Vénézuela

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Messagede worldpeace le Mar 1 Sep 2009 21:52

Michel Collon explique selon son point de vue ce qu'il se passe dans le monde et au Vénézuela. D'après lui, la résistance de Chavez à l'empire américain est historique.

http://anonymouse.org/cgi-bin/anon-www.cgi/http://www.dailymotion.com/video/x9ee42_michel-collon-les-7-peches-de-chave_news
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede Antigone le Mer 2 Sep 2009 14:20

Une révolution au Vénézuéla ??
Je joins cet article du Monde de 2007 qui dépeint le régime de Chavez comme l'un des plus corrompus d'Amérique latine. Depuis, la dictature populiste n'a fait que se donner les moyens constitutionnels de se péréniser en régime personnel soutenu par une caste d'affairistes et de fonctionnaires du backchich.

Article paru dans Le Monde, édition du 02 janvier 2007

AU VENEZUELA, VIVA LA CORRUPCION !


Avant l'heure du "check-out", les hôtes se pressent à la réception de l'Hôtel Caracas Hilton, quartier général des sympathisants du président Hugo Chavez. L'employé, Sergio, compte des liasses de billets tellement grosses qu'elles tiennent à peine dans une main. Des invités viennent de payer leur note en cash.

Au Venezuela, beaucoup d'argent circule ainsi, en liquide. De nombreux bénéficiaires des programmes sociaux créés par le président Chavez reçoivent leurs subsides en argent frais. Depuis que le prix du baril de brut s'est envolé, le chef de l'Etat lui-même n'a-t-il pas pris l'habitude de voyager à l'étranger avec ses valises de pétrodollars ?

A Caracas, l'économie informelle ne désigne plus seulement les occupations précaires qui permettent à la moitié de la population active d'échapper au chômage. Depuis quatre ans, M. Chavez a multiplié les budgets parallèles qui "siphonnent" une bonne partie des revenus de l'entreprise publique Petroleos de Venezuela (PDVSA) et des réserves de la Banque centrale.

Ainsi, "le Fonden Fonds de développement national est un objet financier non identifié, un OFNI, une grosse tirelire dont l'usage dépend exclusivement du président de la République et du ministre des finances", note un diplomate en poste à Caracas. Alors que le budget de l'Etat s'élève à 60 milliards de dollars, le Fonden et autres fonds similaires disposent de 22 milliards de dollars, confirme le ministre des finances, Nelson Merentes.

"Le Fonden n'a pas de règles connues ni l'obligation de publier ses entrées et ses dépenses, souligne l'économiste Fernando Vivancos. Cela éveille les soupçons de corruption." Cet avis est partagé par des partisans de M. Chavez. "Un organisme comme le Fonden stimule la corruption", convient Eleazar Diaz Rangel, directeur du quotidien Ultimas Noticias, dont les éditoriaux soutiennent le président de la République.

Depuis l'arrivée de M. Chavez au pouvoir, les statistiques officielles et les comptes publics sont dans le brouillard, tandis que les indicateurs de corruption explosent. "Le Venezuela se trouvait parmi les pays les plus corrompus d'Amérique latine, au même titre que le Paraguay, le Nicaragua ou le Panama, rappelle Mercedes de Freitas, directrice de l'organisation non gouvernementale Transparencia Venezuela. Désormais, le baromètre de la corruption de Transparency International le situe au sommet du classement régional, juste après Haïti."

"La corruption atteint des niveaux sans précédent", renchérit l'ancien parlementaire Felipe Mujica, dirigeant du Mouvement pour le socialisme (MAS, social-démocrate), qui appuya la première élection de M. Chavez, en 1998. "L'affairisme généralisé et l'enrichissement des fonctionnaires a suscité une nouvelle élite chaviste, ajoute-t-il. La corruption découle de la façon de gouverner de Chavez. L'exécution du budget et l'administration ne sont plus contrôlées. Il dispose de manière discrétionnaire des ressources de PDVSA, dont il a fait sa caisse noire. Les réserves de la Banque centrale ont été arbitrairement plafonnées à 30 milliards de dollars, l'excédent de 7 à 10 milliards de dollars étant mis à la disposition du président de la République."

La dépense publique bat des records. "Les lois du marché sont déterminées par la présidence de la République, ironise Argenis Martinez, vice-président du quotidien El Nacional, fleuron de la presse vénézuélienne. Ici, toutes les fortunes ont leur source dans la rente pétrolière. Les nouveaux riches sont en train de racheter les somptueuses résidences du Country Club. Les importations de voitures BMW et d'autres produits de luxe s'envolent."

Cela ne date pas d'aujourd'hui. "La corruption était un mal endémique avant Chavez, reconnaît le social-démocrate Teodoro Petkoff, ancien guérillero et ex-ministre, directeur du quotidien d'opposition Tal Cual. Le Venezuela est un pétro-Etat, à l'image du Nigeria ou de l'Arabie saoudite. Mais Chavez a doublé le nombre de ministères, qui se superposent souvent, et multiplié les organismes publics, hors de tout contrôle. Le budget des programmes sociaux est opaque et leur usage est clientéliste."

La corruption touche tous les échelons de l'Etat et tous les secteurs de la société. Obtenir un passeport ou une carte d'identité en 24 heures, au lieu de patienter, coûte 600 000 bolivars (240 euros). Les commissions et les dessous-de-table, que les Vénézuéliens appellent pudiquement "sobreprecio" (surcoût), sont montés à 30 %. Un pourcentage confirmé par des hommes d'affaires, que le président de l'organisation patronale Fedecamaras, José Luis Betancourt, "ne peut pas nier". "L'absence d'indépendance de la justice et l'impunité constituent un terrain fertile pour l'augmentation de la corruption", précise-t-il.

"La corruption n'est pas un trait congénital des Vénézuéliens, plaide Mercedes de Freitas, à l'antenne de Transparency International à Caracas. Le problème est la faiblesse des institutions. Nous coopérons en matière de prévention avec des municipalités de toutes tendances politiques, mais au-delà les portes sont fermées. A peine 15 % des contrats publics sont officiellement enregistrés. Parmi eux, 95 % se font sans appel d'offres, sous prétexte d'urgence. Les possibilités de concussion sont démultipliées."

La dérive touche de plein fouet le géant pétrolier PDVSA. Pour la première fois depuis la nationalisation du pétrole en 1976, l'entreprise publique ne publie plus ses résultats ni ses bulletins mensuels, trimestriels et annuels. Le ministre de l'énergie, Rafael Ramirez, un "chaviste" exalté, cumule désormais le titre de PDG de PDVSA, qui a perdu ainsi toute autonomie.

