[Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

[Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Antigone le Lun 21 Déc 2009 18:40

¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨
PETITE HISTOIRE DE L OR RACONTEE AUX ENFANTS

__________________________________________________________________________


COMMENT L'OR DEVIENT L' UNITE DE MESURE DES MARCHANDISES

La valeur d'une marchandise provient du travail, plus ou moins long et difficile, effectué pour la fabriquer, mais elle est également estimée à partir de son usage et de son abondance
La marchandise puise donc sa valeur dans le travail dépensé dans un processus qui, par étapes successives, conduit à sa production, mais cela n'apparait réellement que lorsqu'elle est mise en comparaison avec un autre produit dans le but de faire un échange, une sorte de troc. Dans ce cas, on doit effectuer une estimation de la valeur de chaque marchandise (ça coute combien ?).
Une lance, par exemple, vaudra une certaine quantité de maïs après que l'on ait estimé quelle somme de travail avait été nécessaire pour les produire.

Lorsque la division sociale du travail s'est développée (c'est-à-dire que des personnes différentes à des niveaux différents participaient à la production d'un même produit), des excédents de production de tous ordres ont commencé à apparaitre. Les échanges sont devenus plus complexes parce qu'ils couvraient un éventail plus large de produits;
Pour simplifier le change, on s'est mis alors à désigner un équivalent général, un produit très répandu dont la valeur d'usage servait de référence pour l'échange de tous les autres;
Cela ne dura pas, car selon les régions et les secteurs d'activité dominants (chasse, élevage, agriculture, artisanat...), cet équivalent n'était pas le même.

L'élargissement du marché et l'accroissement des besoins imposaient que la valeur de toutes les marchandises s'incarne en un équivalent commercial unique, un moyen de paiement universel. La monnaie va servir à ça..

Sa première fonction sera d'apporter une réponse pratique, d'indiquer un prix pour toute opération de paiement; Rapidement, en circulant, en passant de mains en mains au gré des transactions, en jouant un rôle d'intermédiaire, elle va contribuer à établir un lien de communauté à communauté, et entre les groupes sociaux.
Plus tard, une partie non circulante ne va pas tarder à se constituer, elle va participer à la thésaurisation (la caverne d'Ali-Baba) puis au processus d'accumulation purement capitaliste (le coffre transformé en piscine d'Onc' Picsou).

La monnaie ne sera pas qu'un instrument de mesure d'une marchandise, elle va devenir elle-même une marchandise comme les autres, dont la valeur va se mesurer par rapport à une autre qui va lui servir d'étalon.
Cette valeur étalon devait être inaltérable, impérissable, homogène, divisible et rare. Tout ça à la fois.
Seul un minerai possèdant ces propriétés pouvait jouer ce rôle de monnaie..L'or, métal précieux entre tous, devint cette valeur. L'argent aussi, mais dans une moindre mesure parce que plus répandu..

Les premières particules d'or que l'on trouva perlait en surface. L'extraction s'effectuait par gravitation, en se servant de la force d'un cours d'eau. Puis quand les gisements à ciel ouvert se sont taris, il a fallu en chercher plus loin, ailleurs, creuser la terre de plus en plus profondément.
Aujourd'hui, la plus grande mine du monde, celle de Tau Tona en Afrique du Sud, est profonde de plus de 3000 mètres et comporte un réseau de 800 kilomètres de galeries. A l'intérieur, la chaleur est suffocante, plus de 50°. A raison de 9 à 10 heures par jour, des milliers de mineurs noirs y perdent leur santé et leur liberté pour extraire la richesse du monde.
Cette mine ne fournit pourtant que 20 tonnes d'or par an. Ce n'est pas pour rien si l'or est un métal rare... Oui tout ça pour seulement 20 tonnes quand la production mondiale tourne autour de 2 500 tonnes par an, et elle devrait décliner à partir de 2010.
Depuis le début de l'humanité, 150 000 tonnes ont été produites et l'on estime à 100 000 tonnes les réserves encore non extraites.

En fonction des époques et au rythme des découvertes des gisements, le rapport entre l'or et l'argent a varié dans une fourchette allant de 1 à10 jusqu'à de 1 à 20.
On adopta une unité de poids bien déterminée en or. De nos jours, l'once est la valeur de référence. Elle représente un poids de 28, 349 grammes; et le lingot pèse un kilo. L'unité de poids permit de définir l'unité de mesure de la monnaie et ses subdivisions.
Mais en attendant que les pièces de monnaie fassent leur apparition, la valeur d'une marchandise s'exprima en une certaine quantité d'or, sous forme de petits lingots de tailles variables . Les commerçants plus modestes voyageaient avec des bourses contenant de gros grains d'or, voire de la poudre d'or et il valait mieux pour eux qu'elles ne soient pas trouées...

Image

L'OR A TRAVERS L'HISTOIRE ANCIENNE

Il y a plus de 7 000 ans,.des peuples comme les sumériens utilisaient déjà l'or,
On peut imaginer que la découverte de ce minerai brillant ait stimulé les ardeurs pour l'extraire de la terre et déchainé les convoitises pour se l'accaparer. Sa première fonction fut d'ornement,.mais bien vite, l'or devint un enjeu de pouvoir.

Cresus, un roi de Lydie, est resté dans la postérité pour sa fabuleuse richesse qu'il tirait d'une rivière appelée Pactole.
Les pharaons, les premiers, ont utilisé l'or pour faire étalage de leur puissance, l'emportant même dans l'au-delà. Les populations étaient sacrifiées, réduites en esclavage pour leur en fournir toujours davantage. Les guerres étaient entreprises pour s'emparer des mines d'or des royaumes voisins.

L'or s'est imposé sans mal comme valeur de référence et de richesse.
Pour la monnaie, cela s'est passé differemment. Son histoire peut se résumer en une suite de suprématies; se chevauchant parfois.

La monnaie de référence utilisée dans les échanges a d'abord varié en fonction des routes commerciales qui étaient empruntées.
Le pays qui se situait au carrefour de ces routes produisait la monnaie qui servait à ces échanges et, grâce à cette monnaie, étendait les frontières de son empire jusqu'aux limites extrèmes de son influence économique.

Les perses, parce que leur royaume se situait entre l'Egypte et l'Inde, furent les premiers à partir de -500 à frapper des pièces d'or, des dariques (pour Darius), à l'éffigie du souverain régnant.
Dès lors, il devenait inutile de peser l'or dont la pureté pouvait toujours être discutée. La garantié d'authenticité apportée par un roi suffisait et les échanges commerciaux s'en trouvèrent facilités et accrus.

Il a fallu extraire toujours plus d'or, mettre la main sur des mines aux confins des empires, pour répondre à l'accroissement de la masse monétaire en circulation. L'or servait de base à toute l'économie. Et lorsqu' il arriva qu'il fût trop rare pour servir d'usage à une monnaie, l'argent s'y substitua. Ce fut le cas pour la Grèce antique. Le cuivre, quant à lui, était réservé à la menue monnaie.

Lorsque l'or manquait, on avait aussi recours à la dégradation. Elle consistait à fondre les pièces et à en créer de plus petites de même valeur.
La monnaie étant dépréciée, cela provoquait une inflation, une perte de confiance chez les commerçants qui voyaient d'un mauvais oeil les pièces (les aureus) devenir de plus en plus petites, et qui se répercutait dans les échanges entre pays.
Les empereurs romains ont de plus en plus souvent usé de cette pratique pour remplumer artificiellement leur trésor.

Mais au moment des invasions barbares, l'empire avait cessé de s'étendre et les mines s'épuisaient. Le volume d'or extrait, qui était fréquemment dilapidé en bijoux et autres babioles, ne suffisait plus à satisfaire les besoins de la circulation des marchandises et payer les mercenaires.
En 476, l'empire romain d'Occident s'écroula. L'empire byzantin lui survécut plus longtemps parce que les mines d'Orient, en particulier celles de Nubie,rapportaient davantage, ce qui lui permit d'acheter la paix à ses voisins.

A cette époque, le besant byzantin (ou sou d'or) était la monnaie de référence reconnue pour les échanges internationaux. Elle le resta jusqu'à ce que les arabes émergent comme la puissance montante de la régon et contestent cette monnaie sur laquelle figurait l'éffigie de l'empereur. Ils préféraient y voir des citations du Coran. En réalité, ce n'était qu'un prétexte.
Lorsque les arabes conquirent une grande partie de cet empire à la fin du VIIe siècle, ils créèrent leur propre monnaie, le dinar (en or), le dirham (en argent). Jusqu'au XIIIe siècle, le dinar demeura la monnaie dominante dans une zone commerciale s'étendant de la côte du Sénégal jusqu'aux contreforts de l'Himalaya.

A partir du XIIe siècle, le centre de gravité des routes commerciales se déplaça vers la Méditerrannée. Le capitalisme et sa pratique mercantile prenait son essor dans quelques cités italiennes qui réussissaient à attirer dans leurs établissements bancaires d'importants dépôts d'or grâce aux positions qu'elles occupaient sur les itinéraires de commerce. A la fin du XIIIe siècle, l'une d'elles, la République de Venise, fabriqua sa propre monnaie. Le ducat en or devint la principale monnaie européenne et le restera jusqu'à la Révolution française.

Image

L'OR ET LA MONNAIE DEPRECIEE

A partir du XVe siiècle, l'expansion économique gagna les ports de la Mer du Nord.
Mais après 1453 et la prise de Constantinople par les turcs, la route des Indes par la voie terrestre devenait impossible. Il ne fallut que quatre décennies, le temps pour le Moyen-Age de prendre fin, pour qu'un nouvel accès soit trouvé par le cap de Bonne Espérance. Dès lors, les routes commerciales se mirent à partir de la façade atlantique.

Avec la conquête des empires amérindiens, de nouveaux stocks d'or permirent à l'Espagne de prendre place parmi les grandes nations qui, pendant trois siècles, se livrèrent bataille pour le contrôle des routes maritimes sous toutes les latitudes. Mais cet or bon marché en provenance des Ameriques contribua surtout à faire la fortune des Compagnies de commerce et des bourgeoisies européennes au XVIIe siècle.

Tous les moyens étaient bons pour obtenir de l'or sans avoir à payer le prix de l'extraction.
"La bourse ou la vie !"... Abordages de galions par des pirates arborant le pavillon à la tête de mort, pillages, rapines, vols de grands chemins et attaques de fourgons royaux ont fourni des arguments à bien des films d'aventures...

Au Moyen-Age, les malandrins rognaient la tranche des pièces. Lorsqu'ils avaient récupére une quantité suffisante d'or, ils transformaient les rognures en petits lingots qu'ils revendaient au marché noir.
Avec le temps, les pièces devenaient "usées", c'est-à-dire qu'elles avaient rétréci; Leur valeur ne correspondaient plus à leur poids en or et les monnaies se dévaluaient.

