Le Japon vers un Hiroshima économique

Re: Le Japon vers un Hiroshima économique

Messagede Antigone le Ven 11 Juin 2010 12:22

La Tribune - 11 jun 2010
http://www.latribune.fr/actualites/econ ... -pays.html

Le Premier ministre japonais évoque le risque d'un défaut de paiement de son pays

"Comme nous pouvons le voir avec la confusion dans la zone euro qui a démarré avec la Grèce, il y a un risque de défaut de paiement si la hausse de la dette publique est ignorée et si la confiance est perdue sur le marché obligataire" a déclaré devant le Parlement Naoto Kan à l'occasion de son discours de politique générale.

Le Japon pourrait ne plus être en capacité d'honorer sa dette s'il ne parvient pas à maîtriser sa dette publique. Ce n'est pas un analyste spécialiste de l'archipel nippon qui lance ce pavé dans la mare, mais le nouveau Premier ministre japonais.

Naoto Kan, qui a pris la tête de l'exécutif après la démission soudaine de son prédécesseur la semaine dernière, souhaite s'attaquer en priorité à la réduction de la dette publique, qui représente déjà le double du produit intérieur brut du Japon. "Nous ne pouvons pas conserver des finances publiques qui dépendent principalement de l'émission d'obligations", a expliqué le Premier ministre devant le Parlement à l'occasion de son premier discours de politique générale.

"Comme nous pouvons le voir avec la confusion dans la zone euro qui a démarré avec la Grèce, il y a un risque de défaut de paiement si la hausse de la dette publique est ignorée et si la confiance est perdue sur le marché obligataire", a-t-il ajouté. On comprend mieux avec ce discours très volontaire le départ du ministre des Banques, Shizuka Kamei, ardent partisan de la dépense publique. Reste à Naoto Kan un nouvel obstacle à franchir : gagner les élections à la chambre haute qui devraient avoir lieu le 11 juillet.

La TVA va augmenter

Le portefeuille de Shizuka Kamei devrait être confié à Shozaburo Jimi, secrétaire général du Nouveau parti du Peuple, une petite formation qui appartient à la coalition gouvernementale. Le ministre de la Stratégie, Satoshi Arai, a déclaré à la presse que le gouvernement avait l'intention de mettre au point un plan de moyen et long terme pour réduire les déficits d'ici au 22 juin au plus tard. L'exécutif veut plafonner les émissions de dettes publiques à 44.300 milliards de yens pour l'exercice au 31 mars 2012.

Naoto Kan, cinquième Premier ministre du pays depuis 2007, plaide pour l'organisation d'un débat sur le projet d'augmenter la TVA pour aider à financer les dépenses sociales en augmentation du fait du vieillissement de la population. Le ministre des Banques avait exprimé des réserves sur cette proposition.

Les agences de notation ont prévenu qu'elles pourraient abaisser la notation souveraine du Japon faute d'un programme crédible pour réduire les déficits.
Mais les analystes soulignent que les démocrates, qui sont arrivés au pouvoir en promettant d'augmenter le pouvoir d'achat, seront contraints de revenir sur certaines promesses de campagne. Le Premier ministre devra aussi trouver la formule pour conjuguer réduction des déficits et soutien à la croissance après des dizaines d'années de déflation.


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Re: Le Japon vers un Hiroshima économique

Messagede Antigone le Dim 13 Juin 2010 09:35

Observatorio Iberoamericano de la Economía y la Sociedad del Japón, (numéro de janvier 2010)
http://www.eumed.net/rev/japon/07/fd.htm

Radicalisation de la jeunesse au Japon
par Fred McDowell, traduit par danielle Bleitrach

Soudainement le communisme est redevenu à la mode au Japon. La raison n’est pas difficile à percevoir. « L’emploi à vie » relève du passé pour les jeunes travailleurs qui doivent faire face à la précarité et à un avenir incertain. Un travailleur sur trois est précaire . À peu près 44 pour cent de la force de travail du pays travaille à temps partiel, alors que les contrats à court terme prolifèrent a été créée une génération de travailleurs freelance qui sont souvent « entre plusieurs emplois ». Ils comprennent que quand la récession frappera ils seront en première ligne de feu. Pour cette raison un nombre chaque fois plus grand en tire des conclusions politiques.

Chaque mois le PCJ (Parti communiste du Japon) gagne 1.000 nouveaux militants, actuellement dans ses rangs il a plus de 415.000 militants. Un autre symptôme de plus du mécontentement qui existe chez les jeunes japonais, qui durant ces dernières années étaient plus caractérisés par leur apathie politique que par leur enthousiasme révolutionnaire, est l’augmentation de la fréquence de manifestations de travailleurs dans les rues de la capitale. Au début de ce mois, une foule de plus de 5.000 jeunes travailleurs s’est répandue dans les rues du centre de Tokyo pour exprimer son mécontentement contre le gouvernement sur leur conditions de travail.

Kimitoshi Morihara, un sous-directeur du bureau international du Parti communiste Japonais disait : « Les conditions de travail ont changé d’une manière dramatique pour les plus jeunes générations en 2002 quand ont été approuvées les nouvelles lois de travail qui facilitaient la précarité. Le climat politique au Japon est en train de changer et chaque fois plus nombreux sont les jeunes japonais qui prennent conscience politiquement de ces questions que durant longtemps ont ignorés les autres partis. »
La résurgence du communisme japonais s’empare de tous les outils du XXIe siècle, avec Internet et les vidéos en ligne jouent un rôle vital. Le président du parti, Kazuo Shii, a déchaîné une grande vague de nouveaux militants après avoir prononcé un discours parlementaire impressionnant dans lequel il dénonçait l’exploitation des jeunes travailleurs, la vidéo s’est convertie en un objet de culte pour les jeunes japonais pour les pages de vidéos en ligne.

Parmi ceux qui sont récemment entrés au parti se trouve Miki Tomihiro, un écrivain freelance de 34 ans de la ville de Fukutsu, dans la Préfecture de Fukuoka. « Quand j’ai vu Shii parler, j’ai senti qu’il démasquait au capitalisme dans sa forme la plus crue (…) j’ai navigué par Internet pour en savoir plus du parti avant d’adhérer ».Oomori Shuji, tde reinta des années saisonnier de Toyota de la Préfecture d’Aichi, qui est entré au parti en juin, ajoute : « Depuis mon diplome, je n’ai jamais eu un emploi à plein temps. Dans la formation du PCJ j’apprends la réalité des temps pour les pauvres travailleurs journaliers, qui n’ont pas de sécurité sociale ou les premiers facilement souvent jetés ».

« Le parti est concerné par la souffrance des jeunes, y compris dans les emplois et conditions de vie. Il a une politique concrète sur ces questions ». Un autre symptôme du tournant croissant vers la gauche est la popularité subite d’un roman classique japonais, Kanikosen (De la pêche), qui parle des travailleurs d’une fabrique qui se soulèvent contre leurs oppresseurs capitalistes.

Il a été écrit il y a presque quatre vingt ans par Takiji Kobayashi, un communiste qui a été été torturé jusqu’à la mort pour ses idées politiques alors qu’il avait 29 ans, les ventes du roman sont passé d’environ 5.000 annuelles à 507.000 depuis le début de l’année, en le catapultant d’une façon inespérée à la première place des livres vendus dans le pays.

Une bande dessinée Manga qui réédite la même histoire marxiste est aussi très populaire parmi les jeunes, cette année a été vendu à 200.000 exemplaires. Kosuke Maruo, l’éditeur d’East Press, qui publie la version Manga dit que « Le succès de l’histoire consiste en ce qu’elle représente de bonne manière graphique la situation des pauvres travailleurs actuels ».

« Ils ne peuvent pas être heureux et ne trouvent pas de solution à leur pauvreté, alors qu’ils travaillent dur. Les jeunes qui se voient obligé de travailler pour de très bas salaires aujourd’hui se sentent dans une situation très similaire celle qui subissait l’équipage du Kanikosen ».
Kyudo Takahshi, un écrivain pour le compte d’autrui de 31 ans, qui vit à Tokyo, attribuait la popularité de l’histoire au sentiment croissant de ne pas trouver sa place qui existe dans sa génération.
« Kanikosen était un livre qu’on te recommandait de lire à l’école mais je ne l’avais jamais lu sérieusement. Maintenant je le relis parce que je suis frustré par le gouvernement ».
« Dans le livre les gens sont exploités plusieurs fois. Ils ne sont pas traités comme des humains mais plutôt comme des vaches dans une fabrique de hamburgers. Et c’est comme ça que beaucoup de gens se sentent aujourd’hui. Quand nous trouvons un emploi, il y a toujours quelqu’un qui nous exploite. Nous ne pouvons pas être sûrs de l’avenir ».

Le PCJ est depuis la guerre froide un parti de type social-démocrate qui a très tôt pris ses distances avec l'URSS et la Chine, condamnant notamment l'intervention des chars soviétiques à Prague en 1968. Avant la crise, il était surtout présent au niveau local et dans les milieux littéraires. Dans les années 70, on disait qu'il était le premier parti dit "eurocommuniste" (c'est-à-dire déstalinisé).
Quoiqu'ayant recueilli 7 % des suffrages aux dernières élections, sa représentation au parlement est marginale (9 sièges sur 480) mais avec la recomposition politique en cours, il peut apparaitre comme une alternative, espérer une embellie et doubler ses élus. Son leader actuel, Kazuo Shii, pourrait être comparé à Mélanchon avec qui il partage des qualités d'orateur.

