AFP, La Tribune de Genève - 08 jan 2011
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Algérie: un jeune homme, tué par balle, première victime des émeutes
Un jeune homme de 18 ans a été tué par balle lors d'affrontements avec la police algérienne dans la région de M'Sila, à 300 km au sud-est d'Alger, lors des émeutes contre la vie chère, a annoncé samedi le quotidien arabophone ElKhabar.
L'information n'a pas été confirmée de source officielle.
Selon El Khabar, Azzedine Lebza est mort sur le coup vendredi après avoir été atteint par une balle. La police tentait de repousser des manifestants qui avaient réussi à pénétrer de force à l'intérieur de la poste et de la daïra (sous-préfecture) d'Ain Lahdjel, près de M'sila, a précisé le journal. Trois autres manifestants ont été blessés lors de ces heurts violents, selon la même source.
Plusieurs articles d'El Watan de ce matin:
La contestation populaire prend de l’ampleur
Le pouvoir face à la rue
http://www.elwatan.com/evenement/le-pou ... 35_115.php
De violentes émeutes du pain aux portes du pouvoir Près d’une semaine après le début des émeutes, les autorités continuent à se retrancher dans un profond mutisme.
A l’exception de l’intervention, jeudi, devant les caméras de la télévision et les micros de la Radio nationale, du ministre du Commerce, Mustapha Benbada, qui est revenu sur les «raisons» de la flambée des prix de certains produits de large consommation, comme le sucre et l’huile, et qui, par ailleurs, a promis «un retour à la normale à partir de la semaine prochaine», aucun responsable important de l’Etat n’a encore daigné s’adresser à la population pour la rassurer.
Au moment où les rumeurs évoquant un embrasement général se sont répandues comme une traînée de poudre et où, à Alger, les manifestations se sont étendues jeudi soir à la station balnéaire de Staouéli où résident les principaux décideurs politiques du pays et aux nouveaux quartiers résidentiels de Draria et de Chéraga, il était pour ainsi dire impossible, hier, de recueillir un avis officiel sur la situation quasi insurrectionnelle qui prévalait dans plusieurs villes du pays. Les services de sécurité ont été très peu communicatifs concernant l’étendue et le bilan de ces émeutes que l’on explique par la cherté de la vie et qui ont pour point de départ Fouka, une petite localité de Tipasa. Tous les policiers accostés ou sollicités ont gentiment refusé de s’exprimer à la presse. Toutefois, un officier de police a indiqué sous le couvert de l’anonymat que «cette explosion sociale était prévisible depuis longtemps eu égard à la misère, aux inégalités sociales et à la chute drastique du pouvoir d’achat». «Tout cela figure dans les rapports que nous envoyons régulièrement à nos chefs», a-t-il poursuivi.
Aux abonnés absents
D’habitude, très prolixes, certains membres du gouvernement étaient injoignables durant toute la journée. Connus pour leur éloquence, le Premier ministre tout autant d’ailleurs que le président de la République sont, également, restés aux abonnés absents. Le chef de l’Etat qui, pour ainsi dire, vit ces derniers mois à la marge de la vie politique nationale n’a pas prononcé de discours à la nation depuis sa réélection en avril 2009. Il consacre l’essentiel de son temps à ses déplacements à l’étranger. En une année, il ne s’est déplacé que deux ou trois fois à l’intérieur du pays. Sa dernière sortie date du mois d’octobre 2010.
Le président de la République s’était rendu à Ouargla pour y annoncer l’ouverture solennelle de l’année universitaire 2010-2011. Puis plus rien ! Mépris ? Craintes d’attiser la colère de la population ? Mauvaise évaluation de la situation ? Difficile de savoir ce qui se trame dans la tête des principaux décideurs du pays qui semblent s’être «bunkerisés». Un constat cependant : face à ce black-out institutionnel, la colère de la population n’a fait que monter crescendo hier.
Les villes de l’est du pays, qui étaient jusque-là épargnées par les émeutes, ont fini par être secouées par de violentes manifestations.
L’ire de la population est attisée par les scandales de corruption en série qui ont éclaboussé ces derniers mois le sommet de l’Etat et l’incapacité du pouvoir à répondre aux besoins de la population, alors que le pays enregistre, grâce à l’exportation des hydrocarbures, des rentrées d’argent record. Comme attendu, le département dirigé par Mustapha Benbada a annoncé, dans le courant de l’après-midi d’hier, la tenue aujourd’hui d’un Conseil interministériel «pour examiner les moyens de juguler la forte hausse des prix de certains produits de large consommation enregistrée ces derniers jours». Une hausse à l’origine des émeutes. Cependant, il est peu probable que cette annonce soit suffisante pour calmer les émeutiers et une population auprès de laquelle le pouvoir «corrompu» a perdu toute crédibilité.
Zine Cherfaoui
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Annaba: Bombes lacrymogènes et tirs de sommation
http://www.elwatan.com/evenement/annaba ... 71_115.php
Le climat de tension qui pesait depuis jeudi sur la ville de Annaba s’est traduit hier après la prière du vendredi par le déclenchement d’émeutes à la cité coloniale Bormet El Gaz.
