selon elle, plusieurs personnes souffrent d’un choc post-traumatique.

À Montréal, où la majorité des 180 manifestations ont été pacifiques, la police de Montréal (SPVM) compte 25 policiers blessés en 84 jours. Huit sont toujours sur le carreau. « C’est sans compter les ecchymoses, qui ne sont généralement pas signalées », note le porte-parole de la police, Ian Lafrenière. La plupart des blessures infligées aux agents de la paix ont été provoquées par des projectiles lancés par les manifestants, dont des balles de golf, des billes, des morceaux d’asphalte ou de métal et des pierres. On compte des blessures aux mains et au visage et une fracture, entre autres. « C’est très exigeant pour nos policiers, dit le porte-parole. Est-ce qu’ils sont fatigués ? Oui. Mais ils sont toujours aussi professionnels », promet-il.

Le SPVM ne comptabilise pas le nombre de blessés chez les protestataires. « Le nombre de transports en ambulance ne reflète pas la situation puisque plusieurs se rendent chez le médecin par leurs propres moyens ou n’y vont pas », explique Ian Lafrenière.

Selon des estimations d’Urgences-Santé, les ambulanciers ont évalué 70 personnes, dont 30 policiers, et 30 personnes ont été transportées à l’hôpital. Seulement lors de la protestation qui a dégénéré au Palais des congrès, le 20 avril, 18 personnes ont reçu de l’assistance et 10 sont parties en ambulance.

Selon la CLASSE, il y aurait des blessés chaque fois que l’escouade antiémeute intervient, soit une soixantaine jusqu’ici, sans compter les blessures mineures comme les ecchymoses, les égratignures et les problèmes respiratoires dus aux gaz. On parle de fractures, notamment aux côtes, et de blessures au dos.

C’est aussi sans compter le cas de Francis Grenier, ce cégépien qui, comme Maxence Valade, a pratiquement perdu l’usage d’un œil après qu’une grenade assourdissante lui eut explosé en plein visage.

Un autre étudiant, Gabriel Duschesneau, de l’UQAM, affirme avoir subi un traumatisme crânien après avoir reçu des coups de matraque lors de la manifestation anticapitaliste du 1er mai. Il a des points de suture à l’arrière de la tête.

En chiffres

• 184 Nombre de manifestations depuis le début de la grève étudiante à Montréal.

• 84 Nombre de jours consécutifs lors desquels les étudiants montréalais et ceux qui les soutiennent ont manifesté.

• 419 Nombre total d’arrestations par la police de Montréal depuis le début de la grève ; 276 pour des infractions à des règlements municipaux et 155 infractions criminelles.

Leur presse (Gabrielle Duchaine, LaPresse.ca, 8 mai 2012)
d'après le juralibertaire : http://juralib.noblogs.org/2012/05/12/p ... ssionnels/
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Mer 16 Mai 2012 01:53

Les luttes étudiantes au Québec : 1958-2012 : un mouvement historique

L’auteur est président de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ)

Certes, le Code du travail du Québec ne s’applique pas aux étudiantes et aux étudiants en grève et, en ce sens, ils ne peuvent pas être considérés comme des salariés.

Pourtant, comme les 20 000 professeures et professeurs de cégeps, les 45 000 employées et employés de la fonction publique ou les 90 000 enseignantes et enseignants des commissions scolaires, pour ne nommer que ceux-là, les étudiantes et les étudiants constituent une catégorie sociale dont les conditions de vie sont largement tributaires des relations, souvent conflictuelles, qu’elle entretient avec l’État québécois.

Un rappel historique n’est pas dénué d’intérêt en plein cœur de la crise que nous traversons actuellement.

Depuis la prise en charge de l’éducation par l’État au début des années 60, celui-ci en est venu à jouer un rôle déterminant dans le mode de vie des étudiantes et étudiants de l’enseignement supérieur. Les transferts en nature (le financement des frais de scolarité) et en espèces (le programme d’aide financière aux études) sont, en effet, au cœur de la structuration de la réalité financière quotidienne d’un nombre important d’étudiantes et d’étudiants, comme en témoignent les statistiques et les revendications du mouvement étudiant au cours des cinquante dernières années.

À l’automne 2010, il y avait 180 436 étudiantes et étudiants inscrits dans les collèges et 275 472 dans les universités au Québec. Les dépenses globales de l’État par étudiant s’élevaient à 12 756 $ au collégial et à 29 242 $ à l’université1.

En 2009-2010, l’aide totale accordée aux étudiantes et aux étudiants en vertu du programme d’aide financière aux études s’élevait à 876,7 millions $. 21,3 % des étudiantes et des étudiants du réseau collégial et 38,9 % de celles et ceux du réseau universitaire bénéficiaient d’une aide. Au total, près de 142 000 étudiantes et étudiants ont bénéficié du programme de prêts et bourses2.

Mais, et c’est ici que ça compte, ces transferts en nature et en espèces occupent, depuis le début des années 1960, une place centrale dans la structure du revenu des étudiantes et des étudiants.

En effet, en moyenne, entre le début des années 1960 et le début des années 2000, le quart du revenu disponible des étudiantes et des étudiants provient de l’aide financière aux études. Ce qui en fait, après les revenus tirés d’un travail rémunéré, la deuxième source de revenus en importance3.

Il n’est donc pas surprenant de constater que les luttes étudiantes, surtout depuis la réforme du programme de prêts et bourses en 1966 sous le gouvernement de l’Union nationale, tournent presque essentiellement autour du gel des frais de scolarité et de la bonification du programme d’aide financière aux études.

Le mouvement étudiant québécois déclenche dix grèves générales entre 1956 et 2012. Et si les organisations étudiantes à l’origine de ces mobilisations se sont succédé au cours de cette période, leurs revendications sont demeurées les mêmes.

Ainsi, le mouvement étudiant revendique l’abolition ou le gel des frais de scolarité (1958, 1968, 1974, 1978, 1986, 1990, 1996 et 2012).

La bonification du programme des prêts et bourses est aussi au cœur des luttes étudiantes au cours de cette période.

Le mouvement étudiant réclame entre autres l’instauration d’un présalaire (1956, 1978), la diminution du montant des prêts au profit d’une augmentation de celui des bourses (1968, 1974, 1978, 1988 et 2005), l’abolition de la contribution parentale et de celle de la conjointe ou du conjoint (1974 et 1978) et, de façon générale, la fin de l’endettement étudiant4.

