Russie
Posté: Lun 13 Juil 2009 17:45
La terreur politique dans la Russie de 2009
Les nouvelles de Russie ne sont pas si fréquentes que ça.
Voici une lettre que nos camarades du centre Praxis à Moscou (<http://www.praxiscenter.ru>) ont adressé à un autre camarade qui s'occupe de la réédition de Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression de Victor Serge
Cela est tiré du site de l'OCL : http://oclibertaire.free.fr sur lequel vous trouverez encore d'autres informations sur la Russie ainsi que l'interview qui date de fin juin de deux camarades Julia Gousseva, traductrice et militante anarcho-syndicaliste, et de son compagnon Alexei Goussev, historien de l’Opposition de gauche et marxiste
Bon, je sais, cela n'est pas anarchiquement correct puisque du marxisme et des marchistes s'y glissent de manière incidieuse, mais, que voulez-vous, nul n'est parfait (sauf Alayn).
« Le 19 janvier 2009 notre camarade Stanislav Markelov, avocat défenseur des droits humains, et la jeune journaliste anti-fasciste Anastasia Barburova furent assassinés en plein jour au centre de Moscou. Notre proche collaborateur Stanislas Markelov, 34 ans, défendait les victimes de la politique du gouvernement russe en Tchéchénie, les anti-fascistes, les militants des syndicats indépendants et des mouvements sociaux. Il participa, en tant que démocrate et socialiste convaincu, à des campagnes pour la justice et la liberté en Russie et au plan international. On se souvient qu’il a présidé le séminaire de Praxis sur la situation dans le Caucase du nord au Forum social de Saint-Petersbourg en 2006. »
« L’assasinat de Markelov et de Baburova est sans conteste possible un acte de terreur politique. Dans l’hypothèse la plus probable, la responsabilité de ce crime revient aux gangsters d’extrême-droite dont l’activité va tous les jours croissant en Russie actuelle. Les attaques violentes sur les ‘non-blancs’ dans les rues de Moscou et d’autres villes sont devenues banales, et récemment on a assassiné plusieurs anti-fascistes bien connus. Parmi les autres victimes du terrorisme politique figurent Anna Plitkovskaya, Magomed Evloev, Mikhail Beketov,. journalistes qui ont critiqué le régime politique actuel de la Russie. – »
« La croissance des forces fascisantes en Russie est objectivement encouragée par l’atmosphère politique du pays. Alors que les actes de terreur politique restent pour la plupart impunis, les autorités et leurs média font une propagande effrénée sur les thèmes du ‘patriotisme,’ de l’autoritarisme, de l’orgeuil de grande-puissanceet de la dénonciation des ‘ennemis’ intérieurs et extérieurs. Dans ces conditions, on dépeint comme ‘héros’ les auteurs de crimes contre l’humanité (du passé comme du présent) et comme ‘traitres,’ ceux qui résistent. Le dernier article de Markelov, (publié sur le site de Praxis) intitulé ‘Le patriotisme comme diagnostic’ dénonçait précisément ces idées. Et une heure avant son assassinat, Stanislav avait participé à une conférence de presse pour protester contre la remise en liberté avant terme du Colonel Budanov, criminel de guerre qui avait violé et tué une Tchéchenne. Stanislav, en tant que représentant légal de ses parents, avait reçu des menaces de la part des admirateurs de ‘l’officier héroïque’ Budanov et il fut assassiné quelques jours après sa sortie de prison… »
« Le lien entre la remise en liberté de Budanov et l’assassinat de Markelov, même s’il n’est pas direct, est évident : les deux faits caractérisent la situation réelle dans la Russie actuelle. La société civile internationale ne pourra pas, par ses seules forces arrêter la terreur politique en Russie en ce moment, mais elle pourra faire pression sur les autorités et enfin les discréditer devant l’opinion publique mondiale en dénonçant leur attitude passive et parfois objectivement favorable face à la montée de la violence fasciste . Nous vous demandons donc d’écrire aux ambassades russes dans vos pays pour exprimer votre indignation devant le terrorisme politique en Russie et pour exiger une enquête sérieuse sur l’assassinat de Stanislav Markelov et d’Anastasia Baburova et la punition de ses organisateurs. »