Selon la Banque centrale, les transferts d'argent que PDVSA a déclaré lui avoir versés en 2004 et 2005 ne correspondent pas aux sommes qu'elle a effectivement perçues. La différence se monte à plusieurs milliards de dollars. A Caracas, on désigne cela d'un autre terme pudique : "évaporation". En outre, PDVSA recourt souvent, pour l'export, à des intermédiaires, qui touchent des commissions fabuleuses. L'absence de précisions sur la destination des exportations permet de tricher sur le coût du transport. Ancien directeur de planification de PDVSA, Luis Pacheco appelle tout cela "une fête avec la lumière éteinte et la musique à plein volume".

Le contrôle des changes est une source de manipulations financières. "Avec un dollar officiel à 2 150 bolivars, alors qu'il s'échange au marché noir à 3 400, il est impossible d'éviter la corruption, assure Pedro Palma, ancien président de la Chambre de commerce américano-vénézuélienne. La tentation est irrésistible, des fortunes voient le jour." Du côté gouvernemental, les réponses varient. "La corruption continue d'exister", admet le ministre des finances Merentes, qui invoque néanmoins le contrôle parlementaire et la contraloria (audit de l'Etat). "La corruption remonte à Christophe Colomb", répond le vice-président José Vicente Rangel, principal collaborateur de M. Chavez. "La corruption n'a jamais été aussi réduite qu'aujourd'hui", jure-t-il.

M. Rangel conteste les pourcentages avancés de 95 % de contrats sans appels d'offres ou de 30 % de "sobreprecio". Il y voit des "feux d'artifice des opposants", qui seraient eux-mêmes compromis dans des malversations. "Comment le candidat présidentiel de l'opposition, Manuel Rosales, gouverneur de l'Etat du Zulia, ancien instituteur, s'est-il enrichi ?, demande-t-il. Pourquoi ne parle-t-on pas de la corruption du secteur privé ? Il y a beaucoup d'hypocrisie dans les dénonciations irresponsables de la presse."

Le gouvernement Chavez a toujours eu des relations tendues avec les médias. Selon le code pénal, "porter atteinte à la réputation des fonctionnaires" est passible de trois ans de prison. En mars 2006, la journaliste Ibeyise Pacheco a été condamnée à neuf mois de détention pour diffamation à l'égard d'un colonel. En revanche, on attend toujours une condamnation pour corruption depuis que M. Chavez s'est fait élire sur la promesse de combattre ce fléau.

Paulo A. Paranagua
Dernière édition par Antigone le Mar 15 Sep 2009 16:54, édité 1 fois.
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede worldpeace le Mer 2 Sep 2009 18:07

La corruption était un mal endémique avant Chavez, reconnaît le social-démocrate Teodoro Petkoff, ancien guérillero et ex-ministre, directeur du quotidien d'opposition Tal Cual. Le Venezuela est un pétro-Etat, à l'image du Nigeria ou de l'Arabie saoudite. Mais Chavez a doublé le nombre de ministères, qui se superposent souvent, et multiplié les organismes publics, hors de tout contrôle. Le budget des programmes sociaux est opaque et leur usage est clientéliste.


Le problème, c'est surtout que Chavez a exproprié des multinationales comme Exxon, ce qui bouleverse le monde du business, et utilise les bénéfices à la place pour le peuple.

Fri Feb 8, 2008 12:12am GMT
CARACAS (Reuters) - Exxon Mobil's move to freeze billions of dollars of Venezuelan oil assets around the globe adds new complications to President Hugo Chavez's crusade toward socialism, which is already facing growing obstacles.


12/02/2008

Alors que Total a officiellement accepté les conditions imposées par le Vénézuela pour l'exploitation du grand projet de l'Orénoque, ExxonMobil refuse de voir nationaliser ses actifs, et s'engage dans un bras de fer judiciaire avec le Vénézuela. La tension est montée d'un cran ce week-end.

Vendredi, Total acceptait officiellement de recevoir de l'Etat vénézuelien 834 millions de dollars, sous forme de pétrole, en compensation de la cession d'une partie de ses actifs au profit de la compagnie nationale, PDVSA. Le Vénézuela, via PDVSA, est ainsi devenu majoritaire dans le vaste projet Sincor, dans l'Orénoque.

La participation de PDVSA est ainsi passée de 38 à 60%, alors que celle de Total descendait de 47 à 30,3%, tout en perdant 5 ans de droit d'exploitation.

Un accord imposé par le président Hugo Chavez à tout groupe pétrolier étranger présent au Vénézuela. Si Total, Statoil, Chevron ou BP ont accepté de laisser la main à l'Etat vénézuelien, d'autres groupes comme ExxonMobil et ConocoPhillips ont refusé tout compromis et se sont vus contraints de quitter le pays.

C'est désormais devant les tribunaux internationaux que ceux-ci entendent se battre. Jeudi , ExxonMobil a annoncé avoir obtenu le gel de 12 milliards d'actifs de la société PDVSA à l'étranger, auprès des tribunaux de Grande-Bretagne et des Pays-Bas, et 300 millions de dollars par un tribunal de New York.

15 à 20 % des biens de PDVSA sont désormais gelés.

Dimanche, Hugo Chavez a répliqué, en s'en prenant directement à Washington : "Si cela nous fait du tort, nous vous ferons du tort", a-t-il assené dans une émission.

"Nous n'allons pas envoyer de pétrole aux Etats-Unis. Prenez note, M.Bush, M.Danger."

La moitié de la production vénézuelienne est exportée vers les Etats-Unis, soit environ 15 % des importations de pétrole américaines.


Mais la bataille n'est pas que judiciaire, elle est médiatique aussi. Les média sont du côté des grands capitaux.
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede Antigone le Jeu 3 Sep 2009 17:05

worldpeace a écrit:Le problème, c'est surtout que Chavez a exproprié des multinationales comme Exxon, ce qui bouleverse le monde du business, et utilise les bénéfices à la place pour le peuple.


