Espagne

Re: Espagne

Messagede Antigone le Sam 4 Déc 2010 07:22

AFP, La Tribune de Genève - 04 dec 2010
http://www.tdg.ch/depeches/economie/esp ... l-officiel

Espagne: contrôleurs menacés de prison s'ils ne reprennent pas le travail

Le gouvernement espagnol se réunira en séance extraordinaire samedi matin et pourrait déclarer "l'Etat d'urgence" menaçant de prison les contrôleurs aériens qui ne se présenteront pas à leurs postes de travail, a déclaré le vice-président du gouvernement, Alfredo Perez Rubalcaba.

"Le chef du gouvernement a décidé la convocation samedi matin d'un conseil des ministres extraordinaire qui déclarera, en conformité avec notre Constitution, l'Etat d'urgence, si la situation dans les aéroports ne se normalise pas complètement", a déclaré M. Rubalcaba devant la presse.
"L'Etat d'urgence suppose la mobilisation de tous les contrôleurs et la mise à la disposition immédiate de la justice de tous ceux qui ne se présenteront pas à leurs postes de travail, tombant ainsi sous le coup d'un délit pouvant entraîner de sevères peines de prison", a expliqué le ministre. Les contrôleurs aériens ont quitté leurs postes de travail vendredi vers 17H00 (16H00 GMT), entraînant la fermeture de la majeure partie de l'espace aérien espagnol.

Le gouvernement espagnol a ordonné aux militaires d'assurer le contrôle du trafic aérien, avait annoncé vendredi le ministre de l'Intérieur, après la grève surprise des contrôleurs.
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Re: Espagne

Messagede fu hsang le Sam 4 Déc 2010 10:14

......
heureusement que c est ces enfoires du psoe( ça s appelle encore comme ça ??? ) qui sont au pouvoir !!!!!!
fu hsang
 

Re: Espagne

Messagede Antigone le Sam 11 Déc 2010 19:14

Echanges n°134 - 06 dec 2010
http://www.mondialisme.org/spip.php?article1590

Plan d’ajustement pour crise rampante
La grève générale du 29 septembre 2010


Grève générale et réforme du travail

Le 29 septembre 2010, les appareils de représentation syndicale [espagnols] ont subi avec succès l’épreuve de la grève générale à laquelle ils avaient été obligés d’appeler pour la forme, face à une réforme du travail qu’ils considèrent « nécessaire » pour l’essentiel, mais qu’ils ne pouvaient laisser passer sans faire un geste au risque d’accentuer leur discrédit croissant. Il leur fallait sauver la face et laisser, pour cette fois, le gouvernement courir seul tous les risques. La journée de grève s’est passée relativement normalement, mis à part une agression par balles contre un piquet de grève à Getafe, trois grévistes renversés par une voiture et une centaine d’arrestations dans toute l’Espagne, dont 43 à Barcelone. Les arrêts de travail ont été massifs dans les grands centres industriels, où les principaux syndicats, Commissions ouvrières (CCOO) et Union générale des travailleurs (UGT), continuent à être largement présents, mais beaucoup moins importants dans les commerces et petites entreprises de services où la pression des gérants, dans les supermarchés, l’hôtellerie, la restauration, le commerce de détail, etc., peut s’exercer plus fortement qu’en usine ou que dans les centres administratifs.

A signaler à Barcelone la participation de jeunes agglutinés autour de l’Assemblea, qui ont occupé l’ancien siège du Banco de Crédito, place de Catalogne, objet d’opérations de spéculation immobilière successives du fait de son emplacement privilégié. L’édifice, investi au cours d’une action spectaculaire pendant les fêtes de la municipalité, l’est resté jusque dans l’après-midi du 29 septembre, quand il fut brutalement évacué par la police catalane. Le matin de ce même jour, un piquet de quelque 3 000 personnes s’était rassem­blé à proximité de la banque occupée, et pas seulement des jeunes « anti­système », comme le crétinisme médiatique se plaît à qualifier la jeunesse prolétarisée qui ne se résigne pas au consumérisme et à l’apolitisme dont on l’affuble généralement. Dans un premier temps, la police parvint à bloquer la marche en direction du centre-ville jusqu’à ce qu’elle fût débordée ; puis, après l’arrivée de renforts, la manifestation s’est dispersée par toute la ville. Il convient de souligner que c’est autour de cette Asemblea de Barcelone que se sont exprimées pratiques et idées allant au-delà des bornes étroites de l’imaginaire syndical.

Evidemment, gouvernement et syndicats se sont félicités du bon déroulement de ce jour de fête. Il est donc inutile de s’attarder sur les déclarations des uns et des autres à propos du nombre des participants. La grève générale a avant tout servi de test dans certaines communautés autonomes, à Madrid en particulier, gouvernées par le Parti populaire (PP), dans le cadre de la lutte politique qui oppose ce parti au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) afin de préparer le terrain pour les prochaines élections générales. L’action des syndicats a alors consisté à détourner l’attention en affrontant directement les gouvernements autonomes de droite; non sans que les syndicats majoritaires n’aient aussi avancé leurs propres cartes dans le jeu des conflits internes au PSOE, de l’affaiblissement de l’actuel chef du gouvernement et d’un éventuel remaniement à la tête du parti. Bien entendu, l’UGT, courroie de transmission du PSOE, et les CCOO étant gestionnaires d’une part de la base électorale dudit parti, il ne fut pas question d’exacerber les tensions contre celui-ci.

Implications de la réforme

Selon un aveu du chef du gouvernement fait à la Radio nationale espagnole le 1er octobre, la loi de réforme du travail, adoptée par le Parlement à une courte majorité, a pour principal objet d’éviter qu’une crise à venir ne provoque une augmentation brutale des chiffres du chômage comme lors de la crise actuelle et, en second lieu, de stimuler la création d’emplois. A cette occasion, il a exprimé son intention d’attirer des investisseurs étrangers et d’améliorer l’octroi de crédits en « assainissant » banques et caisses d’épargne qui ont reçu des milliards d’euros ces derniers mois. Concrètement, la réforme envisage, entre autres mesures, la mise en place d’incitations aux entreprises afin de soutenir l’embauche en contrats à durée indéterminée (CDI) et réduire le nombre élevé de contrats temporaires, de simplifier les formalités administratives réglementant l’emploi et l’horaire de travail tout en accordant des ristournes sur la part patronale de cotisation à la Sécurité sociale, une réduction substancielle des indemnités de licenciement par une contribution du Fonds de garantie salariale à leur paiement (ce qui veut dire moins à débourser pour l’entreprise), et la création d’agences de placement qui consacrent le prêt de main-d’œuvre.

Par ailleurs, et c’est un point sensible pour les syndicats, la loi laisse la porte ouverte aux entreprises qui voudraient s’affranchir individuellement des conventions collectives, leur abolition étant une des revendications du patronat espagnol et la raison pour laquelle il a refusé de soutenir formellement la réforme. Pour les syndicats, les conventions collectives sont l’instrument de reconnaissance pratique de leur rôle de médiateurs par rapport à la force de travail et, surtout, elles leur ouvrent l’accès à certains fonds administratifs, les fonds de formation entre autres, une source de financement non négligeable. Sans compter un droit de négociation sur les nouvelles embauches arraché au patronat qui, grâce à ces conventions collectives, étend leurs relations clientélistes au sein des entreprises.

La réforme marque une progression du processus de dérégulation du marché du travail entamé depuis plus d’une vingtaine d’années entre renoncements successifs et abandons des droits des travailleurs, au nom de la création d’emplois, qui n’a servi qu’à accroître l’accumulation du capital sans profiter aux secteurs dits « productifs »; au cours de ces dernières années, la création d’emplois s’étant principalement effectuée dans les services faiblement qualifiés, qui dépendent étroitement de la conjoncture internationale et des crédits faciles, tels que le tourisme et l’immobilier.

Aucune perspective de redressement n’est en vue, ainsi que le confirme le budget prévisionnel ordinaire de l’Etat pour 2011. Considérant les coupes qui devraient concerner plusieurs postes, on peut dire que c’est un budget de maintien de paix sociale avec injection d’argent dans les infrastructures, qui prolongent le plan E d’investissement public mis en œuvre pour faire face au premier impact de la crise, et dans le financement social au sujet duquel le chef du gouvernement affiche ostensiblement son volontarisme (58 % du budget total pour 2011). De toutes façons, il ne s’agit pas de dépenses susceptibles de dynamiser l’économie mais de simples mesures de circonstance, dans une période d’expectative où l’on invoque le vague espoir d’une amélioration de la situation économique.

C’est pourquoi, envisagée du point de vue d’une éventuelle hausse de l’accumulation du capital, cette réforme du travail n’est qu’un palliatif aux effets très limités. Il se peut qu’elle contribue à escamoter le chômage par une redistribution des postes de travail disponibles entre un plus grand nombre de travailleurs, mais il est plus que douteux que ces postes suffisent à occuper les quatre millions de chômeurs actuels. Une hypothèse fondée sur le fait que, concrètement, les conditions des nouveaux contrats fixes se rapprochent de celles des contrats temporaires grâce à des dispositions importantes, prévues par la nouvelle loi, qui touchent à la réglementation du travail et des licenciements et qui contredisent la rhétorique officielle accompagnant la réforme et ses prétentions à favoriser l’emploi en contrats à durée indéterminée.

