Tunisie

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Messagede Antigone le Sam 18 Déc 2010 23:39

La Tunisie est parmi les pays d'Afrique l'un de ceux où il est le plus difficile d'avoir des informations. La presse n'existe que pour relater les journées de Ben Ali au pouvoir depuis plus de 20 ans. Sur les seuls sites accessibles, la photo du dictateur est omniprésente. L'année dernière il a été réélu avec 90 % des voix pour ce qui devrait être son dernier mandat, la constitution limitant à 75 ans l'âge maximal d'un candidat... Mais comment pourrait-il se retirer alors qu'il n'a jamais été aussi jeune (pas un seul cheveu blanc, un lifting parfait) et sachant qu'à chaque fois il cède aux suppliques de ces fidèles serviteurs.

Le topic manquait; le voila ouvert.

AP, Yahoo actualités - 18 dec 2010
http://fr.news.yahoo.com/3/20101218/twl ... e00ca.html

Tunisie: accrochages entre manifestants et forces de l'ordre à Sidi Bouzid

Des accrochages ont opposé samedi à Sidi Bouzid, à 265km de Tunis, dans le centre de la Tunisie, des forces de l'ordre et des manifestants mécontents qui tentaient de s'introduire au siège du gouvernorat (préfecture), ont rapporté un témoin et un parti d'opposition.

Ces heurts seraient intervenus après une tentative de suicide la veille d'un jeune commerçant ambulant de fruits et légumes auquel les autorités avaient saisi sa marchandise. En désespoir de cause, le jeune homme, âgé d'une vingtaine d'année a tenté de s'immoler par le feu après s'être aspergé d'essence devant la préfecture. Atteint de brûlures graves, il a été transporté à l'hôpital où il est "entre la vie et la mort", selon un communiqué du Parti démocratique progressiste (PDP/opposition).

Selon un témoin oculaire, après un sit in "pacifique" observé la veille devant la préfecture par quelques dizaines de personnes, la manifestation a pris de l'ampleur samedi l'occasion du souk hebdomadaire, ce qui a engendré des accrochages entre les manifestants et les forces de l'ordre. Aux bombes lacrymogènes utilisées par les forces de l'ordre pour les empêcher d'entrer dans la préfecture, les manifestants répondaient par des jets de pierres sur le bâtiment et les voitures de police.

Selon la même source, les incidents qui se sont étendus à plusieurs zones de la ville, se poursuivaient samedi en fin de journée. Des devantures de magasins ont été endommagées par les manifestants qui ont mis le feu à une voiture, à des pneumatiques et aux poubelles.
Trois agents de l'ordre ont été blessés et transportés à l'hôpital de la ville, tandis que forces de l'ordre procédaient à une vague d'arrestations, selon cette source.
A l'instar du jeune commerçant, diplômé de l'université, et seul soutien de famille, la région de Sidi Bouzid compte un taux élevé de chômage parmi les promus de l'enseignement supérieur, indique-t-on de même source.
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Re: Tunisie

Messagede Antigone le Sam 25 Déc 2010 10:07

Cette histoire de suicide du vendeur de légumes est bien obscure. Les dépêches ne donnent pas d'information sur les raisons de ces émeutes, mais pour que de tels affrontements se produisent, la hausse du coût de la vie doit y être pour quelque chose... A cela s'ajoutent le chômage, l'absence de perspective de vie pour toute la jeunesse, comme en Algérie.

Radio Canada avec AP et Reuters - 24 dec 2010
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/In ... iers.shtml

Protestation: Affrontements entre policiers et manifestants en Tunisie

Une personne a été tuée et plusieurs autres blessées, vendredi, lorsque la police a fait feu pour disperser des manifestants à Menzel Bouzayane, dans le centre de la Tunisie, selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur, et un syndicaliste. D'après le ministère, la police a été contrainte de tirer pour se défendre après avoir fait entendre en vain des coups de semonce pour faire fuir les émeutiers.

Un membre du syndicat de l'enseignement secondaire a indiqué que les manifestants ont incendié des voitures de police, un train de marchandises, le local du parti au pouvoir et un poste de la garde nationale. Il a évalué les protestataires au nombre de 2000. Pour contenir les affrontements, des renforts ont encerclé la ville et en ont fermé les accès. Après avoir mené des perquisitions et poursuivi les manifestants, les forces de l'ordre ont effectué plusieurs arrestations.

La région de Sidi Bouzid est le théâtre d'un mouvement de protestation depuis vendredi dernier. Un jeune homme avait alors voulu se suicider en s'immolant par le feu devant la préfecture. Avant d'intenter à sa vie, Mohamed Bouazizi, un universitaire de 26 ans, vendait des fruits et légumes pour subvenir aux besoins de sa famille jusqu'au jour où sa marchandise a été saisie par les agents municipaux. Mercredi dernier, un autre jeune chômeur, Houcine Néji, s'est volontairement électrocuté en escaladant un pylône de haute tension.

Jeudi, le ministre du Développement et de la Coopération internationale, Nouri Jouini, s'était déplacé à Sidi Bouzid et avait annoncé des mesures pour favoriser la création d'emplois et le lancement de projets. Sa visite n'a pas suffi pour mettre fin aux tensions générées par le chômage et les conditions de vie précaires.
Dernière édition par Antigone le Dim 26 Déc 2010 14:59, édité 1 fois.
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Re: Tunisie

Messagede Antigone le Dim 26 Déc 2010 15:07

J'ai fait le tour des agences sans grand résultat. Mais le quotidien algérien Liberté de ce dimanche écrit que la protesta se serait "propagée à des villes voisines" sans en dire davantage.
Et pendant que l'opposition légale appelle au "dialogue", les syndicats tentent de circonscrire l'incendie en encadrant deux manifestations ce w-e à Tunis. C'est la stratégie de la cocotte minute: on permet au malaise de s'exprimer et à la pression de s'échapper quelque peu en espérant qu'après, ça va retomber.

