Tunisie

Re: Tunisie

Messagede Antigone le Dim 23 Jan 2011 12:41

Les démocrates vont tenter de mettre sur pied quelque chose qu'ils souhaiteraient solide que ce gouvernement fantoche.
Les dinosaures de l'époque Bourguiba reviendraient !!!

Radio Kalima - 22 jan 2011
http://www.kalimadz.com/fr/News-sid-URG ... --256.html

Tunisie: Constitution, en cours, d'un "Conseil de la Révolution"

Un Conseil de la Révolution est actuellement en cours de constitution en Tunisie à l'initiative de trois personnalités politiques indépendantes. Il s'agit de Ahmed Mestiri, ancien Ministre de la justice du président Bourguiba, et de Ahmed Bensalah et Mostafa El Filali, tous deux également ancien ministres de Bourguiba. Les trois personnalités sont retirées des affaires politiques depuis de longues années et jouissent d'un crédit certain auprès de l'élite tunisienne et de la population.
Après avoir consulté le président de la république par intérim, ces trois personnalités sont actuellement en consultations avec les partis politiques de l'opposition, le syndicat UGTT, les personnalités politiques indépendantes, les ONG des droits de l'homme, les associations d'avocats et les représentants de la société civile qui ont joué un grand rôle dans le renversement du dictateur Ben Ali.
Ce Conseil de la Révolution aura de très larges prérogatives notamment celle de geler l'actuelle constitution et de légiférer pendant la période de transition et de préparer les élections.
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Re: Tunisie

Messagede conan le Dim 23 Jan 2011 20:31

Coucou nous revoilà... Image
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Re: Tunisie

Messagede 1+1=plus que 2 le Lun 24 Jan 2011 09:28

Au milieu des grosses intox, que de bonnes nouvelles nous recevons de là-bas !

Merci aux compagnes et compagnons d'ici et d'ailleurs pour le relais et le soutien à ce processus révolutionnaire populaire en marche !
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Re: Tunisie

Messagede spleenlancien le Lun 24 Jan 2011 10:12

La pression de la rue à Tunis pour exiger la démission du gouvernement de transition et des ministres issus du régime Ben Ali a pris dimanche une nouvelle dimension, avec le siège du palais du Premier ministre, initié par un millier de jeunes déshérités venus du centre du pays. Cette initiative appellée "caravane de la liberté" est partie de Menzel Bouzaiane, à 280 km au sud de la capitale.
Hier au soir ils campaient sous les fenêtres de la résidence du Premier ministre, exigeant le depart des anciens du RCD, bravant le couvre-feu et ravitaillés et soutenus par la population.
Calme et digne resolution d'en finir avec l'ancien régime. Ne pas ceder aux chants des sirènes thermidoriennes. Solidarité. Réappropriation de l'espace. Atmosphère festive...
Flotterait-il comme un parfum d'anarchie au pays du jasmin ? ... :coeur:

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http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 70036.html


Les jours prochains seront determinants pour l'evaluation le rapport de force Rue/Pouvoir.
En attendant, la "gentille "armée, celle qui fraternisait, celle qui mettait des fleurs au bout de ses fusils, bloque maintenant l'accès à la Kasbah, lieu de résidence du Premier ministre, évitant ainsi l'afflux de nouveaux arrivants...
A noter aussi le succès sans précedent de la grève des instits, suivie à plus de 90% et quelques fois à 100% comme à Médenine (sud-est), Sidi Bouzid, Kasserine (centre-ouest), Béja, Jendouba (nord-ouest) et Kairouan (centre) alors que le gouvernement avait prévu une reprise des cours pour ce lundi...
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http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 54749.html
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Re: Tunisie

Messagede Antigone le Lun 24 Jan 2011 20:37

L'armée continue de tirer les ficelles.
Je pense que les ministres de l'ancien régime ne partiront que si l'armée le décide. Et si jamais ils devaient partir ce serait avec la garantie de ne pas être inquiétés. Cela a déjà dû faire l'objet de négociations ce w-e.
Cela dit, une révolution qui ne doit pas sortir du cadre de la Constitution de l'avis même du général Ammar, c'est original !

Le Monde - 24 jan 2011
http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2 ... r=RSS-3208

L'armée met en garde contre les risques de vacance politique

Le chef d'état-major de l'armée de terre tunisienne, le général Rachid Ammar, a pris la parole, lundi 24 janvier, pour la première fois, promettant à la foule que l'armée se portait "garante de la révolution", et qu'elle "ne sortira pas du cadre de la Constitution". "L'armée nationale a protégé et protège le peuple et le pays", a-t-il déclaré, lors d'une intervention improvisée devant des centaines de manifestants dans le quartier de la Casbah, siège du pouvoir politique à Tunis. "Nous sommes fidèles à la Constitution du pays. Nous protégeons la Constitution. Nous ne sortirons pas de ce cadre", a-t-il ajouté, à l'aide d'un haut-parleur, quelques feuilles en main.

Le général Ammar était un inconnu du grand public jusqu'à ce que certains médias affirment en pleine révolution tunisienne qu'il avait été limogé par le président Ben Ali pour avoir refusé de faire tirer ses militaires sur les manifestants qui contestaient le régime. Il jouit aujourd'hui, tout comme l'armée, d'une grande popularité en Tunisie.

"Votre révolution risque d'être perdue"

Le chef d'état-major a appelé les manifestants, dont beaucoup de jeunes issus des provinces déshéritées et rebelles du centre du pays, à lever le siège des bureaux du premier ministre, qu'ils ont entamé dimanche et poursuivi lundi, défiant le couvre-feu. "Notre révolution, votre révolution, la révolution des jeunes, elle risque d'être perdue, d'autres risquent de la récupérer. Il y a des forces qui appellent au vide, à la vacance du pouvoir. Le vide engendre la terreur, qui engendre la dictature", a prévenu le général Ammar.