D’autre part, la marge d’intervention sur les salaires est de plus en plus réduite si l’on ne veut pas accélérer la chute de la consommation qui, comme on le sait, est une des composantes fondamentales de l’activité économique. Il ne faut pas oublier que la frénésie de consommation de ces dernières années n’était pas tant due aux salaires qu’aux facilités de crédit et d’endettement. Le salaire minimum interprofessionnel était en 2007 de 633,30 euros par mois (451,20 euros en 2003), selon les derniers chiffres officiels disponibles de l’Institut national de la statistique. Cette année-là, le revenu annuel d’un foyer s’élevait à 26 010 euros et celui d’une personne seule à 9 560 euros; mais les conséquences de l’extension de la crise depuis le milieu de l’année 2008 a fait reculer ces chiffres, et dans le même temps, le nombre des « milleuristes » (actuellement, un peu plus de 50 % des salariés ne perçoivent pas plus de 1 000 euros par mois) s’est accru.

Faiblesse structurelle

L’éclatement de la bulle immobilière a mis en évidence, entre autres, la faiblesse structurelle du capitalisme espagnol et l’inconscience du développement de ces dernières années fondé sur l’endettement à tout va des consommateurs. Le fait est que la situation en Espagne se révèle être celle d’un pays à mi-chemin entre économies capitalistes avancées et économies des pays émergents, avec un enkystement prévisible du chômage à 20 % de la population active, touchant particulièrement les jeunes et les femmes. Rien ne prouve que les incitations à l’emploi de ces jeunes et de ces femmes promises dans l’actuelle loi de réforme du travail aient des effets plus positifs sur le chômage que les mesures allant dans le même sens adoptées dans les pactes antérieurs. Nous savons quels résultats s’en sont suivis de la rengaine que l’on nous sert à chaque fois pour justifier les pactes pour l’emploi, de compétitivité, etc. signés par le gouvernement, le patronat et les syndicats. Dans le contexte actuel de crise systémique mondiale, les potentialités de relance d’une économie dépendante comme l’est celle de l’Espagne sont peu convaincantes.

Le changement structurel en faveur des secteurs productifs préconisé par le gouverne­ment est un simple vœu pieux, une promesse peu crédible si l’on cherche à savoir quels sont ces secteurs et quelle est leur capacité à créer des emplois de masse. Des questions auxquelles, évidemment, personne ne peut répondre. Les quelques secteurs productifs espagnols jouissant d’un certain niveau de compétitivité: la fabrication de matériel ferroviaire, l’industrie pharmaceutique, la bioingénierie, l’outillage, l’alimentation, l’automobile, etc., sont soit forte­ment affectés par la concurrence asiatique, soit des secteurs à capital intensif. De surcroît, cette absence chronique de compétitivité de l’économie espagnole inspire, en général, méfiance au capital financier. C’est ainsi que les hiérarques de la banque hispanique viennent d’annoncer une hausse prévisible des types d’intérêt et un strict contrôle de l’octroi de crédits.

Les mesures de compensation mises en œuvre pour contrebalancer l’agression que la nouvelle réforme représente pour les salariés, bien qu’insignifiantes parce que quantitativement misérables, afin de ne pas aggraver le déficit, contribuent toutefois à atténuer le malaise social. Elles expliquent, en bonne partie, la faible réponse sociale au plan d’ajustement appliqué par le gouvernement conformément aux ordres des hautes sphères de la finance internationale, sous prétexte de faire face aux intérêts de la dette espagnole. D’autre part, les mesures adoptées s’inscrivent dans le cadre général d’une stratégie d’expropriation des salariés qui consiste à faire appel au patrimoine accumulé par les familles de travailleurs pour compenser l’insuffisance des dépenses sociales de l’Etat. Le chef du gouvernement espagnol en personne loue l’« effort des familles », comme le président de la Catalogne avant lui en décembre 2009. Il ne faut pas oublier que l’entretien d’une part considérable de la jeunesse prolétarisée dépend des ressources de leurs familles, totalement ou en complément des maigres revenus provenant des aides à la formation, des contrats temporaires, des débrouilles, des bourses, etc.

Qui plus est, le lance­ment d’une récente campagne médiatique incite les chômeurs à devenir entrepreneurs. On pourrait en rire si ce n’était pas grotesque. Il s’agit, finalement, d’ajouter un outil à la stratégie d’expropriation, ou de pure dilapidation, des biens familiaux accumulés qui fait son chemin dans certains esprits vulnérables aux messages de publicitaires stipendiés par l’administration. Le but en est clairement de promouvoir l’auto-entreprenariat comme moyen de masquer le chômage. Les quelques cas qui parviennent à s’en sortir ne peuvent cacher l’énorme rotation affectant les petits commerces que l’on peut constater tout simplement en se promenant dans n’importe quelle ville; une rotation qui annonce, généralement, la perte des économies familiales ou des indemnités de licenciement investies dans le négoce sur lequel on a jeté son dévolu. La prolifération de bars, restaurants, magasins de mode, salons de coiffure, cen­tres d’esthétique, écoles de danse, services de dessins graphiques, etc. atteint un tel niveau de saturation qu’il ne peut conduire qu’à prolonger sa propre exploitation ou à la faillite.

Le fait même de recourir à l’idéologie de l’entreprenariat et à l’initative individuelle, alors que l’accès au crédit est extrêmement restreint et que l’investissement nécessaire pour la bonne marche de n’importe quelle activité a atteint un niveau disproportionné par rapport aux ressources des aspirants entrepreneurs, dénote le peu de confiance que les gouvernants entretiennent vis-à-vis de leurs mesures de création d’emplois.

Pendant ce temps, les restaurants de bienfaisance ne désemplissent pas et les queues dans les paroisses et les banques alimentaires sont de plus en plus longues. Il est clair, pour le moment au moins, qu’il n’y a là aucun risque important d’instabilité sociale. Bien qu’elle ne concède pas grand-chose, la politique d’endiguement social se révèle efficace à court terme en ce qu’elle maintient le processus de dégradation générale des conditions de vie de la population laborieuse à l’intérieur de limites acceptables. La baisse même du traitement des fonctionnaires n’a entraîné aucune réaction notable de la part des personnels concernés. D’une certaine façon, l’idée s’est imposée parmi ceux qui ont un poste de travail « assuré » qu’ils font partie de ces privilégiés qui peuvent aller jusqu’à la fin du mois sans trop de heurts. La prolongation de diverses aides, l’augmentation du budget affecté aux bourses, l’extension de l’indemnisation du chômage (80 % des chômeurs), tout ce que le gouvernement qualifie de politiques sociales, sont des palliatifs dont les effets sont destinés à s’épuiser peu à peu, confinés dans des bornes de plus en plus étroites; en l’absence de mobilisations importantes, ces politiques ne sont inspirées que par la pression latente exercée par la masse croissante de ceux qui voient leurs conditions de vie empirer inéluctablement.

Maintenant les retraites

C’est en plein milieu de cette incertitude grandissante que le gouvernement a ouvert un nouveau front offensif contre les retraites. Au lendemain de la grève générale, les syndicats ont été invités à négocier la réforme du système des retraites en vue d’un allongement de deux ans de l’âge de la retraite, de 65 à 67 ans, ou de la période de cotisation donnant droit à 100 % du régime de base, qui passerait de 35 années actuellement à 40.

L’objectif du gouvernement est d’étendre la durée de cotisation selon une stratégie à moyen terme visant à freiner l’inévitable appauvrissement de cette partie de la population, les retraités, dont le nombre ne cesse de croître. Le chef du gouvernement fait fréquemment allusion à cette amélioration des retraites comme étant l’un des aspects marquants de sa gestion. Mais le fait est qu’en 2008, la pension médiane était de 719,68 euros par mois pour un peu plus de 8 390 800 retraités, et qu’un pourcentage non négligeable d’entre eux (15 %) percevaient moins de 500 euros mensuels. Il est vrai que la stratégie social-démocrate s’est orientée ces dernières années vers une augmentation des retraites les plus basses; une mesure logique du point de vue comptable de l’Etat, puisqu’il est tout simplement impossible de survivre avec 336,25 euros par mois (le minimum perçu par 432 000 retraités en 2008) sans recevoir d’autres aides sociales, qui grèvent les dépenses publiques, sans recourir aux organismes de bienfaisance ou sans prélever sur les économies accumulées au cours de sa vie active, ou bien encore sans demander de l’aide à ses enfants.

A moins d’être propriétaire ou de disposer d’économies susceptibles de compléter ses rentrées d’argent, personne ne peut vivre autrement que dans la précarité avec une retraite médiane. C’est le taux élevé du régime de propriété en Espagne (80 %) et l’accès à des ressources d’appoint qui expliquent que la misère des retraités actuels ne soit pas alarmante, sauf pour ceux qui se trouvent au plus bas de l’échelle. Toutefois, cet état de chose empire à toute vitesse à cause de l’érosion des ressources familiales consacrées à assister des enfants sans emploi ou dont les revenus ne leur permettent pas de boucler les fins de mois.

De toutes façons, l’allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, légitime du point de vue comptable de l’Etat, entre en contradiction flagrante avec la politique suivie jusqu’alors, consistant à favoriser ou subventionner les pré-retraites ou les contrats subrogatoires dans l’espoir de libérer des postes de travail pour les jeunes. Une contradiction de plus, parmi d’autres, que les gestionnaires du capital, constamment pris en tenailles par la crise structurelle rampante, ne peuvent dissimuler, quelle que soit leur couleur partisane.

Alliance générationnelle dans une société prolétarisée ?

