Chili

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Messagede Antigone le Dim 4 Avr 2010 11:05

Un témoignage qui montre que l'entraide et la solidarité sont les conditions nécessaires à l'émergence d'une nouvelle société.
Le texte date d'une vingtaine de jours (bon, je ne me connecte pas souvent sur le site du CCI), mais n'en garde pas moins valeur d'exemple.

reçu sur le site espagnol de ICC online (CCI) le 03 mars 2010, et publié le 15 mars après traduction.

Nous avons reçu sur notre site en espagnol le 3 mars 2010, un commentaire relatif à la situation des habitants des quartiers ouvriers et populaires de l’agglomération de Concepción, à la suite du séisme de fin février. Contrairement à la propagande des médias à l’échelle internationale qui ont dénigré le comportement des populations locales en les désignant comme les auteurs de « scandaleux pillages », ce texte restitue la réalité des faits en mettant en avant l’esprit authentiquement prolétarien de solidarité et d’entraide qui a animé les ouvriers dans la redistribution des biens, tout en l’opposant à l’action prédatrice des gangs armés contre lesquels la population ouvrière a tenté de prendre en charge et d’organiser sa propre défense.

Sur la situation au sud du Chili
L’auto-organisation des prolétaires face à la catastrophe, aux lumpen-capitalistes et à l’incompétente/incapacité de l’État

Il serait souhaitable que (...) vous rendiez compte de ce qui est en train de se passer à Concepción et ses environs (*), ainsi que dans d’autres régions du Chili qui viennent d’être lourdement touchées par le séisme.

On sait que dès les premiers instants, les gens ont mis en pratique le bon sens le plus évident en se rendant aux magasins de denrées alimentaires pour y prendre tout ce dont ils avaient besoin. Ceci est si logique, si rationnel, si nécessaire et inévitable qu’il apparaît comme quelque peu absurde d’en faire la critique. Les gens ont créé une organisation spontanée (surtout à Concepción) pour distribuer le lait, les couches pour bébé et l’eau, en fonction des besoins de chacun, en tenant compte, entre autre, du nombre d’enfants par famille. Le besoin de prendre les produits disponibles apparaissait si évidente, et si puissante la détermination du peuple à mettre en pratique son droit à survivre, que même les policiers finirent par aider les gens à sortir les vivres du supermarché Leader à Concepción, par exemple.
Et quand on a essayé d’empêcher que les gens fassent la seule chose raisonnable, les installations en question furent simplement incendiées, pour la simple et logique raison qui fait que si des tonnes de denrées alimentaires vont finir par pourrir au lieu d’être logiquement consommées, il vaut mieux que ces aliments soient brûlés, évitant ainsi le danger des foyers supplémentaires d’infection. Ces « pillages » ont permis à des milliers de personnes de subsister pendant quelque temps, dans le noir, sans eau potable et sans le moindre espoir qu’un quelconque secours arrive.

Or, au bout de quelques heures, la situation a changé du tout au tout. Sur toute l’agglomération du Grand Concepción des bandes bien armées et roulant dans des véhicules de bonne qualité, ont commencé à mettre à sac non seulement les petits commerces, mais aussi les logements particulières et des pâtées de maison entiers. Leur objectif est de s’accaparer le peu de biens que les gens auraient pu récupérer dans les supermarchés, ainsi que les outils domestiques, l’argent ou tout ce que ces bandes peuvent trouver. Dans certaines zones de Concepción, ces bandes ont saccagé les maisons, elles y ont mis le feu, prenant la fuite aussitôt après. Les habitants, qui se sont trouvés au début sans la moindre défense, ont commencé à s’organiser pour pourvoir se défendre, en faisant des rondes de surveillance, en levant des barricades pour protéger les accès aux quartiers, et dans quelques quartiers en mettant en commun les vivres pour assurer l’alimentation de tous les habitants.

Avec ce bref rappel des faits survenus ces jours derniers, je ne prétends pas « compléter » les informations fournies par d’autres moyens. Je ne voudrais qu’attirer l’attention sur tout ce que cette situation critique contient d’un point de vue anticapitaliste. L’élan spontané des gens pour s’approprier de tout ce qui est nécessaire à leur subsistance, leur tendance au dialogue, au partage, à chercher des accords et à agir ensemble, a été présent depuis le début de cette catastrophe. Nous avons tous pu voir dans notre entourage cette tendance communautaire naturelle sous différentes formes. Au milieu de l’horreur vécue par des milliers de travailleurs et leurs familles, cet élan pour la vie en commun a surgi comme une lueur d’espoir au milieu des ténèbres, nous rappelant qu’il n’est jamais trop tard pour redevenir nous mêmes.

Face à cette tendance organique, naturelle, communiste, qui a animé le peuple pendant ces heures d’épouvante, l’État a blêmi et s’est montré pour ce qu’il est : un monstre froid et impuissant. De même, l’interruption brutale du cycle démentiel de production et de consommation, a laissé le patronat à la merci des événements, à attendre, tapi, que l’ordre soit rétabli. C’est ainsi que la situation a ouvert une vraie brèche dans la société, par laquelle pourraient sourdre les sources d’un monde nouveau qui est déjà dans les cœurs des gens du commun. Il devenait donc urgent et nécessaire de rétablir à tout prix le vieil ordre de la rapine, de l’abus et de l’accaparement. Mais ça a été fait non pas à partir des hautes sphères, mais à partir du sol même de la société de classe : ceux qui se sont chargés de remettre les choses à leur place, autrement dit, d’imposer par la force les rapports de terreur qui permettent l’existence de l’appropriation privée capitaliste, ont été les mafias des narcotrafiquants enkystées dans les quartiers populaires, des arrivistes entre les plus arrivistes, des enfants de la classe ouvrière alliés avec des bourgeois au prix de l’empoisonnement de leurs frères, du commerce sexuel de leurs sœurs, de l’avidité consommatrice de leurs propres enfants. Des maffieux, autrement dit des capitalistes à l’état pur, des prédateurs du peuple, bien calés dans leurs 4x4 et armés de fusils, disposés à intimider et à dépouiller leurs propres voisins ou les habitants d’autres quartiers pour essayer de monopoliser le marché noir et obtenir de l’argent facile, autrement dit : du pouvoir. Le fait que ces individus sont des alliés naturels de l’État et de la classe patronale, est démontré par le fait que leurs méfaits indignes sont utilisées par les media pour faire pénétrer la panique dans les têtes d’une population déjà démoralisée, justifiant ainsi la militarisation du pays. Quel autre scénario pourrait être plus propice à nos maîtres politiques et patronaux, qui ne voient dans cette crise catastrophique rien d’autre qu’une bonne occasion de faire de juteuses affaires et des profits redoublés en pressant une force de travail dominée par la peur et le désespoir ?

De la part des adversaires de cet ordre social, ce serait un non-sens que de louer les pillages sans préciser le contenu social de telles actions. Ce n’est pas du tout la même chose entre une masse de gens plus ou moins organisée, mais du moins avec un objectif commun, qui prend et distribue des produits de première nécessité pour survivre... et des bandes armées qui dévalisent la population pour s’nrichir.
Le séisme de samedi 27 n’a pas seulement frappé très durement la classe ouvrière et a détruit les infrastructures existantes. Mais il a aussi sérieusement bouleversé les rapports sociaux dans ce pays. En quelques heures, la lutte de classe a surgi avec toute sa force devant nos yeux, trop habitués peut-être aux images de la télévision pour pouvoir bien saisir l’essentiel des événements. La lutte de classe est ici, dans nos quartiers devenus des ruines dans la pénombre, crépitant et crissant sous nos pas, sur le sol même de la société, où s’affrontent dans un choc mortel deux types d’êtres humains qui se retrouvent enfin face à face : d’un coté, les femmes et les hommes à l’esprit collectif qui se cherchent pour s’entraider et partager ; de l’autre les antisociaux qui les pillent et leur tirent dessus pour ainsi commencer leur propre accumulation primitive de capital.
Ici, c’est nous, les êtres invisibles et anonymes de toujours, pris dans nos vies d’exploités, de nos voisins et de nos parents, mais disposés à établir des liens avec tous ceux qui partagent la même dépossession.
Là bas, c’est eux, peu nombreux mais disposés à nous dépouiller par la force le peu ou le presque rien que nous pouvons nous partager. D’un coté le prolétariat, de l’autre, le capital. C’est aussi simple. Dans beaucoup de quartiers de ce territoire dévasté, à ces heures-ci du petit matin, les gens commencent à organiser leur défense face à ces hordes armées. À cette heure, la conscience de classe a commencé à prendre forme chez ceux qui ont été obligés de comprendre, brutalement et en un clin d’œil, que leurs vies leur appartiennent et que personne ne leur viendra en aide.

De la part d’un camarade anonyme

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

(*) Le séisme a eu lieu le 27 février 2010 en pleine nuit, avec une magnitude de 8,8. Il provoqua la mort de près de 500 personnes, mais le tsunami qui l’a suivi en rajouta encore plus de morts. Il a touché beaucoup de villes chiliennes, dont la capitale, Santiago. Mais c’est dans la deuxième agglomération du pays, celle de Concepción (900 000 hab. pour l’agglomération), que les morts et les dégâts ont été les plus graves.
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Re: Chili

Messagede Antigone le Jeu 13 Mai 2010 11:42

CeMAB - 13 mai 2010

Les mapuches et le terrorisme de l’État chilien

9 mai 2010

“Maintenant, avec le Président Sebastian Piñeyra, les choses vont changer, nous allons prendre le contrôle sur vous tous, indiens de merde, délinquants, terroristes. On verra bien si ça vous donne encore envie de réclamer des terres. La prison et des balles, c’est tout ce qu’on vous donnera.” Ditter Villaroel, major de la prison d’Angol.

Au Chili, les Prisonnier-e-s Politiques Mapuche (PPM) sont 52, auxquels on peut aussi ajouter 22 autres devant se plier à des « mesures préventives », on peut ainsi se faire une idée de l’ampleur de la persécution judiciaire dont sont victimes les communautés luttant pour leur territoire et leur autonomie1. Le peuple mapuche originaire du sud de l’Amérique latine (Argentine et Chili) peut se vanter d’avoir été le seul peuple qui a tenu tête à l’invasion coloniale jusqu’au début du 19ème siècle. C’est seulement au moment de la formation des états indépendantistes chilien et argentin qu’ils furent finalement vaincus et ils connurent le sort funeste de tous les autres peuples originaires d’Amérique : génocide, déplacement de populations violentes pour les parquer dans des réserves, occupation de leur territoire pour le destiner à des fins capitalistes, esclavages, famines, maladies, tortures, viols, etc.

Loin de s´être résigné-e-s au fil des siècles suivants, les mapuches, comme la majorité des autres peuples d’Amérique, ont conservé leur propre culture, et la conscience d´être un peuple oppressé obligé de lutter pour sa survie. La dictature militaire de Pinochet (1973-1989) ne les a pas non plus fait taire bien que plus de 300 des 5000 « détenu-e-s disparu-e-s » furent des militant-e-s mapuche2. Quand se produit enfin la transition démocratique, la Concertation (alliance de partis politiques de centre et de gauche) se retrouva immédiatement au pouvoir mais ne fut jamais à la hauteur des espérances. Tout d’abord, elle n’a même pas essayé de modifier la nouvelle constitution rédigée sous Pinochet, véritable bouclier légal contre d’éventuelles et souhaitables représailles judiciaires contre l’élite fasciste de la dictature. Au fil de ses différents mandats tantôt sous l’étiquette démocrate-chrétienne tantôt sous celle du socialisme, elle soutiendra et même fomentera tout type de projet capitaliste sur le Wallmapu (territoire mapuche) déjà bien saturé d’entreprises forestières3.
Pour finir et bien faire, la Concertation, non contente de conserver également la législation antiterroriste héritée du même gouvernement militaire, la renforcera à deux reprises4. Depuis 2002 environ, l’opération policière nommé Patience qui s’est particulièrement fait remarquer pour sa grande capacité à construire des montages judiciaires à la fois tragiques et absurdes, est à l’origine du nombre sans cesse croissant de mapuches emprisonné-e-s. Les lois antiterroristes apportent les outils légaux nécessaires à ces montages en permettant aux procureurs de recourir à des témoins dits « sans visage » qui ne sont ni plus ni moins des témoins anonymes et bien souvent payés qui déclarent sous protection (pression) policière et n’apparaissent au tribunal que derrière un rideau, la voix distorsionnée. Les enquêtes peuvent rester secrètes pendant la majeur partie de l’investigation qui suit l’emprisonnement préventif des inculpé-e-s ce qui rend le travail de la défense simplement impossible. De plus, une condamnation pour conduite terroriste peut doubler la peine de prison et ne permet aucune remise ou aménagement de peine. L’autre astuce qui permet de garder les mapuches un maximum de temps en prison avant même qu’ils ou elles soient condamné-e-s est l’application de la justice militaire en plus de la justice civile, pratique illégale puisque la justice militaire existe pour juger les forces de l’ordre, ce qui permet de les juger deux fois pour un même fait lorsqu’il est de près ou de loin lié à ces mêmes forces de l’ordre. Cette justice étant beaucoup plus lente que la civile, il s’écoule parfois de longues années avant d’obtenir un verdict.

L’un des prochains gros procès.