"Vos demandes sont légitimes. Mais j'aimerais que cette place se vide, pour que le gouvernement travaille, ce gouvernement ou un autre", a-t-il poursuivi, évitant d'apporter un soutien trop explicite à l'actuel cabinet de transition, contesté quotidiennement par la rue depuis sa formation. "Dans ces bâtiments, il y a des ministres et le premier ministre, mais il y aussi des fonctionnaires qui travaillent aux intérêts de la population et du pays. Laissons-les travailler!" a-t-il demandé, alors que dans la matinée, des groupes de jeunes avaient tenté de s'en prendre à des fonctionnaires qui sortaient des bureaux du premier ministre.

Le rôle de l'armée dans la chute de Ben Ali

"Vive l'armée !" ont crié à plusieurs reprises les manifestants. Une voix s'est toutefois élevée pour insister: "Le peuple veut un gouvernement civil !" La foule rassemblée a entonné l'hymne national après le discours du général, qui a usé d'un ton rassurant et affiché sa proximité avec la population en utilisant le dialecte tunisien, comme l'avait fait le président Ben Ali lors de son dernier et tardif discours télévisé d'apaisement, et en appelant à plusieurs reprises les manifestants "mes enfants".

En refusant de tirer sur le peuple en révolte, l'armée tunisienne, certes modeste avec à peine 35 000 hommes, a joué un rôle crucial pour écarter l'ancien chef de l'Etat, pourtant sorti de ses rangs, mais qui favorisait les forces de police.
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Re: Tunisie

Messagede spleenlancien le Mar 25 Jan 2011 12:17

Un millier de personnes ont encore dormi sous les fenêtres de la Primature, résidence du Premier ministre, bravant pour la seconde fois le couvre-feu. Il est aussi question d'un remaniement ministériel qui epargnerait Ghannouchi... On attend la composition aujourd'hui.
Les écoles restent fermées.
Pour la première fois le général Ammar sort de sa reserve et se présente comme le garant de la Révolution... :gratte:

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Re: Tunisie

Messagede conan le Mar 25 Jan 2011 14:02

Si le mouvement continue, avec cette lucidité qui a de quoi interroger certains réflexes colonialistes et staliniens de militant-e-s d'une "France, pays des révolutions", la question centrale du positionnement de la force armée (ici toute accaparée par une armée professionnelle, au service d'une idéologie gouvernementale) risque de ressurgir avec douleur.
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Re: Tunisie

Messagede Antigone le Mar 25 Jan 2011 17:19

On nous rabat les oreilles du "peuple tunisien" mais cette "concorde nationale" n'a pas fait disparaitre les clivages sociaux entre petite bourgeoisie des villes qui s'exprime dans un français parfait et jeunes chômeurs des régions déshéritées qui ne parlent souvent que l'arabe. L'article toutefois ne parle pas des syndicalistes quinquagénaires qui tenaient la rue jusqu'en fin de semaine dernière.

Nawaat - 25 jan 2011
http://nawaat.org/portail/2011/01/25/tu ... re-prolos/

Tunisie – Le face à face Bobos contre Prolos
par Fatma Benmosbah

Le peuple a réussi à faire chuter Ben Ali. Mais la révolte gronde encore.
Depuis une semaine, les manifestations se poursuivent à travers tout le pays. Leurs revendications ?
Le départ de Ghannouchi, et de tout le gouvernement de coalition qu’il vient de former en attendant des élections libres qui devraient se dérouler dans quelques mois.

Alors que certains lui accordent leur confiance et attendent de lui de remettre le pays sur pied, les autres le considèrent comme les autres caciques du régime qui détiennent les ministères régaliens, des restes de l’ancienne dictature. Si on les laissait faire, ils ne tarderaient pas à s’approprier la révolution, en faisant main basse sur tous les rouages de la société tunisienne.

Sur le terrain se joue aujourd’hui un face à face bobos contre prolos: deux révolutions, deux forces en présence.

D’une part, la petite bourgeoisie citadine. Ce sont ces jeunes et ces moins jeunes qui se sont très vite rangés du côté des insurgés. Excédés par la censure, le manque de liberté et la répression, écœurés par la gloutonnerie matérielle des clans Ben Ali -Trabelsi, ils ont toute de suite saisi l’occasion d’exprimer leur soif d’indépendance et leur haine du régime. Ils ne sont pas toujours descendus dans la rue mais à travers leur manipulation de l’outil internet, particulièrement via les réseaux sociaux, ils ont parfaitement joué le rôle de média citoyens, relayant l’information, postant des vidéos en live de la situation sur le terrain. C’est souvent grâce à eux que les grandes chaînes d’informations comme Al Jazeerah, France 24 ou Al Arabya ont parachevé leur couverture des évènements de ce début du mois de janvier. En gonflant les rangs de la grande manifestation du 14 janvier, ils ont fourni la contribution nécessaire pour gagner la dernière manche, le coup fatal qu’il restait à apporter à la présidence de Ben Ali. Leur mission achevée, ils ont regagné leurs garnisons pour essayer de reprendre une vie plus ou moins paisible, laissant à la nouvelle équipe le soin de remettre les choses sur les rails.
Même si certains opposants siègent aujourd’hui au gouvernement, on ne leur connait pas de chef de file mais il est clair que cette tranche de la population sert de base au Premier ministre et à son équipe. Nul ne peut encore donner la mesure de sa solidité.

