Je signale au passage qu'Amr Moussa est égyptien, anti-moubarak et pro-palestinien. Il était partisan de la zone d'exclusion aérienne en Libye.Le chef de la Ligue arabe Amr Moussa a critiqué dimanche les bombardements de la coalition internationale sur la Libye, estimant qu'ils s'écartent «du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne».
20 heures. L'armée de Kadhafi annonce un cessez-le-feu. Le régime du colonel Mouammar Kadhafi annonce un cessez-le-feu à partir de dimanche 19 heures GMT (20 heures à Paris), en réponse à l'appel lancé samedi par l'Union africaine à «la cessation immédiate des hostilités» et aux résolutions 1970 et 1973 de l'ONU, déclare un porte-parole de l'armée.
21h05. De fortes explosions secouent Tripoli, dont l'une dans le secteur de la résidence de Kadhafi. Une colonne de fumée s'élève du secteur de la résidence-caserne de Bab el-Aziziya, alors que des tirs de batteries anti-aériennes sont entendus dans la capitale.
21h40. BHL. Dans une interview à «La Dépêche du Midi», le philosophe-écrivain Bernard-Henri Lévy estime que la coalition internationale mène «une guerre juste» en Libye et que Nicolas Sarkozy a été «lucide et courageux» dans ce dossier.
22h10. 3 800 réfugiés en une journée. Selon les Nations Unies citées par la BBC, 3 800 réfugiés ont fui la Libye pour rejoindre l'Egypte ce dimanche, soit 70% de plus que ces derniers jours.
Abdel al bari Atwan, pour le Guardian a écrit:Le soulagement sera de courte durée quand nous verrons l’effet réel de l’intervention en Libye
Bien qu’elle semble motivée par des raisons humanitaires, il y a six sérieux problèmes avec cette résolution des Nations Unies.
La première réaction est le soulagement. La résolution du 1973 du Conseil de sécurité autorisant l’intervention 1973 en Libye a été présentée comme une tentative pour protéger les rebelles libyens et alléger leurs souffrances. Et qui ne serait pas d’accord avec cela ? Qui ne voudrait pas que l’on tente d’arrêter un agresseur qui veut « l’élimination » de ceux qui s’opposent à lui ? Mais tout soulagement devrait être tempéré par de sérieux doutes.
Tout d’abord, quelles sont les motivations qui se cachent derrière cette intervention ? Alors que l’ONU a voté l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne en Libye, au moins 40 civils ont été tués dans une attaque par un drone américain au Waziristan, au Pakistan.
Et au moment où j’écris ces lignes, Al-Jazeera diffuse des scènes de carnage dans Sanaa au Yémen, où au moins 40 manifestants ont été abattus.
Mais il n’y aura pas de Nations Unies ni de zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils pakistanais contre les attaques des États-Unis ou pour protéger les Yéménites. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’implication sélective de l’Occident dans la série de soulèvements appelée « le printemps arabe ».
Il est vrai que les États-Unis a été réticents à agir et l’ont fait uniquement après des semaines d’indécision. Refusant de se laisser entraîner dans un autre conflit dans une région où ce serait perçu comme une ingérence dans les affaires d’un État souverain, Obama a judicieusement insisté sur la nécessité d’un niveau élevé de participation arabe et musulmane.
Au début, les signes étaient positifs : la Ligue arabe a approuvé l’initiative la semaine dernière, et cinq Etats membres semblaient susceptibles d’y participer. Puis cela s’est réduit au Qatar et aux Émirats arabes unis, avec possibilité de participation de la Jordanie. Cette intervention n’a pas obtenue suffisamment de soutien arabe pour acquérir une légitimité dans la région.
Les États-Unis s’inquiètent du coût d’une action militaire, compte tenu de son économie chancelante. Abdel Rahman Halqem, l’ambassadeur libyen à l’ONU, m’a dit que le Qatar et les Émirats arabes unis ont accepté de payer la majeure partie de l’opération. Et quel est la réelle motivation de ces Etats autocratiques ? Protéger le peuple libyen ? Une rancune contre Kadhafi ? Ou impliquer les États-Unis plus profondément encore dans la région ?
