El Chourouk - 10 mar 2010
La matraque pour empêcher les praticiens d’approcher le siège de la présidenceUsant de matraques, les forces de l’ordre ont empêché hier les médecins de se rassembler ou même d’approcher le siège de la présidence de la république. Les praticiens contestataires ont du se rabattre sur la rue secondaire Ali Haddad qui débouche sur l’artère principale de la présidence. Certains d’entre eux ont reçu des coups sur la tête et le dos, en tentant de résister aux éléments de la sûreté, d’autres ont pris des coups de matraque, mais ont quand même refusé de faire machine arrière.
Les praticiens ont réussi à semer les forces de l’ordre en rangeant leurs blouses dans leurs valises, et ont pu atteindre le palais d’El Mouradia. A 11 heures, heure prévue pour le rassemblement, les forces de sécurité ont été surprises par un groupe de citoyens, en train de revêtir des blouses blanches, dans les rues Ali Haddad et Frères Kacem, faisant face au siège de la présidence.
Le rassemblement des praticiens et des praticiens spécialistes de la santé publique s’est alors transformé en rassemblement de toutes les forces de l’ordre, avec leurs différents corps, en tenue et en civil, la garde républicaine, la gendarmerie et la police judiciaire, à un point tel que le nombre des éléments de la sécurité dépassait de loin celui des médecins venus prendre part au sit-in.
Vers 11h30, de violents heurts ont éclaté entre les deux parties, lorsque les forces de sécurité ont défini un périmètre de sécurité, bloqué la route, et ont entrepris de repousser les médecins qui avançaient à partir de la rue Haddad, en utilisant des barrières métallique, ce qui a provoqué une bousculade, des médecins étaient à terre, certains ont reçu des coups de matraque en tentant de résister aux éléments des brigades antiémeutes.
Les médecins scandaient des slogans, appelant le président de la république à les recevoir, criant : «Après Zidane, c’est à notre tour d’être reçus», «Nous sommes des médecins et non des terroristes».
L’édifice d’El Mouradia était cerné, y compris par des véhicules des forces de sécurité et ceux des brigades antiémeutes.
Les officiers de la police judiciaire ont par ailleurs empêché les journalistes et photographes de couvrir le rassemblement. Les journalistes ont subi des pressions, des dépassements ont été enregistrés à leur encontre, et certains ont même été menacés d’être embarqués s’ils n’évacuaient pas les lieux sur le champ.
Après une heure de confrontations entre les praticiens et les forces antiémeutes, et d’échange verbal virulent entre la police et les journalistes, la présidence de la république a accepté de recevoir des représentants des médecins. Les présidents des deux syndicats nationaux des praticiens et des praticiens spécialistes, ont été invités à la présidence où ils ont été reçus par le chargé des relations publiques qui a promis de prendre en charge dans les tout prochains jours, leurs revendications, y compris sur le statut et le régime indemnitaire. Après la sortie des présidents de syndicats du bâtiment de la présidence, les médecins se sont dispersés en chantant l’hymne national. Ils comptent toutefois poursuivre leur mouvement de grève en attendant d’avoir du concret.
Djamila Belkacem/Zineb A
TSA - 08 mar 2010
La police évacue les journalistes grévistes de la radio El Bahdja Une première dans les annales de la Radio nationale. Les journalistes payés au cachet de Radio El Bahdja, de Radio culturelle et Radio Coran ont décidé de poursuivre leur mouvement de grève malgré les pressions de la direction générale de la radio. Lundi matin, un rassemblement de solidarité a été organisé à côté de Radio El Bahdja, à Alger centre, en présence de syndicalistes, de militants associatifs et de journalistes.
“Nous sommes traités comme des esclaves. Nous sommes obligés d’être présents toute la journée pour être payé à la pige. Nous n’avons signé aucun contrat avec la radio. Nous avons été retenus sur la base d’une simple fiche de renseignements. Et puis, nous ne sommes pas assurés”, a déclaré un représentant des contestataires. Il a dénoncé l’attitude du wali d’Alger qui a réquisitionné la police pour évacuer les bureaux de Radio El Bahdja. “C’est scandaleux. Ils nous ont chassé de notre lieu de travail alors que nous passons plus de temps à la radio que chez nous”, a-t-il ajouté.
Il s’est élévé contre la réaction de la direction générale de l’Entreprise Nationale de Radiodiffusion Sonore (ENRS) qui a qualifié d’illégale l’action des journalistes grévistes. La Fédération nationale des journalistes algériens (FNJA), affiliée à l’UGTA, a apporté son soutien à la démarche des protestataires. “C’est une action qui concerne tous les journalistes algériens, sous payés et mal traités dans certains médias. Nous vous soutenons”, a déclaré Abdelnour Boukhekhem à l’adresse des journalistes de la radio.
Les journalistes recrutés de la radio ne sont pas mieux lotis dans la mesure où le salaire d’un journaliste, expérimenté ou pas, ne dépasse pas les 35.000 dinars par mois. Les conditions de travail sont qualifiées d’insoutenables par le personnel rédactionnel des radios. Le manque de moyen et l’omniprésence de l’administration compliquent le travail quotidien des reporters. Selon les responsables de la FNJA, Azzeddine Mihoubi, secrétaire d’Etat en charge de la Communication, a téléphoné à tous les rédacteurs en chef des divers journaux pour ne pas publier les compte-rendus relatifs au mouvement de protestation à la radio.
Dans un courrier adressé à la direction de l’ENRS en février dernier, ces journalistes avaient dénoncé la précarité de leur situation. « Notre statut de cachetier ne nous permet pas non plus de bénéficier des mêmes droits que l’ensemble du personnel de la radio algérienne. A savoir la formation, le congé, les prêts bancaires, l’accès au logement, et en un mot notre statut est des plus précaire. Un statut que nous jugeons non conforme à la législation du travail et au nouveau code régissant les relations de travail au sein des entreprises de presse ».
Près de 900 cachetiers travaillent dans les diverses radios de proximité d’Alger. Quarante journalistes des Radio El Bahdja, Radio Coran et Radio culturelle ont entamé, dimanche 7 mars, une grève de la faim illimitée pour protester contre leur situation salariale.
La Fédération nationale des journalistes algériens (FNJA) a appelé à un rassemblement national le samedi 13 mars à 11h30 devant le siège de radio El Bahdja
Merouane Mokdad/ Sonia Lyes