Egypte, Soudan

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Messagede Antigone le Mer 7 Avr 2010 16:45

Nouvelles contradictoires à propos d'une manifestation au Caire:

Selon Reuters, les manifestants appelaient à abattre le régime...

Reuters, Le Monde - 06 avr 2010

Des opposants se heurtent à la police dans le centre du Caire

Les Egyptiens appelant à la fin du régime du président Hosni Moubarak ont manifesté, mardi 6 avril au Caire, et se sont heurtés à la police anti-émeutes, qui a procédé à des dizaines d'arrestations, rapportent des témoins et des sources au sein des services de sécurité.

Tentant de se réunir sur la place Tahrir, dans le centre de la capitale égyptienne, environ 200 personnes scandaient "A bas Hosni Moubarak". La police a emmené une dizaine de manifestants, qui criaient "Liberté, liberté" devant le Parlement. Des centaines de policiers anti-émeutes avaient pris position dans les rues du Caire et encerclaient les groupes de manifestants qui tentaient de se diriger vers le centre-ville.


... Mais selon l'AFP, ils s'agissaient de réformateurs qui réclamaient la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis l'accession au pouvoir de Moubarak.

AFP, France24 - 06 avr 2010

Arrestation de plusieurs dizaines de manifestants d'un mouvement réformateur

Des manifestants réclamant la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1981 en Egypte, ont été battus mardi par la police et des dizaines ont été arrêtés, a annoncé à l'AFP l'une des organisatrices pendant qu'Amnesty International faisait état de 90 arrestations.

Plusieurs dizaines de personnes s'étaient rassemblées dans le centre-ville du Caire à l'appel du groupe du 6-Avril, un mouvement de jeunes Egyptiens créé en 2008 pour protester contre la vie chère et qui milite désormais pour des amendements à la Constitution et la levée de l'état d'urgence.
Les manifestants comptaient se rendre de la grande place Tahrir au Parlement, mais la police les en a empêchés.


Tous les manifestants arrêtés ont été rélachés mercredi matin.
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Ven 16 Avr 2010 16:36

Afrik.com - 15 avr 2010

L’Egypte au bord de la crise de l’eau

L’Egypte tient mordicus à son monopole sur le Nil. Les négociations entre les dix pays de l’Initiative du bassin du Nil (NBI), tenues mardi à Char Al-Cheikh, ont buté sur le refus du Caire d’un nouveau plan de partage de l’eau du fleuve. L’Égypte dispose, en vertu d’un accord conclu avec la Grande-Bretagne en 1929, de la moitié du débit du Nil. Un privilège qu’elle entend préserver coûte que coûte.

L’Égypte ne veut absolument pas entendre parler d’un nouveau plan de partage de l’eau avec les autres pays riverains du Nil. Les négociations entre les dix pays de l’Initiative du bassin du Nil (NBI), dont les ministres en charge de l’eau étaient réunis mardi dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, ont mis au jour les profondes divisions qui minent les relations entre les États de l’aval et ceux de l’amont du fleuve.

L’Égypte rejette un accord-cadre qui remet en cause son monopole sur le Nil, et que le NBI avait peaufiné lors de le réunion de mai 2009 à Kinshasa. Le ministre égyptien de l’Eau et de l’Irrigation, Mohammed Nasreddin Allam, a d’ailleurs annoncé la couleur avant même le début des discussions en affirmant que son pays n’entendait rien céder sur son quota de 55,5 milliards de mètres cubes d’eau par an, une part qui représente la moitié du débit du Nil. Le Caire exige entre autres de disposer d’un droit de veto sur tout nouveau projet d’irrigation émanant des autres États ainsi que l’application du principe d’unanimité dans les prises de décision, sinon son « droit historique » sur le Nil se verrait menacé.

Une affaire de sécurité nationale

L’Egypte s’agrippe en fait à un accord conclu avec la Grande-Bretagne en 1929 au nom de ses colonies d’Afrique de l’Est, et à un autre passé avec le Soudan en 1959 et qui fixe la part de ce dernier à 18 milliards de mètres cubes des eaux du fleuve. Depuis des années, les huit autres pays du NBI réclament sans succès un partage plus équitable. La situation semble vouée à l’impasse. Au terme de 14 heures de discussions houleuses, les représentants du Burundi, de la République démocratique du Congo, de l’Ethiopie, du Kenya, du Rwanda, de la Tanzanie et de l’Ouganda ont annoncé qu’ils allaient procéder à la signature de l’accord-cadre d’ici le mois de mai, même si l’Égypte et le Soudan refusent d’y adhérer.

Hani Raslan, directeur de la unité Soudan et Bassin du Nil au Centre des études stratégiques d’Al-Ahram, estime, sur la radio hollandaise RNW, que « les pays de l’amont ne devraient pas reprocher à l’Égypte son monopole sur le Nil car le fleuve représente 95% des ressources hydrauliques du pays » alors que les autres régions riveraines « disposent de pluies abondantes qui leur suffisent amplement ». L’Égypte refuse également toute idée d’arbitrage international sur la question. « Nous disposons de cartes diplomatiques, juridiques et beaucoup d’autres moyens pour faire valoir notre droit. Et nous ferons tout ce qui est en notre pourvoir pour défendre nos intérêts ainsi que notre sécurité nationale », menace Hani Raslan. Le Nil est une affaire plus que sérieuse pour l’Égypte. En 1979, le président Anwar Sadate avait déjà prévenu : « l’eau est le seul mobile qui pourrait conduire l’Égypte à entrer de nouveau en guerre. »
Djamel Belayachi
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Mer 21 Avr 2010 15:28

AFP, relayé par Angop (Agencia Angola Press) - 21 avr 2010

Manifestation contre l'appel d'un député à tirer sur l'opposition

LE CAIRE - Plusieurs dizaines de personnes ont protesté mardi au Caire devant le Parlement contre l'appel d'un député égyptien à tirer à balles réelles sur les manifestants d'opposition, qualifié de "scandaleux" par Amnesty International.
Les manifestants appartenaient en majorité au groupe du 6-avril, un mouvement de jeunes demandant des amendements à la Constitution et la levée de l'état d'urgence. Quelques députés des Frères musulmans, le principal groupe d'opposition du pays, et des militants du groupe d'opposition Kefaya se sont joints à eux.

"Nous sommes ici pour leur montrer que nous n'avons pas peur", a affirmé à l'AFP Karim Ennara, l'un des protestataires. Selon le quotidien indépendant Al-Masri Al-Yom, un député du Parti national démocrate (PND, au pouvoir) a appelé dimanche les forces de l'ordre à tirer sur les manifestants.
"Je ne sais pas pourquoi le ministre de l'Intérieur est si indulgent avec les hors-la-loi", a affirmé Nach'at al-Qassas. "Pas la peine d'utiliser les canons à eau pour disperser les manifestants, il faut leur tirer dessus à balles réelles directement", a-t-il expliqué. "C'est un crime, une incitation au meurtre", a réagi le député des Frères musulmans Mohammed al-Beltagui.

L'opposant Ayman Nour a pour sa part déclaré avoir demandé la levée de l'immunité parlementaire de M. Qassas. L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a dénoncé "ces propos scandaleux (qui) sont une incitation claire à l'usage excessif de la force et à d'éventuels meurtres illégaux de manifestants".
"De telles déclarations devraient être immédiatement retirées pour éviter de donner carte blanche aux forces de sécurité, déjà connues pour leurs abus, et pour éviter d'encourager plus d'abus à l'encontre des manifestants exerçant pacifiquement leurs droits à la liberté d'expression et d'assemblée", a ajouté l'organisation.

Le 6 avril, des manifestants réclamant la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1981 en Egypte, avaient été battus par la police et des dizaines arrêtés pendant plusieurs heures.
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Jeu 29 Avr 2010 17:54

IZF-AFP - 29 avr 2010

Après le massacre des porcs, les éboueurs du Caire tentent de s'adapter

LE CAIRE - Ils continuent de vivre parmi les détritus ramassés depuis des générations, mais depuis un an, les "zabbaline" (éboueurs, chiffonniers) du Caire doivent s'adapter: les milliers de porcs qui les aidaient en mangeant une partie des déchets ont disparu.
"Les zabbaline nourrissaient les cochons avec les détritus comestibles qui ne leur coûtaient rien. En retour, la viande des animaux leur apportait un revenu complémentaire", relève Meqaddes Chahata, un représentant de la profession.
"Le massacre des cochons a réduit leurs revenus de moitié", estime-t-il.

La mise à mort des quelque 250.000 porcs du pays, décidée par les autorités fin avril 2009 et appliquée dans les mois suivants, avait d'abord été présentée comme une réponse à la menace de pandémie de grippe H1N1, dite "porcine". Mais aucun autre pays n'a imité l'Egypte avec cette mesure, jugée inefficace pour lutter contre la grippe par les autorités sanitaires mondiales.
Le gouvernement égyptien avait ensuite assuré qu'il s'agissait d'éradiquer des élevages insalubres.
L'opération a principalement affecté la minorité copte (chrétienne), seule à élever ces animaux considérés comme impurs par la majorité musulmane de la population.

"On nous a stigmatisés et marginalisés. C'est une honte", affirme Ezzat Naïm, qui dirige une association de services sociaux. Selon lui, les zabbaline, qui ont vainement tenté de s'opposer au massacre, devraient aujourd'hui s'organiser avec des licences professionnelles et des syndicats.
Les rares cochons survivants du quartier déshérité de Manchiyet Nasr sont désormais soigneusement cachés. Des buffles et des chèvres ont remplacé le cheptel porcin, mais sont incapables d'engloutir les mêmes quantités de déchets.

Dans les ruelles transformées en décharges, des femmes assises sur des tas d'immondices trient les végétaux et les déchets alimentaires du plastique et du verre.
La disparition des cochons oblige en effet à un tri encore plus attentif qu'autrefois: les détritus solides sont recyclés par les zabbaline, tandis que les produits organiques sont laissés sur place ou expédiés dans des dépotoirs hors du Caire.

"Cela marche bien pour les déchets solides qui peuvent être recyclés, mais cela ne résout pas le problèmes des déchets alimentaires qui étaient autrefois mangés par les cochons", explique Ismaïl Achraf, un "zabbal" du quartier.
"Des tonnes et des tonnes de déchets organiques continuent de s'empiler au Caire, c'est effrayant. Le problème c'est que personne n'a de vision scientifique pour traiter cela", ajoute Youssef Sidhom, directeur du journal de la communauté chrétienne Watani.

En raison de la baisse des revenus, les enfants, plutôt que d'aller en classe, sont encore plus qu'avant mis à contribution pour la collecte des déchets, soulignent des enseignants.
"Je ne veux pas travailler comme ramasseur d'ordures. Mais je le ferai, s'il n'y a que cela", affirme Mina, un adolescent de 14 ans.