TSA - 25 dec 2010
http://www.tsa-algerie.com/divers/emeut ... 13456.html

La fronde sociale gagne du terrain en Tunisie
Emeutes à Sidi Bouzid, manifestation à Tunis pour dénoncer le chômage et la mal-vie
par Samia Amine

Des militants de droits de l’homme, des syndicalistes et des étudiants se sont rassemblés, samedi25 décembre, à la place Mohamed Ali à Tunis en solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid, une région du centre-ouest de la Tunisie. Cette dernière a été le théâtre, vendredi, d’affrontements entre des habitants et les forces de l’ordre. Des affrontements qui ont fait au moins un mort et des dizaines de blessés, d’après un bilan officiel. Mais, selon Amel Bejaoui, militante des droits de l’homme, contactée par TSA, ce bilan pourrait être plus lourd.

A Tunis, la manifestation, menée par des syndicalistes en solidarité avec les habitants et les victimes de Sidi Bouzid, s’est déroulée dans le calme. « Aujourd'hui à Tunis tout s'est bien passé, il semble que le mot d'ordre des autorités consistait à ne pas envenimer les choses davantage », explique Amel Bejaoui. Et d’ajouter: « la police a seulement tenté de limiter le grossissement des rangs des manifestants en bloquant les différents accès des pourtours de la Place Mohamed Ali, devant l'Union syndicale UGTT ».

A l’origine de ces émeutes, les premières de cette ampleur en Tunisie depuis de nombreuses années, un grand malaise social et économique dans la région de Sidi Bouzid. Le suicide d’un jeune homme de 26 ans, Mohammed Bouazizi, le 17 décembre, a été la goutte qui a fait déborder le vase. Vendeur ambulant de fruits et légumes, ce jeune Tunisien s’est fait confisquer sa marchandise par la police municipale, car n'ayant pas les autorisations nécessaires. Le jeune homme s'asperge alors d'essence pour s'immoler par le feu. Cet incident avait déclenché un vif émoi parmi la population.

Le régime tunisien avait alors qualifié ces heurts d'"incident isolé" tout en dénonçant leur exploitation par l'opposition. Quelque jours plus tard, le 22 décembre, un jeune homme s'électrocute contre des câbles à haute tension après avoir escaladé un poteau électrique en fulminant « Plus de misère, plus de chômage », selon le dirigeant syndicaliste Ali Zari. Vendredi, 24 décembre, le pouvoir tunisien réagit par la répression. La police ouvre le feu contre les manifestants. Depuis, plusieurs arrestations ont eu lieu. Une autre manifestation a été programmée par l’Union régionale du travail, le dimanche 26 décembre à partir de 10 heures à Nabeul, une ville au nord de la Tunisie.
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Re: Tunisie

Messagede spleenlancien le Dim 26 Déc 2010 19:28

IL y a cette vidéo trouvée sur Rue89 dans un article consacré à la manif de Sidi bouzid




Article de Lina ben Mhenni :

http://www.rue89.com/node/182422
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Re: Tunisie

Messagede Antigone le Lun 27 Déc 2010 18:15

TSA - 27 dec 2010
http://www.tsa-algerie.com/divers/la-co ... 13474.html

Dix jours consécutifs d’affrontements à Sidi Bouzid
La colère des Tunisiens se propage

par Zineb Benzita

S'acheminant vers leur dixième jour, les émeutes et les manifestations se poursuivaient, lundi 27 décembre, en Tunisie. Des syndicats affiliés à l’Union générale tunisienne du travail ont appelé à des marches à travers tout le pays, avec comme slogan « halte à la hogra », a indiqué à TSA, Rabah Kheraifi, avocat et membre du bureau politique du Parti démocrate progressiste.

La vague de protestation qui a éclaté il y a dix jours après la mort d’un jeune homme à Sidi Bouzid a gagné d’autres régions du pays, y compris la capitale Tunis. Cette dernière a été, samedi 25 décembre, le théâtre d’une manifestation visant à dénoncer le chômage et la dégradation des conditions de vie de la population. Dimanche, en signe de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid, ce sont des jeunes de Ben Guerdane, près de la frontière libyenne, qui sont sortis dans la rue pour crier leur colère et dénoncer le chômage. Après avoir tenté d’empêcher la manifestation, les forces de l’ordre ont fini par l’autoriser, sans doute par crainte de violences.

A Sidi Bouzid, les hostilités ont repris dimanche, acheminant les affrontements vers leur dixième jour. Au moins un élément des forces de l’ordre a été blessé par balle. A Regab, située à 37 km au sud de Sidi Bouzid, de violents affrontements ont opposé environ 2000 manifestants aux forces de l’ordre. Des édifices publics ont été incendiés.

A l’origine de ces émeutes, les premières de cette ampleur en Tunisie depuis de nombreuses années, un grand malaise social et économique. Le suicide d’un jeune homme de 26 ans, Mohammed Bouazizi, le 17 décembre, a été la goutte qui a fait déborder le vase. Vendeur ambulant de fruits et légumes, ce jeune Tunisien s’est fait confisquer sa marchandise par la police municipale, car n'ayant pas les autorisations nécessaires. Le jeune homme s'asperge alors d'essence pour s'immoler par le feu. Cet incident avait déclenché un vif émoi parmi la population.

Selon M. Kheraifi, cette situation est le résultat de la pauvreté, de l’exclusion et d’un partage illégal des richesses. La croissance profite, d’après lui, aux villes du littoral du Nord. Les autres régions du pays sont en proie à une extrême pauvreté. Il estime que le gouvernement traite la question des manifestations qui secouent le pays comme un dossier purement sécuritaire au lieu de tenter de dialoguer. Mais, a-t-il noté, pour la première fois, le pouvoir a utilisé les médias pour s’adresser à la population en colère. Les responsables tunisiens se sont notamment exprimés sur la chaîne Al Jazeera. Une première dans l’histoire du pays.
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Re: Tunisie

Messagede spleenlancien le Mar 28 Déc 2010 12:42

Dossier assez complet sur la question sur le site Jura-Libertaire :

http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 77154.html
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Re: Tunisie

Messagede Antigone le Ven 31 Déc 2010 17:47

Pour éteindre l'incendie et reprendre la situation en main, le pouvoir s'est résolu à laisser passer un peu de transparence le temps d'un soir voire un peu plus, le temps de faire de vagues promesses, le temps que ça se calme. Les conseillers de Ben Ali ont bien bossé.