Oui il a "exproprié" Exxon, mais il y a eu des contre-parties. Le Vénézuéla est le 2e fournisseur de pétrole des Etats-Unis.
Depuis les tentatives de coups d'Etat de 2002, Chavez a verrouillé le PDVSA afin que la société pétrolière ne soit plus utilisée pour comploter contre le régime et que ses revenus puissent alimenter les caisses de l'Etat. Il utilise l'argent du pétrole pour financer des coopératives de sous-traitance et de services et court-circuiter toute dépendance avec les grandes entreprises du secteur privé.
Au début, des sections ouvrières ont cru que ces mesures ouvraient la voie à des pratiques autogestionnaires et de participation à la marche de l'entreprise. On les a vite ramenés à raison. Détournements de prêts et clientélisme en dominent aujourd'hui le fonctionnement.
Comme la moitié du budget de l'Etat provient des ressources pétrolières, il est presque normal de constater qu'une partie des bénéfices est consacrée entre autre (c'est dans le cahier des charges d'un Etat) à financer des programmes de santé et d'éducation, mais leur portée se limite au minimum vital, c'est-à-dire l'hygiène publique et l'alphabétisation. Si cela est sans doute supérieur à ce qu'entreprend le Nigéria, cela n'a rien d'exceptionnel. Chavez est dans l'obligation de satisfaire ces besoins élémentaires s'il ne veut pas perdre toute crédibilité et scier la branche sur laquelle il est assis.
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede worldpeace le Ven 4 Sep 2009 00:28

Antigone a écrit:Si cela est sans doute supérieur à ce qu'entreprend le Nigéria,

Tu compares au pire. Peux-tu trouver moins pire comme comparaison ?

cela n'a rien d'exceptionnel.

Mais attend, c'est super qu'on s'occuper de la santé des gens et qu'on fasses des coopératives. On ne va pas accuser Chavez de la situation dont il a hérité.

La corruption était un mal endémique avant Chavez

C'est assez clair. Même cet article critique le reconnait.

Mais Chavez a doublé le nombre de ministères, qui se superposent souvent, et multiplié les organismes publics, hors de tout contrôle.

L'absence de contrôle effraye les businessmen et les dictateurs financiers.
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede worldpeace le Ven 4 Sep 2009 13:14

Chavez est un frein au processus révolutionnaire et le peuple vénézuélien ne pourra s'émanciper qu'en se débarrassant de lui et en s'organisant à la base.

C'est faux, il participe à l'alphabétisation du peuple et à sa santé. Or pour faire la révolution des consciences, savoir lire et écrire et être en bonne santé sont des atouts.
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede Antigone le Ven 4 Sep 2009 16:28

Chavez est un frein au processus révolutionnaire et le peuple vénézuélien ne pourra s'émanciper qu'en se débarrassant de lui et en s'organisant à la base.

worldpeace a écrit:C'est faux, il participe à l'alphabétisation du peuple et à sa santé. Or pour faire la révolution des consciences, savoir lire et écrire et être en bonne santé sont des atouts.


Faire en sorte que les gens au vénézuéla (comme ailleurs dans les pays sous-développés) sachent lire et écrire, c'est leur permettre d'être plus productifs, plus intégrés dans le système et son développement économique, mais aussi plus réceptifs aux messages de la propagande bolivarienne. Il est dans l'intérêt de toutes les dictatures de construire des écoles et des dispensaires, mais elles ne le font pas pour la culture ou pour l'émancipation des consciences qui ne sont réservées qu'à l'élite de la société.
Ce n'est pas parce qu'un régime bourgeois donne des moyens à son peuple de savoir lire et écrire qu'il devient révolutionnaire... ou bien alors la grande majorité des gouvernements de cette planète le sont !
Le régime de Chavez est une dictature populiste, nationaliste qui depuis 10 ans a su se maintenir au pouvoir en utilisant les masses (travailleurs salariés et paysans) contre leurs propres intérêts. Il se situe dans la droite ligne de celui de Cuba, aussi "théâtral" et personnel, avec des prisons pleines d'opposants et de délinquants politiques.
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede worldpeace le Sam 5 Sep 2009 00:40

Ce n'est pas parce qu'un régime bourgeois donne des moyens à son peuple de savoir lire et écrire qu'il devient révolutionnaire... ou bien alors la grande majorité des gouvernements de cette planète le sont !

Eh bien c'est un compromis que ces régimes font, mais il se peut que ce soit ce qui les perdent.

Le fait que Chavez soit nationaliste ne me choque pas plus que ça. Le protectionnisme a du sens dans l'environnement économique tel qu'il est. Cela dit, je ne suis convaincu qu'à moitié par le régime de Chavez. Mais c'est toujours plus que par la "démocratie bourgeoise". Je me réjouis qu'il y ait quelques pays qui résistent aux mafias multinationales, même s'ils ne sont pas des paradis. Je préfère un régime populiste à un régime horrible comme la Birmanie amie de Total ou le Turkménistan ami de Bouygues.
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede fu hsang le Sam 5 Sep 2009 08:52

worldpeace a écrit:
Ce n'est pas parce qu'un régime bourgeois donne des moyens à son peuple de savoir lire et écrire qu'il devient révolutionnaire... ou bien alors la grande majorité des gouvernements de cette planète le sont !

Eh bien c'est un compromis que ces régimes font, mais il se peut que ce soit ce qui les perdent.

Le fait que Chavez soit nationaliste ne me choque pas plus que ça. Le protectionnisme a du sens dans l'environnement économique tel qu'il est. Cela dit, je ne suis convaincu qu'à moitié par le régime de Chavez. Mais c'est toujours plus que par la "démocratie bourgeoise". Je me réjouis qu'il y ait quelques pays qui résistent aux mafias multinationales, même s'ils ne sont pas des paradis. Je préfère un régime populiste à un régime horrible comme la Birmanie amie de Total ou le Turkménistan ami de Bouygues.

c est la meme pourriture , croire que ces gens font ça pour le bien du peuple ... ça me reppelle un autre discours a un autre temps
quant a l alphabetisation proné par l etat je n y crois pas , je pense plutot que c est une normalisation de la societe comme elle a eu lieu en france , elle a uniformisé la societet , voila a quoi sert cette alphabetisation
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede worldpeace le Sam 5 Sep 2009 11:18

fu hsang a écrit:c est la meme pourriture , croire que ces gens font ça pour le bien du peuple ... ça me reppelle un autre discours a un autre temps

Tu doutes des intentions de Chavez. Personnellement, je n'ai pas plus d'information à ce sujet. De quel discours parles-tu ?

quant a l alphabetisation proné par l etat je n y crois pas , je pense plutot que c est une normalisation de la societe comme elle a eu lieu en france , elle a uniformisé la societet , voila a quoi sert cette alphabetisation

C'est le but en France et dans les pays "développés", je n'en ai pas de doute. Peut-on en déduire que le but est le même au Vénézuela ? Ils sont opposés aux multinationales, non ? Ensuite, je ne t'ai pas parlé du but, qui n'est d'ailleurs pas seulement la normalisation de la société, mais aussi la formation de personnel qualifié et spécialisé (la spécialisation est une manière de diviser pour régner). En ayant eu une éducation à l'occidentale, nous pouvons nous documenter et comprendre ce qui se passe. Cela demande un peu d'effort mais c'est possible. Quand nous ne savons pas lire, cela est plus compliqué, voire impossible.
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede Antigone le Sam 5 Sep 2009 12:56

worldpeace a écrit: Ils sont opposés aux multinationales, non ?