Au boulet économique et social que représente le nombre croissant de retraités pour le rétablissement du taux d’accumulation du capital et à l’interventionnisme de l’Etat en vue de maintenir leur paupérisation dans des limites tolérables, s’ajoute la réalité d’une jeunesse prolétarisée dont les perspectives d’épanouissement ne cessent de se rétrécir dans l’hyper-marché capitaliste. Les données officielles elles-mêmes ne peuvent occulter cette réalité qui s’impose comme qu’elle est un symptôme de plus de la décomposition larvée de la société capitaliste.

La loi de réforme du travail, votée en juin, et les mesures annoncées en faveur du régime des retraites mettent en évidence que les deux fractions de la population prolétarisée sur lesquelles reposent les conséquences immédiates d’une supposée sortie de crise sont les jeunes, par la voie de leur surexploitation ou de leur exclusion douce (bourses et aides à la formation qui repoussent leur entrée sur le marché du travail) ou dure (chômage, économie souterraine, prison), et les retraités.

Cette situation objective, concrète et immédiate, de victimes de la crise rampante du capitalisme peut-elle déboucher pratiquement sur une forme d’intervention politique contre la classe dominante ? Cela dépendra, en bonne partie, de la marge de manœuvre laissée à la classe gestionnaire du capital pour appliquer des mesures de contention sociale; ce qui, étant donné les caractéristiques de la crise actuelle, ne semble pas une tâche facile, pas seulement en Espagne. Du reste, l’expérience de la précarisation par la jeune génération prolétarisée fait germer l’idée, au moins chez une fraction d’entre elle, qu’elle n’a rien de bon à espérer de l’évolution de cette société.

Ce qui est intéressant, et à un certain point nouveau, dans cette situation, c’est que l’on n’assiste pas à une remise en cause du capitalisme s’épuisant dans l’idéologie pure; au contraire, précisément parce que cette remise en cause participe elle-même aux contradictions de la société capitaliste à son niveau actuel de développement, elle s’exprime en idées, en principes, en valeurs, en désirs, etc. et surtout en actes qui ne trouvent pas place, qui ne peuvent finalement pas se déployer, à l’intérieur des coordonnées de la société dominante.

Pour le moins, cette constellation de subjectivités que le crétinisme rémunéré de l’appareil médiatique qualifie d’« anti­système » (néoruraux, okupas [squatters (NdT)], précaires des deux sexes et de tous âges, etc.) pose d’emblée des questions auxquelles il est impérieux de répondre, car elles concernent l’existence réelle, matérielle, concrète des gens, contrairement au syndicalisme empêtré dans de vaines négociations à la remorque du capital. On touche là à une réalité vécue de jeunes exclus qui se juxtapose à la réalité quotidienne de millions de retraités également indésirables parce qu’improductifs. Pour peu probable que puisse paraître une convergence de fait entre ces deux réalités, on ne peut toutefois s’empêcher de la considérer comme possible, objectivement possible, parce que, précisément, il ne s’agit pas d’une convergence idéologique ou esthétique, mais d’une nécessité découlant directement des conditions matérielles de vie des jeunes prolétarisés et des vieux improductifs.

Cette possibilité qui – pourquoi pas ? –, pourrait être aussi celle d’une convergence éventuelle entre la vieille militance ouvrière et les pratiques de la nouvelle génération prolétarisée ne résulte pas d’une intuition intellectuelle ou doctrinaire, encore moins d’une énième illusion du discours révolutionnaire, mais du constat qu’une réalité est apparue au cours de la crise capitaliste, qui a à voir avec les conditions de vie matérielles de la fraction la plus pénalisée de la société prolétarisée.

Corsino Vela
5 octobre 2010
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Re: Espagne

Messagede spleenlancien le Ven 7 Jan 2011 15:38

Gaëlle Lucas, pour myeurop.Info, repris par Rue 89 a écrit:En Espagne, près de 300 000 enfants pourraient avoir fait l'objet d'adoptions frauduleuses depuis les années 40 jusqu'aux années 90. La justice commence à entendre les victimes de ce juteux marché.

Dans ce dossier, le traditionnel silence qui entoure les crimes du franquisme en Espagne n'a pas pu, cette fois, étouffer la clameur des victimes d'une tragédie qui brise encore des vies trente-cinq ans après la mort de Franco.

Depuis plusieurs mois, les personnes affectées par les adoptions illégales réalisées sous la dictature réclament, si ce n'est justice, au moins la vérité sur leur passé. Et les médias s'en font écho, dans une Espagne toujours divisée sur les questions de la mémoire historique.

Trente mille enfants enlevés à des mères républicaines
Le trafic d'enfants qui a sévi en Espagne des années 40 aux années 90 plonge ses racines dans la dictature franquiste.

Après la guerre civile espagnole (1936-1939), environ trente mille enfants ont été enlevés à leurs mères républicaines pour être confiés à des institutions publiques ou à des familles proches du régime du général Franco. Le but était d'éviter que les mères « contaminent » leur progéniture avec leurs idées subversives.

Dès les années 60 toutefois, ce sont des motifs purement crapuleux qui ont permis la perpétuation de ces « vols », donnant lieu à un vrai trafic. Les enfants étaient alors enlevés à des femmes vulnérables, mineures ou en situation de précarité sociale, et remis moyennant paiement à une famille adoptive.

Lorsque les mères n'avaient pas « cédé » leur enfant, on leur faisait croire qu'il était mort-né. Pour éviter tout problème, on leur affirmait que l'hôpital se chargerait des formalités administratives et de l'enterrement.

Le phénomène a été particulièrement intense entre 1960 et 1980. Le sociologue Francisco Tena, qui s'est spécialisé dans cette affaire, affirme toutefois (au quotidien El Mundo) avoir vu des cas jusqu'en 1995, soit vingt ans après la mort de Franco.

« Réserver » un bébé pour le prix d'un appartement

« Il s'agissait d'une affaire juteuse », déclarait il y a quelques mois sur le plateau de télévision d'une émission d'Antena 3, Antonio Barroso, qui a appris il y a quelques années sa condition d'enfant volé. Pour un prix équivalant à un ou plusieurs appartements, des couples en mal d'enfants « réservaient » un bébé qui leur était remis dans un lieu et à une date prévus à cette fin.

L'Association nationale des affectés par les adoptions illégales (Anadir) a calculé que 300 000 enfants pourraient avoir fait l'objet d'adoptions frauduleuses. Malgré l'ampleur du phénomène, il semble qu'il soit le fait de personnes isolées et non d'institutions hospitalières ou religieuses, bien que des bonnes sœurs et des prêtres, travaillant dans les établissement hospitaliers concernés, aient pris part au trafic.

Aujourd'hui, mères et/ou enfants victimes de ce système veulent connaître la vérité et la justice espagnole commence à les entendre. Ainsi, le parquet de Cadix a récemment accepté d'ouvrir des enquêtes sur des bébés disparus entre 1960 et 1980.

L'Anadir, créée par Antonio Barroso et Juan Luis Moreno, un autre enfant « acheté », prévoit de déposer une plainte pour enlèvement et trafic d'enfants, le 27 janvier prochain, dans l'espoir que la tragédie fasse l'objet d'une enquête nationale.

Y a-t-il prescription ? Les juristes ne se mettent pas d'accord. Pour certains, quarante ans après, il est trop tard ; pour d'autres, ce genre de délits, qui impliquent la disparition de personnes, ne se prescrit pas. Le 27 janvier, Anadir offrira à la justice l'opportunité de se pencher sur le passé encore à vif de l'Espagne.



Article original :
http://fr.myeurop.info/2011/01/06/les-e ... ustice-958
spleenlancien
 

Re: Espagne

Messagede Nico37 le Mar 23 Aoû 2011 14:54

CHASSE AUX SORCIÈRES AU SEIN DE L’EXTRÊME DROITE CATALANE 15 août 2011 | par F.T. | *

Ancienne figure de proue du Front National espagnol, le leader du PxC Josep Anglada est accusé par les dissidents de «diriger sa formation comme une secte».
Deux élus, un gay et une femme fiancée avec un Camerounais, ont claqué la porte du PxC. Ils affirment avoir subi des pressions au sein de cette formation xénophobe en plein essor.
C'est le petit parti qui a le vent en poupe, en ce moment en Catalogne. Le PxC, Plateforme pour la Catalogne, un parti autonomiste d'extrême droite qui fait de la lutte contre les immigrés sa priorité absolue, a subi coup sur coup deux sérieux revers. Deux de ses élus municipaux dans son fief de Salt (près de Gérone) ont démissionné en moins de 24 heures et rejoint les rangs du parti de droite CiU. Le dernier en date s'appelle Carles Bonet. «Je m'en vais avant qu'ils me mettent dehors», a-t-il expliqué aux médias. Bonet a confié que son homosexualité «ne plaisait pas» au parti, et moins encore le fait que son partenaire est originaire de République dominicaine. Il a été accusé, en outre, de ne pas être «assez radical avec la question de l'immigration.» C'est à des reproches similaires que s'est exposée la municipale Juana Dolores Martínez, fiancée à un Camerounais que ses camarades de parti disaient être sans papiers. Elle a claqué la porte du PxC en accusant la formation de dérive «nazi».