AP, Métro Montréal - 31 dec 2010
http://www.journalmetro.com/monde/artic ... idi-bouzid

Tunisie: la chaîne Nessma TV brise le verrouillage médiatique sur les troubles de Sidi Bouzid

TUNISIE - Pour la première fois depuis le déclenchement des troubles à Sidi Bouzid, (centre-ouest de la Tunisie), une chaîne tunisienne privée, Nessma TV, a brisé le verrouillage médiatique en diffusant jeudi soir une émission spéciale sur ce mouvement de protestation sociale qui s'est propagé à la plupart des régions du pays, faisant deux morts et un blessé grave et engendrant de nombreuses arrestations.
Cette initiative, sans précédent dans les annales des médias tunisiens, dans le traitement des dossiers sensibles de l'actualité nationale, intervient au lendemain de la prise en main du secteur de l'information par un nouveau ministre, Samir Laâbidi.

Ouvert et inhabituel pour le téléspectateur tunisien, le débat a réuni une brochette de journalistes connus pour leur franc-parler et l'avocate et militante des droits humains, Bochra Belhaj Hamida, qui faisait sa première apparition sur une chaîne de télévision tunisienne.
L'émission, qui a duré près d'une heure et demie, était illustrée de reportages sur le terrain, où la parole a été donnée, "sans censure", aux habitants de Sidi Bouzid. Ces derniers ont fait part ouvertement de leurs revendications et des problèmes dont souffre cette région frappée par un taux de chômage élevé et le manque d'infrastructures et de commodités, à la différence des zones côtières.

Corruption, népotisme, responsables défaillants qui "ne pensent qu'à leurs fauteuils", impunité et absence de contrôle des crédits alloués par l'Etat: tout a été passé au crible, sans détours, par les citoyens interviewés, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes.
Un témoignage émouvant a été apporté par la soeur de Mohamed Bouazizi, ce jeune vendeur ambulant de fruits et légumes qui s'est immolé par le feu. Un acte de désespoir après la saisie de sa marchandise par des agents municipaux avait été le déclencheur des troubles. "Malgré le réconfort moral et le soutien matériel que nous a apporté le président (Zine El Abidine Ben Ali) en nous recevant, mon frère, gravement brûlé, vivra handicapé et ne pourra plus travailler pour subvenir à nos besoins", a-t-elle déclaré.

Sur le plateau, deux jeunes journalistes ont considéré comme un non-sens le verrouillage médiatique à l'ère de l'Internet. "Aux premiers jours des troubles, rien ne filtrait sur les journaux et les médias audiovisuels. C'était le black out total, alors que les chaînes de télévision étrangères en faisaient état en puisant leur matière sur la toile", a noté Rym Saïdi.
L'émission de Nessma TV, dont le propriétaire est l'homme d'affaires Nabil Karoui et dont le capital est détenu en partie par le producteur de cinéma Tarik Ben Ammar, constitue "un véritable tournant, pourvu que ça dure", a commenté Mounir Souissi, correspondant de l'agence de presse allemande DPA.


Des infos complémentaires qui datent du début de semaine. Pas d'élément nouveau à signaler depuis.
Radio Kalima Tunisie - 27 dec 2010

TUNIS - Après dix jours d’intifada consécutifs, les manifestations des habitants de la région de Sidi Bouzid se poursuivent, et ce malgré l’état d’urgence décrété dans plusieurs villes, et le siège imposé par un important dispositif de forces de sécurité et de troupes de l’armée. Les manifestants exigent une meilleure répartition des retombées du développement économique, notamment des emplois pour résorber le chômage, et ils condamnent la corruption et la tyrannie.

Kalima a appris qu’une marche de femmes a eu lieu le dimanche 26 décembre, dans la ville de Mezouna, à l’initiative d’une association locale. Des centaines de femmes ont pris part à cette marche pour protester contre les raids et les fouilles dans les maisons qu’a connu la ville dans la nuit de samedi, et pour demander la levée de l'état de siège et la libération des manifestants arrêtés. Toujours dans la ville de Mezouna, des centaines de manifestants sont sortis dans les rues dimanche soir, défiant le couvre-feu. Ils ont mis le feu à des pneus et dressé des barricades sur les routes, ce qui a poussé la police à lancer des bombes lacrymogènes et à tirer sur la foule à balles réelles. Les manifestants auraient jeté des pierres sur les forces de sécurité, tout en clamant des slogans contre la corruption et la tyrannie. Des affrontements entre des manifestants et les forces antiémeutes ont également eu lieu au village Al Itizaz, mais aucune information n’a pu filtrer à cause du siège qui frappe le village.

D'autre part, les habitants de la délégation de Djelma ont organisé une marche pacifique encadrée par l’Union Générale du Travail. La police s’est contentée d’observer la marche sans intervenir pour l’empêcher. Au siège de l’Union Régionale du Travail à Sebala, des chômeurs ont organisé un sit–in. Ils étaient venus se joindre au mouvement de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid.
Des sources ont confirmé que des renforts importants sont arrivés à Sidi Bouzid, tandis que des informations circulent sur un mouvement de grève générale dans la région dans les prochains jours. Signalons que les opérations de pillages et de fouille des maisons et des commerces sont commises par des milices du parti au pouvoir et des policiers.