Les "freeters" (travailleurs précaires) constituent son fond de commerce.
Il faut savoir que dans les entreprises japonaises les syndicats sont des syndicats 'maison" qui ne s'occupent que des travailleurs "maison", ceux qui y triment à plein temps. Les autres, les intérimaires, les temps partiels, les "pas maison", ils n'ont qu'à aller se faire voir ailleurs. Mais la crise et l'explosion de la précarité ont changé cette donne. Des syndicats "indépendants" composés essentiellment de jeunes freeters ont vu le jour. Le PCJ y a vu une opportunité. Il leur a apporté son soutien. Il en recueille aujourd'hui les dividendes.

“Kanikosen” est un roman japonais écrit en1929 qui relate l’exploitation des pêcheurs de crabes et la révolte d'un équipage. C'est un peu notre "Germinal". Dès qu'un bouquin a du succès, il a sa version manga. Même le Capital de Marx a la sienne. Elle a été éditée il y a quelques années et continue de se vendre dans les librairies. Les japonais sont de grands consommateurs de livres, journaux, magazines. Les librairies ne sont jamais vides. Ils adorent lire.
Akahata (Drapeau rouge), le quotidien du PCJ tire à 1,5 million d'exemplaires ce qui n'est pas négligeable.
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Re: Le Japon vers un Hiroshima économique

Messagede Antigone le Dim 11 Juil 2010 11:03

Non, ce n'est pas une blague. C'est très sérieux. Les élites politiques japonaises ne savent plus quoi inventer pour trouver des solutions à la chute de la démographie.

Aujourd'hui le Japon - 08 jul 2010
http://www.aujourdhuilejapon.com/actual ... 04.asp?1=1

La « chasse au mariage » devient un sport au Japon

Expression à la mode depuis deux ans au Japon, la « chasse au mariage » est pour la première fois présente dans un programme du gouvernement. Le ministère de l'éducation innove même en invitant les célibataires à faire du sport cet été pour trouver l'âme soeur.

L'ère de la chasse au mariage.
Tout a commencé dans ce livre publié en 2008 au Japon sous le titre Konkatsu jidai. Konkatsu, traduit par la « chasse au mariage », est une analogie de l'expression Shokukatsu, « chasse à l'emploi ».
Le livre du sociologue Masahiro Yamada et de la journaliste Toko Shirakawa est depuis devenu un best-seller et le konkatsu un véritable phénomène culturel. Les bars réservés à la chasse au mariage pullulent, une sitcom intitulée Konkatsu! a été créée en 2009, même la mafia japonaise a tenté d'entrer dans le business.

Le gouvernement prend désormais cette expression au sérieux, alors que le pays est confronté a une vague de célibataires. Le Wall Street Journal révèle que le ministère de l'Education va intégrer le « sports-konkatsu » cet été dans sa stratégie nationale sur le sport.
Satoshi Ito, membre de la division des sports du ministère cité par le journal, donne l'exemple du jogging autour du Palais impérial de Tokyo. « Il n'y a aucun feu rouge pour arrêter les coureurs et le parcours de 5 kilomètres est proche des bureaux », suggère-t-il.

Idéal pour les nombreux employés qui quittent le travail le soir, le projet est même bien accueilli par les habitués. Pour Yuuya Munakata, étudiante s'entraînant pour son club de course, c'est une bonne idée car les gens possédant le même hobby pourront être ensemble.
« C'est un bon moyen pour rencontrer de nouvelles personnes », ajoute Harumi Ueda qui s'entraîne pour participer un jour au marathon d'Honolulu à Hawaii.

Mais il faudra réussir à convaincre les autres. Une étude publiée par le gouvernement l'année dernière montre qu'à peine un tiers des salariés de 20 à 30 ans fait du sport plus d'une fois par semaine.
Pas sûr non plus que la tenue de sport et la sueur soient les meilleurs arguments pour conquérir l'âme soeur. KDDI réfléchit déjà au problème. La société de télécommunication s'intéresse au jogging en y consacrant des applications pour téléphone portable.
Pour compléter cette stratégie, l'entreprise japonaise annonce l'installation de douches dès ce week-end à la station de métro juste en face du Palais impérial.
Anthony Rivière


C'était il y a quelques mois...

Aujourd'hui le Japon - 28 nov 2009
http://www.aujourdhuilejapon.com/actual ... entaires=1

Au Japon, une banque demande à ses employés de rentrer tôt pour faire des enfants

Les employés de la première banque japonaise ont chacun reçu un e-mail assez inhabituel de la direction, les appelant à rentrer chez eux 50 minutes plus tôt qu'à l'accoutumée. Soulignant le très faible taux de natalité du pays, la Mitsubishi UFJ leur conseille de profiter de ce temps libre pour passer du "temps en famille".

La campagne interne de la MUFJ s'ajoute à d'autres initiatives nationales déjà envisagées pour inciter les Japonais à faire plus d'enfants. Le raisonnement est simple: si le "salaryman" japonais et sa compagne rentrent du travail à une heure plus raisonnable, alors qu'ils avaient jusqu'à présent l'habitude de consacrer leurs soirées à leur entreprise, ils auront peut-être l'énergie pour se retrouver un peu ensemble et se reproduire.

La démarche de la banque nippone n'est pas superflue: l'archipel souffre d'un vrai problème démographique et, avec 1,3 enfant par femme en moyenne contre 2,1 nécessaires à assurer le renouvellement de la population, le Japon a l'un des plus faibles taux de fécondité de la planète. Certains médias locaux évoquent une "société sans enfants".

Une situation qui s'explique par le mode de vie des Japonais urbains: ils consacrent journées et soirées à leur entreprise, rentrent le soir dans des logements exigus et estiment que leurs revenus sont insuffisants pour assumer une nouvelle charge. Au Japon, on se marie tardivement, à l'approche de ses 30 ans en moyenne. Et à la différence des pays européens, avoir un enfant hors mariage y est encore très mal perçu.

La faible natalité est entrée au coeur du débat politique, notamment avec l'arrivée historique au pouvoir du Parti démocrate de Yukio Hatoyama. En campagne, ce dernier a promis d'allouer l'équivalent de près de 200 euros par mois et par enfant aux familles ainsi que d'augmenter la prime à la naissance à 4000 euros. Il veut également rendre la scolarité dans l'enseignement secondaire public gratuite.
Avec la crise, le nouveau gouvernement doit encore trouver une source de financement pour ces mesures.

Le problème n'est pas qu'économique. Il touche à l'organisation de la société. Pour les Japonaises, avoir un enfant est un dilemme, qui signifie souvent devoir abandonner son emploi et mettre un terme à sa carrière. La tradition veut qu'elles quittent leur emploi pour s'occuper de leurs enfants. Une tradition autant qu'une nécessité, car les crèches manquent. Les épouses ne comptent pas sur leurs maris qui, selon un sondage, passent en moyenne 30 minutes par jour avec leurs enfants ou à s'occuper de tâches ménagères. 70% des femmes travaillant dans des petites ou moyennes entreprises japonaises abandonnent leur emploi à la naissance de leur premier enfant.

Corollaire de la faible natalité, le pays manque de jeunes. Sa population vieillissant, se pose la question de savoir qui financera les retraites de ceux que l'on surnomme "les cheveux gris" dans un pays déjà surendetté. Et comment maintenir une société prospère si la main d'oeuvre n'est pas renouvellée. Des estimations soulignent que si rien ne change, sa population aura baissé d'un tiers d'ici à 2050.

Certaines entreprises, comme la banque Mitsubishi UFJ, essayent donc d'inciter leurs employés à se reproduire. Dans ce dernier cas, il semble pourtant que les employés ont eu du mal à décrocher leur travail à une heure inhabituelle à leurs yeux, et sous le regard de leurs collègues.
Harold Thibault


La maternité équivaut souvent à un licenciement déguisé.
Aujourd'hui le Japon - 28 nov 2009
http://www.aujourdhuilejapon.com/actual ... 97.asp?1=1

Comment pousser les Japonais à faire des enfants ?
par Patrice Novotny (AFP)

Lorsque Mayuko Nakamura a annoncé sa grossesse à son employeur, il lui a montré la porte. Un cas révélateur du défi posé au gouvernement japonais: lever les obstacles dissuadant les femmes d'enfanter afin de redresser une natalité catastrophique.
"La direction des ressources humaines m'a demandé de signer une lettre de démission pour motif personnel", raconte cette ancienne employée en CDD d'une grande maison d'édition de Tokyo. Après s'être exécutée sous la pression, elle n'a eu droit à aucune indemnité.