C’est donc le second problème : les principaux acteurs de cette intervention sont les puissances occidentales dirigées par la Grande-Bretagne et la France avec la probable participation des États-Unis. Si les voisins de la Libye, l’Egypte et la Tunisie jouaient un rôle de premier plan, il y aurait quelque chose à célébrer. Les pays démocratiques aidant leurs voisins, cela aurait été dans l’esprit de la révolution arabe et aurait renforcé le sentiment que les Arabes peuvent prendre en main leur avenir.
Cela aurait pu se produire : l’Egypte reçoit 1,3 milliard de dollars d’aide militaire américaine par an. Une pression diplomatique par Hillary Clinton aurait pu pousser l’armée égyptienne dans l’arène, ou du moins encourager l’Égypte à soutenir les insurgés [libyens]. Au lieu de cela, un porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères a catégoriquement déclaré mercredi : « Il n’y aura aucune intervention, point. »
Le troisième problème est que, bien qu’il est souvent rejeté comme fou, Kadhafi est un stratège et cette intervention joue pour lui. Il a en réponse rapidement annoncé un cessez-le, qui a été revendiqué par certains comme une première victoire pour la résolution de l’ONU. En fait, cela dégonfle à la fois l’initiative des Nations Unies tout en permettant à Kadhafi de paraître raisonnable.
Mais un cessez-le à ce moment-là arrange Kadhafi : sous son couvert, la police secrète peut se remettre au travail. De même, une acceptation par Kadhafi de l’embargo sur les armes - une concession apparente - l’arrangeait. Son régime a un armement sophistiqué, tandis que les insurgés ont peu d’armes.
Kadhafi sait aussi comment jouer de la rue arabe. En ce moment il a peu de soutien du public, son influence est limitée à sa famille et à sa tribu. Mais il peut exploiter cette intervention pour se présenter comme la victime d’ingérence post-coloniale dont l’objectif est le pétrole. Il est susceptible de poser la question que tout le monde se pose dans le monde arabe - pourquoi n’a-t-on pas imposé une zone d’exclusion aérienne au-dessus de Gaza quand les Israéliens l’ont bombardé en 2008/2009 ?
Contrairement à la Tunisie et à l’Egypte, le soulèvement en Libye a rapidement dégénéré en conflit armé. Kadhafi peut demander si ceux que les Nations Unies cherchent à protéger sont encore des « civils » lorsqu’ils sont engagés dans une telle bataille, et il peut suggérer plutôt que l’Occident prend parti dans une guerre civile (où l’agenda politique des insurgés est inconnu).
Et que dire de l’impact à long terme de cette intervention sur la Libye, et le monde ? C’est là que surgit une autre préoccupation. La Libye peut se retrouver divisée en une partie tenue par les rebelles à l’est et un bastion de régime dans le reste du pays et comprenant les champs de pétrole et la ville terminal-pétrolier d’Al-Brega. Il y a un risque fort que la Libye devienne le quatrième Etat de la région en déliquescence, rejoignant l’Irak, l’Afghanistan et le Yémen.
Et ceci amène un autre péril. Al-Qaida se développera dans un tel chaos. Il a joué un rôle clé dans les insurrections irakienne et afghane et est basé au Yémen - et il peut entrer en Libye aussi. Plusieurs des plus proches associés de Ben Laden sont libyens, et Kadhafi et n’est pas étranger aux groupes terroristes - l’organisation Abou Nidal avait trouvé refuge en Libye de 1987 à 1999. Kadhafi a également menacé d’attaquer les avions de transports et le transport maritime en Méditerranée.
Cinquièmement, il n’y a aucune garantie que l’intervention militaire se traduira par la disparition de Kadhafi. En 1992, l’ONU a imposé deux zones d’exclusion aérienne en Irak - pour protéger les Kurdes dans le nord et les Chiites dans le sud. Saddam est resté au pouvoir pendant 11 autres années et ne fut renversé qu’après une invasion. À ce jour, plus d’un million de civils sont morts en Irak.
La communauté internationale a le devoir de veiller à ce que cette triste histoire ne se répète pas en Libye. Enfin, il y a la crainte que le printemps arabe ne soit envoyé dans le fossé par les événements en Libye. Si une insurrection plus une répression violente entraîne une intervention occidentale, les peuples qui souffrent depuis longtemps des autocrates arabes de la région pourraient être contraints de s’en tenir au statu quo.
Le peuple libyen fera face à une longue période de bouleversements violents, quoi qu’il arrive. Mais c’est seulement grâce à leur propre ténacité et à leur propre lutte qu’ils finiront par construire l’Etat pacifique et démocratique dont ils rêvent.
hocus a écrit:le lien vers le texte en question est la : viewtopic.php?f=16&t=5693#p93453
Nico37 a écrit: le (très) court printemps des "peuples" arabes est bel et bien terminé...
Solidarity and intervention in Lybia
y Aslı Ü. Bâli and Ziad Abu-Rish
http://www.jadaliyya.com/pages/index/90 ... n-in-libya
(...)
The fact that outside powers were unwilling to act while their nationals were on Libyan soil demonstrates their understanding that treating the regime with coercion may lead to civilian deaths either directly as a result of an intervention or indirectly through reprisals against civilians identified as opponents. Furthermore, the evacuation channels made available to Western nationals – airlifts across the Mediterranean – were not and are not being offered to Libyan civilians nor African migrant workers trapped in Libya. If the humanitarian welfare of civilians in Libya were paramount, they, too, would have been offered this secure escape route. Instead, once Western nationals were safely out of harm’s way, coercive measures were adopted without any effort to protect or evacuate the civilians that were left behind in Tripoli and beyond.
(...)
Unlike many other parts of the Middle East, Libya is a relatively unknown political context for outsiders whether they are progressive activists or conventional analysts. In a context where intervention is based on the logic of regime change rather than the well-being of the people on the ground, the absence of on-the-ground knowledge about local actors is especially worrying. Elsewhere, for instance in the Palestinian context, much is known about the different parties on the ground. As a result, activists, scholars, and analysts are able to disaggregate different calls emanating from local actors and determine which they deem to be “representative” of the civilian population or entitled to “solidarity.” By contrast, little is known about the groups that now comprise the Benghazi-based National Transitional Council of Libya and the degree to which they represent the wider demands and interests of the Libyan civilian population. Libyans from other regions of the country (whehter liberated or regime-controlled), who experience allegiance to different tribal leaders and/or political factions among Libyan social forces, may or may not be represented by those currently calling for no-fly zones. Furthermore, a response to calls emanatating from one region may risk fragmenting the country. The fact that we know so little about the domestic context among non-regime actors in Libya is precisely the reason that the types of external intervention currently being proposed are so likely to backfire.
(...)
Libyans have already made great inroads on the ground and without external support towards a goal of regime change in which they will determine the day-after scenarios for their country. To date, measures adopted by the international community have done little to aid, and may have undermined, Libyan efforts at liberation. For instance, the call for an ICC referral in the measures adopted by the Security Council was most likely counter-productive. The first priority should have been a negotiated exit strategy for al-Qaddafi and his family, not unlike the path already paved for the other recently deposed Arab despots, Ben Ali and Mubarak. Instead, by immediately referring the regime for investigation by the ICC the international community has signaled to al-Qaddafi that neither he nor his children will be allowed to go quietly, potentially redoubling his resolve to fight to the last. Allowing a negotiated exit to exile in an African or South American country would not have precluded a subsequent ICC referral, but might have facilitated an early end to the violence currently ravaging Libya. Further, the same resolution that referred Libyan authorities to the ICC contained a specific exemption from ICC jurisdiction for foreign interveners not party to the Rome Statute, anticipating and providing impunity in some cases for civilian deaths that result from possible Security Council-authorized operations in Libya down the line. The ICC referral has been described as an attempt to incentivize those around al-Qaddafi to defect. Rather than vindicating international accountability, this logic of incentives suggests impunity for last-minute defectors notwithstanding decades of crimes against the Libyan population. At its most basic, the ICC referral represents the triumph of a set of international goals (vindicating a constrained conception of international accountability through the Libyan regime) over the immediate interest in an early resolution of the Libyan crisis through the provision of a regime exit strategy. This privileging of international over local interests is typical of external intervention and would only be exacerbated by options involving the use of force.
