Tension sociale en Algérie

Re: Affrontements en Algérie

Messagede Nico37 le Dim 25 Avr 2010 08:45

ALGERIE: NON AU LYNCHAGE DES FEMMES.NON A « L’AMNISTIE NATIONALE » !

Nous sommes révoltées devant la folie meurtrière des intégristes islamistes qui a fait une nouvelle fois rage dans le quartier « d’El Haicha » à Hassi-Messaoud, ville pétrolifère du Sud de l’Algérie. Nous n’avons pas oublié la nuit funèbre du 13 juillet 2001 au cours de laquelle près de cinquante femmes ont vécu le martyre dans ce même quartier. En effet, cette nuit là, plusieurs centaines d’individus déchaînés suite au prêche d’un imam s’étaient armés de matraques, de couteaux et de sabres pour s’attaquer aux travailleuses et à leurs enfants.

Jusqu’où ira la barbarie ? Près de dix ans après l’expédition punitive de 2001 le scénario de l’horreur se reproduit encore ! A nouveau le sabre, le couteau, la hache et le bâton contre des femmes sans défense. Elles sont agressées, torturées, violées, assassinées. Depuis plusieurs semaines, le terrorisme fait de nouveau rage et les femmes, toujours et encore elles sont les boucs émissaires d’agresseurs qui tentent d’imposer leur ordre à la société.

Malgré les dépôts de plainte au commissariat, la police s’est figée dans une inertie totale. Les plaintes sont classées sans suite. Aucune mesure n’est prise pour juguler le climat de violence. Dans cette zone sous haute protection, cela signifie-t-il qu’aux yeux des pouvoirs publics algériens la sécurité des bases pétrolières est plus précieuse que les vies humaines !!

Evidemment, cette situation gravissime est le corollaire de toutes les dérives scandaleusement baptisées «rahma», «concorde civile», «réconciliation nationale» mais qui en fait, au nom de « l’amnistie nationale » banalisent voire légalisent le crime, le viol, le kidnapping et menacent l’avenir de l’Algérie sur l’autel du compromis avec l’islamisme politique.

Ces dispositifs n’ont jamais assuré la protection des victimes de la terreur islamiste, elles n’ont pas rendu justice aux familles des victimes, ni aux victimes elles-mêmes et en particulier les survivantes des massacres de HASSI MESSAOUD. Au contraire, ce sont les victimes qui doivent se cacher, se taire, se résoudre à la fuite, au silence, quand ce n’est pas à l’exil.

Ces évènements tragiques mettent une nouvelle fois à l’ordre du jour la nécessité d’abroger le Code de la famille qui ravale les femmes au statut de sous-citoyennes et cultive dans les esprits un obscurantisme d’un autre âge.

L’Etat algérien a failli à sa première mission qui est d’assurer la sécurité de ses citoyens et citoyennes.

L’Initiative Féministe Européenne IFE-EFI est aux cotés des féministes algériennes pour appeler toutes les forces démocratiques à manifester leur solidarité avec les femmes de Hassi-Messaoud et exiger :

la cessation de la terreur qui règne contre les femmes à Hassi-Messaoud et la fin de toutes les exactions,

la mise en place d’une protection immédiate et exceptionnelle pour garantir la sécurité, l’intégrité physique de ces femmes et leur droit au travail,

la reconnaissance publique par les autorités locales et territoriales des actes de terrorisme dont elles sont victimes,

la mise en place de poursuites judiciaires contre tous ceux qui ont été confondus de crimes à leur encontre,

la mise en œuvre d’une procédure de justice destinée à mettre un terme à l’impunité des actes de vandalisme et de terrorisme.

La Coordination Européenne de l’IFE-EFI

15 avril 2010

Premières organisations signataires :

. Initiative Féministe Européenne IFE-EFI (Europe) France, Pays d’Aubagne, Italie, Pologne, Suède, Angleterre, Croatie….

. FEMMES SOLIDAIRES

. UNION DES FAMILLES LAIQUES (UFAL)

. Collectif Femmes PARTI POUR LA LAICITE ET LA DEMOCRATIE-Algérie

. Organisation for Women’s Liberation-Iran

. Secularism is a women’s issue (SIAWI)

. Ligue du Droit International des Femmes

Premières personnalités signataires :

Wassyla TAMZALI, écrivaine

Anne Marie LIZIN, sénatrice honoraire belge

Marieme HELIELUCAS, Coordinatrice réseau SIAWI

André GOMAR, président association laïque de Saint-Denis

Hakim ARABDIOU, militant laïque algérien


Algérie, le lynchage des femmes de Hassi Messaoud se poursuit par Nadia Kaci
LEMONDE.FR | 22.04.10 | 19h59

Des faits extrêmement graves ont eu lieu ces deux derniers mois dans la ville de Hassi Messaoud, base pétrolière du sud algérien où une chasse aux femmes s'est organisée. Ces dernières, venues des quatre coins du pays, travaillant dans des multinationales afin de subvenir aux besoins de leurs familles, se sont fait agresser régulièrement la nuit. Leurs maisons ont été saccagées et pillées par des hommes armés de gourdins, de haches, de couteaux, qui agissaient cagoulés, ou même à visage découvert. La plupart du temps, les femmes avaient beau hurler, aucun voisin ne leur venait en aide. Lorsqu'elles se rendaient au commissariat, elles devaient supplier des policiers méprisants pour que leurs plaintes soient enregistrées. Dans la nuit du dimanche 11 avril 2010, les agressions ont redoublé. Aucun auteur de ces crimes n'a été poursuivi en justice. Aujourd'hui, si un certain calme est revenu, les femmes subissent des pressions et intimidations en tout genre.

Ces crimes ne sont que la continuité de la tragédie du 13 juillet 2001, dont il est important de rappeler les faits : plus d'une centaine de femmes furent violées et torturées à l'appel d'un imam, par quatre cents à cinq cents hommes – l'une d'elles fut enterrée vivante ! Sur cette foule ayant commis ce pogrom, seuls vingt-neuf hommes ont été accusés. Parmi eux, seuls trois hommes ont réellement purgé leur peine. Les autres ont été condamnés par contumace, ou encore innocentés ! L'imam, lui, a été arrêté quelques heures et relâché sur injonction d'Alger !

Le Code de la famille voté en 1984 à l'Assemblée nationale algérienne est pour moi l'un des facteurs qui a rendu possible le lynchage des femmes de Hassi Messaoud. Il régit le statut personnel de la femme au sein du couple, faisant d'elle une mineure à vie, passant de la tutelle du père à celle du mari, devant obéissance à ce dernier, et pouvant être répudiée à n'importe quel moment, le mari ayant le droit de garder le logement conjugal pendant que la femme se retrouve dehors avec ses enfants. Et même si ce code a connu de légers amendements, en 2005, il reste profondément inégalitaire et criminel. En fragilisant les femmes et leurs enfants, c'est une société tout entière qu'il a fragilisée. De plus, en mettant les femmes à la disposition et sous le contrôle des hommes, ce code envoie un message fort à toute la société et aux hommes en particulier : "Si vous avez des problèmes, de mal-être, ne nous cassez pas la tête avec vos revendications, défoulez-vous sur les femmes !" Comme dit le proverbe algérien : "Tekber ou tansa wou ttaffrha fi'n'sa", "Tu grandiras, tu oublieras et tu le feras payer aux femmes."

Le deuxième facteur important est le travail de grande envergure des intégristes qui, pendant des années, ont imprégné tout le tissu social de leurs discours profondément haineux et misogynes, en désignant les femmes comme la cause de tous les maux de la société. Ils ont détourné les textes religieux de façon à renforcer la suprématie des hommes. Pendant les années de terrorisme triomphant, à la menace des femmes qui ne se soumettaient pas, s'est ajouté l'enlèvement de plusieurs milliers d'entre elles dans les maquis par les groupes armés intégristes. Elles y furent violées, torturées, soumises à l'esclavage. Beaucoup d'entre elles ont été assassinées ou ont disparu dans la nature. Leurs bourreaux ont très peu été inquiétés, voire pas du tout. Aujourd'hui, on les appelle des repentis sans qu'ils se soient repentis de rien et ils se meuvent dans les villes en toute impunité.

Partout en Algérie, des femmes humiliées n'arrivent pas à faire valoir leurs droits à la sécurité pourtant inscrits dans la Constitution.

Voilà comment ces dernières années les violences à l'encontre des femmes a augmenté de façon alarmante.

Si ces dernières nuits les femmes de Hassi Messaoud ont pu dormir tranquillement, je sais à quel point leur répit est fragile et temporaire : ceux qui leur en veulent d'avoir crié à l'aide savent attendre…

Aussi, j'en appelle au gouvernement algérien pour faire respecter la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, qu'il a ratifiée en 1996.

J'en appelle à la cinquantaine de multinationales qui emploient ces femmes pour les protéger au lieu de les fragiliser en les menaçant de licenciement, comme certaines l'ont été pour cause d'absence provoquée par leurs agressions.

Et si, aujourd'hui, plusieurs associations algériennes se sont mobilisées, j'appelle le peuple algérien à exprimer son désaccord sur ce qui entache son intégrité.

Hassi Messaoud n'est pas une affaire de femmes, c'est une affaire d'État. C'est aussi une affaire de droits humains. En somme, c'est notre affaire à tous !

Nadia Kaci est comédienne, coauteure de Laissées pour mortes. Le lynchage des femmes de Hassi Messaoud, Max Milo éditions.
Nico37
 

Re: Affrontements en Algérie

Messagede Nico37 le Dim 2 Mai 2010 19:52

Débrayage de deux jours dans les APC : Le marasme de 500 000 agents communaux
El Watan, 30 mars 2010

La malvie, la précarité de l’emploi, l’érosion du pouvoir d’achat, l’instabilité au sein des administrations sont autant de facteurs qui motiveront les travailleurs des communes à prendre part au débrayage.


Après les praticiens de la santé, les enseignants, les agents de la SNTF, c’est au tour des travailleurs communaux de manifester leur mécontentement et leur colère quant à la dégradation de leur situation socioprofessionnelle.
Selon le Conseil national du secteur des communes (CNSC), activant sous la coupe du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap), et initiateur du mouvement de grève de deux jours qui débutera aujourd’hui, les travailleurs communaux – qu’ils soient éboueurs, préposés au guichet, employés dans les bureaux – vont adhérer massivement à cette action de protestation.

La malvie, la précarité de l’emploi, l’érosion du pouvoir d’achat, l’instabilité au sein des administrations sont autant de facteurs qui motiveront les travailleurs des communes à prendre part au débrayage. Le CNSC a déposé, il y a huit jours, un préavis de grève auprès des départements concernés, notamment le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales et celui du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.

Ces deux institutions n’ont, jusqu’à l’heure, ni contesté cette démarche ni invité les futurs grévistes à une table de négociations, comme le stipule la loi.

Actuellement, plus de 500 000 personnes sont employées dans les 1541 communes existant à travers le territoire national, sans oublier d’adjoindre à ce nombre important les centaines d’agents embauchés dans le cadre du pré-emploi et du filet social. Ces deux dernières catégories sont, selon le syndicat, surexploitées, puisque ces agents touchent un salaire de 3000 DA alors qu’ils bouclent leurs huit heures de travail ! Pour le CNSC, la grève demeure leur dernier recours pour la prise en charge de leurs revendications.

« Nous sommes marginalisés, nous ne sommes pas écoutés et la dégradation de nos conditions de travail ainsi que l’érosion de notre pouvoir d’achat nous poussent, non seulement à observer une grève, mais à occuper la rue », a lâché Ali Yahia, porte-parole du syndicat.

Ce sentiment d’injustice est partagé par la majorité des travailleurs et des agents communaux rencontrés hier à Alger. Ces derniers ont, toutefois, refusé de décliner leur identité par crainte de représailles. « Après plus de 20 ans de service, je touche toujours un salaire qui dépasse de peu les 15 000 DA et j’ai cinq bouches à nourrir, si je vous rends compte de notre misère à visage découvert, je risque ma place », a lancé un préposé au guichet dans une administration de la capitale. Celui-ci pense que l’amélioration des prestations de services est liée étroitement à l’amélioration des conditions de travail des employés de l’administration. « Nous touchons un salaire des plus dérisoires, les pouvoirs publics ne nous ont jamais consultés ni associés à l’élaboration de notre statut dont nous ignorons carrément le contenu », ont souligné les responsables du syndicat.

Salaires dérisoires et travail précaire

Les travailleurs communaux et des corps communs ont été, de l’avis des animateurs du débrayage, exclus de toutes les augmentations salariales, des classifications catégorielles dans la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique et ils n’ont pas été invités à faire des propositions par rapport au régime indemnitaire. « Le haut gradé au niveau de l’administration touche à peine 30 000DA. Les éboueurs sont classés dans la nouvelle grille des salaires à la catégorie 1, alors qu’ils étaient à la 10, ils perçoivent un salaire de 9000 DA. Dans notre pays, on ne revalorise ni le travail ni le diplôme des fonctionnaires », a tonné Ali Yahia.
Par ailleurs, le syndicat fait part également de l’instabilité qui règne dans les APC en raison du changement de l’équipe dirigeante. [i]« Chaque cinq ans, nous assistons à des changements à la tête des administrations. Les nouveaux élus nomment un nouveau staff. Il y a, à notre sens, des affectations arbitraires. Résultat : il y a un personnel qui évolue et un autre qui stagne », [/i ]explique Ali Yahia qui parle de dysfonctionnement au sein de nos administration dû essentiellement à la mauvaise gestion des élus.

Le syndicat, qui menace d’organiser une grève renouvelable de 3 jours à compter de la deuxième quinzaine d’avril prochain, revendique la promulgation du projet de statut particulier des communaux et le régime indemnitaire, la révision de la classification catégorielle des agents communaux, la revalorisation et l’attribution d’autres primes et indemnités pour les travailleurs communaux et les corps communs, la revalorisation et l’actualisation de la prime de rendement et le maintien de la retraite sans condition d’âge. Le syndicat demande aussi la revalorisation du point indiciaire afin de garantir un salaire de base digne en harmonie avec le coût de la vie, l’intégration des contractuels en poste et la défense des libertés syndicales et le droit de grève.

Par Nabila Amir eL Watan


La grève des travailleurs des communes : Une première en Algérie

Première action du genre dans l’histoire de l’Algérie, le mouvement de grève initié par le Conseil national du secteur des communes, organisation affiliée au Snapap, a connu, selon ses animateurs, un succès inattendu.

Hier, au deuxième jour de ce débrayage de deux jours, le taux de suivi a enregistré une légère amélioration par rapport au premier jour. Plusieurs communes ont rejoint la protestation ramenant ainsi le taux de suivi à plus de 75% alors que la veille, il était de l’ordre de 60%. M. Ali Yahia, porte-parole du syndicat, a rappelé hier, lors d’une conférence de presse animée à la Maison des syndicats que le personnel des communes n’a jamais eu recours à un mouvement de débrayage.

Il s’agit là d’une première. Jamais un syndicat n’a osé bloquer les communes pour revendiquer un droit de regard sur leurs conditions de travail », a-t-il tonné.
« Nous sommes satisfaits du résultat car en dépit des intimidations et des menaces des pouvoirs publics, les travailleurs et fonctionnaires des communes ont adhéré pleinement au mot d’ordre de grève »,
a lâché le conférencier qui estime qu’aujourd’hui les travailleurs des APC, de manière générale, ont brisé le silence et ont bravé l’interdit pour crier leur ras-le-bol quant à leurs conditions de travail, et leur situation socioprofessionnelle qui est des plus catastrophiques.
« Lors de notre tournée sur le terrain, nous avons compris qu’il y a une prise de conscience des travailleurs, leur lucidité et leur rejet de la hogra les ont poussés aujourd’hui à réfléchir sérieusement quant à la constitution d’un comité de travailleurs au sein de chaque entreprise », a révélé M. Ali Yahia.