Selon des sources médicales à l’hôpital Houcine Bouziane, le cadavre d’un jeune homme, Lotfi Kadiri, âgé de 34 ans et originaire de Touila, a été admis à la morgue. Nos sources ont confirmé que ce jeune a mis fin à ses jours, ce qui porte le nombre des suicides depuis le début des événements à quatre.
Des marches et des sit-in de solidarité ont eu lieu dans différentes régions du pays, comme Sfax, Kairouane, Siliana, Sousse, Tunis, Gafsa, Kasserine…

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Reuters, Le Devoir - 28 dec 2010
http://www.ledevoir.com/international/a ... ge-a-tunis

Matraquage à Tunis

Tunis — La police a dispersé à coups de matraque, hier à Tunis, un millier de jeunes chômeurs diplômés qui réclamaient notamment des emplois et un coup d'arrêt à ce qu'ils dénoncent comme la corruption ambiante.
Les policiers ont empêché les protestataires d'atteindre l'avenue Habib-Bourguiba, artère principale d'une capitale où les tentatives de manifestation sont habituellement vite étouffées dans l'oeuf par des forces de sécurité vigilantes. Les heurts de Tunis ont fait au moins une douzaine de blessés légers et provoqué quelques malaises parmi les jeunes, descendus dans la rue à l'appel de militants syndicalistes indépendants.
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Re: Tunisie

Messagede Antigone le Sam 1 Jan 2011 14:08

Azls Blog, rapporté par le FUC et Tlaxcala - 31 dec 2010
http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=3216

"Mords la main que tu ne veux plus baiser"
De Sidi Ifni à Sidi Bouzid: la révolte logique des Bac + contre la dictature des Bac –

par Fausto Giudice

17 décembre: Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’immole par le feu.
22 décembre : Hocine Neji, 24 ans, s’électrocute sur un poteau électrique.
26 décembre : Lotfi Kadiri, 34 ans, se jette au fond d’un puits.
Ces trois actes de désespoir de jeunes diplômés chômeurs et précaires ont alimenté la révolte qui secoue la Tunisie depuis le 18 décembre 2010. Une révolte qui a pris d’emblée une tournure politique au vrai sens du terme, loin du Karakouz* de la politicaillerie. Les manifestants qui ont déferlé dans les rues de dizaines de villes et de villages s’en prennent tous à la corruption du régime et au manque de perspectives. Le "contrat social" établi par le régime du général Ben Ali - la dictature en échange de la prospérité économique - ne marche plus: l’époque des vaches grasses a pris fin et le général est nu. Il y a plusieurs raisons à cela:

- Dans la concurrence mondiale entre les pays à bas coûts de main d’œuvre et à haute productivité, la Tunisie est détrônée par la Turquie, la Pologne et la Roumanie – pour ce qui est de la productivité – et par la Chine, l’Inde, l’Indonésie et le Bangla desh – pour ce qui est des coûts de main d’œuvre.
- Les emplois proposés privilégient la main d’œuvre non qualifiée, laissant de côté les diplômés chômeurs.
- L'économie de prédation et le système mafieux mis en place par le clan familial au pouvoir découragent l’investissement dans des activités productrices, les détenteurs de capitaux préférant mettre leur argent dans la spéculation, en premier lieu immobilière, qui ne crée pas d’emplois.
- Les seuls diplômés assurés de trouver un emploi sont les ingénieurs. Or, moins de 10 % des diplômés tunisiens ont fait des études d’ingénieur, la plupart des bacheliers préférant choisir les sciences humaines, le droit ou l’enseignement.
- La corruption érigée en système administratif fait que les incapables semi-analphabètes ont la priorité sur les diplômés surqualifiés.

Chaque famille tunisienne compte au moins un un dplômé de 25-30 ans, bardé de diplômés allant du Bac + 3 au Bac + 8, qui est obligé de rester vivre chez ses parents et qui n’a pas le choix: soit il se contente de "garder les murs" - c’est alors un hittiste -, soit il tente de faire du "bisness" dans le secteur informel – le seul qui connaisse une forte expansion -, soit il "brûle " et choisit d’affronter la traversée de la Méditerranée dans une embarcation précaire pour tenter sa chance en Europe, devenant ainsi un "harraga".

Mohamed, Hocine et Lotfi: ce sont les "étranges soldats" de la guerre sociale du XXIème siècle dans ce petit pays, la Tunisie, qui est l’emblème et le symbole des effets ravageurs de la globalisation capitaliste. Un pays étroitement dépendant de l’Union européenne, auquel il est "associé" par un accord qui a entraîné la fermeture d’au moins un tiers des entreprises tunisiennes. 76% des exportations de la Tunisie se font vers l’UE, qui assure 83% des revenus du tourisme et d’où proviennent 90% des transferts d’argent.

Ils sont des centaines de milliers de Mohamed, Hocine et Lotfi, en Tunisie, en Algérie, au Maroc, en Égypte. Selon une estimation prudente, les diplômés chômeurs seraient entre 400 et 500 000 au Maroc, autant en Tunisie, entre 600 et 700 000 en Algérie, et…2, 5 millions en Égypte !

Ils se battent depuis des années, avec l’énergie du désespoir. La révolte déclenchée à Sidi Bouzid le 18 décembre s’inscrit dans un cycle de luttes déclenché au printemps 2008, simultanément au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Au Maroc, ce sont les jeunes de Sidi Ifni qui ont bloqué l’accès au port de pêche d’où partent les sardines mises en boîte par les entreprises espagnoles installées à Agadir. À l’aube du samedi 7 juin 2008, les forces de prépression ont déclenché une "opération éradication" d’une violence inouïe contre le sit-in sous la tente des jeunes diplômés chômeurs.
Au même moment, la jeunesse de Redeyef et Gafsa, en Tunisie, se soulevait, entraînant pratiquement toute la population dans sa révolte. Ici aussi, la réponse fut une répression impitoyable, qui fit des morts, des blessés et jeta en prison un certain nombre de révoltés.