Le recours à des entreprises européennes de collecte industrielle des déchets ménagers, qui se développe depuis plusieurs années au Caire, représente aussi un défi pour les zabbaline, qui font valoir leur meilleure connaissance du métier.
Jamais en grève, les zabbaline savent qu'il faut aller chercher les sacs-poubelles devant les portes, dans un pays où l'usage des conteneurs collectifs peine à entrer dans les moeurs.
"Les compagnies étrangères ont pour elles le prestige, les uniformes de travail. Mais elles n'ont pas l'expérience égyptienne", assure Meqaddes Chahata.


http://photos-et-videos-insolites.skyne ... -en-egypte
Mai 2009. C'est par centaines que des cochons sont jetés dans des bennes, tassés à coups de barres de fer, puis tués chimiquement avant d'être enterrés dans la chaux.
Alors qu'aucun cas de grippe porcine n'a été recensé sur son territoire, l'Egypte est le seul pays au monde à avoir décrété l'élimination d'un cheptel d'environ 250 000 porcs.
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Lun 3 Mai 2010 15:37

IZF-AFP - 03 mai 2010

Egypte: heurts lors d'une manifestation de l'opposition

LE CAIRE - Un manifestant a été arrêté lundi lors d'un nouveau rassemblement de l'opposition dans le centre du Caire, qui a dégénéré en un affrontement avec les forces de l'ordre.

Plus d'une centaine de personnes, dont plusieurs députés de l'opposition, s'étaient réunis pour exiger la levée de l'état d'urgence, des amendements à la Constitution et la tenue d'élections libres, avant d'être encerclées.
Les heurts ont débuté quand une vingtaine de manifestants a tenté de briser le cordon de police, jetant des bouteilles et des pancartes sur les forces de sécurité, qui ont riposté en frappant les protestataires.
Un responsable de la police a confirmé l'arrestation d'un manifestant.

"A bas Moubarak", scandaient les manifestants, en référence au chef d'Etat égyptien, au pouvoir depuis 1981, et qui n'a pas annoncé s'il se présenterait à la présidentielle de 2011.
Les manifestations en faveur de réformes démocratiques, organisées généralement par de petits mouvements d'opposition laïcs, ont pris de l'importance depuis le retour en Egypte en février de Mohamed ElBaradeï, ex-directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), devenu l'opposant au régime le plus en vue.

Ces rassemblements attirent généralement plusieurs dizaines de personnes.
"Tout commence petit", a déclaré l'ex-juge Mahmoud el-Khodiry lors de la manifestation de lundi, expliquant qu'"on nous a interdit de manifester pendant 60 ans et les gens ont peur de la police.

Près d'une centaine de manifestants ont été brièvement interpellés le mois dernier en marge d'une manifestation en faveur de réformes.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
AFP, Cyberpresse - 02 mai 2010

Les Égyptiens manifestent pour la hausse du salaire minimum

LE CAIRE - Couchés sur des couvertures en laine, des dizaines d'employés et d'ouvriers égyptiens campent devant le Parlement depuis des semaines pour réclamer de meilleures conditions de travail, reflétant la frustration de nombreux travailleurs se plaignant de l'incurie du gouvernement.

Mervat Rifaï, 34 ans, employée d'un organisme dépendant du ministère de l'Agriculture, bat le pavé devant l'Assemblée du Peuple depuis plus d'un mois.
«Ils ignorent totalement nos revendications mais nous resterons, parce qu'après tout ça je ne rentrerai pas les mains vides», affirme-t-elle.
Mme Rifaï a laissé ses trois enfants à leur père et aux voisins dans sa petite ville du gouvernorat de Beheira, dans le delta du Nil. «Nos salaires se situent entre 60 livres égyptiennes (LE, 10 dollars) et 95 LE (16 dollars) par mois», dit-elle.

Le trottoir du Parlement, dans le centre du Caire, est devenu depuis plusieurs semaines le point de ralliement de dizaines de manifestations de mécontentement face au chômage ou la vie chère.
La plupart des protestataires campent là 24 heures sur 24, dormant à même le sol et se lavant dans les toilettes d'une mosquée voisine.
Fonctionnaires, ouvriers sans emploi après la privatisation de leur usine ou personnes handicapées réclamant le respect de leurs droits protestent inlassablement devant le bâtiment, en espérant être entendus.
Tolérés par la police, les cortèges et sit-in témoignent d'un malaise social profond.

Ce mécontentement peine toutefois à déboucher sur des mouvements d'ampleur, comme ceux qui avaient secoué le pays dans les années 70 en raison de la libéralisation des prix alimentaires du temps du président Anouar al-Sadate, ou plus récemment des grèves de 2007/2008, notamment dans des cités industrielles.
Une inflation aux alentours de 10%, des flambées de prix ou des pénuries de certains produits de base -bonbonnes de gaz domestique, gazole, viande de boeuf- ont ces derniers mois aggravé l'exaspération d'une partie de la population.
Le 30 mars, un tribunal a demandé au gouvernement de fixer un nouveau salaire minimum en Égypte, où près de 40% de la population vit autour du seuil de pauvreté.

À quelques mètres de Mme Rifaï manifestent des employés d'une compagnie fabriquant des téléphones, qui n'ont pas été payés depuis quatre mois. La compagnie, privatisée en 2000, a cessé le travail.
«Le patron nous dit « le gouvernement vous a vendus, pourquoi voudriez-vous que je vous achète?», dit Hicham Higazi, 39 ans, un employé.
«Le patron a fait exprès de cesser le travail en prétextant que la compagnie perd de l'argent pour vendre le terrain sur lequel elle est construite», assure pour sa part Abdallah Khauli, 43 ans, qui y travaille depuis 16 ans.
Mais un ingénieur de la même compagnie, qui emploie plus de 1 200 personnes, affirme que «les appareils que fabriquait l'usine n'ont pas pu rivaliser avec les téléphones chinois dont le marché égyptien est inondé».
Des personnes handicapées sont aussi venues protester.

«Nos revendications sont simples: nous voulons un logement et l'application de la loi selon laquelle 5% des postes doivent être réservés aux handicapés», dit Mahroussa Salem Hassan, 30 ans.
«Pourquoi les handicapés sont-ils privés du droit aux soins alors que les femmes de ministres se font soigner aux frais de l'État pour des millions de dollars?», se demande-t-elle.
Selon des informations de presse, non démenties par le gouvernement, certains ministres et leurs épouses se seraient fait soigner pour des millions de dollars à l'étranger aux frais de l'État.
Mona Salem
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Mer 5 Mai 2010 16:19

El Ahram - 28 avr 2010
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/20 ... /doss1.htm

Dossier ouvriers: La législation actuelle les prive des droits affirmés dans les conventions internationales ratifiées par l’Egypte, mais leurs revendications se font de plus en plus nombreuses.

La quête de l’estime

Pas facile de créer un syndicat en Egypte. D’ailleurs, il ne peut y avoir qu’un seul syndicat par secteur d’activité. Pire, l’intervention de l’Etat limite la liberté d’action des ouvriers. En raison de son impact sur l’économie du pays, plusieurs voient la question de la liberté syndicale comme la réforme-clé du droit des ouvriers. Il s’agit du premier des 4 principes que doivent respecter les pays membres de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), selon sa déclaration relative aux principes et droits fondamentaux du travail adoptés en 1998.

L’Egypte a ratifié la majorité des conventions de l’OIT. Mais les remarques adressées à l’Egypte à cet égard sont nombreuses, adressées soit par l’OIT soit par d’autres organismes et experts. L’accent est mis sur deux points : la liberté syndicale et l’absence de salaire minimum . Bien que d’autres lacunes demeurent dans le domaine de l’assurance sociale et celui des licenciements.

Pour les activistes ouvriers, la liberté syndicale n’est qu’un début. « Une fois ce droit acquis, les normes du marché de travail en Egypte changeront. Des syndicats indépendants du pouvoir auront recours à des négociations collectives réelles. Ce qui permettra aux ouvriers d’avoir accès à leurs droits économiques : salaire adéquat déterminé selon les heures de travail, assurance sociale, révision de la structure des salaires et ainsi de suite », explique Kamal Abbass, coordinateur général de l’ONG Dar al-khadamat al-néqabiya (maison des services syndicaux). Pour Karen Curtis, vice-président de l’administration des critères internationaux auprès de l’OIT, la liberté syndicale est le début du chemin pour plus de durabilité économique. Sa logique est simple : un dialogue entre les employés et les employeurs évitera beaucoup de conflits et donc de grèves. Elle n’oublie pas de rappeler qu’au cours de la crise, en Europe comme aux Etats-Unis, les entreprises en difficultés qui avaient de bonnes relations avec les syndicats sont parvenues à conclure des accords avec leurs ouvriers qui ont accepté des baisses de salaires pour sauver leurs entreprises. « En plus, il a été prouvé que lorsque les droits des ouvriers sont plus respectés et lorsqu’ils sentent être bien écoutés, leur productivité augmente », renchérit-elle.

Kari Tapiola, directeur exécutif des standards et principes fondamentaux et droits du travail à l’OIT, ajoute que les négociations collectives pourraient avoir un effet positif sur les salaires et ainsi sur le pouvoir d’achat et la croissance.
Une vision que n’adopte ni le gouvernement ni les milieux d’affaires, pour lesquels plus de droits ouvriers signifie moins de droits aux investisseurs et donc moins d’investissements. C’est cette vision qui règne actuellement. Sur le terrain, le droit au pluralisme syndical n’est toujours pas reconnu dans la pratique égyptienne, où la Fédération syndicale égyptienne est le seul représentant des ouvriers reconnu par le gouvernement. Une fédération qui a souvent été accusée d’être plus attentive aux intérêts gouvernementaux et dont plusieurs représentants sont membres du Parti National Démocrate (PND, au pouvoir).

L’idée est née à la création, par des employés des impôts fonciers, de leur syndicat indépendant de la Fédération dont la majorité des membres n’avaient pas soutenu la démarche des employés pour une hausse des salaires. « On a créé notre syndicat selon le droit que nous donne l’article 56 de la Constitution égyptienne. Et le syndicat des retraités devra voir le jour prochainement », explique Kamal Abou-Eita, employé de l’Organisme des impôts fonciers et à la tête du syndicat, lors d’un atelier sur le sujet organisé au Caire par l’OIT le 26 avril dernier. Celui-ci a regroupé la Fédération syndicale égyptienne, la Fédération des industries, les représentants du secteur privé et le ministère de la Main-d’œuvre. Ironiquement, Hussein Mégawer, président de la Fédération syndicale, en est un fort opposant.