Les procureurs et la police d’investigation ont bien fait leur travail : faire correspondre le début d’importants procès contre les mapuches5 au moment ou la droite est au pouvoir et que va débuter la coupe du monde de football.
Il était tout à fait prévisible que la Concertation allait pour la première fois devoir quitter la présidence et que la droite allait prendre le relais. Celle-ci n’a jamais ne serait-ce que tenter de masquer son racisme et plus particulièrement sa haine sans fin pour les mapuches en lutte revendiquant leurs terres. Elle a toujours dénoncé la Concertation pour sa supposée faiblesse face aux mapuches, malgré la mort de trois d’entre eux assassinés par la police lors de récupérations de terre6. Elle a toujours appelé à appliquer toute la « rigueur de la loi » contre les mapuches et en particulier les loi anti-terroristes. Elle s’est toujours fait la voix défendant les intérêts économiques de celles et ceux qui combattent les mapuches sur leur territoire (latifundistes, multinationales…). Et elle soutient et protège un groupe para-militaire dénommé Trizano qui a déjà attaqué plusieurs fois des communautés mapuche et menacé de morts à plusieurs reprises des militant-e-s emblématiques de ces communautés. Il était donc évident que le nouveau président Piñeyra dont l’équipe de politicien-ne-s est tantôt liée à la dictature tantôt à des scandales financiers, n’allait pas laisser la Concertation remporter le championnat de la répression.

Pendant que partout dans le monde, les millions d’yeux pourvus d’une télé seront fixés sur un ballon de foot, les victimes de la répression ne verront plus qu’eux-mêmes. Grâce aux cris de joies et de déceptions qu’occasionnera le championnat de foot, le verdict des juges contre les mapuches aura de fortes chances de ne résonner que dans les salles de tribunaux.

Le 10 mai a commencé la préparation du procès de 19 mapuches appartenant presque tous à la communauté de Puerto Choque du lac Lleu Lleu. Cinq d’entre eux sont des militants de la très persécutée Coordinadora Arauco Malleco (CAM), organisation mapuche la plus radicale au Chili tant au niveau de ses idées que de ses actions. Anticapitaliste, elle n’a en plus jamais cédée aux propositions de négociations avec les autorités chiliennes. Elle est depuis ses débuts en 1999 jusqu’à aujourd’hui, la référence en termes d’actions directes et de fermeté quand à sa ligne politique. Une fois dans le passé, la justice chilienne a déjà essayé de la rendre illégale en essayant de démontrer son caractère terroriste, en vain.
Aujourd’hui le procureur Andres Cruz tente de nouveau d’appliquer le schéma terroriste sur cette organisation et ses sympathisants, et va jusqu’à demander 103 ans de prison pour un des ses intégrants, d’autres tout aussi « chanceux » sont pourtant loin derrière avec des peines de 65 et 52 ans… Mais de quoi sont donc accusés ces mapuches pour mériter de mourir en prison ? Les chefs d’accusation sont les suivants : attentat contre un procureur, tentative d’homicide, association illicite terroriste, dommage crées aux biens de la police, dommages crées aux biens d’un procureur, incendies terroristes, vol avec intimidation. Les 5 premières accusations concernent un seul et même fait : une intrusion policière de plus dans la communauté de Puerto Choque qui fut cette fois repoussée.
Quelques mois auparavant, la communauté avait initié une récupération de terre sur la propriété d’une entreprise forestière entraînant une augmentation de la présence policière sur la communauté. Lasse des conséquences répressives systématiques de cette présence policière, la communauté a finalement réagit en légitime défense. Trois maisons secondaires du bord du lac Lleu Lleu, luxueuses propriétés de riches ont été incendiées ainsi qu’un campement forestier. Quant à la victime du supposé vol avec intimidation, il s’agit ni plus ni moins de Santos Jorquera, fasciste reconnu et dénoncé dans le dossier Valech sur la dictature, cet obscur personnage y est cité comme bourreau et collaborateur des militaires sur la communauté de Puerto Choque. Sa maison a été également utilisée comme prison et lieu de torture de campagne. Il a toujours activement collaboré avec les forces policières. Rien que ce supposé vol peut coûter plus de 15 ans aux inculpés parce qu’il aurait été commis par une association dite terroriste. Rien que pour ce procès, vaste successions d’accusations entremêlées, le ministère publique va faire comparaître 230 témoins et s’appuyer sur plus de 100 rapports d’experts et d’écoutes téléphoniques.

Sans aller jusqu’à détailler les frauduleuses preuves qui accusent les mapuches inculpés, on peut néanmoins s’arrêter sur le cas d’un des (ex) accusés : Alcides Pilquiman aujourd’hui « disparu ». Ce jeune mapuche de 22 ans qui a rapidement « bénéficié » de la liberté surveillée après avoir passé quelques mois en prison préventive. C’est le ministère publique lui-même qui a demandé la révision de sa situation alors que les efforts des avocats dans ce sens sont en général inutiles. Originaire de Puerto Choque, ses amitiés l’ont amené à participer à la récupération de terre de sa communauté. Celles et ceux qui le connaissent se rappellent de lui comme un gars volontaire, ayant une bonne condition physique qui lui permettait de participer activement durant les affrontements avec la police lorsque celle-ci attaquait la communauté. Pourtant Elcides est probablement le principal témoin sans visage du prochain procès. Ses déclarations au fil de l’investigation ont peu a peu changé, se déclarant d’abord coupable puisque reconnaissant sa participation dans les faits dont on l’accuse, il se transforme ensuite un simple observateur dénonçant seulement les membres de la CAM. Lui-même est finalement innocenté. Elcides a évidement été victime de pressions et de tortures comme d’autres mapuches. Et cédant, il s’est transformé en collaborateur. Depuis six mois, ni sa famille ni son avocat ne savent oú il se trouve. La seule indication disponible est qu’il serait détenu dans un lieu secret et sous haute surveillance par la police d’investigation. Pour ne pas regretter sa collaboration et trahison ? Voilà qu’une fois de plus la démocratie n’a rien a envier à la dictature et les Prisonnier-e-s Politique Mapuches peuvent donc s’attendrent au pire.

Chaque fois plus de Prisonnier-e-s Politiques Mapuche.

« J’en pouvais plus (…) et un policier du GOPE (CRS) m’a visé avec son fusil et de nouveau il m’a insulté : « reste là enculé d’indien ! reste là ou je te tue ! ». Je ne pouvais rien faire alors je me suis rendu. Il m’a tordu le bras et m’a jeté à terre puis il m’a donné plusieurs coups de pieds. Il m’a frappé à la tête aussi. Il y avait un canal et ils m’ont mis dedans et ils m’ont dit : « allez couillon, tu vas bien te mouiller pour tomber malade », que des choses dans le style ils me disaient et ils me poussaient, ils m’ont tenu un sacré moment sous l’eau, j’en ai même avalé, j’étais tout crade, et la tête, pareil, toute mouillée. » Témoignage d’un jeune mapuche de 14 ans (F.P.M.).

La liste des PPM ne peut a elle seule refléter ni le nombre d’arrestations ni la répression quotidienne que les mapuches engagé-e-s ou non dans la résistance subissent. Il serait trop laborieux de vouloir ici en dresser une liste complète, et bien des pages se rempliraient pour ne dire qu’une seule chose : c’est une persécution systématique et souvent cruelle exercée de la part des forces de police comme des polices privées sur ce peuple. Pour illustrer ce propos, il suffit de se pencher sur quelques cas de détentions, pas plus tard que ces dernières semaines.

Juan Carlos Curinao Traipe : l’exemple de ce jeune mapuche, fils d’un longko appartenant à l’organisation Alliance Territoriale Mapuche (ATM) montre de manière indiscutable la détermination à emprisonner les mapuches même lorsqu’il est évident que les accusations qui pèsent contre eux sont absolument fausses et éhontées, même quand il semble impossible de pouvoir convaincre l’opinion publique de la véracité des accusations. Alors qu’il se rend à la prison de Ercilla, en octobre 2009, pour prendre des nouvelles du longko Juan Catrillanca fraîchement détenu, face a des caméras de télévision, plusieurs policiers le frappent à coups de pieds dans le visage. La nouvelle fit le tour du pays, et le visage complètement tuméfié, Curinao put témoigner face aux mêmes caméras de son agression sans d’autres raisons que la haine et le racisme. Le 16 avril dernier, alors que le tribunal militaire avait fait mettre en prison préventive trois des policiers agresseurs, la Cours Martiale les a absout de toute accusation. Quatorze jours plus tard, Curinao incarcéré pour dommages crées aux biens de la police en service et comme c’est maintenant la tradition au Chili, il sera jugé par la justice militaire. Pour comprendre cette détention absurde et injuste au-delà de l’évidente impunité dont bénéficient les forces de police, il est utile de préciser que l’ATM a déclaré il y a peu un ultimatum à Piñeyra, lui donnant un mois pour réagir avant de devoir affronter de nombreuses mobilisations. La nouvelle persécution envers le werken de cette organisation, Mijail Carbone, confirme qu’il s’agit bien là de la réponse de Piñeyra à l’ultimatum. Mijail Carbone est de nouveau recherché par la police pour une amende impayée qu’il a été condamné à payer suite à une supposée « usurpation violente » sur la propriété du très fasciste René Urban.

Mario Millanao et Bernabé Huenchullan : en avril, alors qu’ils recherchaient du bois de chauffage sur un chemin publique, un contingent policier fortement armé et deux civils retiennent leur véhicule. Sous la menace verbale et physique, Mario Millanao, son épouse Elvira Escobar, leurs deux jeunes enfants de 6 et 10 ans, la mère de Elvira, Elba Morales, et le neveu de Millanao, Bernabé Huenchullan Millanao se voient obligé-e-s de descendre de la camionnette. La police attache Mario et Barnabé et les deux civils les insultent, les accusent de vol, les menacent de meurtre et les frappent à coups de pierre. Les deux femmes tentant de s’interposer sont frappées à leur tour sous les yeux des enfants. Les deux civils sont René Urban et son fils. Urban n’en est pas à sa première agression envers les mapuches. Et ce n’est pas non plus la première fois que la police se fait complice. Urban est célèbre pour être un des ses descendants de colons qui apparaît volontier à la télé en pleurnichant comme saint innocent face aux supposées attaques dont il souffre. Riche propriétaire terrien, raciste revendiqué, membre du commando Trizano, il bénéficie de protection policière 24 heures sur 24 et voue une partie incroyable de son temps à persécuter les mapuches qui vivent dans les communautés voisines de « ses » terres. Suite à l’agression faite à Mario Millanao et sa famille, la police les a emmené au poste de police de Ercilla. Il y ont passé une bonne partie de la journée avant d’être conduit à un hôpital qui constatera leurs blessures. Mario Millanao a été admis immédiatement aux urgences pour 4 côtes féllées. Sa belle-mère est aussi restée à l’hôpital oú elle a été mise sous perfusion. Le reste de la famille a du attendre le 2 mai pour sortir du commisariat et aller à l’audience de formalisation des charges retenues contre Mario et Bernabé. Finalement accusés de dommages simples, ils n’ont pas écopé de prison préventive, ce qui a eu pour conséquence le renforcement de la présence policière dans leur communauté pour avoir à l’oeil ces « dangereux mapuches ».

F.P.M, 14 ans : l’histoire de cet adolescent est particulièrement effrayante et démontre justement la volonté de la répression chilienne à terroriser les mapuches ; d’une part parce qu’elle s’attaque chaque fois plus fort aux mineur-e-s en espérant mater la génération qui bientôt prendra les rênes de la résistance mapuche ; et d’autre part parce qu’elle fait resurgir les méthodes les plus emblématiques de la doctrine de la guerre contre la subversion, contre l’ennemi intérieur. Détenu alors qu’il fuyait la répression policière qui visait d’autres jeunes participant à une récupération de terre, cet adolescent a été torturé sur le lieu même de la détention. En essayant d’abord de se cacher, il reçut des impacts de balles dans la jambes, le coude et le dos. Puis courant sur près de trois kilomètres, il a finalement été rattrapé par un hélicoptère volant au ras du sol. Une arme sur la tempe, frappé, menacé de mort, il a en plus été maintenu entièrement sous l’eau d’un canal à plusieurs reprises. La police l’a ensuite attaché, l’obligeant à monter à bord de l’hélicoptère. Une fois en vol, l’adolescent a été couché au sol, la tête à l’extérieur et menacé d’être balancé dans le vide s’il ne donnait pas les noms des mapuches participant à la récupération de terre. « Et moi je leur disais que non, que je ne pouvais donner aucun nom, parce que je ne savais rien. Et ils me frappait encore plus. Ils me disaient « enculé d’indien, donne moi tous les noms des personnes qui étaient là si tu veux pas mourir. Sinon, on va te jeter dans le vide. ». À l’atterrissage, les médias l’attendaient, et à cet effet, la police lui a passé une cagoule sur la tête et lui a mis des pierres dans les mains. Au commissariat ou il a ensuite été emmené (à 25 km du commissariat qui correspondait à son lieu de détention), il a de nouveau été insulté par les policiers. Et à l’hôpital, le médecin n’a rien trouvé de mieux que d’approuver l’attitude policière. Pour comble, les policiers ont finalement tenté deux fois de faire signer au père de l’adolescent un document sans date stipulant l’accusation faite à son fils à savoir l’usurpation de terres.