Les gouvernements royaux, qui n'étaient que des bandes de brigands qui faisaient la loi au lieu de la subir, se sont mis alors à frapper des monnaies plus petites, contenant moins d'or, sans changer la valeur nominale de la monnaie. Oh les voyous !
Un décalage a commencé alors à se creuser entre la valeur réelle de l'or et la valeur de la monnaie.
C'est comme si petit à petit une partie de la richesse était détournée, s'était retrouvée mise de côté, à l'écart du circuit emprunté par les échanges de marchandises et régi par la monnaie.
Ainsi, plus le commerce se développait et plus ce phénomène de thésaurisation sur l'or et l'argent prenait de l'importance, tandis que la monnaie ne servait que de simple moyen de paiement d'un acheteur vers un vendeur.

C'est sur cette épargne que prend naissance le crédit.
Les facilités de paiement sont permises par l'épaisseur de ce matelas. Acheteurs et vendeurs deviennent étroitement dépendants; Désormais, les obligations de paiement qui les lient les transforment en débiteurs et en créanciers.
Lorsque les échéances sont honorées, tout va. Dès qu'elles ne le sont plus, le défaut de paiement se répercute sur toute la chaine, faisant craindre la faillite des établissements prêteurs, un ralentissement de la circulation des marchandises et la possibilité de crises.

Avec le principe des paiements différés, on n'avait pas besoin d'une masse monétaire en proportion aussi importante qu'avant; au moins pour le commerce d'usage ordinaire, car pour les transactions internationales et les exportations de capitaux, l'or sous forme de lingots demeurait la monnaie universelle de référence.

Image

L'OR, LE PAPIER-MONNAIE ET LES PREMIERES CRISES

La prolifération des pièces de monnaie usées rendait nécessaire leur remplacement par du papier-monnaie.
Le papier-monnaie était un titre émis par l'Etat proportionnellement à la quantité d'or nécessaire pour assurer les échanges. Il avait cours forcé à sa valeur nominale, ce qui le rendait inconvertible. Il remplaçait l'or dans sa fonction de moyen de circulation, mais sans avoir de valeur propre puisque c'était du papier.
Il pouvait aussi ne plus rien valoir du tout, devenir du jour au lendemain un vulgaire chiffon de papier. On s'en est méfié pendant longtemps.

La Chine a été le premier pays à en faire usage, au XIIe siècle. On en émit dans les colonies du Nouveau monde à la fin du XVIIe siècle, puis en France pendant la Régence. Quelques expériences frauduleuses et la bouqueroute du financier écossais John Law en 1720 ralentirent son expansion.

Vers la fin du XVIIIe siècle, les Etats européens durent faire face à une diminution de leurs réserves en argent à cause des guerres interminables mais aussi en raison du commerce avec la Chine qui, déjà à cette époque, vendait bien plus qu'elle n'achetait; Ses commerçants ramenaient chez eux de grosses quantités d'argent.
Alors, pour compenser la diminution des pièces en circulation, mais aussi pour couvrir leurs dépenses, les Etats vont émettre de plus en plus de titres papier, de billets sur actions, augmentant du même coup la masse monétaire.

Après les guerres napoléoniennes, le Royaume britannique se lance dans un vaste programme de renouvellement de sa monnaie. Il crée le souverain en or, la couronne en argent, pendant que ses banques régionales vont se mettre à émettre de petites coupures. En 1844, la loi sur la charte des banques reconnait les billets de la Banque d'Angleterre garantis par une couverture en or comme étant la monnaie légale et souveraine. L'étalon-or est institué.

L'économie mondiale est en pleine expansion. Mais il va s'avérer que le papier-monnaie dissocié de l'or s'adapte mal aux besoins de la circulation des marchandises. Il manque de réactivité face au volume et à la rapidité des échanges, tout simplement parce que c'est plus facile de mettre du papier-monnaie sur le marché que de le retirer, et qu'Il est plus difficile à réguler que les pièces d'or du temps où l'or et la monnaie ne faisaient qu'un.
Ce dysfonctionnement va alimenter de petites crises qui vont devenir de plus en plus importantes. Elles inspireront les écrits économiques de Karl Marx.

C'est à la suite d'une de ces crises, en 1847, que les parlementaires américains votèrent une loi très importante sur l'Indépendance du Trésor. En étant séparé des comptes du gouvernement fédéral, le système bancaire allait pouvoir voler de ses propres ailes et s'établir sur une valeur étalon...Mais, l'or ou l'argent ?

On tenta d'imposer un étalon-argent car l'or manquait en dépit de la légendaire ruée vers l'or de 1849.
L'argent qui servait au commerce intérieur se retrouva bien vite surrévalué par rapport à l'or qui était utlisé pour le commerce avec l'étranger, principalement avec l'empire britannique qui l'avait adopté comme valeur étalon. Conséquence immédiate: une érosion de la quantité d'or en circulation au profit de l'argent, ce qui limitait encore un peu plus les moyens monétaires.

En 1857, une crise encore plus importante survint quand les banques américaines décidèrent de suspendre tout paiement en argent. Quatre ans plus tôt, le gouvernement avait déjà fait réduire le poids en argent de ses pièces. Ce ne sera pas la seule péripétie de ce genre. L'instabilité monétaire dûe au bimetallisme va se poursuivre en Amérique encore pendant plusieurs années.

Pourtant au milieu du XIXe siècle, l'activité économique était en plein développement. Les banques avaient reçu en dépôt la masse de capitaux que les artisans et paysans amassaient jusqu'alors dans leurs bas de laine. C'est grâce à cette manne que le secteur bancaire avait pris son essor. Aux Etats Unis, il s'était organisé en trusts et prenait une part considérable dans l'expansion industrielle via le crédit financier.

Toutefois cet argent métallique qui servait à l'investissement, mais aussi et de plus en plus à la spéculation, circulait en quantité insuffisante pour répondre sans risque de crise à la demande des déposants.
Seul l'or pouvait mettre les Etats à l'abri en servant d'étalon et de base au système monétaire.

Image

L'OR SERT DE BASE AU SYSTEME MONETAIRE

La faiblesse des moyens de paiement américains rendait la crise inévitable.
Elle intervint en 1873 lorsque l'Allemagne décida d'utiliser l'or extrait des mines d'Afrique du Sud pour l'adopter dans les transactions monétaires comme unité de valeur à la fois stable, échangeable et universelle. Le gouvernement américain fut obligé d'en faire autant, provoquant du même coup l'effondrement du cours de l'argent et le krach du 9 mai 1873. Le bimétallisme (argent-or) prenait fin.

La crise économique dura une trentaine d'années sous la forme d'un long marasme, mais sans connaitre de récession.
Cela donna le temps au premier système monétaire international de s'installer; le temps également d'assainir les circuits financiers de la masse de titres papier que n'importe quelle banque avait le droit d'émettre.

Il faudra attendre 1879 pour que le système étalon-or soit institué au niveau international.
Ce retour à l'odre et à la stabilité ne pouvait être possible que par un monopole étatique d'émission, mais aussi par des règles limitant les sorties d'or et garantissant dans chaque Etat des réserves suffisantes. Cette tâche était confiée aux banques centrales dont se dotaient tous les pays industrialisés. Les Etats Unis furent les derniers à créer la leur, la Réserve Fédérale (on l'appelle la FED), en 1913.

En cette "heureuse" fin du XIXe siècle, toutes les monnaies étaient convertibles en or. Les fortunes étaient stables. Le dimanche, la bonne société se montrait en famille, se promenait en calèche et affichait son élégance sur les grandes avenues. Ah le bon temps de la Belle Epoque !

Mais voilà, la Guerre de 14 va éclater et tout va se dérègler.
La boucherie battant son plein, les dépenses militaires vont exploser, obligeant les Etats belligérants à fabriquer bien plus de monnaie qu'ils n'ont de contrepartie en or... avec le secret espoir de se payer plus tard sur le vaincu.

L'étalon-or avait vécu.
Une conférence internationale sera convoquée à Gènes en 1922 à l'initiative de l'Empire britannique pour tenter de remettre sur pied le système monétaire mis à mal par une inflation galopante. Tous les protagonistes du conflit y participeront, sauf les USA.
Conseillés par des économistes d'un autre âge, Ils s'accorderont pour rétablir la convertibilité de leur monnaie soit en or, soit, par défaut, en une autre monnaie convertible en or, le dollar US ou la livre sterling, puisqu'il s'agissait des monnaies des pays vainqueurs qui n'avaient pas subi de destructions.

Toutefois, ce système, qui prend le nom de Gold Exchange Standard, est bien incapable de règler la question des parités alors que la masse monétaire va s'accroitre de manière considérable entre 1923 et 1929; Pensez donc qu'en Allemagne, il faudra une brouette pleine de billets pour acherer à manger.
Faut-il donc revenir à la forte valeur des monnaies d'avant-guerre comme l'y poussent Churchill et la vieille garde des politiciens ?

John Keynes, un économiste anglais, pense que ce n'est plus possible sous peine de risquer un effondrement de l'économie.
En quelque sorte, la crise de 1929 lui donna raison. Le maintien de la parité avec l'or n'est pas tenable. Il faut l'abandonner et dévaluer fortement pour soustraire la monnaie de la spéculation. C'est ce à quoi doivent se résoudre le Royaume Uni en 1931 et les Etats Unis en 1933;
En janvier 1934, Roosevelt dévaluera une nouvelle fois le billet vert de près de 41% par rapport à l'or, ce qui lui permettra d'émettre de la monnaie qui servira à financer le New Deal.

La conférence de Londres qui est organisée la même année se borne à en prendre acte, enterrant par la même le Gold Exchange Standard.
Elle sonne le glas d'un système batard et bicéphale ($ et £) qui ne connait pas un meilleur destin que le bimétallisme. Le glas aussi d'une époque de courte transition entre deux conflits mondiaux;
L'augmentation des dépenses d'armement puis la guerre vont balayer toute velléité de retour à l'étalon or.

Image

L'OR ET LE SYSTEME DE BRETTON WOODS

A partir de 1943, le cours de la guerre s'inverse. Les armées de l'Axe refluent et les puissances alliées commencent à imaginer l'après-guerre.
Comment mettre en place un nouvel ordre monétaire mondial, retablir un système multlatéral des paiements, Par une restauration du Gold Exchange Standard ?

Deux options sont évoquées.
Celle de John Keynes (britannique) s'inspire trop de l'ancien système et attribue à la livre sterling un rôle qui ne correspond plus à sa puissance économique. Ses conceptions jadis novatrices paraissent désormais surrannées.
Celle de Harry White (américain) s'appuie sur le rôle de pivot du dollar US avec un rattachement nominal à l'or.
C'est cette dernière proposition qui va prévaloir, tout simplement parce que, de toutes les monnaies, le dollar US est la seule qui avait gardé par rapport à l'or sa valeur de 1934, mais aussi parce que la puissance économique américaine est la seule qui fonctionnait à plein régime, alors que l'Europe offrait le spectacle d'un immense champ de ruines..