De l’autre côté, la population de l’intérieur du pays. Laissée pour compte depuis l’ère bourguibienne, c’est de chez elle qu’est partie l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. C’est cette population qui, bien que désarmée, est descendue dans la rue. C’est encore elle, acceptant de recevoir des balles réelles en pleine poitrine et à la tête, qui a fait face à la sanguinaire machine policière. Comme les jeunes citadins, les jeunes et les moins jeunes de l’intérieur étaient également excédés et écœurés, mais pour des raisons différentes. Si démocratie et liberté se retrouvent dans la nomenclature de leurs revendications, ils y ajoutent la précarité et le chômage. Aussi bien instruits et formés que leurs concitoyens citadins, ils se retrouvent obligés d’accepter des sous-emplois pour pouvoir trouver de quoi diner.
Ayant plus connu la répression brutale et souvent mortifère du gouvernement pour s’être parfois soulevée et avoir crié son désespoir, cette population n’accorde aucun crédit à tous ceux qui lui rappellent de près ou de loin les sombres années du régime de Ben Ali. Elle veut, exige et ordonne le départ séance tenante de Ghannouchi et de toute son équipe. Elle n’a pas oublié les promesses non tenues du 7 novembre 1987 et plus récentes encore, celles de Rdayef, le bassin minier de Gafsa.
Détachée du confort matériel que de toute façon elle ne possède pas, elle est prête à aller jusqu’au bout pour défendre ce qu’elle appelle « sa révolution ».
Armée de convictions très ancrées dans l’esprit de toutes ses composantes, soutenue par un syndicat très fort, elle a installée ses quartiers devant le Premier ministère en attendant d’en déloger ses locataires. Combien de temps ces derniers tiendront-ils ?

Deux camps, deux points de vue, deux revendications. Pluralités d’idées ou fissures dans la solidarité ?

La révolution du 14 janvier n’a pas encore dit son dernier mot. Il est certain qu’aujourd’hui la Tunisie va au devant de nouveaux évènements dont l’impact sera encore plus profond que le départ de Ben Ali ?

Il semble que comme dit si bien WINSTON CHURCHILL « This is not the end. It is not even the beginning of the end. But it is, perhaps, the end of the beginning”- Ceci n’est pas la fin. Ce n’est même pas le début de la fin. Mais c’est peut-être la fin du début.


EDIT
Premier affrontement social:
" « Dégagez, vermines », ont scandé des centaines de jeunes sur l'avenue Habib Bourguiba, artère centrale de Tunis, à l'adresse du premier cortège de soutien au gouvernement de transition formé le 17 janvier.
Les manifestants pro-gouvernementaux, qui remontaient l'avenue, se sont heurtés à des centaines de jeunes, parmi lesquels des supporters ultra de football, arrivant en sens inverse et les repoussant brutalement vers les rues latérales.
Les opposants ont arraché à leurs adversaires banderoles et pancartes affichant leur soutien au gouvernement, sans que les policiers présents à proximité n'interviennent. " (AFP, 25/01/2011)
Dernière édition par Antigone le Mer 26 Jan 2011 19:11, édité 1 fois.
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Re: Tunisie

Messagede spleenlancien le Mer 26 Jan 2011 18:24

Tunisie : la grève générale débute à Sfax




La grève générale convoquée à Sfax (sud), la deuxième ville de Tunisie, et sa région, a débuté aujourd'hui avec «le débrayage de milliers de travailleurs de tous les secteurs», a déclaré à l'AFP Amine Cheffi, membre du bureau régional de la centrale syndicale UGTT. Les grévistes ont commencé à se rassembler devant le siège régional de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), pour demander la dissolution du gouvernement de transition dominé par des caciques de l'ancien régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, a-t-il ajouté.


«On va également demander pendant la marche la dissolution du RCD (Rasseblement constitutionnel démocratique de l'ancien président Ben Ali, ndlr) et dénoncer l'information officielle qui s'attaque à l'UGTT» a indiqué M. Cheffi. La section régionale de l'UGTT avait appelé mardi dans un communiqué à une grève générale mercredi dans la province de Sfax pour «soutenir les revendications du peuple», qui demande la démission du gouvernement de transition et la dissolution du RCD.

L'union de Sfax, importante métropole économique et bastion historique du syndicalisme tunisien, a toutefois demandé d'assurer un «service minimum» dans les secteurs essentiels (eau, électricité, hôpitaux…). La puissante centrale syndicale tunisienne, a joué un rôle important dans l'organisation des manifestations de la «Révolution du jasmin» qui ont abouti à la chute du régime autoritaire du président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui le 14 janvier en Arabie saoudite. Elle pèse aujourd'hui fortement dans le mouvement de protestation qui réclame le départ des membres de l'équipe de Ben Ali qui occupent les postes-clés du gouvernement de transition formé après la chute de l'ancien président le 14 janvier.


Leur presse (Agence Faut Payer), 26 janvier.

Article original :
http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 09995.html

Les télés parlent de 50 000 manifestants. En attendant confirmation.
spleenlancien
 

Re: Tunisie

Messagede spleenlancien le Jeu 27 Jan 2011 15:52

Des milliers de manifestants sont à nouveau descendus dans les rues à Sidi Bouzid, au centre-ouest de la Tunisie, berceau de la révolution tunisienne aux cris de «non au vol de la révolution !» Ils exigent la démission du gouvernement de transition.

Ce dernier doit annoncer ce jeudi un remaniement crucial pour sa survie, alors que des milliers de manifestants exigent chaque jour le départ des sept caciques de l'ancien régime Ben Ali qui y siègent encore.