Commentaire
Ainsi, 90 ans après la défaite de l’Okhrana tzariste dont Victor Serge étudia les archives, 70 ans après l’arrestation de Serge par le régime stalinien, 40 ans après l’ouverture/ [la fermeture] ( ?) du Goulag par Khrouchtchev et 20 ans après la glaznost de Gorbatchev, la terreur politique estde retour en Russie. J'ai donc tenu à ce que cette réédition fasse une place à ce qui se passe dans la Russie actuelle, où la 'démocratie" a eu comme résultat le retour d’une répression de type stalienien pour protéger un régime capitaliste d’État mafieux [contre la nouvelle gauche russe] ( ?). [La gauche occidentale a tendance à ignorer le problème des droits humains dans les pays ex-communistes, honteuse d’avoir si longtemps soutenu le ‘socialisme réellement existant’ de Staline et de ses successeurs. On se solidarise (comme il se doit) avec les Palestiniens, par exemple, . mais on ignore à peu près tout de la lutte courageuse des syndicalistes, socialistes, libertaires, démocrates, anti-impérialistes, et défenseurs des droits humains qui sont tous persécutés en Russie. ] ( ?)
L’ironie de l’histoire veut que ce soit le personnage de Victor Serge qui fasse le trait d’union entre cette nouvelle gauche russe et la révolution libératrice de 1917, ainsi qu’entre ces militants russes et nous. C’est en 1994 à Moscou où j’étudiais les manuscrits de Serge saisis par le Guépéou lors de son expulsion de Russie en 1936, que j’ai fait la connaissance de la traductrice et militante anarcho-syndicaliste Julia Gousseva et de son compagnon Alexei Goussev, historien de l’Opposition de gauche et marxiste. Tous les deux grands admirateurs de Serge, ils se sont engagés à nous aider (moi et le fils de Serge, Vlady Kibaltchiche) dans cette recherche. Constatant que la gauche russe avait été coupée pendant 70 ans de l’évolution du marxisme occidental ainsi que de l’anarchisme, du féminisme, du mouvement syndical ou anti-impérialiste, de l’histoire des luttes de classe, etc. nous avons imaginé de créer à Moscou une bibliothèque qui mettrait à la disposition des militants et chercheurs russes des livres et documents en plusieurs langues sur ces sujets. La Bibliothèque Victor Serge ouvrit ses portes le ler mai 1997 avec une réunion publique sur la Révolution espagnole de 1936. Elle comporte plus de 6000 documents dans son catalogue informatisé. Sur cette base nous avons créé le Centre de Recherche et d’Éducation [ ?] Praxis, qui depuis 1999 publie en traduction russe des ouvrages socialistes anti-totalitaires jusqu’ ici inconnus en Russie [entre autres La Révolution inconnu de Voline (sur le mouvement Makhnoviste en Ukraine), Marx critique du Marxisme de Maximilien Rubel, les analyses du Stalinisme de Tony Cliff et de Raya Dunayevskaya, une anthologie de la Gauche communiste en Russie, et bien sûr Les Mémoires d’un révolutionnaire et d’autres ouvrages de Victor Serge.] (voir notre site en quatre langues http://www.praxiscenter.ru) Tous les ans, Praxis organise une conférence internationale sur le thème du socialisme anti-totalitaire, et les contributions sont publiées. Anarchistes, syndicalistes, marxistes et démocrates radicaux se regroupent autour de Praxis et de l’exemple de Serge, qui conjuguait toutes ces tendances. Très engagés, ils publient une feuille d’opposition « Pensée radicale, » défendent les droits humains, et organisent la solidarité avec les réfugiés Tchétchènes. Aujourd’hui, ces activités sont de plus en plus durement réprimées, comme en témoigne l’assassinat, en janvier 2009, en pleine rue à Moscou de notre camarade Markelov, ‘disciple’ moderne de Victor Serge. J’ai donc demandé à Alexei et Julie de faire le point sur la répression politique en Russie aujourd’hui.