Les accords de Bretton Woods sont signés le 22 juillet 1944 par une quarantaine d'Etats alliés. Ils instaurent un système d'étalon change-or encadré par deux organismes de régulation et de contrôle, le FMI et la Banque Mondiale.
La valeur du dollar US est indexée sur l'or, à la valeur de 35 dollars l'once, tandis que les autres monnaies sont indexées sur le dollar. Les réserves des banques centrales doivent être constituées de devises, des précieux dollars si possible ou des bons du trésor, mais non plus d'or.
Le gouvernement américain garantit la valeur du dollar, mais n'est pas obligé d'avoir une contrepartie en or correspondant à la monnaie émise. La position américaine est d'autant plus dominante que les USA possèdent alors, enfouies profondément au Fort Knox dans le Kentucky, les 3/4 des réserves mondiales d'or.

Le plan Marshall donne aux USA le rôle de promoteur de la reconstruction d'après-guerre. Grâce à cette aide qui est loin d'être désintéressée, les pays occidentaux parviendront à relever leur économie au bout d'une dizaine d'années.
En 1958, le traité de Rome entérine par le Marché Commun la reprise du libre échange commercial en Europe. La croissance va alors connaitre un boom sans précédent.

La solidité affichée par les USA parait inébranlable, sans faille. L'illusion est trompeuse.
D'abord parce que le dollar n'est pas si fort. Par rapport aux autres monnaies, sa dernière dévaluation commence à dater.
L'autre problème, c'est que, depuis le début des années 50, leur balance des paiements est deficitaire en raison de ce que leur coûte le service après vente, principalement en Europe. En une douzaine d'années, ils multiplient par quatre leurs investissements industriels et commerciaux.

L'administration américaine n'a pas lieu de s'en soucier, puisque pour y remédier, il lui suffit de fabriquer des dollars. Comme c'est pratique !
Non seulement ça ne lui coûte rien, mais ça permet à chaque injection d'alimenter le commerce mondial en liquidités et de développer les échanges. Il n'y a par conséquent aucune raison pour que les dépenses ne continuent pas de plus belle dans les années 60.

En 1967, le déficit va atteindre 20 milliards de dollars, soit 2,5% du PIB. Vous me direz qu'en proportion, ce n'est pas énorme, mais en quantité, de déficit et déficit, cela finit par faire trop, beaucoup trop par rapport aux réserves d'or qui, elles, ne se reproduisent pas comme des petits pains.
Ce qui est tout aussi inquiétant, c'est que les avoirs en dollars détenus par les banques centrales à l'étranger sont devenus, eux aussi, très très importants.

Tout ira bien aussi longtemps que l'once d'or continuera de se négocier à la valeur de 35 dollars. Le marché libre de Londres réouvert en 1954 doit y veiller. C'est la clé de voute du système de Bretton Woods.

Mais à partir de 1959-60, des tiraillements se font sentir sur le marché,.qui rendent de plus en plus difficile le maintien de cette valeur à son taux d'origine. Les promesses sociales de Kennedy provoquent un début de spéculation sur l'or qui, à un moment, atteindra la barre symbolique des 40$. Or chaque fois que l'or monte, Fort Knox doit en mettre sur le marché pour en faire redescendre le cours.
Washington demande alors le concours des principales banques centrales pour l'aider dans cette tâche. Ainsi se constitue en 1961 un "Pool" de l'or... Attention les enfants, pas la poule aux oeufs d'or !

Mais les interventions de ce pool deviennent de plus en plus fréquentes. Le marché de Londres apparait comme un gouffre dilapidateur.
De Gaulle en a assez.
Assez de cette politique qui permet aux américains de financer leur développement par leur déficit.
Assez de ces dollars dont il craint qu'ils fassent l'objet d'une dévaluation et deviennent de la monnaie de singe. Il veut les troquer contre de l'or. Il ne croit qu'en l'or. En 1967, Il se retire du Pool.

L'année suivante, la Grande Bretagne, prisonnière de ses dettes et de son encombrante alliance, est contrainte de dévaluer, déclenchant une vague spéculative. On se jette sur l'or. C'est de la folie !
Il faut de toute urgence créer une dérivation pour soulager le marché officiel. On décide alors d'ouvrir un autre marché pour les particuliers où les banques centrales n'interviendront plus. Le 17 mars 1968, Washington décide de ne plus .soutenir le cours de l'or sur ce marché parallèle.
Dès lors, le Pool n'a plus de raison d'être. Triomphe de courte durée du Grand Charles car mai 68 va le ramener sur terre.
Ce système mal foutu disparait..Mais celui qui le remplace, ce n'est que du rafistolage effectué à la va-vite. Ce n'est pas fait pour durer.

On pense un temps revenir à l'étalon-or abandonné depuis 1914, mais cela nécessiterait d'éponger un trop grand volume de liquidités et aurait le même effet sur le patient que les saignées pratiquées au temps de Molière. Le ralentissement des échanges commerciaux qui s'en suivrait provoquerait une grave crise économique.
On pense compenser la déperdition monétaire en surrévaluant l'once d'or bloqué arbitrairement à 35 dollars depuis 1934. Mais cela reviendrait à donner des armes en pleine Guerre froide à l'URSS qui est l'un des principaux producteurs d'or. Pour les américains, il ne saurait en être question.
On pense créer une monnaie internationale gérée par le FMI, mais on devine déjà la guerre qui se déclencherait pour en prendre le contrôle. D'ailleurs, récemment, DSK a reformulé cette idée sur la base d'une monnaie qui depuis sa création, existe dans un bocal à l'état embryonnaire, sous la forme de droits de tirage spéciaux (DTS)... et on la voit mal sortir du bocal.

Il faut se rendre à l'évidence. Aucun système monétaire, même à l'état de projet, n'apporte assez de garanties pour réorganiser les échanges commerciaux.
Bretton Woods est mort.
L'acte de décès, c'est Richard Nixon, président des Etats Unis, qui le signe le 15 août 1971.

Lorsque Nixon fait cette annonce, les observateurs sont pris de court. Personne ne s'attend à ce que le monde financier soit ébranlé de la sorte dans le creu des vacances d'été. Pourtant, en y regardant de plus près, cette décision était la seule qui préservait le leadership américain.

Le bricolage de 1968 aurait pu tenir quelques années de plus en s'accommodant du déséquilibre récurent de la balance des comptes américaine . Mais l'intensification de l'engagement militaire au Vietnam va tout accélérer. Le financement de cette guerre lointaine va grevè le budget et accroittre l'endettement américain dans des proportions hallucinantes.
Même en promo, les bombes au napalm, c'était pas donné ! Et par dessus le marché, l'armée américaine enregistrera une série de revers sur le terrain à partir de l'offensive du Têt de 1968.

En 1969-70, c'est cette dégradation des finances américaines qui va amener les banques centrales, de moins en moins confiantes dans une monnaie qui garnit leurs coffres, à réclamer l'échange de leurs dollars papier contre de l'or.

Le vent a tourné. Nixon se retrouve alors coincé, car en 20 ans, les réserves de Fort Knox se sont évaporées de moitié.
Pour éviter de se faire complètement dépouillé, il n'a d'autre ressource que de faitre usage de son droit de diktat. Puisque les Etats Unis ont créé ce système parce qu'il les servait, ils peuvent aussi le défaire s'ils estiment qu'il a fini de les servir... Et voilà comment, par un beau jour d'août 1971, Nixon a annoncé qu'il renonçait au nom de son pays à garantir les dollars par leur équivalent en or.



L'OR, TEMOIN DISCRET DE LA GUERRE DES CHANGES FLOTTANTS

Maintenant, imaginez un cube en or de 32 cm de côté et essayez de le soulever. Vous n'y arriverez pas. Il pèse une tonne. On s'en rend compte dans les films policiers par la difficulté avec laquelle les auteurs d'un casse extraient les lingots d'un coffre fort.
Avec 19.32 de densité, l'or est l'un des métaux les plus "lourds" qui existent, mais au début des années 70, il avait les propriétés d'un ballon amarré par son cordon ombilical à sa valeur référence de 1934. Il suffisait de rompre cette attache pour que le ballon s'envola et avec lui, l'inflation.
En outre, la surtaxe de 10% sur les importations industrielles décidée dans le même temps équivalait à une dévaluation déguisée du dollar. Ainsi se mettaient en place des manoeuvres permettant aux Etas Unis de vivre à crédit et, plus globalement, visant à soutenir la compétitivité de tel ou tel produits.

L'inconvertibilité du dollar en or, c'est le point de départ de la guerre financière, commerciale et économique que connaissons encore aujourd'hui.
Aussitôt; un jeu de bascule va s'instaurer entre l'or et le dollar. Que l'un monte; l'autre descend.

Les monnaies ne garderont pas longtemps leurs taux de change indéxés sur le dollar car les Etats en ont ras-le-bol d'acheter des dollars pour maintenir leur parité. Le système va donc s'inverser. Les détenteurs de dollars les vendent pour de l'or ou des monnaies fortes comme le yen et le deutche mark qui bénéficient des capacités exportatrices de leurs économies.
En 1972, les pays européens (membres de la CEE) comprennent la nécessité de faire flotter leurs devises de manière concertée afin de les mettre à l'abri de mouvements spéculatifs ciblés sur l'une d'elles. Ils s'accordent sur l'amplitude des oscillations comparables à celles d'un Serpent, tout en maintenant entre elles des rapports aussi stables que possible.

Le 19 mars 1973. un nouveau système monétaire international est institué, celui des "changes flottants".
Le décor est désormais planté pour la guerre USA-Europe-Japon. Leur lutte d'influence et leurs manoeuvres vont tout de suite s'engager à la faveur de la crise économique qui survient quelques mois plus tard à la suite du premier "choc pétrolier".(le quadruplement brutal du prix du baril)

L'administration américaine n'étant pas disposée, cette fois, à soutenir sa monnaie, comme elle l'avait fait pour l'or, celle-ci va se déprécier considérablement. Par rapport au deutche mark (son allié européen). le dollar perdra près de la moitié de sa valeur, créant du même coup une inflation à deux chiffres, ce qui contribuera à faire sortir les unes après les autres les monnaies européennes du Serpent monétaire. Celui-ci est finalement abandonné en 1978.

De cette déroute va naitre l'idée d'une monnaie européenne unique (l'ECU, ancêtre de l'euro) dont la valeur sera calculée au prorata économique des pays qui adhéreront à ce principe.
Le 13 mars 1979, le Système monétaire européen (SME) est créé. Désormais, les devises ne fluctueront plus les unes par rapport aux autres, mais par rapport à la moyenne des autres..Il faudra quand même attendre 1985 pour que l'ECU remplace le dollar comme monnaie de réserve.et d'intervention sur les marchés.