Faux. La plupart des grosses multi-nationales sont présentes au Vénézuéla (GM, L'Oréal...)
On a fait tout un foin dernièrement parce que Coca Cola avait dû retirer sa version "zéro" de la vente. Le ministre de la Santé avait déclaré que ce coca présentait un danger pour "la santé des vénézuéliens". En tout cas, cette opération de com' patriotique a fait l'affaire de Pepsi (!).
Il est possible que certains produits américains soient vendus sous un emballage "national", en vertu d'un accord commercial qui ferait l'affaire des deux parties.
Total y est également présent comme dans tous les pays producteurs de pétrole.

Le Vénézuéla de Chavez n'aurait pas tenu longtemps s'il avait fermé son marché intérieur, empêché les investissements étrangers. Il n'aurait pas certainement pas 150 milliards de PIB comme c'est le cas actuellement.

Pour le reste, l'éducation contribue à former du personnel qualifié. Oui. Mais c'est le cas partout.
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede worldpeace le Sam 5 Sep 2009 18:58

Ok. Ce n'est pas facile de sortir de l'emprise des multinationales. Mais c'est bien d'essayer. C'est que les grands actionnaires ne sont pas très coopératifs.

EDIT: Après, c'est aussi aux gens prendre en main la situation. Il ne faut pas tout attendre de Chavez.

Pour le reste, l'éducation contribue à former du personnel qualifié. Oui. Mais c'est le cas partout.

Non, il y a de nombreux pays où l'on laisse les gens d'une dans la misère et deux sans éducation. Il y a peut être de la propagande de gauche au Vénézuela, mais ça m'étonnerait que cela ait quelque chose à voir avec la propagande au Turkménistan.
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Re: La révolution au Vénézuela

Messagede leo le Mar 8 Déc 2009 20:34

[Venezuela]
Pour la défense du droit à la protestation sociale!

Dimanche 6 décembre 2009

Au Venezuela, un groupe d'organisations sociales et de défense des droits humains, des groupes d'étudiants et d’universitaires ainsi que les différentes individualités lancent cet appel à une campagne pour défendre le droit de manifester, qui est aujourd'hui systématiquement violé par le gouvernement d'Hugo Chávez.
Ce document a été publié à l'origine en castillan dans El Libertario n ° 57 (http://www.nodo50.org/ellibertario).


Selon les chiffres publiés par des dirigeants syndicaux, paysans et étudiants, il y a actuellement 2200 personnes au Venezuela poursuivies devant les tribunaux pour avoir exercé leur droit constitutionnel à la protestation pour leurs revendications fondamentales. L’immense majorité de ceux qui subissent ces procès appartiennent à des syndicats de travailleurs, paysans, étudiants et aux communautés populaires ; ce sont le plus déshérités et les plus vulnérables qui souffrent de la violation de leurs droits. Ce qui fut jusque là une politique isolée et ponctuelle s’est transformé en une politique d'Etat. D'une part, les fonctionnaires de police, les procureurs et les juges de contrôle, de l'autre, des hommes armés au service des grands propriétaires fonciers et des secteurs patronaux et même des groupes de choc alliés des gouvernements, national, régionaux et locaux, indépendamment de leur orientation politique, forment le triangle de la répression des luttes sociales.

Cette criminalisation, encouragée par les différents pouvoirs de l’Etat, des patrons, des propriétaires fonciers, est réalisée dans un contexte dans lequel les manifestations pour des droits sociaux prennent de l’ampleur, où sont appliquées différentes décisions de justice contre ceux qui occupent des terrains pour réclamer leur droit à la terre et au logement, contre les communautés qui bloquent des rues pour demander ou améliorer les services publics, contre les travailleurs et travailleuses qui se mobilisent pour défendre leurs postes de travail et source de revenu, pour obtenir de meilleurs salaires et des embauches collectives, contre les étudiants qui demandent des financements pour leurs centres éducatifs, contre les usagers et usagères des services de santé publique et d'autres secteurs en lutte pour les droits sociaux et politiques.
Tout ce qui précède est la claire démonstration d’une stratégie d’État, et de certains secteurs privés, afin de restreindre les protestations légitimes et la jouissance des droits humains consacrés dans la Constitution.

En contrepartie, nous vivons une situation d'impunité pour les crimes survenus contre les combattants sociaux, où les indices de la participation de patrons et de propriétaires fonciers dans les assassinats de dirigeants ouvriers et paysans n'ont fait l’objet ni d’investigations ni de poursuites, de même que la responsabilité politique des dirigeants régionaux dans certains cas. Cette impunité a encouragé l’utilisation de tueurs à gages comme méthode pour réduire au silence et intimider les secteurs en lutte pour leurs droits. Si dans ces processus, il y a un pourcentage élevé provenant des bagarres entre les organisations syndicales pour le contrôle des postes de travail comme dans le secteur de la construction, il y a eu plusieurs cas où l’assassinat sous contrat vise à écraser et dissoudre des syndicats qui osent se mobiliser pour leurs revendications et les luttes ouvrières les plus radicalisées.

Pour cette raison, un groupe d'organisations sociales et des droits humains, des groupes d'étudiants et d'universitaires ainsi que différents individus lancent une campagne pour défendre le droit de protester, comme il est défini dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans la Constitution, et aussi condamner l'ouverture de procès, l'utilisation de tueurs à gages et d’autres mécanismes de criminalisation de l'exercice de ce droit, tels que les dispositions légales qui interdisent l’organisation des assemblées et des grèves dans les entreprises publiques.

C’est en ce sens que nous rendons public cette déclaration avec l’objectif de sensibiliser l’opinion publique sur cette grave restriction des droits. Nous exhortons toutes les organisations syndicales, paysannes, communautaires, étudiantes et les médias alternatifs à se joindre à cette campagne nationale pour la défense du droit légitime à la protestation sociale.