DES «INFILTRÉS»

D'après le leader de la Plateforme Josep Anglada, ces défections sont le résultat d'une machination ourdie par les principaux partis de Catalogne. Créé en 2002, le PxC a connu un essor spectaculaire ces huit dernières années au niveau municipal. S'il est encore absent du Parlement régional (2% des voix aux élections de 2010), il a remporté des succès importants dans certaines villes à forte population étrangère, notamment 14% aux municipales de Salt, en mai dernier. Une croissance trop rapide, selon son état-major, qui réclame aujourd'hui de nettoyer les «infiltrés» de ses rangs.
Nico37
 

Re: Espagne

Messagede Ben B. le Lun 14 Mai 2012 17:52

« A propos du caminar indignado »

Le mouvement dit des « indignés », particulièrement dans l’Etat espagnol, continue de susciter des réflexions de toutes sortes ; sur ce qu’il peut signifier comme mouvement singulier au regard des expériences précédentes, sur ce qu’il dit de la période dans son sens le plus large et ses capacités à peser dessus, à modifier l’état de choses existant, sur, comme l’on dit généralement, ses potentialités (ce qu’il ouvre, débloque…) et ses limites, ses contradictions internes et ce qui les fait tenir ensemble… Le texte qui suit est une contribution supplémentaire à une réflexion qui doit demeurer ouverte et permanente, particulièrement à cause de la période instable que nous vivons, en Europe notamment. Réflexions, discussions sur les conditions de possibilité de (re)formuler des propositions, essentiellement pratiques, cherchant à articuler les résistances sociales multiformes au commandement capitaliste (à ses injonctions disciplinaires et sa logique destructrice, nihiliste et mortifère) et des expériences de lutte, créatives et créatrices, en tous cas émancipatrices, indiquant que la sortie du capitalisme est non seulement nécessaire mais également tout aussi désirable que possible.

Mai 2011. En simplifiant, nous appelons 15M le début dans la région espagnole d’un « mouvement », moins comme réponse mimétique à celui qui s’est développé dans les rues arabes, et plus particulièrement en Tunisie et en Egypte, mais comme réponse à une situation de formes très différentes, mais de même nature : contre la marche accélérée de l’actuel système technique et capitaliste qui, en croissant, contamine, détruit la planète et nous conduit à la misère. Mouvement non seulement comme le résultat de la puissance de mobilisation des réseaux internautes – qui existe –, mais conséquence logique et nécessaire que cette même marche du système capitaliste précité nous impose. Pas tant un mouvement surgi par génération spontanée, mais précédé par des luttes amples, si nous pensons par exemple l’occupation de la Banque Banesto [en soutien de la grève générale de 24 heures de septembre 2010] ou le mouvement V de Vivienda [lutte pour le logement et contre la métropolisation en 2006-2007] à Barcelone, au niveau local, ou les émeutes de la faim dans une grande partie de la périphérie capitaliste, à un niveau général Contre ce rythme accéléré du système, s’oppose une marche indignée qui questionne l’organisation et la hiérarchisation sur ce monde qui nous est imposée ; une marche en avant qui soulève des questions et des interrogations sur ce mouvement lui-même et sur les réponses qu’il a formulé depuis son départ C’est d’affronter une situation identique qui explique l’internationalisme du mouvement, la réponse qui parcourt une bonne partie de la géographie et unifie les actions, les formes – assembléaires – et les discours. On a pu compter des actions simultanées, à certains moments, dans plus de 900 villes en Europe, Amérique, Asie et Afrique, et les mêmes slogans parcourent ce territoire.

Un « mouvement » hétérogène

C’est la matérialité de l’enjeu, la matérialité de l’action de ce système sur nos vies, qui fait confluer ici, dans la région espagnole, dans un même mouvement, des personnes et des opinions aussi diverses. Diversité en âge, en revenant ainsi aux discours de l‘auto-organisation et des assemblées des années 1970. Diversité dans l’idéologie et les manières de comprendre le système que nous combattons, certains critiquant seulement ses aspects les plus indécents avec des propositions allant dans la même logique que celle du système qu’ils déclarent discuter avec des modes de dénonciation renforçant ce qui est dénoncé, d’autres proposant de modérer ses défauts au moyen d’une gestion différente de cette société et d’autres qui veulent se plonger dans ses causes et pas seulement dans ses effets afin d’en sortir, en pensant que des changements majeurs ne sont pas possibles à l’intérieur du système capitaliste, qu’il n’est pas possible de sortir du capitalisme en restant dedans. Diversité aussi à l’égard de leurs relations avec les médias et avec la technique en général : depuis les amateurs passionnés des nouvelles technologies qui les considèrent comme des éléments libérateurs, jusqu’à ceux qui critiquent la totalité du progrès technique ; certains pensant que nous pouvons utiliser la technique, d’autres que c’est la technique qui se sert de nous. Diversité aussi dans les perspectives : ceux qui saluent dans ce mouvement le retour de la « question sociale » et ceux qui dans le mouvement sont plus sceptiques et prévoient déjà sa fin inéluctable. Diversité également dans l’engagement : ceux qui proviennent de vieilles militances, ceux qui, jeunes, sont en train d’élaborer un travail militant, et les plus critiques envers tout militantisme considérant que mettre sa vie au service d’une cause est, trop souvent, transformer la cause en dogme. Une si grande diversité empêche peut-être de parler d’un mouvement, c’est pourquoi au début nous l’avons mis entre guillemets : et c’est seulement par souci de simplicité que nous utilisons ce terme qui comprend de si nombreuses et diverses conceptions et tendances. Mais ce qui maintient dans un même regroupement ces sensibilités et ces raisonnements n’est pas tant la critique idéologique et militante appelant à un changement, que la pression qu’exerce sur eux le système lui-même (coupes dans les salaires, dans les conditions de vie, dans les libertés). Comme cela s’est produit avec la critique du travail : dans les années 70, elle a été menée au niveau critique et militant, et dans les années 80 c’est l’activité même du capital qui a laissé les travailleurs sans travail et a transformé le travail en une denrée rare. Ou, comme c’est le cas maintenant avec la consommation : si dans les années 60, dans la société de consommation (obligatoire) sa critique idéologique était subversive, maintenant c’est le discours du capital lui-même, dans son processus de valorisation, qui fait la critique pratique de la consommation en réduisant les salaires et prestations sociales, tendant à mettre fin à la société de consommation telle qu’elle s’était développée dans les pays du centre capitaliste.

Pouvoir d’agir contre représentation

L’arme dont s’est doté ce mouvement est l’assemblée : horizontalité, recherche du consensus (pas l’uniformité, qui pulvérise les minorités), pour éviter le vote qui nous sépare. Pour la coordination, délégués rotatifs et révocables. Pour son développement, il se dote des outils qui évitent la manipulation, la répétition des propositions, la rhétorique qui peut obtenir des assemblées l’approbation de propositions moins intéressantes que d’autres et présentées plus brutalement… Étant conscient de ce qu’une assemblée peut être manipulable, sans la mythifier pour autant, simple moyen et en même temps fin, en ce sens qu’elle visibilise l’ambition émanant du mouvement : une critique de la représentation, une société d’égaux. « Personne ne nous représente » l’un des slogans les plus scandés, se réfère à cette critique de la représentation. L’absence de drapeaux dans les manifestations, les rassemblements et blocages devant le Parlement, l’insistance à ne pas dialoguer avec l’administration, l’occupation de la rue et des lieux publics, en disent long sur les manières de voir et le sens profond de cette pluralité (organisée) en mouvement. « Nous allons lentement, parce que nous allons loin », un autre des slogans les plus scandés, en révèle aussi beaucoup sur l’orientation future de tant de sensibilités, raisons et raisonnement rassemblés. Au-delà des récits émancipateurs projetés vers l’avenir, ce qui domine est l’intervention ponctuelle, l’entraide, dans un chemin qui se sait long parce que ce dont il est question, pour beaucoup, ce n’est pas d’apporter trois ou quatre retouches, mais le système lui-même. Ce mouvement ne dessine aucun futur (ici certains y voient ses carences, d’autres ses succès), mais plutôt il l’anticipe. La décentralisation, la dissolution de la centralité de la Place de Catalogne à Barcelone, par exemple, et le rôle principal joué par les assemblées de quartiers et de villes signalent, au-delà d’une meilleure communication par le simple fait d’être moins nombreux, la critique de la mégalopole et de son pouvoir de décision et l’affirmation de la dimension locale. C’est ici, à l’échelle locale, que se modifient les relations de voisinage (repas de rue, cinéma de quartier, marchés d’échanges, tentatives d’éviter la médiation de l’argent…), les espaces (occupation des rues, des places, jardins potagers…), le langage (échange de connaissances, d’émotions, de réflexions). C’est là où la solidarité s’active spontanément, mise en évidence, par exemple, dans la mobilisation contre les expulsions, etc.

Quelques questions

Questionner, s’interroger sur les aspects du mouvement ou sur le mouvement lui-même est tout à fait logique dans un mouvement qui, plus qu’une réponse (il n’a pas de programmes, il ne dessine aucun futur) est une question. Question que suscite le retour de la « question sociale ». Question sur la façon de sortir du système actuel (pour certains, simplement corrompu ; pour d’autres, néo-libéral ; pour d’autres encore, technique et capitaliste…) et génère une pluralité de réponses, et parmi elles, certaines qui confluent dans une activité nettement marquée par un caractère antihiérarchique indiquant une volonté de transformation fondamentale du système.