La mise en place de ce nouveau système amènera l'administration américaine à réviser complètement sa stratégie puisque ne pouvant plus compter sur le levier du deutche mark. Sous l'impulsion de Paul Volcker, le directeur de la FED, les Etats Unis s'engageront dans une politique d'austérité afin de réduire l'inflation, la ramenant de 13 à 3%, et permettre au dollar de retrouver sa vigueur.

Le krach de 1987 sonnera comme un premier avertissement à l'ascension insolente des" yuppies" et à l'euphorie libérale de l'ère Reagan.
Il illustrera au passage l'évolution prise par la monnaie depuis le XIXe siècle, puisqu'en devenant la contrepartie, non plus d'un stock d'or, mais d'émision de crédit par les banques, elle tend à se dématérialiser, à s'opacifier et à échapper à tout contrôle.
Dans les années 90, les mouvements de capitaux s'effectuent de plus en plus rapidement, les marchés sont dérèglementés, ce qui favorisent les opérations spéculatives comme celle de Georges Soros sur la livre sterling qui tuent le SME en 1993 ou encore celle qui sera à l'origine de la tempête qui souffla sur les places asiatiques en 1997.

En 1998, la BCE prend le relais de l'IME, une créature voulue par le traité de Maastricht, et s'édifie sur le modèle de la Bundesbank.
L'euro est mis en usage sur les marchés financiers l'année d'après sur la base d'une valeur (1€ = 1,168$) qui cherche à concurrencer directement le dollar US.
Les positions des principales devises (dollar, euro, yen, yuan) ont pris, depuis, l'allure d'une guerre de tranchée commerciale aux implications stratégiques complexes. La parité euro/dollar est devenue un indicateur de référence de par le volume de billets en circulation et de transactions quotidiennes. Quand l'un descend, l'autre monte rendant ses produits plus chers.

l'or depuis 1971.gif


L'OR, INDICATEUR DE CRISE

Le rôle joué par la monnaie sur les marchés financiers n'a pas pour autant fait perdre son importance à l'or, bien au contraire. Il est devenu une valeur refuge qu'on achète dès que les bourses et les résutats économiques donnent des signes d'inquiétude.
Depuis que Nixon l'a libéré de toute attache avec le dollar, et depuis que la guerre économique fait rage, la valeur de l'or a d'abord pris ses aises avant de refléter les tensions commerciales et l'état de santé du système capitaliste..

Son premier pic a correspondu avec le bras de fer que le dollar au plus bas avait engagé avec les monnaies européennes. Après une augmentation de 150% en 1979, il a atteint un cours historique à 850$ l'once le 20 janvier 1980 qui restéra inapprochée pendant plus d'un quart de siècle.
Par la suite, l'or a connu une fièvre de moindre importance en 1982-83 lorsque le "2e choc pétrolier" s'est combiné avec la révolution iranienne, puis une autre en 1987 quand s'est produit le krach.
Jusqu'en 1997, son cours moyen s'est maintenu aux alentours de 400$ l'once, connaissant même une petite compression à 250$ au carrefour de l'an 2000. C'est le moment qu'avait choisi la Banque d'Angleterre pour vendre la moitié de ses réserves ! Hahahaha !

Depuis 2005, son ascension a pris une forme expotentielle. Le 3 janvier 2008, il battait le record de 1980, puis franchissait la barre symbolique des 1000$ quelques jours plus tard. Dernièrement, après avoir battu record sur record, il a affiché 1217$ le 2 décembre 2009.

Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce phénomène:
- La crise des subprimes bien sur, bien que le cours de l'or ait chuté de 20% en octobre 2008, juste après la faillite de Lehman Brothers. Mais plus d'un an après le krach, on assiste encore aux USA à des faillites bancaires à répétition qui illustrent bien la fragilité du système financier dans son ensemble.
- L'équilibre précaire entre l'offre et la demande car la raréfaction de la production d'or ne parvient pas à satisfaire totalement la demande provenant des banques centrales, de la Russie, de la Chine, mais aussi, et c'est nouveau, des pays émergents les plus en pointe (Inde, Mexique...). Beaucoup de pays frappent à la porte du top 10. Les rapports de force sont lentement en train d'évoluer.
- La faiblesse du dollar est entretenue par le besoin pour Washington de soutenir sa consommation intérieure, et par la faiblesse d'un yuan dont la valeur n'a pas varié depuis 10 ans malgré une croissance de 10% par an.
En conséquence, la flambée de l'or tire à la hausse les autres métaux précieux (argent, platine) ainsi que les matières premières qui sont libellées en dollars.

L'escalade ne semble pas prête de s'arrêter car de plus en plus de pays craignent que la montagne de dettes emmagasinée par les USA ne se règlent un jour en une monnaie qui aura perdu une grande partie de sa valeur. Il y en a aussi qui investissent dans l'or pour se prémunir contre l'inflation. L'investissement dans l'or peut également représenter un moyen (un brin risqué) de se désendetter.

Plus le dollar chutera et plus l'or montera...
Jusqu'ou ? Les prospectives les plus folles circulent... 1 500$ ? Certains analystes parlent de 2 000$ !....
Plus l'or montera et plus grands seront les risques d'une chute vertigineuse. Plus grosse sera également la bulle spéculative qui fera très mal le jour où elle éclatera.
D'après certaines rumeurs, 10 à 15 000 tonnes d'or auraient été empruntées dont le rendement pourrait être mis à mal si l'or montait trop vite. Les achats importants pourraient se transformer en importantes pertes. Le tout sera de savoir vendre au bon moment et il n'y aura pas que des gagnants...

Les USA sont de loin le pays qui détient la plus grande quantité d'or avec plus de 8 000 tonnes.
Le FMI qui vendait il y a quelques jours une partie de ses réserves à des pays émergents (Inde, Sri Lanka) en détient plus de 3 000, presque 6 fois plus que la BCE.
La Chine, avec 1 000 tonnes, remonte progressivement au classement. Au mois de mars, Pekin ammonçait en avoir acquis 400 de plus, rien de moins...
La France occupait encore récemment une fragile 4e place avec 2 500 tonnes après avoir vendu 1/6 de ses réserves depuis 2005, au moment où le cours de l'or s'était mis à affoler les compteurs. Elle apparait comme le plus gros vendeur du monde. Des ventes "techniques" d'après Bercy... (Hahahahaha !)

Image

Bon voila. J'espère vous avoir intéressé.
J'espère qu'après avoir lu cette histoire, vous ne serez plus tentés de parler de "monnaie anarchiste" ou de "monnaie biodégradable" comme je l'ai lu il y a quelques mois.
Il n'y a pas de monnaie possible qui ne prenne place dans un système monétaire. Il n'y a pas de système monétaire possible sans une valeur étalon. Il n'y a pas d'autre valeur étalon possible que l'or.
La meilleure façon d'en finir avec ce jeu de monopoly planétaire à base de profits et de spéculation, dirigé par la valeur, c'est de se battre pour un monde sans argent.

Antigone,
Votre conseiller financier.

_____________________
EDIT
J'apporte une actualisation

RFI - 14 mars 2010

L'Afrique du Sud n'est plus que le 4e producteur mondial d'or

Alors qu'en 2006, l'Afrique du Sud était le premier producteur d'or au monde, le pays ne se place désormais plus qu'en quatrième position, bien loin derrière la Chine, le numéro un. Depuis deux ans les mines tournent au ralenti, notamment en raison de la récession consécutive à la crise économique, mais pas seulement.

La production d'or a chuté de 5,8 % en 2009. Ce mauvais chiffre est pourtant bien meilleur que celui de l'année précédente. En 2008, la baisse avait atteint les 14,5 %. Les mines avaient tourné au ralenti en raison des coupures d'électricité à répétition, et de nombreux puits avaient aussi été fermés pour des raisons de sécurité.

Aujourd'hui, les gisements sont de plus en plus profonds et très coûteux à exploiter. L'Afrique du Sud, premier producteur mondial pendant plus d'un siècle, a donc été détrônée par la Chine dès 2007. La nation Arc-en-ciel a ensuite été dépassée par l'Australie et les Etats-Unis.
Pourtant le secteur aurifère rapporte toujours gros : près de 4 milliards 800 millions d'euros l'an passé selon la Chambre des Mines. Et les filons emploient encore quelque 159 000 personnes à travers le pays.
Dernière édition par Antigone le Dim 3 Oct 2010 13:28, édité 3 fois.
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
L'Autonomie, ça devrait ressembler à ça
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1694
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede willio le Sam 26 Déc 2009 14:19

Ouf, fini. Merci pour cette explication.
Par contre "racontée aux enfants" t'y vas un peu fort, tout n'est pas très évident. :|
Les systèmes monétaires ont toujours eu une petite part de mystère pour moi.

Peut-être que ça pourrait alimenter le ptit noir de décembre.
Vous avez cru jusqu’à ce jour qu’il y avait des tyrans ? Et bien ! vous vous êtes trompés, il n’y a que des esclaves : là où nul n’obéit, personne ne commande.
Anselme Bellegarrigue
Avatar de l’utilisateur
willio
 
Messages: 5206
Inscription: Sam 14 Juin 2008 22:00
Localisation: Grenoble

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Antigone le Sam 26 Déc 2009 18:21

C'est peut-être pour les grands enfants alors...
J'ai quand même essayé de faire simple et accessible, sans grandes phrases, sans utiliser un vocabulaire économique ardu, en séparant bien les chapitres avec des images et un peu de second degré...
Je reconnais que le système des changes flottants, c'est un peu compliqué. Mais si tu as réussi à comprendre grosso modo quelque chose à cette histoire jusqu'à ce que Nixon décide de changer la règle du jeu, c'est déjà pas mal.
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
L'Autonomie, ça devrait ressembler à ça
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1694
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede willio le Dim 27 Déc 2009 12:05

Oui ça va t'inquiète, c'est compréhensible. Disons qu'il y a juste certains mécanismes profonds dans les équivalences des monnaies que je ressens sans vraiment les comprendre. Ca doit être la logique capitaliste qui échappe à mon entendement. :lol:
En tout cas je partage ta conclusion à 100%.
Vous avez cru jusqu’à ce jour qu’il y avait des tyrans ? Et bien ! vous vous êtes trompés, il n’y a que des esclaves : là où nul n’obéit, personne ne commande.
Anselme Bellegarrigue
Avatar de l’utilisateur
willio
 
Messages: 5206
Inscription: Sam 14 Juin 2008 22:00
Localisation: Grenoble

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede id73160 le Dim 27 Déc 2009 13:23

Merci Antigone :wink: ,

Ci après le texte revu et corrigé avec le correcteur d'écriture de Firefox ( si tu veux le recopier/coller dans le message original :wink: , tu me le signales et j'éditerai ce post pour alléger l'ensemble, si tu veux pas recopier/coller dis le moi aussi d'ailleurs :) )

et sur ce passage:
Les USA sont de loin le pays qui détient la plus grande quantité d'or avec plus de 8 000 tonnes.
Le FMI qui vendait il y a quelques jours une partie de ses réserves à des pays émergents (Inde, Sri Lanka) en détient plus de 3 000, presque 6 fois plus que la BCE.
La Chine, avec 1 000 tonnes, remonte progressivement au classement. Au mois de mars, Pekin annonçait en avoir acquis 400 de plus, rien de moins...
La France occupait encore récemment une fragile 4e place avec 2 500 tonnes après avoir vendu 1/6 de ses réserves depuis 2005...