Nous demandons :
1) L'abrogation des articles 284, 286, 297 et 358 du Code pénal; 47, 48, 49, 50, 53 et 56 de la Loi organique sur la sécurité et de défense de la Nation, 139 et 141 de la Loi pour la protection des personnes physiques à l'accès aux biens et services ainsi que les articles 20, 24 et 25 de la Loi spéciale de Défense populaire contre l'accaparement, le boycott et toute autre comportement qui affecte la consommation d'aliments ou de produits soumis au contrôle des prix, tous ceux qui pénalisent le droit de protester.
2) L'investigation impartiale et transparente de tous les crimes commis par des tueurs à gages et d'autres délits commis contre des paysans, des ouvriers, et les autres secteurs sociaux ainsi que les poursuites et les condamnations pour les coupables.
3) La liberté immédiate et intégrale pour toutes les militantes et militants sociaux en détention pour avoir protesté, et la suspension du régime de présentation régulière devant les tribunaux et d'autres mesures préventives qui interdisant le travail syndical sur les lieux de travail.
4) Non à l’utilisation des forces de sécurité contre les manifestations pour les droits sociaux et politiques. Interdiction d'utiliser des armes à feu et des gaz lacrymogènes par la police et les militaires dans les manifestations et lors de l'exécution des procédures d'expulsion contre les actions menées pour exiger le droit au logement et aux services publics.


Cet appel est signé par :
Programa Venezolano de Educación-Acción en Derechos Humanos (Provea); Unidad Socialista de Izquierda (USI); Corriente Clasista Unitaria Revolucionaria y Autónoma (CCURA); Sindicato de Trabajadores del Inces (SINTRAINCES); Acción Solidaria; Convite; Periódico El Libertario; Espacio Público; COFAVIC; Colectivo Socialismo Revolucionario (CSR): Liga de Trabajadores por el Socialismo (LTS); Movimiento Solidaridad Laboral; Sinergia; Comité de Víctimas contra la Impunidad Lara (CVCI-Lara); Indubio Pro Reo; Domingo Alberto Rangel.

Plus d’informations sur le blog: http://protestarnoesundelito.blogspot.com (en espagnol) et sur le site http://www.nodo50.org/ellibertario (en espagnol, anglais et autres langues)

(Traduction : OCL)


http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article665

http://www.anarkismo.net/article/15209
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Re: Vénézuela

Messagede Antigone le Ven 26 Mar 2010 14:07

Le Temps (Suise) - 26 mar 2010

Vénézuéla: Des vacances en plus pour économiser l’électricité

Le président Hugo Chavez a décrété fériée toute la semaine sainte.
C’est le petit Jésus socialiste. Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a offert à ses compatriotes une semaine de vacances avant le dimanche de Pâques. «Nous avons décrété jours fériés lundi, mardi et mercredi [prochains]», a annoncé cette semaine, de façon lapidaire, le dirigeant «révolutionnaire». Ils s’ajoutent aux traditionnels jeudi et vendredi saints, jamais travaillés. Seuls quelques secteurs, comme les transports, la santé, les divertissements, ou les impôts, échappent à la mesure.

Elle n’a pas été inspirée par une illumination du chef de l’Etat, au plus mal avec la hiérarchie catholique du pays, mais par une crise énergétique sans précédent. Le «Niño», phénomène climatique qui frappe le continent de façon exceptionnelle, assèche semaine après semaine les retenues hydro-électriques du Venezuela, qui fournissent plus des deux tiers du courant du pays.

Le début de la pénurie, en septembre, avait surpris les habitants du cinquième exportateur mondial de brut par un chaos de coupures intempestives. Depuis, des rationnements réguliers ont été instaurés dans plusieurs régions, et l’ancien officier parachutiste Hugo Chavez s’est mis en tête d’apprendre à ses 26,8 millions de compatriotes à économiser eau et courant. La tâche est ardue: gâtés par des années d’abondance pétrolière et de subventions, les Vénézuéliens sont champions sud-américains de consommation d’électricité. Leur président a d’abord vanté la «douche communiste» de trois minutes.

Plus sérieusement, une quarantaine d’entreprises et de commerces se sont vu couper l’électricité pendant vingt-quatre heures, au début de la semaine: elles n’avaient pas réduit leur consommation de 20%, comme l’exige l’état d’«urgence électrique nationale» décrété en février. La mesure est plus souple pour les particuliers, qui s’exposent à de simples amendes s’ils ne parviennent pas à économiser un dixième de leurs kilowatts habituels.

L’opposition dénonce depuis le début de la crise la mauvaise gestion et l’improvisation de Hugo Chavez. Au pouvoir depuis 1999, il a nationalisé il y a bientôt trois ans les dernières entreprises privées du secteur énergétique, mais les fonds de la plupart des projets de nouvelles génératrices se sont évaporés. Le pays importe aujourd’hui des centrales thermiques en catastrophe.

Le patronat a qualifié le décret de la semaine sainte fériée de «mesure populiste», «peu efficace», propre à aggraver la récession. Pas de quoi le ramener en odeur de sainteté révolutionnaire, même à Pâques.
Vincent Taillefumier


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Messagede Antigone le Dim 16 Mai 2010 08:19

ICC Online (Courant Communiste International) - 07 mai 2010

« Guayana est une poudrière »
(Le prolétariat à la recherche de son identité de classe à travers la lutte)

« Guayana (1) est une poudrière » : cette phrase est souvent répétée par les représentants de la bourgeoisie, dirigeants de partis politiques et syndicaux, qu’ils soient membres de l’opposition ou favorables au gouvernement Chavez ; c’est ainsi que les uns comme les autres parlent des luttes et mobilisations que mène la classe ouvrière à Ciudad Guayana (connue aussi comme la « Zone du fer »), exprimant le profond mécontentement vécu par la classe ouvrière vénézuélienne à cause des attaques répétées contre ses conditions de vie.

Pourquoi cette inquiétude de la bourgeoisie et de ses garde-chiourmes, les syndicats ?

La région de Ciudad Guayana est une de plus grandes concentrations ouvrières du pays, avec plus de cent mille ouvriers qui travaillent dans les « Entreprises de base » (2qui produisent et traitent le fer, l’acier et l’aluminium ; il faut y ajouter un nombre important de travailleurs de PME sous-traitantes de ces grandes entreprises.

L’ensemble de la bourgeoisie vénézuélienne sait bien que Guayana est une zone à surveiller de près. Depuis les années 1960, le prolétariat guyanais a souvent montré sa combativité ; une des luttes les plus significatives eut lieu à la fin des années 1960, quand les travailleurs de l'aciérie SIDOR (Sidérurgies de l'Orénoque, une des plus importantes d'Amérique latine à cette époque) s’affrontèrent à l'État et à la principale centrale syndicale, la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV). A cette occasion, les travailleurs du fer, très en colère, parcoururent les six cent kilomètres qui séparent Guayana de Caracas pour protester face au siège de la CTV, dont les installations furent incendiées par les grévistes.