«Dégagez les pourris !», «Ghannouchi, est-ce que tu ne nous a pas encore compris ?», ont scandé les protestataires, à l'adresse du premier ministre, dernier chef du gouvernement du président Zine El Abidine Ben Ali qu'il a servi pendant 11 ans jusqu'à sa fuite en Arabie Saoudite le 14 janvier.


C'est de Sidi Bouzid qu'était partie la révolte populaire ayant chassé Ben Ali du pouvoir, après l'immolation par le feu d'une jeune marchand de fruits excédé par les humiliations policières le 17 décembre.


Leur presse (ats), 27 janvier 2011.

Article original :
http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 90870.html
spleenlancien
 

Re: Tunisie

Messagede Antigone le Jeu 27 Jan 2011 18:33

Les manifestants sont en train de se faire prendre au piège sur un terrain qui n'est pas le leur: la politique. Quelle que soit la composition du futur gouvernement, même sans RCD, il n'y aura rien à en attendre.


J'avais annoncé avec 8 jours d'avance la grande offensive de l'argumentation économique. La voici:
Nawaat - 26 jan 2011
http://nawaat.org/portail/2011/01/26/tu ... epression/

Tunisie – La peur de l’endettement a remplacé la peur de la répression
par Fatma Benmosbah

De plus en plus nombreuses sont les voix qui s’élèvent chaque jour pour prôner un arrêt immédiat des manifestations et une reprise du travail pour relancer l’économie qui, déclarentils est au bord du gouffre.
Aujourd’hui en Tunisie, tout le monde est économiste et les discussions vont bon train, au grand bonheur de l’équipe gouvernementale qui a trouvé là une excellente occasion de détourner l’attention des citoyens de leur révolution. Ces derniers ne lui offrent-ils pas une occasion en or de crier haro sur le baudet et d’en finir avec une UGTT qui devient réellement très encombrante ?

Premier flash ce matin à la radio nationale: les manifestations de soutien total au gouvernement à travers tout le pays, comme quand le peuple « en liesse » acclamait Ben Ali. Autre information et non des moindres: les forces de sécurité auraient réussi à déloger les manifestants de la Caravane à coup de bombes lacrymogènes, de coups de matraques et de balles en caoutchouc. De quoi rafraîchir la mémoire de ceux qui auraient déjà oublié les journées qui ont précédé le 13 janvier 2011.

Pour qui suit de près l’évolution des débats télévisés et des commentaires postés à travers les liens sociaux, les Tunisiens ont trouvé leur ennemi numéro 1: l’UGGT. La centrale syndicale est devenue aujourd’hui la cause de tous nos maux. Jrad dégage crient les uns, UGTT récupérateur et imposteur crient les autres.

Tous les éléments sont réunis pour fournir un petit ballon d’oxygène à un RCD moribond. Et comme on ne rompt pas facilement avec plus de cinquante ans d’embrigadement, ses anciens adhérents vont pouvoir continuer lentement mais surement le travail de sape commencé sous la direction leur « Grand Chef « aujourd’hui disparu. Pour mette le pays à sa botte, le Vieux avait trouvé deux solutions: la peur et la surconsommation qui, inévitablement a conduit au surendettement du citoyen moyen.

Et voilà qu’aujourd’hui ce citoyen qui, pendant 23 ans, a assisté indifférent au dépècement de son pays, se sent aujourd’hui, et c’est tout à son honneur, personnellement concerné par le devenir économique de son pays. Il exhorte ses concitoyens à se remettre au travail et il exige la réouverture des écoles pour y envoyer ses enfants. La fin du mois est bientôt là et il va falloir payer les échéances bancaires, les chèques antidatés, les traites arrivées à échéances.

Subtile, l’équipe dirigeante l’encourage à crier sa détresse face à la date butoir de ses crédits, ses loyers et ses charges.
Vicieuse, elle prend en otage les enfants, laissant croire que ce sont les grèves qui empêchent la réouverture des établissements. Quelle sécurité est-elle en mesure d’assurer aux jeunes écoliers dans une rue instable où pas un seul agent de police n’estvisible ? Qui pourrait les défendre contre n’importe quelle agression ou qui pourrait leur protéger des accidents de la voie publique. A bien y réfléchir, on devrait plutôt remercier les professeurs en grève. Par ce mouvement, ils assurent peut-être la sécurité de nos enfants ?

L’UGTT est sûrement loin de pouvoir être portée en odeur de sainteté et dans les dérapages elle n’est pas en reste, particulièrement au niveau de sa direction. Mais aujourd’hui elle n’est pas le problème. Le problème est le RCD et ses partisans. Quand bien même la direction de la centrale serait suspecte, il est certain qu’une fois les choses rentrées dans l’ordre, sa base saura se faire entendre et balayer devant sa porte.
Il n’en reste pas moins que les voix qui s’élèvent contre elle aujourd’hui risquent peut-être demain de se réveiller en l’an 1987. Même si l’UGTT a pris le train en marche, elle a tôt fait de canaliser le mouvement. C’est grâce à elle que la ville de Sfax, deuxième ville économique du pays, a vu pour la première de sa vie des centaines de milliers de manifestant dans ses rues. Ce sont les milliers de ses adhérents qui ont gonflé les rangs de la merveilleuse manifestation du 14 janvier. Aujourd’hui, c’est l’UGTT qui fournit toute la logistique nécessaire à un mouvement qui, s’il reste spontané, risque de très vite s’éparpiller et de devenir une proie facile pour les charognards de l’ancien régime.

Reste à chacun de réfléchir au sens qu’il veut donner à sa révolution: une simple démonstration d’un ras le bol ou une véritable démocratie qui ne ressemblerait en rien à celle pratiquée en Egypte aujourd’hui, où malgré une véritable liberté de la presse, le pays est entre les mains de la mafia qui gouverne et les élections sont truquées.
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Re: Tunisie

Messagede id73160 le Jeu 27 Jan 2011 19:30

[Rue89] Tunisie : le conseiller de l'ombre de Ben Ali tire encore les ficelles
Bon ça peut pas être facile une transition comme la leur de toutes manières, espérons qu'ils la mèneront au bout malgré tous les obstacles. Ça sent un peu le conflit civil il me semble non ? Peut être encouragé par le gouvernement ???
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Re: Tunisie

Messagede spleenlancien le Ven 28 Jan 2011 13:37

Un point assez précis sur la situation tunisienne.

Fathi Chamkhi,Attac tunisie a écrit:Sur le terrain, les manifestations se sont poursuivies, notamment à Sidi Bouzid où l’Union régionale de l’UGTT a appelé à la grève générale.

Dans le même jour, la grève générale dans l’enseignement secondaire a été très suivie.


Par ailleurs, l’occupation de la place La Kasba, où siège le Premier ministre, se poursuit pour le cinquième jour. Les manifestants font l’objet d’une pression importante de la part du gouvernement : mise à part l’intervention musclée de la police de temps à autre, on parle même de tentative de corruption de la part du pouvoir qui aurait offert à chaque occupant une «prime» de 1000 dinars (environ 480 euros) pour quitter la place ! En parallèle, la police et l’armée tentent d’intercepter l’approvisionnement qu’apportent des anonymes aux occupants de la place El Kasba.


Mais c’est, surtout, la réunion de la Commission admirative [sic] (CA) de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) qui a retenue l’attention aujourd'hui. On parle d’une proposition qu’aurait fait «le gouvernement d’unité nationale» (GUN) à l’UGTT.


La CA vient de terminer ses travaux il y a quelques minutes, voici ses principales décisions :

— Acceptation d’un GUN allégé de certains ministres de Ben Ali, mais Ghannouchi, Jouini et Chelbi, c’est-à-dire trois ministres de Ben Ali restent au gouvernement. À noter que le GUN du 17 janvier comptait 14 ministres et secrétaires d’État du RCD, tandis que celui qui sera probablement annoncé demain n’aura plus que 3 RCD.
— Non-participation de l’UGTT dans ce GUN revu et corrigé. Le vote sur cette décision a été comme suit : pour = 73, contre = 10 (dont 2 du Bureau exécutif sur 12 membres), abstention = 4.
— Reconstitution des 3 commissions indépendantes afin d’y intégrer des représentants des régions et des jeunes. Ces commissions sont : Libertés politiques… ; Corruption… ; Réformes…

Demain, aura lieu la réunion avec les partis et les autres composantes pour se fixer sur une position finale.


D’ores et déjà, les dés sont jetés. Il s’agira demain pour les différents acteurs, à mon avis, de savoir si on sera dedans ou bien dehors. Chaque partie décidera sa position sur la question suivante : quelle sera la réaction des masses populaires, de la jeunesse et des régions ? Et bien entendu, l’intérêt propre en fonction de l’analyse de la situation.
De toute façon, et quels que soient les partis qui accepteront de rejoindre le gouvernement, il sera bien plus affaibli, et le ralliement probable de nouveaux partis au GUN n’y changera rien. Celui-ci aura à faire face à un sentiment populaire qui refuse toujours les ministres de Ben Ali.

À mon avis, ce GUN modifié continuera à alimenter le mécontentement populaire, lequel se nourrira, en plus de la présence des ministres de Ben Ali, des revendications sociales qui sont déjà immenses, et qui se sont aggravées du fait des retombées des luttes sociales et politiques actuelles.
Enfin, si cette nouvelle version du GUN est acceptée demain, on pourra dire que le bras de fer qui dure depuis le 15 janvier entre le mouvement révolutionnaire d’une part, et le camp de la contre-révolution d’autre part, qu’il a été momentanément gagné par ce dernier.

Mais, je ne lui souhaite qu'une victoire de courte durée ! Affaire à suivre…


Ah oui, j'ai oublié de vous dire que K. Morjane, ex-ministre de Ben Ali, ministre des Affaires étrangères vient d'annoncer sa démission du GUN, ce qui va dans le sens de la formule que j'ai évoquée ci-dessus.


Fathi Chamkhi
Tunis, jeudi 27/01/2011 à 20h.
Fathi Chamkhi est président d’Attac Tunisie.



Article original :
http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 43153.html

D'autres infos :
http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 43441.html
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Re: Tunisie

Messagede vroum le Ven 28 Jan 2011 15:46

Fin d’un dictateur, pas de la dictature

in Le Monde libertaire n°1620 (27 janvier-2 février 2011)

http://www.monde-libertaire.fr/international/item/14186

« On ne négocie pas avec un dictateur, on l'abat ! 1 »