Auparavant, c’était les jeunes de Gdyel, dans la banlieue autrefois rurale d’Oran, en Algérie, qui s’était révoltés, mettant le feu aux bâtiments du pouvoir. Dans les trois cas, la cause immédiate des révoltes était la même : les jeunes diplômés chômeurs en avaient assez de ne pas obtenir de réponse à leurs revendications, de voir les concours d’embauche privilégier des parents et des proches des gens du pouvoir, souvent étrangers à la région et peu qualifiés, et d’être réprimés dans leurs tentatives de s’en sortir.

À Gdyel, les policiers avaient pris l’habitude de répandre du détergent sur les étals de poissons mis en place par les jeunes précaires, étals "sauvages" puisqu’ils n’avaient pas accès aux étals officiels du Souk El Fellah (marché) local. À Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, diplômé de l’Institut supérieur d’informatique de Mahdia, s’était mis à vendre des fruits et légumes sans autorisation. Les policiers lui avaient confisqué ses produits, ce qui a provoqué son geste de protestation.

Toutes ces révoltes ont des caractéristiques communes:
- Sous leur apparence spontanée, elles sont organisées. Les jeunes diplômés chômeurs se connaissent tous, se voient tous les jours, dans les mêmes rues, dans les mêmes cyber-boutiques. Ils ont tout le temps pour mettre au point leurs actions de résistance.
- Ils ont une méfiance absolue dans tout ce qui se présente comme "politique" – officielle ou opposante – et ne font confiance qu’à ceux qu’ils connaissent eux-mêmes, leurs pairs d’âge, les membres de leurs familles élargies, leurs enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur.
- Ils constituent une nouvelle classe, le cognitariat, équivalent du XXIème siècle du prolétariat du XIXème et du XXème siècle. Les prolétaires étaent ceux dont l’unique richesse était leur proles – leur progéniture en latin. Les cognitaires sont ceux dont la connaissance - cognitio en latin – est l’unique richesse. Ils savent tout de ce qui se passe dans le monde et aucune des barrières électroniques dressées par le régime – il y a en Tunisie un bon millier de policiers uniquement chargés d’Internet – ne les empêche d’accéder aux informations disponible sur la Toile dans toutes les langues du monde. Les pages créées sur Facebook par les jeunes de Sidi Bouzid comptent désormais des milliers d’inscrits.
- Les deux armes principales de ces jeunes sont donc le téléphone portable et Internet. À Sidi Bouzid, comme à Sidi Ifni, les images filmées sur des portables ont connu une diffusion mondiale, grâce à Facebook, Youtube et le relais des chaînes satellitaires arabes, en premier lieu Al Jazeera. Et la réaction du régime tunisien a été la même que celle du makhzen marocain: il s’en est pris à Al Jazeera, devenue l’incarnation de la fameuse " main invisible de l’étranger " à laquelle de tout temps, les dictatures ont attribué les révoltes logiques. Ce qui fait rigoler tout le monde.

Cette intelligence collective à l’œuvre dans les révoltes se heurte à la stupidité, à la veulerie, à l’impudence, bref au caractère totalement amoral du régime en place, qui n’est qu’une bande de profiteurs faisant étalage de leur richesse d’une manière qui ne peut que susciter la haine. Que peuvent penser les petites gens des palais des gens de la Famille régnante, de leurs jets privés, de leurs allers-retours entre Hammamet, Saint-Tropez et les Maldives ? Comment les jeunes en cage ne pourraient-ils pas s’identifier à "Pacha", le tigre que Sakher El Materi et Nesrine Ben Ali nourrissent dans leur palais de Hammamet ? Un tigre en cage restera tranquille et dépressif tant qu’il sera bien nourri. Mais il suffira qu’un jour, il n’ait pas sa ration de viande et là, il risque de manger la main qui ne le nourrit plus. Et le bras avec.

La jeunesse tunisienne est en train renverser le proverbe ottoman "Baise la main que tu ne peux mordre": "Mords la main que tu ne veux plus baiser". Les Bac+ ont entamé une marche qui ne pourra conduire qu’à la chute lamentable de celui que le peuple appelle "Bac - 12", et dont l’ambassadeur US lui-même, Robert F. Codec, écrivait en 2009 qu’il n’y avait plus rien à attendre. Il aura beau pérorer, gesticuler et prendre des mesurettes, il ne pourra pas endiguer le tsunami qui l’emportera, lui et sa smala. Mektoub – c’est écrit.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Note
* Karakouz: du turc Karagöz (Œil Noir), un des deux personnages traditionnels du théâtre de marionnettes ottoman. Karagöz est un homme du peuple illettré proche du public tandis que Hacivat appartient à la classe éduquée et s'exprime en turc ottoman en utilisant des tournures littéraires et des termes poétiques. En Tunisie, le terme Karakouz désigne la politique politicienne, que l’on peut résumer ainsi : d’un côté le RCD d'UBUenali et ses 5 appendices béni oui-oui, le MDSPUPUDUPSLPVP ; de l’autre les 4 ou 5 groupuscules de l'opposition extra-parlementaire, aussi appelés "l'Hôtel Majestic" (du nom d'un hôtel de Tunis où leurs chefs aiment se retrouver), qui pourraient tenir leur congrès d'unification dans une cyber-boutique et dont les leaders passent plus de temps à Paris qu'à Tunis.Congrès d'unification qui ne risque jamais d'avoir lieu tant ces mêmes leaders, tous plus "charismatiques" et imbus d'eux-mêmes les uns que les autres tiennent à avoir chacun son propre joujou.
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Re: Tunisie

Messagede spleenlancien le Mer 5 Jan 2011 12:01

Mohamed Bouazizi qui avait tenté de de s'immoler le 17 decembre est mort. Il a été enterré, en toute discrétion, l'info n'ayant pas été rendue publique par crainte des troubles...