À travers leurs moyens d’action, leurs modes d’organisation et leurs revendications, les étudiantes et les étudiants ne visent pas seulement un élargissement des droits sociaux qui sont rattachés à leur statut, mais surtout une contestation des normes régissant leur existence au cours de cet instant précis de leur vie, car, et on l’a vu, les transferts de l’État en enseignement supérieur jouent un rôle déterminant sur le mode de vie d’un nombre significatif d’étudiantes et d’étudiants.

Par conséquent, lorsque l’État décide de modifier unilatéralement le financement de l’éducation supérieure, par un dégel des frais de scolarité ou par une modification du programme d’aide financière aux études, il affecte profondément les façons de vivre, comme se loger, se vêtir et se nourrir, des étudiantes et des étudiants.

En somme, tout comme les autres groupes sociaux qui négocient leurs conditions de vie avec l’État, les étudiantes et les étudiants forment une catégorie sociale qui défend ses intérêts face à un État qui, trop souvent, définit seul les contours de leurs conditions de vie. Le gouvernement actuel a d'ailleurs tendance à nier certaines de ses responsabilités envers l'ensemble de la société québécoise.

1 MELS, Indicateurs de l’éducation – édition 2011, MELS, secteur des politiques, de la recherche et des statistiques, p. 23.
2 Ibid., p. 46.
3 Voir : J. Brazeau, Les résultats d’une enquête auprès des étudiants dans les universités de langue française du Québec, Montréal, Département de sociologie de l’Université de Montréal, 1962 ; Robert Ayotte, Budget de l’étudiant des niveaux collégial et universitaire, Québec, Ministère de l’Éducation, direction générale de la planification, 1970 ; Bureau de la statistique du Québec, Enquête sur le mode de vie des étudiants du post-secondaire, Québec, BSQ, 1986; Fédération universitaire du Québec, Étude sur les sources et les modes de financement des étudiants de premier cycle, Québec, FEUQ, 2010.
4 Pour plus de détails sur les revendications étudiantes au cours des 50 dernières années, voir, dans ce numéro : « Les luttes étudiantes au Québec : 1956-2012. Quelques jalons historiques ».

http://www.lautjournal.info/default.asp ... ewsId=3733
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Mer 16 Mai 2012 01:54

Grève étudiante : 15 objections réfutées

Nous aimerions montrer que les étudiants demandent justement que les universités fassent du ménage dans leurs dépenses, et qu’ils proposent plusieurs idées intelligentes qui permettraient de financer les universités sans s’attaquer à la classe moyenne.

Comme une partie des journalistes semblent ne pas connaître les arguments et les propositions des étudiants, et comme certains d'entre eux soutiennent encore, après 13 semaines de grève, que les étudiants essaient juste de « tirer la couverte de leur côté », nous avons répertorié 15 objections au mouvement de grève, et une série de réponses qui leur sont apportées, pour que vous puissiez voir à quel point il est faux de réduire le mouvement contre la hausse des frais de scolarité à de l’enfantillage.

1. Tous les prix augmentent, il faut bien que le coût de l’université augmente aussi.
2. Les étudiants sont des égoïstes qui ne pensent pas au fait que c’est le contribuable qui paie pour eux.
3. Les étudiants ne se rendent pas compte que le contribuable est déjà surtaxé.
4. Le contribuable paie déjà 88% de la facture des étudiants.
5. On n'a pas le choix de se serrer la ceinture.
6. Oui, le Parti Libéral de l’Alberta propose la gratuité scolaire, mais l’Alberta est une province riche, alors que nous sommes endettés.
7. Les universités sont sous-financées.
8. Ailleurs, l’université coûte plus cher qu’ici.
9. Les services ne doivent pas être gratuits, parce que les gens les prennent alors pour acquis et ne les apprécient pas à leur juste valeur.
10. Parler de gratuité scolaire, c'est communiste.
11. On voit bien que les étudiants qui font la grève sont des paresseux, puisqu’ils perdent leur temps dans les rues.
12. La grève étudiante n'est pas une grève mais un boycott.
13. Les manifestants sont comme des enfants gâtés qui se mettent à frapper partout quand ils ne sont pas contents.
14. Les leaders étudiants ont été désavoués, puisque presque toutes les associations étudiantes ont voté contre l’entente de principe qu’ils ont signée.
15. Le gouvernement Charest a été élu démocratiquement, c’est donc à lui de prendre les décisions.


1. Tous les prix augmentent, il faut bien que le coût de l’université augmente aussi.

Voyons plutôt quelques chiffres. Le Conference Board du Canada (Statistiques Canada) présente l'augmentation des prix des maisons, de l’essence et de l’université, de 1981 à 2011, à Québec.

Les chiffres (cités par le Soleil du samedi 12 mai 2012, p.19) sont parlants :

Tandis que le salaire moyen a augmenté de 1,7 fois en 30 ans, le coût de l’université a presque quadruplé (augmentation de 3.8 fois). Les prix des maisons a augmenté de 3,9 fois, celui de l’essence de 3,5 fois. Nous donnons le détail plus loin.

Voyons ce que ce serait avec la hausse prévue par le gouvernement Charest. En 2011, les frais de scolarité étaient de 2168 $ par année. Avec la hausse, ils passeraient à 3793 $ par année. Il s’agirait donc d’une hausse de 6,7 fois, de 1981 à 2017, tandis que les salaires continuent de n’augmenter que très faiblement.

Justifier une hausse des frais de scolarité par le fait que ceux-ci ont été gelés pendant quelques années n’a donc pas de sens : l’université est déjà 4 fois plus chère qu’en 1981, alors que le salaire moyen a augmenté de 1,7 fois, et la hausse du gouvernement Charest la rendrait près de 7 fois plus chère qu'en 1981.

(Voici les données précises, tirées du Soleil : de 1981 à 2011, le salaire moyen est passé de 24 336 $ à 42 190$. Il a donc augmenté de 1,7 fois. Le salaire minimum, lui, est passé de 4 $/h à 9.65/h, une augmentation de 2,4 fois. Pour sa part, le prix des maisons coûte 3,9 fois plus cher qu’en 1981 en moyenne (de 54 000$ à 209 639$). L’essence coûte 3,5 fois plus cher (de 0.368/l à 1.282/l). L’université coûte 3,8 fois plus cher (étant passée de 567 $ à 2168 $ par année).)