Confrontées à ce genre de problèmes, les Japonaises s'inquiètent du manque de soutiens apportés aux mères et accouchent peu depuis les années 1970. Le taux de fécondité, bloqué à 1,37 enfant par femme en 2008, menace de faire chuter de 127 à 95 millions la population du Japon d'ici 2050 et le nouveau Premier ministre de centre-gauche, Yukio Hatoyama, a fait de l'augmentation des naissances une priorité.
Symboliquement, il a confié un secrétariat d'Etat à la Démographie et à l'Egalité des genres à Mizuho Fukushima, une avocate féministe qui dirige le Parti Social-Démocrate. "Malheureusement, 70% des jeunes mères quittent leur emploi. Nous voulons qu'elles puissent continuer à travailler", explique Mme Fukushima lors d'un entretien à l'AFP. Les autorités veulent créer des places en crèche et encourager les congés de maternité, poursuivant la politique timidement initiée par les gouvernements conservateurs.

Traditionaliste, la mentalité japonaise évolue: seuls 23% des Nippons jugeaient souhaitable qu'une mère travaille en 1992, un taux monté à 43% en 2007, selon les enquêtes officielles. Le culte de l'homme au travail a toutefois la vie dure et un trentenaire sur cinq travaille plus de 60 heures par semaine. Une femme active sait qu'elle devra s'occuper seule de sa progéniture en rentrant à la maison, ce qui en dissuade certaines sur le chemin de la maternité, sans compter la pauvre vie sexuelle des salariés débordés... qui réduit dès le départ les chances de grossesse. "Travail, longs temps de transport, les gens sont fatigués le soir", reconnaît Mme Fukushima. "Nous devons réguler le temps de travail pour que les hommes puissent participer aux tâches domestiques." Un congé de paternité a été créé il y a quelques années mais n'était pris en 2008 que par... 1,2% des pères. La secrétaire d'Etat veut promouvoir ce système, mal connu selon elle. Mises bout à bout, les réformes récentes ont contribué à un frémissement du taux de fécondité qui avait touché un plus bas en 2005, à 1,26 enfant par femme.

Mais pour la sociologue Yuko Kawanishi, le travail n'est qu'un aspect du problème. "La principale raison est que les gens se marient de plus en plus tard, voire pas du tout, et qu'il est très rare d'enfanter hors mariage", explique-t-elle. Seuls 3% des bébés sont dans ce cas au Japon, contre plus de 50% en France et près de 40% aux Etats-Unis. En cause: la discrimination dont souffrent ces enfants qui ne reçoivent, par exemple, que la moitié de l'héritage attribué à leurs frères et soeurs "légitimes". "Nous comptons réformer le code civil" pour arrêter cette ségrégation, promet Mme Fukushima, afin d'encourager les concubins à enfanter.

Le gouvernement a promis en outre de créer une allocation familiale de 26.000 yens (200 euros) par mois et par enfant jusqu'à sa sortie du collège, afin de rassurer les parents potentiels qui renonceraient face à l'ampleur des dépenses. "Ainsi, nous pourrons créer une société où avoir un enfant ne sera plus considéré comme un handicap", espère Mme Fukushima.
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Re: Le Japon vers un Hiroshima économique

Messagede Antigone le Dim 1 Aoû 2010 10:06

Les frontières servent d'enclos où le patronat puise la main d'oeuvre dont il a besoin. Lorsque celle-ci n'est plus assez nombreuse, productive ou qualifiée, les frontières s'uvrent à l'embauche d'un nombre limité de travailleurs étrangers.
Singapour par exemple s'apprête à accueillir 100 000 travailleurs étrangers pour répondre à la forte croissance de son économie (18,1 % pour les six premiers mois). Son ministre chargé de l'emploi a déclaré à un journal gouvernemental que ces 100 000 travailleurs devront être différents des immigrés de ces dernières années employés habituellement dans la construction et la restauratiobn: "ils devront être "plus qualifiés et plus productifs".(Le Monde du 27 juillet 2010)
http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html
En revanche, lorsque l'économie se met à saturer, on chasse les immigrés, on les pousse à partir ou bien on encourage l'émigration des nationaux vers des pays où le coût du travail est plus faible. C'est ce qui se passe actuellement au Japon.

Cette semaine deux articles abordent la question sensible de l'immigration/émigration dans un pays fier depuis toujours de son "homogénéité ethnique".

Aujourd'hui le Japon - 27 jul 2010
http://www.aujourdhuilejapon.com/actual ... 54.asp?1=1

La délocalisation à la japonaise
par Anthony Rivière

Après la délocalisation d'usines dans des pays à bas coût et le travail de main d'oeuvre étrangère sous-payée dans le pays, le Japon invente la délocalisation de main d'oeuvre japonaise à l'étranger.

La journaliste Miki Tanikawa révèle dans le New York Times cette pratique du capitalisme récurrente au Japon : délocaliser des salariés japonais diplômés pour profiter des bas coûts dans d'autres pays asiatiques.
L'opération est doublement avantageuse pour les entreprises. Et les jeunes, victimes de la crise et du chômage, trouvent un travail facilement.

« Tout est allé si vite après ma demande sur Internet, explique Akane Natori au New York Times. Avant que je le sache, j'ai eu le travail
». Alors qu'elle était assistante dans une entreprise d'import-export à Tokyo, la japonaise de 26 ans a décidé de changer pour travailler dans un centre d'appel... à Bangkok.
« Sous la pression de la réduction des coûts, les grandes entreprises ont de plus en plus recours à la sous-traitance et envoient leurs salariés en col blanc, où il revient moins cher de faire des affaires qu'au Japon ».

La sous-traitance dans des pays à bas coûts n'est pas une nouveauté. Les Américains et les Anglais délocalisent régulièrement leurs opérations de cols blancs en Inde, alors que la France fait la même chose dans les pays africains.
Contrairement à l'anglais et le français, le japonais n'est parlé nul part en dehors du pays et peu d'étrangers le pratique parfaitement.

« Si vous utilisez des Chinois parlant japonais par exemple, la qualité du service ne correspondra pas aux attentes du client », explique Tatsuhito Muramatsu, le nouvel employeur d'Akane Natori au bureau thaïlandais de Transcosmos.

Il n'y a pas de chiffres précis et récent sur cette pratique. Mais selon le ministère japonais des Affaires Intérieures, 100 000 japonais seraient partis à l'étranger en 2008.

Inconvénient pour les Japonais choisissant cette voix, le bas salaire. Mais la jeune Akane ne s'en plaint pas : « Si vous êtes prêt à vivre de restaurants locaux, vous payez seulement 30 baht (7 centimes d'euros) pour du riz, des oeufs, des légumes et de la viande ».
Elle loue un studio à 6500 baht (155 euros) dans une résidence sécurisée au centre de Bangkok possédant une piscine et vante les mérites d'une expérience à l'étranger. Difficile de se plaindre lorsqu'on vit en Thaïlande, une destination de plus en plus prisée par les touristes.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Le Monde - 27 jul 2010
http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html

La crise incite le Japon à revoir sa politique migratoire
par Philippe Mesmer

TOKYO - Dans la cité industrielle de Kawasaki, l'air de samba qui envahissait les rues, mi-juillet, invitait à une certaine réjouissance.
Mais ce rythme enivrant ne saurait faire oublier que la communauté brésilienne du Japon, la troisième étrangère derrière les Chinois et les Coréens, a beaucoup souffert de la crise commencée à l'automne 2008. Si la baisse de 1,4 %, à 2,2 millions, du nombre d'immigrés en 2009 - le premier recul depuis 1961 - doit beaucoup au rapatriement d'expatriés envoyés par de grands groupes, elle est surtout liée au départ des ressortissants brésiliens. En un an, leur nombre a reculé de 14,4 %, à 267 456.

Essentiellement constituée de travailleurs peu qualifiés et de leur famille, la population brésilienne de l'Archipel se concentre dans les grandes cités industrielles : 54 % travaillent en usine (contre 38,9 % des immigrés en général), le plus souvent dans des conditions très précaires.

La plupart sont des nikkeijin, des descendants de Japonais ayant émigré en Amérique du Sud dès 1908. Ils sont venus au Japon en profitant de la révision en 1989 de la loi sur l'immigration, qui leur a permis d'avoir des visas de travail même en l'absence de qualification particulière. La mesure devait compenser la baisse de la population active, amorcée au Japon dans les années 1980. Moins de 4 000 avant 1990, les nikkeijin étaient plus de 310 000 à la fin de 2007. Leur intégration a parfois été difficile, notamment dans les années 1990, ponctuées de troubles sociaux.

Dès le début de la crise de l'automne 2008, les industriels se sont séparés en priorité de cette main-d'oeuvre. Le taux de chômage de la communauté aurait atteint 40 %, contre 5 % avant la crise. L'afflux de ces nouveaux chômeurs, sans qualification et parlant mal le japonais, dans les centres Hello Work de recherche d'emplois a provoqué une certaine panique. Le gouvernement en est même venu à créer un programme d'aide financière au retour. Déjà, 11 300 nikkeijin en auraient profité.

Aujourd'hui, la situation semble stabilisée. A Hamamatsu, ville de la préfecture de Shizuoka qui abrite des usines Suzuki ou Yamaha, la HICE, la fondation locale chargée des échanges internationaux, signale que "leur taux de chômage est revenu à des niveaux traditionnels".