En fait les crises "financières/monétaires" vu qu'elles entraînent un replis sur l'or et la hausse du cours de l'once, redonnent des réserves aux pays qui en possèdent le plus (et l'écart doit grandir de façon exponentielle si je ne m'abuse), non ?
Autre question (qui fait le lien avec le topic pétrole+dette), est ce que la "propriété or" des états entre en compte dans la capacité à rembourser les emprunts ? :P
Dernière édition par id73160 le Mar 29 Déc 2009 16:09, édité 2 fois.
id73160
 
Messages: 275
Inscription: Sam 29 Aoû 2009 16:53

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Antigone le Mar 29 Déc 2009 15:33

id73160 a écrit:Ci après le texte revu et corrigé avec le correcteur d'écriture de Firefox ( si tu veux le recopier/coller dans le message original , tu me le signales et j'éditerai ce post pour alléger l'ensemble, si tu veux pas recopier/coller dis le moi aussi d'ailleurs )


Je ne comprends pas trop ce que tu veux dire. Je ne vois pas ce que la version "allégée" change, si ce n'est que la pièce jointe n'y figure pas. Je me demande même ce qui a été "corrigé", enfin bref, je trouve que c'est bien comme ça.

id73160 a écrit:En fait les crises "financières/monétaires" vu qu'elles entraînent un repli sur l'or et la hausse du cours de l'once, redonnent des réserves aux pays qui en possèdent le plus (et l'écart doit grandir de façon exponentielle si je ne m'abuse), non ?

Pas forcément. Il y a davantage de détenteurs qu'il y a une trentaine d'années.
Dans les années 90, les grandes banques centrales ont vendu de l'or. Depuis quelques années, les pays émergents à forte croissance en achètent, surtout la Chine et l'Inde. C'est un peu comme pour un jeu de cartes. Plus il y a de joueurs, et plus la distribution restreint pour chaque joueur le nombre de cartes qu'il peut avoir en main.

id73160 a écrit:Autre question (qui fait le lien avec le topic pétrole+dette), est ce que la "propriété or" des états entre en compte dans la capacité à rembourser les emprunts ?

Il y a des Etats qui comptent se désendetter de cette façon. Ils achètent de l'or en pensant le revendre avec la plus forte plus value possible. A ce niveau, c'est une sorte de super casino. Mais c'est risqué parce que si tous les Etats font ça, le marché deviendra agité, nerveux et très imprévisible.
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
L'Autonomie, ça devrait ressembler à ça
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1694
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede id73160 le Mar 29 Déc 2009 16:11

Antigone a écrit:Je ne comprends pas trop ce que tu veux dire. Je ne vois pas ce que la version "allégée" change, si ce n'est que la pièce jointe n'y figure pas. Je me demande même ce qui a été "corrigé", enfin bref, je trouve que c'est bien comme ça.

ça corrigeai les "fautes de frappe", accents oubliés etc... Bref rien de bien grave :P

merci pour les réponses par ailleurs :wink:
id73160
 
Messages: 275
Inscription: Sam 29 Aoû 2009 16:53

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Lepauvre le Mar 29 Déc 2009 16:32

Antigone a écrit:....Il n'y a pas de monnaie possible qui ne prenne place dans un système monétaire. Il n'y a pas de système monétaire possible sans une valeur étalon. Il n'y a pas d'autre valeur étalon possible que l'or.
La meilleure façon d'en finir avec ce jeu de monopoly planétaire à base de profits et de spéculation, dirigé par la valeur, c'est de se battre pour un monde sans argent.

Antigone.



Juis d'accord, la seule façon de finir avec l'argent et ses meaux, c'est de se battre pour un monde sans argent. Je suis pour à 100% comme willio.


Remarques qui me restent à faire:

- Que tout monnaie est automatiquement dans un système monétaire avec usure et tout son bazaar, d'accords.
- Q'un système monétaire sans fixer sa valeur n'en est pas un.

- Mais sur: "Il n'y a pas d'autre valeur possible que l'or"...pas d'accords.

Que l'or est le champion invaincu des valeurs pour l'instant ne veut pas dire que l'humain ne décide pas a s'attacher à une autre valeur 'précieux', le temps venu.
A savoir que la valeur de l'or est purement imaginaire, basée sur l'envie d'en avoir, née au moment ou sa brillance attirait les yeux de l'humanité.

Il suffirait de créer un autre envie, et le mélanger à une rélative rareté pour obténir une monnaie d'echange quasi stable.

C'est là ou la ridiculité de tout monnaie d'échange se revêle et demontre par son artifice q'un monde sans argent est tout à fait naturelle à la base.
Retournons donc à la base, emportons ce que nous savons.
...et à plus, je vous aime.
Avatar de l’utilisateur
Lepauvre
 
Messages: 1309
Inscription: Ven 13 Mar 2009 12:47

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Antigone le Mar 29 Déc 2009 17:46

Lepauvre a écrit:Il n'y a pas d'autre valeur possible que l'or"...pas d'accord

Je parle de valeur étalon, c'est-à-dire d'une valeur servant de répère indiscutable et accepté par tous, une valeur par rapport à laquelle il est possible d'estimer la valeur de toutes les autres choses.

Lepauvre a écrit:Que l'or est le champion invaincu des valeurs pour l'instant ne veut pas dire que l'humain ne décide pas a s'attacher à une autre valeur 'précieux', le temps venu.
A savoir que la valeur de l'or est purement imaginaire, basée sur l'envie d'en avoir, née au moment ou sa brillance attirait les yeux de l'humanité.
Il suffirait de créer un autre envie, et la mélanger à une rélative rareté pour obténir une monnaie d'echange quasi stable.

Si l'or a été choisi, ce n'est pas seulement parce que ça brille et que ça stimulerait l'envie d'en avoir, mais parce que cette valeur étalon ne doit pas être périssable et ne doit pas donner prise à l'usure du temps. Voila pourquoi elle ne peut être que minérale. Enfin pour que ce soit réellement une valeur, elle doit être rare. Et il n'y a que l'or qui remplisse toutes ces conditions.
Si on n'a rien trouvé d'autre, c'est parce qu'on n'a pas trouvé mieux pour mesurer une valeur... même si depuis 1914, l'or et la monnaie se sont quelque peu dissociés.

Si jamais l'homme lui substituait une autre valeur étalon, une valeur à laquelle il serait davantage attaché, ça ne changerait rien au problème, tout simplement parce que le problème n'est pas dans la nature de la monnaie d'échange. Et si en plus, tu fais reposer cette nouvelle monnaie d'échange sur "une relative rareté", tu n'obtiendras au final rien d'autre qu'un marché.

Lepauvre a écrit:C'est là ou le ridicule de toute monnaie d'échange se revêle et demontre par son artifice q'un monde sans argent est tout à fait naturel à la base.
Retournons donc à la base, emportons ce que nous savons.

Oui, mais je crois qu'il n'y a pas besoin de retourner aux origines pour parvenir à un monde qui ne soit pas dirigé par la valeur.
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
L'Autonomie, ça devrait ressembler à ça
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1694
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Lepauvre le Mar 29 Déc 2009 18:09

Bref on est d'accords en gros,
et je m'incline devant ton travail de recherche, comme d'habitude brillant.
...et à plus, je vous aime.
Avatar de l’utilisateur
Lepauvre
 
Messages: 1309
Inscription: Ven 13 Mar 2009 12:47

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Lepauvre le Mar 29 Déc 2009 18:13

Imagine qu'on prends les parcelles du sahara comme monnaie d'échange....
Suffit de délimiter le cadre.....
c'est un parfait monnaie d'échange surtout si ces parcelles ne sont pas nominatives.
...et à plus, je vous aime.
Avatar de l’utilisateur
Lepauvre
 
Messages: 1309
Inscription: Ven 13 Mar 2009 12:47

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede conan le Mar 29 Déc 2009 18:18

Lepauvre a écrit:et je m'incline devant ton travail de recherche, comme d'habitude brillant.


T'incline pas trop quand même, Antigone n'est pas très fan de ce genre de gros mots, il risquerait d'en profiter pour te mettre un coup de latte ! :D

Lepauvre a écrit:Imagine qu'on prends les parcelles du sahara comme monnaie d'échange....
Suffit de délimiter le cadre.....


En fait c'est déjà le cas, des projets gigantesques de multinationales occidentales sur des panneaux solaires sont en cours dans le Sahara... :mrgreen:
"L'anarchie, c'est la victoire de l'esprit sur la certitude" Georges Henein
Avatar de l’utilisateur
conan
 
Messages: 2633
Inscription: Sam 14 Fév 2009 17:48

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Lepauvre le Mar 29 Déc 2009 18:26

Je crois pas à la latte, antigone est genereux, gentil et au dessus de tout les coups.
Comme moi j'aimerais l'être.

Aussi il est un prévenu de l'instabilité de l'intélligence souterrain, en bon maitre artificier il sait s'en tenir à l'écart pour éviter que ça lui pête à la geule, à titre injuste, mais peu importe!
...et à plus, je vous aime.
Avatar de l’utilisateur
Lepauvre
 
Messages: 1309
Inscription: Ven 13 Mar 2009 12:47

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Antigone le Dim 6 Juin 2010 11:31

Radio Canada - 04 jun 2010
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/In ... orts.shtml

Exploitation minière au Nigeria: L'or qui tue

Depuis le début de l'année, 163 villageois, dont 111 enfants, sont morts par empoisonnement au plomb, conséquence tragique de l'extraction illégale de minerais d'or au Zamfara, dans le nord-ouest du Nigeria, ont déclaré les autorités nigérianes vendredi.
Quelque 300 autres personnes sont, en outre, malades.

Affirmant tout faire pour « enrayer l'épidémie », le Dr Henry Akpan, épidémiologiste en chef au ministère de la Santé, a précisé qu'elle s'était propagée dans cinq villages des districts d'Anka et Bungudu.

En collaboration avec le Centre de prévention et de contrôle des maladies (États-Unis), les autorités ont commencé à évacuer la région et à décontaminer les zones sinistrées. Le ministère de la Santé a en outre alerté différentes agences de santé internationales comme l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et Médecins sans frontières (MSF).