La suite et l'interview sur http://oclibertaire.free.fr
Les nouvelles de Russie ne sont pas si fréquentes que ça.
Voici une lettre que nos camarades du centre Praxis à Moscou (<http://www.praxiscenter.ru>) ont adressé à un autre camarade qui s'occupe de la réédition de Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression de Victor Serge
Cela est tiré du site de l'OCL : http://oclibertaire.free.fr sur lequel vous trouverez encore d'autres informations sur la Russie ainsi que l'interview qui date de fin juin de deux camarades Julia Gousseva, traductrice et militante anarcho-syndicaliste, et de son compagnon Alexei Goussev, historien de l’Opposition de gauche et marxiste
Bon, je sais, cela n'est pas anarchiquement correct puisque du marxisme et des marchistes s'y glissent de manière incidieuse, mais, que voulez-vous, nul n'est parfait (sauf Alayn).
« Le 19 janvier 2009 notre camarade Stanislav Markelov, avocat défenseur des droits humains, et la jeune journaliste anti-fasciste Anastasia Barburova furent assassinés en plein jour au centre de Moscou. Notre proche collaborateur Stanislas Markelov, 34 ans, défendait les victimes de la politique du gouvernement russe en Tchéchénie, les anti-fascistes, les militants des syndicats indépendants et des mouvements sociaux. Il participa, en tant que démocrate et socialiste convaincu, à des campagnes pour la justice et la liberté en Russie et au plan international. On se souvient qu’il a présidé le séminaire de Praxis sur la situation dans le Caucase du nord au Forum social de Saint-Petersbourg en 2006. »
« L’assasinat de Markelov et de Baburova est sans conteste possible un acte de terreur politique. Dans l’hypothèse la plus probable, la responsabilité de ce crime revient aux gangsters d’extrême-droite dont l’activité va tous les jours croissant en Russie actuelle. Les attaques violentes sur les ‘non-blancs’ dans les rues de Moscou et d’autres villes sont devenues banales, et récemment on a assassiné plusieurs anti-fascistes bien connus. Parmi les autres victimes du terrorisme politique figurent Anna Plitkovskaya, Magomed Evloev, Mikhail Beketov,. journalistes qui ont critiqué le régime politique actuel de la Russie. – »
« La croissance des forces fascisantes en Russie est objectivement encouragée par l’atmosphère politique du pays. Alors que les actes de terreur politique restent pour la plupart impunis, les autorités et leurs média font une propagande effrénée sur les thèmes du ‘patriotisme,’ de l’autoritarisme, de l’orgeuil de grande-puissanceet de la dénonciation des ‘ennemis’ intérieurs et extérieurs. Dans ces conditions, on dépeint comme ‘héros’ les auteurs de crimes contre l’humanité (du passé comme du présent) et comme ‘traitres,’ ceux qui résistent. Le dernier article de Markelov, (publié sur le site de Praxis) intitulé ‘Le patriotisme comme diagnostic’ dénonçait précisément ces idées. Et une heure avant son assassinat, Stanislav avait participé à une conférence de presse pour protester contre la remise en liberté avant terme du Colonel Budanov, criminel de guerre qui avait violé et tué une Tchéchenne. Stanislav, en tant que représentant légal de ses parents, avait reçu des menaces de la part des admirateurs de ‘l’officier héroïque’ Budanov et il fut assassiné quelques jours après sa sortie de prison… »
« Le lien entre la remise en liberté de Budanov et l’assassinat de Markelov, même s’il n’est pas direct, est évident : les deux faits caractérisent la situation réelle dans la Russie actuelle. La société civile internationale ne pourra pas, par ses seules forces arrêter la terreur politique en Russie en ce moment, mais elle pourra faire pression sur les autorités et enfin les discréditer devant l’opinion publique mondiale en dénonçant leur attitude passive et parfois objectivement favorable face à la montée de la violence fasciste . Nous vous demandons donc d’écrire aux ambassades russes dans vos pays pour exprimer votre indignation devant le terrorisme politique en Russie et pour exiger une enquête sérieuse sur l’assassinat de Stanislav Markelov et d’Anastasia Baburova et la punition de ses organisateurs. »