La commission d’experts de l’OIT, qui élabore un rapport annuel sur l’application des conventions et des recommandations, répète depuis trois ans que la législation égyptienne n’est pas conforme aux conventions internationales du travail. Elle a réclamé, dans son dernier rapport publié en 2010, la révision du code du travail ainsi que la loi des syndicats. Un commentaire que le ministère de la Main-d’œuvre prend en considération. « Nous avons créé un comité pour la révision de ces lois, dans les limites qu’autorisent les particularités de la situation en Egypte », se défend Neamat Mahmoud Saïd, sous-secrétaire au ministère de la Main-d’œuvre. En somme, le gouvernement est accusé de laisser les ouvriers égyptiens dépourvus de salaire minimum qui les protégerait de la pauvreté, et de système d’assurance qui les couvrirait tous à égalité. Mais la liberté des syndicats serait déjà une première avancée sur le chemin de droits internationalement reconnus.
Marwa Hussein
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Mar 11 Mai 2010 18:44

AFP - 11 mai 2010

Egypte: le gouvernement veut proroger de deux ans l'état d'urgence

Le Premier ministre égyptien Ahmad Nazif devait demander mardi au Parlement, dominé par le parti au pouvoir, la prorogation pour deux ans de l'état d'urgence en vigueur depuis près de 30 ans, malgré les protestations de l'opposition et des ONG des droits de l'Homme.

"Le gouvernement va demander une prorogation (de l'état d'urgence) pour une période de deux ans", a déclaré aux journalistes le ministre des Affaires juridiques et parlementaires, Moufid Chéhab, précisant que M. Nazif s'adresserait au Parlement plus tard dans la journée.

Le ministre chargé des Affaires juridiques, Moufid Chéhab, a toutefois insisté lors d'une conférence de presse sur le fait que cette prorogation n'était pas liée au calendrier électoral, et n'avait pas d'objectif politique. "La loi d'urgence ne s'applique en aucun cas aux élections", a-t-il assuré.
Il a ajouté que le texte excluait désormais l'usage des dispositions de l'état d'urgence à des fins de surveillance des moyens de communication, de censure et de fermeture des médias, ou encore pour confisquer des biens ou ordonner des évacuations.
M. Chéhab a renouvelé l'engagement du gouvernement de mettre fin à l'état d'urgence dès qu'une loi anti-terroriste spécifique serait adoptée, mais il a reconnu qu'un tel texte n'était pas encore prêt.

La prorogation de cette loi d'exception devrait être adoptée sans difficulté, une simple majorité étant nécessaire au Parlement dominé par le parti national démocratique (PND) du président Hosni Moubarak.
L'opposant le plus en vue, l'ancien chef de l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei, fait depuis des mois de cette loi une de ses cibles privilégiées.

L'état d'urgence a été décrété après l'assassinat du président Anouar el-Sadate en octobre 1981 par des islamistes, et a été reconduite sans discontinuer depuis.
Sa prorogation imminente survient alors que le pays aborde une période électorale chargée, avec des législatives à l'automne et une présidentielle en 2011.

Plusieurs mouvements d'opposition, notamment les Frères musulmans, entendent manifester devant le Parlement au Caire pour protester contre une telle prorogation.
Des manifestants ont commencé à se rassembler devant le Parlement. Certains portaient des posters affichant un squelette symbolisant le peuple égyptien avec une corde -la loi d'urgence- autour du cou. D'autres portaient des pancartes sur lesquelles était écrit: "Moubarak dit que nous sommes un pays stable mais le PND dit que nous sommes en état d'urgence".

La législation qui permet de restreindre les droits individuels et politiques et donne des pouvoir élargis à la police en matière d'arrestations, est régulièrement critiquée par les organisations de défense des droits de l'Homme, les capitales occidentales et l'opposition égyptienne.

La loi expire le 31 mai. Le Parlement doit voter sa prorogation au 31 mai 2012, a dit M. Chéhab. Mais il a souligné qu'elle serait seulement appliquée "dans le cas de crimes liés au terrorisme et au trafic de drogues".
Des ONG accusent les autorités, qui démentent, d'utiliser l'état d'urgence pour affaiblir l'opposition.

L'état d'urgence accorde au ministre de l'Intérieur le droit discrétionnaire de maintenir en prison tout individu représentant un "danger pour la sécurité publique", même lorsqu'il a purgé sa peine, et autorise les autorités à renvoyer des civils devant la justice militaire.

M. Moubarak, qui n'a toujours pas dit s'il serait candidat à sa propre succession en 2011, avait promis pendant la campagne pour la présidentielle de 2005 d'abolir l'état d'urgence, avant de déclarer qu'il ne serait levé que lorsqu'une loi antiterroriste serait adoptée. Celle-ci se fait toujours attendre.

EDIT
Radio-Canada - 10 mai 2010
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/In ... ueil.shtml

Egypte: Internet, moteur de la contestation

Un pouvoir sans partage depuis 1981 (celui de Hosni Moubarak), une opposition réduite au silence, une presse muselée ou amadouée, une répression systématique de toute voix dissonante, un pouvoir d'achat en perpétuelle érosion, un chômage endémique, une corruption généralisée, etc. Ce ne sont là que quelques fragments de la carte postale de l'Égypte d'aujourd'hui, un pays en pleine ébullition à la veille des élections présidentielles de 2011, que les observateurs qualifient déjà de décisives.

Les espaces de liberté d'expression sont d'autant plus réduits que le pays vit sous l'État d'urgence depuis l'assassinat du président Sadate en 1981. Instauré initialement pour lutter contre le terrorisme, ce régime d'exception, qui n'est plus justifié selon l'opposition, restreint les libertés civiles et autorise les arrestations arbitraires. Il sert ainsi d'alibi au pouvoir en place pour justifier le verrouillage des champs politique et médiatique.

La rue étant interdite, sinon périlleuse pour les opposants qui s'y aventurent, les Égyptiens sont de plus en plus nombreux à trouver refuge dans Internet pour dire, écrire et montrer des situations ou des événements embarrassants pour le pouvoir. Les jeunes, qui représentant 60 % de la population, sont les premiers à prendre d'assaut le web pour dire leur ras-le-bol.

La toile se transforme alors en ultime retranchement pour une population désabusée. Et ce n'est pas fortuit si le vaste mouvement du 6 avril 2008, qui a paralysé plusieurs villes égyptiennes, est parti principalement d'Internet. Le mot d'ordre de grève avait été lancé sur Facebook avant de trouver écho chez des centaines de milliers de partisans dans le pays. L'Égypte n'avait jamais connu une aussi grande mobilisation depuis des décennies.

Devant la forte mobilisation, syndicale et politique notamment, sur Internet, le pouvoir de Moubarak convoque les mêmes réflexes autoritaires : blogueurs et journalistes arrêtés, sites fermés, surveillance accrue des contenus, etc.

Mais, visiblement, rien ne fait reculer cette nouvelle génération de dissidents. En dépit des nombreuses arrestations et des harcèlements continus, la blogosphère égyptienne, la plus importante du monde arabe, demeure vive et dynamique. Le changement en Égypte viendra-t-il d'Internet ?
Ahmed Kouaou et Nada El-Khoury
Dernière édition par Antigone le Sam 22 Mai 2010 18:30, édité 1 fois.
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Mar 18 Mai 2010 15:48

L'Observateur ( Maroc) - 17 mai 2010
http://www.lobservateur.ma/interne.php?reference=2555

Egypte: la guerre de l’eau aura-t-elle lieu ?

En Egypte, la guerre de l’eau a commencé. Verbalement au moins. Ces derniers mois, rien ne va plus entre l’ancien pays des Pharaons et huit de ses voisins, des pays riverains - ou qui bénéficient des eaux du Nil. Ces derniers qui regroupent l’Ethiopie, l’Erythrée, le Kenya, l’Ouganda, le Congo, la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi sont désormais bien décidés à remettre en cause le partage des eaux du Nil. L’Egypte et le Soudan, dans une moindre mesure, se sont attribué la part du lion, bénéficiant de plus des deux–tiers des eaux d’un des deux plus grands fleuves d’Afrique.

Pour l’Egypte, disposer des eaux du Nil, qui assure 95% de ses besoins, est une question de vie ou de mort. Le pays n’a pas d’autres ressources hydrauliques. Or l’accroissement de la population dans ce pays de 80 millions d’habitants où naît un enfant toutes les 25 secondes laisse présager un avenir terrible. Les experts prédisent que la sécheresse sera absolue en 2050. Les usines de dessalement d’eau de mer sont fort coûteuses et l’Egypte pas très riche.

Les Egyptiens n’entendent donc pas renégocier le partage des eaux. Ils se retranchent derrière leurs «droits historiques». L’un est l’accord de 1959 signé avec le Soudan par lequel Le Caire bénéficie de 55 milliards de m3 d’eau annuellement et Khartoum de 18,5 milliards ; l’autre est plus ancien encore, il date de 1929 et a été entériné par un nouveau traité à Vienne en 1950. Passé à l’origine entre l’Egypte et la Grande-Bretagne (alors puissance mandataire au Soudan, au Kenya …), il prévoit que Le Caire bénéficie d’un droit de veto sur les projets hydrauliques de ses voisins.

Ce sont ces accords que les pays de l’Afrique de l’Est, riverains du Nil, demandent à remettre en question depuis près de dix ans. Ils voudraient que l’Egypte réduise son quota de 5,5 milliards de m3. Le Caire fait la sourde oreille, elle qui, déjà, manque d’eau. Pour les Africains, la coupe est pleine. Depuis deux ans, des réunions rassemblent tous les six mois, les responsables des différents pays. Le dossier n’avance pas. A la mi-avril, la dernière rencontre à Charm el-Cheikh fut particulièrement houleuse. L’Ethiopie veut construire, avec l’aide des Israéliens très présents dans le pays, un grand barrage sur le Nil Bleu, un affluent du Nil qu’il rejoint à Khartoum. Addis-Abeba a pris la tête de la contestation pour obtenir l’abolition de l’accord de 1929 conférant un droit de veto à l’Egypte. Celle-ci soupçonne l’Etat hébreu de souffler sur les braises de la contestation pour lui nuire. Car la vieille paix égypto israélienne est une paix «froide».

Pour tenter une diversion, le président Hosni Moubarak et son homologue soudanais viennent de proposer de mettre sur pied une Commission des Eaux du Nil dans laquelle les décisions seraient prises à l’unanimité. Les riverains du Nil n’ont pas répondu à cette proposition. Ils ont décidé de passer à l’offensive et sans se soucier de l’Egypte et du Soudan, de signer entre eux, avant le 15 mai, un nouvel accord-cadre qui remettrait en cause les accords antérieurs. L’Egypte a averti qu’elle n’en tiendrait pas compte et pourrait porter l’affaire devant le tribunal de La Haye. Affaire à suivre.
Mireille Duteil

°°°°°°°°°°°°°°°°
Afrik - 17 mai 2010

.../...
« L’eau du Nil appartient à tous les pays »

Pour les quatre pays signataires du traité d’Entebbe, une telle prééminence n’est plus acceptable. Leur accord met en place une commission basée à Addis Abeba, la capitale éthiopienne. Celle-ci aura pour fonction la gestion des projets d’irrigations, barrages et canaux s’établissant sur le Nil. Elle aura le droit de veto sur toute infrastructure dont l’activité concerne les eaux du fleuve. Mieux, elle présidera à un partage plus juste des eaux du fleuve, même si aucun nouveau chiffre, en volume ou mètres cubes n’a été avancé. Les quatre pays croient avoir obtenu par leur accord, la principale condition à la réalisation de certains de leurs projets de développement. L’Éthiopie par exemple souhaite ériger de nouveaux barrages, pour devenir le premier exportateur d’électricité dans la région. « L’eau du Nil appartient à tous les pays, pas à un petit nombre », a déclaré le ministre éthiopien des ressources hydrauliques, Asfaw Dingamo. Le Kenya devrait prochainement prendre part au traité.