L'organisme note cependant que "les Brésiliens étaient 14 655 en juin, contre plus de 20 000 il y dix-huit mois". Quelque 5 000 d'entre eux sont partis et, manifestement, le besoin de les remplacer ne se ressent guère. Le plan quinquennal de contrôle de l'immigration, rendu public en mars, appelle même à une réflexion sur les conditions d'octroi de visas aux nikkeijin.

"La crise a fait prendre conscience de combien coûte le fait d'accepter des travailleurs étrangers d'un point de vue économique et social", a réagi Masahiko Yamada, ministre du travail. Elle a ravivé le débat sur l'immigration alors que la population active pourrait tomber à 55,8 millions de personnes en 2030, contre 66,6 millions en 2006. Un déclin propre à accentuer les déséquilibres des comptes sociaux déjà déficitaires, qui menace le développement économique du pays.

En dix ans, le nombre d'immigrés a progressé de 40,5 % en dix ans, mais ils ne représentent encore que 1,71 % de la population totale. Rien n'indique qu'ils vont augmenter sensiblement. L'objectif de la politique japonaise reste d'attirer des personnes hautement qualifiées et des étudiants - en priorité asiatiques pour favoriser les échanges avec une zone en plein essor - à même de suivre des cursus de haut niveau dans des universités.

L'immigration doit compenser des besoins réels et identifiés par les autorités. Les Accords de partenariat économique conclus avant la crise avec les Philippines et l'Indonésie en sont l'illustration. Ils prévoient la venue chaque année de dizaines d'aides-soignants de ces pays afin de compenser le manque de personnel dans les hôpitaux. Il y avait urgence, mais leur arrivée est déjà remise en cause: la crise incite les Japonais à s'orienter vers ce métier, que le gouvernement s'efforce de revaloriser.

Tout cela montre que, avant de faire venir des étrangers, il faut, comme le confirme la nouvelle stratégie de croissance finalisée en juin, "encourager les personnes ayant des capacités non exploitées, comme les jeunes, les femmes et les personnes âgées, à s'engager sur le marché du travail". Pour M. Yamada, l'adoption de mesures adéquates dans ce sens doit "stabiliser la population active pour les dix années qui viennent".

Le soutien public à la recherche en robotique semble être aussi un moyen d'éviter de recourir aux travailleurs venus d'ailleurs.
Plus généralement, les débats montrent que le Japon reste réticent à ouvrir ses frontières, et pas seulement pour des raisons économiques.

L'image de l'étranger reste plutôt négative dans un pays qui se perçoit comme ethniquement homogène. Et le fondement de la politique migratoire demeure la création d'un "consensus public" sur l'influence de l'installation d'étrangers "sur le marché du travail, mais aussi sur la sécurité sociale, l'éducation, la communauté ou encore la sécurité".


L'extrème-droite japonaise ne cesse de demander depuis la fin de la Seconde guerre mondiale que le pays se remilitarise en se dotant d'une armée conventionnelle. De son côté, la droite libérale, alliée fidèle des USA, souhaite le maintien des bases américaines à Okinawa. Mais voila qu'un rapport sur les forces armées émanant d'une commission gouvernementale essaie de contenter à la fois l'une et l'autre.
Le parti au pouvoir (le PDJ) espère ainsi les amadouer alors que sa position vient d'être ébranlée par un revers aux élections sénatoriales et qu'il cherche désespéremment à leur faire accepter des augmentations d'impôt pour relever les finances publiques.

RFI - 27 jul 2010
http://www.rfi.fr/asie-pacifique/201007 ... -son-armee

Le Japon prépare une réforme de son armée

Le Japon pourrait décider de se doter d'une armée conventionnelle. C'est en tout cas ce que préconise une commission d'enquête gouvernementale. Selon la presse japonaise, son rapport souligne qu'en l'état, l'archipel n'est pas en mesure d'assurer sa propre défense.

L'armée japonaise est incapable de faire face à une menace extérieure. Le rapport préconise donc une véritable rupture, une sorte de révolution militaire. Selon les experts, la constitution pacifiste, adoptée au lendemain de la défaite de 1945, doit être réinterprétée de façon à ce que les forces d'autodéfense puissent conduire des manœuvres militaires efficaces.

Le document cite l'interception de missiles, la production d'armes, le développement de programmes militaires, la participation à des opérations extérieures, l'engagement dans des actions de maintien de la paix, de combat contre la piraterie.
Le rapport indique que les soldats japonais doivent pouvoir repousser une tentative d'invasion de l'archipel. Il suggère une montée en puissance des bases américaines, comme celle d'Okinawa, pourtant très contestée au sein de l'opinion publique japonaise, ainsi qu'une mise en commun des équipements.

C'est un rapport à contre-courant de 65 ans de politique en matière de défense. Si l'avis des experts est retenu, c'est tout le socle pacifiste du Japon moderne qui s'en trouverait ébranlé. C'est un chantier considérable qui s'ouvrirait alors pour le Parti démocratique du Japon, dont l'un des Premiers ministres vient de démissionner pour n'avoir pas tenu ses promesses électorales de déménager la base américaine d'Okinawa.
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Re: Le Japon vers un Hiroshima économique

Messagede Antigone le Sam 18 Sep 2010 12:14

L'économie japonaise a absolument besoin de ses exportations, et les grosses société de l'électronique et de l'automobile qui s'inquiétaient pour leurs résultats des six prochains mois avaient mis la pression sur le pouvoir politique pour qu'il ordonne à la Banque centrale japonaise (la BoJ) de faire baisser le yen. Après avoir repoussé son principal rival à la direction du parti au pouvoir, Naoto Kan (le PM) n'avait pas le choix, d'autant que cela faisait six ans que cette solution n'avait pas été expérimentée... c'est-à-dire depuis la dernière fois qu'elle avait échoué. Hahahaha ! On se croirait chez les shadoks !
En théorie, elle devrait avoir pour effet de donner un coup de fouet aux exportations (en vendant moins cher) mais aussi de faire augmenter le prix des matières premières importées et ainsi de créer un soupçon d'inflation qui attirerait les investissements, mais ce n'est que de la grosse thèorie économique.

En réalité, le conjoncture actuelle ne s'y prête pas. Cette intervention sur le cours de la devise japonaise ne tardera pas à n'être qu'un expédient, une tentative désespérée du Japon de garder la tête hors de l'eau et de s'échapper du maelstrom déflationniste. Car si la BoJ croit se sortir d'affaire en vendant des yens et en rachetant des dollars "aussi souvent que nécessaire", ses coffres contiendront bientôt plus de dollars que de yens.
Personne ne peut imaginer que la spéculation contre le yen va tout d'un coup cesser, qu'elle va s'orienter vers des actifs plus risqués, alors que l'or est en train de battre chaque jour des records historiques. D'autre part, il n'est pas question pour les autres économies aussi malades que celle du Japon de payer pour son redressement. L'humiliation ultime serait que la Chine (son principal partenaire commercial), qui a intérêt à ce que le marché japonais ne s'éffondre pas, lui envoie une bouée...

Les Echos - 16 sep 2010
http://www.lesechos.fr/journal20100916/ ... 358083.htm

Tokyo contre les marchés : le yen chute de 3 %
par Yann Rousseau

TOKYO - Les autorités japonaises ont surpris nombre d'analystes, hier, en intervenant pour la première fois en six ans sur les marchés de change afin de tenter de faire baisser le yen, dont la récente poussée menacerait, selon Tokyo, les espoirs de reprise économique. Visiblement agacé par une nouvelle appréciation de leur devise face au dollar dans les premières heures de la matinée, le gouvernement a déclenché dès 10 h 30 (heure de Tokyo), avec la Banque centrale du Japon (BoJ), une campagne de vente massive de yens et d'achat de dollars sur les marchés. Très rapidement, la devise japonaise, qui évoluait à son plus haut niveau face au billet vert depuis quinze ans, en s'échangeant au taux de 82,87 yens contre 1 dollar, est retombée au niveau de 85,40 yens contre 1 dollar.

Selon les médias, les autorités japonaises continuaient d'intervenir sur les places européennes pour faire baisser le yen et étaient susceptibles de poursuivre aux Etats-Unis si nécessaire. En fin de session européenne hier, la devise nippone se traitait à 85,57 yens contre 1 dollar, en baisse de 3,2 %, et à 111,26 yens contre 1 euro, en baisse de 3,3 %.

S'adressant à la presse quelques minutes après les premières rumeurs, le ministre des Finances, Yoshihiko Noda, a confirmé qu'il avait bien ordonné une intervention. « La déflation continue et nous sommes dans une situation économique grave », a-t-il justifié. « Dans ces circonstances, les récents mouvements du yen ont eu des effets néfastes sur la stabilité de l'environnement économique et financier. Nous ne pouvions pas ne pas tenir compte de cela », a insisté le responsable gouvernemental.

Refroidir les spéculateurs
Dès la confirmation de cette intervention, les grandes entreprises nippones, qui affirment que l'envolée du yen réduit la compétitivité de leurs productions sur les marchés internationaux et entame leurs profits lorsque leurs gains sont rapatriés de l'étranger, ont salué l'action du gouvernement tandis que le Nikkei a bondi de 2,3 % . « Nous applaudissons la décision », a ainsi commenté le constructeur automobile Honda, qui affirme avoir budgété 87 yens pour 1 dollar dans ses prévisions de résultat pour l'exercice en cours 2010-2011. Tout en saluant le geste du gouvernement de Naoto Kan, le géant de l'électronique Sony a appelé l'exécutif à se montrer ferme dans les prochains mois car, a insisté le groupe, les entreprises ne peuvent pas encaisser indéfiniment seules les poussées de la devise nippone.