Le gouvernement de Chavez lui-même a fait directement l’expérience de cette combativité ouvrière en mai 2001, quand les mêmes travailleurs de SIDOR ont fait grève pendant 21 jours (3) pour affronter les patrons qui se refusaient à discuter les nouvelles conventions collectives. Cette situation a obligé le syndicat de l'aciérie SUTISS (4) et la CTV à unir leurs efforts pour que le conflit ne s’étende pas à d’autres entreprises de la région. L’impact du conflit fut tel que Chavez lui-même, pour montrer la face « ouvrière » de son gouvernement, n’eût d’autre recours que de se féliciter du succès de la grève.

A partir de 2002, tant à Guayana qu’au niveau national, le prolétariat a été infiltré progressivement par les réseaux de la bipolarisation politicienne du pays, grâce en partie à l'action des syndicats contrôlés par la CTV qui s'opposaient à Chavez, ainsi que par les syndicats qui soutenaient le projet chaviste (parmi eux les tendances trotskistes) et qui commençaient à se renforcer. La bourgeoisie a ainsi imposé une paix sociale, en amenant le prolétariat sur un terrain complètement étranger à celui de ses intérêts, en créant la division dans ses rangs et en affaiblissant la solidarité ouvrière.

Mais à partir de 2007, en même temps que les travailleurs du secteur pétrolier, le prolétariat de Guayana reprend les luttes, montrant les tentatives du prolétariat vénézuélien de retrouver son identité de classe à travers les luttes menées sur le terrain de ses propres revendications. Devant l'essor des luttes ouvrières, le gouvernement Chavez, appuyé par les syndicats, décrète à grands renforts de propagande la nationalisation de SIDOR en mars 2008. Le piège de la nationalisation, bien qu'il ait amoindri les mobilisations ouvrières pendant quelques mois, n'a toutefois pas mis un frein au mécontentement des travailleurs : ils maintiennent la pression lors de la signature des conventions collectives. Les travailleurs précarisés des entreprises de sous-traitance de l'aciérie se sont mobilisés pour rejoindre les rangs des travailleurs en CDI en lutte, mettant en avant des expressions de solidarité entre travailleurs fixes et précaires. Ces expressions de solidarité ont été immédiatement attaquées et fragilisées par le gouvernement et les syndicats. Des retraités de SIDOR, ainsi que des travailleurs des entreprises de l'aluminium, des mines de fer et du secteur électrique se sont ainsi mobilisés à plusieurs reprises en 2008, pour exiger la satisfaction de revendications et le paiement de salaires non versés.

Mais c’est en 2009 que les luttes manifestèrent le plus de virulence:
– en juillet, les travailleurs du secteur de l’aluminium ont lancé des mobilisations qui se sont prolongées pendant une semaine ; ils exigeaient le paiement de primes particulières de compensation, un important solde habituellement attribué aux travailleurs en milieu d'année. Le gouvernement a proposé de fractionner le paiement en plusieurs fois, provoquant la colère des travailleurs qui se sont mobilisés en assiégeant les bureaux de la CVG (Corporation vénézuélienne de Guayana), obligeant le gouvernement à payer ces intérêts en deux fois seulement;

– quelques jours après cette mobilisation, le décès d'un travailleur de SIDOR lors d’un accident de travail a provoqué une grève de 24 heures dans les aciéries. Les travailleurs ont exigé des investissements majeurs de l’entreprise parce que l'accident était dû à un défaut de maintenance des installations ;

– ce même mois, les travailleurs de SIDOR se sont mobilisés dans la rue à Ciudad Guayana pour exiger le paiement de primes d’intéressement aux profits de l'entreprise, prime que reçoivent les travailleurs vers le milieu d'année et que l'entreprise n’avait pas répercutée sur les feuilles de paie;

– en août, a commencé une grève à Ferrominera Orinoco (entreprise d’extraction de minerai de fer) qui s’est étendue durant seize jours à Ciudad Piar. La lutte s’est fortement implantée dans la colline San Isidro, où les travailleurs sont restés fermes sur leurs revendications de primes rétroactives et de renforcement de la sécurité, avantages contractuels concédés dans une convention collective récemment signée. Pendant seize jours, le gouvernement et la direction de l'entreprise ont maintenu un « black out » sur la grève. Un mois après furent incarcérés le secrétaire général du syndicat de Ferrominera et dix travailleurs;

– en octobre, furent arrêtés plusieurs travailleurs et dirigeants syndicaux de la CVG, alors qu’ils manifestaient devant le ministère les Entreprises de base de Rodolfo Sanz, exigeant l'approvisionnement en bleus de travail et d’autres revendications contractuelles;

– en décembre, les travailleurs de SIDOR ont lancé une grève de huit heures pour protester contre le retard du paiement des primes de fin d'année. Les travailleurs des Entreprises de base Carbonorca, Bauxilum et Alcasa ont aussi revendiqué contre le retard dans le paiement du salaire et des primes;

– les coopérateurs de Ferrominera Orinoco et de Bauxilum ont manifesté toute l’année 2009, ainsi que les travailleurs précaires de Matesi, entreprise nationalisée par l'État vers le milieu de 2009.

Face à ces mobilisations ouvrières, qui ne purent être calmées ni par les bureaucrates du gouvernement ni par les syndicats, Chavez a dû jouer lui-même le pompier social : en mars 2009, depuis Ciudad Piar, il a fustigé les travailleurs des Entreprises de base en les accusant de vouloir « s’enrichir » et « d'être privilégiés », essayant de les discréditer aux yeux des autres travailleurs et aux habitants de la région, dans l'intention de les démoraliser comme il l'avait fait avec les pétroliers en 2002 (6). Mais cette menace n'a pas arrêté les manifestations, il a donc dû retourner à Guayana deux mois plus tard, cette fois « en faisant l'éloge » des travailleurs, tentant de les gagner au soutien du « Plan Guyane socialiste », qui prétend sortir de la crise les entreprises de la région.