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/ ... 49913.html
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Re: Tunisie

Messagede Antigone le Mer 5 Jan 2011 16:47

La Tribune (Algérie) - 05 jan 2011
http://www.latribune-online.com/evenement/45283.html

Des heurts lundi entre étudiants et policiers - La révolte sociale fait tache d'huile en Tunisie
par Makioussa Chekir

Ni le discours du chef de l'Etat tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, ni l'annonce de la dernière performance économique du pays (un PIB en hausse de 3,8 % au 3ème trimestre 2010), n'ont réussi à faire baisser la tension sociale qui mine depuis plusieurs jours le régime tunisien. Partie, le 17 décembre dernier de la localité de Sidi Bouzid (centre-ouest du pays), la contestation populaire a gagné, lundi dernier, Thala, à 250 km au centre-ouest de Tunis, qui a connu des affrontements entre des manifestants et des agents des forces de l'ordre, a rapporté l'AFP, citant une source syndicale.

Au nombre de 250 environ, les émeutiers sont pour la plupart des lycéens qui ont pris part à une marche pacifique pour exprimer leur soutien aux mouvements de protestation contre le chômage et la cherté de la vie dans la région de Sidi Bouzid. Cette marche, à l'origine pacifique, a dégénéré lorsque la police a essayé de contenir les manifestants en tirant des bombes lacrymogènes dont l'une est tombée dans une mosquée, selon le récit d'un témoin oculaire. Selon ce dernier, les manifestants pris de révolte et de colère ont mis le feu à des pneumatiques et au local du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). L'agence de presse française n'a pu obtenir de plus amples informations sur ces incidents auprès d'une source officielle.

Des lycéens ont pu, en revanche, manifester sans encombres dans la ville de Sidi Bouzid, à 265 km de Tunis, devenue le symbole de la rébellion du peuple tunisien. Samedi dernier, le bilan de ces heurts fait état de trois décès, alors que le pays a fait face à des turbulences sociales dans plusieurs localités. Les manifestations de lycéens coïncidaient, lundi, avec la reprise des cours après les vacances de fin d'année. Face à la chape de plomb qui frappe les libertés individuelles et collectives dans ce pays, notamment les libertés liées à l'expression, les étudiants en colère ont investi la toile, via le réseau social Facebook, pour appeler ce jour-là à une grève générale qui toucherait tous les lycées.

Devant l'aggravation de la tension sociale, le président de la République est intervenu, mardi 28 décembre, pour rassurer les citoyens quant à la prise en charge de leurs doléances et préoccupations sociales. A noter, enfin, l'impact des récents événements chez notre voisin de l'Est sur l'activité touristique dans ce pays dont l'économie en dépend en grande partie : cela a été perceptible à travers la baisse des demandes d'entrée en Tunisie par les nationaux à l'occasion des fêtes de fin d'année. Selon des tour-opérateurs et autres agences de voyages, les Algériens ont été moins nombreux à choisir cette destination contrairement aux années précédentes.
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Re: Tunisie

Messagede conan le Mer 5 Jan 2011 16:57

Il semblerait que demain soit un jour de grosse, très grosse manif, c'est vraiment le black out total des pouvoirs sur le sujet en ce moment mais ce serait bien de se tenir au jus au quotidien à partir de maintenant !
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Re: Tunisie

Messagede tagrawla le Mer 5 Jan 2011 18:05

TUNISIA Watch | 5/01/2011 | 5:12 | Société, Tunisie

Tunisie : mort de Mohamed Bouazizi qui s’était immolé à Sidi Bouzid

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Mohamed Bouazizi, le jeune vendeur de fruits et légumes qui avait tenté de s’immoler le 17 décembre à Sidi Bouzid, ville du centre ouest de la Tunisie, est mort de ses blessures mardi 4 janvier à 19 heures, selon sa famille.

Agé de 26 ans, ce diplômé chômeur s’était aspergé d’essence devant la préfecture après s’être fait confisquer sa marchandise par la police municipale parce qu’il n’avait pas les autorisations nécessaires.

Son geste de désespoir est à l’origine d’une vague de manifestations sans précédent dans tout le pays. Des défilés et des rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses villes, y compris la capitale, Tunis. Lundi, des nouveaux heurts ont opposé des lycéens et la police à Thala, une ville située à l’est de la Tunisie.

QUATRE MORTS

Le 28 décembre, le président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali s’était rendu au chevet de Mohamed Bouazizi, transféré au centre de traumatologie et de grands brûlés de Ben Arous, près de Tunis, avant de recevoir la famille.

Ce nouveau décès porte à quatre le nombre de personnes qui ont trouvé la mort au cours de ces troubles.
Le 22 décembre, toujours à Sidi Bouzid, un autre jeune chômeur Houcine Néji, 24 ans, s’était donné la mort en escaladant un pylône électrique, tandis que le même jour, un jeune diplômé, Mohammed Ammari, 18 ans, était tué par balles lors de graves affrontements avec la police dans la ville de Menzel Bouzaïane.

Enfin, Chawki Hidri, 43 ans, ingénieur en informatique, qui participait à la même manifestation et qui avait été blessé par balles, est mort le 31 décembre des suites de ses blessures.

Mercredi 5 janvier, Mohamed Bouazizi devrait être enterré à Sidi Bouzid. Demain jeudi, plusieurs manifestations de soutien au mouvement tunisien étaient prévues en Europe, au Canada, et en Algérie, avant l’annonce de son décès. A Paris, à l’appel de plusieurs organisations et partis de gauche, un rassemblement est organisé place de la Fontaine des Innocents.

Isabelle Mandraud – Le Monde – 05 01 2011


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Tunisie/Sidi Bouzid: affrontements entre lycéens et la police à Thala


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Des affrontements ont opposé lundi des manifestants et des agents des forces de l’ordre à Thala à 250 km au centre-ouest de Tunis, a-t-on appris lundi de source syndicale.

Environ 250 manifestants, des lycéens pour la plupart, ont participé à partir de 18h30 locales à une marche pacifique pour exprimer leur soutien aux mouvements de protestation contre le chômage et la cherté de la vie dans la région de Sidi Bouzid (centre-ouest), a indiqué à l’AFP une source syndicale qui a requis l’anonymat.