Le Dr Akpan a ajouté que les autorités prodiguaient maintenant des conseils sanitaires à la population et les informaient des « dangers de l'exploitation illégale des mines ».
Selon le Dr Akpan, les enfants empoisonnés ont joué près des endroits où les villageois broyaient les roches afin d'en extraire l'or ou ont participé eux-mêmes au processus d'extraction.
Ils auraient été empoisonnés en inhalant des poussières de plomb ou en portant la main à la bouche après avoir touché le minerai.

Une exposition à des niveaux élevés de plomb peut causer des troubles de comportement ou d'apprentissage, des problèmes reproductifs ou cognitifs, des troubles nerveux, de l'hypertension, ralentir la croissance, causer des dommages cérébraux et endommager le système nerveux. Dans les cas les plus sévères, l'exposition peut provoquer le coma, voire la mort.
Le Dr Akpan n'a pas été en mesure de préciser pourquoi les autorités avaient pris six mois à réagir.

La semaine dernière, le président Goodluck Jonathan, a inauguré une grande usine de transformation dans le Zamfara, un État qui dispose d'énormes gisements de minerais, notamment d'or et de colombite.

REPORTAGE
L'Observateur (Burkina Faso) - 18 mar 2010
http://www.lobservateur.bf/spip.php?article13645

La mort à ciel ouvert et à portée de pioche

Le bilan est, on ne peut plus, alarmant, et on ne peut blâmer les autorités communales de Dassa d’avoir pris la décision de fermer, même temporairement, le site d’or du village de Nébia situé juste à six kilomètres du chef-lieu de la commune.

En effet, du 13 février (jour du démarrage de l’exploitation) au 10 mars de cette même année, on a enregistré sur ce site trois éboulements avec un total de sept (7 morts). Nous avions fait, ce 14 mars, un déplacement dominical sur les sites de Nébia et de Divolé (3 km plus loin) pour mieux nous imprégner de la situation. Et là, on a le tournis de voir que sur le site de Nébia, exploité anarchiquement et où on a de l’or presque à ciel ouvert, on a là aussi, la mort juste à portée de pioche.

Il n’est pas rare de voir à Koudougou, à Réo ou dans quelques villages, des jeunes en jeans cintrés, en baskets ou en chaussures très tendance, le cou et les bras bardés de chaînes et de colliers, chevauchant des motos SPARK, APPACHE, ‘’C’est le moment’’ ou JC Super, faire des piques de vitesse et pavanant avec un look de jeunes friqués. Dans les maquis, c’est sur leurs tables que s’amassent le plus de bouteilles d’alcool et où on est sûr de boire à satiété.

Ces gazeurs ne sont autres que les chercheurs d’or travaillant dans les sites dont regorge particulièrement la province du Sanguié. L’envie d’imiter ces ‘’fortunés’’ est vite née et le besoin de se faire de l’argent tout de suite et maintenant fait le reste. Ainsi, on voit des jeunes tout larguer pour rejoindre ces sites où souvent, c’est la désillusion qui les ramène sur terre.

Et de sites, on en a à profusion dans le Sanguié. Dans la seule commune de Dassa, le maire François Bassié nous en a énuméré trois : Nébia, Divolé et Yerdioun, et de préciser que ces potentialités leur posent beaucoup de problèmes.

Pour ce qui est du site de Nébia et faisant son historique, François Bassié a indiqué que ce sont les bergers du village qui ont, dans leurs promenades, vu quelque chose qui brillait. Intrigués, ils ont un peu gratté et se sont rendu compte qu’ils avaient là ni plus ni moins que de l’or.

Comme une traînée de poudre, la nouvelle de l’existence de l’or à Nébia s’est vite répandue et les orpailleurs qui squattaient le site de Divolé et ceux désœuvrés du site de Yerdioun fermé depuis un certain temps, n’ont fait que se rabattre sur le village. Du 13 février 2010, date de l’arrivée des premiers chercheurs d’or au 10 mars date de l’éboulement mortel, 2000 à 3000 aventuriers du métal précieux ont investi le village qui ne comptait que quelques centaines d’habitants.

Nébia était un site prisé d’autant plus qu’ici le sol est sablonneux, contrairement à Divolé où l’or est logé dans le granite. Cependant, cet avantage géologique va constituer le côté fragile du site car les trous sont instables, les risques d’effondrement sont légion, le danger permanent, et la mort à portée de pioche.

Un mois, trois éboulements et sept morts

Cette affluence va être naturellement très problématique pour ce petit village d’agriculteurs et de bergers, ainsi qu’un casse-tête pour l’autorité communale. Forte pression sur les ressources hydriques avec ces besoins grandissants en eau pour la boisson, pour le traitement et le lavage du minerai et les autres besoins de près de 3000 nouveaux arrivants.

Problèmes environnementaux avec la destruction des arbres, la pollution de l’air du fait de la poussière résultant du creusage et du vannage, la pollution de cours d’eau, des puits et de la nappe phréatique du fait de l’utilisation abusive et incontrôlée de produits chimiques pour le traitement de l’or.

Le maire, montrant la zone dévastée, déplore le fait qu’on ne puisse plus y entreprendre une activité de production. Même si les orpailleurs n’en ont cure de toutes ces nuisances, il y a aussi le danger permanent que représente le site même du fait de la fragilité de sa composition sablonneuse. Comme l’a conté Ernest Kikan Soulama, haut-commissaire du Sanguié, en moins d’un mois, le site a enregistré trois éboulements.

Le premier a eu lieu une semaine après l’ouverture du site à savoir le 22 février. Un éboulement qui n’aurait pas fait de victime à en croire les orpailleurs, même si le maire reste sceptique car, dit-il, ce jour-là, ils ont trouvé une dizaine de paires de chaussures qui jonchaient l’entrée du trou.

Faut-il croire que les orpailleurs ont délibérément menti pour ne pas avouer qu’il y a des personnes enfouies dans le sable au risque de voir le site fermé ? On est tenté de le croire surtout que pour beaucoup de chercheurs d’or, quand une mine ne ‘’bouffe’’ pas de gens, c’est dire qu’il n’y a pas suffisamment d’or ou qu’il est maudit.

C’est ce que nous a confié Parfait Bationo dit ‘’Burkina Faso’’, le bien-nommé, qui creuse depuis 1996. Globe-trotter, il nous a confié fièrement avoir dans son palmarès des sites comme Poura, Fada, Perkoa, Guido, Sandié, Thion, Yerdioun, Divolé, Poa, Pama, Nadialpoun et maintenant Nébia. Il dit que c’est le seul boulot qu’il maîtrise et préfère travailler dans les mines au risque de sa vie que d’être rattrapé un jour pour des actes de brigandage.

"Il y a certes des incidents mais on leur demande de "nous donner la route" pour qu’on reprenne le travail. Si c’est le travail de l’or, la mort est là toujours et c’est le travail de Dieu. Même moi je peux rester dans le trou mais ce n’est pas grave. J’ai vu des camarades et des frères mourir dans les trous mais ça ne me décourage pas car c’est normal quand on cherche l’or. Lui aussi (l’or) veut bouffer. La mort est là, mais nous aussi on est là, et on travaille aussi pour nous nourrir", a raconté ‘’Burkina Faso’’, précisant qu’il a fait sortir du trou l’équivalent de 17 charrettes de sable qu’il n’a pas eu le temps de traiter et ajoutant qu’il a vu des éboulements plus dramatiques que ce qui est arrivé à Nébia.

Cependant, c’est la fréquence des éboulements à Nébia qui est préoccupante. Après le premier éboulement du 22 février, un autre est survenu le 5 mars et aurait tué une seule personne. C’est le troisième qui a été plus meurtrier avec sept personnes prises dans le piège.

Cinq sont morts sur le coup, un des deux évacués à l’hôpital de Koudougou a succombé par la suite. En un mois donc, la mine de Nébia a ’’bouffé’’ sept personnes. Et si cette fréquence devait se poursuivre ou s’empirer, vu qu’on n’est qu’en début d’exploitation, il faudra croire que l’or de Nébia a une telle boulimie qu’il convient de stopper. Et c’est ce qu’ont décidé, avec sagesse, les autorités communales de Dassa.

La police maître des lieux même si…
Il faut dire que si cette décision a été prise suite aux drames qui se sont succédé sur le site, d’autres raisons justifient aussi cette fatwa communale. La proximité du site avec l’école primaire (une centaine de mètres) a fait que l’école a été vite envahie par la poussière. Son domaine s’est transformé en site de prospection. Des maladies ont fait jour.

Les élèves ont vidé les classes pour rallier le site où ils ont des sous à glaner à travers les services qu’ils proposent dans le domaine du ramassage et du lavage de la terre, de la vente d’eau et de nourriture. La poussière a contraint un enseignant à abandonner son logement, vite transformé en parking.

Les grandes filles aident leurs mères sur le site avec tous les risques de dépravation que cela comporte. ‘’On mangeait, buvait et respirait la poussière. Les élèves désertaient l’école pour le site. Depuis deux semaines l’école est fermée. On va ouvrir demain (lundi 15 mars) avec la peur que les élèves ne soit tentés d’aller jouer ou fouiller dans les trous restés béants’’ , nous a confié Néya Bayon, le directeur de l’école de Nébia qui compte trois classes (CPI, CP2, CMI) et 188 élèves tenus par trois enseignants dont une dame.

A notre passage, le site était calme et seule la police était maître des lieux. Une escouade de policiers conduite par le commissaire de Didyr, Seydou Ouoba, y a été envoyée avec pour mission de faire le constat de l’éboulement du 10 mars, de déguerpir les occupants qui y travaillaient de façon anarchique, sans structuration ni autorisation, et de sécuriser le site conformément à la décision de fermeture de la mairie de Dassa.

Si la police est maître des lieux, il faut dire que les orpailleurs ne s’avouent pas vaincus. En effet, il nous a été rapporté que certains viennent la nuit, à la faveur de l’obscurité, ramasser le sable pour le traiter plus loin, ou rentrent même dans les trous au péril de leur vie. Ils s’adonnent à cette pratique dans le noir complet, n’utilisant leurs lampes-torches que de façon brève et en cas de strict besoin afin d’éviter d’être repérés.

Naturellement certains se font prendre et reprendre malgré leurs supplications de ne plus recommencer. C’est dire qu’il est grand l’attrait du métal jaune. Et c’est dire que cette présence policière est loin d’émousser les ardeurs des assoiffés d’or.

Le commissaire Dieudonné Ouattara, directeur provincial de la police nationale du Sanguié, s’est montré tout aussi déterminé en affirmant que les agents y seront cantonnés jusqu’à ce que la mairie de Dassa juge la situation favorable à un retrait. ‘’Si on lève le dispositif maintenant, le site sera de nouveau envahi. Il y a certes des difficultés mais cela ne doit pas nous empêcher de faire notre boulot’’, a indiqué Dieudonné Ouattara.