Question sur le rôle que joue la théorie dans son succès sur les propositions à mettre en œuvre pour sortir de la situation actuelle. Élucider si analyser les causes de ce malaise empêche de se perdre dans des retouches pour le modérer, retouches pour allonger la durée de vie de ce système …, ou si critiquer ses fondements est la condition pour agir sur les causes … Peut-être que mettre l’accent sur l’importance du travail théorique pour construire une autre société, c’est donner vie aux avant-gardes, aux minorités qui reflètent la hiérarchie qu’elles disent abolir, qui connaissent la direction à prendre ou ne pas prendre en critiquant les personnes ordinaires, les gens du commun, qu’Orwell appelait « common decency ». L’idée de considérer les gens en général comme grégaires, passifs, est plus le résultat de séances prolongées devant la télévision ou de la lecture des chroniqueurs et des critiques des faits de société, que le produit de l’observation immédiate, dans une relation d’égal à égal, que te donne à voir la décence ordinaire des personnes communes, plus prêtes à des pratiques désintéressées, à la solidarité, au partage, à l’entraide, et à la méfiance envers l’autorité, attitude venant du fait de se savoir en butte aux lois de l’Etat et de l’économie. Il ne s’agit pas ici de magnifier les gens par le fait d’être pauvre et de leur donner par là une supériorité morale, nous sommes bien enseignés par Marius Jacob : « J’ai compris tout le fardeau moral de ce préjugé  : se croire vertueux et intègre par le fait d’être un esclave. » Si réforme ou révolution … ; question qui demeurera comme non pertinente. La question sur ce que l’on vise, si c’est la fin du capital et de l’Etat ou simplement un système moins mauvais, n’est pas la plus opportune si l’on veut comprendre ce mouvement qui, plus que discuter sur ce qu’il peut développer dans l’avenir, affirme ce qu’il déploie dans le présent. Dans le milieu de la critique du système capitaliste dans les années 1960, une vision progressiste de l’histoire, qui allait du communisme primitif au communisme que le capitalisme lui-même accoucherait dans son moment final, était monnaie courante. Maintenant, dans ce milieu de la critique intellectuelle, cette vision progressiste continue, mais inversée et ce que cette fin accoucherait désormais ne serait plus le communisme mais la catastrophe. Les deux critiques supposent des lois de l’histoire ; mais l’histoire n’a pas de lois ni de sens, le sens ce sont les gens qui le donne au moyen de la révolte et c’est ainsi que se sont produites dans l’histoire des réalités de l’émancipation sociale dans cette phase capitaliste : Paris, 1871, Berlin, 1919, Barcelone, 1936 … Il n’est pas nécessaire d’attendre quelque chose d’insolite, de jamais vu, c’est dans la même dynamique que se construisent d’autres relations.

Question sur le renforcement de l’Etat. Si l’on peut parler d’une vue d’ensemble de ce mouvement, le mot et le fait de l’occupation de l’espace public devrait avoir une place centrale : toutes les activités, assemblées, groupes de travail … se développent de manière ouverte dans les places et tentent d’occuper les espaces considérés comme nécessaires pour l’avancée du mouvement. L’auto-organisation et s’auto-occuper de soi-même s’affirment en opposition à l’organisation conçue au travers de l’Etat. Toutefois, dans les revendications concrètes contre les coupes dans la santé ou l’éducation, par exemple, on en revient à réclamer que ce soit l’Etat qui s’en occupe, renforçant ainsi de nouveau un Etat considéré comme une entité neutre au-delà de la division entre classes, exaltant la fiction d’un espace séparé dans lequel nous serions tous égaux. Contradiction renforcée par certaines initiatives (réforme électorale, réforme constitutionnelle, …) qui conduisent directement à cette consolidation de l’État.

Question sur le retour du politique dans l’activité et le discours de ce mouvement. La suprématie de l’économie a progressé au point de transformer la politique en une fiction. C’est maintenant clair, surtout après ce qui s’est passé en Italie et en Grèce : le triomphe du marché dicte les politiques et les politiciens (les gouvernements). L’illusion démocratique demeure une illusion. La politique disparaît, va se placer dans les rubriques société des médias, en conservant, là oui, sa fonction répressive, en transformant ainsi les vrais problèmes de santé, d‘éducation, de chômage et de logement, en questions d’ordre public. Mais l’affrontement avec l’économie est politique, est social, il est macrosocial. En ce sens, nous disons que le politique, terrain de ce mouvement, est de retour. Et revient la question du pouvoir et de notre pouvoir, que nous ne pouvons pas éluder : être 100 et pas 10, c’est un pouvoir que nous avons pour empêcher une expulsion, par exemple. Une autre chose est le pouvoir hiérarchique, le pouvoir d’Etat, à détruire ou à maintenir toujours dans un état défaillant (Cossery).

La coordination du mouvement, nécessaire dès qu’il acquiert un caractère global, pose le problème de la médiation. Que le système qui régit ce mouvement soit horizontal et transversal ne veut pas dire qu’il évite la question des médiations : la relation entre les gens n’est pas immédiate, elle passe par diverses médiations, institutions, nécessaires pour résoudre la vie en commun. Il ne s’agit pas de construire un Eden, un monde parfait, mais un monde habitable pour tous, sachant que ce que nous pouvons changer, ce n’est pas les personnes, mais les relations entre elles, qui sont ce qui constitue une société.

Question sur la violence et son usage. Question discutée dans toutes les assemblées. Il semble que soit majoritaire la voix de ceux qui sont en faveur de la désobéissance civile, des actions non violentes, ce qui ne signifie pas de ne pas se défendre. La non-violence n’est pas l’inaction, au contraire, elle est action directe de confrontation à l’Etat, sans utiliser ses méthodes violentes de la brutalité armée. S’affronter à l’État, à l’état des choses établies, est considéré par le pouvoir comme hors la loi. Nous ne pouvons pas utiliser la brutalité armée de l’Etat pour l’affronter : sur son terrain, nous perdons. De nouvelles formes et de nouveaux lieux d’affrontement doivent émerger au cours de la marche en avant de ce mouvement. Parler d’employer la violence n’a pas non plus plus de sens, parce que le même mot conduit à ne pas se comprendre, à se perdre. Le même mot, dans ce cas violence, ne peut pas recouvrir des réalités aussi disparates que la violence d’Etat, la torture, l’assassinat, la guerre, la violence qui consiste à couvrir l’Irak de bombes, la violence que représente le pillage et la destruction de la planète … et à la violence de briser un distributeur de billets ou de se défendre d’une charge de police avec des pierres. Entre nous, il pourrait être préférable d’utiliser le terme de violence pour qualifier le système actuel de domination dans son fonctionnement normal, et pas seulement dans son exception, c’est-à-dire pour parler de la violence quotidienne de l’État, de la violence de l’économie, de la violence des médias, etc. Et ne pas perdre de temps dans une fausse polémique créée par la propagande de l’Etat.

De certaines assemblées à d’autres

Il n’est pas rhétorique ou nostalgique de comparer le mouvement actuel des assemblées avec celui qui parcouru la région espagnole dans les années 1960, 1970 et que les pactes de la Moncloa, en 1978, ont condamné. La grande différence entre les deux montre le changement d’une société et des attentes forgées en elle, dans un court espace de temps. Dans ces années-là effectivement eu lieu sur le territoire espagnol un mouvement d’auto-organisation dans les usines, les quartiers, les écoles, les universités, les prisons… qui cherchaient à obtenir de plus grandes quantités de liberté et de bien-être. Il laissait derrière lui une Espagne ancestrale, soumise par la dictature cruelle et entrée dans l’industrialisation, l’urbanisation et la prolétarisation. Un jeune prolétariat arrivait à la ville et à l’usine et en l’absence de représentation (il y avait seulement un syndicat vertical favorable au régime fasciste) il se représentait lui-même. En 1962, l’insurrection des mineurs des Asturies marque le début de ce mouvement assembléaire. Puis, en solidarité avec sa répression par l’État, et avançant leurs propres revendications, ils commencent à paralyser la production des grandes usines : les décisions sont aussi prises en assemblée. Début d’un mouvement d’auto-organisation, d’assemblées décisionnelles, de délégués révocables, qui s’étend à tous les secteurs : champs, construction navale, bâtiment, mines, métallurgie, chimie, textile… L’organisation s’effectuait principalement par les usines et dans une moindre mesure par quartier. Tout cela se produisit dans une situation internationale de large contestation du système depuis le centre même des pays capitalistes, allant de la montée de la contreculture, des mouvements de rébellion en Italie, en Allemagne … jusqu’à la grève générale en France de 1968 avec l’occupation des principales usines Dans ce contexte, s’étend alors, dans la région espagnole, un mouvement de mobilisations et de grèves qui en vient à arrêter la production et à menacer la transition continuiste négociée par tous les partis politiques. Un mouvement qui s’est révélé suffisamment puissant pour imposer de force ce pacte, mais pas assez pour donner une orientation anticapitaliste à la transition. La critique du système, défini et compris comme capitaliste, s’articulait sur la critique de l’économie politique : les effets du capitalisme étaient remis en question : ses bas salaires, son système de primes, ses inégalités salariales, en même temps que son absence de liberté d’association et de revendication, et tout cet ensemble se canalisait dans une lutte sociale émancipatrice. Le sujet qui se rebellait le faisait à titre d’ouvrier. Il se comprenait dans une lutte de classe anticapitaliste. Le moment de la valorisation capitaliste était (encore) en plein essor et donc ce qui était revendiqué était des améliorations (salaires, conditions de travail, conditions de vie, libertés…). Une société de consommation émergente se renforçait. Avec des extras dans le travail (heures supplémentaires, dimanches, …) il était possible de penser à la voiture et à la résidence secondaire. Le travailleur devenait le premier consommateur et la consommation va devenir le premier commandement. Avec l’exploitation il y avait donc de la place pour l’intégration.