Au Caire, l’entente des quatre pays passe d’autant plus mal que ceux-ci ont désormais les moyens de réaliser leurs projets. En effet, si par le passé l’Égypte pouvait se rassurer en considérant la difficulté des États à trouver les fonds nécessaires pour transformer le bassin du Nil, cette époque semble révolue. De nouvelles puissantes émergentes comme la Chine, déjà fortement implantée dans la région, n’hésiteraient pas à investir dans des projets de grande envergure.

Dans son combat, l’Égypte pourrait compter sur le Soudan, l’autre pays privilégié dans les anciens accords de partage du Nil. Mais ce partenaire se trouve actuellement confronté à plus grave, le processus de sa partition en deux États indépendants.
Shahinez Benabed

EDIT
AFP, France24 - 19 mai 2010

le Kenya signe à son tour un accord contesté par l'Egypte

Le Kenya est devenu mercredi le cinquième pays africain à signer un accord de partage des eaux du Nil, vivement contesté par l'Egypte et le Soudan qui y voient une atteinte à leurs "droits historiques" sur ce fleuve.
Le nouveau traité permettra à ses signataires -- à ce jour l'Ethiopie, l'Ouganda, le Rwanda, la Tanzanie et le Kenya -- un partage plus équitable des eaux du Nil, a affirmé à la presse la ministre kényane de l'Eau et de l'irrigation, Charity Ngilu, lors de la cérémonie de signature.

Les quatre premiers pays avaient signé vendredi dernier à Entebbe (Ouganda) ce nouvel accord destiné à revenir sur deux traités datant de l'époque coloniale (1929 et 1959), accordant à l'Egypte (55,5 milliards de m3) et au Soudan (18,5 mds) 87% au total du débit du fleuve.
"Nous avons clairement indiqué que nous ferions en sorte qu'aucun Etat riverain ne subirait de préjudice significatif dans le partage de ces eaux", a déclaré Mme Ngilu.

"Mais deux Etats sur neuf ne peuvent pas aujourd'hui nous empêcher de mettre en oeuvre cet accord cadre de coopération", a ajouté la ministre.
L'Egypte et le Soudan ont refusé de participer à la cérémonie de signature à Entebbe. Les représentants de la République démocratique du Congo (RDC) et du Burundi étaient également absents et n'ont pas paraphé à ce jour le nouvel accord.

La Tribune (Alger) - 31 mai 2010
http://www.latribune-online.com/supleme ... 34870.html

Le Nil - coopération improbable et guerre impossible
par Louisa Aït Hamadouche

Situé dans l'une des plus fortes zones de tensions de la planète, le bassin du Nil est partagé par 10 pays (Burundi, République démocratique du Congo, Egypte, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Rwanda, Soudan, Tanzanie et Ouganda). C'est l'une des régions au monde où les tensions sont les plus fortes, mais aussi l'une des plus porteuses d'espoir de coopération multilatérale.

Long de près de 6 700 km, le Nil est issu de la rencontre du Nil Blanc, qui prend sa source au lac Victoria, et du Nil Bleu, dont l'origine est le lac Tana, en Ethiopie. Les deux fleuves se rejoignent à Khartoum, puis le Nil traverse toute l'Egypte pour se jeter dans la Méditerranée.

Etant donné sa superficie de trois millions de kilomètres carrés, le bassin couvre environ 10% du continent africain. Près de 160 millions de personnes dépendent du Nil, qui représente leur moyen de subsistance, et environ 300 millions de personnes vivent dans les 10 pays qui partagent ce bassin. Au cours des 25 années à venir, la population doublera, ce qui augmentera la demande en eau, déjà exacerbée par la croissance de l'industrie et de l'agriculture. A l'exception du Kenya et de l'Égypte, tous les pays du bassin comptent parmi les 50 pays les plus pauvres du monde, ce qui rend leur population encore plus vulnérable face à la famine et la maladie.

La situation actuelle

L'Egypte et le Soudan ont mis la main sur cette immense ressource il y a longtemps. Ainsi le traité actuel de partage des eaux, élaboré en 1929 par le colonisateur britannique, puis amendé 30 ans plus tard, attribue-t-il des quotas très favorables à l'Egypte (55,5 milliards de m3) et au Soudan (18,5 mds), soit au total 87% du débit du fleuve. Il octroie en outre au Caire un droit de veto sur tous les travaux susceptibles d'affecter le volume du fleuve, qui fournit à l'Egypte 90% de ses besoins en eau. Les traités de 1929 et de 1959 sont remis en question par les pays comme l'Ethiopie, la Tanzanie, l'Ouganda ou le Kenya, au motif qu'ils n'en sont pas signataires. L'Éthiopie, 85 millions d'habitants, abrite la source du Nil Bleu (85% du débit) dans le lac Tana, et l'Ouganda, 31 millions d'âmes, celle du Nil Blanc dans le lac Victoria. Ces deux pays cherchent à se développer. L'Éthiopie a décidé de devenir le principal exportateur d'électricité en Afrique de l'Est. L'Initiative du bassin du Nil (IBN), jusqu'ici compétente, gère 22 projets de canaux ou de barrages.

Depuis 1999, les Etats riverains tentent d'améliorer la gestion et la répartition de ses eaux. A cette époque, ils lançaient l'Initiative du bassin du Nil (NIB) qui visait à améliorer l'utilisation et la gestion commune des eaux du Nil. Début, selon la Banque, d'une intégration régionale. Reste que cette initiative n'a pas empêché le maintien d'un rapport de force régional favorable à l'Egypte ni la poursuite de la guerre au Darfour, dans l'est du Soudan, avec les risques d'extension régionale.

En 2010, les tensions sont ravivées autour du fleuve de façon palpable.

En effet, l'Ouganda, l'Éthiopie, le Rwanda et la Tanzanie ont décidé de mettre sur pied une commission chargée de gérer les projets d'irrigation, les canaux ou barrages, sur la totalité des 6 700 km du Nil et, donc, de se partager les eaux de ce fleuve. L'Egypte et le Soudan, qui estiment avoir des «droits historiques» sur le Nil, sont les principaux bénéficiaires du dernier traité de partage des eaux datant de 1959, ils ont boycotté la cérémonie et en ont rejeté les conclusions.

L'Egypte : l'aval dominant

Le nouveau texte ne mentionne aucun chiffre, en volume ou mètres cubes, sur le futur partage des eaux, mais il «annule» les traités de 1929 et de 1959. Il autorise les pays du bassin à utiliser toute l'eau qu'ils jugent nécessaire, dans la mesure où ils ne portent pas préjudice aux autres pays de l'aval. Une Commission du bassin du Nil sera en charge de recevoir et d'approuver tous les projets (irrigation, barrages...) concernant le fleuve.

Elle sera basée à Addis-Abeba et comptera des représentants des neuf pays concernés.

Sans surprise, l'Egypte a rejeté l'accord signé en Ouganda entre les quatre pays riverains du Nil et a menacé de prendre les «mesures légales et diplomatiques nécessaires» pour défendre ses droits. Il faut dire que, pour l'Egypte, l'enjeu est vital. «Que le Nil baisse de quelques centimètres et c'est déjà le début de la fin pour le gouvernement égyptien», souligne Barah Mikaïl, de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). Le delta du Nil en Egypte est l'une des régions les plus importantes du monde qui regorgent d'énormes réserves de gaz naturel.

Un rapport publié le 18 mai par l'Association géologique américaine, indiquant que le delta du Nil égyptien (dans le nord du Caire) affirme que le Delta regorge des réserves non découvertes de gaz naturel estimées à environ 6,3 trillions de mètres cubes. De sources officielles, le gaz naturel peut être exploité en utilisant les technologies avancées, ce qui permettrait aussi d'exploiter les 7,6 milliards de barils de pétrole non exploités dans la même région. Face à cette nouvelle crise, Le Caire a lancé dans l'urgence une offensive diplomatique pour raffermir en premier lieu son alliance avec le Soudan, autre grand bénéficiaire du régime instauré en 1929/1959.

Ils ont tout deux rappelé leurs droits historiques et se sont déclarés prêts à prendre «toutes les mesures nécessaires» contre tout projet sur le fleuve, en particulier en matière d'irrigation.

Le rôle du Soudan est d'autant plus grand que la situation y est des plus complexes. Un référendum d'autodétermination du Sud est prévu pour janvier 2011. Or l'Éthiopie et l'Ouganda figurent parmi les alliés historiques de l'ancienne guérilla du Sud, futur gouvernement de l'éventuel nouvel État. Cela risque de remettre an cause le chantier du canal de Jonglei, situé au Sud-Soudan et toujours en panne malgré la fin de la guerre civile Nord-Sud en 2005. L'Égypte compte sur ce projet, qui devrait améliorer le débit du Nil Blanc.

L'Italie a été appelée à la rescousse d'autant que des entreprises italiennes prennent part à des travaux en amont, en particulier en Ethiopie. Le Premier ministre italien Silvio Berlusconi a promis d'«entreprendre une action diplomatique envers certains pays, en commençant par l'Ethiopie, avec laquelle il y a encore des problèmes ouverts».

L'action militaire : un bluff ?

Des chercheurs de l'université d'État de l'Oregon ont étudié les données sur les 50 dernières années et ont conclu que sur 1 831 événements et initiatives internationaux relatifs à l'eau, plus des deux tiers étaient de nature coopérative et que l'immense majorité des cas de conflits en sont restés au stade de l'affrontement verbal. Dans 37 cas seulement (principalement au Proche-Orient), les pays concernés ont engagé une forme quelconque d'action militaire (tirs, destruction d'infrastructures, etc.). L'Egypte fera-t-elle exception ?