Sexe, drogue, brigandage et dépravation

Même s’il n’a pas voulu s’étendre sur le sujet, le commissaire Dieudonné Ouattara reconnaît qu’avec l’apparition de site non règlementaire comme celui de Nébia, des difficultés d’ordre sécuritaire font jour. L’absence d’un concessionnaire ou de quelqu’un possédant un permis d’exploiter pouvant être un répondant complique davantage la situation.

Et c’est naturellement qu’on voit se développer sur ces sites, comme c’était le cas à Nébia selon le maire de Dassa François Bassié, des phénomènes comme la prostitution, la drogue, les actes de brigandage ou de délinquance parfois juvénile.

Parfait Bationo, notre ‘’Burkina Faso, jure, la main sur le cœur, que lui n’a jamais touché à la drogue. L’alcool ou le café noir, oui, mais la drogue, qu’elle soit en comprimé, en herbe ou en liquide, non. Lui préfère faire confiance à la force dont la nature l’a gratifié. Cependant, il reconnaît que la drogue et d’autres excitants sont omniprésents sur les sites d’orpaillage et il en connaît beaucoup qui ne s’en privent pas. Le maire François Bassié est conscient de l’existence de ces tares sur les sites de sa commune, que ce soit à Nébia ou à Divolé.

‘’Il faut sur le plan institutionnel qu’on repense les dispositions d’octroi de permis d’exploitation de l’orpaillage. Sans consulter la commune on voit un concessionnaire qui débarque, organise le village, ignore royalement l’autorité communale’’, s’est insurgé le maire de Dassa, citant les conséquences qui en découlent dont la destruction systématique de la nature, de l’environnement et des arbres fruitiers souvent centenaires.

‘’On se retrouve avec une panoplie de personnes dont on n’a ni l’identité, ni les objectifs. On voit se développer la prostitution, la drogue, la violence et toutes sortes de dépravations, et quand il y a des ennuis, ça retombe sur la mairie qui ne fait que subir et qui ne retire rien de ces sites car les décisions d’exploiter sont prises depuis Ouagadougou’’, a poursuivi François Bassié visiblement en colère et déplorant la forte pression qui est faite sur les maigres ressources en eau du village.

Il a avoué tout ignorer du cahier de charges des concessionnaires et souhaite qu’il puisse y être inséré des clauses en matière de réhabilitation des sites détruits. Sinon présentement la commune n’est pas associée à des négociations concernant le cahier de charges pour ce qui est de l’exploitant du site de Divolé que nous avions visité ce même dimanche 14 mars.

Ce trou que tu vois, c’est notre PMU-B

Divolé est situé à juste 03 Km de Nébia. Dès qu’on y met les pieds, on est vite fasciné par cette sorte de colonne vertébrale qui serpente au flanc est de la colline qui annonce le village. Ce qui s’apparente à une colonne vertébrale est en fait une longue succession de trous d’une profondeur vertigineuse. Tout comme à Nébia, on se demande comment un homme peut avoir le courage de s’engouffrer dans un tel tunnel.

On a là une sorte de souricière avec un trou d’à peine 80 cm de long sur 60 cm de large, mais dont la profondeur peut atteindre plus de 15 m. Mais là où on a le tournis, c’est que tout au fond, ces trous s’élargissent en un enchevêtrement de compartiments qui se rejoignent dans un désordre total. Si le travail est facile à Nébia du fait de la constitution sablonneuse du sol, accentuant du coup les risques d’éboulement, à Divolé, c’est dans la pierraille qu’il faut creuser pour suivre l’hypothétique filon, souvent visible que par les seuls initiés.

Malgré la disponibilité des jeunes creuseurs pour nous faire percevoir les traces d’or sur les fragments de pierre, nous ne voyions que dalle, ébahis devant ce granite qui, paraîtrait-il, contient de l’or et qui justifie toute cette violence faite à cette zone forestière et toute cette débauche d’énergie, de temps, de moyens, tant humains que financiers. Voyant notre incrédulité, un jeune d’à peine 20 ans, tout couvert de poussière et de crasse, nous lance, l’air amusé, que ce trou que nous voyons, c’est leur PMU-B. Il a affirmé n’avoir aucune peur à entrer dans ce gouffre et jure que c’est là qu’il trouvera son bonheur.

Les autres membres du groupe confirment ses dires et nous confient qu’au fond, les compartiments suivent le même sens que le filon. Un filon qui semble conduire vers le sommet de la colline si on se réfère à la succession des trous creusés du bas vers le haut de la colline. Nous n’avions pas pu mettre la main sur le concessionnaire du site, mais un jeune, surnommé ‘’Américain’’, qui nous a guidé depuis Nébia, nous a expliqué le fonctionnement du site.

La chaîne part de l’extraction des blocs de granite, qui seront concassés en de petits morceaux, lesquels seront confiés à des moulins qui vont les moudre en une farine très fine. C’est cette farine qui sera lavée et relavée jusqu’à isoler la poudre d’or. A Nébia, la procédure est presque similaire sauf qu’elle est facilitée là-bas car, au lieu de granite, c’est du sable qui est extrait de la mine.

Là tout comme à Divolé, c’est la poussière et la chaleur qui règnent en maîtres et on comprend que le conseiller municipal de Dassa, Jean Goldberg Bayili, natif de Nébia, nous ait confié que depuis l’apparition des sites les villageois développent de nouvelles pathologies respiratoires.

Ces pathologies développées par les orpailleurs aussi sont loin de décourager ceux la qui considèrent que c’est dans ces trous qu’ils tireront leur salut. Et pour nous en convaincre, ‘’Américain’’ qui est en fait un acheteur pour le compte d’un invisible patron, en s’entourant de mille et une précautions, sort de sa poche quelques miettes d’or qu’il nous montre en nous précisant que ça pèse autour de 15g et coûte autour de 225 000 FCFA au prix de 15 000 f le gramme.

Une fortune donc pour ces hères qui prennent d’assaut les sites dans l’espoir de glaner quelques grammes. Cela signifie du coup que ce serait chimérique de penser que le site de Nébia restera définitivement fermé. Le maire de Dassa ne perd pas de vue une réouverture du site, même s’il enrage contre la marginalisation des autorités communales dans les négociations et l’octroi des permis, la non-association des populations qui pourtant récoltent les pots cassés, le chaos, la désolation, la destruction de l’espace, la contamination de la nappe phréatique et les ennuis sanitaires qu’on leur laisse.

‘’Pour moi, mieux vaut ne pas exploiter des sites de ce genre qui créent des problèmes à long terme pour les populations’’, s’est-il opposé préconisant qu’on cherche des compromis avec les comités villageois de développement (CVD) et les conseils municipaux. Il a dit que le conseil municipal acceptera la décision de réouverture du site mais pour cela, il souhaite que la population ait son mot à dire afin d’éviter d’être le dindon de la farce. ‘’Quelles sont les compétences des communes en matière de négociation de permis d’exploitation minière ? Qu’est-ce qui est prévu en matière de réhabilitation des sites, de reboisement, ou de dédommagement des populations ?’’ sont autant de questions que se pose l’édile de Dassa.

Il a d’ailleurs eu une rencontre avec les villageois autour de la question de la fermeture de la mine. Au cours de cette rencontre, il a été convenu que les villageois ramasseront le sable déjà extrait pour le travailler et voir ce qu’ils pourront en tirer de telle sorte que le bénéfice profite à tous.

On peut se ‘’soulager’’, même en plein jour

Pour le moment et comme nous l’expliquait le président du CVD de Nébia, Issaka Badiel, son village n’a pas profité de ce site. Il est presque heureux à la vue du village minier, qui s’était constitué en un rien de temps, détruit et incendié par les agents de force de l’ordre quand ils sont venus chasser les orpailleurs et sécuriser le site.

Dans ce village construit avec de la paille, des branches, du bois et des toiles, on trouvait presque du tout : bar, vidéoclubs alimentés par groupes électrogènes, restaurants, boutiques et, bien sûr, les coins de plaisir. On pouvait aussi se procurer des stupéfiants comme cette herbe et ces drogues que les agents du commissaire Seydou Ouoba ont saisies au moment de leur intervention.

A Divolé, le village minier est encore plus développé et plus fourni et un rien confident, ‘’Américain’’ nous glisse à l’oreille que même le jour on peut se soulager. Il a bien dit ‘’soulager’’ mais on a compris ce qu’il voulait nous dire. Sacré ‘’Américain’’ qui visiblement trouve son compte dans cette activité de rachat de l’or à en juger par son apparence, ces vêtements pas aussi bon marché que ça, et sa moto ‘’C’est le moment’’ flambant neuve.

C’est de toute façon cette apparence qui pousse nombre de jeunes sur ces sites et qui y rencontrent des fortunes diverses. Les trous de Nébia ont déjà bouffé sept personnes et il est certain que si on le rouvre sans un minimum d’organisation et de sécurisation acceptables, d’autres aventuriers passeront à la casserole, et franchement, ce n’est pas par cynisme qu’on écrit cela, c’est par clairvoyance.
Cyrille Zoma
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
L'Autonomie, ça devrait ressembler à ça
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1694
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Denada le Sam 12 Juin 2010 22:04

Merci pour ce texte ! (le tout premier).

J'ai quelques questions dessus, si tu as le temps d'y répondre ou de me donner des références (je n'y connais absolument rien en économie, donc pardonne les questions si elles te semblent incohérentes) :

1/. Quand tu dis qu'il n'y a d'étalon possible que l'or pour la monnaie, on voit le contraire dans ton texte : quand la valeur étalon est basée sur la valeur d'usage d'un produit le plus répandu dans un lieu (dès lors, ne serait-il pas possible d'imaginer une valeur étalon basée sur quelque chose comme un minimum vital par exemple : nourriture/logement ?).
1/.a/. Ce qui m'amène à une autre question. Que la valeur étalon doive être impérissable, inaltérable, homogène, je peux le concevoir. Mais pourquoi doit-elle être rare et pourquoi doit-elle être divisible (dans le cas de l'or, on prend toujours le poids en référence, alors qu'est-ce que cela change ?) ?

2/. Actuellement, qui décide, et comment, de l'indexation d'une monnaie sur la valeur étalon ? (or ou dollar) - ou qu'est-ce qui décide de l'indexation (le marché, la croissance, la production, ...) ? - la réponse est peut-être dans la fin du texte, mais j'ai beaucoup de mal à la comprendre.