Ce mouvement des assemblées ne contenait pas de critique de la technique – misant d’ailleurs plutôt sur le progrès technique –, ni de critique de la catastrophe écologique, ni de critique du patriarcat et de toutes ses dérivées. Questions qui, toutes, ne faisaient alors qu’apparaitre et étaient seulement posées par des petits groupes dans leurs publications. Le mouvement actuel des assemblées, qui a commencé dans la Plaza del Sol et qui va occuper les places de nombreuses villes, articule sa critique non pas tant sur la critique de l’économie politique – il le fait aussi – que sur les excès de ce mode de production et de vie capitaliste (la corruption, la fraude, …) qui nous a conduit à ce résultat : augmentation de la pauvreté et des inégalités. De ce système actuel, que l’on continue majoritairement à appeler capitaliste, on retient surtout son immoralité, son indécence exagérée, par conséquent, la lutte contre les aspects les plus corrompus du système plutôt que contre le système lui-même dans son développement normal. La question qui se discute est celle de son mauvais fonctionnement. Des alternatives sont recherchées dans le système technico-capitaliste lui-même au moyen d’une autre gestion de celui-ci. D’un côté, la critique porte sur le progrès de la technique qui nous a conduit à la destruction actuelle de l’environnement et à la progression de la spéculation, mais d’un autre côté, les résultats les plus avancés de ce progrès sont utilisés. La décroissance, la durabilité deviennent des questions majeures dans les discussions du mouvement. (Nous pensons que la durabilité est plus une question idéologique et politique qu’un problème économique et écologique). Les assemblées, comme dans la période précédente, continuent d’être ouvertes, horizontales, mais moins politisés. Au départ, cette politisation transformait de petites luttes en conflits sociaux et politiques. Maintenant, elles sont plus spontanées, moins homogènes et moins stratégiques. Malgré l’indignation qui les parcourt, les attentes sont moindres (il est loin le « nous ne nous demandons rien, nous voulons tout »). Loin de la vision progressiste précédente, le moindre mal est maintenant mieux considéré. Le sujet qui se rebelle, ne le fait pas comme ouvrier mais comme individu ou mieux, comme gens, plèbe, ou simple peuple, personne quelconque, personnes sans plus. Fin, donc, du mouvement ouvrier identitaire, qui se reconnaissait comme ouvrier dans le prolétariat fordiste. Le moment actuel du système technique et capitaliste est celui de sa crise dans le sens où il fait face a des problèmes de valorisation et donc ce qui est revendiqué, c’est de conserver ce que nous avons (fruit des luttes de la période antérieure), aujourd’hui menacé par des coupes dans les trois domaines fondamentaux : les pensions, la santé et l’éducation. Ce qui est revendiqué est une sorte de social-démocratie à contretemps et la manière de la revendiquer se fait à travers des manifestations. Le travail ne façonne plus la vie d’une grande partie de la population, en particulier les plus jeunes, comme il le faisait dans la période précédente. En ce sens, nous devons parler d’exclusion plutôt que d’exploitation. Une exclusion qui ne génère pas d’intégration comme le faisait l’exploitation.

Etcétera (Barcelone), février 2012 [ Traduction par nos soins ( J.F.) ]

Sur le site de l’OCL
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Re: Espagne

Messagede acratack le Mar 15 Mai 2012 12:46

Ce que j'ai vu de l'anniverssaire du 15M c'est que ça dérive un peu vers de réformisme tout azimuth. Ils multiplient les thèmes et je trouve assez naif de croire que le gouvernement va accepter ces réformes vu le contexte. mais même si j'ai l'impression que le mouvement part un peu en live il faut attendre, peut etre que ça va aboutir a quelquechose car même si dans leurs festivité il n'est pas évoqué une seule fois le mot révolution, le fait que le mouvement soit massif peut faire qu'on assiste a quelquechose de cohérent. Perso je suis un peu en attente de voir ce qu'il se passera par la suite et j'espère que le mouvement retrouvera sa spontaneité originelle qui a fait sa force.
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Re: Espagne

Messagede Hansaplast le Ven 10 Aoû 2012 13:05

Espagne : cadenas sur les poubelles pour empêcher la récupération

AFP
07/08/2012

La ville de Girone, au sud de Perpignan dans le nord-est de l'Espagne, annonce avoir installé des cadenas sur les poubelles des supermarchés pour empêcher toute récupération de nourriture, un phénomène qui a pris de l'ampleur avec l'aggravation de la crise.

Image
Avec la crise en Espagne, de plus en plus de personnes récupèrent des aliments dans les poubelles. (Archive - AFP - JACQUES DEMARTHON)

Pour raison de santé ?

La mairie indique, dans un bref communiqué, avoir pris cette décision en collaboration avec les propriétaires de supermarchés, "face au risque pour la santé que peut comporter la consommation d'aliments jetés dans les conteneurs et l'alarme sociale que cela provoque".

"En ce moment, il n'y a qu'un conteneur devant les supermarchés qui est fermé avec un cadenas et qui contient des aliments dont la date de péremption est dépassée ou en mauvais état, afin d'empêcher qu'ils soient récupérés par des indigents", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la ville.

Un phénomène qui s'aggrave avec la crise...

La mairie de Girone a également mis en place un système d'information destiné à diriger les personnes qui en ont besoin "vers un centre de distribution de nourriture pour qu'on leur offre, de manière urgente, un panier d'aliments de base", a-t-il expliqué.

Des agents sociaux seront postés près des conteneurs-poubelles pour informer le public. La mairie, qui a lancé cette initiative inédite avec trois grands supermarchés, veut l'étendre à d'autres grandes surfaces, a ajouté le porte-parole.
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Re: Espagne

Messagede leo le Ven 10 Aoû 2012 22:47

[État espagnol] Occupations, expropriations… répression !

vendredi 10 août 2012, par XYZ

Suite aux actions de mardi dans deux supermarchés, la répression n’a pas tardé.
Ordre du ministre de l’Intérieur d’arrestation des participants aux visites de supermarchés, descentes de polices en soirée ou au petit matin aux domiciles de militants connus, mises en examen de 7 personnes à ce jour (vendredi 10 août), expulsion du domaine de Las Turquilla occupé depuis 18 jours...
Tentative de synthèse des derniers évènements.



Actualisation sur la situation en Andalousie (arrestations, expulsion..)
Article précédent : État espagnol : Occupations, expropriations… http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1220

Des denrées « expropriées » ont été distribuées chez les familles d’un immeuble occupé

Mercredi, trois des charriots de nourriture récupéré dans le supermarché d’Écija ont été distribués par le SAT parmi les 36 familles d’un immeuble occupé de Séville.

« Aujourd’hui, j’ai fait des boulettes de viande », raconte une mère de famille et serveuse au chômage à un journaliste. Les sacs contenaient des pois chiches, des lentilles, du sucre, de l’huile, du lait, du riz...

Les 36 familles sans-domicile (118 personnes au total, dont 36 enfants) qui occupent depuis plusieurs mois un immeuble d’appartements, propriété d’un promoteur immobilier en faillite à Séville se sont réparties le contenu de trois charriots remplis de produits de première nécessité que leur ont apporté les militants du SAT, suite à l’action d’« expropriation » de la veille dans un supermarché Mercadona.

Cette okupa appelée « Corrala de Vecinas la Utopia » est constituée de familles ouvrières au chômage du quartier de la Macarena, qui pour la plupart ont perdu leurs logements et ont été expulsés pour avoir cessé de payer le loyer ou le prêt hypothécaire. Une grande partie d’entre elles ne perçoivent aucune allocation, d’autres, des aides ponctuelles ne dépassant pas 300 euros…

Réponse répressive de l’État espagnol

Dès qu’a été connue la nouvelle de ces actions menées dans deux supermarchés d’Andalousie, le ministre de l’Intérieur du gouvernement de l’État espagnol, Jorge Fernández Díaz, a réagi en déclarant qu’il avait donné l’ordre d’arrêter toutes les personnes ayant participé à ce « vol ». Qualifiant cette action d’« intolérable », il a déclaré : « nous sommes tous conscients que ça va mal pour les gens, mais la fin ne justifie pas les moyens », en ajoutant qu’il ne permettrait « en aucun cas » que la loi soit violée, car sinon « ce serait la loi de la jungle. »

Ce à quoi ont répondu rapidement dans un communiqué publié sur leur site Internet, les familles de l’okupa ‟Corrala de Vecinas la Utopia” déclarant que « nous voulons préciser à monsieur Fernández Díaz que la Loi de la Jungle est déjà en vigueur dans notre société, car on ne peut expliquer autrement que des centaines de familles soient pratiquement expulsées chaque jour de leur logement par des établissements bancaires qui ont, en plus, reçu de grandes quantité d’aides publiques ».

Le même jour, le ministre en question a rappelé que le gouvernement allait durcir la loi en ce qui concerne l’ordre public, notamment en introduisant le délit de « résistance passive » à l’autorité, ce qui permet de poursuivre pénalement toute personne qui manifeste y compris les plus « pacifiques » puisque ce sont elles qui sont visées. L’information, n’est pas nouvelle, elle remonte au printemps dernier, mais qu’elle ressorte maintenant participe du climat répressif que les dirigeants politiques entendent instaurer.