Moncef Marzouki


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1620TunisieLe formidable mouvement populaire tunisien qui a abouti à la chute de Ben Ali et de son clan de maffieux a provoqué, au-delà de la surprise de l’événement et du surgissement de l’histoire en marche, un puissant courant d’espoir et de sympathie à travers le monde. Des deux côtés de la Méditerranée, les peuples ont vu dans cette révolution, dite du jasmin 2 (peut-être en référence à celle des œillets en 1974 au Portugal), que l’espace des possibles n’est pas clos. En Algérie, en Égypte, en Jordanie, partout dans le monde arabe et au-delà, des mouvements de solidarité avec les Tunisiens sont apparus, et des revendications sont lancées. Des populations soumises à la dictature se mettent à rêver : ce qui fut possible en Tunisie doit l’être ailleurs. Les aspirations des Tunisiens sont universelles : égalité, liberté, justice sociale. Ils réclament la fin de la souffrance et de la misère, la fin de l’oppression économique et politique. Dans le cours des événements, des gens qui jusque-là avaient peur de leurs voisins se sont mis spontanément à se parler, à créer des liens de solidarité, à faire face ensemble aux difficultés de toutes sortes nées des circonstances. Ce qui hier encore aurait été vécu comme insupportable est allégé par la cohésion retrouvée d’une société solidaire. Cela, les dirigeants politiques et les tenants de l’ordre l’ont aussi compris. Ils savent le danger pour eux et leur classe à laisser s’installer durablement le sentiment révolutionnaire. Le péril que ce dernier représente pour eux doit être combattu par tous les moyens. Enfin, presque tous les moyens : laissons la matraque et le fusil dans les râteliers, et usons de moyens plus subtils : insécurité liée à des mercenaires de l’ancien dictateur, qu’on exagère délibérément ; pénuries de toutes sortes qui vont sans doute finir par avoir raison de l’élan révolutionnaire de la mère de famille ; couvre-feu et interdiction de réunion sur voie publique ; intoxication médiatique. Les bonnes recettes, qui ont marché ailleurs (par exemple en Roumanie en 1989…), pourraient bien là aussi faire leur office. Des élections vont être organisées, elles seront peut-être « libres et honnêtes », mais tout sera fait pour que le jeu reste entre politiciens respectables et présentables, et pour que le peuple retourne s’occuper de ses oignons et laisse les experts s’occuper de ce qui est bon pour lui, avec l’onction des chères démocraties avancées et du FMI. Déjà, on entend dans nos médias français les conseilleurs ergoter à longueur d’antenne sur le danger islamiste ou sur la représentativité de tel ou tel : les Diaffoirus, les médiacrates de tout acabit accourent au chevet de la toute jeune démocratie pour délivrer leurs ordonnances et prescriptions intéressées. Car si le dictateur est parti, la dictature, elle, n’est pas finie. Son principal organe, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti de masse revendiquant un million de membres (soit un Tunisien sur dix !), est toujours debout et détient les postes clés dans le nouveau gouvernement. Pendant le soulèvement, des locaux du RCD avaient été incendiés, des manifestants avaient exigé que les immeubles abritant ce parti soient remis au peuple et transformés en lieux associatifs. L’incendie révolutionnaire a été éteint trop tôt, hélas ! Le peuple n’entend pas se faire voler sa révolution : des manifestations ont eu lieu pour exiger le départ des membres du RCD du gouvernement de transition. Les gens ont crié leur hostilité aux anciens obligés de Ben Ali, qui ont servi sans broncher, pendant toutes ces années, la dictature et qui aujourd’hui prennent des poses démocratiques. Et la misère, le chômage, les inégalités ne reculeront pas du fait de la libéralisation politique : ce n’est pas pour accéder librement à YouTube que sont morts des dizaines de Tunisiens ! C’est la dictature du capitalisme qu’il faut abattre, c’est l’exploitation économique qu’il faut éradiquer. En Tunisie comme ailleurs, à bas l’exploitation, la domination et l’État ! Anarchistes, soutenons la lutte du peuple tunisien et étendons-la partout !

Mohamed, groupe Pierre-Besnard de la Fédération anarchiste



1. Dans Dictateurs en sursis, Éditions de l’Atelier, 2009, ouvrage prémonitoire.
2. Sur des affiches publicitaires vantant les attraits du tourisme en Tunisie (« le pays du sourire »), on pouvait voir un Tunisien en costume traditionnel offrir un bouquet de jasmin ; ce cliché est insupportable à la majorité des Tunisiens.
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Re: Tunisie

Messagede Antigone le Ven 28 Jan 2011 19:54

Le pouvoir "nouveau" reprend ses droits.

AFP, Romandie news - 28 jan 2011
http://www.romandie.com/ats/news/110128 ... 7hb76h.asp

Tunisie: l'esplanade de la Kasbah évacuée, heurts entre police et manifestants

TUNIS - La police a fait évacuer vendredi les manifestants qui campaient depuis six jours devant les bureaux du premier ministre au centre de Tunis, sur la place de la Kasbah, selon des journalistes de l'AFP.

Les unités anti-émeutes ont tiré des grenades lacrymogènes contre les manifestants rassemblés sous les fenêtres du bureau du premier ministre Mohammed Ghannouchi, et qui leur lançaient des pierres, a constaté l'AFP. Au moins cinq personnes ont été blessées au cours de ces affrontements, a indiqué à l'AFP un médecin urgentiste sur place.

Des unités de la police anti-émeutes, comptant environ 200 hommes, ont fait mouvement vers la place de la Kasbah en tirant un grand nombre de grenades lacrymogènes. Sur l'esplanade, survolée par un hélicoptère, des militaires (bien des militaires) ont démonté les tentes utilisées par les manifestants, qui protestaient depuis le 23 janvier contre M. Ghannouchi, et son gouvernement de transition. Ils ont placé des barrières autour de la place pour empêcher les manifestants de revenir.

Dans les rues adjacentes, de nombreuses personnes refluaient en désordre, les yeux rougis et en pleurs à causes des tirs de grenades. "J'ai vu au moins cinq blessés. Plusieurs saignaient", a affirmé le médecin du Samu de Tunis, Majdi Amami. Il a précisé que deux blessés ont été atteints par des pierres lancées par les manifestants et que la police rejetait ensuite vers eux. Un troisième a été atteint à la tête par une grenade lacrymogène tirée "presque à bout portant", a affirmé ce médecin.