Thanks :)
Apparemment, on n'avait le choix qu'entre deux voies : persévérer dans l'arnaque ou devenir un clochard - Bukowski.
Avatar de l’utilisateur
Denada
 
Messages: 238
Inscription: Mar 27 Avr 2010 10:43

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede conan le Sam 12 Juin 2010 23:33

Je pense que les réponses à ces questions ont peut-être un volet politique, quelques hypothèses ?
1) historiquement l'or était sous contrôle des Etats, car il était issu du pillage colonial. Il était donc intéressant qu'il devienne, pour ces Etats, un étalon sur lequel ils ont un monopole aisé.
2) la divisibilité (indispensable à la monnaie, devant par essence être fractionnable puisqu'instrument de mesure de la valeur), est propre aux métaux ; et la rareté n'est certes pas une obligation (des économistes inventifs ont imaginé que l'argent pouvait remplacer l'or). Mais le véritable enjeu de la rareté, c'est peut-être que son contrôle centralisé, son monopole donc, est rendu plus aisé au pouvoir centralisé, étatique et économique. Enjeu de contrôle de l'étalon d'autant plus important que la notion de banque centrale assure la pérennité du système bancaire basé sur la réserve fractionnelle. La rareté sert un système centraliste, étatique, capitaliste.
3)L'autorité politique (et donc économique), l'Etat (ou aujourd'hui des formes de supra-Etat).
"L'anarchie, c'est la victoire de l'esprit sur la certitude" Georges Henein
Avatar de l’utilisateur
conan
 
Messages: 2633
Inscription: Sam 14 Fév 2009 17:48

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Antigone le Dim 13 Juin 2010 12:08

Denada a écrit:1/. Quand tu dis qu'il n'y a d'étalon possible que l'or pour la monnaie, on voit le contraire dans ton texte : quand la valeur étalon est basée sur la valeur d'usage d'un produit le plus répandu dans un lieu (dès lors, ne serait-il pas possible d'imaginer une valeur étalon basée sur quelque chose comme un minimum vital par exemple : nourriture/logement ?).
1/.a/. Ce qui m'amène à une autre question. Que la valeur étalon doive être impérissable, inaltérable, homogène, je peux le concevoir. Mais pourquoi doit-elle être rare et pourquoi doit-elle être divisible (dans le cas de l'or, on prend toujours le poids en référence, alors qu'est-ce que cela change ?) ?


Ce qui est répandu en un lieu n'est pas forcément répandu ailleurs. Comme c'est la rareté qui fait la valeur, on ne peut envisager qu'une valeur étalon soit quelque part très prisée et vale trois fois rien à l'autre bout du monde. Sinon imagine les trafics et la spéculation qui s'en suivrait.
Et puis l'économie est globale. Pour un chasseur, un arc est un outil indispensable, il pouvait être sa valeur étalon, mais pour un éleveur, un agriculteur, un artisan, quelle valeur cet arc pouvait-il avoir puisqu'il ne leur servait à rien ?
Plus l'homme s'est mis à avoir des échanges avec des communautés vivants dans des contrées de plus en plus reculées et ayant des ressources différentes pour vivre, et plus il a fallu harmoniser les valeurs qui permettaient les échanges.

Le minimum vital ne reste pas intact longtemps. Un logement se dégrade, la nourriture pourrit, le bétail meurt. Il faut les renouveler. Un métal n'a pas ces désagréments.
La rareté crée la valeur tout comme la pénurie crée l'économie marchande. Toutefois il fallait pas non plus que cette valeur étalon soit si rare qu'elle devienne introuvable. Il est arrivé dans l'Histoire qu'on manque d'or; dans ce cas, c'est l'argent, voire même d'autres métaux comme le cuivre, qui l'ont remplacé (c'est dans le texte). Pas besoin d'être un "économiste inventif" comme dit conan, c'était imposé par la nécessité.
La divisibilité permet de fractionner la valeur en décimale. L'or peut se réduire en poudre; sur une balance, c'est bien pratique.

Denada a écrit:2/. Actuellement, qui décide, et comment, de l'indexation d'une monnaie sur la valeur étalon ? (or ou dollar) - ou qu'est-ce qui décide de l'indexation (le marché, la croissance, la production, ...) ?

C'est l'Etat souverain (ou un Conseil d'Etats comme pour l'UE).
Il peut créer une monnaie et dire qu'elle vaut tant en or. Sa valeur est déterminée par le niveau de son économie (les monnaies fortes sont celles des pays développés) et c'est le marché qui l'ajuste au jour le jour via la Bourse.
Ai-je répondu clairement ?
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
L'Autonomie, ça devrait ressembler à ça
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1694
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Ming Li Fou le Dim 13 Juin 2010 17:42

Antigone a écrit:L'OR A TRAVERS L'HISTOIRE ANCIENNE

Il y a plus de 7 000 ans,.des peuples comme les sumériens utilisaient déjà l'or,
On peut imaginer que la découverte de ce minerai brillant ait stimulé les ardeurs pour l'extraire de la terre et déchainé les convoitises pour se l'accaparer. Sa première fonction fut d'ornement,.mais bien vite, l'or devint un enjeu de pouvoir.

Cresus, un roi de Lydie, est resté dans la postérité pour sa fabuleuse richesse qu'il tirait d'une rivière appelée Pactole.
Les pharaons, les premiers, ont utilisé l'or pour faire étalage de leur puissance, l'emportant même dans l'au-delà. Les populations étaient sacrifiées, réduites en esclavage pour leur en fournir toujours davantage. Les guerres étaient entreprises pour s'emparer des mines d'or des royaumes voisins.

Ces prémisses sont fausses. Les pharaons possédaient quelques mines dans le Sinaï mais se contententaient d'importer le reste de leur consommation de Nubie.

La première recherche militaire de l'or est celle de Cortez. Avant cela, les conquérants se contentaient de tous les produits que pouvaient verser leurs sujets pour payer leur impôts. Athènes s'inquiétait de son ravillement en blé depuis la Scythie sans jamais avoir tenté de contrôler militairement cette source. De même, Rome a annexé l'Egypte pour avoir du blé et non de l'or. Alexandre le Grand a claqué les dizaines de milliers de talents d'or que les Séleucides avaient entassé dans leur palais, donnant à l'empire un nouvel essor économique.
Avatar de l’utilisateur
Ming Li Fou
 
Messages: 680
Inscription: Dim 30 Mai 2010 21:36

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Antigone le Lun 14 Juin 2010 11:23

Les mines d'or ont eu une importance stratégique en Egypte. D'aileurs une carte, l'une des plus anciennes connues au monde, avait été réalisée qui en fixait les emplacements et les routes d'accès. Je doute que les mines du Sinaï aient été exploitées pendant des siècles et des siècles. En tout cas lorsque les pharaons ont eu besoin d'étendre leur influence au delà des rivages du Nil, leurs armées n'ont pas été accueillies en Nubie et ailleurs avec des bouquets de fleurs.

L'or a été objet et produit de l'accélération du développement économique au XVI e siècle (celui des conquistadors), mais cela n'aurait pas pu être accompli en partant du néant, sans l'apport des comptoirs méditerranéens. D'autre part il y a eu des puissances régionales (comme la Grèce) qui n'en ont pas eu besoin pour établir leur domination. L'argent leur a suffi. Quant à la gestion de l'or par Rome, elle a été catastrophique et elle a contribué à précipiter la chute de l'Empire d'occident.
En ce qui concerne l'empire d'Alexandre, il a été trop éphémère pour qu'il tire bénéfice des mines et des routes commerciales dont il avait pris le contrôle.
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
L'Autonomie, ça devrait ressembler à ça
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1694
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: [Eco]Petite histoire de l'or racontée aux enfants

Messagede Denada le Lun 14 Juin 2010 12:45

Antigone a écrit:
Denada a écrit:1/. Quand tu dis qu'il n'y a d'étalon possible que l'or pour la monnaie, on voit le contraire dans ton texte : quand la valeur étalon est basée sur la valeur d'usage d'un produit le plus répandu dans un lieu (dès lors, ne serait-il pas possible d'imaginer une valeur étalon basée sur quelque chose comme un minimum vital par exemple : nourriture/logement ?).
1/.a/. Ce qui m'amène à une autre question. Que la valeur étalon doive être impérissable, inaltérable, homogène, je peux le concevoir. Mais pourquoi doit-elle être rare et pourquoi doit-elle être divisible (dans le cas de l'or, on prend toujours le poids en référence, alors qu'est-ce que cela change ?) ?


Ce qui est répandu en un lieu n'est pas forcément répandu ailleurs. Comme c'est la rareté qui fait la valeur, on ne peut envisager qu'une valeur étalon soit quelque part très prisée et vale trois fois rien à l'autre bout du monde. Sinon imagine les trafics et la spéculation qui s'en suivrait.
Et puis l'économie est globale. Pour un chasseur, un arc est un outil indispensable, il pouvait être sa valeur étalon, mais pour un éleveur, un agriculteur, un artisan, quelle valeur cet arc pouvait-il avoir puisqu'il ne leur servait à rien ?
Plus l'homme s'est mis à avoir des échanges avec des communautés vivants dans des contrées de plus en plus reculées et ayant des ressources différentes pour vivre, et plus il a fallu harmoniser les valeurs qui permettaient les échanges.

Le minimum vital ne reste pas intact longtemps. Un logement se dégrade, la nourriture pourrit, le bétail meurt. Il faut les renouveler. Un métal n'a pas ces désagréments.
La rareté crée la valeur tout comme la pénurie crée l'économie marchande. Toutefois il fallait pas non plus que cette valeur étalon soit si rare qu'elle devienne introuvable. Il est arrivé dans l'Histoire qu'on manque d'or; dans ce cas, c'est l'argent, voire même d'autres métaux comme le cuivre, qui l'ont remplacé (c'est dans le texte). Pas besoin d'être un "économiste inventif" comme dit conan, c'était imposé par la nécessité.
La divisibilité permet de fractionner la valeur en décimale. L'or peut se réduire en poudre; sur une balance, c'est bien pratique.

Denada a écrit:2/. Actuellement, qui décide, et comment, de l'indexation d'une monnaie sur la valeur étalon ? (or ou dollar) - ou qu'est-ce qui décide de l'indexation (le marché, la croissance, la production, ...) ?

C'est l'Etat souverain (ou un Conseil d'Etats comme pour l'UE).
Il peut créer une monnaie et dire qu'elle vaut tant en or. Sa valeur est déterminée par le niveau de son économie (les monnaies fortes sont celles des pays développés) et c'est le marché qui l'ajuste au jour le jour via la Bourse.
Ai-je répondu clairement ?

Yes, merci de tes réponses (et merci Conan). Le mécanisme économique par lequel la rareté créé la valeur me reste néanmoins très obscur, mais je suis en train de me renseigner.
Apparemment, on n'avait le choix qu'entre deux voies : persévérer dans l'arnaque ou devenir un clochard - Bukowski.
Avatar de l’utilisateur
Denada
 
Messages: 238
Inscription: Mar 27 Avr 2010 10:43

Suivante

Retourner vers International

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité