Notre poto Michel , qui s'occupe de l'émission "le mélange sur Radio-Libertaire le dimanche après-midi"
est parti en Inde, pour un temps indéterminé, et à chaque fois qu'il trouve une borne Internet, il nous narre ses aventures
le 28 Juillet 2011
Cela fait bien des années que j'ai du prendre un vol pour Delhi (ou Bombay) avec escale, sur une compagnie autre que Air India ou Air France. Air France est maintenant hors de prix et Air India n'avait plus de places disponible avant l'automne. Obligé de faire ce voyage maintenant, mousson et tout, j'ai du me rabattre sur Gulf Air, dont j'avais déjà apprécié l'hospitalité lors de mon premier voyage en Inde en 1997.
Bon, un Airbus c'est un Airbus, et la couleur des sièges et de l'empennage ne change rien aux charmes particuliers de la classe touriste: les sièges sont petit, y a pas trop de place pour mes grandes jambes, et le voisin est très près, trop près souvent. Quant au repas, vous connaissez tous les repas en avion, c'est pas terrib', et tout est servi à la fois sur un plateau par de charmantes dames en uniformes de plus ou moins bon gout. Ici, chez Gulf Air, elles ont de jolies coiffes qui sont censées couvrir leurs cheveux (de houris, c'est bien connu) mais qui ne couvrent pas grand chose.
Arrivé à Bahrain, le 38° d'un crépuscule ultra humide a tout de suite mis l'ambiance. Je passe vite fait sur l'immense duty-free où il y a même des voitures en vente, un personnel pléthorique, et deux ambassades de l'Empire du Mal, un McDonald's et un Starbucks dont je me suis tenu bien à l'écart.
Beaucoup de messieurs en robe blanche et keffieh tout blanc ou rouge et blanc, beaucoup de dames plus ou moins voilées, ou tout de noir vêtues. Moive perso, et contrairement à la bien-pensance occidentales (comme si on était bien placé, derrière nos siècles de crimes et monstruosités à travers le monde, pour donner des leçons de moralité libératrice aux autres), les femmes voilées ne me posent aucuns problème éthiques ou philosophiques, surtout chez elles dans les émirats: laissons les donc se « dévoiler » quand elles auront décider de le faire elles mêmes, sans les affubler de notre inconcevable hypocrisie BHLienne!
Les malheureuses, c’est tout ce qui leur faut, avoir notre ultra-droite raciste bien mijotée façon Finkelkraut, sainte Caroline Fourest et Philippe Val pour leur enlever le voile! De force, bien sûr, et par La Loi Répubikaine, cette belle Loi qui nous a tant donné à nous autres aux belles valeurs franco-franchouille que le monde entier nous envie!!!
Deuxième service chez Gulf Air deux heures plus tard, l'étape vers Delhi. Et c'est là que la chance m'a sourit: lorsque j'ai présenté ma carte d'embarquement, la charmante dame asiatique m'a dit qu'elle me changeait de siège pour me mettre en classe affaire!!!
Délices et orgues, pour la première fois de ma vie, j'allais voyager en privilégié. Et quel privilège: boisson à gogo (vous me connaissez, j'ai profité au delà du raisonnab'), repas servi individuellement par Ali le chef de cabine et sa délicieuse assistante Filipino, et pas tout à la fois je vous prille, d'abord une salade indienne avec okra, et légumes exotiques non identifié dans un chutney à la menthe, suivi d'un curry de poisson à la goannaise, le tout arrosé à volonté d'un excellent Chablis qui m'a rendu quatre visites pendant et après le repas, et qui changeait un peu du vin blanc sud-africain de la classe touriste! Tout ça assis dans un grand et large siège avec un bon mètre entre moi et le siège de devant! Grou et regrou!!!!
La seule ombre au tableau étant le jeune franco-indien d'une douzaine d'année assis à coté de moi, et qui s'est rué sur le sac à vomi après à peine une heure vol. Un garçon bien sensible il semblerait vu que le vol était à ce moment là d'un soyeux on ne peut plus fluide sans le moindre accout. Mais ça n'a pas duré et il s'est endormi rapidos, me laissant tranquille avec mon Chablis.
Je sais une chose sans le moindre doute à propos de l'Inde et des choses indiennes, c'est qu'il ne faut jamais se fier aux apparences. Ainsi, à Roissy, je me suis trouvé au milieu d'une grande famille indienne. Ah, comme c'est sympathiques, ils rentrent au pays après quelques vacances en France, me dis-je en regardant les mamans en sari et les djeunz habillés.... en uniforme djeunz international (casquettes amérikaine, jeans taille-super-basse, sweat Abercrombie and Fitch,… un festival d'originalité et d'indépendance d'esprit...C'est pour les garçon, évidemment, les filles montrant quelques qualités stylistiques en salwar kameez et escarpins du meilleurs effet). Et tout d'un coup, l'un d'entre eux s'adresse à haute voix à un de ses copains en .... zyva pur jus dans le texte, vernaculaire 9-3 à tous les étages. Du coup je subreptice les étiquettes de leurs sacs et valises et je vois qu'ils sont français et vont tous à Pondichéry, et donc je subodore une famille de la rue du faubourgs Saint-Denis partant en vacance au pays voir les cousins que les djeunz français de la famille n'ont probablement jamais vu. C'est beau.
Après deux heures de vol, on a quitté la moiteur extrême du Golfe persique et on commence à sentir les turbulences de la mousson sur la mer d'Arabie. L'Airbus A-320 bouge et bouge de plus en plus. Heureusement, mon jeune et sensible voisin dort profondément, appréciant l'oubli des choses du siècle et de la nausée du jour dans les bras accueillants du sieur Morphée!
Allez, un cinquième Chablis, et à tout à l'heure!!
Arrivé à Delhi avec vingt minutes d'avance, c'est à 5h45 en pleine nuit que j'arrive au Rak International Hotel, au fond d'une allée sombre et potentiellement dangereuse: bouses et crottes de chiens errants (il y en a partout, sales bêtes!). Le préposé est en place derrière son bureau et peu après, je suis dans une chambre pour quatre, histoire de dormir jusqu'à midi, heure à laquelle ma chambre réservée sera dispo.
Plus tard dans l'après midi, je retrouve Satyen dans son quartier du sud de Delhi, Greater Kailash, un coin sympa classes-moyennes supérieures ("nouvelle petite bourgeoisie intellectuelle" dixit Bourdieu et Jean Pierre Garnier chez nous), plein de jolies maisons, jardins et verdures. En fait, la partie sud de Delhi, "New" Delhi pour la plupart, est des plus agréables avec ses grandes avenues ombragées et fleuries. Il n'y a que Paharganj et "Old" Delhi (on oubliera les bidonvilles et autres horreurs urbano-indiennes) qui soit typiquement chaotiques, poussièreux, sale et pollué je vous dis pas!
Après plusieurs Tuborg dans un pub du coin, on est allé chez lui ou son fils Dhruv et sa femme Archana nous attendaient. Je me suis retrouvé "uncle Michel" pour la soirée et mon "neveu" Dhruv (huit ans) m'a raconté ses dernières aventures: plus de karaté, remplacé par le tennis, Wii, Harry Potter... La kulture internationale va bien, merci!!!
Puis on est ressorti vers les 22h pour aller dans un restaurant Kashmiri qui n'avait pas encore ouvert mais qui avait invité Satyen, lui aussi Kashmiri, pour un essai gastronomique. Pas de menu, mais seulement des "épinards" aux piments délicieux, et des boulettes de moutons hachés dans une sauce relevée rouge et fort gouteuse, le tout avec riz et chapatis. Vers les minuits, retour à l'hôtel via rickshaw (200 roupies, 30 minutes dans des rue désetes, c'est très grand Delhi et les gens se couchen tôt) ou la clim, la télé et une douche réparatrice m'attendait.
Ce matin jeudi, le Michel dégouline à qui mieux mieux, ce qui est étrange d'ailleurs, ne me rappellant pas avoir eu ces réactions à d'autres époques ou le thermomètres était monté bien plus haut. L'age, peut-être??
Demain, Jan Shatabdi (c'est un train) pour Amritsar au Punjab, avec le Temple d'Or des Sikhs!