Par la suite, les manifestations ont repris sur l'avenue Habib Bourguiba, et, en fin d'aprés-midi, la principale artère de Tunis retentissait des tirs de lacrymogènes, et était remplie de fumée. Sur l'avenue, qui avait retrouvé son visage ordinaire vendredi matin pour la première fois depuis plusieurs jours, les magasins et cafés ont vite fermé.
La zone était survolée en permanence par un hélicoptère de l'armée, et la police pourchassait des manifestants dans les rues adjacentes à l'avenue Bourguiba.

Le président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH), Moktar Trifi, a indiqué à l'AFP avoir demandé au Premier ministre "de faire cesser les tirs de lacrymogènes, de relacher les personnes arrêtées". "Il m'a dit que cela allait être fait", a-t-il ajouté.

Après trois jours d'âpres tractations, M. Ghannouchi avait en grande partie cédé à la pression quotidienne de milliers de manifestants en formant jeudi soir une nouvelle équipe de transition profondément remaniée. Cinq des sept anciens ministres du dernier gouvernement de Ben Ali qui y figuraient ont été remerciés, notamment tous ceux qui occupaient les postes-clés: Défense, Intérieur, Affaires étrangères, Finances.
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
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Re: Tunisie

Messagede vroum le Dim 30 Jan 2011 00:26

En Tunisie et partout dans le monde, la population se lève !
De la révolte à la révolution.


http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article977

Après avoir chassé le dictateur Ben Ali, la population tunisienne, et particulièrement la jeunesse, continue son combat et sa marche vers la liberté. Une partie de la population, notamment les plus pauvres, rejette le système de partis au pouvoir et refuse de se laisser enfermer dans des joutes électorales. En continuant sa lutte, la population tunisienne peut profiter de cet élan de liberté pour arracher de nouveaux droits : répartition des richesses, sécurité sociale, laïcité affirmée, libertés politiques. L'enjeu essentiel est de construire et renforcer les formes d'auto-organisation et de résistance syndicale, communale, dans les villages et les quartiers.

La lutte du peuple tunisien a fait tâche d'huile dans d'autres pays arabes (Algérie, Égypte, Yémen, etc.) même si les circonstances ne sont pas les mêmes. On peut dire que la révolte tunisienne a commencé avec le soulèvement de la population du bassin minier de Gafsa, en 2008, alors qu'il y a peu de luttes syndicales dans les autres pays où les gouvernements ont pris soin de briser tout mouvement d'opposition. En Tunisie, les appels à la grève générale ont permis de donner une assise sociale à la contestation : certains patrons se sont faits virer, des assemblées se tiennent. Il en est ressorti des formes d'auto-organisation pour assurer la vie quotidienne de la population. Ce sont ces formes d'auto-organisation qui ont aussi permis de résister à la répression des milices.

Globalement, dans la plupart des pays et notamment en Égypte, c'est une révolte de la jeunesse, contre le régime et contre la hausse des prix. L'armée n'a pas encore fait le choix de lâcher le gouvernement en place, au moins de ne pas intervenir. Pourtant, rien ne laisse présager d'une issue plutôt que d'une autre, même si nous pouvons craindre de nouveaux bains de sang comme c'est le cas aujourd'hui.

Ce qui motive ces soulèvements ce sont les privations de liberté, la violence, la répression, la dictature mais aussi la hausse des prix, les inégalités sociales, la misère et l'exploitation. On peut dire que cette situation est vécue par l'ensemble des classes populaires de la planète. La révolution a commencé en Tunisie. Où s'arrêtera-t-elle ?

Il nous faut dénoncer les discours médiatiques et la complicité des hommes politiques pour qui la solution ne peut être que dans la poursuite du système existant. Pour eux, la vacance de pouvoir est synonyme de chaos. Ils ont peur des capacités d'auto-organisation des populations et de leur capacité de réalisation.

Les populations en insurrection aspirent à l'égalité et à la liberté, qui ne seront possibles qu'en rejetant toute forme d'exploitation et d'oppression, quelle soit économique, politique, religieuse, sexuelle, morale.

Il est temps de construire une société libre et égalitaire sans se laisser voler sa révolte par les partis politiques et/ou religieux. L'exemple de l'Iran doit, à se titre, être riche d'enseignements. De même, en Algérie, la population avait dû lutter contre la violence du parti toujours en place et contre les islamistes. En Irak, les luttes syndicales et politiques se développent sans se laisser enfermer dans la guerre entre impérialisme américain et islamisme politique. Cette guerre de pouvoir se fait toujours au détriment de la vie, de la liberté des populations qu'ils oppriment ou tentent d'opprimer.

L'espoir suscité par la révolution tunisienne offre une troisième voie pour ces pays et leurs populations : bâtir une nouvelle forme d'organisation sociale basée sur la liberté, l'égalité, la solidarité et le refus des systèmes de pouvoir et de domination. Dans ce combat, les populations des pays arabes et du monde trouveront toujours les anarchistes pour leur apporter leur soutien et leur aide.

À nous tous d'apporter tout le soutien nécessaire à ces luttes, à faire pression sur les intérêts des gouvernements et des patrons et de prolonger cette vague de contestation révolutionnaire.