Des jeunes et moins jeunes ont, en effet, bloqué le boulevard d’Afrique qui relie le centre-ville à la cité plaine Ouest (les Allemands) usant de pneus brûlés et autres objets hétéroclites.
L’intervention des éléments antiémeutes a réussi néanmoins à disperser la foule après une brève résistance. Quelques minutes après, ce sont les jeunes de la grande cité populaire Didouche Mourad (ex-Lauriers roses) située en amont de Bormet El Gaz, qui ont pris le relais en s’attaquant directement aux policiers. L’intensité des émeutes est telle que les manifestants ont arraché les poteaux de l’éclairage public à l’aide desquels ils ont bloqué le boulevard.
Au cours des échauffourées, les forces antiémeutes ont eu recours aux bombes lacrymogènes et aux tirs de sommation, notamment après qu’un des leurs eut été grièvement blessé par une avalanche de coups de pierres.
La situation s’est aggravée davantage en fin d’après-midi où les mouvements de protestation ont atteint la majorité des quartiers du chef-lieu de wilaya et même ceux extra-muros. Ainsi, les cités La colonne, Oued D’heb et celle du 8 Mai 1945 ont toutes connu des émeutes et les routes ont été bloquées. La RN44 reliant Annaba à la commune de Berrahal a été également coupée à la circulation au lieudit TCA (Kherraza). Bien qu’elle n’ait pas été concernée par des mouvements de protestation, la localité de Sidi Salem est actuellement surveillée de près par un important dispositif sécuritaire installé depuis avant-hier pour parer toute éventualité.
A l’heure où nous mettions sous presse, les mouvements de protestation se poursuivaient, notamment à la cité Didouche Mourad et l’hélicoptère de la police survolait les hauteurs de la ville.
Mohamed Fawzi Gaïdi
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Constantine : Nuits d’émeutes dans plusieurs quartiers
http://www.elwatan.com/evenement/consta ... 70_115.php
Hier à 15h, la localité de Hamma Bouziane s’est embrasée faisant écho aux émeutes déclenchées la nuit de jeudi à vendredi un peu partout à travers la wilaya de Constantine.
Résistante depuis l’affaire Toufouti, la rue de cette localité s’est enflammée de nouveau à tel point qu’elle donnait l’aspect d’un champ de bataille. Un membre de cette famille a même été arrêté bien avant le déclenchement des émeutes (12h), sous «le prétexte», nous dira son frère, «qu’il s’apprêtait à fomenter une émeute». Des groupes de jeunes en furie sillonnaient les rues qu’ils avaient barricadées avec des pneus incendiés, de troncs d’arbres et de blocs de pierre, criant des slogans hostiles à l’Etat et à la police qu’ils n’ont pas hésité à caillasser, les obligeant même à rester confinés à l’intérieur du commissariat. Plus loin, à Zighoud Youcef, des hordes de manifestants ont complètement saccagé le lycée technique et jeté des micro-ordinateurs par les fenêtres. Le siège de la recette des impôts, la gare ferroviaire et des abris bus ont été également saccagés.
La RN3 a été fermée par les émeutiers. Jeudi, vers 19h30, des émeutes spontanées ont éclaté presque simultanément dans plusieurs quartiers populaires de la ville de Constantine. Des centaines de jeunes en colère ont envahi la rue à Oued El Had, où le boulevard de l’ALN a été fermé à la circulation avec des pneus brûlés et des blocs de pierre, selon des témoins oculaires.
Une panique générale a régné dans les lieux. Les rumeurs sur un mouvement de protestation ont circulé comme une traînée de poudre, poussant tous les commerçants à baisser rideau. Selon les riverains, des abribus installés récemment par les services de la commune ont été détruits. Quelques minutes après des unités des brigades antiémeutes ont été déployées sur les lieux, sans pour autant recevoir l’ordre d’intervenir de crainte de provoquer des affrontements avec les émeutiers.
Mais il semble que le mouvement a déjà fait tache d’huile.
L’on a signalé ainsi que plusieurs groupes de jeunes ont envahi la RN3 menant vers El Khroub, au niveau du quartier populaire du 4e km, alors que des émeutiers ont fait de même au quartier de l’Emir Abdelkader, où des pneus ont été brûlés au rond-point se trouvant à proximité du tribunal de Ziadia. La route de Djebel Ouahch, passant près du commissariat du 12e arrondissement a été fermée à la circulation durant deux heures avant d’être dégagée avant minuit par les services de l’ordre qui réussiront à maîtriser la situation. A Boudraâ Salah (cité El Bir), Benchergui, El Ménia et Kontoli, des manifestants ont fermé la route à l’aide de pneus enflammés et de blocs de pierre. Dans d’autres quartiers, à la Nouvelle ville et Aouinet El Foul (centre-ville), des jeunes ont tenté également d’obstruer la voie. A Aïn Smara, des émeutes viennent d’éclater…
Arslan Selmane, Djamel Belkadi