Vania Queipul Millanao y Cristina Millacheo : âgées toutes les deux de 15 ans, elle sont respectivement les filles des longko Victor Queipul et Ciriaco Millacheo, ce dernier étant contraint à la clandestinité. Vania a été détenue par la police le 6 avril à son lycée pendant qu’elle déjeunait avec ses camarades. Remise en liberté le jour même, elle peut cependant depuis être arrêtée à tout moment. Cristina Millacheo a éte arrêtée dans les mêmes conditions le 27 avril dernier. Ces deux jeunes filles sont accusées de désordre sur la voie publique. Dans le cadre d’une mobilisation à Collipulli suite à l’assassinat de Jaime Collio en août 2009, les vitres du ministère publique avaient été brisées. Durant cette même journée, Vania Queipul et son amie Cristina Millacheo se dirigeaient à leur internat quand en pleine rue, loin des faits dont on les accuse, elle furent interpelées une première fois pour les contrôler puis laissées en liberté. N’est-il pas étrange que le seul témoin qui les accuse soit le procureur qui mène l’investigation ?

Contrairement aux dénonciations faite par le procureur Ljubetjic, autre procureur anti-mapuche, qui pointait du doigt le grand confort dont bénéficieraient les mapuches en prison, comme l’eau chaude par exemple, les mauvais traitements et violations des droits de l’homme sont coutumes. Il faut en effet préciser le fait que dans certaines prisons, il existe effectivement un système de visites spéciales pour les PPM, comme par exemple un jour supplémentaire ou des horaires plus étendues. Il est aussi possible de leur apporter des denrées alimentaires normalement interdites parce que la plupart des PPM refusent de s’alimenter avec la cuisine sauce bromure de la prison, et parce qu’il ne leur viendrait pas à l’idée de boire de la confiture fermentée, ni de fumer de la peau de banane. Mais n’allons pas croire qu’il s’agit là de privilèges. Même en prison, les mapuches s’organisent et ils et elles ont plus d’une fois du recourir à la grève de la faim pour dénoncer leurs conditions d’emprisonnement et les condamnations injustes qu’ils doivent endurer. Chaque petite amélioration de leur condition en prison a été obtenue par la lutte. Par ailleurs, ceci n’est rien de plus que de la poudre aux yeux puisqu’en réalité, les PPM ne cessent de dénoncer les mauvais traitements auxquels ils et elles sont soumis. Voici quelques exemples récents :

Angol, le 23 avril : Jorge Mariman et José Millacheo se sont retrouvés au mitard, isolés avec l’interdiction de s’alimenter et de recevoir des visites suite à une agression de la part d’un maton de la prison Ditter Villaroel. Pour humilier les prisonniers, celui-ci leur a demandé de répéter leurs noms à plusieurs reprises. Ces deux mapuches refusant de se prêter à ce jeu ridicule, furent immédiatement punis. Quatre jours plus tard, sans avoir prévenu personne, la gendarmerie a transféré Jorge Mariman directement depuis sa cellule de mitard à la prison de Victoria oú il lui a été de nouveau interdit de recevoir des visites.

Chol Chol, le 1er mai : les cellules de mineurs PPM ont été perquisitionnées à deux reprises, la première fois par la gendarmerie, la seconde par les CRS affectés à la prison. Brutalement jetés dehors de leurs cellules, ils ont ensuite été soumis à d’autres humilliations obligeant par exemple l’un d’entre eux à courir plié en deux. Est-ce un hasard si le rapport médical de ce mapuche lui interdit tout effort ou exercice à cause d’une greffe de peau dans la jambe ? En tous cas, il n’est pas du tout fortuit que cette course grotesque lui ait provoqué de nombreux malaises et douleurs.

La boucle est bouclée

Pour bien comprendre la situation du peuple mapuche, il est nécessaire de mettre l’accent sur sa complète marginalisation au sein de la société chilienne grâce au phénomène de la réduction (ou réserve indienne) qui aujourd’hui se dessine bien au-delà des simples limites géographiques de la communauté. Au moment de la colonialisation chilienne du territoire mapuche, des agences de voyages un peu spéciales ont importé des colons européens pour achever physiquement l’occupation du wallmapu.

En s’accaparant les terres à coup de fusils et d’incendies systématiques, et avec l’aide matérielle apporté par le gouvernement chilien, ces colons se sont transformé en propriétaires terriens. Ils ont de cette manière étendu l’espace contrôlé par la colonisation initiale en maintenant les mapuches à distance. Les lof qui regroupaient une ou plusieurs familles furent alors déplacé violemment vers des terres moins fertiles et dans un espace restreint et contraignant. Ce fut une manière d’enfermer les survivants du génocide dans une prison gratuite, de s’assurer une main d’oeuvre à prix défiant toute concurrence, des femmes à l’occasion…

Aujourd’hui, la réduction a pris le nom de communauté et est elle même défendue par les propres mapuches comme le point minimum irréductible oú survit plus ou moins la langue, et la tradition. C’est en quelque sorte, ce qu’il reste de territoire et le point d’expansion depuis lequel les mapuches peuvent organiser la résistance pour récupérer leur territoire.
Le nouveau contexte politique de l’État chilien ne permet pas à son gouvernement de recourir à des moyens aussi radicaux qu’auparavant. Il a donc du inventé des ruses « démocratiques » pour contenir l’existence des mapuches dans l’espace limité de ces véritables tranchées culturelles que sont les communautés. Il a pour cela mis au point un autre système social spécifique pour les mapuches créant une autre forme de réduction, non plus seulement géographique mais aussi sociale. Suite à la dictature et prenant au pied de la lettre les revendications mapuches comme une lutte à la fois spécifique et totale puisque revendiquée non pas par un secteur social de la population chilienne mais en tant que peuple à part entier, l’État chilien va développer toute une série de mesures politiques et sociales traitant le « problème mapuche » à part mais ceci tout en niant son identité comme peuple7. Il créera pour commencer la CONADI, qui est une organisation gouvernementale spécialement dédiée aux peuples originaires et à leur revendications. C’est elle qui fut à charge par exemple d’acheter des terres à des familles mapuches ou de régler des litiges en relation avec des usurpations. Cette organisation est censé être l’interlocuteur de l’État auquel doivent recourir les mapuches pour quoi que ce soit qui les concerne en tant que mapuche. Plus discret en terme diplomatique qu’une porte d’entrée différente de celle que les chiliens emprunteraient pour entrer en discussion avec le gouvernement, la CONADI n’est néanmoins qu’un couloir menant les mapuches, non pas à pouvoir prendre la parole d’égal à égal avec l’État chilien (de nation à nation), mais à l’apartheid social.
La droite, à travers les médias a toujours fustigé cette administration supposément au service des mapuches en dénonçant le fait que ce serait une institution distribuant des privilèges à un secteur particulier de la population chilienne simplement pour avoir un nom d’origine indigène. Pourtant, un autre exemple de son activité, pas le moindre, est en relation avec les projets capitalistes sur le territoire mapuche. Un projet économique de grande ampleur pouvant créer un litige avec une communauté parce qu’entraînant de nouveau un déplacement de celle-ci ou parce que l’impact écologique serait funeste et devrait être approuvé d’abord par la communauté et par la CONADI. Sans l’accord de celles-ci, ce projet capitaliste ne pourrait en aucun cas voir le jour. Cependant comme cela a déjà été démontré par le passé, la Conadi a falsifiée des papiers et remplit un rôle actif dans la pression exercé sur les communautés par certaines entreprises pour pouvoir s’installer.

En définitive, la CONADI est le paravent social de la politique chilienne contre les mapuches.
En regardant derrière, on découvre les mêmes charognards survolant le territoire mapuche pour assouvir leur soif de pouvoir et d’argent. Qui ose les défier s’expose au plan B du gouvernement : la répression. Outre le fait que les communautés aient le « privilège » de voir défiler toutes les forces répressives possibles y compris militaires pour punir leur mécontentement et indiscipline, ils bénéficient en plus de tout un appareillage judiciaire spécialisé. Ils ont à leur « service » des procureurs spécialement dédiés au « conflit mapuche », et des avocats de la défense publique spécialement chargés de les représenter dans les procès.

Est-ce utile de rappeler que ces derniers travaillent donc pour le même État qui les accuse ? Les mapuches n’ayant pas les moyens de se payer un avocat se retrouvent donc enlacé-e-s dans les bras d’une justice machiavélique : une main les berce fermement pendant que l’autre les frappe. Le peuple mapuche ne cherche pas une insertion sociale au sein de la société chilienne, bien que différents secteurs politiques de ce peuple aient des revendications qui s’en rapprochent parfois. Mais il est une constante immuable de toutes ces revendications : l’affirmation de leur existence comme peuple et le droit à s’auto-organiser. Bien qu’enfermé-e-s dans les marges d’une société honteuse de leur existence comme peuple originaire non intégré à la vie occidentale chilienne et donc jugé-e-es comme arriéré-e-s, les mapuches ont su au cours de ces dernières années briser les liens d’une politique qui les contiennent dans une réduction sociale totalement discriminatoire.
Le seul moyen qu’a donc trouvé le Chili pour lutter contre le maigre circuit informatif avec lequel peuvent compter les mapuches et continuer à faire bonne figure à l’étranger (au Chili, on ne viole pas les droits de l’homme et on respecte nos indigènes) est de mettre en place ce qui existe déjà en Europe, le fameux délit de solidarité. Toute personne non mapuche solidaire ou simplement jugée trop sympathisante peut faire les frais des mêmes montages judiciaires. Des chilien-ne-s sont perquisitionné-e-s voire inculpé-e-s et emprisonné-e-s parfois pour leur simple travail de journaliste ou documentaliste8. Des étranger-e-s sont en géneral arrêté-e-s, interrogé-e-s, une partie de leur affaires confisquée et sont ensuite expulsé-e-s. Ce n’est ni plus ni moins qu’une autre manière de réduire au minimum l’espace vital mapuche puisque on cherche à les couper du reste du monde par tous les moyens.

Seule la solidarité avec leur lutte pour la récupération de leur territoire et l’autonomie peut briser les frontières de l’isolement que tente de leur imposer l’État chilien. Dors et déjà, les PPM et leurs communautés ont besoin de toute la solidarité possible ou que ce soit. Brisons le silence en informant, dénonçant et faisant pression de toutes les manières possibles : l’imagination et la radicalité n’étant pas de trop… du simple tract ou diffusion d’information plus étendue aux actions…

LIBERTÉ POUR LES PRISONNIER-E-S MAPUCHE

ABROGATION DES LOIS ANTI TERRORISTE

NON AU DOUBLE JUGEMENT CIVIL ET MILITAIRE

FIN L’OCCUPATION MILITAIRE DU WALLMAPU


Les mapuches sont peu connus, leur combat n'intéresse pas les médias. Et le Chili, c'est loin...
Beaucoup en Europe ignorent leur histoire. Ce texte est intéressant pour tout ce qu'on y apprend concernant leur répression. Toutefois les conclusions de ce texte sont empreintes du légalisme des groupes de pression gauchistes appelant à une solidarité de bonne conscience. D'ailleurs, je remarque au passage que le sort des mapuches faisait l'objet de textes moins indignés sous la présidence de Michele Bachelet.

Même si leurs revendications étaient satisfaites, les prisonniers libérés, les lois anti-terroristes abrogées, l'autonomie accordée, les mapuches ne seraient pas libres pour autant. Leur existence resterait soumise au système capitaliste comme tout individu vivant sur cette planète, et pas seulement au Chili et en Amérique du Sud. S'ils continuent de se battre seuls contre tous, ils sont condamnés d'avance.
Leur seule chance est de dépasser leur cause en la liant à celle de tous les opprimés, paysans, travailleurs, pas seulement mapuches.
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Re: Chili

Messagede spleenlancien le Lun 2 Aoû 2010 11:20

Franck Goudichaud, repris par Le Grand Soir a écrit:Tremblement de terre politique et retour des "Chicago boys" au Chili

Franck GAUDICHAUD
Une défaite qui vient de loin

Jeudi 11 mars, le milliardaire Sebastian Piñera a succédé officiellement à la présidente socialiste Michelle Bachelet. Elu chef de l’Etat, en janvier, le leader de Rénovation nationale (RN) conquiert la première magistrature au nom de la coalition « Alliance pour le Changement » (qui regroupe néolibéraux et ultraconservateurs). Ainsi que nous le rappelions au moment de l’élection, c’est un tournant historique et politique : le dernier président de droite élu était Jorge Alessandri, en… 1958. Se référant à la transition démocratique qui mit fin à la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1989), certains analystes n’hésitent pas à parler d’une « deuxième transition ». Après dix-sept ans d’un terrorisme d’Etat contre-révolutionnaire qui mit fin à l’expérience de l’Unité populaire de Salvador Allende, et à deux décennies d’une démocratie sous tutelle issue d’une « transition pactée », conduite par la Concertation des partis pour la démocratie - coalition entre le Parti socialiste (PS) et de le Parti démocrate chrétien (DC) -, le peuple chilien connaîtrait désormais les joies de l’alternance…(1). Face au terne ex-président Eduardo Frei (DC), le médiatique Piñera - « Berlusconi chilien » avec bronzage permanent et dents éclatantes- a promis monts et merveilles à grands coups d’ingénierie marketing et télévisuelle : croissance soutenue de 6% destinée à faire oublier la crise capitaliste mondialisée, création d’un million d’emplois, combat de la pauvreté et surtout, accompagné d’un discours sécuritaire bien aiguisé, fin de la délinquance (du moins celles des classes populaires car les cols blancs ne seront sûrement pas inquiétés…).

La défaite est amère pour la Concertation qui croyait pouvoir encore faire jouer la logique du « vote utile » face aux fantômes d’une droite marquée au fer rouge par son appui à la dictature. Mais Piñera, s’affirmant « humaniste », a su rappelé qu’il avait voté « non » à Pinochet en 1988, sans pour autant pouvoir se départir de son passé de nouveau riche issu du régime militaire, ni de son alliance avec l’Union démocratique indépendante (UDI), droite réactionnaire « pinochetiste » (proche de l’Opus Dei et première force au Congrès). Les députés du centre-gauche espéraient que l’imposante popularité de la Présidente Bachelet et ses récentes réformes en faveur des plus pauvres pourraient faire oublier le passif de décennies de social-libéralisme : justice pour les victimes de la dictature « dans la mesure du possible », alors que la loi d’amnistie de 1978 est toujours en vigueur et que Pinochet est décédé sans avoir été jugé ; « économie sociale de marché » où le social est trop souvent un faire valoir destiné à faire accepter un projet macro-économique fondamentalement au service du grand capital ; absence de volonté politique au moment de mettre définitivement fin à la constitution autoritaire de 1980 ; accords multiples avec la droite au Parlement ; politique environnementale désastreuse car soumise au caprice des transnationales ; répression non démentie des revendications historiques du peuple Mapuche et autisme face aux revendications étudiantes et salariales… (2)

A ce rythme comment s’étonner qu’il y ait toujours plus de citoyens qui s’éloignent des urnes et des grands partis institutionnels (31 % des Chiliens en âge de voter, soit 3,8 millions de personnes, ne sont même pas inscrits sur les registres électoraux) et que ceux qui se déplacent pour mettre un bulletin dans l’urne aient majoritairement choisit « l’original » (un patron milliardaire ambitieux) plutôt que pour « la copie » (un sénateur DC dont la présidence n’a pas laissé de bons souvenirs aux classes populaires et aux organismes de défense des Droits humains) ? Frei a bien essayé d’agiter un chiffon rouge entre les deux tours : « Au cours de la campagne, nos adversaires ont toujours dit que la Concertación est au bout du rouleau parce qu’elle a déjà gouverné pendant 20 ans. Mais eux-mêmes ont été au pouvoir pendant 17 ans et le Chili s’est beaucoup mieux porté avec la Concertación que durant leurs années (de dictature, NdE) ». Cela n’a pas suffit, pas plus d’ailleurs que l’appui reçu du Parti communiste et de sa coalition, Juntos Podemos…

Le dernier jour de Bachelet. Privatiser le littoral de la mer australe ?

Et s’il fallait essayer d’expliquer pourquoi la Concertation est honnie de toute une partie du mouvement social et critiquée par de nombreux militants de gauche (y compris du Parti socialiste) ; s’il fallait tenter de montrer de quoi le social-libéralisme est-il le nom au Chili, on pourrait alors s’en tenir au denier jour de la présidence Bachelet. Ce 10 mars 2010, c’est avec l’approbation du dernier exécutif de la Concertation qu’est paraphée la réforme de la Loi générale de pêche et d’agriculture. L’objectif ? Tout simplement, venir en aide aux transnationales de saumon d’élevage qui ont inondé les côtes du sud du pays depuis des années et connaissent de graves difficultés. Crise sanitaire tout d’abord, conséquence d’un mode de production aberrant qui a dévasté une partie du littoral à coup de colorant, hormones, antibiotiques, surpêche (pour nourrir les saumons !). Crise économique ensuite. Alors que cette industrie était censée être un des moteurs de l’économie, elle a été engagée sur la voix d’une rentabilité à tout prix, basée sur une exportation de masse aux quatre coins de la planète (Japon, Etats-Unis, UE). Le développement exponentiel d’un virus (virus ISA) a affecté toute la chaîne, et c’est ce modèle d’élevage intensif entièrement dépendant du marché mondial s’est affaissé violemment (3). Cette « agonie du saumon » a provoqué une chute de la production de plus de 30% entre 2007 et 2008 et le licenciement de milliers travailleurs (plus de 15.000)(4).

Vues les conditions offertes, en 20 ans, les capitaux ont afflué de toute part, à commencer par la transnationale hollandaise Nutreco (plus grosse productrice mondiale) mais aussi des entreprises norvégiennes, japonaises, canadiennes et espagnoles. Le patronat chilien n’est pas en reste puisqu’il détient 55% de la filière. N’en déplaise aux écologistes et aux pécheurs artisanaux (dont la vie a été ruinée), le Chili est devenu le second producteur de la planète, avec plus de 650 000 tonnes de saumon en 2007 et, en valeur, cette denrée représente le 4° poste d’exportation nationale (5). Rapidement c’est un véritable lobby du saumon qui a fait son apparition au sein des institutions et de la société civile. Ainsi, alors que le secteur affiche désormais une dette de deux milliards de dollars, la proposition du gouvernement Bachelet a été de garantir le déblocage d’un fonds public de 450 millions de dollars. Les banques restant méfiantes, le projet de loi prévoit aussi une modification des règles de production, un meilleur confinement des poissons, une rotation régulière dans les lieux d’élevage et… la concession de milliers d’hectares de mer et de terre ferme offerte comme garantie hypothécaire auprès des banques ! Comme le rappellent les responsables de la campagne « Sauvons la mer chilienne », « Jamais dans l’histoire aucun pays n’avait permis d’hypothéquer la mer. Ce n’est pas seulement un scandale, c’est aussi le renoncement de notre pays à la souveraineté sur son territoire » (6). Au lieu de s’inscrire dans le sillage d’Allende qui avait exproprié les grandes compagnies de cuivre ("le salaire du Chili"), le gouvernement Bachelet se sera montré beaucoup moins glorieux aux yeux de l’histoire…(7)

Les premiers jours de Piñera. Le retour des « Chicago boys »

« Se van los capataces y vuelve el patrón » : les contremaîtres partent et le patron revient…(8). C’est le sentiment d’une partie des citoyens avec cette élection. En effet, la majeure partie du personnel politique de la Concertation n’était pas issu du milieu des affaires, bien que ses membres dirigeants s’en soient rapidement rapprochés au contact du pouvoir. Le président socialiste Ricardo Lagos n’avait-il d’ailleurs pas été proclamé, à la fin de son mandat, comme l’un des meilleurs hommes politiques du XX° siècle par le syndicalisme patronal chilien ? Cependant, l’arrivée de Piñera représente la fin d’une médiation politique : désormais, c’est un capitaliste décomplexé qui tient les rênes du pays. Certes, ce que certains sociologues nomment la démocratie « des compromis » ou encore « du consensus » (9) va se poursuivre, avec ses divers accords entre droite et gauche, alors que « l’Alliance pour le changement » ne possède pas de majorité absolue au parlement (10). Il n’empêche : ce grand patron compte bien gouverner pour les siens. A la tête d’une fortune de plus d’un milliard de dollars et placé au 701ème rang du classement Forbes des personnes les plus riches du monde, son groupe est présent dans la télévision (Chilevision), la banque, la santé, la grande distribution, l’énergie, le transport aérien (Lan Chile) et même le football un club très populaire (« Colo Colo ») (11). Grand admirateur du Président français Sarkozy, S. Piñera compte administrer l’Etat comme il gère ses entreprises, alors que la côte de ses actions en bourse a connu une envolée remarquée dès l’annonce de son élection. Si l’on regarde qui sont les actuels ministres (12), il est intéressant de noter que le nouveau président a choisit de choyer avant tout les élites économiques plutôt que la droite politique. Pablo Longueira, fondateur de la UDI, s’en est d’ailleurs ému, ce qui pourrait laisser augurer des tensions entre néolibéraux et ultraconservateurs dans un futur proche. « En effet, le nouveau cabinet ministériel ressemble par certains côtés à un véritable conseil d’administration du pays ! Le Président avait beaucoup insisté sur sa volonté de former un « gouvernement des meilleurs » […]. De fait, 13 des 22 ministres ne sont pas des militants. Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de conviction politique, mais au moins n’en ont-ils pas fait leur profession. Finalement, le politicien le plus aguerri est probablement Jaime Ravinet, ancien de la Concertation (DC) qui redevient ministre de la Défense (…). S’ils ne sont pas de purs politiques, d’où proviennent donc les nouveaux ministres ? Principalement du secteur privé et du monde universitaire. Si ce gouvernement n’incarne pas la « transversalité » annoncée, au sens de la représentation de différentes sensibilités politiques, il est par contre généreusement équilibré du point de vue de la représentation des groupes et familles qui pèsent dans l’économie chilienne. Alfredo Moreno, membre du directoire de Falabella (grande distribution) et de Penta (banque), devient ainsi ministre des Affaires Etrangères. Son expérience en matière de diplomatie est surtout fondée sur son rôle dans l’expansion internationale de l’entreprise, notamment vers le Pérou. Laurence Goldborne, ancien directeur général d’un concurrent direct dans la grande distribution (Cencosud), hérite du ministère des mines, secteur clé dans le pays du premier producteur mondial de cuivre. Magdalena Matte, issue d’une prestigieuse famille connue pour son opposition au gouvernement de Salvador Allende, occupera le portefeuille du logement. Au Sernam (Service National de la Femme), on trouvera Carolina Schmidt, qualifiée par le passé par une revue du monde des affaires de « première dame des Luksic », famille qui apparaît au 76ème rang du classement Forbes » (13). Les autres responsables de portefeuille sont des universitaires (6 d’entre eux sont titulaires d’un doctorat). 16 membres du gouvernement ont étudié dans les amphithéâtres de la très conservatrice Université Catholique et une majorité exhibe fièrement des diplômes d’universités étasuniennes, particulièrement d’Harvard et de Chicago. On assiste à une sorte de retour d’une nouvelle génération de "Chicago boys", prête à perfectionner le modèle débuté en dictature par leurs prédécesseurs, nourris dans les années 70 au biberon des économistes Milton Friedman et Arnold Harberger, pionniers du néolibéralisme (14). Le meilleur représentant de ces idéologues de combat est sans aucun doute Juan Andrés Fontaine, nommé ministre de l’économie. Directeur du Centre d’études publiques (CEP), l’un des principaux réservoirs d’idée de la droite libérale, Fontaine est lié au groupe Matte et membre du directoire de plusieurs grandes entreprises. Ce gouvernement est ainsi formé par une majorité d’hommes, sans presque aucune expérience politique mais qui représentent à merveille la dimension de classe qu’ils se proposent de défendre.

Quand la terre tremble. Stratégie du choc néolibéral contre reconstruction démocratique et solidaire

A en croire que les dieux eux même en frémissent de colère ! C’est dans un pays partiellement détruit et une population mis à mal par un séisme (puis un tsunami) d’une magnitude exceptionnelle, que S. Piñera a dû assumer ses premiers moments de gouvernance. La droite n’aura pas pu fêter trop ouvertement sa victoire. Comme le soulignait la journaliste Claire Martin : « Pas de cotillon ni de célébration. La prise de pouvoir de Sebastian Pinera sera ce jeudi 11 mars d’une sobriété exemplaire ». La tragédie qui a fait plus de 800 morts et terrorisée les habitants de la région du Maule et Bío-Bío a bouleversé l’agenda du président qui a appelé à « sécher ses larmes » et à se mettre au travail.

L’exécutif a d’abord tout fait pour étouffer la défaillance complète de l’ONEMI, organisme lié au ministère de l’intérieur et à la marine qui est chargé d’organiser les évacuations en cas de danger de tsunami. Les familles des centaines de disparus et noyés crient pourtant au scandale devant l’incompétence de l’administration et l’arrogance de l’Amiral Edmundo González qui en est responsable (15). Selon certaines estimations, ce ne sont pas moins de 30 milliards de dollars qui devront être investis au cours des prochaines années pour reconstruire les infrastructures et la droite pourrait en profiter pour avancer une logique de « stratégie du choc ». D’autant qu’elle a de l’expérience en la matière. Noami Klein a rappelé à quel point dans des moments de grande vulnérabilité, de désorganisation suite à des catastrophes naturelles ou des coups d’état, les individus comme les sociétés peuvent être plus facilement soumis à des thérapies de choc économique ou des formes croissantes d’autoritarisme (16). En déployant plus de 10 000 militaires dans le sud du pays et en déclarant l’Etat de siège dans certaines régions au nom de la lutte contre les « saccages », à grand renforts de reportages télévisés, le signal est clair. La priorité a été donnée à une intervention sécuritaire musclée défendant la grande propriété privée, notamment celle des chaînes de distribution (telle Líder qui appartient à Wall-Mart), alors que dans de nombreuses zones affectées, souvent très pauvres, aucune action publique d’urgence n’avait été mis en place et que les services de base (comme l’eau potable ou l’électricité) n’étaient pas encore rétablis. Le chaos, une assistance défectueuse produit du modèle semi-public chilien, les manques de ravitaillement et la spéculation de certains commerçants peu scrupuleux ne pouvaient manquer de favoriser les comportements d’angoisse, y compris de violence. Mais certaines scènes de pillage ou d’achat compulsif, y compris dans le grand Santiago (pourtant peu affecté par le séisme), ont aussi mis en lumière certains comportements collectifs marqués par le « chacun pour soi » d’une société éclatée et anomique, dont le terreau est composé d’un mélange toxique de valeurs ultraindividualistes, d’appels à la consommation permanente (mais à crédit) combinés avec une brutale fracture sociale et un passé autoritaire, toujours présent en filigrane (17). Sans aucun doute, il faudra dans les mois à venir prendre plus de temps pour décrypter ce qu’il s’est passé durant ces journées, mais il n’est pas exagéré d’affirmer, qu’une fois de plus, le mythe du « jaguar » de l’Amérique du sud, celui du pays riche et « développé », a été mis à nu dans toutes ses immenses contradictions : le Chili reste l’un des dix pays les plus inégalitaire de la planète (18).

Dans ce contexte, Piñera s’apprête à appliquer une politique de « capitalisme du désastre » (Noami Klein) où les discours « d’union nationale » sont au service d’une perspective de reconstruction qui se fera au profit de la bourgeoisie (19). Déjà les grandes manœuvres on débuté. Au sein du cercle proche du pouvoir ont retrouve plusieurs personnages clefs des entreprises de construction du pays. Certains d’entre eux ont mené par le passé des actions immobilières importantes avec le groupe de l’actuel président, dont l’intendant (préfet) de la région Maule (l’une des plus touchées par la catastrophe), le ministre de l’économie et l’intendant de Santiago. Fernando Echeverría est d’ailleurs passé directement de la Chambre chilienne de la construction (syndicat patronal) à l’intendance de la région métropolitaine ! Pour les spéculateurs immobiliers les plus en vue (dont l’ami d’enfance de Piñera, Carlos Alberto Délano) les prochaines années s’annoncent on ne peut plus juteuses, même si par « malchance » leur responsabilité pénale est actuellement engagée du fait de la mauvaise qualité des édifices construits (et qui ont mal résisté au tremblement de terre)… Des projets fleurissent de partout et aiguisent les appétits, ainsi dans l’historique quartier Brésil de Santiago. Le Ministère des travaux publics (MOP) est quant à lui aux mains du lobby de l’Association des concessionnaires d’œuvres et d’infrastructures publiques (COPSA). « Nous voulons parler un peu avec le nouveau ministre et avec le Président Piñera pour que toutes ses routes, mais aussi ces écoles, hôpitaux, prisons et bâtiments publics qui se sont écroulés, soient transformés en concessions » a déclaré le dirigeant de la COPSA (et cousin de Piñera). Ce à quoi répondait le lendemain matin le ministre du MOP : « Le processus de concessions a aidé au développement du pays et je crois qu’il pourrait aider désormais à la reconstruction » (20). Dans un Chili où quasiment tous les champs sociaux sont déjà dominés par le secteur privé et des logiques de rentabilité immédiates, de telles déclarations donnent le tournis.

Reconstruire les alternatives

Face à ce scénario du pire où la catastrophe géophysique rétroalimente le tremblement de terre politique, plusieurs lueurs d’espoirs pointent le bout de leur nez. Certes, le mouvement ouvrier, la Centrale unitaire des travailleurs, la gauche radicale, les associations de quartiers ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient avant le coup d’Etat de 1973. Cependant, depuis le début des années 2000, la « gueule de bois » de la transition pactée semble s’éloigner et une nouvelle génération de militants se mobilise et renouvelle les répertoires de l’action collective, en lien avec l’expérience des plus anciens. De multiples initiatives de solidarité active parcourent le pays, bien loin du show télévisé du « téléthon », sponsorisé par les mêmes entreprises qui pensent s’enrichir grâce au séisme. Syndicats, collectifs étudiants, associations de femmes ou indigènes, militants de gauche tentent, à contre-courant, de montrer que la notion de solidarité est encore possible face à la morgue du « tout marché » (21). Ainsi que le déclare Carlos Gajardo, dirigeant social de la commune de La Florida (Santiago), « L’heure est à la réflexion lorsqu’on parle de reconstruction. Voulons-nous reconstruire un pays où prédominent les décisions de quelques uns, l’emploi précaire, le clientélisme, la corruption ? Ou bien faire ce qui correspond à un peuple digne : exiger la reconstruction du pays sur les bases de la solidarité, la justice sociale et la souveraineté nationale ? » (22). L’alternative se pose effectivement en ces termes : choc néolibéral par en haut ou reconstruction solidaire par en bas ? Néanmoins, pour que le retour en fanfare de la droite ne soit qu’un mauvais souvenir et qu’il n’annonce pas un retour de bâton plus ample sur le plan régional, ce gouvernement et ses alliés devront être combattus sur leur terrain : celui de la lutte des classes.

Il faudra ainsi poser la question de la reconstruction politique d’une gauche populaire et combative : une « politique de l’opprimé » (selon la belle formule de Daniel Bensaïd), qui ne renonce pas à son indépendance devant les atermoiements de la Concertation et qui sache briser la fatalité de la fragmentation en proposant des alternatives concrètes. Nul doute qu’un gouvernement progressiste aurait pu mettre en branle un autre projet de reconstruction, financé notamment par une taxe immédiate (royalty) sur les entreprises minières transnationales, qui exploitent les multiples concessions sans quasiment rien laisser. Une telle fiscalité, pourtant très modérée, rapporterait au bas mot la coquette somme de 2,5 milliards par an (23). Plus largement, c’est une véritable re-nationalisation du cuivre sous contrôle des salariés, comme des services de base (eau, électricité, communication, transports) qui devrait être annoncée comme mesure d’urgence sociale et nationale. Une décision de salut public soutenue par une imposition sur les revenus des transnationales, des classes aisées et à la mobilisation du mouvement social et syndical pour défendre une telle politique. Cette dynamique suffirait à démarrer une reconstruction gérée alors au travers d’un organisme public ad hoc, sous contrôle des populations concernées et favorisant les multiples initiatives d’auto-organisation qui ont surgit çà et là. Cette épreuve que traverse le peuple chilien serait, dans ces conditions, une opportunité de refondation démocratique et, pour les gauches sociales et politiques, l’occasion de reprendre le chemin des ouvriers des cordons industriels lorsqu’ils clamaient durant l’Unité populaire : « Créer, créer, pouvoir populaire ! ».

Franck Gaudichaud
Revue Recherches Internationales / Revue Inprecor

(Article aussi disponible en espagnol (Revista Viento Sur : http://www.vientosur.info/articulos

Article original :
http://www.legrandsoir.info/Tremblement ... Chili.html
spleenlancien
 

Re: Chili

Messagede spleenlancien le Lun 16 Aoû 2010 19:33

Les mauvaises habitudes ont la peau dure...

CEMAB repris par le Jura-Libertaire a écrit:La police chilienne séquestre des membres des médias alternatifs
La police chilienne a commis une brutale intervention dans le plus pur style «pinochetiste» : coups de pied dans les portes, tirs d’intimidation, et un important contingent déployé pour arrêter des personnes qui n’opposaient aucune résistance. Tout cela soutenu par les juges chiliens, qui agissent comme une véritable Gestapo au service du ministère public.


Le matin du samedi 14 août vers 07h00, un raid policier a été lancé dans plusieurs squats et logements privés à Santiago et dans d’autres parties du pays : portes fracassées, meubles et biens matériels détruits, habitants menacés par des armes de gros calibre et séquestrés sans savoir le pourquoi de cette violence.
La presse bourgeoise signale qu’environ 14 personnes ont été arrêtées dans cette opération et soutient le raid car, selon elle, tous les camarades ont été arrêtés dans des maisons occupées.
Vivre dans un squat n’est pas un crime, encore moins pour justifier une telle violence. Beaucoup de personnes ont été enlevées de leur foyer et sont toujours portées disparues, on ne sait pas où elles se trouvent ! (Cela a duré environ 10 heures, ensuite ils les ont montré dans les news comme des criminels.)

L’un des raids a été commis par l’équipe dite «tactique» de la PDI (police civile) qui a investi le centre social occupé Sacco et Vanzetti en tirant des coups de feu. Les voisins, alertés par les jeunes qui ont appelé à l’aide depuis la terrasse et les fenêtres, témoignent que les policiers ont couvert leur visage d’une cagoule, ont immobilisé les jeunes dans le bâtiment et les ont traînés pour être évacués à bord de deux véhicules de police vers une direction inconnue. La police a ensuite menacé les voisins qui protestaient contre la violence exagérée de l’opération, avec le soutien de deux hélicoptères de Gope (Groupe des Forces Spéciales) et des civils non identifiés (comme pendant la dictature de Pinochet).

Évidemment, la presse bourgeoise arrivée sur les lieux quelques instants après la fusillade, a laissé le temps à la police et à la «justice» de modifier et manipuler la scène. Le montage pouvait alors commencer.
Pendant ce temps, la même opération se déroulait dans la région de Valparaiso, 154 Calle Concepción : deux personnes de plus ont été enlevées.
Parmi les personnes arrêtées, Rodolfo Retamales, artisan de la communication alternative, connu pour son travail révélateur, et d’autres camarades qui effectuent également un travail de communication à travers les radios communautaires.
Nous dénonçons le vol de matériel de montage, la confiscation des caméras, cassettes vidéo avec des images de la répression à la manifestation d’hier dans le centre de Santiago à la mémoire de l’assassinat de Jaime Mendoza Collio, et en solidarité avec nos prisonniers politiques Mapuche.
La presse bourgeoise allègue les faits et soutient la version officielle !

Les 14 séquestrés, officiellement, ont été transférés pour la plupart au 33e commissariat de Ñuñoa avant d’être conduits devant la 11e Juzgado de Garantía de Santiago. L’opération a été en charge du procureur Alejandro Peña, alias «Jalandro» (un surnom qu’il a reçu en son temps d’étudiant à cause de son addiction à la cocaïne), celui-ci a noté que «les détenus seraient accusés de conspiration terroriste, de préparation de matière explosive» et, certifie que les études «scientifiques» pratiquées sur chacun des détenus ont donné des résultats positifs et qu’elles prouvent sa «thèse».
Il a été chargé du dossier après avoir «prouvé» , il y a deux mois, son «efficacité» dans la lutte contre le trafic de drogue (disons qu’il a juste éliminé une certaine concurrence).
Il a récemment remis une liste des camarades anarchistes séquestrés entre qui se rencontraient : Retamales Rodolfo Leiva, Andrea Urzua Cid, Pablo Morales Fuhriman, Monica Caballero Sepúlveda, Francisco Domínguez solaire, Iván González Goldenberg, Cortés Monroy Canderalia Infante, Cristian Cancino Carrasco, Diego Vinicio Morales Munoz Aguilera.
Dès lors, nous dénonçons ce montage de dénigrement, qui ne sert qu’à essayer de détourner l’esprit, d’élever l’idiotie, d’occulter les grèves de la faim qui ont lieu dans le pays (peuple, travailleurs, Mapuche) et masquer l’inefficacité du sauvetage des mineurs pris au piège dans la mine, où la méthode choisie pour les sauver ne fut pas la plus rapide et efficace … mais la moins chère.



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Re: Chili

Messagede fu hsang le Lun 16 Aoû 2010 23:01

En FRANCE

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Consulat du Chili
64 boulevard de La-Tour-Maubourg - 75007 Paris


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fu hsang
 

Re: Chili

Messagede Johan le Mar 17 Aoû 2010 12:11

Chili : grosse opération anti-"terroriste" contre le mouvement anarchiste
(Le 16 août 2010)

Samedi matin 14 août 2010, s’est déchaînée une grosse opération des services anti-"terroristes" (GOPE, LABOCAR, Inteligencia de Carabineros) contre le mouvement anarchiste et anti-autoritaire. Cela faisaient des mois que les médias et les politiciens de droite comme de gauche battaient le rappel contre le mouvement.

Officiellement, cette longue série de perquisitions et arrestations menées par le procureur spécial Alejandro Peña (qui centralise les enquêtes sur les attaques anarchistes) visait les auteurs présumés de 23 de ces attaques incendiaires et explosives revendiquées à Santiago ces derniers mois ("Caso Bombas" comme pouvoir et médias nomment cette enquête). Lors de la conférence de presse qui a suivi, le procureur a avancé comme "preuves" déterminante d’imaginaires traces de TNT sur les mains et vêtements (ils sont forts dans les labos chiliens !) de trois des quatorze arrêtés, ce qui impliquerait six d’entre eux dans les attaques.

Les deux premières perquisitions à Santiago se sont déroulées au squat La Crota (situé Santa Isabel #380), où 6 personnes ont été arrêtées. Ce fut aussi le tour en même temps du Centre social occupé Sacco y Vanzetti (situé Santo Domingo #2423).
A la même heure ont été perquisitionnés deux appartements à Cerro La Virgen (Valparaíso), mais aussi le Centre social Jonny Cariqueo de Pudahuel (El Cobre #8793), en banlieue de Santiago.
Parmi les arrêtés, outre plusieurs compagnons anarchistes bien connus, on retrouve plusieurs ex-Lautaristas (du groupe de lutte armée post-mao Mapu Lautaro, dissous dans les années 90). Les 14 arrêtés ont été transférés pour la plupart au 33e commissariat de Ñuñoa avant d’être conduits devant la 11e Juzgado de Garantía de Santiago. Les accusations vont d’association terroriste ("Asociación ilícita terrorista") à attaques explosives ("Colocación de Artefacto explosivo").

Cette opération très démocratique (1), est un coup spectaculaire orchestré contre une partie du mouvement anarchiste à grand renforts de médias, comme on l’a déjà vu dans d’autres pays ces dernières années (Grèce, Italie, Espagne). Mais qui y-t-il d’incroyable, pourtant, que face à une multiplication d’attaques en tous genre et dans un contexte chilien de guerre sociale intense, l’Etat, cherchant des coupables, va comme d’habitude les chercher chez les parties du mouvement les plus visibles (squats et ex-de la lutte armée) et surtout les plus déterminées et cohérentes dans leurs idées ?
C’est maintenant aussi à la solidarité de briser leur isolement provisoire, et de démontrer que la lutte continue avec feu, joie et explosions... de rage.

Aucunes perquisitions ni arrestations n’arrêteront la guerre sociale !

(1). Et non pas proto-fasciste comme le proclament les pleureuses habituelles (dont ce texte repris par Jura Libertaire qui parle de "Gestapo" et "pinochettisme", tout en autocentrant la répression sur... les médias alternatifs !!).

Les arrêtés seraient :

Pablo Morales Furiman : Ex lautarista. Arrêté au squat La Crota.
Rodolfo Retamales Leiva : Ex lautarista.
Omar Hermosilla Marín
Andrea Urzúa Cid : Suspectée en 2008 d’avoir voulu faire entrer de la TNT dans la prison de haute sécurité, où se trouvaient incarcérés les ex-lautaristas Marcelo Villarroel et Freddy Fuentevilla (en préventive, accusés du braquage de la Banco Security en 2007, où un flic a trouvé la mort).
Felipe Guerra Guajardo
Cristian Cancino Carrasco
Carlos Riveros Luttgue
Camilo Pérez Tamayo
Iván Goldenberg González : Arrêté à Valparaíso. Les flics affirment que flingue que portait Mauricio Morales (jeune anarchiste qui a sauté avec sa bombe en 2007, voir Peste noire), était à Iván.
Candelaria Cortés-Monroy Infante
Francisco Solar Domínguez
Mónica Caballero Sepúlveda

Lxs otrxs 2 compas aún no se quienes son.

http://cettesemaine.free.fr/spip/articl ... ticle=3394
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Re: Chili

Messagede BlackJoker le Mar 17 Aoû 2010 13:10

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Messagede Johan le Mar 17 Aoû 2010 21:02

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Re: Chili

Messagede spleenlancien le Mar 24 Aoû 2010 11:57

Lu, sur le site du Jura-libertaire.
Pagherete tutto, repris par jura-Libertaire a écrit:Aucun blessé jeudi lorsqu’une bombe artisanale a été enlevée d’un garage souterrain situé sous un supermarché de la capitale chilienne, selon la police. Trois autres bombes ont été trouvées et désamorcées, selon un rapport établi par les Carabineros, la police nationale militarisée du Chili.

Sur place, des tracts ont été laissés, faisant référence aux accusations du procureur spécial Alejandro Peña contre 15 anarchistes accusés d’avoir réalisé un nombre élevé d’explosions durant les dernières années.
Un tribunal de Santiago a ordonné mardi dernier que huit des quinze suspects restent détenus en attente d’un procès.
Six autres accusés sont remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire, de se rencontrer mutuellement, de visiter les détenus, obligation de signer une fois par semaine, et interdiction de se rendre dans les centres sociaux occupés perquisitionnés durant les arrestations.
Le 15e suspect, Gustavo Fuentes Aliaga, est déjà en prison, également soupçonné d’autres délits.
Le tribunal a donné 180 jours (six mois) au procureur pour compléter l’enquête portant sur les 23 attaques explosives contenues dans l’acte d’accusation.
Les attaques visaient des banques, les bureaux de compagnies internationales, des ambassades, des églises et des commissariats, la plupart situés à Santiago. Le seul accident mortel fut la mort d’un anarchiste, Mauricio Morales, tué par sa bombe qu’il transportait à vélo.

La situation des compagnons :

— Rodolfo Retamales : Détenu C.A.S. [Carcel de Alta Seguridad (prison de haute sécurité) ], prison préventive pour 180 jours, accusé d’association illégale.
— Pablo Morales : Détenu en C.A.S., prison préventive pour 180 jours, accusé d’association illégale.
— Felipe Guerra : Détenu en C.A.S., prison préventive pour 180 jours.
— Carlos Riveros : En «liberté», sous contrôle judiciaire.
— Vinicio Aguilera : Détenu en C.A.S. Prison préventive pour 180 jours.
— Mónica Caballeros : Détenue en C.O.F. [Centro de Orientación Femenina (lieu de détention pour femmes)]. Prison préventive pour 180 jours.
— Andrea Urzúa : Détenue en C.O.F. Prison préventive pour 180 jours.
— Camilo Pérez : En «liberté», sous contrôle judiciaire.
— Cristián Cancino : En «liberté», sous contrôle judiciaire.
— Diego Morales : En «liberté», sous contrôle judiciaire.
— Francisco Solar : Détenu en C.A.S., en détention préventive pour 180 jours.
— Omar Hermosilla : Détenu en C.A.S., en détention préventive pour 180 jours, accusé d’association illégale.
— Candelaria Cortez : En «liberté» mais sous contrôle judiciaire.
— Iván Goldenberg : En «liberté» mais sous contrôle judiciaire.


Traduit de l’anglais (Act For Freedom Now),
Pagherete tutto, 23 août 2010.

Article original :
http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 41033.html
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Re: Chili

Messagede Antigone le Dim 29 Aoû 2010 07:41

RFI - 25 aot 2010
http://www.rfi.fr/ameriques/20100825-ch ... s-45-jours

Chili : des prisonniers mapuches en grève de la faim depuis 45 jours
par Claire Martin

SANTIAGO - Au nord du Chili, le gouvernement sauve les 33 mineurs bloqués dans la mine San José. Au sud du pays, il ferme les yeux sur une grève de la faim qui pourrait tourner en drame. Depuis 45 jours, 31 Indiens mapuches détenus dans différents centres de détention sont en grève de la faim. Ces indigènes réclament la fin de ce qu’ils appellent une injustice.

L’état de santé des 31 mapuches en grève de la faim est très préoccupant. Le corps de gendarmes chargé au Chili du gardiennage des prisons a demandé à la justice de pouvoir nourrir de force les grévistes. Leur demande a été rejetée mais en revanche, ils auront le droit de les obliger à une hospitalisation.

Eric Millan est le porte-parole des détenus de la prison située à Temuco. Son frère fait partie des grévistes. Il affirme que : « Leur état de santé est très détérioré. Ils souffrent de crampes, d’évanouissements, de pertes d’équilibre, et le plus préocuppant sont ces évanouissements qui se produisent quotidiennement à n’importe quel moment. Nos familles sont très préocuppées. Ils ont perdu énormément de poids, entre 9 et 12 kg. Pourvu qu’il ne se passe rien de regrettable. »

Les mapuches sont un peuple indigène du sud du Chili. Une minorité d’entre-eux a choisi de récupérer ses terres ancestrales par la force. Les 31 mapuches en grève de la faim ont un point commun : tous sont en détention provisoire. Tous sont jugés selon la loi antiterroriste.

Pour Jorge Huenchullan, porte-parole des détenus de la prison de la ville d’Angol, « Cette mobilisation cherche à ce que l’Etat retire la loi antiterroriste et que les grévistes ne soient pas mis en examen selon cette législation. Nous considérons que c’est disproportionné d’appliquer une telle loi au peuple mapuche qui mène une protestation sociale et une protestation politique. Nous, les mapuches, n’avons commis aucun attentat contre l’homme, il n’y a pas eu d’assassinat de personnes. »

Les manuches victimes de la double peine

La loi antiterroriste empêche la défense de connaître les détails de l’instruction et l’identité des témoins de l’accusation. La détention provisoire dure au maximum six mois au Chili. Avec cette loi, elle dure deux ans. Née sous la dictature d’Augusto Pinochet, elle est régulièrement dénoncée par l’ONU. Les mapuches réclament aussi que cesse la double peine.

Fernando Lira est président de l’association chilienne de défense des droits de l’homme Liberar : « En plus de la loi antiterroriste, il y a une autre législation arbitraire, insolite, dans la justice chilienne qui est la double peine. La plupart de ces mapuches sont jugés deux fois : par la justice militaire et par la justice civile. Ainsi, si un mapuche est déclaré coupable par la justice militaire, il peut aussi faire l'objet d'une seconde peine, prononcée cette fois par la justice civile».

La grève de la faim dure depuis 45 jours. Le gouvernement n’a toujours fait aucune déclaration.
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
L'Autonomie, ça devrait ressembler à ça
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Re: Chili

Messagede Johan le Ven 10 Sep 2010 10:48

Et les attaques explosives continuent...

Bomb Explodes Outside Church in Southern Chile

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SANTIAGO – A small bomb exploded early Tuesday outside a Catholic church in the southern Chilean city of Temuco, destroying the front door and shattering windows, police and press reports said.

The blast occurred at 3:05 a.m. outside the Iglesia del Buen Pastor in downtown Temuco, the capital of La Araucania region, some 672 kilometers (about 420 miles) south of Santiago.

The explosion also damaged some nearby houses, Radio Cooperativa said.

Some pamphlets from a group calling itself Kaos Nativo Orquestal were left outside the church, investigators said.

Initial indications are that bomb was fashioned from a fire extinguisher packed with explosives.

The bomb was similar to those used in previous attacks in Temuco and Santiago that were blamed on anarchist groups.

A bomb damaged a bank branch early Saturday in the capital.

More than two dozen bombings have been staged in Chile in the past few years.

Responsibility for the blasts is usually claimed by anarchists or anti-globalization groups, some of them linked to Chile’s disgruntled Mapuche Indians.

A member of one of the anarchist groups linked by authorities to the attacks died in mid-2009 in Santiago when the bomb he was carrying in a backpack exploded while he was riding a bicycle.

A special prosecutor is investigating the bombings, which occur periodically.

The detonator on a bomb planted at the Regional Justice Secretariat in Temuco failed on New Year’s Eve.

Asel Luzarraga, a Spanish writer and front man of an anarchist punk group, was arrested in connection with the failed bombing.

Luzarraga participated in protests supporting Mapuche land claims in the region. EFE


SANTIAGO – A homemade bomb caused damage but no injuries at El Mercurio newspaper’s regional bureau in the coastal city of Viña del Mar, Chilean police said Thursday.

Image

Bomb Damages Offices of Chile’s Major Daily

The explosion occurred at 11:45 p.m. Wednesday and the blast wave extended 30 meters (98 feet).

“The device was placed beside a column of the building and it reached windows of the El Mercurio offices and of contiguous apartments,” police Col. Fernando Bywaters told reporters.

No one was hurt and there has been no claim of responsibility for the bombing, he said.

The blast took place one block from Viña del Mar city hall and in the vicinity of two educational institutions.

Fifteen Chilean anarchists – including one serving time for other offenses – are currently accused of carrying out 23 bombings in Santiago and other cities.

The attacks targeted banks, offices of foreign companies, embassies, churches and police stations, mainly in the capital. The sole fatality was an anarchist killed when a bomb exploded as he was transporting it on a bicycle.

Santiago-based El Mercurio is Chile’s most influential newspaper and a pillar of the Andean nation’s conservative establishment. EFE
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Re: Chili

Messagede Johan le Ven 10 Sep 2010 10:58

Demain c'est l'anniversaire du coup d'Etat de 1973. Chaque année de violentes émeutes éclatent entre les jeunes et les flics, avec souvent plusieurs morts...

Voilà un récit des évènements de l'année dernière: http://www.non-fides.fr/?Chili-un-recit ... rontements

Et un topic qui en parlait:
viewtopic.php?f=29&t=3062
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Re: Chili

Messagede Johan le Dim 12 Sep 2010 21:29

Chili: violences à la fin d’une marche en hommage aux victimes de Pinochet

12/09 13:23 CET

Le 11 septembre au Chili, c’est la commémoration du coup d‘état mené par Augusto Pinochet contre Salvador Allende qui mis fin à ces jours en 1973.

A Santiago, la capitale, 5000 personnes ont participé samedi à cette marche en mémoire des victimes. Un défilé qui s’est achevé par des affrontements entre une centaine de protestataires et des forces de l’ordre. Des casseurs qui se sont masqués le visage ont attaqué aussi un cameraman.

Les manifestants ont exprimé également leur solidarité avec les détenus indiens Mapuche qui font une grève de la faim dans le sud du pays. Ils réclament le retrait d’une loi antiterroriste datant de la dictature Pinochet.Le gouvernement a annoncé la semaine dernière une révision de cette loi.

En 37 ans de dictature, de 1973 à 1990, 3.000 personnes ont été assassinées ou ont disparu. Augusto Pinochet a fait l’objet de plusieurs poursuites en justice. Il est mort en 2006 sans avoir été condamné.

Avec AFP

Copyright © 2010 euronews

Une vidéo des émeutes:
http://fr.euronews.net/2010/09/12/chili ... -pinochet/

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Re: Chili : Un éclairage sur les raisons de la grève de la faim

Messagede JPD le Mar 14 Sep 2010 15:22

Un éclairage sur les raisons de la grève de la faim


Le texte que nous publions est tout à fait éclairant sur la situation que vivent les Mapuches, particulièrement les mécanismes de la répression que subissent ceux et celles qui se sont levés pour “la Terre et la Liberté”, que ce soit dans des opérations de récupération de terres ou dans des actions et des mobilisations contre les entreprises forestières : militarisation du territoire, justice anti-terroriste, témoins à charges “sans visage” et rémunérés, double peine civile et militaire, guerre psychologique et manipulations de toutes sortes…
Ce contre quoi précisément 34 prisonniers ont entamé une grève de la fin le 12 juillet.
A la suite, quelques informations complémentaires et un appel à manifester mercredi devant les représentations diplomatiques du Chili (à Paris, devant l’ambassade, à 19 h)

De nombreuses traductions et documents nouveaux sur http://oclibertaire.free.fr/
JPD
 
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Re: Chili

Messagede Johan le Mer 15 Sep 2010 03:17

Chile - Riots and arrests on the anniversary of the 11 September 1973 military coup




221 arrests. Four civilians and nine policemen injured in Santiago and other parts of the country.
...In the Santiago Metropolitan Region, 85 people were arrested, with many of the arrests occurring late at night. Three police were injured after being shot with pellet guns – two were shot in the eye and one was shot in the face.
In lower income areas of Santiago such as the Peñalolen borough, stones were thrown at passing cars. Special police forces had to intervene in the Villa Francia neighbourhood to stop a gas station from being looted. Power outages affected 104,000 households – as many as last year – after lines were cut during demonstrations.
A march from Plaza de Los Heroes to the General Cemetery in the Recoleta Borough started off peacefully, but ended in riot-like conditions near the cemetery.
The march began at 10 a.m. and was led by the Relatives of the Disappeared Detainees Association – a group representing the more than 1,300 people who were disappeared (and killed) during the 17-year Pinochet regime.
More than 8,000 people participated in the march, which culminated with the hanging of a wreath inside the cemetery.
However, just as the wreath was being hung, a mob appeared in the streets near the cemetery. Authorities did not intervene right away, and the protestors managed to destroy trash cans, tear down traffic lights, throw stones at police officers and assault two TV news cameramen. The police then stepped in with water cannons and tear gas.


13 Arrested During Mapuches’ Transfer to Hospital in Chile

September 14th, 2010

SANTIAGO – Thirteen people were arrested in Concepcion, a city in southern Chile, in an incident that occurred at the city’s hospital when two Mapuche Indian prisoners on hunger strike were admitted after experiencing health problems, police said Sunday.
About 30 sympathizers of the 34 Mapuche prisoners on hunger strike for the past 63 days on Saturday attacked the guards transporting Jonathan Huilical and Jose Huenuche.
At the Concepcion hospital another Mapuche – Ramon Llanquileo – was already receiving care after having injured himself with a sharp object in jail.
Some of the prisoners’ spokesmen were among those arrested in the disturbance, which spread to a nearby campus of the University of Concepcion, Carabineros militarized police precinct chief Hermes Soto told reporters.
The situation worsened when police beat Emilia Pilquiman, the 50-year-old mother of Ramon Llanquileo, Mapuche representatives said, adding that among those arrested is a 17-year-old boy who was injured in the head.
Also placed under arrest were “representatives of the alternative press,” Mapuche spokesman Natividad Llanquileo told Radio Bio Bio.
He criticized “the non-existent intention of the government” to seek a solution to the hunger strike.
The Mapuches who are not eating, among whom are two teenagers who joined the movement Sept. 1, consider themselves to be political prisoners and are demanding not to be tried under the anti-terrorist law or be subjected to a double trial before both civil and military courts.
The government sent to Congress two bills modifying both laws and if they are approved they could favor the Mapuche prisoners, but so far there has been no statement issued regarding the proposal of a dialogue put forward by the Catholic and Protestant churches and the political opposition.
The government, however, has made repeated calls to the Mapuches to halt their hunger strike and has taken measures to prevent any of the prisoners from dying.
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Re: Chili

Messagede Johan le Mar 21 Sep 2010 16:34

Thursday, September 16, 2010
Solidarity for the Arrested Anarchists in Chile
Wednesday, September 08 2010
Contributed by: Anonymous

Today we confront a pack of hounds--the police, the judiciary, the media--that seeks to annihilate us. They have created a great frame-up that they are trying to elaborate with a charge of illicit terrorist association based on our personal friendships and relations--a large vertical structure in which there are leaders, executives, and assistants. Any libertarian or anarchist knows in their heart that this is a lie.
Updates on Solidarity for the Arrested Anarchists in Chile
Stop the media circus against the 14 arrested on the 14th of August!
We put out a call to overcome the isolation and destroy this siege of disinformation.
The circus has filled the gallery--Mr. Roundup, the diminutive Peña, and the other clowns have as of today exchanged their big red noses for microphones and television cameras. The wild beasts are caged while the obedient spectator-citizens applaud with viciousness and await the next spectacle.
Today we confront a pack of hounds--the police, the judiciary, the media--that seeks to annihilate us. They have created a great frame-up that they are trying to elaborate with a charge of illicit terrorist association based on our personal friendships and relations--a large vertical structure in which there are leaders, executives, and assistants. Any libertarian or anarchist knows in their heart that this is a lie.
We are making a call-out to all individuals in or outside of this territory for international solidarity--to inform yourselves, to act, to broadcast that in this part of the world they are trying to annihilate our ideas and silence our voices. We need strength and support from any and everyone who has taken up permanent conflict against the State and capital. Now more than ever we need to demonstrate that we are not alone, that we are thousands spread across the world. We must make our rage contagious and turn solidarity into a practice and a weapon against those who would have our heads.
Release for the compañeros of 14/8 is rejected, and two are sent back to pretrial detention translation of an article published Friday, August 27 2010 on http://solidaridadporlxspresxs.blogspot.com/
On Thursday the Appellate Court of San Miguel ratified the pretrial detention of those accused in the investigation of the “bombing case,” considering them a danger to public safety.
The Fourth Court of the tribunal rejected the appeal presented by the defense for the accused, who have been held since August 18 after being formally charged with illegal association and the placing of explosive and/or incendiary devices. Said appeal consisted of rejecting preventive detention in favor of cautionary measures such as travel restrictions, weekly sign-ins, etc.
The court also revoked the release of Carlos Riveros and Camilo Perez, who had been let out after their court appearance on Tuesday the 17th. The attorney in charge of the “bombing case” and the plaintiff from the Parochial Church Inmaculada Concepción in Vitacura requested the re-imprisonment of these two compañeros.
Currently the only ones who have been released with cautionary measures are Candelaria Cortes, Diego Morales, Ivan Goldenberg and Cristian Cancino. Their restrictions consist of: prohibition on international travel, non-association with their co-accused, weekly sign-ins, and prohibition from visiting some of the compañeros in preventive detention.
There are currently 10 compañeros in preventive detention.
Pablo Morales. Rodolfo Retamales. Omar Hermosilla. Vinicio Aguilera. Francisco Solar. Felipe Guerra. Camilo Pérez. Carlos Riveros. Mónica Caballero. Andrea Urzúa.
All of the compañeros are being held in the Maximum Security wing of the High Security Jail in Santiago.
The compañeras are being held in the Special Section of High Security in the Women's Penitentiary Center.
From the underground, insurrectionalist groups on the frame-up of August 14 translation of a communique published August 26, 2010 on http://hommodolars.org for informational and cautionary purposes of those travelling to South America
We write from the underground of all of South America. Delegates from the undersigned collectives took the time to convene and send this message of truth to all of the population conscious of their oppression by the Chilean state.
1: We condemn the terrorist actions of the Chilean state, systematic during these 200 years of repression and social inequality maintained with blood and fire by each of its rotten institutions.
2: With all the strength in our insurgent blood WE REPUDIATE the spectacle of raids and detentions brought down on the popular youth on Saturday, August 14.
3: With full and complete responsibility WE DECLARE that NONE of the imprisoned belong to or have ever participated in collectives that have decided to respond with bombs to the history of state violence. This is known to us, as it is known to the government of that clown Piñera and state's attorney Peña.
4: WE ACCUSE the State, servile businesses and the press, all those who cover up the social violence that they impose and point instead to the detonation of occasional bombs that are no more than the result of inequalities and oppressions inherent to capitalism, as being directly responsible for this televised show. THE SOCIAL WAR IS IMPOSED BY THE STATE, we its victims don't invent it, on the contrary, we stop being victims and we rise up as free humans.
5: NEVER have we been present in the squatted houses. Any mildly intelligent person knows that these are cultural spaces where the youth meet to converse, debate, and to experience horizontal, communal living. If the State CRIMINALIZES these spaces it is only out of myopia and the tactical defeat of wanting to annihilate those it cannot understand. The systemic repression of everything youthful is the zenith of orthodox fascism.
6: NEVER have we been in nor made alliances with political parties or movements connected to the right, center, or left. WE NEITHER HAVE NOR RECOGNIZE AUTHORITY, not with anyone, not in the case of bureaucrats nor Marxist ex-combatants nor people with mental problems who claim actions they never carried out (like this unknown who stabbed his girlfriend and still survives in prison). WE ARE LIBERTARIANS. WE DON'T HAVE MILITARY HIERARCHIES NOR PARTY DIRECTIVES. WE ARE WARRIORS FOR FREEDOM. WE ARE EVERYONE.
7. We the undersigned collectives HAVE PLACED BOMBS. Our targets have been banks, financiers, transnational companies, embassies, police stations, barracks, churches, political parties, gyms of the owners of this country, everything that belongs to the historical oppressors of the working people. WE DO NOT REPENT, on the contrary, WE ARE PROUD that so far the police haven't even come close to us. WE ARE THEIR DEFEAT.
8. WE RECOGNIZE that the earthquake this summer affected a large part of the installations of each collective, and we admit that this has limited our actions and so far it has not been possible to reconstruct what was lost.
9: In over 20 years we have made use of different types of weapons. If we had wanted, there would have been deaths, but this is not what we wanted. The famous TNT has formed a part of the popular arsenal for years. The attack on the office of Chilectra was not the first time it was used, as all the compañeros responsible for this attack affirm here in this letter. If you want to know where we obtain it, the answer is simple: on the market, the same one they deify and the same one protected by the new state's attorney.
10. State's attorney Peña. What can we say about him. Only what everyone already knows: a cokehead since his college days, called “jalandro” by his buddies for being a jailer, possessing an inferiority complex much greater than his stature, desirous of power and of the Attorney General's chair, friend of the big drug traffickers to the detriment of the little ones he locked up, liar, coward, and potential murderer. This is state's attorney Peña. Journalists: DON'T BE AFRAID to publish the truth about this sinister bureaucrat.
11. WE DECLARE OUR COLLECTIVE REPUDIATION of the frame-up against the 14 youths. It is the State and capital that share the guilt for the libertarian bombings.

FREEDOM FOR ALL POLITICAL PRISONERS ANTI-STATE RESISTANCE

signed:
Autonomous and Destructive Forces Leon Czolgosz Anti-Patriotic Gang Severino di Giovanni Federation of the Revolt of February 14 – Gaetano Bresci Brigade Dynamiters' Gang Efrain Plaza Olmedo Miguel Arcangel Roscigna Tamayo Gavilan Antonio Roman Roman Durruti Column Iconoclastic Caravans for Free Will Armed and Soulless Gangs Jean Marc Rouillan
Coordinating Committee of Family Members and Friends for the Freedom of the Prisoners of August 14

After experiencing the police ambush on our own bodies and realizing, as family members and friends, that our children, siblings, and compañeras are being judged prejudicially by the media, we took the initiative to organize ourselves in order to denounce the political persecution they are subject to through a dirty media and judicial frame-up.
And even though it is being presented as a foregone conclusion that they are guilty of participating in a non-existent illegal association, which we are certain not only does not exist, but is not even judicially sustainable, we are ready to begin a battle for their freedom until the final consequences and for this reason we declare the following:
1. The legal device of illegal association, in and of itself, is incommensurate with the ideas, practices, and horizontal associative logics, free of hierarchy, with which the compañeros have proceeded during their political life. The structure that Alejandro Peña presents in his accusation, with special roles and functions, financing and infrastructure, totally contradicts the reflections sustained by prosecutors, spokespersons, and ministers for years, which we can recall in the words of ex-Minister Rossende, affirmations such as “they are groups that lack structure and act in a very precarious manner, thus it is more difficult to dismantle them, identify, detain, and punish them” (radio cooperativa, May 2009) yet in the end, thanks to the magical actions of an unscrupulous state's attorney, there exists an organizational diagram, divulged through the press and already known to everyone.
2. We take it upon ourselves to reveal, through various media, each of their lies and political interests surrounding this case. We are convinced that the media circus of the "bombing case" is just the tip of a repressive iceberg, in which our brothers and sisters are mere scapegoats, used as an example for the rest of the population of the consequences that can befall those who desire liberty and express uncomformity; in this sense, we hold that their imprisonment is a political persecution, an act of annihilation in response to the context of generalized repression and upheaval that becomes more unbearable every day.
3. The proofs they have against our brothers and sisters lack any juridical legitimacy; they are unsustainable on their own and can only make sense if they are meticulously joined with a discursive and cinematographic spectacle prepared to tie them all together, granting them a judicial meaning, apparently credible. The state's attorney's rhetoric, in complicity with the press, has created a trial whose outcome is settled even though it has not yet come to pass, and in which no one seems to remember the presumption of innocence. Historically the manipulation of information has allowed the population to be bombarded with dribble lacking in any critical questions, so that after a week of news headlines and full programs, whose journalistic mediocrity is obvious, they impose a news blackout which we are seeking to transgress in order to shout out in every way possible that this is a media frame-up and that we demand freedom for our compañeras and compañeros.
4. The violence used by the police against everyone who dares oppose the current state of things cannot be questioned in public opinion, and this we declare the real terrorism. We point to the excessive violence, the less lethal ammunition, the beatings, guns, helicopters, and the whole warlike arsenal deployed in the operations to capture people who live at a known residence and lead a public life--none of them were fugitives, nor were any of them armed when they were detained, so the military apparatus used against them can't be justified in any way. The operational excess corresponds to the spectacle that was created, and the fantasies of the state's attorney, for which we denounce the abuse of power against the 14 detainees, against the people living in the houses raided, and in particular against one person, a minor, who despite their young age was given a full dose of police violence without remorse.
In these oppressive times, we know the cost incurred by publicly demonstrating our staunch support for our brothers and sisters in prison, however, it is our responsibility to struggle for their freedom and well-being, so we are calling out for solidarity, for people to inform themselves and break through the isolation.
For an end to political persecution, and freedom for our compañeros.
For the demystification of a non-existent illegal association, for the multiplication of support.
Solidarity with the Mapuche brothers and sisters on hunger strike.