Cette marche pacifique a dégénéré lorsque la police a essayé de contenir les manifestants en tirant des bombes lacrymogènes dont l’une est tombée dans une mosquée, a raconté ce témoin oculaire

Furieux, les manifestants ont mis le feu à des pneumatiques et au local du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), selon la même source.

Aucune information sur ces incidents n’était immédiatement disponible de source officielle.

Par ailleurs, des lycéens ont pu manifester sans problème dans la ville de Sidi Bouzid à 265 km de Tunis, en proie à des troubles sociaux sur fond de chômage et de cherté de la vie, depuis le 17 décembre à la suite d’une tentative de suicide d’un jeune vendeur ambulant de fruits et de légumes.

Ces manifestations de lycéens coïncidaient lundi avec la reprise des cours après les vacances de fin d’année. (AFP – Lundi 03 Janvier 2011)
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Re: Tunisie

Messagede makno le Jeu 6 Jan 2011 14:03

Solidarité internationale avec le peuple Tunisien qui lutte pour sa liberté et dignitée.

Tout savoir sur la situation en Tunisie:

http://nawaat.org/portail/

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Re: Tunisie

Messagede makno le Jeu 6 Jan 2011 17:16

http://www.youtube.com/watch?v=UUQHgvos ... youtu.be&a


Source : Nawaat

Tunisie : Un blogueur et activiste arrêté à son domicile

La rédaction | Jan 06, 2011 |

De sources concordantes en relation directe avec la famille, le blogueur et activiste Hamadi Kaloutcha (pseudo) a été arrêté ce matin à son domicile par la police tunisienne.

Vers 6h30 du matin 5 ou 6 policiers en civils ont débarqué à son domicile et procédé à son arrestation. Aucune mandat n’a été présenté par les forces de l’ordre. Son ordinateur a également été confisqué.

En réponse au demandes insistantes de son épouse qui voulais savoir ou est ce qu’ils allaient le conduire et le motif de cette arrestation, les policier ont répondu qu’ils avaient “besoin de lui parler” et que “cela ne prendrait que quelques heures“. Hamadi Kaloutcha n’est toujours pas rentré chez lui.

Il est à noter que depuis ce matin le rappeur tunisien El Général aurait également été arrêté. Le rappeur avait défrayé la chronique en s’adressant au président dans un rap intitulé “Président, ton peuple est mort“. Nous nous disposons pas encore de plus d’informations sur les circonstances de cette arrestation.

Nous essayerons de vous tenir informé.

La rédaction
Malek
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Re: Tunisie

Messagede makno le Jeu 6 Jan 2011 20:57

Le réveil Tunisien
Nawaat.org | Jan 06, 2011

Cinq mille personnes ont assisté aux funérailles, le 5 janvier, du jeune tunisien qui s’était immolé par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid. L’effervescence persiste en Tunisie, notamment dans le centre-ouest (nous reviendrons sur cette situation dans notre édition de février). A l’appel du conseil de l’ordre, les avocats ont fait grève le 6 janvier pour protester contre les mauvais traitements dont ils sont l’objet de la part de la police. Ce mécontentement traduit les nombreux échecs du régime et met en lumière les défis auxquels il est confronté.

Le malaise social qui s’exprime ouvertement en Tunisie est indissociable de la crise économique. 2009 a marqué une rupture profonde : la croissance a réduit ses ambitions de moitié, les exportations industrielles ont fortement reculé, les touristes européens sont restés chez eux, les investisseurs étrangers également. La mauvaise récolte de 2010 n’a rien arrangé. Résultat, l’emploi a souffert : la croissance n’absorbe plus, bon an mal an, que la moitié d’une classe d’âge, contre près des deux tiers avant la crise.

Réélu il y a un an à l’issue d’un pseudo-scrutin présidentiel sans risque ni enjeu, le président Zine el-Abidine Ben Ali — au pouvoir depuis 1987 — doit faire face à quatre défis majeurs. Une dégradation rapide de la situation priverait à terme le régime de son principal produit d’appel vis-à-vis de l’étranger : la stabilité politique et sociale.

LA POLITIQUE.

L’exécutif écrase le régime, le président étouffe le modeste jeu des institutions pourtant prévu par la Constitution, le Parlement n’est qu’une chambre d’enregistrement, et la justice est aux ordres. Les quelques mesures prises en 2010 l’ont été pour la galerie comme, par exemple, les 20 % de sièges réservés à l’opposition, quel que soit son score, dans les conseils municipaux. L’ouverture s’impose d’urgence. Elle pourrait commencer au Parlement et au sein du parti. Les députés, même mal élus, plus au contact de la population et de la province que les hommes du président, doivent retrouver une influence dans la détermination des politiques publiques, avant que se tiennent rapidement des élections plus « propres » et sans exclusive.

Cela passe aussi par une réforme du parti dominant, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), héritier du Néo-Destour du père de l’indépendance Habib Bourguiba. Actuellement, le président de la République, qui est aussi président du parti, en nomme tous les responsables, du bureau politique aux secrétaires généraux, fédéraux ou de sections. Le rétablissement de l’élection comme mode de désignation de ses dirigeants lui redonnerait vie et offrirait un premier débouché au mécontentement.

L’INFORMATION.

Internet, Facebook et les télévisions satellitaires arabes ont mis à mal le contrôle de l’information en place depuis une vingtaine d’années. Le blocage médiatique n’a servi à rien, sinon à exaspérer l’opinion. Le ministre de l’information — que l’on pourrait plutôt définir comme ministre de la propagande — M. Oussama Romdhani, à la tête du secteur depuis 1996, l’a payé de son poste.