La peur de la révocation

Ce dernier n’a pas nié que beaucoup de travailleurs et agents des communes ignorent même l’existence d’un syndicat représentant le secteur des communes. Ils ne sont de ce fait ni affiliés ni structurés dans un collectif auprès duquel ils peuvent faire part de leurs doléances.
« Suite à ce débrayage, les travailleurs ont exprimé leur souhait de faire partie du syndicat. Ceci nous réjouit doublement : d’un côté, cela nous permet de renforcer notre existence sur le terrain et de l’autre, cette nouvelle donne va permettre aux travailleurs d’avoir entre leurs mains des instruments et outils pour se défendre », fera remarquer le conférencier.
Toutefois, malgré la non-adhésion de certaines communes à ce mouvement de grève, les représentants du Conseil national du secteur des communes ont affiché un satisfecit et parlent d’une réussite totale. Pour eux, il n’est pas facile d’observer un débrayage dans un contexte où le champ syndical est verrouillé, où toutes les grèves sont réprimées et leurs initiateurs menacés de ponction sur salaire et de révocation.

« Les travailleurs des communes n’ont jamais eu recours à un mouvement de débrayage. Notre grève intervient au lendemain de la répression qui s’est abattue sur les praticiens de la santé et les enseignants. Cet état de fait n’a pas empêché le personnel des communes d’adhérer à la grève »,
a soutenu Ali Yahia qui a tenu à saluer le courage des travailleurs et leur acharnement pour la préservation du droit syndical. Les agents communaux, selon le porte-parole du syndicat, ont compris qu’en 2010, ils n’ont pas besoin d’une autorisation du maire pour adhérer à un syndicat. Par ailleurs, l’adhésion à cette action de protestation va motiver le conseil à aller de l’avant.

Dans ce sillage, il envisage de commencer d’ores et déjà à s’organiser pour la réussite de la prochaine action de trois jours prévue pour ce mois-ci. Les membres du syndicat se réuniront ce week-end pour arrêter la date de ce nouveau débrayage. « Les pouvoirs publics ont tourné le dos à nos revendications, ils ont joué la carte de l’intimidation à la place de la négociation »,
a déploré M. Ali Yahia.

Il est en outre utile de rappeler les revendications du personnel des communes. Des revendications, somme toute, légitimes puisqu’elles concernent l’amélioration de leur vécu. En plus de la promulgation du projet de statut particulier des communaux et le régime indemnitaire, le syndicat du secteur des communes demande la révision de la classification catégorielle des communaux, la revalorisation et l’attribution d’autres primes et indemnités pour les travailleurs communaux et des corps communs, la revalorisation et l’actualisation de la prime de rendement et le maintien de la retraite sans condition d’âge. Les représentants des travailleurs demandent aussi la revalorisation du point indiciaire afin de garantir un salaire de base digne en harmonie avec le coût de la vie.

Par Nabila Amir El Watan
Nico37
 

Re: Affrontements en Algérie

Messagede Nico37 le Sam 8 Mai 2010 19:29

[url=http://www.algerie360.com/algerie/le-departement-de-zerhouni-a-propos-du-biometrique-«pas-de-photos-avec-le-voile-et-la-barbe»]Le département de Zerhouni à propos du biométrique «Pas de photos avec le voile et la barbe»[/url]

L'expression dz | Posté le : Mercredi 28 avril à 4:19 | 0 Comments

Les participants au séminaire ont qualifié l’administration électronique de «clé de voûte» du développement de la société de l’information.

Le ministère de l’Intérieur persiste sur sa position quant au respect des règles définies par l’Organisation internationale de l’aviation
concernant le passeport biometrique. Le directeur général des libertés générales et des affaires juridiques au niveau du département de
l’intérieur, Talbi Mohamed, est revenu à la charge.

Intervenant lors de la journée parlementaire organisée sur l’administration électronique (e-gouvernement), hier au Sénat, a voulu
apporter quelques éclaircissements et estime que le ministère n’a pas laissé le choix aux citoyens d’assumer leurs responsabilités quant à l’identification faciale.

«Certaines parties ont déformé les propos du ministre», a-t-il affirmé mais réitère que les citoyens doivent se soumettre à la loi. Les nouvelles mesures appliquées au niveau des aéroports sont basées sur la photo et l’empreinte digitale. Si le citoyen ne respecte pas les règles il risque de s’exposer à l’humiliation. Voulant balayer toute polémique, le représentant précise que la numérisation des pièces d’identité vise à assurer plus de sécurité aux citoyens.

De son côté, le commandant de la Gendarmerie nationale, ingénieur en informatique, Nourredine Mourad, a fortement défendu ce projet. Afin d’écarter les interprétations erronées faites sur le biométrique, cet ingénieur dit qu’il n’y a pas lieu de s’affoler. Le processus en
question garantit une meilleure protection des données personnelles.

«Personne ne risque de falsifier un passeport ou la pièce d’identité», a-t-il précisé. Même en cas de perte du passeport, le conférencier
explique que les données ne seront pas exploitées puisque le passeport sera immédiatement révoqué juste après la déclaration de perte.


Il faut reconnaître que le lancement de l’opération de numérisation des passeports a provoqué une vive polémique sur le voile et la barbe.
Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer l’interdiction du voile et de la barbe.
Présentant une étude technique, le commandant de la Gendarmerie nationale a précisé que dans les règles arrêtées par l’Oiac, il y a 36 points qui doivent être affichés sur le visage. Or, la partie faciale affiche juste 20 points, ce qui nécessite de montrer les zones d’ombre,
à savoir les oreilles, le front et le menton.
Le séminaire d’hier a été l’occasion pour le département de l’intérieur d’éclaircir les choses à propos de ce sujet qui fait rage en ce moment.

«L’objectif recherché à travers cette journée est de démontrer l’importance d’intégrer les technologies dans le système administratif
pour garantir un fonctionnement efficace», a déclaré le vice-président du Sénat, Rachid Assas. Les participants ont également souligné la
nécessité de mettre en place une stratégie claire des technologies, touchant tous les aspects dans ce domaine.

«Il est nécessaire de faire une véritable évaluation de la situation de la e-administration, qui entre dans le cadre de la stratégie e-Algérie 2013», ont indiqué les experts lors de cette rencontre initiée par le Conseil de la nation.
M.Laskri Tayeb, membre du Conseil de la nation, qui intervenait sur le thème du «e-gouvernement: enjeux et perspectives», a estimé que la politique nationale relative au secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) vise à moderniser l’administration à travers l’amélioration de sa gestion et de son rapprochement du citoyen.

Qualifiant l’administration électronique de «clé de voûte» du développement de la société de l’information, il a indiqué que le e-gouvernement a pour objectif de mettre en place une administration de meilleure qualité devant permettre aux usagers de ne plus se déplacer de guichet en guichet.
La révolution numérique nécessite l’adaptation de la gestion aussi bien des institutions publiques que des entreprises, aux nouvelles technologies.

Nadia BENAKLI
Nico37
 

Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Mar 11 Mai 2010 18:47

TSA, APS - 11 mai 2010

Troisième jour de grève à la SNTF : aucune solution en vue

Les grèves se suivent et se ressemblent en Algérie. La dernière en date, celle des cheminots, paralyse le transport ferroviaire depuis trois jours déjà. Et toujours aucune solution en vue. Mais les travailleurs de la SNTF sont détermines à aller jusqu'au bout de leurs revendications, essentiellement, salariales. « Le pouvoir d’achat est en chute libre. On ne peut plus continuer comme cela, » affirme à TSA, Abdelghafour Lahlou, un des grévistes.

La SNTF a qualifié la grève d'illégale, décidée sans préavis, ni l'aval de la Fédération des cheminots affiliée à l'UGTA. Sur la revendication des grévistes, M. Dekhli a répondu que la SNTF "connaît une situation financière difficile et se trouve dans l'incapacité, pour le moment, de satisfaire les revendications de ses 10.000 travailleurs en matière d'augmentation de salaires". La SNTF avait déjà décidé d'augmenté de 20% les salaires de ses employés entre septembre 2009 et novembre 2010.

Nous avons essayé de joindre Djamel Bechikhi, un des responsables de la Fédération Nationale des Cheminots pour en savoir plus, mais impossible de lui parlé. Ce responsable a cependant déclaré à l’APS : « On est au point zéro, aucune négociation n'a été engagée avec la direction de la SNTF. » Et d’ajouter : « le taux de suivi de la grève a atteint 95 %, dès le premier jour ».

Les médecins, les enseignants, les fonctionnaires, les travailleurs de la SNVI ont donné le la depuis le début de cette année en lançant des mouvements de grèves qui ont abouti pour la plupart à des augmentations de salaires. Mais le problème du pouvoir d’achat des salariés persiste en Algérie. Et pour cause, les augmentations de salaires sont systématiquement rattrapées par une inflation qui a atteint 5,7% en 2009, et 4.4% en 2008.
Jallal Adeen
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede spleenlancien le Mer 12 Mai 2010 11:11

Est-ce la consèquence des affrontements de ces derniers mois ?
Quoiqu'il en soit le gouvernement algérien a décidé de limiter le champ d'action des diplomates etrangers en poste en Algérie.
Rue 89 s'est procuré et a publié une circulaire émanant de la Direction Générale du Protocole du Ministère des Affaires Etrangères :
Rue89 a écrit:
République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère des Affaires étrangères

Direction Générale du Protocole


Le ministère des Affaires Etrangères de la République algérienne démocratique et populaire -Direction générale du protocole- présente ses compliments à toutes les missions diplomatiques et consulaires et les représentations des organisations internationales accréditées en Algérie, et a l'honneur de leur rappeler leurs obligations en matière de déplacement à l'intérieur du pays et ce, en conformité avec les dispositions des Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires.

Le ministère recevant que de nombreux manquements aux obligations de réserve et constatant des dépassements (par rapport aux dispositions des dites Conventions de Vienne), dont font preuve certaines missions, diplomatiques lors des déplacements de leurs membres dans les wilayas du pays, rappelle à toutes ces missions diplomatiques et consulaires et les représentations des organisations internationales, leur obligation de respecter les dispositions pertinentes des Conventions de Vienne à cet égard, ainsi que les pratiques et usage en cours en ce domaine à travers le monde.

a) [Le ministère] précise aux honorables missions diplomatiques et consulaires et représentations des organisations internationales que le gouvernement algérien n'entend pas prévenir les contacts des diplomates étrangers accrédités en Algérie avec l'ensemble des partis politiques et les organisations nationales agrées, y compris les partis politiques de l'opposition, cependant, ces contacts et relations doivent être pris exclusivement avec les directions nationales des partis et organisations concernées. Aucun contact au niveau local sera désormais toléré.
b) Toute proposition de coopération étrangère avec l'Algérie doit impérativement être soumise, au préalable, au ministère des Affaires Etrangères, (département ministériel compétent en la matière). Toute autre initiative qui tenterait d'être engagée directement, serait considérée comme un manquement aux devoirs des missions diplomatiques et consulaires et des représentations des organisations internationales.
c) Les visites de travail des membres diplomatiques, à l'intérieur du territoire algérien, doivent être organisées en relation avec les services compétents des ministères des Affaires Etrangères (Direction générale du protocole), et de l'Intérieur ainsi qu'avec Mesdames et Messieurs les walis.
Il convient de rappeler à ce sujet, les termes des notes du ministère n° 656 et 21, respectivement des 02/04/2006 et 11/01/2009 qui soulignent l'obligation de respecter les délais requis avant tout déplacement à l'intérieur du territoire national soit 72 heures ouvrables, avant la date fixée pour effectuer le déplacement.

A cet effet, le ministère invite les estimables ambassades et organisations internationales à transmettre à la Direction générale du Protocole, les formulaires d'autorisation de déplacement dûment et complètement renseignés et rappelle que sauf les cas d'urgence, seuls les documents originaux seront considérés comme valables.

d) Hormis les chefs de missions diplomatiques, les visites de travail des membres des ambassades ne seront plus tolérées, à l'exception de celles en rapport avec leurs ressortissants ou des entreprises de leurs pays.
e) Toute visite privée des chefs de missions diplomatiques et des représentations des organisations internationales et de leurs membres, devra suivre la procédure habituelle et conserver son strict caractère privé.
Tout en invitant l'ensemble des missions diplomatiques et consulaires ainsi que les représentations des organisations internationales à bien vouloir assurer une large diffusion auprès de leurs membres, des dispositions ci-dessus soulignées et de veiller au strict respect de leur application, le ministère des Affaires Etrangères de la République algérienne démocratique et populaire -Direction générale du Protocole- saisit cette occasion pour leur renouveler les assurances de sa parfaite considération. »


L'article original : http://www.rue89.com/2010/05/12/lalgeri ... ers-151082
spleenlancien
 

Re: Affrontements en Algérie

Messagede spleenlancien le Mer 12 Mai 2010 20:40

En réponse à l'agression des femmes d'Hassi Messaoud, une manif était organisée le 10 Mai devant l'Ambassade d'Algérie à Paris. Mais aussi en Belgique, en Suède et au Canada.





http://www.rue89.com/2010/05/12/algerie ... tes-151178

Le blog dédié aux femmes d'Hassi Messaoud : http://hassi-messaoud.over-blog.com/
spleenlancien
 

Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Jeu 13 Mai 2010 14:28

El Watan - 13 mai 2010

Alors que la justice ordonne l’arrêt du mouvement de grève : Les cheminots plus que jamais décidés

La justice ordonne, après une saisine de la SNTF, « l’arrêt du mouvement de grève et la reprise immédiate du travail ». La décision du tribunal s’appuyait particulièrement sur le caractère « illégal » du débrayage. C’est ce qu’a révélé Dakhli Nourdine, directeur des ressources humaines à la SNTF, joint hier par téléphone. « Notre premier souci est d’assurer notre mission de service public à travers le transport des voyageurs et des marchandises », précise-t-il, en appelant les travailleurs à adopter la voie de la sagesse. « Nous appelons les travailleurs à reprendre leur activité. La concertation avec le partenaire social est toujours en cours. Et nous espérons trouver des solutions Incha Allah », affirme ce responsable. La SNTF a engagé dans un premier temps des pourparlers, sans résultat, avec la Fédération nationale des cheminots.

Ce syndicat, qui n’a pas annoncé son approbation au débrayage, a également appelé les grévistes à reprendre le travail en les assurant que « les négociations se poursuivront » avec leur employeur, souligne M. Dakhli. Les protestataires pour leur part, restent mobilisés et ne comptent pas faire marche arrière pour autant. « La justice a tranché en faveur de l’administration. Nous estimons que nous sommes lésés dans notre droit le plus légitime. Maintenant, s’ils veulent suspendre 10 000 travailleurs, qu’ils le fassent. Nous sommes grévistes et nous le resterons jusqu’à l’obtention de notre droit », tonne Abdelhak Boumansour, porte-parole de la cellule de crise composée des représentants syndicaux des quatre régions du pays. Selon lui, la justice devrait au préalable faire la part des choses. « La première infraction relève de l’administration, en refusant l’application de l’article 52 de la convention collective de branches. Pourquoi ces gens ne sont-ils pas inquiétés », s’interroge-t-il.