Alors que jusque-là les actions du SAT étaient passées sous silence par les médias, c’est maintenant l’exact opposé ; la droite, la gauche, les éditorialistes de la presse (comme El País, centre-gauche) se déchaînent contre les actions illégales-injustifiables-dans-un-État-de-droit, préjudiciables à « l’image de l’Andalousie et de l’Espagne à l’étranger » et visant rien de moins qu’à « attaquer l’État de droit » selon une députée andalouse du PP. Un journaliste (ABC, droite) s’est même lâché : « J’espère que c’est la dernière fois que j’interroge un élu qui vole dans les supermarchés (…) C’est un acte répréhensible à 100 % ! »

Les premières arrestations.

Mercredi soir, 2 militants du Syndicat Andalou des Travailleurs (SAT) ont été arrêtés sur ordre du ministre espagnol de l’Intérieur. Les deux détenus, l’un de Hornachuelos (province de Córdoba) et l’autre de Cuevas de San Marcos (Málaga), ont refusé de répondre aux interrogatoires lorsqu’ils ont été transférés au commissariat. Le lendemain matin, jeudi, ces 2 militants ont été présentés devant la justice, et ont de nouveau refusé de répondre des faits qui leur sont reprochés. Ils ont été mis en examen pour "vol avec violence" et "désordre public" puis remis en liberté dans la journée de jeudi avec interdiction de s’approcher à moins de 300 mètres de supermarché.

Gauche et droite unis contre les actions d’expropriation

Si la droite se déchaîne contre le syndicat andalou, la gauche n’est pas en reste.
Le PSOE a déclaré que les actions menées par le SAT étaient des actes de « sauvagerie ». Le vice-secrétaire général du PSOE d’Andalousie, Mario Jiménez a déclaré qu’elles révélaient de la « théâtralité populiste ». Il a ajouté que les détentions étaient tout à fait normales dès lors que les lois n’étaient plus respectées car « celui qui commet une illégalité doit rendre compte de cette illégalité devant la justice ». Il s’est félicité de la position « raisonnable » du mouvement IU (Gauche Unie, sorte de Front de gauche, autour du PC) avec lequel il gouverneme la Junta d’Andalousie, qui s’est publiquement désolidarisé de ces actions.

Le fait que José Manuel Sánchez Gordillo, militant historique du SOC-SAT, maire de Marinaleda soit aussi député de IU au Parlement andalou ajoute à la polémique et à la confusion. Accusé d’être un meneur de ces « attaques » contre des supermarchés, alors qu’il a pris soin de ne pas participer directement à l’opération tout en étant présent et solidaire, la droite en profite pour demander à IU de prendre des mesures contre lui. Le secrétaire à l’organisation du PSOE, Óscar López, est tout à fait d’accord avec cela et a assuré ce vendredi que « la loi est la même pour tous, y compris pour les représentants politiques » et que ces derniers, quels qu’ils soient, méritaient d’être poursuivis. IU a déclaré, sous couvert d’anonymat comme on dit, que Gordillo était maintenant « hors de contrôle ».

Sánchez Gordillo et son mouvement politique, le Colectivo de Unidad de los Trabajadores (CUT), fait partie de IU-Andalousie, mais en opposition avec la ligne majoritaire de participation au gouvernement autonome avec le PSOE.

Cinq autres détenus

Ce vendredi, on apprenait l’arrestation de cinq nouvelles personnes, effectuées soit la veille, soit dans la matinée, identifiées par la police comme ayant pris part aux actions dans les supermarchés de Carrefour (près de Cadix) et Mercadona (Écija, province de Séville). Parmi eux se trouve le secrétaire à l’organisation du SAT, José Caballero, ainsi qu’un militant de Grenade et trois de Jaén. Quant à Sánchez Gordillo, qui ne peut pas être arrêté en sa qualité d’élu, il a reçu ce vendredi, dans sa mairie de Marinaleda, une citation à comparaître « dans les plus brefs délais » devant un juge d’instruction du tribunal d’Écija.

Pour l’instant, le bilan de la répression est de 7 personnes poursuivies pénalement.

Premières actions de solidarité

A Grenade, une trentaine de personnes (parmi lesquelles Juan Pinilla, auteur-compositeur interprète de flamenco très connu au-delà de la région) ont remis aux autorités un document qu’ils ont signés et dans lequel ils s’auto-accusent d’être complices et instigateurs intellectuels des attaques contre les supermarchés. Le secrétaire local du SAT, Francisco Cabrerizo, a réaffirmé qu’il s’agissait qu’une « expropriation symbolique » de produits de première nécessité et a critiqué la manière dont se font les arrestations, pendant la nuit, rappelant d’autres époques, pendant que les vrais voleurs, qui détournent des milliards, ne sont pas inquiétés.

De son côté, Sánchez Gordillo a déclaré que ce n’était pas un vol mais une « soustraction » d’un montant représentant « moins d’un dix millionième des profits » que réalise Mercadona.

Cette chaîne de supermarché est en effet connue pour les multiples conflits sociaux relatifs aux conditions d’exploitation, au harcèlement, agressions et de répression contre les travailleurs qui se battent et les syndicalistes combatifs (notamment de la CNT dans nombre de magasins au cours des dernières années) et dont le propriétaire, Juan Roig, est devenu l’une des principales fortunes du pays.
En 2006, le plus important conflit du secteur de la grande distribution s’est déroulé dans le Centre logistique de Mercadona pour tout le nord-est de la péninsule, à Sant Sadurní d’Anoia (Catalogne), conflit où la CNT en a été à l’origine (licenciement de 3 délégués) et où ce syndicat anarcho-syndicaliste a joué un rôle primordial dans le déclenchement de la grève, son animation et la solidarité avec le mouvement.

C’est le même Roig qui avait déclaré il y a peu que la seule façon d’« en finir avec la crise » était de « travailler comme les Chinois » (sic !).

Le chanteur Juan Pinilla, en remettant la lettre collective d’auto-accusation à la sous-délégation du gouvernement de Grenade a improvisé devant les soutiens et les médias présents une copla d’un fandango fort à propos dont voici les paroles : « Me lo roban y me lo prenden / al que roba pa comer / me lo roban y me lo prenden / y quien roba mucho miles /no lo encuentran ni los duendes / ni tampoco los civiles » (ce qui donne à peu près ceci : « Ils me le volent et me le prennent / celui qui vole pour manger / ils me le volent et me le prennent / et celui qui vole des milliers de fois plus / ne le trouvent ni les duendes [lutins] / ni les (gardes) civils »)

Expulsion de la finca de Las Turquillas

L’offensive répressive s’étend à la dernière occupation menée par le SAT, celle de Las Turquillas, propriété de l’armée. A 6h du matin, les forces de police en nombre (une centaine d’agents, 17 véhicules) sont intervenues avec un « ordre strict d’expulsion ». Les membres du SAT, parmi lesquels se trouvent Sánchez Gordillo ont demandé que l’évacuation « soit pacifique et sans incidents » et que la police laisse les occupants démonter le camp et récupérer leurs affaires. A 8h, la police poursuivait les contrôles d’identité.

« Nous avons démonté le campement et nous sortons de la propriété, parce que l’affrontement avec la Garde Civile n’était pas l’objectif. Ce qui est clair par contre, c’est que nous allons de nouveau occuper la propriété », a déclaré Sánchez Gordillo à la Radio Nationale Espagnole. De son côté, Diego Cañamero, le leader du SAT, a déclaré exactement la même chose à d’autres organes de presse.

Dans la matinée, plus de 300 personnes, la plupart en provenance de Marinaleda, se sont déplacées avec ‟leur” maire à Las Turquillas pour dénoncer l’expulsion et soutenir l’occupation.

Une des personnes arrêtées dans le cadre des poursuites pour l’action des supermarchés a été arrêtée lors du contrôle d’identité.

La suite…

La vague répressive n’est sans doute pas terminée. Et de ce côté-là, c’est l’inconnu. D’autant que le PP étudie la possibilité de porter plainte contre le SAT pour avoir, sur son site Internet, soi-disant détourné le logo du parti de droite en l’accolant avec une croix gammée. Le dessin a été enlevé du site (« pour ne pas favoriser la stratégie répressive et de criminalisation du parti du gouvernement ») et remplacé par une photo où l’on voit ensemble le dictateur Franco et Fraga Iribarne, fondateur du PP.

Le maire de Marinaleda a appelé le gouvernement à prendre des mesures visant à « obliger les chaînes de supermarchés à donner à la Croix-Rouge ou à Cáritas les produits alimentaires avant qu’ils aient atteint leur date de péremption, afin qu’ils soient livrés aux familles qui n’ont aucun moyens de subsistance ». Faute de quoi, de nouvelles opérations dans les supermarchés auront lieu.

Le SAT a confirmé et précisé son projet de marche. Elle partira le 16 août de Jodar, la localité andalouse qui détient le record absolu du taux de chômage, et se dirigera vers Jaén, la capitale provinciale de ce village.

Suite à la première réaction à Grenade, les sections locales du SAT sont appelées à convoquer des assemblées et à prendre des initiatives.

Les actions directes de désobéissance, de réappropriation, d’auto-réduction, ont tendance à se multiplier dans tout le pays, même si la presse n’en parle pas, même si cela reste encore des actions isolées les unes des autres, ponctuelles et généralement de l’ordre du symbolique.
Il y a quelques semaines, le 6 juin dernier, une « assemblée des chômeurs et chômeuses » de Ferrol, organisés autour du syndicat indépendantiste galicien CIG avaient mené une action dans un supermarché de la ville. Quelques caddies pleins avaient été présentés aux caisses et les chômeurs avaient fait mine de vouloir payer en présentant leur carte de demandeurs d’emploi. La police avait été appelée rapidement et s’est contentée de vérifier les identités. Là aussi, action symbolique. Ils avaient déclaré vouloir les remettre à une association délivrant des repas aux personnes sans ressources de la ville.