Tentant de rassurer ces sociétés qui portent les espoirs de croissance du pays, le ministre des Finances a indiqué qu'il allait se montrer très vigilant et n'hésiterait pas à intervenir de nouveau sur les marchés de change si cela s'avérait « nécessaire ». Les experts doutaient toutefois, hier soir, de la capacité de Tokyo à enrayer sur le moyen terme, et sans l'aide d'autres capitales, le mouvement haussier du yen.

Si l'intervention gouvernementale devrait refroidir un temps une partie des spéculateurs, qui avaient largement parié ces derniers mois sur une inaction des autorités, elle pourrait se heurter aux grandes tendances internationales que le pouvoir japonais ne maîtrise pas. Les investisseurs internationaux devraient en effet continuer d'acheter massivement des yens pour se protéger contre les difficultés économiques pressenties aux Etats-Unis et en Europe. En cette période incertaine, ils notent qu'ils ne risquent pas de souffrir d'une baisse des taux d'intérêt au Japon, qui sont déjà presque nuls.
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Re: Le Japon vers un Hiroshima économique

Messagede Antigone le Sam 2 Oct 2010 09:17

Le drapeau de l'armée impériale a fait sa réapparition dans certains bars.

Aujourd'hui le Japon - 01 oct 2010
http://www.aujourdhuilejapon.com/actual ... 99.asp?1=1

Le nationalisme japonais alimenté par l'affaire Senkaku/Diaoyu
par Anthony Rivière

Manifestations dans les grandes villes chinoises, menaces de boycott des produits japonais, l'affaire des îles Senkaku (en japonais) / Diaoyu (en chinois) a réveillé un sentiment anti-japonais chez les Chinois. Au Japon, l'inverse se produit: le nationalisme est alimenté par cette querelle.

En cause: la libération du capitaine que le Japon avait mis en détention début septembre pour avoir percuté, deux bateaux de gardes côtes dans les eaux des îles Senkaku, revendiquées par le Japon, la Chine et Taiwan.
Malgré de vives protestations de Pékin, le gouvernement avait refusé de libérer le capitaine, déclarant vouloir le juger "selon la loi japonaise". Mais après que Pékin ait haussé le ton, le Japon a finalement relâché le capitaine, ce qui a permis d'apaiser les tensions, mais a été considéré par certains comme un aveu de faiblesse.

Trois des quatre Japonais qui étaient détenus en Chine pour avoir pris des photos d'installations militaires dans la province chinoise du Hebei viennent d'être relâchés, et les exportations de métaux rares vers le Japon ont repris. Elles avaient été interrompues en septembre, alors que ces matériaux sont indispensables aux entreprises japonaises de haute technologie.
Autre signe d'apaisement, le porte-parole du ministère chinois des Affaires Etrangères n'a pas renouvelé de demande d'excuses et de compensation pour l'arrestation de l'équipage chinois, lors de sa conférence de presse hebdomadaire, d'hier.

Naoto Kan pointé du doigt par la presse et les conservateurs

Les Etats-Unis ont applaudi Naoto Kan pour avoir relâché le marin chinois, et adouci les tensions avec Pékin. Mais au Japon, cette décision n'est pas accueillie de la même façon. Les partis d'opposition reprochent au Premier ministre de s'être incliné devant le voisin chinois.

Mardi, lors d'une séance au Parlement, une centaine d'hommes politiques conservateurs, menée par l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, a adopté une déclaration critiquant vivement la libération du capitaine du chalutier chinois, alors que celui-ci avait percuté les gardes-côtes japonais.
« Nous déclarons que nous sommes résolus à renverser l'administration Kan qui a endommagé les intérêts, la confiance et la dignité de notre nation », peut-on lire dans le texte que s'est procuré le Wall Street Journal. La déclaration est signée Sosei Nihon, que l'on peut traduire par « Genèse du Japon ».

Le Premier ministre n'est pas le seul visé. La semaine dernière dans une chronique, le journal Yomiruri, réputé conservateur, s'en prenait à Renho, secrétaire d'Etat en charge de la revitalisation du gouvernement et des réformes administratives.
« Elle a ouvert une boîte de Pandore sur les îles Senkaku le 14 septembre, lorsqu'elle parlait d'un 'problème territorial'. Certains membres du gouvernement ne sont visiblement pas à la page sur la question », pouvait-on lire.

Le journal de centre-droite vise plus généralement le parti de centre-gauche du Premier ministre Naoto Kan en parlant notamment d'un « manque de connaissance de la part du Parti démocrate du Japon au pouvoir sur les questions de souveraineté de l'Etat ».
L'article, titré « Les îles japonaises de Senkaku: Pourquoi tout ce remue-ménage ? », veut démontrer par A plus B que les îles Senkaku appartiennent au Japon et que personne ne peut le contester.

Une manifestation anti-Chine samedi à Tokyo

En dehors de la politique, les organisations nationalistes acceptent également mal que le Japon s'incline devant la Chine. « Le gouvernement japonais avait totalement tord sur ce point », déclare Toshio Tamogami au Wall Street Journal.
Ancien général des Forces aériennes japonaises d'auto-défense, il est devenu un leader du mouvement nationaliste au Japon, depuis la sortie de son livre en 2008 dans lequel il nie l'agression de la Chine par le Japon durant la Seconde Guerre Mondiale. Le livre lui avait alors coûté son poste.
Toshio Tamogami organise ce samedi une grande manifestation anti-Chine dans le quartier animé de Shibuya à Tokyo. Il confie dans le Wall Street Journal vouloir rassembler « des milliers de personnes ». L'ancien Premier ministre Shinzo Abe et l'ancien ministre de la Défense Yuriko Koike, actuel leader de l'opposition à la Diète japonaise, pourraient être présents.

Certains Japonais n'ont pas attendu l'appel des organisations pour manifester leur opposition à la Chine et se montrent plus violent. Deux hommes ont été arrêtés pour avoir jeté des explosifs dans des consulats chinois au Japon.
Le premier, âgé de 20 ans, avait fait le coup dans le consulat de Nagasaki dimanche dernier. Il a été imité par un homme de 39 ans à Fukuoka ce mardi. Personne n'a été blessé, rapporte le Japan Times.

Dirigée pour le moment vers la Chine, la colère pourrait également monter contre la Russie. Après un entretien à Pékin avec son homologue chinois Hu Jintao, le président russe Dmitry Medvedev a affirmé en début de semaine vouloir visiter les îles Kouriles du Sud, avant de se raviser.
Les quatre îles méridionales de l'archipel des Kouriles sont également revendiquées par le Japon, qui les appelle Territoire du Nord, « Hoppo Ryodo ».
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Re: Le Japon vers un Hiroshima économique

Messagede Antigone le Sam 9 Oct 2010 20:15

Le Japon est le grand perdant de la guerre des monnaies. Cette semaine, le yen a atteint son plus haut face au dollar depuis 15 ans. Il pourrait même continuer sur sa lancée en passant sous la barre des 82 yens pour un dollar...
La BoJ est impuissante à enrayer l'ascension du Yen, qui pénalise les exportations nippones, et à se dépêtrer de la déflation qui l'asphixie depuis une quinzaine d'années. Les dernières tentatives ont toutes échoué. Qu'à cela ne tienne, elle intervient à nouveau en mettant le paquet.

D'abord en abaissant les taux d'intérêt de 0,1 %... à moins de 0,1 % !! Pathétique ! en plus de faire rigoler la finance du monde entier. Puis en renouant avec la pratique d'assouplissement quantitatif, le "quantitative easing", dont les résultats au Japon ont toujours été désastreux, et qui consiste à injecter des liquidités dans l'économie en rachetant les poubelles de ses entreprises et les créances douteuses de ses banques. cette fois il s'agit de 61 milliards de dollars (5 000 milliards de yens).
Plus de la moitié de cette somme devrait être consacrée à des travaux publics, à des mesures d'aide aux PME et aux municipalités. Grâce à ces mesures, le gouvernement prévoit de créer 450 000 à 500 000 emplois et de faire progresser le PIB d'environ 0,6 %. Ce financement fait partie de la ralonge budgétaire qui sera soumise d'ici fin octobre à la Diète.

A titre de comparaison, la récente opération de "quantitative easing" a permis à la Fed de mettre entre 500 et 1 000 milliards de dollars dans les tuyaux. C'est à ce prix que les USA font baisser leur monnaie et maintienne tant bien que mal leur économie à flôt. On se demande alors comment le yen pourrait réussir à se déprécier par ses propres moyens face au dollar.
Et puis chaque fois que la BoJ vend ses yens, la Banque de Chine saute dessus pour diversifier sa réserve de devises pleine de dollars dévalués. La réciproque ne fonctionne pas puisque le yuan n'est pas une devise. Résultat: le Japon est pris à la gorge.