« L’administration a violé la loi »

Les protestataires, de plus en plus déterminés, ne veulent plus entendre parler des « arguties » de l’administration de la SNTF. Cette dernière avance, ajoutent-il, « l’alibi » d’une situation financière critique pour ne pas augmenter les salaires des cheminots. Les grévistes n’ont d’ailleurs aucune confiance en leur employeur. « Ils nous invitent à reprendre le travail avant de se mettre à la table des négociations. Ils veulent nous rouler dans la farine. Nous en avons marre des promesses sans lendemain. Nous demandons des engagements signés », soutient un syndicaliste. De nombreux cheminots affirment ne pas pouvoir joindre les deux bouts. C’est pourquoi ils exigent seulement l’application de l’article 52 de la convention collective de branches stipulant que « le salaire de base ne peut en aucun cas être inférieur au SNMG », lit-on sur une déclaration remise a la presse. D’après eux, la grille des salaires des cheminots est restée inchangée et le niveau A1 demeure coté à 12 480 DA. S’appuyant sur la force de la loi, les grévistes citent l’article 149 relatif au droit du travail : « Tout employeur qui rémunère un travailleur à un salaire inférieur au SNMG ou à un salaire minimum fixé par la convention ou l’accord collectif du travail est puni d’une amende de 1000 à 2000 DA multipliée par autant de fois qu’il y a d’infractions.

En cas de récidive, la peine est de 2000 à 5000 DA multipliée par autant de fois qu’il y a d’infractions. » La justice devrait, selon leur propos, appliquer aussi la loi, dans toute sa rigueur, quand il s’agit de réprimander ce genre d’infraction au droit du travail. « L’administration de la SNTF a violé la loi en matière de droit du travail. Elle a illégalement lésé les travailleurs », affirment des syndicalistes. Il va sans dire que le conflit entre la SNTF et les protestataires risque encore de perdurer. La grève initiée par la base syndicale a encore paralysé, hier, le transport ferroviaire sur l’ensemble du territoire national. La mobilisation est à son comble. « Pas de reprise du travail sans gain de cause. » C’est à peu près la conviction de nombre de grévistes rencontrés à la gare d’Agha, quelques heures avant la décision de la justice. Par ailleurs, certains grévistes ont été destinataires de mises en demeure de la part de la direction générale de la SNTF. Une procédure qualifiée « d’illégale » par un syndicaliste. « Au lieu d’adresser ces mises en demeure avec accusé de réception ou par le biais d’un huissier de justice, la SNTF a recouru aux chefs de gare. C’est une infraction à la loi. Ces pratiques condamnables veulent semer la zizanie dans les rangs des cheminots », dénonce-t-il avec véhémence. Face aux menaces de l’administration, les travailleurs de la SNTF réitèrent le fait qu’ils sont « dans la légitimité et c’est la direction générale qui n’a pas respecté ses engagements ».
Hocine Lamriben

EDIT
TSA - 15 mai 2010

Les cheminots toujours en grève: le trafic ferroviaire paralysé

Le trafic ferroviaire était de nouveau paralysé samedi en début de matinée par la grève des cheminots entamée il y a huit jours et malgré la décision du tribunal de Sidi M'hamed d'Alger ordonnant la reprise du travail et les appels au gel de la grève lancés par le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Said. A la gare d'Agha au centre d'Alger, aucun train ne circule et les guichets sont fermés. Les rares voyageurs qui s'approchent de la gare rebroussent toute suite chemin. Deux agents de sécurité surveillent les lieux. "La grève se poursuit, il n'y a aucun train", affirme l'un deux.

M. Sidi Said, qui avait apporté son soutien aux grévistes, a réitéré vendredi son appel aux cheminots à geler leur grève pour permettre à leurs représentants de "favoriser la négociation dans la sérénité". Cet appel a été lancé à l'issue d'une rencontre avec les représentants de la Fédération nationale des cheminots et de la base syndicale. "La reprise du travail se fera le samedi 15 mai", a-t-il dit. L'UGTA a pris en charge les doléances des cheminots qui réclament des augmentations de salaires.
Riyad Hamadi
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede spleenlancien le Lun 17 Mai 2010 07:37

Selon Madjid Makedhi du quotidien El Watan, la mise sous scellés de la Maison des syndicats provoque l'ndignation des organistions syndicales nationales et des ONG des droits de l'homme.
Madjid Makedhi du journal El Watan a écrit:
Le siège de la Maison des syndicats loué par le Snapap pour cinq ans a été fermé par la wilaya d’Alger.


La fermeture de la Maison des syndicats provoque l’indignation des organisations syndicales nationales et des ONG internationales des droits de l’homme. Devant abriter les travaux du 1er Forum syndical social international (les 14 et 15 avril dernier), ce siège loué par le Snapap pour une période de cinq ans a été fermé par la wilaya d’Alger. L’administration de la wilaya d’Alger a convoqué le propriétaire de la salle (non le locataire) pour lui intimer l’ordre d’interdire toute activité syndicale dans son local. Cette décision a été vivement critiquée par le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH), l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT). Dans un communiqué rendu public, vendredi dernier, ces organisations condamnent la fermeture dudit siège.

« Le REMDH et l’Observatoire dénoncent ces actes d’intimidation dirigés contre le Snapap et les organisations indépendantes de la société civile. Objet de tentatives de déstabilisation et d’infiltration récurrentes, les syndicats autonomes algériens doivent de plus faire face aux dispositions de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1992, qui permettent l’adoption de mesures arbitraires et discriminatoires visant à les empêcher d’exercer leurs droits à la liberté de rassemblement, d’expression et de manifestation », lit-on dans ce communiqué. Ces ONG demandent, dans la foulée, aux autorités algériennes d’annuler immédiatement la décision administrative de fermeture du local en question afin que les syndicalistes puissent exercer librement leurs activités. Elles exigent aussi l’arrêt de toute forme de harcèlement à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’homme, conformément aux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits humains.

« Zerhouni, dictateur ! »
Dans une déclaration rendue publique, hier, le CNES appelle, lui aussi, à la mobilisation de toutes les organisations autonomes « pour dénoncer ce genre d’agissements ». Les participants à ce forum, dont les travaux ont eu lieu au siège du FFS à Alger, ont dénoncé pour leur part cette « atteinte aux libertés syndicales ». Ils ont clôturé leur rencontre par un rassemblement devant le siège du FFS (pour contourner l’interdiction des rassemblements dans les lieux publics). Une action durant laquelle ils ont scandé des slogans hostiles au ministre de l’Intérieur : « Zerhouni dictateur ! », « Libertés syndicales »... Les syndicalistes venus de plusieurs régions du Maghreb ont annoncé, avant de clôturer leur rencontre, l’organisation de la deuxième édition de ce forum au Maroc. « La réunion préparatoire du Forum social mondial aura lieu en décembre 2011 à Tunis », a affirmé Mourad Tshicou, chargé de communication du Snapap.




Par Madjid Makedhi


L'article original du 16 mai 2010, à lire car il comporte de nombreux liens utiles.
http://www.elwatan.com/Mise-sous-scelle ... maison-des
Notamment le lien suivant :
http://www.elwatan.com/L-Algerie-parmi-les-pays-qui
spleenlancien
 

Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Mer 19 Mai 2010 15:50

El Watan - 19 mai 2010
http://www.elwatan.com/Suite-a-la-signa ... -protocole

Les cheminots satisfaits en dépit des ponctions sur salaire

La signature du protocole d’accord, lundi, entre la direction générale de la SNTF et la Fédération nationale des cheminots (FNC), qui concrétise l’application de l’article 52 de la convention collective de branches, aura assurément enchanté les 9200 employés permanents de la SNTF.

« Nous venons de prendre connaissance des détails des augmentations qui seront apportées à compter de ce mois de mai », a déclaré, hier, le porte- parole de la cellule de crise. Pour rappel, comme annoncé dans l’édition d’El Watan d’hier, la majoration des salaires de base sera d’une moyenne globale de 20%, avait confié Noureddine Dakhli, directeur des ressources humaines au sein de l’entreprise. « Cette mesure sera appliquée avec un effet rétroactif à partir de janvier 2010, qui sera versé au courant de l’année en cours », avait-il ajouté. Par ailleurs, ce protocole d’accord comporte l’intégration d’une revalorisation de plusieurs primes et indemnités. Les primes de transport, de salaire unique ainsi que celle de rendement kilométrique seront majorées. En sus, la gratification de fin de carrière connaîtra elle aussi une bonification. Afin de répercuter ces augmentations « substantielles », la SNTF bénéficiera d’une enveloppe supplémentaire qui, même si elle n’a pas encore été précisément fixée, avoisinera les 800 millions de dinars par an.

« L’ensemble des concernés sont vraiment satisfaits. Mais nous sommes, aussi et surtout, très fiers d’avoir eu gain de cause, et de n’avoir pas baissé les bras », affirme un cheminot. Même les ponctions sur salaire décidées par la direction des ressources humaines ne sauraient troubler outre mesure la joie des protestataires. « Ces retraits sont tout à fait justifiés, et c’est la procédure. La direction générale a convenu, après concertation avec une délégation de cheminots, de la possibilité d’effectuer ces ponctions par tranche, de sorte à défalquer à chaque gréviste deux jours de salaire par mois », explique le secrétaire général du syndicat de la gare de l’Agha. « Mais du moment que nous avons réussi à obtenir gain de cause, peu importe le reste ! », s’exclame-t-il.

Car, faut-il le rappeler, la grève enclenchée dimanche 9 mai dernier n’a pas été, comme le veut la réglementation, précédée d’un préavis. De même, elle a été jugée illégale, le 12 mai dernier, par le tribunal de Sidi M’hamed, après que la SNTF eut déposé une plainte en référé à l’encontre de ses employés. « Nous sommes les garants de la réglementation et de son application à tous et dans toutes les situations », a, d’ailleurs, déclaré M. Dakhli, hier, au cours d’une conférence de presse. D’autant plus que ce débrayage, qui a duré 8 jours, n’aura pas été sans conséquence sur les activités et les revenus de la SNTF.

Une grève lourde de conséquences
Un manque à gagner direct calculé sur la base de prévisions de transport et avoisinant les 8 millions de dinars par jour aurait été occasionné par la grève des cheminots. Ce qui équivaut à un total de quelque 64 millions de dinars pour toute la durée du débrayage. Et ce, sans compter l’impact négatif enregistré sur les activités des partenaires économiques de l’entreprise, qui auront pâti de l’arrêt d’approvisionnement en minerais, en phosphate, ou encore en carburant. Des pertes qui suscitent nombre d’interrogations au sein du personnel de l’entreprise.
Ghania Lassal

Dès qu'une grève se termine, une autre reprend...
TSA - 19 mai 2010
http://www.tsa-algerie.com/economie-et- ... 10803.html

Arcelor Mittal Annaba : la direction rejette les revendications des travailleurs

Une nouvelle fois, rien ne va plus entre la direction générale et le syndicat du complexe sidérurgique ArcelorMittal El Hadjar sur lequel plane de nouveau une grève générale illimitée. Après avoir donné l’impression de s’être rangé du côté de la plateforme de revendication des travailleurs émise en janvier dernier, la direction générale fait volte face. Le communiqué émis par Vincent Legouic, directeur général, et Smaïn Kouadria, secrétaire général du syndicat, ne laisse planer aucun doute quant aux profondes divergences qui opposent les deux parties.

Le premier a rejeté toute proposition de négocier l’augmentation des salaires, la convention collective et de branche, le départ à la retraite… Le second est déterminé à répondre aux attentes des travailleurs pour l'amélioation de leur situation socioprofessionnelle. Deux positions diamétralement opposées à l’origine de l’établissement hier en fin de journée par l’inspection du travail d’un procès verbal de non conciliation. « Nous avons tenté d’amener l’employeur à mieux percevoir les revendications des travailleurs, en vain. Pour bien marquer le durcissement de sa position, le directeur général a clairement affirmé qu’il ne reconnait pas la Société de Gestion de Participation Transolb, son associé au titre de propriétaire du groupe Sider, la convention collective et de branche et les dispositions légales du ministère du Travail », a indiqué le secrétaire général du syndicat ArcelorMittal El Hadjar.

Le syndicat envisage de lancer une grève générale. La décision sera prise lors d'une assemblée générale des travailleurs et annoncée jeudi 20 mai lors d'une conférence de presse, a annoncé Smaïl Kouadria. De son côté, pour justifier sa position, la direction générale avance des difficultés auxquelles est confronté le complexe, la baisse constante de la production ces trois dernières années, les gros investissements à consentir pour réhabiliter l’outil de production, les augmentations salariales déjà consenties et l’amélioration des conditions de travail.
Samir Rahim


El Watan - 19 mai 2010
http://www.elwatan.com/Avec-les-chiffonniers-de-la

Algérie : les chiffonniers de la décharge de Oued Smar
Une autre facette de la misère dans le pays
par Amel Blidi

Pour parvenir jusqu’aux chiffonniers de la décharge publique de Oued Smar, il faut d’abord dompter l’odeur nauséabonde, puis tenir tête aux premières rafales de poussière qui balayent l’entrée de l’immense dépotoir. Il faut enfin ignorer la boue fétide qui souille à chaque pas les chaussures. Après plusieurs minutes de marche, au creux d’une vallée de détritus, on découvre l’invraisemblable : un petit village niché entre les montagnes d’immondices avec ses bicoques, sa gargote pompeusement baptisée « restaurant ». Les baraquements dans lesquels vivent des centaines de chiffonniers à l’affût de pièces de plastique ou de métal ont leurs propres règles et leurs conventions.

Dès lors qu’on sait s’y prendre, les chiffonniers, naufragés volontaires de Oued Smar, peuvent vous raconter de surprenantes anecdotes et d’abominables histoires. Nassim dit avoir 14 ans, mais en paraît à peine 10 ou 12 ans. S’il prête volontiers ses mimiques à l’objectif de notre photographe, le gamin ne se montre pas très loquace. Il répond par bribes, lâchant des bouts de phrases entrecoupées de longs silences : « Oui, j’ai quitté l’école en 6e année primaire… Les conditions sont difficiles… J’étais obligé… » A qui vend-il les déchets récupérés ? Pour toute réponse, Nassim affiche un large sourire. Puis continue de traîner un sac de jute trop lourd pour lui. Au-dessus des ordures, des mouettes rôdent à la recherche d’une pitance. Tandis que sous leurs ailes, les enfants errent en quête d’une belle pièce. A priori, il n’y a pas de liens entre les jeunes chiffonniers et les réseaux de négoce des déchets ferreux et non ferreux. Les moissons des travailleurs d’El Samar semblent trop maigres pour une mafia aussi bien organisée. En revanche, certaines sociétés et quelques ateliers, légalement établis, n’hésitent pas à traiter avec les adolescents d’El Samar. Les gavroches de la décharge revendent ainsi le métal à 6 DA le kilo et le plastique à 5 DA. Les « denrées » les plus prisées ? Le cuivre et l’aluminium cédés à 20 DA le kilo. Si les affaires marchent moins bien cette année, nul ici n’en saisit vraiment la raison. Tout juste a-t-on entendu parler d’une « crise économique » qui sévirait dans le monde, mettant à genoux les entreprises.

Trash is money

Abdennour porte un chapeau noir poussiéreux. Il arbore un sourire édenté et articule avec l’accent chantonnant du terroir : « En une année, nos revenus sont passés de 400 DA/jour à 250 DA. On ne sait pas trop ce qui se passe. » Lui dit « séjourner » de 15 à 20 jours sur la décharge avant de rentrer dans son village de Aïn Boucif (près de Médéa). « Je suis le seul à subvenir aux besoins d’une famille de 14 personnes. Si on avait trouvé du travail, vous pensez bien qu’on fourrerait le nez dans les ordures. Si on est là, c’est parce qu’on a rien trouvé à manger. Que voulez-vous qu’on fasse, qu’on tende la main ? Nous sommes peut-être trop fiers et pas assez désespérés pour en arriver à ce point », explique celui qu’on surnomme dans la décharge « l’inspecteur Tahar ». Son « apprenti » ajoute : « Nous avons essayé de nous débrouiller autrement, d’installer des tables pour vendre des cigarettes et des bonbons, mais ça n’a pas été possible. On ne nous laisse pas faire notre business. En Algérie, le seul job qui rapporte est le vol. Nous avons préféré rester honnêtes. » A en croire les gestionnaires de la décharge, les revenus de l’inspecteur et des siens (les chiffonniers) seraient bien supérieurs à ceux qu’ils affichent. « En l’absence de politique de recyclage, il y a des milliards à récupérer dans la décharge à Oued Smar. Les chiffonniers gagnent entre 3000 et 15 000 DA par jour. Dans leur douar, ils ont tous leurs villas et leurs magasins. Ceux des années 1990 étaient les otages de la misère. Dans les années 2000, les choses ont bien changé », nous explique un fin connaisseur des lieux. Il faut dire que certains pensionnaires de la décharge géante gagnent bien leur vie et ne s’en cachent pas.

Mais tous n’appartiennent pas à cette élite. Quelques adultes disposent de leurs propres camions et font travailler, à l’occasion, les enfants de la décharge. Hamid, la quarantaine bedonnante, nous confie qu’il gagne près de 120 000 DA par mois. Et il arrive même que les employés de la société de nettoyage Netcom cèdent à la tentation de faire dans la récupération pour arrondir leurs fins de mois. « Oui, nous avons eu certains cas. Les agents ont été sanctionnés », confirme M. Benzine, responsable du département de Oued Samar de l’entreprise. En tout et pour tout, près de 450 chiffonniers venus de Médéa, M’sila ou Bou Saâda travaillent dans ce royaume des rebuts urbains, entre poussière et fumée, débris et sacs en plastique. Aux temps « héroïques », lorsque les fumerolles parvenaient jusqu’aux communes limitrophes et que tout conducteur longeant Oued Smar fermait ses vitres par réflexe, près d’un millier de récupérateurs opéraient sur les lieux. « Le 5 janvier dernier, date à laquelle nous avons décidé de fermer la décharge, le nombre de chiffonniers est passé de 1200 à 150. Maintenant que l’exploitation a repris, nous en comptons presque 450 », souligne M. Benzine. Pour devenir chiffonnier, il est primordial d’avoir ses contacts et de savoir se glisser dans l’un des réseaux. A ce propos, « l’inspecteur Tahar » explique volontiers que les ados sont parrainés par des récupérateurs ayant déjà plusieurs années d’expérience.

N’est pas chiffonnier qui veut !

Pour autant, assure-t-il, les chiffonniers n’ont ni chef ni de baron. « Moi-même, concède-t-il, je donne ce tuyau à des gens qui ont besoin de travailler. Je gagne ainsi une récompense auprès de l’Eternel. » « Le travail dans la décharge n’est pas donné au premier venu, précise en écho un initié. En général, il y a des familles. Chacune a sa spécialité : certains ne ramassent que du carton, d’autres font commerce du plastique et un autre groupe ne fait que la ferraille ou le cuivre. » A Oued Smar, il n’y a ni école ni infirmerie. Mais cela n’empêche pas certains parents d’y expédier leurs enfants, quitte à les déscolariser ou à les exposer aux pires infections. Les agents de Netcom, qui, eux, sont vaccinés, s’étonnent de voir les enfants manier des déchets toxiques provenant des hôpitaux ; il leur arrive par exemple d’extraire le sang des cathéters et autres tuyaux à perfusion voués au recyclage. « On dirait qu’ils sont immunisés, s’étonne ainsi Youssef de l’entreprise Netcom. Aucun de ces gamins n’est tombé malade. Cela tient au du miracle. » Mais cette étrange médaille a son revers. Les plus jeunes, qui slaloment entre les ordures comme on galope sur un vaste terrain de jeu, sont parfois les témoins d’atrocités inhumaines. Mourad, 17 ans, assure en pointant son crochet vers le ciel, avoir exhumé sept bébés dans des poubelles d’ Oued Smar Selon les cadres de l’entreprise Netcom, les jeunes chiffonniers ont été d’un grand secours pour élucider plus d’une affaire criminelle. Certains auraient ainsi déniché des cadavres, des armes à feu et même des talkies-walkies appartenant, selon toute vraisemblance, à la police. « Chaque fois qu’on nous fait part d’une étrange découverte, souligne M. Benzine, nous travaillons en étroite collaboration avec la Gendarmerie nationale. »

Serait-ce la fin d’une époque ? Pour la décharge de Oued Smar, c’est déjà le début de la fin. Les travaux de reconversion de cet amas d’ordures en un jardin public ont commencé en juillet 2009. « L’entreprise turque Sistem Yapi a entrepris un programme de réhabilitation progressive. Une partie du site a d’ores et déjà été cédée à l’entreprise. On est en train d’exploiter la décharge au maximum avant sa fermeture définitive », soutient M. Benzine. Que deviendront les chiffonniers après la fermeture du monument le plus repoussant d’Alger ? Les adolescents rechignent à se projeter dans l’avenir. Ils racontent l’histoire de l’un de leurs amis qui, désespéré par la réduction du volume des déchets en janvier dernier, s’était juré de passer l’hiver en prison. Il y coule encore des jours paisibles. « Après la fermeture, ils continueront à faire dans la récupération à travers le porte-à-porte. On verra alors de plus en plus de jeunes transportant des charrettes de bric-à-brac », prédit l’un des agents de Netcom. Et à l’un des gestionnaires de la décharge de souligner. « Nous avons voulu amorcer, en collaboration avec les services de la wilaya, une réflexion pour trouver une solution durable pour ces jeunes, mais eux ne semblent pas intéressés par des stages non rémunérés. Ils sont désormais habitués au gain facile. » Au milieu de baraques, soigneusement décorées avec des calendriers datant de 2005 et quelques fleurs en plastique, les chiffonniers ont installé une petite table entourée de quelques bidons faisant office de tabourets. Khaled, grand amateur à l’en croire de « chanson sentimentale » aime organiser des soirées à écouter Cheb Hasni. Dans un décor de désolation, quelques jeunes réfugiés sur une colline d’immondices chantent : « Ma tabkiche, ô mon cœur, ne pleure pas, dis-toi que c’est ton destin et que l’injustice est terrible. »
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Sam 22 Mai 2010 18:08

Après 8 jours de grève, un accord a été signé entre la SNTF et les syndicats.
J'ai retrouvé un article qui montre assez bien que les augmentations de salaires qui viennent d'être concédées ne sont qu'une pâle estimation marchande de ce que vaut la peau d'un cheminot vue d'un confortable bureau. Pour quelques dinars de plus, la valeur des vies détruites, dégradées...

Le Jeune indépendant - 15 mai 2010
http://www.jeune-independant.net/pages/ ... ortage.htm

Cheminots : les raisons de la colère

Derrière les nouveaux trains pimpants électriques récemment acquis par la SNTF, il y a les hommes de la graisse. Ces hommes responsables de la vie de millions de voyageurs, d’un matériel coûtant une fortune et de la bonne marche d’un bon bout de l’économie nationale. La plupart d’entre eux ne sont pas payés au SNMG. Un cheminot de grade 1 reçoit 12 480 DA comme salaire de base, avec, en prime, la prison si le train déraillait.
Virée chez ces hommes du fer qui ne demandent pas grand-chose, sauf d’être alignés sur le SNMG.

Au commencement, c’était un communiqué. Celui envoyé par la direction aux travailleurs à l’occasion du 1er mai. «Après les félicitations d’usage, la direction a évoqué la situation de l’entreprise, laissant entendre qu’il n’y aura pas d’augmentation de salaires, du moins jusqu’à novembre prochain. Les cheminots étaient à bout. Ils disaient tous basta à l’injustice !» déclare Omar, un cheminot excédé.
La gare Agha, en cette matinée pluvieuse de jeudi, était pleine… de trains. A l’arrêt. Sur un quai, Hedda contemplait un beignet à travers ses grosses lunettes, dont les verres sont probablement obsolètes. Hedda habite ici, sur le quai. «Elle est cheminote à la retraite et n’a rien gagné dans cette vie. Elle n’a même pas un toit, alors elle a élu domicile ici à la gare», nous dit un cheminot, très angoissé à l’idée que son avenir ressemblerait à celui de sa collègue.

Deux poids, deux mesures
L’endroit est scindé en deux compartiments, l’un réservé aux vieux trains ressemblant à des boîtes de sardines, l’autre aux nouveaux trains électriques suisses. D’ailleurs, sur «la rive nord», un hangar aménagé luxueusement a été aménagé pour le suisse Stadler afin qu’il puisse maintenir les trains. «Ils ont signé un contrat de dix ans de maintenance. Ce hangar, à l’époque où nous l’utilisions, était dans un état dégueulasse. Nous, nous travaillons dehors maintenant, de l’autre côté de la rive !» dit Hocine, un agent de maintenance.
Un cheminot de grade 1 est rémunéré à 12 400 DA de salaire de base, en deçà du SNMG. Un chef-manœuvre, qui dirige toutes les manœuvres du train, est lui à 14 000 DA après 23 ans de service. «Nous en avons marre des injustices. Le Président nous a augmentés le SNMG, alors nous voulons cette augmentation, c’est tout !» crient des cheminots. «Nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes exclus de toutes ces augmentations de salaires annoncées. Ce sont toutes ces injustices qui nous ont poussés à déclencher ce mouvement de grève», déplore un autre.
Le porte-parole de la cellule de crise est sollicité de partout. «Ecoutez, les choses sont simples. Il faut que l’opinion publique sache que nous avons une seule revendication : nous ne demandons pas la lune, nous voulons uniquement que nous soyons alignés sur tous nos camarades travailleurs algériens payés au SNMG. Nous exigeons l’application pure et simple de l’article 52 de la convention collective», dit-il.
A l’administration, on soutient que le taux de suivi de la grève s’essoufle à 40 %. En bas, la gare est vide. «Aucun train ne fonctionne. La grève est suivie à 100 % et à l’échelle nationale», déclare Saïd, le tableau des horaires des trains où est mentionnée l’annulation de toutes les rotations à la main.

Hypertension artérielle, asthme et hernie discale
L’anecdote est vraie. «Nous avons l’impression, lorsque nous sortons des soutes pleins de graisse et d’huile, d’être des rats d’égout, tellement nous sentons mauvais. Nous n’avons aucun moyen décent pour nous nettoyer correctement», dit Mouloud, agent d’entretien, 20 ans de service et 20 000 DA toute primes comprises. «A cause de la pénibilité de notre travail et du stress, nous avons chopé pas mal de maladies. Mon collègue a le diabète, un autre une hernie discale et moi-même de l’hypertension artérielle et des varices à trop de nous mettre debout et soulever du matériel hyper lourd. Et on ne veut même pas reconnaître que ces maladies sont dues à la pénibilité de nos tâches. Au contraire, on veut nous prolonger la période de cotisation à 40 ans ! Vous savez, vous ne pourrez pas tenir plus de 20 ans dans ces conditions, c’est inhumain. Vous savez, un collègue a été récemment victime d’un AVC. Nous l’avons transporté nous-mêmes dans la voiture de l’un de nos collègues à l’hôpital. Ils nous ont supprimé l’ambulance. C’est grâce à une quête entre nous que le malheureux a pu recevoir un peu d’argent pour survivre.»

«Un os et un demi verre de sang»
Ami Lakhdar a 30 ans de service à la SNTF. Cigarette à la main, il discute avec ses collègues sur la situation. Ils sont assis dans le bureau du chef de gare, un endroit complètement délabré. «Jadis, mon fils, nous fonctionnions comme une véritable entreprise professionnelle. Nous étions l’une des boîtes les plus prospères du pays. Nous avions notre propre imprimerie, notre atelier mécanique et de tôlerie, notre service de plomberie, notre menuiserie… Il y avait même la CNAN qui nous sollicitait pour qu’on lui fasse des pièces !» La cigarette de ami Lakhdar n’était pas consumée qu’il en allume une autre. «Mon fils, quand j’ai intégré la SNTF, dans les années 1970, j’étais kil poupoune (beau, ndlr) et j’avais toute ma santé. Maintenant, je suis devenu aâdma w’kasse dem (un os et un demi verre de sang, ndlr)», ajoute ami Lakhdar en nous montrant ses deux photos d’avant et après son intégration de l’entreprise. Saïd, un chef-manœuvre un peu plus jeune que lui dans l’entreprise, réagit. «Nous risquons notre vie et la prison à chaque seconde. Nous sommes responsables des trains dès leur démarrage. Toute cette responsabilité, et même pas une prime. Alors qu’on ne vienne pas nous bourrer les oreilles avec tout leur baratin d’administrateurs. Ils ne savent rien de ce que nous faisons ou de ce que nous vivons. Je crois qu’ils veulent vendre notre entreprise au privé comme ils l’ont fait pour notre imprimerie et autres !» Des agents chargés de la sécurité du matériel arrivent. L’un d’eux nous prend par la main et nous emmène sur les rails. «Regardez où nous sommes obligés de travailler !, en nous montrant une bouche d’égout à ciel ouvert. Vous savez, en nous mettant ici pour pouvoir relier les trains entre eux, nous risquons de tomber à tout moment dans l’égout, si ce n’est pas une taupe qui vous tombe dessus. Cela sans parler du manque d’éclairage. La nuit, nous travaillons dans l’obscurité.» Mohammed était un sportif de premier plan. Il était même entraîneur de karaté. «Hélas, je suis devenu un fumeur invétéré. Après quelques années passées ici, j’ai complètement changé de comportement, tellement la pression au travail est forte. Ma femme, le soir, ne peut pas m’adresser la parole sans que je m’énerve contre elle. Je suis devenu irritable.»

«L’argent de la SNTF va dans des futilités»
Il est vrai que la SNTF était l’un des fleurons de l’économie algérienne. Elle était, par exemple, la première à avoir introduit l’informatique dans son administration, bien avant Sonatrach. Elle avait même la capacité de devenir prestataire de services pour diverses entreprises et dans divers domaines. Cela grâce à son tissu d’ateliers allant de l’imprimerie jusqu’à la plomberie. Que s’est-il passé donc pour qu’une entreprise de cette envergure continentale devienne «incapable» de payer ses employés au SNMG ? «Ecoutez, n’y allez pas loin. Vous voyez ce parking attenant à la gare Agha ? Eh ben, il est donné au privé ! Imaginez un seul instant qu’on voulant garer votre véhicule dans le parking de l’entreprise où vous travaillez, on vous demande de payer ! C’est aberrant. L’administration a installé un scanner aux guichets alors que la gare est ouverte à tous les vents. Notre argent va dans des futilités. Ils ont privatisé toutes les sections de l’entreprise, et maintenant ils nous ramènent un privé pour nettoyer les voitures des trains. En quittant la gare Agha, fait inhabituel pour ce cinquième jour de grève des cheminots. Les quais grouillaient de monde. Mais, c’étaient des syndicalistes qui élisaient refuge sur les quais pour tenir une réunion d’évaluation. Le mot d’ordre était le même, la mobilisation continue.
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede spleenlancien le Mar 25 Mai 2010 08:53

C Berriah, El Watan a écrit: Un jeune tué, 317 véhicules incendiés dans un parc de saisie des douanes - Une course-poursuite tourne au drame à Boukanoun (Tlemcen)



Avant-hier vers 20h30, Amine Boulouiz, un étudiant âgé de 19 ans, résidant dans la commune de Bab El Assa, à 100 km du chef-lieu de la wilaya de Tlemcen, a trouvé la mort après une course-poursuite engagée contre lui par les éléments de la douane de Boukanoun, sur la RN7A. Selon le groupement de la Gendarmerie nationale de Tlemcen, la victime, qui était à bord d’une Renault Express en provenance du territoire marocain, n’avait pas obtempéré à l’ordre de s’arrêter lancé à son endroit par les éléments de la brigade de lutte contre la contrebande. Ceux-ci se sont alors lancés à sa poursuite.



Alertés, leurs collègues ont dressé un barrage près du village de Bab El Assa. Et c’est là, selon la même source, que le jeune, qui roulait à vive allure, est entré en collision avec un véhicule douanier qui barrait la route. Le jeune Boulouiz décède sur le coup, tandis qu’un douanier a été blessé et évacué en urgence à l’hôpital de Maghnia. Selon des témoignages, les tuniques grises auraient embouti le véhicule du fuyard, causant sa mort.



Aussitôt la nouvelle répandue, un millier de jeunes en colère de Bab El Assa, selon des recoupements, se sont déplacés à Boukanoun, 3 km plus loin, pour s’en prendre aux deux parcs automobiles de la douane. Bilan : 309 véhicules stationnés dans le parc des saisies et quatre des services de la douane et quatre voitures particulières ont été complètement incendiés. Dans la foulée, l’incendie s’est propagé au siège de la police des frontières, situé à proximité de celui de la douane, qui prendra feu à son tour. Les jeunes en furie criaient à la vengeance et ont obstrué la route nationale, créant une panique générale dans le périmètre. Appelés en renfort, les éléments de la Gendarmerie nationale ont réussi à disperser les émeutiers et à maîtriser la situation vers les coups de minuit, mais la région est restée en alerte pendant de longues heures.



Une vingtaine de personnes ont été arrêtées jusqu’à hier par la gendarmerie qui poursuit ses recherches pour appréhender les auteurs des troubles. Cet incident tragique survient quelques semaines seulement après la mort par balle du jeune Benchour, tué par des gardes-frontières marocains alors qu’il roulait sur le tracé frontalier. Il y a deux ans, un autre jeune de Souani a été tué dans les mêmes conditions par des gardes-frontières algériens. Enfin, il y a quelques mois, du côté de Zouïa, dans la localité de Beni Boussaïd, un jeune a été également tué par balle par un soldat algérien, au niveau d’un poste avancé.



Leur presse (C. Berriah, El Watan), 24 mai 2010








http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 92606.html
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Mer 9 Juin 2010 12:35

TSA - 08 jun 2010
http://www.tsa-algerie.com/economie-et- ... 11103.html

Annaba : la grève générale "inévitable" au complexe sidérurgique d'El Hadjar

Les 7.500 travailleurs d'ArcelorMittal Annaba sont appelés à voter jeudi sur une nouvelle grève générale illimitée lors d'une assemblée générale qui se tiendra devant le siège de la direction du complexe sidérurgique, a indiqué ce mardi 8 juin le secrétaire génaral du syndicat Smaïn Kouadria. "Le dialogue a échoué, nous avons essayé en vain les voies du dialogue. Nous avons convoqué une assemblée générale pour jeudi avec l'ordre du jour le vote de la grève générale illimitée qui est inévitable", a ajouté M. Kouadria.

Le syndicat réclame l'application d'un avenant à la convention de branche relatif à l'augmentation des salaires, conclue entre la FNTMMEE affiliée à l'UGTA et la SGP Translob, actionnaire à hauteur de 30% dans le capital d'ArcelorMittal. "La direction ne reconnaît pas cette convention et rejette le dialogue dans ce cadre. Le syndicat y tient", a indiqué M. Kouadria.
Le bras de fer syndicat-direction s'est durci lundi à l'issue d'une réunion de dernière chance qui "n'a rien donné", a-t-il déploré.

Après l'échec des discussions directes avec le syndicat, le directeur général d'ArcelorMittal Annaba, Vincent Le Gouic, s'est tourné dans une dernière tentative vers les travailleurs, qui décideront jeudi du déclenchement ou non de la grève générale. Dans une lettre adressée mardi aux travailleurs du complexe sidérurgique, M. Le Gouic a indiqué que "le salaire de base moyen a été augmenté de 25% depuis janvier 2005 et sera augmenté de 5% le 1er juillet". Il a ajouté que depuis juin 2009, le taux de fréquence des accidents du travail est passée de 6,5 à 3 et que "la productivité est passée de 75 tonnes par personne et par an à 118 tonnes par personne et par an."

La production du complexe a également augmenté, passant de 487.000 tonnes à 714.000 tonnes, en rythme annuel.
M. Le Gouic a mis en garde contre les effets catastrophiques d'une nouvelle grève. Le premier arrêt de travail de janvier 2010 a coûté 6 millions de dollars et fait perdre une production 36.000 tonnes à l'entreprise, selon le patron d'ArcelorMittal Annaba.

Prenant à témoins les travailleurs, M. Le Gouic a affirmé que le dialogue n'est pas rompu avec le partenaire social. Sans jamais évoquer la convention de branche et la revendication du syndicat, il a proposé un échéancier de discussions qui s'étalera de septembre à décembre 2010. La direction a proposé au syndicat lors de la réunion de lundi d'actualiser la convention de branche de l'entreprise dès septembre, d'entamer des discussions sur le régime indemnitaire en octobre, de mettre en place le système de bonus lié à la performance de l'entreprise en novembre et de discuter des salaires de 2011 en décembre.
Riyad Hamadi
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Jeu 10 Juin 2010 11:58

Les milliards engloutis pour l'organisation de la Coupe du monde de football n'ont pas besoin d'attendre leurs retombées comptables pour avoir un retour sur investissement immédiat. Ils vont permettre que libre cours soit donné à la plus grande vague de déchainement nationaliste connue et imaginée sur les cinq continents. On comprend pourquoi les plus grandes sociétés capitalistes se bousculent pour apporter leur concours et voir leurs logos figurer en bonne place sur les panneaux publicitaires. Et pourquoi on paye les joueurs si cher. Des millions de dollars leur sont promis pour un but, une victoire, un rêve !
C'est la grande fête du capitalisme. Les exploités du monde entier sont invités exceptionnement à s'arrêter de travailler le temps d'un match pour communier, hurler, soutenir les couleurs de leurs exploiteurs nationaux. Toutes et tous à vos vuvuzelas !

TSA - 09 jun 2010
http://www.tsa-algerie.com/sport/algeri ... 11120.html

Algérie-Slovénie dimanche à 12h30: les Algériens vont-ils travailler ?

Les Algériens vont-ils travailler dimanche prochain, jour du premier match de l'équipe nationale contre la Slovénie au premier tour de la Coupe du Monde ? A l'heure de cette rencontre qui va se dérouler à partir de 12h30, les rues et ruelles risquent de se vider comme à l'occasion de chaque match officiel des Verts. De nombreux salariés cherchent depuis plusieurs jours comment faire pour regarder le match à la télévision. Certains ont pris des congés, d'autres ont décidé de s'absenter.

Certaines entreprises ont trouvé des solutions pour permettre à leurs salariés de regarder tranquillement le match. Ainsi, les deux opérateurs de téléphonie mobile, Nedjma et Djezzy, ont décidé d'accorder une journée chômée et payée à leurs salariés pour leur permettre de se concentrer sur le match et de le regarder tranquillement chez eux. "Nous avons décidé d'accorder une journée de repos à tous nos salariés pour leur permettre de suivre le match", a indiqué Ramdane Djazaïri, responsable de la communication de Nedjma.

La compagnie d'assurance privée Alliance assurances a décidé de couper la poire en deux, en mettant à la disposition de ses salariés des téléviseurs pour leur permettre de suivre l'entrée en lice des Verts depuis leur lieu de travail. "Nos salariés auront une pause de 12h00 à 15 h00 pour qu'ils puissent regarder le match dans un cadre convivial au siège de la société", a indiqué son PDG, Hassen Khelifati. D'autres entreprises comme Algérie Télécom n'ont pas tranché la question. Toute comme la fonction publique qui n'a pas encore précisé si elle se met de la fête en accordant aux fonctionnaires une journée chômée et payée.
Amar Naili

"Si tu veux connaitre le pays, pas besoin de le visiter. Va juste assister à un match de foot avec l'équipe nationale, et tu comprendras"
J'avais gardé pour l'occasion un article de El Watan qui date d'une initiative prise par le régime algérien pour le centenaire de la journée de la femme, Il s'agissait de faire venir les familles pour le match Algérie-Serbie...

El Watan - 04 mar 2010

Femmes au stade, entre fantasmes et réalités : Les limites d’un match « familial »

C’est officiel : Les femmes algériennes dans les stades est un vœu pieux qui restera longtemps au stade du fantasme. Et ce n’est pas l’ambiance d’avant-match à l’occasion de cet Algérie-Serbie qui nous démentira. Même le centenaire du 8 Mars n’y changera rien.

Pourtant, hier, aux abords du sanctuaire du ballon rond, au 5 Juillet, elles étaient relativement nombreuses, nos braves compatriotes grimées en supportrices élégamment moulées dans l’emblème national (EN), et qui sont venues dignement enflammer l’arène aux cris de « One two three, viva l’Algérie ! ».
Mais elles se rendront assez vite à l’évidence qu’aller au stade n’est guère une sinécure pour une Algérienne. C’est le cas de cette dame en hidjab, accompagnée de ses enfants, qui l’a appris à ses dépens. « C’est l’anarchie la plus totale », s’indigne-t-elle, avant d’ajouter : « Je suis venue avec mes enfants soutenir notre équipe nationale et aussi permettre à mes gosses de se défouler un peu. Et voilà comment on nous reçoit ! »

Allusion au dispositif de sécurité qui n’a pas réservé de traitement de faveur aux familles, ceci, dans une atmosphère électrique où, dès la matinée, le périmètre du 5 Juillet était pris d’assaut par des dizaines de milliers de supporters, se disputant âprement une place dans les gradins. « Mon mari est quelqu’un de distingué et n’acceptera jamais qu’on aille au stade dans une telle pagaille. Il ne va pas tarder à nous rejoindre et nous allons certainement rentrer à la maison. On ne peut pas assister au match dans des conditions aussi déplorables. C’est la première fois de ma vie que je viens au stade et ce sera probablement la dernière », renchérit notre interlocutrice, fortement déçue par l’organisation autour du stade et l’acheminement du public vers les tribunes.

« Quand nous avons acheté les tickets, les femmes avaient eu droit à un guichet spécial, et tout s’est bien passé. J’ai pensé naïvement que la même organisation serait reconduite et que les familles auraient accès au stade par un couloir spécial. Or, voilà qu’on nous mélange avec tout le monde. On nous dit d’aller à la porte 38 mais cette même porte 38 est envahie par les jeunes. »

Pas de dispositif « spécial familles »

Lounès, un inconditionnel des Verts, a fait le déplacement depuis Oran pour assister au match. Accompagné de ses quatre enfants dont deux filles qui, pour la circonstance, ont mis leurs plus beaux atours, aux couleurs de l’EN bien sûr, il ne cache pas sa colère. Avec d’autres familles, il tente, en vain, de négocier l’accès par l’entrée VIP, située côté Dély Ibrahim, non loin des locaux de la FAF. « Pourquoi ne nous laisse-t-on pas pénétrer par cette porte ? », s’écrie-t-il. Le policier, armé de matraque, ne veut rien entendre : « Ce n’est pas possible, veuillez emprunter les accès réservés au public. » Vive protestation : « Mais nous, on est en famille. Cette entrée est réservée à la "kiada", c’est ça ? Nous, on est des harkis ou quoi ? », fulmine Lounès.

Il nous explique : « Je suis venu spécialement d’Oran avec toute ma famille pour apporter notre soutien à l’équipe nationale et dire notre amour du drapeau et de la patrie, et voilà comment on nous le rend ! » Un autre supporter se lâche : « Moi, j’ai fait la route depuis Khenchela avec toute ma famille pour soutenir notre chère équipe nationale. Nous sommes arrivés à Alger hier, nous avons passé la nuit à l’hôtel. Nous nous sommes donné un mal fou pour venir jusqu’ici pour qu’à la fin, on nous inflige ce traitement. C’est la dernière fois que je ferai ça ! » Une jeune fille lance : « Nous, nous avons cru ce qui s’est dit dans les médias, comme quoi les familles seront choyées. C’est cette publicité qui nous a induites en erreur », regrette-t-elle. Malgré ce ton désenchanté, les filles, jeunes et moins jeunes, continuent d’affluer, dûment « chaperonnées » par des hommes. Ont-elles peur d’être agressées ? « Non, pas particulièrement », rétorque l’une d’elles.

Algérie-Serbie : L’autre guerre des « balcons »

Un autre chef de famille, avec femme et enfants, porte une petite fillette sur ses épaules. Il a l’air désemparé. Il s’approche, perplexe, du cordon de policiers qui surveillent hermétiquement les accès pour négocier une solution. La partie s’avère difficile tant le match supporters-service d’ordre est serré. A un moment donné, le bras de fer, véritable match dans le match, tourne à l’avantage des aficionados de l’EN qui, ingénieux comme ils sont, croient déjouer la vigilance des forces antiémeute en se servant des barrières de police comme d’une échelle pour enjamber la muraille qui ceint le stade. Mais les CNS finissent par intervenir pour les déloger avec autorité, usant parfois de la manière forte, gourdin et jets d’eau à l’appui. Des gravats et autres blocs de pierres jonchant le sol témoignent d’échauffourées musclées.

Le chaos est à son comble à l’ouverture des portes pour le public (vers les coups de midi). Les femmes et les familles arborent des signes d’angoisse patents, elles qui se demandent comment accéder aux gradins dans un climat si peu propice à la fête. On est bien loin des célébrations bon enfant en ville. Ici, avoir son ticket est loin d’être une garantie. Encore faut-il crier, transpirer, finasser, se bagarrer, jouer des coudes, pour se « qualifier » au… spectacle. Cela accentue l’image d’un pays hostile, austère, fâché définitivement avec la fête, et où le moindre moment de gaieté s’obtient à l’arraché, jamais dans la sérénité.

14h. Le stade affiche déjà complet. D’aucuns se retrouvent sur la touche alors qu’ils ont leur billet. « Ya âmou dakhalna » (tonton, faites-nous entrer !) ne cessent de nous harceler des galopins frustrés. D’autres nous font : « Vous êtes de Canal Plus ? De grâce, prenez-nous avec vous ! » Certains spéculateurs proposent des tickets au marché noir à 1500 DA (au lieu de 3000 DA un peu plus tôt). Le service d’ordre semble, par moments, totalement dépassé devant l’engouement des masses juvéniles. Sous les insistances des familles, les policiers finissent par aménager une entrée par un portail précédemment défoncé par la foule. Les « célibataires » en conçoivent une noire jalousie : « H’na gaâ familia ouahda » (nous sommes tous une même famille), martèle un adolescent. Une boutade qui rappelle l’esprit de fraternité qui régnait dans la foulée des festivités qui ont suivi la campagne de Khartoum. Les filles se réjouissaient alors de côtoyer les « durs à cuire » du monde du foot « en toute impunité ». Elles pouvaient parader dans les rues d’Alger et d’ailleurs aux côtés de leurs « frères » sans se sentir le moins du monde agressées.

Le stade « familial » du machisme

Une impression corroborée par ces images tellement galvaudées d’Algériennes harnachées aux couleurs nationales et faisant l’objet de gros plans à la télé, elles qui ont arraché leur place de haute lutte dans les gradins, et criant « Maâk yal Khadra » au même titre que les hommes. Hier, dans le chaudron du 5 Juillet, dans cette ambiance chaotique où les places s’arrachaient sans merci, la galanterie était remisée aux vestiaires, et l’opération « femmes au stade », lancée quelques jours auparavant tambour battant, avec, à la clé, 6000 places réservées à la gent féminine, semblait sérieusement buter contre la résistance des vieux réflexes.

Les supportrices les plus chevronnées réalisaient brutalement à quel point nos terrains de football sont restés des espaces hautement machistes. Mieux : ils passent même pour être des territoires anomiques, réservés à une certaine catégorie de spectateurs que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de « âraya » (voyous) ; des territoires qui demandent à être codifiés (certains diraient « pacifiés »), avant de se prêter à une vraie mixité sociale et générique. « Moi, je suis un mec et je n’ose pas aller au stade dans ces conditions. Ils ont bien du courage ces gens qui laissent leurs femmes et leurs filles aller au 5 Juillet et subir toute cette agression, et entendre tous ces gros mots », commente un « footeux » dépassionné. Dans un pays où l’épithète « familial » (salon de thé « familial », « plage familiale », film « familial », etc.) a fait fortune au point de s’ériger en « argument de vente » pour appâter les consommateurs conservateurs qui voient le méchant loup partout, il faut croire que même nos stades vont devoir se plier à la règle s’ils veulent s’attirer d’autres publics et une autre clientèle que les « chenaoua » et autres « kawasser ».

Sur un autre plan, il est désolant de constater que la force est le seul régulateur des rapports entre le pouvoir et la société. Et cette image d’un policier antiémeute en casque et bouclier protégeant une supportrice qui tente à grand-peine de se frayer un passage parmi un ciment de jeunes survoltés en dit long sur le chemin qui reste à parcourir avant d’arriver jusqu’à la tribune… « familiale ».
Par Mustapha Benfodil
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede conan le Jeu 10 Juin 2010 12:35

Je ne parviens pas à comprendre cet engouement des gens pour cette caricature vomitive d'opium du peuple...
A chaque fois que je repense à ce que j'ai vu à Paname en 98 ça me fiche le cafard...
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Lun 14 Juin 2010 13:11

Un article qui propose une réflexion à contre-courant du conditionnement footballistique qui sévit actuellement en Algérie... sauf que dans le dernier paragraphe, l'auteur craque (cède aux pression de son rédacteur en chef ?) et sort sa vuvuzela !

L'Expression - 14 jun 2010
http://www.lexpressiondz.com/article/8/ ... 77531.html

La footballisation des esprits

A un génie qui lui demande de formuler un voeu, le citoyen algérien lambda demande à ce que sa grand-mère morte soit ressuscitée. Dénégation du génie. Deuxième voeu: «Je veux que l’Equipe d’Algérie gagne la Coupe.» Après réflexion, le génie se résout à ramener à la vie, la grand-mère...


Que reste-t-il des valeurs fondamentales ?
Pendant un mois, la planète est sommée de vibrer au rythme du roi football. Comment le football opère? Cet engouement planétaire fait partie de la stratégie du néolibéralisme qui crée des besoins chez l’individu qui devient de ce fait esclave du divin marché, pour reprendre l’expression du philosophe Dany Robert Dufour. Cependant, les dégâts du néolibéralisme ne sont pas les mêmes selon que l’on soit au Nord comme au Sud. Examinons pour commencer le phénomène de société dans les pays du Sud.

Le philosophe Fabien Ollier dresse un état des lieux sans concession de cette grand-messe planétaire orchestrée par «la toute-puissante multinationale privée de la Fifa». «Il suffit, écrit-il, de se plonger dans l’histoire des Coupes du Monde pour en extraire la longue infamie politique et la stratégie d’aliénation planétaire.(...) L’expression du capital le plus prédateur est à l’oeuvre: les multinationales partenaires de la Fifa et diverses organisations mafieuses se sont déjà abattues sur l’Afrique du Sud pour en tirer les plus gros bénéfices possibles. Un certain nombre de journalistes, qui ont travaillé en profondeur sur le système Fifa, ont mis en évidence le mode de fonctionnement plutôt crapuleux de l’organisation. (...). Le déploiement sécuritaire censé maintenir l’ordre, assurer une soi-disant paix civile, n’est autre en réalité que la construction d’un véritable état de siège.(...) Tout cela relève d’une diversion politique évidente, d’un contrôle idéologique d’une population.

En temps de crise économique, le seul sujet qui devrait nous concerner est la santé de nos petits footballeurs. C’est pitoyable. Il existe en réalité une propension du plus grand nombre à réclamer sa part d’opium sportif. (...).(...) Trop d’intellectuels ont succombé aux «passions vibratoires» et aux «extases» sportives; ce sont eux qui légitiment à présent, l’horreur sportive généralisée: violences, dopage, magouilles, crétinisme des supporters, etc. (...) A mon sens, il n’est pas seulement le reflet, le football est également producteur de violences sociales, générateur de violences nouvelles. Il impose un modèle de darwinisme social. Cela tient à sa structure même: le football est organisé en logique de compétition et d’affrontement. Jouer ce spectacle par des acteurs surpayés devant des smicards et des chômeurs est aussi une forme de violence. (...)La symbolisation de la guerre n’existe pas dans les stades, la guerre est présente. Le football exacerbe les tensions nationalistes et suscite des émotions patriotiques d’un vulgaire et d’une absurdité éclatants. (...)» (1)

Hypnose collective

Nous l’avons vu avec un certain match Algérie-Egypte, qui a failli amener la rupture des relations diplomatiques!La même analyse, sans concession, nous est donnée par Samuel Metairie: «Aujourd’hui, écrit-il, c’est le Grand Soir tant attendu par la majorité de la population de ce Globe. Vendredi 11 juin 2010, enfin s’ouvre en Afrique du Sud la plus grosse compétition de football de la planète, où les humains de toutes les nations, du peuple aux élites politiques et économiques, vont pendant un mois de matraquage médiatique aveuglant, pouvoir, à coeur joie s’adonner à la satisfaction universelle de leurs pulsions serviles, cyniques et mercantiles. (...) Et l’institution du football fait croire à ses admirateurs qu’elle leur donne des gages de bonheur en substitut des substrats de frustrations et de déceptions, confortant la petite société dans l’hypnose collective pour la rendre malléable, corvéable à merci. (...)
Bref, ainsi, va-t-on, une fois de plus, pouvoir laver nos cerveaux d’hommes rationnels en oubliant enfin la crise économique, les profits actionnariaux, le chômage volontairement entretenu, la précarité, la faim du Tiers-Monde, l’exploitation des dominés, les expropriations de terres par les trusts agroalimentaires, la crise écologique, le scandale de la marée noire en Nouvelle-Orléans, la guerre au Moyen-Orient (...)»(2)

«Trente-deux équipes, dont une vingtaine issues de pays occidentaux, vont pouvoir fouler les pelouses de leurs crampons, et servir les bas instincts pulsatifs de milliers d’hommes et de femmes peuplant les stades en jouant aux gladiateurs des temps modernes. Sauf que ces gladiateurs sont devenus des hommes d’affaires intouchables, dont le salaire mensuel (disons honoraires ou dividendes) correspond, à plusieurs années de travail d’un salarié français moyen. Juste pour pousser une balle avec ses potes jusqu’à 30 ans, pendant que de plus en plus de Français vont être obligés de travailler jusqu’à 65-70 ans. (...) Une question vient à l’esprit: si le football était vraiment un sport, ne pourrait-on pas payer ces gens raisonnablement, à hauteur du salaire minimum? Ne pourraient-ils pas reverser ce capital vers ceux qui en ont besoin, aux pauvres oubliés par l’Occident, aux peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique, au lieu de prendre l’Afrique pour une cour de récréation? (...) Aux quatre coins du monde, surtout dans les pays plus pauvres,
c’est partout la même logique du capitalisme: l’appareil économique occidental s’implante, génère des marges commerciales et des bénéfices. Il fait de l’argent sur place en exploitant la main-d’oeuvre locale, et rapatrie ses capitaux dans les grandes banques européennes. (...)»

D’après la Fifa, chaque nation présente en Afrique du Sud recevra une dotation d’au moins 8 millions de dollars, une somme qui augmente en fonction du parcours de l’équipe: un quart de finaliste gagnera par exemple plus de 11 millions d’euros, et le champion du monde, environ 25 millions d’euros. Les clubs des joueurs engagés touchent aussi des dotations, pour un total de 40 millions de dollars. 278.5 millions d’euros seraient distribués aux équipes participantes. A raison de 8,2 millions d’euros par équipe. Chaque joueur aura une indemnité de 1600 dollars par jour. Cette indemnité cessera le lendemain de l’élimination de l’équipe des joueurs. La Fifa va recevoir environ 2.1 milliards d’euros uniquement avec les droits TV auxquels il faut ajouter les nombreux sponsors qui doivent verser plus d’un milliard d’euros. (3)

Justement, pour parler de l’indécence des sommes colossales perçues, il faut savoir par exemple, que dix joueurs les mieux payés dont David Beckam, Ronaldinho Gaucho, Whyne Rooney ont reçu en une année 135 millions d’euros en salaires, primes, droits de sponsoring... soit en moyenne 20 millions de dollars par individu (55.000 $/jour, contre 2$/jour en moyenne pour un Africain) ou encore le salaire journalier du joueur est équivalent à ce que reçoivent deux Africains sur une carrière de 32 ans). C’est ça le scandale du marché du néolibéralisme, de la mondialisation laminoir qui font que ce que la société a accumulé pendant des siècles risque de disparaître sous les coups de boutoir du «Divin marché» où la valeur d’un individu, c’est de plus en plus ce qu’il peut rapporter, et ce qu’il peut consommer et non ce qu’il recèle comme culture et savoir. On comprend alors, l’illusion de l’éducation, notamment dans les pays du Sud où l’éducation est la dernière roue de la charrette.

On est loin de l’aspect noble du sport. On peut penser valablement que cette dimension du sport pour le sport avec les «magiciens» du ballon comme Di Stefano, Kopa, Pélé, Garrincha, et tant d’autres, s’est arrêtée avec, il y a une vingtaine d’années, pour laisser place au vedettariat et aux salaires démentiels. On rapporte que le mathématicien russe, Grigori Perelman, a ignoré le prix d’un million de dollars. D’après la Voix de la Russie, le mathématicien russe Grigori Perelman a ignoré le prix d’un million de dollars qui lui était attribué par l’Institut mathématique de Clay pour avoir prouvé l’hypothèse de Poincaré. Le lauréat n’est pas venu à la cérémonie de la remise du prix qui s’est passée mardi 8 juin dans le cadre d’un symposium mathématique à Paris. Le Russe s’était déjà vu décerner en 2006 la médaille Fields, considérée comme le «Nobel en mathématiques», qu’il avait refusée. Le mathématicien et directeur de l’Institut Henri-Poincaré, Michel Broué, s’est réjoui de l’attitude de Grigori Perelman en déclarant que «l’activité des mathématiques était jusqu’à maintenant, par nature, protégée de la pourriture financière et commerciale, j’emploie ce terme volontairement. Mais je pense que c’est sans doute une des raisons qui font que Perelman dit et veut dire qu’il ne veut pas travailler pour le fric ni pour les récompenses. C’est une chose, il travaille pour l’honneur de l’esprit humain.» (4)

A l’autre bout du curseur, il y a des intellectuels qui trouvent que le football joue un rôle social indéniable. Pascal Boniface, le directeur de l’Ifri (Institut français des relations internationales écrit: «(...) À feuilleter les journaux, à regarder la télévision, écouter la radio, le football semble concentrer contre lui toutes les critiques. (...) Il déchaîne la violence, nourrit le racisme, provoque l’abrutissement des foules, fait triompher la brutalité, le dopage, la corruption, et favorise le déferlement de l’argent roi. (...) Le football ne mérite ni cet excès d’honneur ni cette indignité. (..) Le football occupe une telle place dans la société, démesurée aux yeux mêmes de nombreux responsables. (...) On attribue au football la cause de problèmes dont il n’est que le reflet. (...) Le racisme ? Le football en est plus victime que coupable (...) Il est effectivement anormal et inacceptable que des supporters lancent des injures racistes à un joueur. (...) Le football est essentiellement démocratique, il n’y a pas de raison, d’hérédité ou de réseau social. Chacun est sur la même la ligne de départ. (...)
Le football, c’est le vouloir vivre ensemble. Il occupe une place indispensable dans la société où il anime la vie. (...) Une critique récurrente porte sur les dérives de l’argent. Les stars du football gagnent, en effet, des sommes considérables, des salaires mensuels qui donnent le vertige, des salaires annuels qui peuvent dépasser les gains de toute une vie. Les stars d’aujourd’hui gagnent en un mois ce que gagnaient celles d’il y a une génération en un an et celles d’il y a deux générations en une carrière, et encore. (...) Mais est-ce le football qui doit être condamné ou la loi du marché? Les salaires qui leur sont proposés ne sont que le reflet de cette dernière (...) L’argent drainé par le football est sans comparaison par rapport à celui qui circule dans la plupart des autres sports (...) Le football écrase la concurrence. (...) Ce sont les médias, le public et les sponsors qui décident au final qu’il faut investir sur le football, qu’il faut montrer du football parce que cela attire le public. (...)»

Qu’en est-il de l’opium du football en Algérie ?
Pour le sociologue Zoubir Arrous, le foot n’est plus un jeu sportif, mais plutôt un enjeu politique et financier.(..) Ainsi, nous pouvons dire qu’il y a, dans le cas de l’Algérie, un véritable conflit entre le stade et la mosquée. (...) La paix sociale grâce au foot ne dure pas dans le temps. L’après-match ou l’après-foot est la période la plus dangereuse sur le plan social. Le citoyen revient à son état normal et parfois critique. (...) Le foot peut faire l’objet d’un contrat social dans les sociétés qui n’ont pas de crise et qui ne cherchent pas de changement. Le foot est aujourd’hui devenu la nouvelle religion.(6)

En Algérie, l’Ecole ne fait plus rêver. Elle ne joue plus son rôle d’ascenseur social et ne discrimine plus entre «ceux qui jaillissent du néant» et les laborieux et les sans-grade qui cumulent en une carrière ce que perçoit un joueur en une saison. Il est vrai que la contagion du jeu et du mercato a envahi l’Algérie. «Le marché des transferts de joueurs de football écrit M.Gemill, s’est enflammé cette année en Algérie! Les prix exigés par les supposés agents de joueurs et les sommes offertes par les clubs ont doublé, voire triplé. Même si certains n’ont de footballeur que le nom qu’ils portent, loin du professionnel qu’on recherche, ils engrangent des revenus faramineux eu égard aux sommes exorbitantes exigées pour leur transfert. Ces joueurs d’un niveau juste moyen, pouvant inscrire seulement un but pendant toute une saison. Les primes de signature se négocient au minimum à 900 millions de centimes (90.000 euros) pour n’importe quel jeune joueur qui s’est distingué lors du précédent exercice et grimpent jusqu’au milliard et demi de centimes, voire deux (200.000 euros) pour les joueurs confirmés et les rares attaquants.» (7)

Les injonctions du marché

De ce fait, certains parents l’ont bien compris, ils cherchent pour leurs enfants la rampe de lancement la plus juteuse en termes de fortune rapide, ils ne cherchent pas la meilleure école pour leurs enfants, mais le meilleur club pour inscrire leurs enfants, il existe de véritables circuits où il faut être connu pour placer son enfant et le must consiste à suivre l’évolution de son enfant lors des entraînements. C’est un placement sûr qui peut valoir de la devise... On dit que nous allons vers le professionnalisme! Nous n’arrêtons pas de singer et d’appliquer à la lettre les injonctions du «marché». Quelle est la valeur ajoutée pour le pays d’un joueur par rapport à un universitaire besogneux qui doit se réincarner à titre d’exemple, plusieurs fois pour atteindre la prime donnée en une fois à un joueur lors de cette Coupe du Monde ?

Pour revenir à cet opium qui nous met sous influence, on dit que les adversaires de l’Algérie ne sont pas des enfants de choeur, on dit que l’équipe de football a subi un entraînement de Marines. On l’a dit contre l’Angleterre qui a eu toutes les peines du monde et qui s’en sort avec un nul malgré sa réputation avec Rooney. La Slovénie n’est pas en reste, qu’il nous suffise de nous souvenir qu’elle est la digne héritière de la défunte Yougoslavie qui avait une équipe de qualité. Victime d’une épidémie de blessures, l’Algérie se présente diminuée contre la Slovénie. Pour l’attente de ces jeunes en panne d’espérance, je souhaite bon vent à notre équipe et qu’elle aille le plus loin possible.
Pr Chems Eddine Chitour

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

1. Fabien Ollier: «La Coupe du Monde, une aliénation planétaire» Le Monde.fr 10 06 2010
2. Samuel Metairie Quand l’Occident dissimule son colonialisme... Le Grand soir 12 juin 2010
3. Stephane de Satukin: LeMonde.Fr avec AFP 07.06.10
4. Le Canard Républicain Agoravox 10 juin 2010
5. Pascal Boniface http://www.iris-france.org/docs/pdf/200 ... otball.pdf
6. http: //forumdesdemocrates.over-blog.com/article-le-foot-gage-de-paix- 52088209.html
7. M. Gemmill Algérie: Le marché des transferts s’enflamme. La Tribune 5 juillet 2009.



REPORTAGE AUDIO DE RFI
Algérie : Femmes et jeunes filles agacées par le foot et l’engouement qu’il suscite !
Témoignages de femmes (des cadres) qui en ont marre du foot... avec, en fond sonore, un chant à la gloire de l'équipe nationale qui passe en boucle sur toutes les télés, les radios !

http://www.rfi.fr/emission/algerie-femm ... il-suscite
(pour écouter, il faut appuyer sur le casque et attendre qu'une petite fenêtre s'ouvre)
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Lun 21 Juin 2010 18:49

TSA - 21 jun 2010
http://www.tsa-algerie.com/economie-et- ... 11304.html

ArcelorMittal Annaba paralysé par la grève générale des travailleurs

Comme annoncé, le complexe sidérurgique d'ArcelorMittal à Annaba est paralysé ce lundi 21 juin par la grève illimitée lancée par le syndicat d'entreprise. "Le haut fourneau a été arrêté à 5 heures ce matin et toute l'activité de l'entreprise est donc stoppée", a précisé à l'AFP Mohamed Guedha, directeur de la communication du complexe qui emploie 6.200 personnes. La direction "va maintenant engager des procédures en référé pour faire suspendre cette grève", a-t-il ajouté.

Les salariés de la filiale algérienne du géant mondial de l'acier avaient voté le 10 juin en faveur d'un arrêt de travail illimité pour appuyer des revendications salariales. Le syndicat d'entreprise réclame l'application d'un avenant à la convention
de branche signée entre la Fédération des travailleurs de la mécanique, de l'électricité et de l'électronique (FNTMEE) et la Société de gestion des participations de l'Etat Translob, actionnaire à hauteur de 30% dans ArcelorMittal Annaba, selon son secrétaire général Smaïn Kouadria.

Le 15 juin, la direction avait estimé "illégale" cette grève car "toutes les démarches entreprises ne sont pas conformes à la loi et à notre convention collective", affirmait-elle dans un bulletin "infos-usine" spécialement publié avant l'arrêt de travail effectif et adressé à tous les salariés. Elle mettait alors en garde "ceux qui décideraient d'entreprendre une aventure illégale qui mettrait en péril la vie" de l'entreprise.

TSA - 20 jun 2010
http://www.tsa-algerie.com/politique/em ... 11302.html

Emeutes à Annaba: plusieurs blessés et des arrestations

Après une première tentative d’émeutes hier samedi empêchée par les éléments de la brigade anti émeutes, des centaines d'habitants du bidonville de Sidi Salem sont revenus aujourd'hui à la charge. Ils ont repris possession de la voie publique pour protester, selon eux, contre la décision des autorités locales d'implanter leurs futurs logements sur les hauteurs de la commune de El Bouni. Ils revendiquent des logements achevés de la cité implantée en face du pôle universitaire El Bouni, à 5 km de la commune chef lieu de wilaya.

Après avoir dressé des barrages composés d'objets hétéroclites, incendié des pneus et paralysé la circulation automobile sur la RN 44 Annaba- El Tarf, les émeutiers, majoritairement des jeunes, ont lancé des projectiles sur les éléments des forces de l’ordre présents en force, blessant plusieurs d'entre eux. Ces derniers ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène avant de se lancer à la poursuite des émeutiers et procéder à l'arrestation de plusieurs d'entre eux.

Plusieurs femmes et des personnes âgées incommodées par l'inhalation du gaz ont été évacuées sur le centre hospitalier universitaire de Annaba. On dénombre également beaucoup de blessés parmi les émeutiers et les policiers. Selon des sources policières, plusieurs émeutiers ont été interpellés. Parmi eux, certains –dont le nombre n’a pas été précisé- ont été présentés devant le procureur de la république du tribunal de El Hadjar. Ils ont été placés sous mandat de dépôt.
Samir Rahim
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Re: Affrontements en Algérie

Messagede Antigone le Ven 25 Juin 2010 11:51

TSA - 24 jun 2010
http://www.tsa-algerie.com/economie-et- ... 11347.html

Arcelor Mittal: Fin de la grève et démission du secrétaire général du syndicat

C’est la fin de la grève au complexe Arcelor Mittal d'El Hadjar. Réunis jeudi matin en assemblée générale, les travailleurs ont décidé de reprendre le travail après trois jours d’arrêt. Décision motivée notamment par la sentence prise par le tribunal d’El Hadjar proclamant l’illégalité du débrayage.

Déjugé mercredi par l’union de Annaba de l’UGTA, Smail Kouadria, secrétaire général du syndicat du complexe Arcelor Mittal, a présenté sa démission jeudi. Abdelmadjid Sidi Saïd, premier responsable de la centrale syndicale, a donné instruction à l’Union de Annaba d’appeler à la reprise du travail dans “l’intérêt général des travailleurs”.
“Je laisse le soin la direction de l’UGTA de gérer le conflit”, a confié Smail Kouadria. Selon lui, l’augmentation des salaires était sur la voie d’être obtenue.

Un conseil d’administration du complexe a organisé une réunion hier pour discuter du bilan de gestion de 2009. Un bilan marqué, selon des sources informées, par des pertes estimées à plus de 100 millions de dollars en raison de la baisse de la productivité et de la réduction de la demande d'acier dans le monde.
Vincent le Gouïc, directeur général de ArcelorMittal El Hadjar, aurait reçu ordre de sa tutelle pour mettre fin le plus rapidement possible au débrayage, le deuxième en six mois. Une grève qui aurait occasionné des pertes estimées à 6 millions de dollars.
Merouane Mokdad
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Re: Tension sociale en Algérie

Messagede Antigone le Dim 18 Juil 2010 11:48

On en a déjà parlé, mais la situation à Hassi Messaoud est emblématique d'une mutation de la société algérienne.
Une étude reprise dans cet article présente bien la question: des femmes plus instruites qui occupent de plus en plus l'espace public. A Hassi Messaoud, elles étaient 9700 en 2001; elles sont maintenant 28 700, soit la moitié de la population de la ville... alors que dans toute l'Algérie, elles ne sont que 17% à travailler.C'est suffisant pour que les hommes voient leur position dominante menacée.

Cyberpresse. ca - 17 jul 2010
par Laura-Julie Perreault (La Presse)
http://www.cyberpresse.ca/international ... dement.php
Hassi Messaoud: une bombe à retardement

«Poumon économique du pays.» «Coffre-fort de l'Algérie.» Dans les médias du pays, les figures de style pullulent pour parler de l'importance capitale de Hassi Messaoud dans l'économie du pays. Du coup, quand on y atterrit, le choc est double.

Du haut du ciel, on n'aperçoit que les immenses flammes des raffineries de pétrole et les nuages noirs qui s'en dégagent. Le chemin qui sépare l'aéroport du centre-ville est bordé d'immondices: pneus, papiers, sacs de plastique sont enchevêtrés dans le sable durci.
Même si des centaines d'étrangers vivent à Hassi Messaoud - ils y sont plus nombreux que partout ailleurs en Algérie -, on en voit peu dans le centre-ville, qui se résume à un seul boulevard bordé de petites échoppes.

Les travailleurs étrangers, venus notamment du Canada, de la Grande-Bretagne et des États-Unis, vivent dans des quartiers sécurisés qui ressemblent à de petits Clubs Med climatisés.
Rien à voir avec la chaleur torride qui écrase Hassi Messaoud, ses quartiers résidentiels et ses cinq bidonvilles, où vivent les travailleurs algériens et les centaines de chômeurs qui ne trouvent pas de boulot dans les sociétés pétrolières.

Cette infrastructure défaillante s'explique: le gouvernement algérien veut détruire Hassi Messaoud, une ville qui s'est construite accidentellement depuis la découverte du premier puits de pétrole, en 1956, pour la reconstruire ailleurs.

Comme la ville et son aéroport sont assis sur une nappe de pétrole, les autorités disent vouloir prévenir un accident de l'ampleur de celui survenu à Bhopal en 1984, dans lequel des milliers de personnes ont perdu la vie. Depuis 1994, il n'est plus permis de construire à Hassi Messaoud.

Jusqu'au mois dernier, la firme montréalaise SNC-Lavalin devait entreprendre une étude de faisabilité pour le déménagement de la ville, mais le contrat qui devait lui être accordé s'est volatilisé quand le ministre de l'Énergie et des Mines a été remplacé, à la fin du mois de mai. SNC-Lavalin doit maintenant refaire une soumission.

Au début de la semaine dernière, le gouvernement algérien a annoncé que la nouvelle ville serait prête en 2017. Parmi les habitants, cependant, le projet est loin de soulever l'enthousiasme. Des milliers d'entre eux ont construit illégalement des commerces et des habitations depuis 1994. Maintenant, ils ont peur de tout perdre.

«Ils veulent déménager la ville à 80 km d'ici. Comment fera-t-on pour transporter 100 000 personnes tous les matins vers leur lieu de travail? Ça va prendre une heure et demie!» s'indigne Kamel Guerd, ex-élu municipal. Mais est-ce pire que de vivre sur une bombe à retardement? M. Guerd hausse les épaules. «On le fait depuis des décennies.»

http://www.cyberpresse.ca/international ... -femme.php
Leur «crime»: être femme

La ville de Hassi Messaoud, en plein désert algérien, est connue pour trois raisons. D'abord pour le pétrole, qui y coule à flots. Ensuite pour les emplois, qui y sont beaucoup plus nombreux et mieux payés qu'ailleurs au pays. Mais c'est la troisième raison qui retient l'attention ces jours-ci: Hassi Messaoud terrorise les femmes qui veulent y gagner leur vie.

Clac. Clac. Clac. Et encore clac. Clac. Clac.

Lentement, les six serrures cèdent l'une après l'autre. Les deux imposantes portes de métal qu'elles maintenaient fermées, seule entrée d'un bâtiment cerné d'un mur, s'ouvrent en grinçant. De l'autre côté, il n'y a ni secret d'État ni coffre-fort; seulement le modeste appartement de deux jeunes femmes algériennes qui y trouvent refuge après leur journée de travail.

Ici, c'est un des quartiers les plus chic de Hassi Messaoud, ville pétrolière campée au milieu du Sahara et coeur économique de l'Algérie, qui en tire la majeure partie de son produit intérieur brut. Avant d'entrer chez elles, Nadia* et Samia* regardent une dernière fois par-dessus leur épaule. «Depuis 2001, il faut avoir des yeux dans le dos à Hassi Messaoud», explique Nadia, secrétaire dans une société pétrolière.

Dans la tête des quelque 60 000 habitants d'Hassi Messaoud, l'année 2001 est marquée d'une pierre blanche. Cette année-là, dans la nuit du 13 juillet, plusieurs dizaines d'hommes armés de couteaux et de bâtons s'en sont pris à 105 femmes.

La nuit de la bête

Dans Bouamama, l'un des quartiers les plus malfamés de l'endroit, que ses habitants appellent El-Haïcha (ce qui peut se traduire par «la bête»), vol, viol et lynchage ont été les trois mots d'ordre d'une nuit de violence inouïe.

Accroupi à l'ombre d'un mur pour se protéger du soleil ardent qui fait d'El-Haïcha une fournaise - il y fait 45° à l'ombre -, un jeune chômeur de 27 ans qui dit s'appeler Djelloul raconte cette nuit d'enfer: «J'y étais, mais je ne suis pas assez fou pour vous dire si j'y ai pris part. Ce jour-là, l'imam du coin a demandé aux musulmans de débarrasser le quartier de sa "pourriture". Après le prêche, les hommes âgés sont allés parler aux femmes de moeurs légères qui nous ont volé 50% des emplois. Au début, c'était pacifique, mais des plus jeunes s'en sont mêlés et ça a dégénéré», raconte le jeune homme. «On avait averti les femmes, mais elles n'ont pas eu peur», ajoute son ami en haussant les épaules.

Le calvaire des victimes

Les femmes attaquées, toutes divorcées ou célibataires, vivaient seules ou avec d'autres femmes. Originaires de villes du Nord, de l'Est et de l'Ouest, elles étaient pour la plupart femmes de ménage, buandières ou cuisinières. «Notre crime, c'était de vivre seules, sans homme, à Hassi Messaoud et d'y gagner notre vie à la sueur de notre front», dit Rahmouna Salah, l'une des victimes de cette nuit d'horreur. La Presse l'a jointe par téléphone à Oran, où elle est retournée vivre après avoir été tabassée, poignardée et recouverte d'un linceul, cette fameuse nuit du 13 juillet à Hassi Messaoud.

Dans Laissées pour mortes, un livre publié au printemps, Rahmouna Salah, aujourd'hui âgée de 43 ans, raconte en détail la nuit du 13 juillet. Neuf ans après les événements, elle est l'une des deux seules à parler ouvertement du calvaire qu'elle a enduré. Qualifiées de «prostituées» dans les premiers articles qui ont été écrits sur elles, la plupart des victimes de 2001 ont préféré se faire oublier, craignant de déshonorer leur famille si elles s'affichaient en public.

Aujourd'hui, Mme Salah continue de s'inquiéter du sort de milliers de femmes qui, comme elle, ont fait le choix de s'établir à Hassi Messaoud pour gagner leur vie. À la suite du combat judiciaire qu'elle a mené pendant cinq ans avec une autre victime pour obtenir justice, seulement huit hommes ont été emprisonnés. La peine la plus sévère a été de huit ans de détention. «Si les gens ne sont pas punis, vous savez ce qu'ils font? Ils recommencent», prévient Rahmouna Salah.

Le retour de la peur

Elle n'est pas la seule à craindre que l'horreur se répète à Hassi Messaoud. Une série d'incidents, au printemps, ont mis sur le qui-vive celles qui y vivent, raconte Samira*, qui travaille comme femme de ménage pour une firme étrangère.

Sa soeur, raconte la trentenaire, a été victime d'un cambriolage perpétré par un groupe de six hommes cagoulés. Après l'avoir menacée, les malfaiteurs ont pris tous ses biens de valeur. Ils ont ensuite sévi chez sa voisine. «Ma soeur a quitté Hassi Messaoud le lendemain et ne veut plus revenir», note Samira en couvrant ses cheveux d'un léger voile crème.
Le journal El-Watan a signalé des histoires semblables en avril.