Plus important est le mouvement de refus de payer les péages autoroutiers. A l’instar du mouvement « Je ne paie pas » de Grèce, il existe un mouvement de ce type en Catalogne en train de se développer, tandis que certaines professions visées par les coupes budgétaires (fonctionnaires, pompiers…) se mettent aussi à lever les barrières…

Entre l’occultation totale et la soudaine diabolisation/criminalisation de ces actions, il est clair que les politiques de droite et de gauche qui se partagent les pouvoirs institutionnels, les ‟grands” syndicats UGT-CCOO (que l’on n’entend même pas protester hypocritement contre la répression) et la presse du régime, craignent surtout le développement de ces pratiques de désobéissance collective, d’expropriation/réappropriation, leur banalisation et légitimation grandissante, et que du ‟symbolique” de plus en plus de gens décident de passer à un mode d’action plus “réel” quant aux objectifs...

XYZ pour OCLibertaire
Le 10 août 2012
_ _ _

Site de la Corrala de Vecinas La Utopia (Séville)

http://corralautopia.blogspot.com.es/

Site du SAT

http://www.sindicatoandaluz.org/


source :
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1221

Articles précédents

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1220
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1218
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1196
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Re: Espagne

Messagede bajotierra le Sam 11 Aoû 2012 09:56

merci pour cet article , il montre que la résistance populaire rentre dans le concret avec une étape caractérstique a la fois le lachage des politiciens, y compris gauchistes , et l'articulation avec des luttes anarchosyndicalistes préexistantes comme celles qui ont lieu contre les supermachés mercadona

communiqué de solidarité de la CNT-AIT andalouse avec les syndicalistes du SAT poursuivis

http://www.cnt.es/noticias/cnt-andaluc% ... dicalistas

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Re: Espagne

Messagede acratack le Dim 12 Aoû 2012 10:38

un article qui contre les réactions négatives face a cette action.

http://info.nodo50.org/Caridad-vs-solidaridad.html

en espagnol.
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Re: Espagne

Messagede acratack le Mer 26 Sep 2012 09:35

tu a trouvé la vidéo la plus partisanne du web ! Elle résume parfaitement le point de vue bourgeois des politiciens locaux. c'est à vomir.
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Re: Espagne

Messagede bajotierra le Mer 14 Nov 2012 18:10

14 NOVEMBRE 2012 grève générale en espagne , dans toutes les villes et de façon autonome dés hier soir les militants de la CNT AIT sont dans l'action , piquets de gréve et boquage des artéres principales


A Salamanque , 2 heures du matin


Dans la petite ville de Castro Urdiales 400 peronnes sur les piquets de la CNT AIT
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A Madrid devant la télévision espagnole
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Repression des piquets a Compostelle ( trois personnes interpellées )
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A Aranjuez (prés de Madrid ) un militant de la CNT ,Alberto , frappé a la tête
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Re: Espagne

Messagede Cheïtanov le Mer 14 Nov 2012 18:42

Et bien ça change d'ici (ça fait plaisir de voir Salamanca en lutte !)...

La manif de cet aprem à l'appel de CFDT-UNSA-FSU-CGT-Solidaires, il y avait pas grand monde...
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Re: Espagne

Messagede bajotierra le Jeu 15 Nov 2012 11:51

d'aprés les copains 7000 personnes l'apres midi a salamanque a la manif de la CNT


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Re: Espagne

Messagede Cheïtanov le Jeu 15 Nov 2012 14:29

Je suis super content pour les compagnes-ons... Un long travail de fond depuis des années, une répression policière constante (interdiction de coller des affiches), une ville assez réactionnaire, une CGT es dont la seule stratégie est de présenter des listes aux élections... Il y a 2 ans, leur cortège de la Federacion Regionale avait rassemblé 200 personnes, comme quoi il se passe vraiment quelque chose en Espagne, et connaissant les pratiques anarchosyndicalistes des compagnes-ons de Salamanca, j'en suis d'autant plus ravi !

Allez,
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Re: Espagne

Messagede bajotierra le Jeu 15 Nov 2012 17:50

tout a fait, en 1936 salamanque fut le quartier général de franco
voici le film des copains

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Re: Espagne

Messagede Cheïtanov le Ven 16 Nov 2012 03:36

Muchas gracias compañero, cette vidéo me fait vraiment du bien.

Parmi les rares drapeaux, outre l'UGT complétement perdu, on remarquera un ou deux drapeaux "action antifasciste". En tant qu'anarchosyndicalistes, la FL de Salamanca de la CNT-AIT n'est pas membre de "L'action antifasciste" Salamanca, car refus de lutter avec des marxistes et gôchistes, ce qui ne l'empêche pas, dans sa lutte globaliste, de déconstruire le fascisme.
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Re: Espagne

Messagede vroum le Mer 20 Mar 2013 09:52

[Grupo TIERRA, Espagne] Assez de tromperies et de vols !

mardi 19 mars 2013

http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article1140

ASSEZ DE TROMPERIES ET DE VOLS !

Lorsque s’est achevée la dictature assassine et liberticide du général Franco (appuyée bien sûr par tous les pouvoirs oligarchiques de l’Etat espagnol), les secteurs qui avaient porté et soutenu au pouvoir ce personnage, comptant sur l’alliance de la gauche institutionnelle, menèrent le pays vers un régime de monarchie parlementaire, supposé être comparable au régime qu’avaient les pays du dénommé « monde occidental » : nous allions vivre dans un pays heureux avec des droits et des libertés.

Cependant la dure réalité s’est imposée. Et nous avons constaté que tout cela n’était qu’un enfumage. Tout était recouvert d’un vernis de supposée liberté de parler et de voter, et ce, avec absolument tous les gouvernements qui se sont succédés depuis (UCD, PSOE, et PP) ; le peuple qui habite ce que l’on nomme Espagne, n’a fait que perdre les droits, le pouvoir d’achat et la dignité conquis au cours de plus de 150 ans de luttes qui ont coûté sueur, malheurs, prison, exil, torture et mort. Les gouvernements de ce régime réussirent en grande partie à annihiler la capacité de riposte combative des classes populaires, en imposant des lois restrictives qui légalisaient l’oppression et l’exploitation.

Tout n’a été qu’une tromperie … : en réalité le seul « droit » qu’ils octroyèrent fut celui de voter dans des élections qui ne servent à rien et qui supposent un autre mensonge sur lequel les secteurs puissants de cet Etat appuient leur domination. Et c’est ainsi jusqu’à aujourd’hui, où nous nous retrouvons avec un régime en décomposition et embourbé. Son degré de putréfaction a atteint le point d’exaspération : absolument toutes les institutions sur lesquelles repose ce système sont corrompues. Le vol, légal ou illégal, est permanent de la part de ceux qui détiennent le pouvoir politique et économique. Les puissants ne s’inquiètent plus car ils savent tous qu’il ne va rien leur arriver, que la prison c’est pour les pauvres, et qu’en dernier recours leurs situations sont défendues par la police et l’armée. Les aristocrates, les banquiers et les chefs d’entreprises volent, c’est leur fonction, et la caste politique, avilie, les imite du mieux qu’elle peut, les aidant à spolier (nous ne citerons que quelques exemples, les affaires Urdangarín-Famille royale, Bankia-Rato, Díaz Ferrán, Arturo Fernández, Gürtel-Bárcenas …, les centaines de milliards d’euros donnés par l’Etat à la banque, l’immense corruption politico patronale etc., etc.,). Et pendant ce temps là, nous supportons leurs réformes du travail et leurs privatisations qui les enrichissent encore plus, les fastes et les gaspillages de leurs fêtes et de leurs ripailles, leurs mesures anti-ouvrières qu’ils défendent en disant qu’il n’y a pas d’argent dans le pays ! : une insulte supplémentaire …

L’outrage fait au peuple travailleur est immense et atteint des niveaux insupportables pour des dizaines de millions de personnes. Ils nous ont transformés en robots qu’il faut pressurer pour que eux, puissent conserver leurs luxes et leurs vices … Et nous sommes beaucoup à nous demander : QUE POUVONS NOUS FAIRE ?

En nous basant sur l’anarchisme social et organisé nous avons quelques idées :

- Pas un vote pour les politiques et leurs homologues.
- Retirer notre argent de leurs banques.
- Organiser des collectifs autogérés de producteurs et consommateurs.
- Participer aux mobilisations qui défendent la vérité et nos droits basés sur l’égalité, la liberté et la solidarité entières.
- Insoumission et désobéissance à toutes les lois et décrets injustes.
- Ne pas accepter ni un licenciement ni une expulsion de plus.
- Opposition frontale au dépouillement organisé et à la dégradation de nos conditions de vie et de travail.
- Utiliser la grève et le boycott comme outils de défense et d’attaque.
- Prendre ce qui est à nous, c’est-à-dire : tout.
- Réunissons-nous autour des groupes et organisations horizontales, sans hiérarchies, où le pouvoir des uns sur les autres n’existe pas, et qui ne touchent pas d’argent de l’Etat ni des capitalistes.

… Et à partir de là nous pourrons récupérer notre dignité comme peuple, et avancer vers la révolution sociale intégrale qui transformera cette société corrompue en une société d’êtres libres et égaux.

Groupe TIERRA (Fédération Anarchiste Ibérique) - contact : g.tierra@yahoo.es
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