La crise du capitalisme, contre laquelle Chavez a dit que le Venezuela était « blindé », a mis l'État dans une situation difficile, parce que la baisse des prix des matières premières qui a été observée à partir de 2008 a limité les recettes et a montré une réalité qu'on essayait de dissimuler : les Entreprises de base sont pratiquement en faillite, elles sont une lourde charge pour l'État à cause de la baisse de productivité provoquée par l'obsolescence et le manque d’entretien des infrastructures industrielles. Comme il fallait s’y attendre, ce sont les travailleurs qui héritent des pires conséquences de cette situation à cause du refus de l'État de revoir les conventions collectives qui régissent des salaires et les primes, à cause du retard dans le paiement des salaires y compris les menaces de licenciements. Tout comme le fait le reste de la bourgeoisie au niveau mondial, le gouvernement utilise la crise pour attaquer les conditions de vie des ouvriers et précariser leur force de travail. Enfin a été instauré depuis fin 2009 le rationnement dans les services d'électricité, afin de limiter la production de fer et d’aluminium, poussant une partie du personnel à prendre des congés forcés à cause des mesures de mise au chômage technique et créant une situation d’angoisse et d’insécurité parmi les ouvriers. Pressé par les mobilisations ouvrières, l'État a été forcé de renégocier quelques conventions collectives, mais le retard dans l'accomplissement des paiements est fréquent, ce qui est à son tour une source permanente de mécontentement dans la classe ouvrière.

On observe que la crise mondiale du capitalisme et ses effets au Venezuela sont devenus un facteur qui accélère les luttes ouvrières, puisqu'il réduit les recettes de l'État et par conséquent la marge de manœuvre de la bourgeoisie nationale, qui essaie inéluctablement de faire porter le poids de la crise sur le dos des prolétaires. Les syndicats des entreprises de Guayana, dans leur majorité pro-gouvernementaux, perdent rapidement leur crédibilité parmi les travailleurs. Les tentatives de retourner les masses de la région contre ces travailleurs (à travers les Conseils communaux) ont été un échec, ces masses étant dans leur majorité constituées par des familles d’ouvriers dont la survie dépend précisément de ceux qui, pour la plupart, travaillent précisément dans les Entreprises de base. A cause de la forte concentration ouvrière et de la résistance des prolétaires, il n’est pas facile pour la bourgeoisie de recourir au chômage massif, celui-ci pouvant provoquer une explosion ouvrière et des révoltes populaires.

Cette situation a provoqué une sorte d'impasse dans la région, où la bourgeoisie est incapable d’appliquer ses plans selon son bon vouloir et où le prolétariat n'a pas pour l’instant la force de s’imposer à l'État. C'est pourquoi Guayana est une « cocotte-minute » qui peut éclater à tout moment.

Le piège du contrôle ouvrier

Guayana a été un laboratoire pour le chavisme, dans son intention de précariser la force de travail dans toute la région, vieille aspiration de la bourgeoisie vénézuélienne. Après avoir progressivement rogné sur les conditions de travail des travailleurs du secteur pétrolier, la bourgeoisie doit le faire à présent avec les travailleurs de la « Zone du fer » qui, selon elle, font partie « de l'aristocratie ouvrière » héritée des gouvernements sociaux-démocrates et sociaux-chrétiens qui précédèrent celui de Chavez.

Au cours des années 90, on a voulu faire d'ALCASA (usine productrice d'aluminium) la première grande entreprise cogérée, qui servirait de modèle pour le reste des entreprises du pays. Le but réellement poursuivi était de précariser les conditions de travail des travailleurs de l'aluminium, en leur faisant accepter les prétendues « valeurs du socialisme », c'est-à-dire travailler plus et gagner moins ; quelque chose s’apparentant à « l’émulation socialiste » promue par les bourgeoisies des pays de l'ex-bloc « socialiste », dont le principal chantre à Cuba fût Che Guevara (7). Mais les ouvriers d'ALCASA n'ont pas avalé cette histoire, n'ont pas accepté la détérioration de leurs conditions de vie et la perte des acquis sociaux : la cogestion dans l'aluminium a tout simplement été un échec.

Le gouvernement tente de faire quelque chose de semblable avec le plan « Guayana socialiste », qui se base fondamentalement sur « le contrôle ouvrier de la production » par le biais des prétendus Conseils de travailleurs (8). Face à la crise des Entreprises de base, le chavisme emprunte le mot d’ordre trotskiste de « contrôle ouvrier », qui convient ponctuellement très bien à la bourgeoisie parce qu'il fait accepter aux travailleurs la dégradation de leurs conditions de travail pour tenter de sauver les entreprises. C’est ainsi que le Plan propose l'abolition « de la recherche d'une maximisation du profit individuel au niveau personnel… ». Ceux qui mènent ce processus sont le PSUV et les syndicats d’entreprises, qui tous adhèrent au projet chaviste.

Les syndicats trotskistes, à présent dissidents du chavisme, dénoncent ce Plan qui ne serait pas un « authentique contrôle ouvrier », l'État étant encore le patron. Ils contribuent en ce sens à tromper les travailleurs en continuant à défendre les intérêts du capital national, en leur proposant de sauver les entreprises à travers un « véritable » contrôle ouvrier des industries, c'est-à-dire par une véritable auto-exploitation des ouvriers eux-mêmes, dans laquelle les bureaucrates de l'État seraient remplacés par des ouvriers (de préférence bien évidemment de tendance trotskiste).

Mais les travailleurs n’avalent pas non plus facilement ces contes de fée : après qu’ait été promulgué le Plan en juin dernier, ils ont poursuivi les luttes et les mobilisations pour des revendications salariales. Cette situation a forcé l'État à signer quelques conventions collectives, et les syndicats pro-gouvernementaux ont tenté de dévoyer le mécontentement ouvrier vers une lutte contre la bureaucratie, qui selon eux « empêche la participation ouvrière ». Ils ont même soutenu des actions promues par des syndicats dissidents pour ne pas se décrédibiliser ! Ce contexte a été propice à des tendances syndicales « antichavistes », comme celle des trotskistes de CCURA, qui se présentent devant les ouvriers comme des syndicats non alignés derrière le gouvernement ou l'opposition. Leur action, et celle du syndicalisme tant chaviste que contrôlé par l'opposition, contribue à créer une situation de confusion, de division et d’absence de perspectives au sein de l'important bastion prolétarien de Guayana : il s’avère évident qu’ils font ensemble du bon boulot dans l’intérêt du capital national.

Le prolétariat de Guayana : un « os dur à ronger »

Devant l’obstination des ouvriers à continuer de lutter pour la défense de leurs propres intérêts, le gouvernement a continué à criminaliser les luttes, à incarcérer temporairement les travailleurs, à les menacer de licenciements, quand il ne recourt pas à la répression ouverte. Ces actions de l'État, accompagnées par l'action syndicale, ont fait que les manifestations ont diminué début 2010. On vit cependant en Guayana une situation tendue, de calme précaire, qui peut à tout moment exploser.

Les attaques de la bourgeoisie vénézuélienne contre le travail poussent le prolétariat de Guayana à se poser la question sur son terrain de classe, montrant qu’il n'est pas disposé à être passivement sacrifié sur l’autel du projet bourgeois « du Socialisme du xxie siècle ». Il semble que le prolétariat retrouve sa combativité avec l'accélération de la crise économique.