Le Caire a déjà menacé l'Ethiopie d'une action militaire si Addis-Abeba prenait des actions unilatérales sur les eaux du Nil. En 1979, le président égyptien Anouar El Sadate déclarait : «Le seul mobile qui pourrait conduire l'Égypte à entrer de nouveau en guerre est l'eau.» En 1988, Boutros Boutros-Ghali, alors ministre égyptien des Affaires étrangères et devenu plus tard secrétaire général des Nations unies, prédisait que la prochaine guerre au Moyen-Orient serait à propos des eaux du Nil et non à propos de politiques. Ces déclarations alarmantes sont-elles pour autant réalistes ? Pour Patricia Kameri-Mbote, la réponse est non.
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Dim 20 Juin 2010 13:43

Ennahar on line - 14 jun 2010
http://ennaharonline.com/fr/international/4874.html

Egypte: un jeune homme que la police aurait battu à mort devient un symbole

LE CAIRE – Un Egyptien de 28 ans, Khaled Mohamed Saïd, que la police aurait battu à mort à Alexandrie, est devenu en quelques jours, grâce notamment à internet, un symbole de la brutalité des forces de l’ordre pour les défenseurs des droits de l’Homme égyptiens.

Des affiches montrant le jeune homme avant sa mort ont été brandies dans des manifestations, alors que circulent sur internet des images difficilement soutenables d’un visage sans vie couvert de plaies, présenté comme le sien après avoir été violemment frappé.
Des groupes à sa mémoire sont apparus sur le réseau social Facebook dont l’un, intitulé « mon nom est Khaled Mohamed Saïd » revendiquait lundi 130.000 membres.
Des militants des droits civiques égyptiens ont mis son portrait sur leur propre profil Facebook, et l’affaire apparaît également sur Twitter. Une trentaine de personnes ont été arrêtées dimanche soir lors d’une manifestation à sa mémoire au Caire.
Un journal pro-gouvernemental a en revanche dénoncé un détournement de clichés pris selon lui après autopsie.

Le jeune homme, selon des témoins, a été traîné la semaine dernière en dehors d’un café internet d’Alexandrie (nord) après avoir refusé de se laisser fouiller par des policiers en civil, puis violemment battu dans la rue.
Fait rare, certains témoins ont accepté de parler à la télévision.
« Il n’ont pas arrêté de le battre. Il a essayé de se défendre alors ils lui ont frappé la tête contre un mur », a raconté un témoin sur une chaîne satellitaire égyptienne.
« Quand il est tombé, ils l’ont frappé à l’estomac et au visage jusqu’à ce qu’il saigne de la bouche. Nous avons essayé de leur dire qu’il était mort, mais ils ont prétendu qu’il faisait semblant », a poursuivi ce témoin.
« Il a été traîné de force hors du café internet et battu à mort dans la rue », a lui aussi déclaré le Centre El-Nadeem, une organisation égyptienne de défense des droits de l’Homme.
Des voisins ont décrit Khaled Mohamed Saïd comme « un jeune homme ordinaire » qui passait beaucoup de temps à écouter de la musique et sur internet.

Le ministère de l’Intérieur a dans un premier temps indiqué samedi que la victime était décédée après avoir avalé de la drogue au moment où la police l’abordait, dédouanant les policiers de toute responsabilité.
Mais le procureur-général, Abdel-Méguid Mahmoud, a demandé dimanche un complément d’enquête sur cette affaire.
Amnesty International a appelé vendredi à « une enquête immédiate et indépendante » sur la mort de Khaled Mohamed Saïd survenue « alors qu’il était aux mains des forces de sécurité ».
Les « images horribles » de son corps « sont une preuve choquante (…) de l’usage routinier de la force brutale par la sécurité égyptienne qui croit agir dans un climat d’impunité », a encore affirmé Amnesty.

Cette affaire a également relancé les critiques sur le maintien depuis trente ans en Egypte d’une loi sur l’état d’urgence, renouvelée en mai pour deux ans, malgré la promesse des autorités de la limiter à la lutte contre le terrorisme et contre la drogue.
Cette loi, a souligné Amnesty International, « permet aux forces de sécurité de commettre des violations, qui sont rarement sanctionnées ».
Le journal gouvernemental al-Gomhouria a entamé une contre-attaque lundi en accusant ceux qui utilisent ces images, notamment en les postant sur internet, de vouloir « ternir l’image de l’Egypte et de son bilan en matière de droits de l’Homme ».
« Poster une photo n’est pas apporter une preuve de brutalité policière », affirme le journal dans un éditorial, en accusant les militants des droits d’utiliser des clichés pris après autopsie pour dénoncer des tortures.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
RSF (19 jun 2010)
Selon le propriétaire du cybercafé, Khaled Mohammed Said aurait été battu à mort dans la rue après avoir été arrêté par deux policiers en civil. D’après sa famille et des organisations locales des droits de l’homme, il avait posté sur Internet une vidéo montrant des policiers se partageant les profits d’un échange de drogue.
.../...
"Khaled Mohammed Said a vraisemblablement perdu la vie pour avoir dénoncé la corruption de policiers. Les abus des forces de sécurité sont régulièrement dénoncés sur la Toile par de courageux blogueurs et net-citoyens, malgré les risques de représailles.
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Re: Egypte

Messagede spleenlancien le Lun 21 Juin 2010 10:52

Pendant que les grands média glosent ad nauseam sur nos 23 millionnaires rebelles, les travaux continuent :

Une armada d'une douzaine navires de guerre américains, dont un porte avion, ainsi qu'un bâtiment israélien, ont franchi le Canal de Suez en route vers la Mer rouge. L'information a été dévoilée par le quotidien pan-arabe Al Quds Al Arabi, et reprise par le site en anglais du quotidien israélien Haaretz. Selon le quotidien, c'est le plus grand déploiement de force américain dans cette région depuis des années, relançant les spéculations internationales sur une possible action militaire contre l'Iran.

Lien traduit par gogol :
Plus de douze bateaux de guerre navale aux États-Unis et au moins un navire israélien évoluait dans le canal de Suez, vers la mer rouge vendredi, journal britannique langue arabe al-Qods Al-Arabi déclaré samedi.
Un navire de guerre U.S..
Photo par : Reuters selon pour le rapport, des milliers de soldats égyptiens ont été déployés le long du canal de Suez, empêchant le passage des navires, qui comprenait une porte-avions U.S..
Le canal de Suez est une voie navigable égyptienne stratégique qui relie entre la Méditerranée et la mer rouge.
Selon pour les témoins, les cuirassés U.S. étaient le plus important à avoir traversé le canal depuis plusieurs années, al-Qods signalés.
Membres de l'opposition égyptien ont critiqué le gouvernement pour coopérer avec les forces américaines et israéliennes et permettant le passage des navires dans les Égyptiens des eaux territoriales.
Ils ont dit qu'ils considéré l'événement comme égyptienne de participation dans un scandale international et ajouté que l'opposition ne serait pas siéger avec ses bras croisés tandis que le pays autorisé une flotte de navires militaires américains et les Israéliens à franchir.

lien en anglais

http://www.haaretz.com/news/diplomacy-d ... a-1.297068
spleenlancien
 

Re: Egypte

Messagede Antigone le Dim 1 Aoû 2010 10:35

Il y a des manifestations actuellement en Egypte mais les manoeuvres politiciennes autour de la succession de Moubarak les relèguent au second plan.
Afrik - 30 jul 2010
http://www.afrik.com/article20456.html

Egypte : les manifestations contre les pénuries d’eau s’amplifient

En Egypte, le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, des dizaines de milliers de personnes sont récemment descendues dans la rue pour protester contre les pénuries d’eau. Ceci explique en partie les réticences du gouvernement à abandonner sa part actuelle de l’eau du Nil.

Le 26 juillet 2010, 600 personnes du gouvernorat de Minya dans le sud du pays ont organisé un sit-in au Caire devant le ministère de l’Irrigation, pour protester contre le manque d’eau pour arroser leurs terres. Les années précédentes avaient certes connu des manifestations contre les pénuries d’eau, mais selon les observateurs locaux, l’ampleur et la fréquence des manifestations de 2010 sont sans précédents.

« La rareté de l’eau va encore augmenter à l’avenir », a dit à IRIN Riad Aldamk, directeur d’un projet d’études sur l’eau à l’Ecole d’ingénieurs du Caire. Il a expliqué que la consommation totale d’eau de l’Egypte avait augmenté de 17 % au cours des cinq dernières années, comme le montrent des études menées par l’Ecole. Des étés plus chauds en sont en partie responsables.

Une étude publiée récemment par l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) indique que les ressources en eau annuelles vont baisser de près de 15 milliards de mètres cubes d’ici 2017 : il est prévu qu’elles passent des 86,2 milliards de mètres cubes nécessaires à 71,4 milliards.
Selon cette étude, l’Egypte, dont la consommation moyenne par habitant est de 700 mètres cubes par an, est l’un des 15 Etats arabes situés sous la barre des 1 000 mètres cubes par habitant, qui dénote la rareté de l’eau. La moyenne mondiale est de 6 750 mètres cubes par personne et par an.

Les experts pensent que l’agriculture représente 70 % de la consommation et accusent les méthodes d’irrigation traditionnelles de provoquer la perte de huit à 17 milliards de mètres cubes d’eau annuellement.
La culture du riz utilise une grande partie de l’eau, a dit Khalid Alqady, professeur d’agronomie à l’Université d’Helwan. « Pour faire pousser du riz, il faut d’énormes quantités d’eau ».
Pour répondre à cette inquiétude, le ministère de l’Agriculture a décidé de réduire la superficie dédiée à la culture du riz de 486 000 hectares en 2009 à 456 720 hectares cette année. Pour M. Alqady, la prolifération des fermes aquacoles sont également responsable de la rareté de l’eau.
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Dim 22 Aoû 2010 10:03

Les contraintes du ramadan sont en train de rendre la situation sociale en Egypte explosive.
Ne pas pouvoir boire alors qu'il fait 40°, la religion est complètement absurde ! Alors quand en plus c'est l'heure de boire et que l'eau est coupée...

AFP-IZF - 20 aot 2010
http://www.izf.net/upload/AFP/francais/ ... pmwu4.html

Inflation, coupures d'eau et d'électricité... difficile ramadan en Egypte

Hausse de prix, craintes pour le pain, coupures d'eau et d'électricité à répétition... Le mois de ramadan se déroule en Egypte dans un climat de vif mécontentement face à la multiplication de difficultés qui s'ajoutent à la forte chaleur et au jeûne.
Des manifestations de colère sont rapportées depuis plusieurs jours dans le pays. Ici en raison de coupures d'eau de plus en plus fréquentes. Là à cause de pannes d'électricité au moment de l'iftar, le repas très attendu de rupture du jeûne, de plus en plus cher à préparer.

"Il n'y a pas de pain. Il n'y a pas d'eau. Il n'y a pas d'électricité. Mais il y a le président (Hosni Moubarak)", ironise le quotidien indépendant Al-Dostour.
Un autre titre indépendant, Nahdet Misr, parle de "révolte des jerricans" dans plusieurs gouvernorats frappés par des pénuries d'eau.
Des riverains exaspérés ont arrêté le trafic mercredi avec des barrages sur une autoroute au sud du Caire, à la hauteur de l'oasis du Fayyoum, pour protester contre des coupures de courant. La police a dû intervenir.
Les températures de près de 40 degrés au Caire, davantage dans le sud du pays, et les longues journées de jeûne entre le lever et le coucher du soleil, rendent déjà ce mois sacré musulman de ramadan particulièrement rigoureux.