Commentaire
Ainsi, 90 ans après la défaite de l’Okhrana tzariste dont Victor Serge étudia les archives, 70 ans après l’arrestation de Serge par le régime stalinien, 40 ans après l’ouverture/ [la fermeture] ( ?) du Goulag par Khrouchtchev et 20 ans après la glaznost de Gorbatchev, la terreur politique estde retour en Russie. J'ai donc tenu à ce que cette réédition fasse une place à ce qui se passe dans la Russie actuelle, où la 'démocratie" a eu comme résultat le retour d’une répression de type stalienien pour protéger un régime capitaliste d’État mafieux [contre la nouvelle gauche russe] ( ?). [La gauche occidentale a tendance à ignorer le problème des droits humains dans les pays ex-communistes, honteuse d’avoir si longtemps soutenu le ‘socialisme réellement existant’ de Staline et de ses successeurs. On se solidarise (comme il se doit) avec les Palestiniens, par exemple, . mais on ignore à peu près tout de la lutte courageuse des syndicalistes, socialistes, libertaires, démocrates, anti-impérialistes, et défenseurs des droits humains qui sont tous persécutés en Russie. ] ( ?)
L’ironie de l’histoire veut que ce soit le personnage de Victor Serge qui fasse le trait d’union entre cette nouvelle gauche russe et la révolution libératrice de 1917, ainsi qu’entre ces militants russes et nous. C’est en 1994 à Moscou où j’étudiais les manuscrits de Serge saisis par le Guépéou lors de son expulsion de Russie en 1936, que j’ai fait la connaissance de la traductrice et militante anarcho-syndicaliste Julia Gousseva et de son compagnon Alexei Goussev, historien de l’Opposition de gauche et marxiste. Tous les deux grands admirateurs de Serge, ils se sont engagés à nous aider (moi et le fils de Serge, Vlady Kibaltchiche) dans cette recherche. Constatant que la gauche russe avait été coupée pendant 70 ans de l’évolution du marxisme occidental ainsi que de l’anarchisme, du féminisme, du mouvement syndical ou anti-impérialiste, de l’histoire des luttes de classe, etc. nous avons imaginé de créer à Moscou une bibliothèque qui mettrait à la disposition des militants et chercheurs russes des livres et documents en plusieurs langues sur ces sujets. La Bibliothèque Victor Serge ouvrit ses portes le ler mai 1997 avec une réunion publique sur la Révolution espagnole de 1936. Elle comporte plus de 6000 documents dans son catalogue informatisé. Sur cette base nous avons créé le Centre de Recherche et d’Éducation [ ?] Praxis, qui depuis 1999 publie en traduction russe des ouvrages socialistes anti-totalitaires jusqu’ ici inconnus en Russie [entre autres La Révolution inconnu de Voline (sur le mouvement Makhnoviste en Ukraine), Marx critique du Marxisme de Maximilien Rubel, les analyses du Stalinisme de Tony Cliff et de Raya Dunayevskaya, une anthologie de la Gauche communiste en Russie, et bien sûr Les Mémoires d’un révolutionnaire et d’autres ouvrages de Victor Serge.] (voir notre site en quatre langues http://www.praxiscenter.ru) Tous les ans, Praxis organise une conférence internationale sur le thème du socialisme anti-totalitaire, et les contributions sont publiées. Anarchistes, syndicalistes, marxistes et démocrates radicaux se regroupent autour de Praxis et de l’exemple de Serge, qui conjuguait toutes ces tendances. Très engagés, ils publient une feuille d’opposition « Pensée radicale, » défendent les droits humains, et organisent la solidarité avec les réfugiés Tchétchènes. Aujourd’hui, ces activités sont de plus en plus durement réprimées, comme en témoigne l’assassinat, en janvier 2009, en pleine rue à Moscou de notre camarade Markelov, ‘disciple’ moderne de Victor Serge. J’ai donc demandé à Alexei et Julie de faire le point sur la répression politique en Russie aujourd’hui.
La suite et l'interview sur http://oclibertaire.free.fr