Le FMI s'est permis de lui conseiller de moins compter sur ses exportations et d'entamer dès maintenant une mue structurelle de toute son économie, mais il semblerait que ce soit déjà trop tard.
Le Japon a oublié de prêter attention au yin qui dormait dans le yang. La réussite japonaise des années 60-70 était porteuse de ce qui allait la détruire. Les années 80-90 auraient dû être celles d'une lente mutation de ses industries alors que dans le même temps la Chine entamait la sienne vers l'économie de marché, créait des zones économiques spéciales, batissait Shenzhen et utilisait la rétrocession de Hong-Kong comme le propulseur de son empire financier.
Mais puisque le yang est dans le yin, on peut juste souhaiter que la remise en cause qui a fait défaut aux élites politiciennes soit mise à profit par les opprimés pour contester les valeurs qui les ont abrutis pendant si longtemps. Il faudra faire vite car cette course vers l'abime donne aujourd'hui de plus en plus d'arguments aux nationalistes.

RFI - 08 oct 2010
http://www.rfi.fr/asie-pacifique/201010 ... budgetaire

Le gouvernement japonais approuve une nouvelle rallonge budgétaire
par Frédéric Charles

Le gouvernement japonais met en œuvre, ce 8 octobre, un plan de relance de 44 milliards d'euros pour soutenir son économie. La troisième économie du monde est aujourd'hui menacée par le yen fort, la déflation et le ralentissement de la croissance dans le monde. C'est le deuxième plan de soutien en l'espace de deux mois que le gouvernement de centre-gauche du Premier ministre Naoto Kan approuve pour éviter que l'économie japonais ne retombe dans la récession.

Le Japon ne trouve toujours pas la clé de son retour à la croissance. Début septembre, le Premier ministre Naoto Kan a fait adopter un programme de soutien de 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, il ajoute 44 milliards d’euros.
Ces plans sont dévoilés au moment où s’achèvent plusieurs dispositifs de soutien public à la consommation intérieure, comme des avantages fiscaux à l’achat de voitures hybrides.

Avec ce nouveau plan, le gouvernement veut surtout contrer les effets du yen fort, la croissance de l’économie japonaise n’étant tirée que par les exportations. Une partie de ces 44 milliards d’euros doit financer la diversification des zones d’achat de terres rares ou de métaux rares, indispensables pour les industries de haute technologie.
Le Japon veut réduire sa dépendance envers la Chine, depuis que Pékin a stoppé pendant une semaine ses envois de ressources minérales vers le Japon pour le forcer à obtenir la libération du capitaine d’un chalutier chinois.

Le FMI (Fonds monétaire international) demande au Japon de concentrer ses efforts sur la restructuration de son économie, trop tournée vers les exportations, au lieu de s'obstiner à endiguer la hausse du yen. L'économie nippone trop réglementée, peu ouverte aux accords de libre-échange, souffre en effet de surcapacité de production.


Aujourd'hui le Japon - 08 oct 2010
http://japon.aujourdhuilemonde.com/au-j ... s-mitigees

Au Japon, les investissements chinois provoquent des réactions mitigées
par Benjamin Gauducheau

Il est loin, le temps où les entreprises japonaises provoquaient des craintes d'"impérialisme économique" aux Etats-Unis en rachetant des syboles du pays tels que le Rockefeller Center ou Colombia Pictures. L'économie japonaise n'a plus la fougue des années 80, et manque fortement de dynamisme... ce qui n'est pas le cas de celle de son géant de voisin, la Chine.

L'empire du milieu connaît depuis plusieurs années une croissance a deux chiffres, qui, même si elle s'est récemment ralentie, reste néanmoins à un niveau envié par tous les dirigeants des pays développés. Signe d'un temps révolu, l'économie chinoise a d'ailleurs dépassé celle du Japon au mois d'août 2010 en termes de PIB. Et ce nouveau rapport de force se traduit par l'arrivée massive de capitaux chinois dans un archipel qui a de plus en plus besoin d'investissements étranger.

Les capitaux chinois au secours des entreprises japonaises

Le Wall Street Journal cite l'exemple de Honma Golf Co.
Lorsque ce fabriquant de club de golfs s'est mis à la recherche d'un partenaire en vu d'une internationalisation, c'est sans hésiter qu'il s'est tourné vers le pays qui connaît actuellement la plus grosse explosion du marché du golf: la Chine. 50% des parts de l'entreprise furent vendues à des investisseurs chinois, qui occupent désormais les deux tiers du comité de direction de Honma.
"Notre intention était de nous élargir et nous avons pensé que nous pourrions le faire en passant par la Chine, a expliqué le président du groupe, Koji Nishitani, au quotidien. Les tensions Chine-Japon n'affecteront pas du tout notre business (...) la vraie économie se développe quoi qu'il arrive".

Koji Nishitani est donc un entrepreneur enthousiaste, et il n'est pas le seul. Les entreprises chinoises ont dépensé 120 millions de dollars dans la première moitié de l'année pour acquérir diverses petites et moyennes entreprises, selon un rapport de Goldman Sachs. Cela fait six fois plus que l'année dernière. Et les investissements devraient continuer à affluer, en particulier dans le domaine de l'immobilier.

Les forêts japonaises menacées ?

Or, les achats immobiliers chinois au Japon ne font pas vraiment l'unanimité au sein de la population. Pour exemple, le projet de développement d'un complexe touristique pour riches Chinois dans la petite ville montagneuse de Misasa a provoqué de part et d'autres des réactions de crainte.
Si les habitants locaux y voient une bonne façon de redynamiser leur ville, auparavant touristique mais désertée à la fin des années 1990, certains y voient une menace sur les forêts et le ressources naturelles de la région.
Selon le New York Times, "une peur que la Chine rachète la patrie se répand à travers la nation, amplifiée par des articles de presse et par l'anxiété générale due aux prouesses déclinantes en économie et à l'hostilité montante du riche voisin".

Preuve de cette préoccupation montante, la chaîne publique NHK avait intitulé récemment un de ses programmes d'informations " Visés par l'argent étranger ? Les forêts japonaises sont à vendre". Car Misasa n'est pas le seul endroit où des Chinois se sont montrés intéressés par l'acquisition de terrains forestiers: c'est également le cas, par exemple, à Hokkaido, et dans la préfecture de Mie.
"J'ai voulu vendre à des Japonais, a déclaré un promoteur de Misasa qui s'est associé à des Shanghaiens pour la construction de 47 maisons de luxe sur d'anciens terrain forestiers, après avoir reçu des visites d'officiels inquiets. Mais les japonais ne peuvent plus s'acheter une seconde propriété". "Les riches chinois dépensent de l'argent d'une façon qui n'existe plus au Japon, a-t-il ajouté. Les gens me disent de ne pas vendre aux chinois. Mais moi, je fais du business. si quelqu'un achète, je vends.

Et les craintes ne s'arrêtent pas à l'immobilier et au secteur privé. Le mois dernier, le ministre des finances Yoshihiko Noda a demandé aux décideurs chinois de "clarifier leurs objectifs". En effet, un achat massif d'obligations de la part de Pékin aurait favorisé une hausse du yen, et rendu moins compétitives les exportations japonaises.
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Re: Le Japon vers un Hiroshima économique

Messagede Antigone le Lun 6 Déc 2010 18:32

Aujourd'hui le Japon
http://japon.aujourdhuilemonde.com/la-p ... e-au-japon

La prison, dernier refuge des personnes âgées en détresse au Japon
par Benjamin Gauducheau

Les prisons avec des rampes pour se tenir dans les couloirs, d'imposants stocks de couches et des aide-soignants spécialisés en gérontologie, ça existe au Japon.

Dans les pénitenciers de la péninsule, les structures adaptées aux personnes âgées se développent même à vitesse grand V, afin de pallier à une évolution préoccupante du profil des détenus, de plus en plus âgés. Il s'agit là d'un véritable phénomène de société : entre 2000 et 2006, le nombre de prisonniers âgés avait augmenté de 160 %, et sur la décennie entière, il a doublé, pour atteindre aujourd'hui 10 000 personnes, soit 16 % de la population carcérale totale. En comparaison, les Etats-Unis, qui connaissent également une augmentation du nombre de vieux prisonniers, n'en étaient en 2005 qu'à 4,6% de prisonniers au delà de 55 ans.

L'une des causes de ce phénomène est, bien sur, le vieillissement de la population. Mais ce facteur seul ne peut pas tout expliquer, puisque la part de la population âgée au Japon n'a augmenté que de 30 % sur dix ans.
Devant ce phénomène, les autorités investissent: alors qu'un étage entier a été adapté à la gériatrie à la prison de Onomichi, près d'Hiroshima, le gouvernement a débloqué 100 millions de dollars pour la construction d'espaces similaires dans trois prisons du pays. Et ce n'est qu'un début, puisque le gouvernement prévoit de doter en tout le pays de 1000 places pour les détenus âgés.

Mieux lotis en prison

A Onomichi, où 61 détenus de 60 à 89 ans passent leurs vieux jours, la majorité d'entre eux ont été arrêtés pour de petits larcins de type vol à l'étalage. Ils travaillent six heures par jour, soit deux de moins que les détenus ordinaires, et sont pris en charge par des personnes spécialement formées. "Nous devons leur fournir le même genre d'attention que dans une maison de retraite ordinaire", explique le gardien en chef, Yoshihiro Kurahashi, à AP.

La vie n'est pourtant pas toute rose pour ces vieux détenus: ils travaillent, même les plus vieux, ils n'ont pas d'air conditionné pour supporter la chaleur de l'été, et partagent leurs chambre à plusieurs. Pourtant, il semble bien que ces conditions soient, pour beaucoup, plus enviables que celle de l'extérieur: un grand nombre de ces personnes volent délibérément, dans le but de se retrouver derrière les barreaux. Le délitement du lien social et la mauvaise santé économique du pays, où 1,3 millions de familles, dont 44 % des ménages âgés bénéficient d'aides sociales, y sont sans doutes pour quelque chose.

Une société trop dure

"Il y a des personnes âgées qui ont peur de retourner dans la société. Si ils restent en prison, tout est pris en charge", expliquait en 2007 le vice-directeur de la prison, Takashi Hayashi, au New-York Times.

L'entrée en prison représente d'ailleurs pour ces personnes le début d'un cercle vicieux: la prison les coupe de leurs liens sociaux, pour ceux qui en avaient, et ceux qui sortent, avec leur réputation entachée, peinent à retrouver un travail et un garant pour leur appartement.
C'est pourquoi le taux de récidive est également anormalement élevé chez les personnes âgées, qui délaissées par leurs familles, souffrent de solitude. "Sur le plan affectif, au sein d'une prison, les personnes âgées sont chouchoutées, alors que la société extérieure est plutôt dure avec eux", expliquait récemment M.Saito, un ancien détenu, dans une émission de France Inter.

Le lien social a difficilement survécu à la modernisation du Japon, et cela semble être l'un des raisons principales de cet inquiétant phénomène. L'année dernière, une enquête réalisée par la police de Tokyo auprès de 1050 personnes suspectées de vol à l'étalage a révélé que la majorité des personnes âgées interrogées n'avaient pas de revenus stables, étaient célibataires et n'avaient pas d'amis.
Ils avaient le plus souvent volé de la nouriture, des cosmétiques ou d'autres produits d'une valeur inférieure à 5000 yens ( 45 euros).


Le Parlement japonais a adopté une rallonge budgétaire de 4.800 milliards de yens (58 milliards de dollars) au plan de soutien de 915 milliards de yens voté au mois de septembre. Mais plus personne ne croit à l'efficacité de ces mesures. La récession menace pour 2011. Le Japon est prisonnier des sables mouvants de la déflation. Plus il se débat et plus il s'enfonce.
L'expansion - 02 dec 2010
http://www.lexpansion.com/economie/l-ec ... 44005.html

L'économie nippone traverse un trou d'air
par Elodie Grangié

Jusqu'à présent, les ménages nippons avaient tenu bon, grâce notamment aux perfusions du gouvernement et de la Banque centrale qui ont sorti la grande artillerie: politique monétaire extrêmement expansionniste et adoption de trois plans de relance en trois mois. Deux autres facteurs temporaires s'étaient ajoutés pour soutenir la consommation: le boom des ventes de climatiseurs pendant l'été caniculaire et la ruée des fumeurs vers les buralistes pour se constituer des stocks de tabac avant la hausse historique des prix de 30 % début octobre.

Mais trop c'est trop. Face aux suppressions d'emplois - le chômage est reparti à la hausse en novembre, aux réductions de salaires et inquiets pour l'avenir, les Japonais hésitent désormais à mettre la main au portefeuille. Du coup, la consommation a baissé de 0,5 % en octobre, pour la première fois depuis cinq mois. Le plus solide moteur de la croissance nippone au troisième trimestre est donc en train de flancher.

Sur le marché de l'automobile, c'est l'hécatombe. Déjà guère florissant depuis des années, il a plongé en novembre. Les immatriculations de voitures particulières ont fléchi de 33,5 %, après un recul de 26,6 % en octobre. Un plongeon qui s'explique en partie par l'arrêt, le 7 septembre dernier, des aides gouvernementales à l'achat de véhicules verts.

Et pour l'avenir, il semble que le gouvernement ait déjà joué toutes ses cartes pour relancer la consommation. Le pays du soleil levant affiche déjà la dette la plus élevée au monde avec 225 % du PIB. Quant à la politique monétaire, avec un taux directeur de 0,1 % et des taux d'intérêt réels négatifs, elle est déjà très expansionniste. La Banque du Japon ne dispose donc plus d'aucune marge de manœuvre.

Seule certitude: l'atonie de la consommation va enfoncer un peu plus l'économie japonaise dans la déflation. En octobre, l'indice des prix a encore baissé de 0,4 % sur un an. Les tarifs dans la région de Tokyo, considérée comme un indicateur avancé de l'évolution des étiquettes dans le reste du Japon, a pour sa part baissé de 0,5 % en novembre. Les prochains mois s'annoncent très difficile pour l'Archipel.
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Re: Le Japon vers un Hiroshima économique

Messagede Hansaplast le Jeu 9 Aoû 2012 17:23

Manifestations au Japon : une expression indignée face à la barbarie capitaliste

30 July, 2012

(indybxl)

Depuis le mois d'avril, une tempête de même nature que celle initiée par le « printemps arabe », qui avait encouragée ailleurs une multitude de mobilisations de populations « indignées » dans le monde (Espagne, Grèce, États-Unis, Canada etc.), souffle sur l'archipel japonais. Et comme pour bon nombre de ces mouvements, nous assistons de nouveau à un véritable black-out de la part de la bourgeoisie et de ses grands médias aux ordres. Au Japon même, en dehors des lieux cristallisant le mécontentement, c'est un silence identique à celui des autres moyens d’information démocratiques occidentaux. Ainsi, par exemple, une manifestation de plus de 60 000 personnes, à Tokyo, a pu être complètement occultée aux yeux du grand public. Selon les termes même d'un journaliste japonais « indépendant », M Uesugi, « au Japon, le contrôle des médias est pire que la Chine et semblable à l’Égypte ».[1]

Ces manifestations, de quelques centaines de personnes en avril, passant rapidement à quelques milliers par la suite, ont débouché sur une véritable vague de colère qui s'est amplifiée. Ainsi, au début du mois de juillet, affluant des diverses contrées (région de Tohoku - Nord-est, île de Kyushu - Sud, Shikoku - Sud-est, Hokkaido - Nord, Honshu – Centre ouest), les protestataires ont convergé en nombre à proximité du parc Yoyogi à Tokyo pour investir la rue. Rapidement, une « manifestation monstre » atteignait près de 170 000 mécontents. On n'avait pas vu pareille manifestation contre les conditions de vie depuis les années 1970. La dernière en date, d'une relative ampleur, en 2003, était contre la guerre en Irak.

Le facteur déclencheur de ce mécontentement est lié au traumatisme de Fukushima, à la forte indignation face aux mensonges des autorités nippones et à leur volonté de poursuivre un programme nucléaire kamikaze. Le dernier plan national prévoyait la construction de 14 nouveaux réacteurs d’ici 2030 ! Suite à la catastrophe de Fukushima, le gouvernement n'a pas trouvé mieux pour « rassurer » et préparer son plan que de dire aux populations : « Vous n'allez pas être affectés immédiatement. (...) Ce n'est pas grave, c'est comme prendre l'avion ou subir des rayons ». Quel cynisme ! Il n'est pas étonnant que la population très en colère demande « l'arrêt du nucléaire », à commencer par la centrale d'Hamaoka, à 120 km de Nagoya, située sur une zone de subduction fortement sismique.

Outre la massivité qui a été une surprise pour les organisateurs eux- mêmes, on retrouve le même rôle dynamique joué par Internet, par twitter et la nouvelle génération, en particulier les étudiants et les lycéens. Pour bon nombre, il s'agissait de leur première mobilisation. Parmi les manifestations quasi-hebdomadaires qui se sont succédées, certaines ont été organisées par des lycéennes de Nagoya via les réseaux sociaux et par une nébuleuse de groupes antinucléaires [2]. Des critiques fusent de partout sur le Web, les vidéos se multiplient et les sites alternatifs s'étoffent. Un peu à l'image du blog d'un ancien ouvrier de la centrale d'Hamaoka, dénonçant les mensonges sur la prétendue « sécurité » des installations nucléaires, les esprits s'animent. Un étudiant à Sendai (Nord-est), Mayumi Ishida, souhaite pour sa part « un mouvement social avec des grèves » [3]. Ce mouvement exprime ainsi en profondeur l'accumulation des frustrations sociales liées à la crise économique et à l'austérité brutale. En cela, ce mouvement au Japon se rattache bel et bien aux autres expressions de ce mouvement international des « indignés ».

Des gens très en colère n'hésitent donc plus à prendre la parole, même s'il est difficile d'en rendre compte faute d'informations précises.

Bien entendu, comme partout ailleurs, ce mouvement présente de grandes faiblesses, notamment des illusions démocratiques et des préjugés nationalistes marqués. La colère reste largement canalisée et encadrée par les syndicats et surtout, en l’occurrence, les organisations antinucléaires officielles. Des élus locaux frondeurs, par leur démagogie et leurs mensonges, réussissent encore souvent à entraîner derrière eux des mécontents en les isolant les uns des autres, en poussant à des actions stériles, exclusivement focalisées contre tel ou tel projet de l'industrie nucléaire et surtout contre le Premier ministre « fusible » Naoto Kan.