Les pics de consommation en soirée ne sont pas étrangers à la multiplication des coupures d'eau et d'électricité, mais la vétusté et le manque de capacité des réseaux sont aussi en cause.
La hausse des prix alimentaires, pourtant habituelle en période de ramadan à cause des achats pour les dîners de fête, ne fait qu'aggraver la grogne.
S'y ajoute l'inquiétude provoquée par l'arrêt des livraisons de blé par la Russie, frappée par une baisse de ses récoltes. La Russie fournit environ la moitié des achats à l'étranger de l'Egypte, premier importateur mondial de blé.
Un jeune homme de 24 ans, souffrant de déficience cardiaque, décédé en faisant la queue devant une boulangerie, a été présenté par la presse comme "la première victime des files d'attente pour le pain durant le ramadan".

Des hausses de prix du sucre, du riz, des céréales, des fruits et des légumes allant jusqu'à 30 % selon les endroits, et davantage pour la viande, sont rapportées par la presse et les consommateurs.
"Tout a augmenté: le pain, la viande, le poulet, le poisson, les pâtes. Les salaires sont restés les mêmes, les fonctionnaires doivent mendier pour finir le mois et il faut emprunter de l'argent aux amis et à la famille", se lamente Hekmat Mohamed, employé comptable au Caire.
"Il y a des files d'attente pour tout, que ce soit la viande ou le pain", déplore un chauffeur d'entreprise, Kamal Salem.

Déjà en juillet, à la veille du ramadan, le pays avait connu une poussée inflationniste de 2,3%, contre 0,7% en juin.
Le gouvernement, sous forte pression devant cette grogne tous azimuts, multiplie les déclarations apaisantes.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce Rachid Mohamed Rachid a garanti que le pays avait dans ses silos de quoi assurer la production de pain subventionné pendant quatre mois.
Il a assuré que l'embargo russe n'aurait "pas d'impact" sur ce pain, sans lequel des millions de personnes ne pourraient subsister, dans un pays où 40% de la population vit avec deux dollars ou moins par jour.
Le pouvoir promet aussi pêle-mêle de mieux contrôler les prix, d'augmenter les cultures de céréales, de construire des centrales électriques ou de réparer les canalisations.

En attendant, les Egyptiens se voient conseiller, pour économiser l'électricité et éviter les coupures, d'éteindre les lanternes et guirlandes lumineuses dont ils ornent leurs foyers en période de ramadan.
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Ven 26 Nov 2010 23:05

Moubarak est vieux, malade et pourrait crever bientôt. Les législatives vont servir à mesurer la popularité des personnalités susceptibles de jouer un rôle dans la guerre de succession. Le seul enjeu de ces éléctions sera de savoir qui de la vieille garde rapprochée, des affairistes ou des hommes du renseignement, prendra l'avantage.

La récente augmentation (même si elle est très symbolique) du salaire minimum que l'on avait fini par croire immuable peut toutefois être traduit comme un signe d'inquiétude. La presse est muselée. Les SMS sont plus que jamais filtrés. Toujours dans la crainte de possibles émeutes comme il s'en produit souvent à la sortie de l'hiver, le régime au bout du rouleau de Moubarak désigne ses boucs émissaires en espérant que cela détournera la colère latente.
Sur le plan politique, le pouvoir égyptien a fait emprisonner la semaine dernière plus d'un millier de Frères musulmans, mouvement officiellement interdit comme sont interdits tous les mouvements religieux, mais tolérés s'ils se déclarent comme "indépendants". Une fois cette rafle opérée non sans quelques heurts avec les forces de l'ordre, il ne restait plus que cinq candidats de ce mouvement encore en lice à Alexandrie. Le tribunal administratif de la 2e ville égyptienne a d'ailleurs déclaré que l'élection ne pourrait pas avoir lieu dans dix des onze circonscriptions du fait même de ces retraits forcés. Pour rester dans le jeu politique, les Frères musulmans pourraient être tentés de soutenir la candidature de El Baradei, l'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), actuellement en réserve.
En marge de ces préparatifs électoraux, d'autres affrontements avaient eu lieu ces derniers jours avec les coptes, la minorité chrétienne.

L'ennemi étranger n'est pas oublié. La carte nationaliste et guerrière est prête à servir en cas de besoin. En l'occurrence ici, c'est l'Ethiopie le principal concurrent régional, pas seulement en raison du conflit sur le partage des eaux du Nil. L'Egypte conteste la présence des troupes d'Addis Abeba en Somalie et vient de renouveler son soutien au régime érythréen contre qui l'Ethiopie a fait la guerre entre 1998 et 2000. Le Sud-Soudan qui pourrait devenir indépendant dans quelques mois est également le terrain de la lutte d'influence à laquelle se livrent l'Egypte et l'Ethiopie dans cette région du monde.
Il n'y a pas qu'entre les deux Corées que la tension monte en ce moment.

Cyberpresse - 26 nov 2010
http://www.cyberpresse.ca/international ... usions.php

En Égypte, les plus pauvres attendent les élections sans illusions
par Simon Martelli

LE CAIRE - Pour nombre d'Égyptiens, qui se débattent avec un maigre salaire et l'augmentation du coût de la vie, les législatives de dimanche ne sont qu'une formalité destinée à reconduire le parti au pouvoir, sans changer leurs difficultés quotidiennes.

À Boulaa Daqour, un quartier pauvre situé près du centre du Caire, des banderoles politiques sont accrochées dans la rue et les visages des hommes politiques locaux ornent les murs. Mais la campagne intéresse peu les habitants de ce quartier défavorisé, où des hommes vendent des pommes de terre dans des carrioles tirées par des ânes et où des chiens errants fouillent dans d'énormes tas d'immondices.

« Je n'ai jamais voté parce que les élections ne changent rien » et « vont faire durer le régime », déclare Samir, 42 ans, propriétaire d'un salon de coiffure pour hommes. « Les gens doivent pouvoir vivre, avoir quelque chose à manger. Un kilo de viande coûte environ 70 livres égyptiennes (12 dollars). Un kilo de sucre coûte 6 ou 7 livres. Les gens peuvent vivre sans viande, mais pas sans sucre », se lamente ce père de deux enfants. « Le salaire mensuel le plus bas est d'à peu près 300 livres (52 dollars). Divisez ça par 30 jours à répartir entre la nourriture, les frais scolaires, l'électricité et tout le reste: ce n'est pas assez ».

Les autorités ont récemment décidé de relever le salaire minimum légal, inchangé depuis un quart de siècle. Mais le nouveau minimum légal de 400 livres (69 dollars) reste loin du compte, dans un pays où l'inflation annuelle frise officiellement les 12 %. Les fortes hausses de prix survenues ces derniers mois sur des produits comme la viande ou les tomates ont aggravé le mécontentement de la population et contribué à provoquer des manifestations sporadiques.

Population résignée, système figé

Malgré cinq années de réformes économiques, quelque 40 % de la population vit encore sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage, autour de 10 % selon les chiffres officiels, est estimé entre 15 % et 20 %.
Pour l'analyste Emad Gad, du Centre Al-Ahram d'études stratégiques et politiques, une grande partie de la population est résignée face à un système politique figé, qui n'est pas parvenu à bénéficier à l'Égyptien moyen. « Dans son programme électoral (pour les législatives) en 2005, le (président Hosni) Moubarak parlait de s'attaquer à la pauvreté, d'améliorer la situation économique, etc. ». « Mais la pauvreté est encore très répandue, de même que le chômage, et l'inflation reste à un niveau élevé. Si vous regardez le programme du PND (Parti national démocrate, au pouvoir) cette fois, vous verrez une copie conforme (des promesses) des dernières élections », indique M. Gad.

Le pays a bien résisté à la crise économique mondiale, enregistrant un taux de croissance annuel de 5,1 % pour l'année fiscale 2009/2010, mais cela n'a pas vraiment profité à l'homme de la rue. Alors que personne n'attend de réels changements avec cette élection, notamment une redistribution plus juste des richesses, certains à Boulaa Daqour espèrent néanmoins qu'un vote en faveur du candidat du PND Amer Zaid leur apportera des avantages matériels.

Karim, un chauffeur de taxi de 25 ans, va voter pour M. Zaid, qu'il dit connaître personnellement, « parce qu'il apporte de bonnes choses aux gens ordinaires dans ce quartier ». Mais d'autres ne partagent pas cet avis. « Nous souffrons de beaucoup de choses », explique Ahmed Rouchdi, 55 ans, un petit fonctionnaire. « J'avais l'habitude de voter pour le PND, mais maintenant je ne m'embête plus parce que je ne vois aucun changement venir des élections ».
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Re: Egypte

Messagede Antigone le Mar 7 Déc 2010 17:49

Le Temps - 06 dec 2010
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/c36a39c ... /Le_vague_à_lâme_de_la_jeunesse_égyptienne

Le vague à l’âme de la jeunesse égyptienne
par Tangi Salaün

Le scénario des législatives, qui ont accouché dimanche d’un parlement presque entièrement aux mains du parti au pouvoir après le retrait de l’opposition, qui crie aux fraudes, renforce la dépolitisation du pays.
« Tout cela, c’est un cirque sans intérêt. » Attablé devant un thé fumant dans un café du Caire, Hatem repousse d’un air dégoûté le journal Al-Masry al-Yom. D’une page à l’autre, les mêmes photos, récits, cris indignés des opposants face aux fraudes et aux violences qui ont émaillé le scrutin. « Que croyaient-ils ? » raille Hatem. « Il fallait être aveugle pour ne pas voir que le Parti national démocratique (PND) avait l’intention de garder le pouvoir pour lui tout seul. »
Hatem a 22 ans. Il n’a jamais voté. Cet étudiant en ingénierie est pourtant très critique envers l’évolution de son pays, rongé par une croissance démographique incontrôlée, la dégradation des conditions de vie, l’héritage étouffant de trente années de « règne » d’Hosni Moubarak. Mais comme beaucoup de jeunes égyptiens (50 % de la population a moins de 25 ans), il est convaincu de ne rien pouvoir y changer. Pas dans les urnes en tout cas. « En 2005, j’aurais peut-être voté, mais j’étais trop jeune », précise-t-il.