Fédération anarchiste
relations-internationales(a)federation-anarchiste.org
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Re: Tunisie

Messagede vroum le Dim 30 Jan 2011 13:54

En soutien de la révolte en Tunisie
Fédération anarchiste italienne.
dimanche 30 janvier 2011


http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article978

En 1999, l’amiral Fulvio Martini, ancien chef du service secret militaire (SISMI) a dit à la Commission du Parlement italien : « En 1985-1987, nous avons organisé une sorte de coup d’État en Tunisie pour mettre le Président Ben Ali à la tête de État, en remplacement de Bourguiba (opposant de première ordre dans la lutte pour l’indépendance du colonialisme français, NDLR). Martini, également, dans son livre Nom en code : Ulysse, a souligné que les directives venaient de Craxi et Andreotti, alors respectivement Président et Ministre des Affaires étrangères.

Ensuite, l’adversaire du régime dictatorial de Ben Ali, Taoufik Ben Brik a dénoncé les dirigeants Italiens qui ont renforcé le régime « en remplissant ses coffres et en armant son bras contre le peuple. » Ce n’est pas un hasard si le fugitif Craxi, s’est réfugié en Tunisie, où il a été respecté, protégé et enterré, pour échapper aux condamnations de la loi italienne.

L’insurrection et la lutte en cours en Tunisie nous appartiennent, nous la ressentons comme le nôtre, soit parce qu’ils sont contre un régime dictatorial, arrogant, corrompu et parce qu’ils sont nés pour gagner pas seulement amélioration des conditions de vie, mais aussi pour la liberté d’expression et d’organisation. Nous les soutenons comme une expression de revendications populaires, au-delà d’une logique de compatibilité géopolitique.

Autant à droite qu’à gauche, on parle du risque d’anarchie, et les classes dirigeantes tunisiennes, avec leurs protecteurs européens, essaient de plier et d’enfermer la protestation populaire dans le processus électoral, pour désarmer la volonté de lutte des masses. Un gouvernement fantoche, contrôlé par des amis et des collègues de Ben Ali pour s’assurer la continuité du système d’exploitation et d’oppression a été construit. Au moment où le ministre Frattini parle de « stabilité » de la zone (où la « stabilité » signifie « ordre et discipline »), il est important de se prononcer, de manifester en faveur de la tentative d’auto-émancipation populaire et de soutenir avec vigueur la protestation et l’insurrection en cours, qui est en train de se mesurer à l’armée et aux bandes armées fidèles à l’ancien président, qui a fui avec plus d’une tonne de lingots d’or.

La lutte insurrectionnelle tunisienne ouvre la voie à d’autres luttes en Algérie, Maroc et Égypte, déclenchée par les effets désastreux de la crise sociale. À partir de cette partie de la Méditerranée, on doit se mobiliser pour faire que ces luttes et émeutes ne soient pas interrompues par de nouvelles dictatures, préparé et soutenu par les gouvernements européens, coupant toute forme possible de paternalisme et de racisme qui vont séparer et opposer ceux qui ont des intérêts communs avec tous les travailleurs et avec chaque être humain : la dignité, la liberté, la justice sociale.

Commission des relations Internationales de la Fédération anarchiste italienne (FAI)
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Re: Tunisie

Messagede Schwàrzlucks le Dim 30 Jan 2011 14:59

Le mouvement tunisien est politique et social

Entretien à deux voix de camarades militants tunisiens.

Propos recueillis le 26 janvier 2011 par le Collectif Lieux Communs.

Le monde entier vient d’assister au premier renversement, qu’on ne croyait plus possible, d’un régime arabe caricaturalement autocratique et corrompu. Malgré le mécontentement latent et des soulèvements ponctuels de ces dernières années, l’insurrection a surpris tout le monde, y compris les gens les plus au contact des réalités sociales. Pourquoi ? Et comment qualifieriez-vous ces événements ?

- L’insurrection a été imprévue par tout le monde, pratiquement, même si elle n’est pas une surprise pour beaucoup, dont nous.

- Pour caractériser exactement ce qui s’est passé, nous disons qu’il s’agit d’un soulèvement populaire : ce n’est pas une révolution dans le sens traditionnel c’est -à-dire strict et plein du terme. Ce qui s’est passé est comparable aux intifadas, aux soulèvements, aux révoltes qui se sont déroulées dans les territoires occupés dans les années 90 du siècle passé. C’est donc un mouvement populaire qui vise la démocratie, les libertés fondamentales et la satisfaction de revendications sociale : les dimensions politiques et sociales sont imbriquées, enchevêtrées.[...]


Voir la suite ici : http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article435
Schwàrzlucks
 

Re: Tunisie

Messagede spleenlancien le Lun 31 Jan 2011 21:01

On parle un peu moins de la Tunisie ces jours ci, du coup la police tunisienne retombe dans ces fâcheux travers...
3 vidéos qui montre que la police travaille à Tunis.

http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 81665.html
spleenlancien
 

Re: Tunisie

Messagede vroum le Mar 1 Fév 2011 20:03

Solidarité avec les Tunisiens.
Les anarchistes de Moscou sont solidaires avec les tunisiens en révolte.


mardi 1er février 2011

http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article979

Le 23 janvier, les anarchistes et les antifascistes de Moscou des mouvements l’« Action Autonome », les « Gardiens de l’Arc-en-ciel » et d’autres groupes ont organisé un rassemblement près de l’ambassade de Tunisie. Une quinzaine de personnes sont restés devant la mission diplomatique avec des banderoles tandis qu’une dizaine d’anarchistes sont venus laisser des petites bougies devant l’ambassade en mémoire des plus de 300 manifestants tués dans des collisions avec la police lors de manifestations contre la dictature tunisienne. Les manifestants ont hissé un drapeau noir et ont déployé des banderoles « Aujourd’hui- la Tunisie, demain- le monde », « Le pouvoir en Tunisie – aux conseils du peuple » et autres.

Source et photos : http://www.avtonom.org/node/14696

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