Forum anarchiste

Ici meurt l’espoir, dans cette ville, dans cette vie, dans cet acabit. Seul au front, seul aux barricades, ma main droite en feu, ma main gauche en fleur. Mon âme troublée recule devant le spectre de l’infamie. Rien à retirer, rien à prendre. La noirceur de mes yeux, la profondeur de mes reins, la courbature de mon dos, tout est néant. Ici meurt l’espoir. J’attire a moi l’honneur du combat, je repousse ainsi l’horreur du désarroi. Je ne vois rien, ne sens rien, ne connais rien. Je ne suis que poussière. Je me débat contre un mal barbare. Un mal ancré au plus profond de l’âme. Dans ce trou sans fond, je me perds, je me retrouve. Retrouvant l’angoisse de la perdition, je m’entame. Ici meurt l’espoir. Dans ce ciel corrompu, je fixe de mes yeux de grêle. Rien à faire, rien à lutter, rien à voir. Je me retrouve perdu dans l’abîme du monde. Ma tête est un tombeau en fleur. Mon cœur est un cadavre en convulsion. Mon âme est noire comme le charbon. Ici meurt l’espoir. J’erre comme une larve. Je rechigne comme un loquet étiré. J’anticipe comme un mort nouveau né. J’appréhende comme une saison d’hiver. Je détourne de mes yeux amers ce sourire disgracieux. J’accouche d’un Soleil dieu. Les secousses du vent ne m’atteignent plus, l’arme au poing je tue. J’abhorre l’état sanglant. Je détruits le fardeau pesant. J'encaisse l’état précaire. J’émancipe mes membres calcaires. J’accoste au fort, sans tord. J’émeus l’envie. D’un été sombre j’ulcère. Mes pieds tordus crapahutent. Mes doigts courbés envient. Ici meurt l’espoir. Loin d’un levant. Loin d’un couchant. Loin de tout, j’erre. Jamais vent plus impétueux. Jamais vide aussi profond. Jamais vide aussi envahissant. Jamais vide plus mal avenant. Je me retrouve, je me perds, je m’étire, je m’endors. Au loin la lune réduit. Plus près la lune grossit. Ici meurt l’espoir. Dans ce plein. Dans ce vide. Dans ce chemin. Dans ce péril. Dans cette épreuve. Dans ce recueil. Je me retrouve. Je me perds. J’aboutis. Ici naît la vie.