Il y a cinq ans, les pressions américaines avaient poussé le régime égyptien à desserrer un peu le cordon qui étrangle les opposants et la société civile: manifestations interdites, limites à la liberté d’expression, arrestations arbitraires, torture policière… Le petit espace laissé à la contestation avait permis au libéral Ayman Nour de chahuter Hosni Moubarak lors de la présidentielle, et aux Frères musulmans de réaliser une percée historique aux législatives avec un cinquième des sièges. Mais le régime a vite remis le couvercle sur la marmite.
Cette année, aucun Egyptien ne se faisait donc d’illusions, même si l’ampleur de la déroute de l’opposition, notamment laïque, a surpris. « S’ils avaient eu une centaine d’élus (ndlr: sur 508), vous croyez que ça aurait changé quelque chose ? » demande Hatem. « Personne dans la classe politique ne s’intéresse à nos vrais problèmes. Regardez les Frères musulmans: ils aident les pauvres, mais quand ils sont entrés au parlement, ils n’ont plus pensé qu’à créer des polémiques. »

Les problèmes, pourtant, sont aussi nombreux que visibles: surpopulation, éducation en ruine, système de santé à l’abandon, chômage rampant, inflation galopante… Même les « réformateurs » du PND qui, sous l’égide de Gamal Moubarak, le fils du président et son possible héritier, promettent régulièrement de s’attaquer au chantier, ne savent pas par quel bout prendre les choses. Exemple: le récent débat sur la hausse du salaire minimum, qui n’avait pas bougé depuis 25 ans. Il était de 35 livres égyptiennes (LE), soit 4 euros. La justice a ordonné son passage à 1200 LE. Le gouvernement, inquiet des conséquences d’une telle mesure sur la fonction publique pléthorique, n’a accepté que 400 LE (50 euros)… soit le seuil de pauvreté sous lequel vivent 40 % des Egyptiens, selon l’ONU.

L’argent est plus que jamais le nerf de la guerre. Les familles s’endettent pour payer des cours particuliers à leurs enfants, seul moyen de compenser les lacunes de l’enseignement public. Les jeunes se marient de plus en plus tard faute de pouvoir acheter un logement. Les nouveaux diplômés – plus d’un million chaque année – gonflent les effectifs des chômeurs ou décrochent un emploi qui n’a rien à voir avec leur qualification.
« Après mon diplôme de pharmacienne, je suis restée un an au chômage avant d’accepter de travailler dans un call center », raconte Lamia, qui répond douze heures par jour, en français, aux appels de clients d’une grande société informatique américaine. « Le salaire est attractif, presque 3000 LE, mais je ne vais pas tenir longtemps à ce rythme », soupire-t-elle. « A quoi rêvent les jeunes égyptiens ? A partir », grince son amie Radwa. Les plus aisés partent étudier à l’étranger et ne reviennent plus. Les pauvres sont de plus en plus nombreux à émigrer clandestinement vers l’Europe.

Reste une minorité qui veut encore se battre, notamment les blogueurs. Plus que la scène politique traditionnelle, Internet est devenu pour les jeunes égyptiens une tribune mondiale pour dénoncer abus policiers ou fraudes électorales, comme pendant les législatives. Une expérience dont ils ressortent entre amertume et colère. « C’est un cas désespéré », soupire l’un d’eux, furieux du «silence complice» de la communauté internationale. « Le message envoyé aux Egyptiens, c’est: laissez tomber la politique, suicidez-vous, quittez le pays ou choisissez la violence », estime Bahey el-Din Hassan, de l’Institut du Caire pour les droits de l’homme.
L’exclusion des Frères musulmans du paysage pose particulièrement question. « C’est une politique dangereuse qui pourrait se retourner contre l’Etat », met en garde un observateur occidental. Selon lui, la frustration de la jeune génération islamiste pourrait en effet la conduire à se radicaliser et à remettre en question la stratégie de non-violence adoptée par la confrérie il y a plus de trente ans, jugée aujourd’hui improductive.

Les résultats définitifs devraient être annoncés d’ici mercredi. Lors du premier tour, la participation avait officiellement été de 35 %, mais de 15 % selon des observateurs égyptiens indépendants.
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Re: Egypte, Soudan

Messagede Antigone le Lun 17 Jan 2011 17:09

J'ai entendu à la radio que l'on commençait à voir sur internet des "Moubarak dégage". Il parait qu'en arabe, ça sonne bien.

SOUDAN

Je n'ouvre pas de topic pour le Soudan.
L'Egypte et le Soudan sont deux pays arabes au passé colonial commun. L'empire britannique les a séparés d'un trait tiré à la règle. Khartoum 1885 demeure dans l'Histoire comme l'Austerlitz africain des anglais. Par la suite et jusqu'à la prise de pouvoir en Egypte de Naguib et Nasser, le Soudan fut administré conjointement par l'Egypte et le Royaume-Uni.
Le Soudan était à la fois la réserve de main d'oeuvre et le grenier à blé de l'Egypte. Mais à partir des années 80 la crise économique et le chomage endémique en Egypte ont plongé le Soudan dans le chaos et l'obscurantisme religieux.

El Watan - 17 jan 2011
http://www.elwatan.com/international/le ... 31_112.php

Le Nord du Soudan sur un volcan

Grogne populaire en raison d’une inflation galopante, amertume face à la séparation attendue du sud du pays, les Nord-Soudanais s’interrogent sur leur avenir et se demandent si un soulèvement populaire comme en Tunisie est possible à Khartoum.

Des partis d’opposition ont « félicité » hier les Tunisiens et plaidé pour la « fin du régime totalitaire » à Khartoum. Ils demandent aussi la démission du ministre des Finances jugé responsable de la hausse des prix. La dévaluation de la livre soudanaise ces derniers mois — due à l’incertitude sur la partition prévue du pays et à un assèchement des réserves de devises étrangères — et le mauvais état des finances publiques plombées par une lourde dette sont à l’origine d’une poussée inflationniste.

Le pays paye plus cher ses importations et le gouvernement a dû annoncer une série de mesure d’austérité. Résultat, le prix du sucre a bondi de 15 % en une semaine, le pain de 20 % depuis décembre, et l’essence de 33 %. « Tout, tout a augmenté. Alors, je suis obligée d’acheter moins de choses », se plaint Fatma Mohammed, jeune mère de quatre enfants. « Le prix du kilo de viande est passé de 20 à 24 livres (environ neuf dollars). Les gens ne sont pas contents, ils disent que c’est trop, et nous demandent pourquoi », affirme Sami Mohammed Kheir, qui travaille dans une boucherie. Des heurts ont opposé la police à des étudiants protestant contre la hausse des prix cette semaine dans la Gezira, au sud de Khartoum, où des paysans en colère plaident pour une réforme du secteur agricole.

A cette précarité, s’ajoute la déception face à l’indépendance du Sud-Soudan jugée inéluctable après le référendum de cette semaine. « Le terrain est prêt pour un soulèvement populaire », estime Moubarak al-Fadil, un des ténors de l’opposition, membre du parti Umma. « La crise actuelle peut seulement finir par la fin du régime totalitaire et la fin d’un régime de parti unique », a déclaré, lors d’une conférence de presse, Farouq Abou Eissa, porte-parole des Forces de la coalition, qui regroupe les partis communiste, Umma et le Congrès populaire (islamiste). Ces partis ont « félicité » les Tunisiens pour le soulèvement populaire ayant mené à la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, et ont convenu de se rencontrer au « cours des prochains jours » pour définir les moyens de faire tomber le régime du président Omar El Béchir, au pouvoir depuis le coup d’Etat de 1989.

Le Soudan a connu deux soulèvements populaires, en 1964 et en 1985, ayant renversé des régimes militaires.
« Si le NCP (Parti du congrès national du président Béchir) ne tire pas les leçons de l’Histoire, il doit au moins regarder les chaînes de télévision internationales. La Tunisie montre bien que rien ne peut s’opposer à la volonté populaire », ajoute M. Fadil. La sécession du Sud-Soudan, qui devrait être prononcée en juillet, va libérer un peu plus de 20 % des sièges à l’Assemblée nationale soudanaise.
L’opposition a demandé la formation d’un « gouvernement de transition », mais le président Béchir s’est dit prêt à donner des postes à des membres de l’opposition s’ils adhéraient à son programme.
Des messages diffusés par de jeunes Soudanais en faveur d’un soulèvement populaire pacifique commencent à circuler sur internet, mais ils demeurent limités.

Outre la grogne sociale et la gestion de l’après-sécession du Sud-Soudan, le gouvernement soudanais est confronté à la rébellion armée au Darfour, région de l’ouest du pays en proie depuis huit ans à la guerre civile. « Le président Béchir, même quand il semblait affaibli, a toujours su rebondir », souligne cependant un diplomate occidental. Plusieurs analystes pensaient en 2009 que le mandat de la Cour pénale internationale contre M. Béchir pour crimes de guerre au Darfour allait éroder son soutien, mais il a su rallier la population en lançant une croisade contre l’Occident.
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Re: Egypte, Soudan

Messagede Antigone le Mar 18 Jan 2011 16:55

Le Monde - 18 jan 2011
http://www.lemonde.fr/proche-orient/art ... _3218.html

En Egypte, l’exaspération contre le régime reste cantonnée à Internet
par Cécile Hennion

Le Caire - Il pleuvait sur Le Caire, lundi 17 janvier au matin, quand Abou Abdel Monem, propriétaire d'une sandwicherie, s'est aspergé d'essence devant le Parlement, se transformant en torche humaine. Aux journalistes, ses proches ont expliqué qu'il n'arrivait plus à les nourrir. Mardi, un autre homme s'est immolé par le feu devant le siège du conseil des ministres au Caire.

Dans son village de Qantara, dans le delta du Nil, il n'y a plus de pain. Muni de coupons de subvention, il s'était rendu au centre de distribution de la ville voisine. Mais celle-ci avait refusé de lui en donner, l'accusant d'utiliser ce pain pour ses sandwichs et non pour ses quatre enfants. Une grève des conducteurs de poids lourds avait aussi privé son commerce, installé sur l'autoroute, de ses seuls clients. Il était parti à la capitale pour trouver une solution. Il avait promis de rentrer tôt.

Peu après son admission à l'hôpital, un communiqué officiel a indiqué qu'Abdel Monem était un "déséquilibré qui s'est fait soigner dans un asile d'aliénés". Pour les Egyptiens, qui ont suivi avec passion la chute du régime tunisien et la fuite du président Zine El-Abidine Ben Ali, cette explication n'a guère convaincu. Et la question que tout le monde se pose est de savoir si la forteresse, érigée par le président Hosni Moubarak au cours de trente années de règne sans partage, est susceptible de s'effondrer, suivant l'exemple tunisien.

Du côté des analystes, ce scénario est envisagé avec prudence. "La révolution égyptienne, peut-être demain, peut-être jamais", résume Diaa Rachwan, chercheur au centre de stratégique d'Al-Ahram. Les similitudes entre les deux pays ne manquent pas.