À Alger, une myriade d'organisations féministes et de défense des droits fondamentaux ont formé une coalition pour demander au gouvernement d'enquêter sur ces crimes qui prennent comme cibles des femmes vivant seules. «Ces femmes devraient pouvoir travailler en toute sécurité», martèle la porte-parole de la coalition, Chérifa Bouatta.

N'appréciant pas que la réputation de leur ville soit attaquée, des notables de Hassi Messaoud se sont eux aussi regroupés pour contrecarrer le travail des féministes. «Les événements de 2001 ont été exagérés, et en 2010, il ne s'est rien passé», a dit à La Presse la syndicaliste Fadela Khalfa.
Elle cache difficilement son mépris pour celles qui appellent à l'aide. «Si ces femmes, qui se disent victimes, veulent se faire respecter, qu'elles arrêtent de fumer dans la rue et de recevoir leurs copains. L'Algérie, c'est une société musulmane qui a ses limites», tonne-t-elle.

De leur côté, les autorités tardent à réagir. La police affirme que des enquêteurs ont été dépêchés à Hassi Messaoud dans les derniers mois, mais le fruit de leur travail n'est toujours pas rendu public.

Désert de femmes

Pendant ce temps, à Hassi Messaoud, la peur règne. «On a l'impression de vivre dans une prison», note Farida*, originaire du nord du pays. «On ne peut pas se promener dans la rue. On passe de la maison au boulot et on retourne à la maison juste après. Pas question d'être dans la rue après 19h», explique la jeune femme, qui porte un jean moulant et un t-shirt décolleté.

Un petit tour au centre-ville d'Hassi Messaoud après 20h permet de confirmer ses dires. Alors que des dizaines d'hommes se massent sur les trottoirs pour regarder un match de la Coupe du monde, il n'y a pas une seule femme à la ronde. Dans les cafés et les bars? Impensable!

Il est d'ailleurs difficile de trouver un endroit où interviewer celles qui ont accepté de témoigner. Il reste quelques pizzerias et de rares salons de thé. Mais il n'y a là aucune intimité. Pendant l'entrevue avec Samira et Farida, une dizaine d'hommes prêtaient ouvertement l'oreille.
Quand elles ont vu des policiers armés débarquer dans le salon de thé, Samira et Farida se sont brusquement levées. Toutes deux craignaient des représailles après nous avoir accordé une entrevue.
«Tout ce qu'on veut, c'est vivre ici en paix, travailler et se promener dans la rue sans se faire agresser ou traiter de pute. Avant 2001, on pouvait. Hassi Messaoud, c'était mieux que dans notre village natal», s'indigne Farida.

Le climat de violence qui flotte sur Hassi Messaoud depuis 2001 n'a qu'un but, croit-elle: faire partir les femmes qui travaillent.
Cependant, les statistiques révèlent que même le lynchage d'il y a neuf ans n'a pas ralenti la migration des travailleuses: elles étaient 9700 en 2001; elles sont maintenant 28 700, soit la moitié de la population de la ville.

Ligne de front de l'émancipation

Cette situation est exceptionnelle en Algérie, où les femmes constituent à peine 17% de la main-d'oeuvre. «Hassi Messaoud est un phénomène nouveau, mais c'est la pointe la plus avancée de la lutte pour l'indépendance économique des femmes», croit l'historien Daho Djerbal.

Longtemps confinées au foyer familial, les femmes algériennes, rappelle-t-il, ont commencé à apparaître dans l'espace public seulement après le départ des Français, dans les années 60. «C'est venu avec la scolarisation des filles, dans les années 70. Aller à l'école a permis aux filles de sortir de l'espace privé», explique celui qui est aussi rédacteur en chef d'une revue intellectuelle, Naqd (Critique), dont il a consacré un numéro entier aux violences de Hassi Messaoud.

Si, aujourd'hui, les filles sont plus nombreuses que les garçons à décrocher leur baccalauréat, la présence des femmes sur le marché du travail est encore marginale. La rue, note l'historien, appartient toujours aux hommes. Les femmes qui s'y aventurent s'exposent à un flot de commentaires.

Dans un tel contexte, explique M. Djerbal, les femmes de Hassi Messaoud dérangent. Salariées, autonomes, sans la tutelle d'un mari ou d'un père, elles défient par leur seule présence les rôles traditionnels non seulement en Algérie, mais aussi dans beaucoup de pays du grand croissant musulman et du monde en développement.
«Des agressions, nous risquons d'en voir encore beaucoup. Et pas seulement à Hassi Messaoud», conclut-il.

* Des noms fictifs ont été utilisés pour protéger les travailleuses de Hassi Messaoud qui ont accepté de témoigner. Elles craignaient des représailles de leur employeur ou d'habitants de la ville­.
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Re: Tension sociale en Algérie

Messagede Antigone le Dim 22 Aoû 2010 09:45

°
Pour avoir brulé un drapeau.
TSA - 16 aot 2010
http://www.tsa-algerie.com/divers/proce ... 11880.html

Drapeau brulé
Procès en appel des émeutiers de Sidi Salem: les forces de l’ordre mises en cause

Le verdict du procès en appel des 33 émeutiers de Sidi Salem (Annaba) a été rendu, dimanche 15 août, quelques minutes avant la rupture du jeûne par le tribunal correctionnel de Annaba, a-t-on appris de source judiciaire.
Seize accusés ont été acquittés et seize autres condamnés à des peines allant de six mois à deux ans de prison ferme. Un 33e accusé a été condamné à quatre ans de prison ferme, la plus lourde peine de ce procès en appel. Cet accusé a en effet la particularité d'être un policier habitant le bidonville SAS. Il a été arrêté alors qu’il participait aux émeutes en compagnie des jeunes de son quartier.

Le tribunal a retenu à l’encontre des accusés condamnés en appel l’atteinte aux symboles de la République, destruction de biens publics et privés, outrage à corps constitué et troubles à l’ordre public.
Dans sa lecture du verdict, le président du tribunal a pris acte des éléments qui lui ont été remis dans le cadre du complément d’ information qu’il avait demandé le 2 août, lors de l’audience en appel. Ces éléments imputent notamment aux forces de l’ordre une exagération des faits et l'arrestation de personnes n'ayant pas pris part aux émeutes, s'étant retrouvées accidentellement sur les lieux des affrontements. Comme il a pris acte des plaidoiries d'un grand nombre d'avocats de la défense qui ont réclamé la relaxe de leurs mandants pour absence de preuves matérielles.

Les 33 accusés avaient été interpellés durant les émeutes du 19 juin 2010. Provoquées pour un problème de logements non résolu depuis des années, ces émeutes avaient duré 3 jours dans le bidonville SAS hérité de la période coloniale à Sidi Salem. Les 33 accusés ont été condamnés en première instance à des peines de 2 à 8 ans de prison ferme.


Pour avoir bu de l'eau.
TSA - 18 aot 2010
http://www.tsa-algerie.com/divers/le-pr ... 11906.html

Tizi Ouzou: Le procès de non-jeûneurs reporté après un sit-in de la population devant le tribunal
par Sonia Lyes

Deux non-jeuneurs ont été arrêtés vendredi dernier par la police à Ain El Hammam, à 40 kilomètres à l’est de Tizi Ouzou. Leur procès qui devait se tenir aujourd’hui à 10 heures a été reporté après une mobilisation de la population locale. Cette dernière, indignée, a observé un sit-in devant le tribunal. Dans cette affaire, les deux mis en cause sont des ouvriers exerçant dans un chantier de bâtiment. Ils ont été surpris en train de boire de l’eau par des policiers qui ont immédiatement procédé à leur arrestation.

On ignore les circonstances dans lesquelles ces deux ouvriers ont été appréhendés. Mais on sait que dans certains pays du Golfe, des fatwas ont autorisé les ouvriers travaillant dans des conditions difficiles à ne pas observer le jeûne. On sait aussi que la religion musulmane ne prévoit pas une peine de prison pour un non-jeuneur. Ce dernier, pour chaque journée de ramadhan non observée volontairement, doit seulement jeûner 60 jours.

Mais cette affaire, au-delà du débat sur la liberté de ne pas observer le jeûne en Algérie, pose un autre problème: la différence de traitement des algériens, selon leurs moyens et leur classe sociale. Tout le monde le sait: à Alger, durant le ramadhan, les restaurants des grands hôtels servent des repas aux algériens au même titre que les étrangers, sans aucune restriction. Pour les résidants, le service à l’étage est assuré à tout moment de la journée, alcool compris.

Dans des pays voisins comme le Maroc et la Tunisie, les serveurs prennent la peine de demander si le client est bien étranger de religion non-musulmane. Dans les grands hôtels d’Alger – y compris celui du Saint-Georges (public)-, les serveurs ne prennent même pas cette précaution. Pire : durant le ramadhan, le prix du repas de l’Iftar est quasi-inaccessible dans ces établissements alors que les tarifs des alcools restent inchangés.
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Re: Tension sociale en Algérie

Messagede Antigone le Dim 5 Sep 2010 12:55

Liberté, rapporté par Algérie dz - 04 sep 2010
http://www.algerie-dz.com/forums/archiv ... 80043.html

L’inquisition contre les non-jeûneurs continue:
Dix personnes dont un restaurateur arrêtées près de Béjaïa

par Djilali Benyoub

Pendant le Ramadhan, cette tendance s’exacerbe avec les dénonciations et les interventions parfois “intempestives” de la police dont l’action s’appuie principalement sur l’article 144 bis 2 du code pénal.

Un restaurateur et neuf autres personnes ont été arrêtés mardi dernier dans la ville d’Ouzellaguen, dans la wilaya de Béjaïa, pour ne pas avoir observé le jeûne. La police a procédé à l’interpellation des 10 personnes alors qu’elles se trouvaient dans un fast-food fermé, établi au 2e étage d’un immeuble situé à côté de la place du Marché jouxtant la RN26. Selon les services de la police d’Ouzellaguen, cette irruption a fait suite à des renseignements faisant état de l’existence d’un restaurant qui travaille à porte fermée et où l’on sert des repas en plein jour durant le Ramadhan.
“Pris en flagrant délit”, selon la police, le propriétaire de cet établissement s’affairait à servir ses clients; ces derniers ont tenté de s’échapper. Les plus habiles ont atteint le toit mais les policiers avaient bouclé toutes les issues. Ils seront sommés de descendre avant d’être arrêtés.
Présenté au parquet, le propriétaire du fast-food a été mis sous mandat de dépôt, tandis que les neuf non-jeûneurs seront cités à comparaître devant la justice, a-t-on appris de même source. “L’article 144 bis 2 du code de dogme sera appliqué sur les dix individus”, selon les services de sécurité d’Ouzellaguen. Le grief retenu contre ces derniers dans cette affaire est “dénigrement et non-respect des préceptes de l’islam”.

Depuis quelques années, la montée du salafisme aidant, le code pénal est intimement accolé au mois sacré du Ramadhan en ce sens qu’il est régulièrement invoqué en soutien juridique au comportement inquisiteur de certains zélés qui ne tolèrent aucune différence “confessionnelle”. Pendant le Ramadhan, cette tendance s’exacerbe avec les dénonciations et les interventions parfois “intempestives” de la police dont l’action s’appuie principalement sur l’article 144 bis 2 du code pénal qui condamne quiconque offense le Prophète et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’Islam que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre à une peine d’emprisonnement de 3 ans à 5 ans et à une amende de 50 000 à 100 000 DA.
C’est sur cette base que des policiers sont intervenus dans un chantier à Aïn El-Hammam pour arrêter deux ouvriers en train de boire de l’eau, ou cette “opération” menée hier dans un petit restaurant à Ouzellaguen où des repas étaient servis dans la journée. Les policiers sont intervenus après enquête suite à des dénonciations. Selon des informations, le restaurant travaillait, mais discrètement en gardant la porte fermée. Détail qui enlève le caractère ostentatoire ou public de l’acte des non-jeûneurs qui est précisé dans l’article du code pénal en question. Car, en réalité, les policiers sont intervenus non pas en raison d’atteinte à l’ordre public ou à la morale, mais pour débusquer des “mécréants”, selon la formule des salafistes, dans des endroits privés ou clos.

La réaction immédiate des services de police dans ces cas, comme fut le cas l’année dernière, à la même période, à Biskra, renseigne sur le glissement dangereux vers la généralisation de l’intolérance même si les cas rapportés demeurent limités à certaines localités. D’où le risque de l’élargissement du phénomène à tout le pays et le retour, inéluctable alors, aux prémices de la décennie noire.
Autre paradoxe : si le non-jeûneur même en cachette est passible certainement des peines de l’article 144 bis 2, puisque les poursuites sont automatiques et engagées d’office par le ministère public, pourquoi “tolérer” des restaurants à Alger et dans les grandes villes ? Pourquoi s’échiner à vanter une image touristique de l’Algérie qui dans les faits ne tolère pas, surtout pas pendant le Ramadhan, les autres confessions ? Un double comportement contradictoire des autorités qui par une sorte d’insidieuse démission laisse le terrain de la confrontation entre les mains des salafistes qui s’appuient sur la police et une population qui n’incarne ni une menace ni un danger tant elle se place aux avant-postes du combat contre le terrorisme qui continue de sévir.

Que faire ? Comme cette population de Aïn El-Hammam, faire des rassemblements devant les tribunaux le jour du procès pour rappeler aux autorités le principe du respect de la liberté du culte consacré dans la Constitution et leur devoir de le protéger ! Cette même population qui a fait preuve d’une rare mobilisation lorsqu’il s’agit de lutte contre les groupes armés.
Le plus surprenant est cette attitude laxiste et permissive des autorités devant ces dérives porteuses de risques certains d’escalades. Car ce procédé inquisitoire qui implique la police tend à inverser l’axe des facteurs de risque et à ouvrir la voie, par ce silence coupable des autorités, devant les nostalgiques du Fis dissous et de ses violentes campagnes de moralisation.
Avec ces cas de dénonciation de non-observation du jeûne, les interventions automatiques de la police, c’est l’islamisme radical qu’on croyait vaincu qui revient avec la bénédiction de certains responsables politiques dont la conception de la réconciliation nationale semble s’accoupler naturellement avec la mansuétude vis-à-vis des islamistes. Ces derniers, fort de cette complaisance, continuent de grignoter horizontalement et verticalement dans la société, patiemment pour arriver à terme à envahir tous les rouages de l’état et s’imposer.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
TSA - 04 sep 2010
http://www.tsa-algerie.com/divers/douze ... 12082.html

Douze non-jeuneurs jugés lundi à Béjaïa

Douze personnes, dont le propriétaire du restaurant, arrêtées mardi dernier par la police dans la ville d’Ouzellaguen, à 60 km de Béjaïa, pour ne pas avoir observé le jeûne seront jugées, lundi 6 septembre, par le tribunal d’Akbou dans la même wilaya, a appris TSA de source sûre. Ils sont poursuivis pour « dénigrement et non respect des préceptes de l’islam.»

Les douze mis en cause, tous des hommes, ont été interpellés mardi dans la journée lors d’une descente de la police d’Ouzellaguen dans un fast-food au 2e étage d’un immeuble commercial situé à proximité du marché d’Ouzellaguen. Présentés devant le juge, le propriétaire du restaurant a été placé sous mandat de dépôt alors que les autres personnes interpellées ont été citées à comparaître devant la justice.

Selon une source judiciaire, la décision de placer le propriétaire en détention a été motivée par des raisons liées notamment à l’ordre public. Le restaurant servait à ses clients des brochettes de viande dont l’odeur arrivait jusqu’aux passants dans la rue.

Après le cas des deux ouvriers du bâtiment interpellés à Aïn El Hammam dont le procès a été reporté après une mobilisation de la population [lire le post précédent, ndlr], cette nouvelle affaire va relancer le débat sur la liberté d’observer le jeûne en Algérie à quelques jours de la fin du mois sacré.
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