We argue for forms of international assistance that reverse this privileging and begin from the known interests of Libyan civilians. At a minimum, resources must be mobilized to offer relief supplies to the Libyan population that is currently outside of the control of the regime (bearing in mind some of the problematic dynamics also associated with such forms of “aid”). Urgent priority should be given to addressing shortages of medical supplies and provision of essential foods and clean water. Beyond these basics, an evacuation corridor for civilians – including non-Libyan African workers trapped in the territory – should be secured and responsibility for shouldering the burden of refugee flows should not be restricted to Tunisia and Egypt. To the contrary, rather than imposing these costs on Libya’s poorest neighbors – in the early stages of transitions of their own – Libya’s relatively wealthy northern neighbors in Europe should be absorbing a much larger share of the costs, human and material, of offering refuge to fleeing civilians. The fact that the airlifting of Libyan and other African civilians to safety out of Tripoli is an option that is not currently on the table speaks eloquently to the misalignment of priorities between those who would potentially impose a no-fly zone – NATO countries – and the local population. Dropping the xenophobic European rhetoric on the “dangers” of African immigration would also have the benefit of removing one of the Libyan regime’s major levers with the EU. As al-Qaddafi threatens to terminate the agreements by which he has been warehousing African migrants at Europe’s behest, he lays bare the cruel logic of tacit alliances (based on immigration, energy, and security interests) that has long lent support to his rule. A Europe willing to take concrete steps to facilitate the evacuation to its own shores of civilians who wish to leave Libyan territory regardless of nationality would at least have broken with its record of shameful complicity in regime brutality.
[voila donc un exemple concret et possible de solidarite. pour ceux qui se demandait ce qu il est possible de faire, a part bombarder...]
Acting in solidarity with the Libyan people within a do-no-harm principle presents many constraints and frustratingly few options. This is not because of an absence of concern for the interests of the Libyan population but because there are few good options beyond the provision of relief supplies and evacuation channels. There may be other alternatives short of external coercive intervention that might be considered – such as sharing tactical intelligence with Libyan rebels or jamming regime communications – though such options would have to be carefully evaluated in light of potential risks. By contrast, overt and covert coercive options ranging from no-fly zones to arming Libyan rebels or using regional commandos to train them all implicate external actors in altering the balance on the ground in unpredictable ways. To engage in such coercive strategies without being able to evaluate the full range of consequences amounts to subordinating the interests of the Libyan people to our own sense of purpose and justice. As of this writing, reports from Libya suggest that the tide may be turning against the rebels. We are deeply concerned about these developments, though they do not alter our assessment. We strongly advocate creative strategies of solidarity with the Libyan people while underscoring that calls for coercive external intervention do not qualify. Indeed, it is possible that demands for Western support to the rebels may already have done more harm than good.
In the end, we argue for humility in imagining the role we might play in the course of Libyans’ struggle. The international community is neither entitled to take the reins today nor dictate the post-regime scenario tomorrow. Further, those of us who wish to stand in solidarity with Libyans from outside of their country must recognize that we may not be best placed to indentify which local actors enjoy broad-based support. Solidarity cannot be reduced to the diplomatic politics of recognition nor to arguments for external intervention. In the end, we counsel acting from the outside only when our actions are clearly aligned with the interests of Libyan civilians. Imaginative strategies to offer much-needed relief and refuge to Libya’s vulnerable population represent a challenge the international community has yet to meet. That is a good starting point for transnational solidarity.
There have been contradictory statements by various members of the Benghazi-based ITNC on the question of foreign military intervention.
Some, such as its chairperson Mustafa Mohammed Abdul Jalil (the former justice minister in the Gaddafi regime who defected to the rebels on February 21) have repeatedly called for the imposition of a “no-fly zone” over Libya.
On the other hand, vice-chairperson Abdul Hafez Ghoga, a Benghazi-based human rights lawyer and community organiser, has made statements opposing Western military intervention.
But in some statements, he said that a United Nations-imposed “no-fly zone” would be acceptable.
The founding statement of the ITNC said: “Finally, even though the balance of power is uneven between the defenceless protesters and the tyrant regime’s mercenaries and private battalions, we will relay on the will of our people for a free and dignified existence.
“Furthermore, we request the international community to fulfill its obligations to protect the Libyan people from any further genocide and crimes against humanity without any direct military intervention on Libyan soil.”
http://www.greenleft.org.au/node/46988
Libye
Refusons l’hypocrisie de la guerre humanitaire !
L’intervention militaire en Libye qui vient d’être décidée par le conseil de sécurité de l’ONU a plusieurs objectifs mais sûrement pas celui de sauver sans arrière-pensée le peuple libyen de Kadhafi. Les dirigeants de la France, de l’Union européenne et des États-Unis ont beau jeu de traiter celui-ci de dictateur sanguinaire alors qu’ils ont eux-mêmes soutenu et soutiennent encore des dictatures et des tyrans partout dans le monde.