"Ce sont deux dictatures, dont le pouvoir est monopolisé par une clique qui s'est isolée du reste de la population. Les libertés sont restreintes, les opposants arrêtés et souvent torturés. La corruption galopante est un autre point commun, ainsi que l'évolution économique. Dans les deux cas, des ajustements structurels ont mené à la libéralisation des échanges, à l'encouragement des investissements étrangers et aux privatisations, créant du chômage et creusant le fossé qui sépare la minorité riche de la majorité pauvre", résume Galal Amine, professeur d'économie politique à l'université américaine du Caire.

"Une dictature subtile"

Pourtant, "non, dit-il, je ne crois pas que l'Egypte suivra l'exemple tunisien". Car au rayon des différences, il note l'état d'urgence en vigueur depuis l'assassinat du président Anouar el-Sadate en 1981, et la capacité "à gérer l'opinion publique". "C'est une dictature subtile, alliant un appareil sécuritaire puissant à des espaces de liberté maîtrisés qui permettent d'évacuer l'exaspération populaire", explique-t-il. La presse écrite peut ainsi adopter un ton très critique à l'égard du régime. Jusqu'aux élections législatives de fin novembre 2010, au cours desquelles l'opposition a été laminée, le Parlement était un espace où subsistait une certaine liberté de parole.

L'Egypte a été secouée, en 2008, par des émeutes violentes suscitées par la hausse des prix ou par des grèves géantes, comme celle du 6 avril, initiée par les ouvriers de la ville de Mahallah. Chaque fois, la colère, malgré son lot de victimes, a été absorbée à la manière d'un ventre mou, capable d'encaisser les coups les plus durs sans que jamais le corps ne s'effondre.

Echec d'une opposition aussi faible que divisée ? Amin Iskandar, l'un des fondateurs du mouvement contestataire Kefaya ! (Ça suffit !) fin 2004, préfère parler de "prémices" et de "répétition générale pour les mouvements à venir". "La Tunisie est une expérience inspiratrice", souligne-t-il, tout en modérant : "L'Egypte est au cœur des intérêts géopolitiques américains et israéliens dans la région. Ici, on lutte contre des forces internes mais aussi externes."

Sans retenue, les blogueurs et autres adeptes de Facebook ou Twitter ne se lassent pas de commenter les événements de Tunis. La révolution des internautes a, elle, bel est bien commencé. Encouragements et félicitations s'échangent avec enthousiasme via les réseaux sociaux entre jeunes Tunisiens et Egyptiens. "Nous sommes tous des déséquilibrés, a lancé un activiste sur Facebook après l'immolation d'Abou Abdel Monem. Rejoignez la révolution des malades mentaux égyptiens pour le changement!"

Derrière l'ironie grinçante, typiquement égyptienne, le rendez-vous est sérieux. La manifestation est prévue le mardi 25 janvier, à l'appel de l'opposition. Selon les organisateurs, 50 000 internautes égyptiens ont déjà indiqué qu'ils "pourraient y participer".
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Re: Egypte, Soudan

Messagede spleenlancien le Mar 25 Jan 2011 20:02

Contagion ?

Quoi qu'il en soit, ça a bougé au Caire. Le 25 janvier étant le jour de la fête de la police...

http://www.youtube.com/watch?v=1MgzKNRH ... r_embedded
http://www.youtube.com/watch?v=kWr6MypZ ... r_embedded


Zineb Dryef, Rue 89 a écrit:Après l'Algérie samedi 22 janvier, c'est au tour de l'Egypte de manifester sa colère contre le pouvoir en place. Répondant à l'appel de plusieurs partis d'opposition, plus de 15 000 Egyptiens ont défilé dans les rues du Caire ce lundi, décrété Jour de la colère ou Jour de la révolution par les internautes, très actifs en Egypte.

Le rendez-vous a d'abord été lancé via Facebook où un petit groupe souhaitait rendre hommage à Khaled Saïd, jeune homme de 28 ans originaire d'Alexandrie et torturé à mort par la police le 6 avril.

La date n'est pas anodine. En Egypte, le 25 janvier correspond à la Fête de la police, une commémoration du 25 janvier 1952, quand les hommes de la police ont affronté à Ismaïlia les forces d'occupation britanniques.

Pour contenir la foule, 30 000 policiers ont été mobilisés dans la capitale mais la population n'a pas reculé, en dépit de leurs tentatives de dispersion à coup de lacrymogènes et de canons à eau. (Voir la vidéo)

Des manifestations ont également lieu à Assouan et Assiout, à Tanta et à Mansourah selon l'AFP.




Article original :
http://www.rue89.com/2011/01/25/des-mil ... ack-187368
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Re: Egypte, Soudan

Messagede id73160 le Mar 25 Jan 2011 20:59

Lien AFP où il est expliqué que les manifestants égyptiens reprennent des slogans tunisiens ("moubarak dégage" par exemple :) ). De toutes façons ce qu'ont fait les tunisiens déjà, en espérant qu'ils puissent aller plus loin, est tellement énorme que ça ne peut pas rester sans suite à côté. On verra le résultats plus tard, ils se dégonflent pas en tous cas.
id73160
 
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Re: Egypte, Soudan

Messagede spleenlancien le Mer 26 Jan 2011 00:03

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Place Tahrir au Caire, vers 19h25 GMT

Deux manifestants ont été tués lors de heurts avec la police mardi à Suez (nord de l'Égypte), et un policier est mort des suites de blessures au Caire, a-t-on appris de sources médicales et sécuritaires.
Les deux manifestants de Suez sont décédés après des heurts marqués par des jets de pierres contre la police, qui a de son côté tiré des gaz lacrymogènes, selon des sources médicales et de sécurité.

Le policier au Caire a succombé après avoir été blessé lors d'un rassemblement dans le centre ville, selon la sécurité égyptienne.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hossam Zaki, cité par l'agence officielle Mena, a déclaré qu'il «regrettait la mort d'un membre des forces de l'ordre qui a été battu par des manifestants».
Des milliers de personnes ont défilé à travers toute l'Égypte mardi pour demander le départ du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis trois décennies, prenant exemple sur les manifestations tunisiennes qui ont provoqué le départ précipité du président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier.



M. Zaki assuré que ces rassemblements de protestation, «bien que notables», n'étaient «pas nouveaux dans un pays qui a vu un certain nombre de manifestations depuis 2004, ce qui fait partie de son environnement ouvert en matière de liberté d'expression».



Le ministère de l'Intérieur appelé dans un communiqué à «mettre fin à ces rassemblements afin d'éviter leurs répercussions sur l'ordre public».

Il a accusé le mouvement des Frères musulmans d'avoir «dépêché un grand nombre de ses membres» place Tahrir, dans le centre du Caire, où selon le ministère quelque 10.000 manifestants étaient présents.

Les militants islamistes ont «lancé des pierres sur les forces de sécurité et ont provoqué des émeutes» au cours desquelles plusieurs policiers ont été blessés, selon le ministère.

AFP 25 janvier 2011.




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http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 57527.html
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Re: Egypte, Soudan

Messagede spleenlancien le Mer 26 Jan 2011 16:19

Égypte : décès d'un troisième manifestant, les autorités interdisent toute nouvelle manifestation

Un manifestant blessé mardi à Suez est décédé mercredi des suites de ses blessures, portant à trois le nombre des manifestants tués lors des rassemblements anti-régime en Égypte où un policier a également trouvé la mort, a-t-on appris de source médicale.

http://www.youtube.com/watch?v=QsRdh-G7 ... r_embedded

Le ministère égyptien de l'Intérieur a indiqué mercredi qu'il interdisait toute nouvelle manifestation, après les rassemblements hostiles au régime qui ont mobilisé des milliers de personnes et fait trois morts mardi.
Le «Mouvement du 6 avril», un groupe de militants pro-démocratie à l'origine des manifestations de la veille, a annoncé dans la matinée qu'il appelait à de nouveaux rassemblements mercredi dans le centre du Caire.

Le ministère de l'Intérieur affirme dans un communiqué «qu'aucun acte de provocation, rassemblement de protestation, marche ou manifestation ne sera permis».
Les manifestations anti-gouvernementales de mardi sont les plus importantes du genre survenues en Égypte au cours des trois décennies de présence du président Hosni Moubarak à la tête de l'État.
Elle se sont inspirées de la révolte tunisienne qui a conduit au départ du président Zine El Abidine Ben Ali mi-janvier.
«Des mesures légales seront prises contre quiconque» serait en infraction, poursuit le communiqué du ministère, en soulignant que tout contrevenant serait déféré devant la justice.
Quelque 200 personnes sont été arrêtées mardi lors des manifestations, dont 70 au Caire, où un policier a été tué, et 50 à Suez, à une centaine de km à l'est de la capitale, où deux manifestants sont morts, selon les services de sécurité.

La bourse du Caire a ouvert en forte baisse mercredi, son principal indice perdant près de 5% au cours des 45 premières minutes d'échanges, a-t-on appris de source boursière.
La presse égyptienne indépendante soulignait mercredi l'ampleur des défilés de la veille, dominés par des slogans contre le pouvoir du président Moubarak, 82 ans.
«Des milliers de personnes manifestent contre la pauvreté, le chômage, l'inflation et la corruption, et demandent le départ du gouvernement», titre le quotidien al-masri al-Yom.

Al-Chorouq fait sa Une sur «L'Égypte en colère descend dans la rue» et affirme qu'un «volcan de colère a fait éruption dans les rues du Caire».
La presse gouvernementale en revanche s'efforçait de minimiser l'impact des protestations, affirmant comme al-Akhbar qu'il «y a eu des manifestations en certains endroits, tandis que la plupart des gouvernorats sont restés calmes».
L'idée des manifestations a été fortement relayée, en particulier auprès des jeunes, à travers les réseaux sociaux.
Mercredi, le site de micro-blogs Twitter a indiqué que son site a été bloqué en Égypte depuis mardi aux environs de 16H00 GMT ainsi que les applications liées à ce service.

Leur presse (Agence Faut Payer), 26 janvier 2011.

Image

Traduction approximative :
Nous sommes les masses de manifestants, qui allumons l’étincelle de la révolte contre l’injustice et la tyrannie ;



Nous sommes la volonté souveraine du peuple, qui subissons depuis 30 ans l’oppression, l’injustice et la pauvreté sous le règne de Moubarak et des voleurs du régime du Parti National.



Les Égyptiens ont prouvé aujourd’hui qu’ils sont capables de détruire la tyrannie et d’en extraire la liberté.



Demandes de la population dans les slogans chantés aujourd’hui dans les rues :


1) Moubarak quittera le pouvoir immédiatement.
2) Le licenciement complet du gouvernement.
3) La dissolution du Parlement fantoche.
4) La formation d’un gouvernement national.

Nous continuerons à occuper cette place jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites, et nous invitons toutes les masses égyptiennes, les syndicats, les partis politiques et les associations, à se soulever pour faire valoir ces exigences.

Grèves, sit-ins et manifestations partout, jusqu’à la chute du régime.

Vive la lutte du peuple égyptien.

Article original :
http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 82614.html
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