Depuis un an, le pouvoir, percevant quelque peu l’usure d’une façon de faire totalement obsolète, a pris quelques initiatives étriquées. Ayant fait racheter par son gendre le groupe de presse privé Dar Assabah, en ayant confié la direction à un professionnel reconnu, M. Ben Ali a toléré quelques audaces et un ton nouveau. Avec, bien sûr, une ligne rouge à ne pas franchir, la mise en cause, même légère, du pouvoir. Le 7 juin 2010, le président a ordonné des « rencontres périodiques » télévisées où des ministres dialogueraient avec les « parties concernées ». On promettait des « débats francs et ouverts ». Mais sans journalistes. Depuis la rentrée, quelques ministres s’y sont collés. L’opinion n’a pas vu la différence avec les habituelles émissions de propagande. Il faut à l’évidence changer de cap, libérer la presse et enlever le couvercle. La population, urbaine à 60 % et mieux instruite, le revendique avec force.

LES INÉGALITÉS.

Ce n’est pas un hasard si les dernières manifestations sont parties du gouvernorat de Sidi Bouzid, une région de l’intérieur enclavée et rurale. Le développement économique de ces vingt dernières années a profité d’abord aux zones côtières où se concentrent le tourisme, l’immobilier et les industries. La politique volontariste mise en place à partir des années 2000 n’a pas corrigé le mouvement, même si les efforts récents ont commencé ici ou là à porter leurs fruits, comme par exemple à Kairouan. L’intérieur, plus pauvre dans l’ensemble, continue à se sentir victime d’une discrimination sur le plan de l’emploi en faveur du Sahel et de la capitale, Tunis, dont sont issues les élites dans leur majorité.

A l’inégalité régionale s’ajoute l’inégalité sociale. Les 10 % les plus riches de la population perçoivent le tiers des revenus, les 30 % les plus pauvres doivent se contenter de moins de 10 % du PIB…

La fiscalité aggrave ces disparités au lieu de la corriger. Consommateurs et salariés supportent l’essentiel de l’impôt. Commerçants et entreprises y échappent largement. Le candidat Ben Ali avait promis dans son programme électoral de s’attaquer à l’un des abus criants de la fiscalité : l’impôt forfaitaire empêche d’imposer 350 000 contribuables qui contrôlent pourtant le tiers du PIB du pays. La loi de finances 2011, qui vient d’être adoptée, a oublié les promesses du candidat.

LA « FAMILLE ».

M. Ben Ali est à la tête d’une famille envahissante, qui contrôle une bonne partie des conglomérats industrialo-financiers du pays. Ses filles ont épousé quatre des plus riches héritiers du pays. Sa deuxième épouse, Leïla, symbolise aux yeux de l’opinion la rapacité de la famille. Elle a fait fermer par le fisc une école privée, implantée de longue date, qui faisait de l‘ombre à celle qu’elle voulait ouvrir. Son frère, Belhacen Trabelsi, marié à la fille du patron des patrons tunisiens, a pris le contrôle d’une banque privée grâce à l’intervention en sa faveur du gouverneur de la Banque centrale — qui a laissé sa réputation dans l’affaire.

Faire disparaître Mme Ben Ali de la une des journaux, où chaque jour elle parade, ne suffira pas à faire disparaître la suspicion. Le retrait de la « famille » des affaires et de la politique est un préalable. Son hostilité à toute concession politique ou sociale, la mauvaise santé du Président, âgé de 75 ans, font craindre qu’elle ne cherche à s’imposer dans la succession qui s’annonce.

Jean-Pierre Séréni
Le Monde Diplomatique

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Re: Tunisie

Messagede La Critique le Ven 7 Jan 2011 15:44

makno a écrit:Solidarité internationale avec le peuple Tunisien qui lutte pour sa liberté et dignitée.

Tout savoir sur la situation en Tunisie:

http://nawaat.org/portail/

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j'ai lu le texte "Tunisie : La fin du régime voyou"
et c'est assez médiocre, cette personne en appelle a une démocratie parlementaire a la francaise avec un parlement bourgeois.
je ne pense pas que ca règlera la situation des tunisiens.
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Re: Tunisie

Messagede La Critique le Ven 7 Jan 2011 15:49

voici un extrait su texte

"3) Nous sommes un peuple mature et adulte, nous demandons une assemblé nationale représentative, démocratiquement élue .. et qu’elle puisse avoir les moyens de contrôler efficacement le fonctionnement du pouvoir exécutif et d’être la garante de la voix du peuple. Nous demandons que les missions de l’administration tunisienne soient redéfinies, que les priorités de développement soient discutées et définis avec le peuple."

est ce qu'un peuple mature et adulte a besoin d'un régime bourgeois?
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Re: Tunisie

Messagede La Critique le Ven 7 Jan 2011 16:12

encore un extrait

"Quelles actions maintenant ?

Nous ne pensons pas que le régime voyou de Ben Ali soit capable de répondre à ces aspirations du peuple tunisien. Notre seule chance est de continuer la lutte jusqu’au départ définitif de ce voyou et de sa famille du pays.

Mais l’instant exige de passer d’une révolte populaire à une révolution encadrée."

encadrée par qui?
ce texte est décidément orienté vers le réformisme le plus primaire

et ici c'est pas mieux

"5) Notre richesse est notre peuple, nous demandons un gouvernement compétent, intègre et crédible, issue d’une volonté populaire exprimée dans des élections libres et démocratiques….Nous demandons de faire appel aux milliers de compétences tunisiennes en Tunisie et à l’étranger pour prendre en charge les secteurs clés de l’économie , du commerce et des institutions publiques et semi-publiques tunisiennes. Nous demandons un président qui préside, un gouvernement qui gouverne et un peuple souverain qui décide."

on se demande qui est derriere tout ca, lol :confus:
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Re: Tunisie

Messagede La Critique le Ven 7 Jan 2011 16:18

pour preuve de mon analyse.

http://www.afrique2010.fr/la-francafriq ... sie?cart=1

on voit bien que le régime démocratique parlementaire francais soutient le régime actuel en Tunisie.
donc meme si le régime change en Tunisie pour un régime similaire au francais rien ne changera que la facade, les gouvernants ayants les memes interets dans tout les pays.
La Critique
 
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