2. Les étudiants sont des égoïstes qui ne pensent pas au fait que c’est le contribuable qui paie pour eux.

Mais quand les étudiants finissent leurs études ils deviennent... des contribuables, comme tout le monde. On ne peut donc pas les mettre dos à dos avec les contribuables comme s'il s'agissait de deux espèces différentes. Dès qu'ils ont un salaire significatif, ils contribuent au financement des universités, comme tout le monde, par leurs impôts.

L'idée est donc celle-ci: il est nuisible pour la société dans son ensemble que les étudiants s'endettent quand ils étudient, puisque ce sont les banques qui ramassent les intérêts qu'ils doivent ensuite payer.

Ces intérêts (qui représentent des montants importants à l'échelle de la province), ils pourraient les dépenser dans l'économie au lieu de les donner aux banques, ce qui profiterait à tout le monde en faisant rouler l'économie.

Les jeunes ne doivent pas s’endetter en étudiant, pour éviter que de grandes quantités d'argent soient perdues pour l'économie et détournées vers les banques. C’est plus tard qu’ils doivent payer, par leurs impôts, comme tout le monde.

Proposer aux jeunes de familles pauvres et à ceux de la classe moyenne de s’endetter, ce n’est pas « améliorer l’accessibilité », c'est nuire à la société dans son ensemble.


3. Les étudiants ne se rendent pas compte que le contribuable est déjà surtaxé.

Ils s’en rendent compte, au contraire, comme le montre le souci qu’ils ont de suggérer des modes de financement qui ne toucheraient pas la classe moyenne.

En effet, les idées, pour financer l'université sans attaquer la classe moyenne, sont nombreuses. Quelques exemples :

- Profiter du fait que le Québec est très riche en ressources naturelles (fer, nickel, cuivre, or, diamants, etc.) pour demander des redevances significatives aux compagnies, souvent étrangères, qui les exploitent (comme le fait par exemple l’Alberta). Certaines villes ou provinces canadiennes obligent aussi les compagnies qui exploitent leurs ressources naturelles à en transformer une partie sur place.

? En revenir à un nombre de paliers d'impôts plus élevé, comme c'était le cas dans les années 80, ce qui ne toucherait que les 13 % les plus riches, et ne les toucherait que faiblement : en augmentant le nombre de paliers d'imposition à 10, les impôts des 13 % les plus riches seraient augmentés d'un faible 2,3 %, ce qui rapporterait 1,2 milliard de dollars par année.

? Ne jamais donner gratuitement des subventions à de grandes entreprises. L'Etat devrait prendre des parts ou des actions dans les entreprises qu'il veut aider, au lieu d'en faire des « assistées de luxe » en leur donnant gratuitement l'argent du contribuable.

? Réinstaurer une taxe sur le capital des entreprises financières. « Celles-ci paient 50 % moins d’impôts que les autres, fait remarquer la Classe. Il faut rappeler que le gouvernement a fait le choix politique de retirer la taxe sur le capital lors du budget de 2007. Les profits des banques sont en constante augmentation. Par exemple, ceux de la Banque nationale ont fait un bond de 11 % durant l’année financière de 2011. La CLASSE veut donc une taxe sur le capital de 0,4% pendant cinq ans et ce, en l’augmentant progressivement jusqu’à en arriver à une taxation de 0,7% en 2016. Cette taxe permettrait de dégager 410 millions de dollars, ce qui constitue le coût de la gratuité scolaire. »

Avec cette seule dernière mesure, la gratuité scolaire pourrait donc être financée, tandis que les autres mesures pourraient permettre de diminuer la part du contribuable de la classe moyenne au budget des universités en plus d'assainir les finances du Québec.

4. Le contribuable paie déjà 88 % de la facture des étudiants.

Ce que cette donnée ne dit pas, c'est que le budget des universités comprend beaucoup d’autres types de dépenses que celles qui concernent l’enseignement et la recherche.

Il y a de plus en plus d’argent pour la publicité. C'est donc le contribuable qui finance cette publicité.

Il y a de l'argent pour les entreprises immobilières, vu que les universités se font la concurrence en ouvrant des pavillons dans d'autres villes pour avoir une partie de la « clientèle » des autres. Le contribuable paie donc aussi pour la construction ou l'achat de ces pavillons, qui n'ont pas d'utilité réelle puisqu'ils ne servent aux universités qu'à se faire la concurrence.

Il y a de l'argent pour les entreprises qui font des « partenariats » avec les universités. Ces entreprises doivent fournir une certaine somme d'argent, mais elles ne le font bien sûr pas gratuitement. Elles se font donc payer par le contribuable des laboratoires, des machines, des chercheurs peu payés (voir par exemple le centre de recherche en Sciences et technologies du lait de l'U. Laval).

Il y a de l’argent pour payer les administrateurs, qui sont de plus en plus nombreux.

C'est pour ces raisons que les étudiants, loin de ne pas savoir que c'est le contribuable qui finance les universités, demandent qu’on analyse les dépenses des universités pour voir lesquelles sont vraiment nécessaires.

La Classe propose par exemple de couper dans la publicité, de mettre un terme à la construction de pavillons « satellites », de ne pas embaucher autant d'administrateurs, de geler leurs salaires et d'abolir les bonis qui leur sont versés.

Il serait bien, également, de laisser tomber les coûteux logiciels Microsoft et de passer aux logiciels libres, qui sont gratuits, ainsi que de rendre public le détail des différents contrats passés avec des entreprises privées.

5. On n'a pas le choix de se serrer la ceinture.

Le gouvernement nous dit sans cesse qu'on a vécu trop longtemps au-dessus de nos moyens et que la classe moyenne n'a « donc » pas le choix de se serrer la ceinture.

Sauf que c'est la classe moyenne qui fait rouler l'économie en consommant (puisque c'est elle qui est la plus nombreuse). Si on lui serre la ceinture, elle consomme moins, et l'économie va moins bien. Et quand on lui serre trop la ceinture, des restaurants, des magasins, des entreprises commencent à fermer.

C'est un cercle vicieux, puisque les gens qui se retrouvent sans emploi consomment moins, et que d'autres entreprises risquent donc de devoir fermer, en mettant d'autres gens au chômage, qui eux aussi consommeront moins, etc., etc.

Les « mesures d'austérité » imposées actuellement aux pays qui sont dans cette situation (la Grèce par exemple) ne consistent donc pas en un « sauvetage » des populations et de leur économie, mais en un sauvetage de ceux auprès de qui ces pays sont endettés.

Quand un pays est endetté, la chose la plus dangereuse à faire est donc de couper n'importe où et n'importe comment, sans réfléchir aux effets de ces coupes sur la classe moyenne. De telles coupes ne devraient jamais être trop rapides.

Et s'il y a des façons moins nuisibles d'assainir les finances publiques, c'est elles qui doivent être privilégiées. Or il y en a, et le mouvement contre la hausse des frais de scolarité en propose plusieurs, qui pourraient servir à financer l'université autant qu'à nous éviter de tomber dans le « cercle vicieux » par lequel une population et son économie se mettent à s'appauvrir de plus en plus.

6. Oui, le Parti Libéral de l’Alberta propose la gratuité scolaire, mais l’Alberta est une province riche, alors que nous sommes endettés.

Mais si l’Alberta est riche, c'est qu'elle en a pris les moyens! Si elle est riche, c'est notamment parce qu'elle demande des redevances significatives aux compagnies qui exploitent ses sables bitumineux (indépendamment de ce que l’on peut penser des conséquences écologiques de cette exploitation).

Et si, contrairement à elle, nous sommes endettés, c'est entre autres parce que nous « donnons » ou presque nos ressources naturelles. Ne devrions-nous pas faire comme l'Alberta, nous qui avons de l'or, des diamants, du fer, du cuivre, du nickel, etc.?

Vous saviez que, selon le Parti Libéral de l'Alberta, le haut coût des études universitaires est le principal obstacle aux études universitaires en Alberta, et que c'est pour cette raison qu'il propose la gratuité scolaire?

7. Les universités sont sous-financées.

C'est ce que l'on a cru pendant longtemps, mais on sait maintenant que ce n’est pas le cas (il est vrai que beaucoup de journalistes semblent toujours ne pas le savoir).

En effet, sur les 34 pays de l'OCDE, il n'y en a que 2 qui ont des plus gros budgets que nous pour leurs universités. Seules les universités des Etats-Unis et de la Corée-du-Sud ont un plus grand budget que le nôtre! (Voir, sur le site du Ministère de l'Education, « La dépense globale des universités par rapport au PIB », et voir les analyses de l'IRIS, qui a mis ces données en évidence).

Les 31 autres pays de l'OCDE réussissent donc à faire fonctionner leurs universités avec un budget moins important que le nôtre. Et donc, les pays européens où l'université est gratuite parviennent à offrir cette gratuité avec un budget moins important que le nôtre. Cela prouve bien que le problème, ici, est la mauvaise gestion, par les universités, de leurs gros budgets, ce qui nous ramène au point 4.


8. Ailleurs, l’université coûte plus cher qu’ici.

Dans le reste du Canada, aux Etats-Unis, l’université coûte plus cher qu’ici. Mais dans plusieurs pays européens ce n’est pas le cas.

En France, les frais d’inscription sont de 174 euros (env. 250 $) PAR ANNÉE (au Québec, une année universitaire coûterait de 3793 $ à 4000 $ avec la hausse prévue).

En Allemagne, plusieurs universités sont gratuites. Au Mexique, l’université est gratuite. En Finlande, en Norvège, en Irlande, en Islande, en Pologne, l’université est gratuite. (Et cela avec un budget moins élevé que le nôtre, comme les chiffres du Ministère de l'Education le montrent.)


9. Les services ne doivent pas être gratuits, parce que les gens les prennent alors pour acquis et ne les apprécient pas à leur juste valeur.

Quand les études sont exigeantes, personne ne peut les prendre pour acquises, qu'elles soient gratuites ou pas. En France, l'université a longtemps été gratuite, et on n'a jamais vu qu'elle n'était pas appréciée à sa juste valeur. Elle ne coûte maintenant que 174 euros par année. Et, de manière générale, les universités européennes, traditionnellement gratuites, sont tout à fait réputées.

10. Parler de gratuité scolaire, c'est communiste.

La France n'est pas communiste, les pays scandinaves non plus, l'Irlande non plus, l'Islande non plus, le Mexique non plus, et le Parti Libéral de l'Alberta n'est pas communiste.

11. On voit bien que les étudiants qui font la grève sont des paresseux, puisqu’ils perdent leur temps dans les rues.

Mais s’ils ont le temps de revendiquer, c'est justement parce qu'ils font la grève. La grève, en bloquant les cours, libère du temps, ce qui est l’un de ses buts, puisque le sens d'une grève est de faire connaître des revendications dont les médias ne parlent pas (ou dont ils ne parlent pas assez, ou dont ils parlent mal, ou qu'ils caricaturent, etc.).

Pendant qu'une partie d'entre eux travaille, d'autres ne travaillent pas et sont dans la rue, et vice versa!



12. La grève étudiante n'est pas une grève mais un boycott.

Il suffit d'ouvrir le Robert pour voir qu'en plus des grèves de travailleurs, il existe des grèves « étudiantes ». L'expression est utilisée depuis des décennies. Pourquoi vouloir soudainement changer le sens des mots?

Une grève se vote à la majorité (la majorité de ceux qui décident de voter, comme c'est le cas lors d'élections politiques). En remplaçant « grève étudiante » par « boycott », on fait passer l'idée que chacun ne devrait « boycotter ses cours » qu'à titre individuel uniquement, et qu'une grève étudiante, votée à la majorité, brime les droits des étudiants qui ont perdu le vote.

C'est donc le droit de faire la grève qui se trouve à être remis en question, comme on le voit par les injonctions demandées par des étudiants qui ne comprennent pas l'importance du droit à la grève en démocratie.

Oui, bien sûr, les étudiants ont droit à leurs cours. Mais quand deux droits entrent en conflit, comme c'est le cas lors d'une grève étudiante, on doit privilégier le droit le plus important. Et si les démocraties n'ont pas encore rendu illégaux les mouvements de grève, c'est qu'on continue de juger qu'il peut arriver qu'un gouvernement agisse de façon contraire aux intérêts de la population, et que cette possibilité rend nécessaire l'existence de moyens de pression tels que ceux des grèves de travailleurs ou des grèves étudiantes. Continuons donc d'affirmer cette nécessité en parlant de grève étudiante et non de boycott.


13. Les manifestants sont comme des enfants gâtés qui se mettent à frapper partout quand ils ne sont pas contents.

Il est pourtant évident que la grande majorité des manifestants n'a aucune responsabilité concernant les violences physiques (ni celles d'une minorité de manifestants, ni celles de la police).

Mais certains étudiants ne parlent-ils pas de « révolution »? Oui, mais c'est un mot courant dans le vocabulaire politique. Quand ils parlent de révolution, ils veulent dire « transformation en profondeur », et non bain de sang. Il n'y a pas d'« agenda caché » ou de grand complot là-dedans, contrairement à ce que certains animateurs de radio voudraient faire croire.

Parler d’enfants gâtés, c’est supposer que les étudiants n’ont rien à dire, que leur grève n'a aucun sens, que, peut-être, ils méritent d'être punis, voire matraqués, comme certains le disent.

Grand merci aux journalistes qui font leur travail et qui informent la population au sujet des arguments et des propositions du mouvement contre la hausse des frais de scolarité!


14. Les leaders étudiants ont été désavoués, puisque presque toutes les associations étudiantes ont voté contre l’entente de principe qu’ils ont signée.

C’est faux. Une association étudiante n’a pas de « leaders », elle a des représentants. Les représentants ne décident rien par eux-mêmes. Ce sont les membres qui décident par leurs votes, et les représentants agissent en conséquence.

La signature d’un représentant étudiant ne peut donc pas signifier une approbation, puisque seuls les membres ont le pouvoir d’approuver. « Voilà ce à quoi nous sommes arrivés au terme de 22h de discussions », c’est là la seule signification de la signature de représentants qui ne sont pas des chefs.

Les documents produits à la suite de telles discussions ne devraient donc pas s’appeler « Ententes », et aucune signature ne devrait être demandée aux représentants d’associations étudiantes (sinon pour signaler les noms et les fonctions des personnes présentes aux discussions). Mais pour le moment, il suffit de traduire « Entente » par « Résultat des discussions ».

15. Le gouvernement Charest a été élu démocratiquement, c’est donc à lui de prendre les décisions.

Les gouvernements n’apprécient pas toujours les grèves et les manifestations qui ont lieu lorsqu’une partie de la population pense que ses arguments ne sont pas entendus, mais ils ne les ont pas rendues illégales. Pourquoi donc ?

C'est que nos démocraties sont assez avancées pour reconnaître qu'il est possible qu'un gouvernement agisse de façon contraire aux intérêts de la population, et qu'en conséquence les grèves de travailleurs ou les grèves étudiantes doivent être permises.

Nos démocraties continuent donc de penser que dans certaines situations, les manifestations et les grèves ont leur importance. Lorsqu’un gouvernement traite ses opposants comme si ceux-ci n’avaient rien à dire, alors qu'ils ont des quantités de choses à dire, ne sommes-nous pas dans une telle situation?

http://www.lautjournal.info/default.asp ... ewsId=3739
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Mer 16 Mai 2012 01:59

À propos du Printemps Erable au Québec, un mouvement pan-américain de refus de l'endettement scolaire obligatoire

On se souvient que c’est dans le berceau du néo-libéralisme thatchérien, en Angleterre, qu’un vaste mouvement étudiant avait contesté les coupes budgétaires dans le domaine de l’éducation qui se traduiraient là aussi par un renchérissement des droits d’inscription et donc un endettement massif de l’immense majorité des candidats à la fac et autant de boulots précaires sous-payés pour joindre les deux bouts. Un tel clash social ne s’était pas vu outre-Manche depuis des décennies.

LIRE LA SUITE ICI :

http://www.archyves.net/html/Blog/?p=3113
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Mer 16 Mai 2012 02:05

Bon, c'est pas un mouvement anarchiste, ça c'est clair, ils sont même plutôt léninistes vous voyez le genre.
Mais parfois ils écrivent des trucs pas trop perchés :

La grève étudiante à l'épreuve des élections bourgeoises

Depuis le début du conflit, le gouvernement a systématiquement sous-estimé le mouvement de lutte étudiant. À sa décharge, il faut dire que le mouvement de grève défie les prédictions même des plus enthousiastes et qu’il fracasse tous les précédents. Il nous a amené au seuil d’une crise sociale comme le Québec en a rarement vécue. Sa combativité et son refus obstinés de concéder la victoire aux capitalistes gouvernementaux – comme ça a été si souvent le cas dans les dernières décennies – sont exemplaires et suggèrent qu’une nouvelle période historique commence peut-être, que le temps des défaites et des humiliations achève peut-être enfin. « Assez c’est assez, la paix sociale est terminée », ce slogan bien connu résonne aujourd’hui avec plus de force mais surtout plus d’authenticité que jamais. En traduisant ce slogan en actes, le mouvement étudiant affirme ceci : puisque le peuple doit subir des attaques constantes contre ses conditions de vie – son accès à l’éducation y compris –, puisque le capital se sauve de sa propre crise en accentuant de toutes les manières l’exploitation des travailleurs et des travailleuses dont il se nourrit, alors nous rendrons cette société ingouvernable pour la bourgeoisie.

Ça fait maintenant plusieurs semaines que le climat social pourrit et que le fond de l’air est explosif. En rejetant en masse la dernière arnaque gouvernementale – l’entente conclue le 5 mai – le mouvement de grève étudiante vient de franchir une nouvelle étape. Il a renforcé comme jamais sa position d’adversaire irréductible à l’épreuve des manœuvres gouvernementales. Revenons sur quelques aspects de cette prétendue occasion de « sortie de crise » pour comprendre la signification politique du moment.

Le mouvement étudiant refuse de se laisser désarmer
S’il y a dans le refus de cette entente un rendez-vous manqué pour les étudiants et les étudiantes, c’est avec une défaite humiliante. Le seul effet réel et certain de cette entente était de désarmer le mouvement étudiant, de lui confisquer son rapport de force, la grève. Elle prévoyait d’évincer les dizaines de milliers de grévistes et d’étouffer leur lutte en l’enfermant dans le cadre d’un Conseil de gestionnaires et d’agents de la bourgeoisie où une petite délégation étudiante aurait été réduite à l’impuissance et à l’insignifiance. Si toutes ces semaines de grève n’ont pas pu faire plier le gouvernement, que peut-on espérer d’un mécanisme complètement dominé par les ennemis affirmés des revendications étudiantes ? Cette partie de l’entente a été comprise pour ce qu’elle est : une aberration et une insulte.

Entre les lignes, l’entente proposait un deuxième horizon aux revendications étudiantes, celui des élections. En effet, en repoussant de quelques mois les effets de la hausse des frais de scolarité, la négociation tablait sur le fait que l’enjeu premier du conflit – la hausse, le gel ou la gratuité scolaire – se jouerait dans l’arène d’une campagne électorale. On s’en remettrait au choix de l’électorat pour la solution préconisée par l’un ou l’autre des grands partis bourgeois. C’est une issue sans doute particulièrement souhaitée par la FECQ et la FEUQ qui ont toujours été des forces auxiliaires du Parti québécois et se sont fait les agents de mille sabotages des luttes de la base et de mille récupérations politiques.

Sous cet angle, le refus massif de l’offre par les grévistes constitue un violent désaveu du parlementarisme bourgeois et de ses prétentions à jouer le rôle d’arbitre légitime et démocratique des conflits sociaux. Ils et elles ne s’y sont pas trompéEs : cette forme de gouvernement n’est pas le pouvoir populaire. Il est au contraire l’instrument de la domination du capital qui réduit le peuple à un rôle de spectateur tandis qu’une poignée de politiciens bourgeois décident de tout. Ils et elles ont eu raison de n’avoir confiance, pour faire triompher leurs justes revendications, qu’en leur pouvoir collectif et direct dans la lutte.

Les élections, éteignoirs des luttes
Dans tous les pays, les grands partis bourgeois se succèdent au pouvoir au fil des ans dans une alternance de couleurs qui est en fait une parfaite continuité. À chaque élection, les partis d’opposition se présentent en porte-parole des mécontents, en instrument d’un vrai changement et d’une manière de faire la politique autrement. Une fois au pouvoir, ils appliquent systématiquement le programme de la bourgeoisie, ils veillent essentiellement à la prospérité du capital.







Le peuple n’a pas de contrôle sur le gouvernement et le parlement. La bourgeoisie, au contraire, par son rôle de bailleur de fonds – légal ou illégal – et de créancier de l’État, par ses investissements et son contrôle des rouages de l’économie, par ses réseaux d’influences et ses lobbies, par sa domination dans les grandes institutions du savoir, par ses corporations médiatiques qui fabriquent l’opinion publique, la bourgeoisie exerce quotidiennement une influence directe et indirecte sur l’État. Quel que soit le gouvernement en place, cet État est foncièrement capitaliste, à l’image de notre société qu’il est chargé de reproduire. Pour qu’un pouvoir populaire voie le jour, le peuple devra abattre cet État et construire ses propres institutions par lesquelles les masses exerceront un contrôle direct et permanent.

Grève et perturbations jusqu’à la victoire !
Aussi capitaliste soit-elle, aussi dominée par la bourgeoisie soit-elle, il n’en reste pas moins que la société actuelle repose sur une chose : notre travail, notre participation. C’est pourquoi les étudiants et les étudiantes ont raison de s’accrocher à leur grève tant que justice ne leur sera pas rendue. Pour atteindre ses objectifs de croissance économique, le gouvernement doit livrer au marché sa cohorte annuelle de travailleurs et de travailleuses qualifiées et diplômées. Or actuellement le mécanisme est massivement bloqué jusqu’à un point critique. C’est d’abord là que réside le rapport de force étudiant.

Mais la grève ne sera pas tout. En face de la combativité étudiante se trouve un gouvernement inflexible et hargneux. Si l’on rejette à raison le leurre électoral, il faut aller plus loin et faire voler en éclat cet ordre public injuste et indécent. La société doit devenir ingouvernable. Nous ne pouvons pas tolérer que des banques accumulent les profits et poursuivent en toute confiance leur business as usual. Nous ne pouvons permettre que des entreprises licencient en toute impunité. Perturbons-les, attaquons-les !
Le premier rempart de l’ordre social bourgeois, c’est la peur des exploitéEs. Peur de remettre en question le fonctionnement normal des choses, peur d’affronter les forces de l’ordre. Or ce printemps, ce rempart de peur craque et s’effrite rapidement. Au point où c’est la bourgeoisie qui s’affole et qui angoisse devant cette masse révoltée et insoumise. Donnons-lui des raisons d’avoir peur qu’elle n’a même jamais soupçonnées !

Organisons-nous avec le Mouvement étudiant révolutionnaire pour que l’expérience de ce printemps de lutte sans précédent construise une force bientôt capable d’entreprendre un combat beaucoup plus grand, beaucoup plus déterminant : celui qui renversera le système capitaliste au grand complet !

http://www.mer-pcr.com/2012/05/la-greve ... e-des.html
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Mer 16 Mai 2012 02:15

Je viens de voir que l'organisation française Alternative Libertaire (http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle4802) a consacré un article aux luttes étudiantes au Québec, c'est sympa ça !

Québec : La lutte c’est Classe

Un mouvement social secoue actuellement les universités québécoises, contre la hausse des frais d’inscription. Explications de nos camarades québécois de l’UCL.

Avec plus de 200 000 étudiants et étudiantes en grève le 19 mars, le mouvement étudiant québécois a su construire au cours des dernières semaines un impressionnant rapport de force contre le gouvernement. Cette grève s’inscrit en réponse à la hausse de 70 % des frais de scolarité annoncée par le Parti (néo)libéral du Québec au pouvoir depuis 2003. Le bouillonnement politique créé par la mobilisation entraîne des remises en question radicales des principes et pratiques de la démocratie libérale. Les germes semés par la grève étudiante auront des effets qui se poursuivront sans doute bien après cet affrontement.

Outre le nombre historique de grévistes, la lutte étudiante a pour particularité de voir une organisation de gauche – la Coalition large de l’Assé (Classe) – émerger comme principale force politique. Seule organisation se revendiquant du syndicalisme de combat, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (Assé) se distingue des autres associations étudiantes tant par ses revendications que son approche. Ainsi, la Classe est la seule organisation à pointer du doigt l’orientation marchande de l’éducation et la transformation du rôle des universités.

La Classe privilégie également une démarche s’éloignant des balises de la démocratie libérale. Les anarchistes prennent d’ailleurs une part active à cette démarche et leur influence se manifeste de façon répétée : l’indépendance vis-à-vis des partis politiques, la démocratie et l’action directe sont des principes et des outils au cœur de la lutte.

La grève est également l’occasion de débats de fond allant au-delà du seul enjeu de la hausse des frais de scolarité.

Répression violente

La répression féroce des contestations étudiantes par la police a notamment mis sur toutes les lèvres les questions – taboues – de la violence étatique et de la désobéissance civile. Les épisodes de brutalité policière s’accumulent et les arrestations se multiplient chaque semaine. Lors d’une manifestation pacifique le 7 mars dernier, un étudiant a ainsi reçu une grenade sonore près du visage et perdu l’usage – partiel, peut-être complet – de son œil. Le 15 mars dernier, à l’occasion de la manifestation annuelle contre la brutalité policière, 225 personnes ont fait les frais d’une nouvelle arrestation de masse.

La lutte étudiante s’accompagne d’un solide appui dans la société civile : outre les grandes centrales syndicales qui sont sorties de leurs bureaux pour appuyer le mouvement, les syndicats de professeur-e-s, les élèves du secondaire, les personnalités publiques et les nombreuses lettres ouvertes témoignent d’une solidarité rarement égalée au Québec. La Ministre de l’éducation refuse toutefois fermement de s’asseoir à la table de négociation avec les associations étudiantes. Ces dernières comptent dès lors intensifier leurs moyens de pression en multipliant les actions de perturbations économiques.

Union communiste libertaire (organisation sœur d’AL au Québec)
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Jeu 17 Mai 2012 19:42

Le règlement antimasque taillé en pièces en consultation publique

« Inutile », « dangereux », « arbitraire » : le règlement antimasque que s’apprête à adopter la Ville de Montréal a été dénoncé sur tous les tons par la vingtaine d’organismes et citoyens qui ont défilé ce mercredi en consultation publique.

Pratiquement aucun aspect de ce règlement n’a trouvé grâce aux yeux des intervenants, unanimes à le dénoncer. L’obligation de communiquer le lieu ou l’itinéraire d’une manifestation, par exemple, a été décrite comme une « porte ouverte aux jugements sélectifs » par le président de la Ligue des droits et libertés, Dominique Peschard.

« La mise en œuvre de ce règlement reposera essentiellement sur le pouvoir discrétionnaire des policiers qui auront à l’appliquer, estime-t-il. Nous demandons aux élus montréalais de refuser d’adopter un règlement jugé dangereux, attentatoire aux droits et libertés et potentiellement inconstitutionnel. »

Empoisonner le jardin

Parfois avec humour ou de façon poétique, de simples citoyens ont affirmé craindre que ce règlement jette de l’huile sur le feu et n’engendre encore plus de violence. « On veut brimer la démocratie avec des abus excessifs, estime Jean Lespérance. La colère vient de l’écœurement, n’en rajoutez pas. Cultivez la justice et la paix fleurira. Avec la paix, vous avez la sécurité. »

Un autre citoyen estime que ce règlement est une « présomption de culpabilité », alors que la majorité des manifestations sont pacifiques. « On est en train d’empoisonner le jardin parce qu’il y a des guêpes. On va vider la mer parce qu’il y a des requins. Il y a quelques manifestants qui sont des sauvages, des petits bandits masqués, et là on va écœurer tout le peuple. »

Plusieurs participants ont prédit que l’interdiction de porter un masque allait provoquer rapidement l’effet inverse. « Si vous passez ce règlement, je vous gage que dans les jours qui suivent, il va y avoir des manifs masquées simplement pour le tester », a déclaré Dominic Boisvert, qui s’est présenté comme « avocat et militant social ». « Il va créer beaucoup plus de problèmes pour la Ville qu’il ne va en régler. Il va ouvrir la porte à l’arbitraire et à l’aléatoire, ça va être le bordel. »

Le masque, un « moyen d’expression »

Le Barreau du Québec, qui n’a pas délégué de représentant à la consultation publique, a abondé dans le même sens dans son mémoire. Le règlement constitue « une restriction trop importante à la liberté de réunion pacifique » et « porte entrave au droit à la liberté d’expression et d’association ». L’interdiction du port du masque sans motif raisonnable « est trop large et mériterait d’être revue ou reformulée ».

Le porte-parole du Comité intersyndical du Montréal métropolitain, Gaétan Châteauneuf, a par ailleurs affirmé que le masque est un « moyen d’expression » souvent utilisé lors des manifestations de travailleurs. « Les mascottes, les foulards pour se protéger du froid ou des gaz lacrymogènes, les masques de politiciens… On peut avoir toutes les raisons valables pour les utiliser. Ce règlement ne règle rien. Ceux qui veulent commettre des méfaits vont les faire tout de même. »

Le vice-président de la Commission sur la sécurité publique, Réal Ménard, a d’entrée de jeu reconnu que le règlement avait besoin d’être peaufiné. « Je suis à la recherche d’un compromis. Je pense que le règlement doit être amendé. »

Selon le libellé actuel du règlement, une assemblée, un défilé ou un attroupement dont le lieu ou l’itinéraire n’a pas été communiqué aux policiers sera jugé illégal. Il sera interdit à toute personne qui y participe d’avoir le visage couvert par un foulard, une cagoule ou un masque « sans motif raisonnable ». Les amendes ont été multipliées par cinq et peuvent atteindre 3000 $ en cas de récidive.

Le président de la commission, Claude Trudel, a par ailleurs annoncé que l’application du règlement serait révisée dans deux ans. Il devrait être adopté vendredi au cours d’une assemblée extraordinaire à l’hôtel de ville. Le parti du maire Tremblay, Union Montréal (majoritaire) et l’opposition officielle ont annoncé qu’ils l’appuieraient. En point de presse, aujourd’hui mercredi, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a demandé le retrait du règlement et l’annulation de l’assemblée extraordinaire.

Leur presse (Karim Benessaieh, LaPresse.ca, 16 mai 2012)
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Jeu 17 Mai 2012 19:52

Une manifestation mouvementée afin de dénoncer la loi spéciale

Une manifestation en réaction à la loi spéciale sur le conflit étudiant annoncée par le gouvernement a tourné au vinaigre, mercredi, alors que plus de 7000 manifestants sont sortis dans les rues du centre-ville de Montréal.