Les mêmes qui justifient les bombardements en Libye par des motifs humanitaires participent directement à la répression du mouvement démocratique au Bahreïn et au Yémen. Des troupes de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes unis sont entrées dans le pays à la demande du monarque du Bahreïn et avec l’accord d’Obama pour réprimer un mouvement totalement pacifique et assassiner les leaders du mouvement. Dans la plus grande indifférence on s’achemine peut-être vers un bain de sang au Bahreïn.
Kadhafi lui-même était encore accueilli en grandes pompes par Sarkozy à Paris en 2007. Les élites politiques françaises, de l’UMP au PS, ont tous cumulé des séjours en Tunisie, invités par la dictature qu’ils ont condamnée soudainement il y a quelques semaines. En ce moment même, un mouvement social inédit a lieu au Burkina Faso contre la dictature françafricaine de Compaoré. Mais ça, on n’en entend pas parler dans les médias ou les discours du gouvernement.
L’humanitarisme des États occidentaux est à géométrie variable, et pour cause : ce n’est pas du tout ce qui motive l’intervention militaire en Libye. Depuis le début des insurrections en cours dans les pays du Maghreb et du Machrek, les puissances occidentales observent avec inquiétude les chutes successives de leurs meilleurs soutiens dans la région, ne pouvant qu’accompagner le mouvement et miser sur une transition libérale des pays concernés, tout en nous rabâchant le cliché du danger islamiste pour préparer les conditions d’une éventuelle intervention militaire. Mais le démarrage de grèves, comme en Tunisie et en Égypte, et la persistance des mouvements sociaux malgré les concessions accordées par les oligarchies locales font planer le risque pour les impérialismes occidentaux de voir les transitions démocratiques en cours déboucher sur des révolutions sociales.
C’est finalement le risque (bien réel) d’un massacre des insurgé-e-s libyen-ne-s retranchés à Benghazi qui a servi de prétexte pour justifier une intervention militaire. Oui, cette intervention a permis de stopper la contre-offensive kadhafiste. Mais il ne faut pas se leurrer sur le pourquoi de cet engagement militaire et sur ses suites.
Si le but premier des puissances occidentales avait été d’apporter une aide désintéressée au peuple libyen, il y aurait eu bien d’autres façons de le faire que de bombarder des villes. Elles auraient par exemple pu fournir des armes aux rebelles (qui affrontent en ce moment une armée kadhafiste largement équipée par les puissances occidentales). Elles pourraient aussi accueillir les réfugié-e-s plutôt que de renforcer les patrouilles aux frontières de l’Union européenne et de développer un discours démagogique de « dangers de vagues d’immigrations ».
Si aujourd’hui l’intervention continue, c’est que le but est avant tout pour les capitalistes de reprendre la main dans la région. D’où l’escalade de ces derniers jours. En une semaine, on est passé d’un discours sur la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne pour empêcher le massacre à Benghazi à des bombardements sur plusieurs villes libyennes. La résolution adoptée par l’ONU exclut une occupation mais laisse le champ libre à une intervention terrestre. On ne prend même plus la peine comme lors de l’invasion de l’Afghanistan en 2001 ou de l’Irak en 2003, de nous faire avaler le mensonge de la « guerre propre ».
Et tout cela est justifié en France dans les médias et par les politiciens (de l’UMP au Parti de Gauche) par des motivations humanitaires et républicaines. La position de l’extrême droite révèle un courant politique qui défend l’ordre économique établi, qui est hostile à toute révolution autre que nationaliste. Cette intervention arrive à point nommé pour redorer le blason de Sarkozy qui ose désormais se présenter comme le défenseur des opprimé-e-s. Comme si l’État français était légitime pour venir imposer aux populations en pleine révolution son système politique et économique. Comme si la démocratie pouvait s’imposer par la guerre. Les leçons de l’Afghanistan et de l’Irak n’ont-elles pas suffi ? La donne est radicalement changée désormais au Maghreb et au Machreck. Les populations sont averties : les « grands-frères » occidentaux déploient leurs canons et se donnent le droit d’intervenir si ça ne tourne pas comme ils le souhaitent. Les rebelles de Benghazi ont été sauvés, mais maintenant l’escalade est enclenchée et il est difficile de savoir jusqu’où elle nous mènera.