DOWN WITH THE ANTITERRORIST LAW
Coordinating Committee of Family Members and Friends for the Freedom of the Prisoners of August 14
Santiago de $hile, 30 August 2010
http://solidaridadporlxspresxs.blogspot.com
porlalibertadalxspresxs@gmail.com
Notes from the translator:
14 people were arrested and two anarchist social centers closed down in a series of raids in Santiago and Valparaiso on Saturday, August 14. http://anarchistnews.org/?q=node/11992
Sebastian Piñera, of the National Renewal party, is the current president of Chile. His party supported Pinochet at the end of the dictatorship.
On September 18, Chile is celebrating its bicentennial, which is fixing to be a huge, orchestrated show designed to create an illusion of a unified nation, blacking out a context of terrible working conditions, major struggles by the Mapuche against the anti-terrorist law and continuing colonization, by anarchists, people in the slums, and students, against neoliberalism and the state, etc.

Mapuche on hunger strike are entering into critical state
15.09.2010

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There is still no concrete answer to the demands of the Mapuche population in Chile. Therefore, 32 political prisoners from this ethnic group are holding a hunger strike that has lasted 52 days. According to a medical report released recently, in the coming days the Indians could enter into a critical and vital risk.
Three strikers were already taken to the hospital with ill-health due to having ingested only liquids. Among them, Felipe and Mauricio Huenchullan Huaiquilao, were taken to emergency medical assistance because they are in life-threatening circumstances. The Mapuche have lost between 15 and 18 pounds since July 12.
"[The strikers] have entered a critical stage, in which they will probably lose more muscle tissue and perhaps in the next few days the organs, such as the liver, kidney and heart are starting to weaken," María Tralcal, spokesman for the strikers' families, told Radio Cooperativa.
The families also expressed though Tralcal that they are still concerned about the health of the strikers, but "also understand that the brothers made a decision and their attitude was always arriving up to the last consequences."
In an attempt to get the attention of the Chilean government, three Mapuche minors imprisoned in the special center of Chol Chol, joined the hunger strike. Louis Marileo Cariqueo, Cayupan Cristian Morales and Jose Perez Ñiripil justified their joining by stating that so far the government's responses were zero for all Mapuche demands. The young people also complain that they are not recognized as political prisoners.
Moreover, there is still the intention of denouncing the irregularities in the detention center for minors, ranging from abuse, up to the restriction of visits and a ban on entry of healthy food such as bread, meat and fruits, while allowing them only to receive sweets, chips and soft drinks.
Given this, the interior minister, Rodrigo Hinzpeter, called on the Mapuche prisoners to terminate the strike and announced the sending of two bills seeking to reform the 'anti-terrorism' law. The intention of the minister was well accepted by the Mapuche leader Jose Nain, who said the Mapuche expect this to be done as soon as possible so that the strikers' health is not weakened further.
Already the attitude of the Chilean president, Sebastián Piñera, was the refusal of negotiations and dialogue with the Mapuche prisoners. Still, the president pledged to change the 'Anti-Terrorism Act' and the code of military justice. So far, the political prisoners are following and awaiting concrete answers to their demands.
History
The strike began on July 12, in the Temuco and Concepcion prisons and were joined by the Mapuche political prisoners in Angol, Valdivia and Lebu. The focus of the claims is the end of the so called 'anti-terror law', which deals with the Mapuche prisoners as "dangerous enemies of society,' reverses the presumption of innocence to keep suspects detained without evidence, accepts secret investigation, accepts 'faceless witnesses' and triples the penalties, which may range from 60 to 103 years.
Also the Mapuche want the demilitarization of their communities, the end of dual processes in civil and military justice and freedom for all Mapuche political prisoners.
With information from GARA, Nación Mapuche, Mapuche News Kaosenlared


San Carlos de Apoquindo (Chili) : attaque contre un pylône haute tension
(Le 19 septembre 2010)

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San Carlos de Apoquindo (Chili) : attaque contre un pylône haute tension

Le "Comando Alex Lemún" a revendiqué par écrit l’attaque qui s’est produite hier nuit vers 23h45.

Vers 23h45, une attaque explosive s’est produite à San Carlos de Apoquindo, endommageant un transformateur et une ligne électrique à haute tension, en plus de provoquer des coupures de cette zone de Santiago.

A travers une déclaration, le "Comando Alex Lemún" a revendiqué l’attaque en appui et solidarité aux prisonniers Mapuche [Ndt : en grève de la faim depuis plus de 40 jours]. Dans son texte, le groupe rejette aussi "le système d’oppression et de mort dirigé par l’Etat et le Capital".

Ce groupe prend son nom de Edmundo Alex Lemun Saavedra, assasiné par la police le 7 novembre 2002, lors d’une occupation de terres de communautés mapuche du fonds forestier Santa Elisa. C’est alors qu’un groupe de carabiniers est intervenu pour expulser les familles que s’était produit un affrontement et que ce jeune a reçu une balle en pleine tête.

Traduit de l’espagnol du quotidien chilien la tercera, 17.09.2010
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Re: Chili

Messagede Johan le Jeu 23 Sep 2010 14:32

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http://libertadalos14a.blogspot.com/

Mapuches Reject Chilean Government Dialogue

SANTIAGO – Families of the roughly three-dozen jailed Mapuche Indian activists on hunger strike said Tuesday that they will not take part in a dialogue with the Chilean government.

The government’s initiative “does not have the goal of resolving the demands of the (hunger) strikers,” Mapuche spokesperson Natividad Llanquileo said outside a prison in the southern city of Concepcion, dismissing the planned talks as a “media show.”

President Sebastian Piñera announced the dialogue last Friday at a ceremony on the eve of Chile’s independence bicentennial.

Though the opening of talks on Indian grievances is one demand of the Mapuche hunger strikers, Piñera did not address more immediate concerns about the terms of their incarceration and prosecution.

“We have a debt to our original peoples, and particularly to the Mapuche people,” the president said, heralding “Plan Araucania” as package of economic and social measures aimed at improving the Mapuches’ quality of life and expanding opportunities for their economic development.

The talks are to take place at Ñielol mountain in the poor southern region of Araucania, heartland of the 650,000-strong Mapuche nation, which lost 95 percent of its land during a “pacification” campaign at the end of the 19th century.

In recent years, Mapuche militants have been torching vehicles, highway toll booths and lumber shipments as part of a campaign to reclaim ancestral lands from the agribusiness concerns and forest products companies that now control much of Araucania.

Successive governments in Santiago have responded mainly with repression, applying a draconian anti-terrorism law imposed during the 1973-1990 dictatorship of Gen. Augusto Pinochet.

The legislation allows the state to hold people for up to two years without charges, to restrict defense attorneys’ access to evidence and to use testimony from anonymous witnesses.

Chile’s government is currently holding 106 Mapuches – most of them still awaiting trial – for politically motivated crimes against property.

The Mapuche prisoners on hunger strike are demanding the scrapping of the anti-terror act and the “demilitarization” of Araucania.

“If there is a fatal outcome (to the hunger strike), the government of Chile will be the guilty party,” Llanquileo told Radio Bio Bio on Tuesday.

Both Llanquileo and Rodrigo Curipan, a member of the Mapuche parliament, ruled out taking part in this week’s talks at Ñielol mountain.

The conditions and agenda for the proposed dialogue “were imposed” by the government and have no bearing on resolving the prisoners’ hunger strike, opposition Sen. Jaime Quintana said.

“This is a monologue, comparable to a ceremony for the delivery of subsidies to the indigenous world,” he said. “But a dialogue table, it’s not.”

Speaking for the government, presidential chief of staff Cristian Larroulet said that while no one is excluded from the dialogue, the talks aimed at ending the hunger strike, mediated by Catholic Archbishop Ricardo Ezzati of Concepcion, are separate from the process at Ñielol mountain.

Internationally acclaimed novelist Isabel Allende, winner of Chile’s 2010 National Literature Prize, used the word “terrible” to describe the situation of the Mapuche hunger strikers.

“They could die, several of them are already on the edge of dying,” she told reporters after receiving the Bicentennial Medal from the Chilean Congress. EFE
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Re: Chili

Messagede Johan le Lun 27 Sep 2010 18:14

SOLIDARITY TO OUR ANARCHISTS COMRADES IN CHILI FROM LONDON ACTFORFREEDOMNOW!
http://actforfreedomnow.blogspot.com/20 ... rades.html

TODAY, Friday 24 September, around 2pm. a number of anarchists and sympathizers from various parts of the metropolis converged on the shopping centre in the middle of the busy intersection Elephant and Castle, south london chosen because of the thousands of people from Latin American countries living in the area. After dropping banners over the main entrance in solidarity with the Mapuche hunger strikers and the 14 anarchists arrested in Chile, they dispersed into and around the shopping centre and local market giving out hundreds of leaflets in English and Spanish.
Unnoticed by the State and private security who were too intent on defending the bosses' wares, the banners stayed in place for hours in full view of bus passengers from almost every country on the planet on their way to and from their places of exploitation.
Today's outing, chosen to coincide with the international solidarity date for our Chilean comrades, rather than being a fait accompli is a call to action everywhere, without delay.
THE PASSION FOR FREEDOM KNOWS NO BORDERS
THE SAME FOR SOLIDARITY
random anarchists in london

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Mapuche Solidarity - Direct Action in Vancouver

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September 23rd, 2010
Early in the afternoon on September 23rd a small group of us here in Vancouver, Coast Salish Territory, responded to the call-out for international solidarity with the 34 Mapuche weichafes (warriors) in prison in Chile, who have been on hunger strike since July 12th and also with the 14 anarchist revolutionaries who have been in prison since the August 14th raids on squats and social centers in Santiago.
We taped the Mapuche flag and dumped red paint on the front door of the Chilean consulate's offices which is located on the 16th floor on 1185 West Georgia Street in Vancouver.
The Mapuche and anarchist comrades give us much inspiration in their determined struggle against the government and corporations of Chile. We hope that this small act reach the hearts of the resistance fighters and contribute to their will to persevere.
This struggle is international! We are with you.
Marichiweu (ten times we will win).
Coast Salish Territories
(Vancouver, Canada)
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Re: Chili

Messagede Antigone le Mar 28 Sep 2010 15:10

Agence Pulsar, Amerikenlutte - 27 sep 2010
http://amerikenlutte.free.fr/index.php? ... 9&Itemid=1

Chili: les mapuches décident de continuer leur grève de la faim

Les 34 mapuches qui réalisent une grève de la faim depuis 78 jours ont décidé de continuer leur protestation après avoir refusé une proposition du président, Sebastián Piñera. Ils ont également ajourné la réunion qu'ils devaient tenir ce dimanche avec des représentants de l'Exécutif et de l'Église catholique.

Le Gouvernement a demandé aux mapuches qu'ils arrêtent la grève de la faim. Et leur a offert en retour de ne pas les juger sous la Loi Antiterroriste mais de les inculper de crimes communs. Cependant, la Loi Antiterroriste continuerait dêtre en vigueur au Chili.
À ce sujet, le Ministère public National, à travers de son porte-parole, Manuel Guerra, a annoncé qu'il continuera d'invoquer dans des procès contre des mapuches la dite réglementation tant qu'elle ne sera pas abrogée ou modifiée légalement.
La porte-parole des mapuches à Concepción, Nativité Llanquileo, a affirmé qu'ils n'ont pas accepté l'offre du Gouvernement central, tout en indiquant que la négociation allait continuer.

De son côté, un groupe d'intellectuels a publié ce dimanche une lettre dans laquelle ils dénoncent la "dangereuse indifférence" des autorités chiliennes pour prendre en compte les demandes des mapuches prisonniers.
Parmi les signataires se trouvent le linguiste nord-américain Noam Chomsky, l'académicien Norman Finkelstein, et la femme de lettres mexicaine Elena Poniatowska.

Une des demandes des mapuches est l'élimination de la Loi Antiterroriste, qui a été rédigée et approuvée sous la dictature militaire d'Augusto Pinochet, entre 1973 et 1990.
La législation permet d'emprisonner les accusés durant tout le processus et l'usage de témoins anonymes dans le procès.
De plus, elle rend possible des procès simultanés dans des tribunaux militaires et civils et durcit même de 3 degrés les condamnations.
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
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Re: Chili

Messagede Johan le Ven 1 Oct 2010 11:35

Mapuches : affrontements à la UTEM de Santiago – septembre 2010 : http://berthoalain.wordpress.com/2010/1 ... mbre-2010/
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