Malgré ces nombreuses faiblesses, ce mouvement au Japon est symboliquement très important. Il démontre non seulement que son isolement relatif des autres fractions du prolétariat (lié à des facteurs géographiques, historiques et culturels) tend en partie à être dépassé[4] mais aussi que toute la propagande nauséabonde des médias bourgeois sur la prétendue « docilité » des ouvriers japonais repose sur des préjugés destinés à briser l'unité internationale des exploités.

Progressivement, les ouvriers du monde entier commencent à entrevoir la force sociale qu'ils sont potentiellement capables de représenter pour le futur. Peu à peu, ils apprennent que la rue est un espace politique qu'il leur faudra investir par une lutte solidaire. Ils pourront alors retrouver, au Japon comme ailleurs, dans l'élan d'une force révolutionnaire internationale, les moyens de détruire le capitalisme et de construire une société libérée de l'exploitation et ses barbaries. Il s’agit là d’un long, très long chemin, mais c’est aussi et surtout le seul qui mène vers le règne de la liberté.

WH (21 juillet)

1 http://blogs.mediapart.fr/edition/japon ... ions-de-ma

2http://www.slate.fr/story/37717/japon-antinucleaire

3 www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Japon ... est-france

4 Voir notre série publiée en 2003 sur l'histoire du mouvement ouvrier au Japon, in Revue internationale n°112, 114, 115.

Source: CCI
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Re: Le Japon vers un Hiroshima économique

Messagede vroum le Lun 29 Juil 2013 11:47

Le dépouillement par le Japon

16 juillet 2013 http://www.liberation.fr/monde/2013/07/16/le-depouillement-par-le-japon_918727

Par PHILIPPE PELLETIER Géographe

Le Japon est extrême en ce qu’il vous dépouille de soi. Et il vous reconstruit, individuellement ou collectivement.

Individuellement, le Japon fait découvrir qu’il existe un autre soi qui n’est pas tout à fait le même mais qui n’est pas complètement différent non plus, au-delà des clichés comme Orient et Occident, ou tradition et modernité. Foin d’exotisme car si le Japon ne nous apparaît pas aussi familier que les gratte-ciel de New York ou les rues de San Francisco que nous connaissons sans avoir mis les pieds aux Etats-Unis, tant nous sommes abreuvés d’images américaines, la culture japonaise parsème notre quotidien, et nous savons en décliner les substantifs : jûdô, karate, geisha, tatami, ikebana pour les plus anciens ; manga, sudoku, sushi, tamagotchi, animê, cosplays, otaku et autres pokemon pour les plus récents, avec les éternels samurai ou kimono.

Du coup, la première arrivée au Japon revêt un air paradoxal sinon prétentieux de déjà-vu, à une exception près, annoncée par personne, encore moins décrite, et pour cause : les odeurs, le parfum du Japon, ce mélange de verdure humide, de jasmin local, de cryptomère cédrat et de relents d’égout mal drainé.

Le «choc culturel», il est souvent vécu à l’envers, de retour en France. Quelle brutalité à l’échelle sociologique ! Quel effarement, alors, de retrouver ces troupeaux qui se bousculent dans les transports en commun, incapables de comprendre le fonctionnement collectif, le sens de la fluidité, massés devant les portes pour, contre toute logique d’écoulement physique, mieux bloquer ceux qui descendent, ce qui empêche de monter (dans le wagon, dans le bus), ou d’entrer (dans un lieu, un magasin…). Ou encore la saleté dans les rues malgré les poubelles, la régression quasi généralisée de la politesse dont la simple salutation - bonjour, au revoir ! - rappelle que nous sommes des êtres humains.

Ce choc, il est d’ailleurs connu des Japonais sous le nom de «syndrome de Paris» (Pari no koshô), qui affecte les midinettes japonaises tout émoustillées de découvrir la capitale de la mode, des parfums Chanel ou des sacs Vuitton mais qui tombent en dépression face au quotidien du RER. Il paraît qu’il y a des médecins et même des cliniques spécialisées pour s’occuper de leur cas.

Le dépouillement par le Japon touche cependant des éléments plus profonds, qui se résument à deux tensions : la vie et la mort, autrement dit le sexe et la religion. La religion, on le sait, s’occupe beaucoup de la mort en spéculant sur l’au-delà, et elle rejoint la vie en glosant sur la création. Au Japon, le shintô animiste et païen balaie tout cela par son immanence. Il n’y a pas de principes transcendants, extérieurs à nous. Il existe des déités, certes, mais agitées de passions, de désirs, de colères et de caprices, exactement comme les êtres humains, avec quelques pouvoirs en sus, mais pas davantage que cela. Le bouddhisme complique le schéma en s’attribuant la gestion des funérailles, mais le Bouddha ne peut être assimilé au Créateur des monothéismes et il n’est pas parvenu à supprimer le substrat dionysiaque du shintô.

Découvrir qu’une société moderne peut fonctionner et se doter d’une éthique du vivre ensemble sans recourir à un Dieu omnipotent, omniscient et ubiquiste constitue une révolution. Si l’on ajoute que, dans cette société japonaise, réputée pour son groupisme et son conformisme, est né un mouvement anarchiste puissant - à son apogée, avant le militarisme des années 30, il rassemblait dans ses organisations davantage de membres que dans les organisations bolcheviques - un anarchisme caractérisé par l’articulation entre un individualisme farouche et un sens collectif assumé, la boucle est bouclée.

Dans l’immanence se trouve la possibilité d’une émancipation de l’être humain à condition de se défaire des agendas imposés, pauvre Japon, il n’en manque pas depuis un demi-siècle au moins : croissance économique à tous crins qui succède à l’impérialisme militaire, mise au labeur de générations entières maintenant remerciées à coup de retraites dévaluées et de précarité systématisée, alignement sur la politique américaine, proximité des communismes autoritaires chinois ou nord-coréen (et soviétique autrefois).

Quant au sexe, nos gender studies nord-américaines ont du mal à s’y retrouver car la configuration japonaise échappe à bien des idées toutes faites. Déjà, les jésuites débarqués au Japon au cours du XVIe siècle remarquaient avec ahurissement que les femmes précédaient les hommes dans la rue, et pas le contraire, que la nudité n’était pas un péché, que l’homosexualité et la sodomie étaient tolérées. Pour complaire aux dominateurs occidentaux de la ronde des impérialismes, le régime de Meiji, qui restaure l’autorité impériale à partir du dernier tiers du XIXe siècle, a non seulement réautorisé le christianisme (1873), mais il a aussi procédé à la séparation des genres dans les bains publics et à la censure (de nos jours encore, la représentation des organes génitaux est passible de lourdes amendes).

Finies les fameuses estampes érotiques japonaises on ne peut plus explicites, bienvenue aux séquences de cul brouillées par une mosaïque : mais il paraît que cela stimule l’imagination et l’ingéniosité des réalisateurs de films X. Il n’empêche : le péché n’existe pas dans les relations sexuelles au Japon, et la variété est ample de celles ou ceux qui aiment les rituels originaux à celles ou ceux qui refusent délibérément les relations sexuelles (appelées sôshoku-zoku ou «les herbivores»).

Collectivement, le Japon est extrême dans son expérience historique parlante pour toute l’humanité, extrême parce qu’il est bien à l’autre bout de l’Europe occidentale et de la Méditerranée grecque, latine ou arabo-musulmane. Ensemble d’îles, il fragmente même ce finisterre oriental du continent eurasiatique. Archipel allongé sur plus de trois mille kilomètres de la toundra au nord à la mangrove au sud, il comprend plus de six mille huit cents petites îles dont quatre cent trente habitées. C’est autant de situations singulières. D’ailleurs, l’île en japonais, ou shima, désigne à l’origine la communauté regroupée dans un village, lequel se confond primitivement avec le petit espace insulaire. On retrouve ce sens de nos jours encore dans les vallées profondes de la région d’Oku-Mikawa, au débouché des montagnes du Nagano, et, surtout, dans l’archipel des Ryûkyû, au sud-ouest du Japon, où l’île est appelée «Hanari» ou «Panari».

Or l’île, c’est non seulement la circonscription, l’enclosure ou la fermeture, c’est aussi l’ouverture sur le large, l’aventure et l’échange. Depuis leur première arrivée au XVIe siècle, les observateurs européens ont régulièrement souligné l’une des principales caractéristiques des Japonais : leur curiosité, leur soif de savoir et leur ouverture au monde, finalement, malgré ou à cause de leur éloignement insulaire. Une telle curiosité décuple la nôtre en retour, car tout ce que l’humanité peut inventer, on le trouve là-bas, au Japon. Et cette histoire ne s’arrête pas : après tant d’autres qui ont estimé qu’il y eut un avant et un après Hiroshima, il faut désormais affirmer qu’il y a un avant et un après Fukushima. Ceux qui ne l’aperçoivent pas encore en auront bientôt conscience.

Dernier ouvrage paru : «l’Extrême-Orient, l’invention d’une histoire et d’une géographie», Gallimard, 2011.
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