De la crise financière entamée en 2007 à la catastrophe nucléaire de Fukushima, en passant par les nombreuses résistances sociales émergeant partout dans le monde et plus particulièrement au Maghreb et au Machrek, le système capitaliste semble craquer de toutes parts. Dans ces périodes de crise, les bourgeoisies à la tête des grandes puissances ont toujours préféré jouer la carte du nationalisme et de la guerre plutôt que de voir leur pouvoir remis en question. Ces mêmes bourgeoisies invoquent toujours la « folie » ou la « barbarie » de leurs ennemis ou les vertus de leurs propres conceptions des systèmes politiques et économiques pour entrer en guerre. Aujourd’hui, la situation est la même sur le fond. Prenons du recul et ne ne nous laissons pas berner : la guerre humanitaire est une hypocrisie.
Alternative libertaire réitère son soutien aux peuples du Maghreb et du Machrek en lutte pour leur liberté. Nous incitons les travailleur-se-s et les jeunes de ces pays à poursuivre la révolution aussi loin que possible et à ne pas se faire confisquer leurs mouvements par les puissances occidentales. Nous exigeons l’arrêt des bombardements en Libye et le retrait des troupes étrangères du Bahreïn. Nous appelons l’ensemble des organisations politiques, syndicales ou associatives de France s’opposant à la guerre à agir en commun pour faire cesser l’intervention militaire française en Libye.
Alternative libertaire, le 21 mars 2011 à 12h.
Un tyran peut en cacher un autre
http://pavillon.noir.over-blog.fr/
Les frappes aériennes qui ont lieu en ce moment en Libye sont riches d'enseignement pour les oppriméEs du monde entier. Une fois de plus, l'ONU confirme ce que beaucoup disent depuis longtemps : Rien ne vaut la bombe pour se débarrasser des despotes !
Voilà maintenant trois mois que la révolte tunisienne a éclaté. Dans son sillage, les populations d'autres pays du Maghreb et du Moyen-Orient se sont soulevées
également. La « communauté internationale » n'a pas bougé, appelant au calme et faisant prévaloir la « non-ingérence ». Entendez par là : « Nous avons fait tout ce
que nous pouvions pour maintenir au pouvoir ces régimes aussi corrompus que les nôtres, notamment en équipant leurs bouchers en uniforme. Qu'il se démerdent
maintenant ! ». Étrangement, le son de cloche n'est pas le même vis-à-vis de la Libye. Le régime du tyran Kadhafi a bel et bien été armé par certaines puissances
industrielles qui devaient bien se douter que ce n'était pas que pour s'entraîner au ball-trap. Et les voilà qui nous rejouent la première guerre du Golfe, caméras à
l'appui : On arme le dictateur à la tête d'un pays au sous-sol riche en pétrole, on le laisse réprimer sa population avec les beaux joujoux qu'on lui a livré, et puis on s'offusque, on s'indigne. Et là bizarrement l'ingérence ne pose aucun problème à personne. La différence de traitement avec la révolution tunisienne dite « de jasmin
» (occulter le sang qui a coulé avec un nom de fleur, une idée de publicitaire ?) est étrange. Aurait-on plus envie de se battre pour les puits de pétrole libyens que
pour continuer à venir se dorer la pilule au Club Med d'Hammamet ? Toutes ces magouilles illustrent bien le niveau de corruption de ces « représentantEs
démocratiques », leaders du « monde libre », qui n'ont rien à envier aux Ben Ali, Bouteflika, Kadhafi, Mohammed VI, … Armer les potes despotes puis défaire leur
régime, et faire main basse sur l'or noir, c'est bon pour le portefeuille tout ça.
Face à cette guerre impérialiste qui pointe le bout de son sale groin, menée par nos tyrans à nous, nous ne pouvons que manifester notre solidarité avec les libyenNEs qui se font livrer la « démocratie » par avion (de chasse). Nous pensons que la forme la plus élémentaire de cette solidarité est une lutte sans merci visant à détruire le complexe militaro-marchand qui opprime ici comme là-bas.
groupe Pavillon Noir
Fédération anarchiste de la Vienne
lundi 21 mars 2011
vroum a écrit:Un tyran peut en cacher un autre
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