Le prolétariat de Guayana, ainsi que l'ensemble de la classe ouvrière, n'a pas d’autre choix : soit il continue sa lutte contre les attaques du capital (étatique ou privé), ou celui-ci s’impose avec la précarisation du travail et la paupérisation des travailleurs et de leurs familles. L'action des syndicats (ces faux amis, authentiques défenseurs du capital national), le corporatisme, le coopérativisme, le contrôle ouvrier et la cogestion, qui enferme les ouvriers dans « leur » entreprise, est un obstacle à la lutte, la déviant en dehors du terrain ouvrier. La riposte à ces obstacles que sèment la bourgeoisie, la lutte ouvrière elle-même, donne les moyens pour leur résister : assemblées générales où s’expriment tous les ouvriers, extension des luttes et recherche de la solidarité de classe non seulement dans les entreprises de Guayana mais au niveau national, et aussi international.

En Guayana sont réunies les conditions pour que soit développée et fortifiée la solidarité entre les travailleurs et la population, puisque la majorité des habitants ont des parents qui travaillent dans les entreprises de la région. Si malgré le harcèlement du gouvernement, des partis et des syndicats de toutes tendances, le prolétariat de Guayana parvient à se maintenir sur le pied de guerre en montrant sa force et en s’exprimant comme une classe unie, il sera un exemple pour les prolétaires du reste du pays. Ses luttes seront ainsi reliées et intégrées à celles qu’entame le prolétariat mondial en Grèce, en Espagne, en France et autres pays.

La tâche des minorités les plus politisées de la classe est d'intervenir de toutes leurs forces dans le processus de luttes entamé par le prolétariat en Guayana et dans tout le pays. Leur tâche est de dénoncer et de démonter les pièges et obstacles placés par la bourgeoisie sur le chemin du développement de la conscience de la classe ouvrière, en soulignant que le prolétariat guayanais et vénézuélien n'est pas seul dans cette lutte, qu’il fait partie du mouvement encore naissant qu’entame le prolétariat au niveau mondial.

Internacionalismo (6 mars 2010)

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

1 - L’agglomération de Ciudad-Guayana est située dans l’état de Bolivar au Venezuela, avec une population proche du million d’habitants dont une grande partie est formée de familles ouvrières.

2 - Il s’agit de grandes industries de base regroupées dans la CVG, un conglomérat d’État.

3 - A cette époque, la participation du capital étatique dans l’aciérie était minoritaire, la majorité étant entre les mains du capital privé du consortium argentin Tchint.

4 - Syndicat unique des travailleurs de l’industrie sidérurgique et similaires (SUTISS) alors contrôlé par le parti de centre-gauche la Cause R.

6 - Chavez ne put cacher alors sa colère contre les travailleurs : « Nous allons en profiter pour nettoyer les entreprises de la CVG. S’ils menacent de s’arrêter, qu’ils le fassent, je verrai alors ce que moi j’ai à faire ! J’ai déjà connu la grève de Pdvsa… celui qui fait grève dans une entreprise d’Etat s’en prend directement au chef de l’Etat » (Correo del Caroní, 07-03-2009).

7 - Ce n’est pas par hasard si une des Missions du gouvernement se nomme « Che Guevara ». Comme elle le prêche sur son site internet, elle offre « un programme intégral de formation et de qualification dans des métiers productifs, destiné à impulser la transformation du modèle économique capitaliste en modèle socialiste ».

8 - Organes institutionnalisés par le chavisme dans la classe ouvrière, soi-disant « inspirés » par le modèle des soviets russes !


Ce serait une bonne idée de changer le titre de ce topic en "Vénézuéla" tout simplement.
Je le dis chaque fois que je poste quelque chose dans ce topic. Il suffit de changer le titre du premier message. Merci.
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Re: Vénézuela

Messagede Johan le Dim 10 Oct 2010 16:36

CARACAS, Venezuela - Thousands of prisoners across Venezuela end hunger strike
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CARACAS, Venezuela — Thousands of prisoners across Venezuela have ended a hunger strike after authorities agreed to some of their demands, a watchdog group said Thursday.
Inmates at multiple prisons began the protest Monday following clashes last week in Tocoron prison that left at least 16 dead and dozens wounded, said Humberto Prado of the Venezuelan Prisons Observatory. He said the protest grew to an estimated 18,000 inmates at 11 facilities before ending Wednesday night.
They were demanding a withdrawal of troops sent to guard Tocoron and a resumption of family visits suspended after the riot, Prado said.
Nenci Villalobos, the public ombudsman in north-central Aragua state, told the state-run Venezuelan News Agency that officials agreed Wednesday to allow family visits again and to set up provisional courts in the prison, to try to ease a case backlog that has caused many to be imprisoned for long periods without trial.
The 5,000 inmates at Tocoron then halted their hunger strike, as did most prisoners elsewhere who were protesting in solidarity.
Prado said a hunger strike was continuing at one prison in the southeastern city of Ciudad Bolivar, where prisoners are pressing for different demands including the removal of the warden, improved conditions and attention to their own delayed court cases.
Venezuelan prisons are often crowded and violent. Last year, 366 prisoners were reported killed nationwide.
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Re: Vénézuela

Messagede fabou le Jeu 5 Jan 2012 19:11

Venezuela : 36 syndicalistes assassinés en un an

Dans un article publié le 1er janvier 2012, le site la clase.info (en espagnol) indique que de 36 travailleurs ont été assassinés au Venezuela entre octobre 2010 et septembre 2011 pour leurs activités syndicales. La moitié de ces militants syndicalistes ont été assassinés par des tueurs à gages.

Espenza Hermida, coordinatrice de l’organisation des droits humains Provea indique qu’au Venezuela “être syndicaliste est une activité à haut risque”.

-> http://communisme-ouvrier.info/?Venezue ... dicalistes
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Re: Vénézuela

Messagede Cheïtanov le Jeu 5 Jan 2012 23:46

Bin Fabou, tu choppes tes infos chez les marxistes^^
"J'ai appris à marcher au pas, avec du punk au bout des doigts. J'ai l'coeur en miettes quand j'pense à ça..."
I'd rather be a picket than a scab, and I still hate Thatcher...
"Au moins AL et les Vignoles ils sont gentils" Un chef NPA
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Re: Vénézuela

Messagede hector le Sam 7 Jan 2012 13:29

pour Fabou aucune info n'est neutre. Ca lui permet de justifier qu'il puise ses infos sur les site...d'extreme droite...
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