L’ambiance s’est corsée environ une demi-heure après le lancement de la manifestation et au final, les policiers ont procédé à une centaine d’arrestations.

L’événement s’est mis en branle vers 23h à la place Émilie-Gamelin, peu après que la 23e manifestation nocturne eut pris fin. Cette dernière suivait une manifestation en sous-vêtements, qui avait eu lieu en début de soirée.

Même si la veillée avait commencé de façon plutôt festive, les gens n’entendaient plus à rire lorsque la marche pour bloquer la loi spéciale s’est ébranlée. Des dizaines d’individus cagoulés faisaient partie de la masse de protestataires rassemblés.

La manifestation a néanmoins commencé dans le calme. Certains participants se sont montrés hostiles envers les policiers une trentaine de minutes plus tard et les choses ont tranquillement commencé à dégénérer, alors que la marche se déplaçait vers l’ouest du centre-ville.

Un citoyen qui a provoqué les manifestants a été pris à partie par ceux-ci avant d’être sorti de son mauvais pas par les policiers. Des manifestants auraient par ailleurs commis des voies de fait envers des policiers.

Les vitrines de certaines institutions bancaires ont été fracassées et plusieurs pièces pyrotechniques ont été lancées. Des poubelles ont aussi été projetées par des marcheurs, notamment sur la rue Sainte-Catherine Ouest.

Trois malfaiteurs s’en sont pris à un photographe de l’Agence QMI et ont tenté de lui voler son matériel, sans succès.

La manifestation a été déclarée illégale par la police peu avant minuit et demi. Des gaz ont été utilisés pour disperser la foule.

Vers 1h, les policiers ont commencé à effectuer des arrestations de masse à différents endroits au centre-ville.

Une vingtaine de minutes plus tard, une centaine de manifestants ont retraité vers la place Émilie-Gamelin.

Les participants à cette manifestation voulaient démontrer leur mécontentement face à la loi spéciale présentée plus tôt en point de presse par le premier ministre, Jean Charest, et la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne. La loi vise à suspendre la session d’hiver dans les cégeps et universités où il y a grève s’il n’y a pas d’entente conclue rapidement. Elle prévoit aussi des mesures pour favoriser le retour en classe de ceux qui le souhaitent.

les photos sont toutes ici : http://juralib.noblogs.org/2012/05/17/p ... e-lespoir/
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Jeu 17 Mai 2012 19:52

Le calme à Québec

La manifestation qui s’est déroulée à Québec mercredi soir n’a donné lieu à aucun débordement.

Après avoir marché dans les rues pendant près de trois heures, les quelques centaines de manifestants sont revenus devant l’Assemblée nationale un peu après minuit. Des dizaines de policiers avec casques et matraques étaient prêts à intervenir dans le Vieux-Québec.

L’escouade antiémeute est cependant demeurée bien discrète à l’abri des regards dans quelques rues à l’écart. Les autorités se déplaçaient au fur et à mesure. Aucun vandalisme n’a été commis et aucune arrestation musclée n’a été nécessaire dans la capitale. Les autobus utilisés comme panier à salade sont restés vides.

Les derniers étudiants ont quitté les lieux vers minuit trente.

Les troupes ont promis de recommencer jeudi.

Leur presse (Carol-Anne Massé, Agence QMI, 17mai 2012)
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Re: Mouvements sociaux au Québec

Messagede themax le Ven 18 Mai 2012 12:12

Une loi spéciale pour casser le mouvement de grève.

Alors qu’on s’attendait à une loi spéciale matraque, le gouvernement a fait preuve d’un peu plus de subtilité. Il propose, en pratique, la suspension des cours dans les collèges ou départements universitaires encore en grève. Les cours reprendraient en août pour compléter la session d’hiver. Ceci dit, sans connaître toutes les mesures contenues dans la loi, nous pouvons supposer qu’il y aura des articles prévues pour punir celles et ceux qui, supposément, entraveraient le « droit aux études » des étudiantEs scabs.

Ce que le gouvernement propose n’est pas du tout une trêve mais une manière de gagner du temps pour mieux réprimer le mouvement de lutte. Alors que le conflit est politique, le gouvernement se met derrière la voie judiciaire. Manifestement, l’intervention du judiciaire n’a pas du tout étouffé la contestation étudiante. Nous l’avons vu, la situation s’est complètement envenimée depuis que des institutions d’enseignement et des étudiantEs scabs ont obtenu des injonctions pour la reprise des cours. Les grévistes ont tenté d’entraver la tenue des cours pour ces scabs. L’utilisation de la police n’a fait que mettre de l’huile sur le feu. La loi spéciale vise à mettre fin à cette situation qui envenime le conflit, le gouvernement souhaitant une démobilisation durant la période de suspension des cours.

Le gouvernement cherche donc à remettre ça en août. Par contre, les mesures seront prises pour miner complètement le droit de grève. Charest a dit « Nous prévoyons des mesures dissuasives pour l’avenir ». Il y aura donc des amendes scélérates pour les étudiantEs qui défieront la loi. Le seul droit maintenue selon cette loi serait de faire des manifestations plates, insignifiantes et inoffensives pour le pouvoir.

Le gouvernement ne veut pas du tout reculer sur le fond et fait tout pour enlever la capacité du mouvement de lutte de pouvoir déranger. Est-ce que les étudiantEs vont tomber dans le piège? Les directions étudiantes dénoncent cette loi spéciale et prévoient plus de contestation. Est-ce-à-dire que la loi scélérate n’atteindra pas son but et mettra davantage le feu aux poudres? La détermination étudiante a déjà surpris beaucoup de commentateurs et va surprendre davantage.

L’intransigeance du gouvernement, son refus d’écouter réellement la jeunesse et la radicalisation du mouvement font en sorte que sont en train de se perdre les illusions qu’entretenaient beaucoup d’étudiantEs sur les institutions dites démocratiques. La démocratie bourgeoise apparaît pour ce qu’elle est : une escroquerie pour sauvegarder le pouvoir des capitalistes. Beaucoup de jeunes ne pourront pas poursuivre leurs études si la hausse passe. Le conflit est politique et non judiciaire.

Combattons la loi spéciale scélérate!

Continuons le mouvement de lutte !
http://secoursrougecanada.com/2012/05/1 ... -de-greve/
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