« Le cantique de l'apocalypse joyeuse »
d'Arto Paasilinna
traduit du finnois par Anne Colin du Terrail
octobre 2009
391 pages
Un incroyable havre de paix
Un vieillard, communiste, grand brûleur d'églises fait venir auprès de lui son petit fils afin de dicter ses dernières volontés. Il s'agit de bâtir et d'entretenir une grande église en bois. Les proches, les amis et les ennemis du presque défunt n'en reviennent pas: pourquoi une telle demande? Pourquoi l'ancien pourfendeur de corbeaux veut-il que son héritier mette sur pied une fondation pour un tel dessein?
L'histoire commence ainsi et très vite, les sommes confortables et l'action opiniâtre du petit fils, président de la nouvelle fondation vont permettre à cette église et à tout un village de sortir de terre.
Le lecteur est ainsi entraîné dans une histoire où l'humour est roi.. L'église deviendra le lieu de regroupement de villageois cherchant à vivre autrement dans ce début du troisième millénaire où s'annonce une troisième guerre mondiale...La hiérarchie religieuse voudra s'approprier une église. La fondation résistera et installera un pasteur féminin et une éthique très libertaire : les couples légaux et illégaux se font et se défont sans que l'on voue les déviants aux portes de l'enfer.
L'histoire est délirante mais tellement drôle. Le monde est en guerre, les bombes les plus sophistiquées tuent des centaines de milliers voire de millions d'hommes de par le monde pendant qu'un petit village finlandais résiste. Les habitants abandonnent le modernisme pour en revenir à la cueillette, aux labours traditionnels, à la pêche.
New York disparaît sous des mètres d'ordures et des incendies violents pendant que dans la forêt de Finlande on vit très près de la nature, en refusant la société de consommation.
C'est un véritable conte de Noël où les péripéties s'enchaînent très vite sans laisser d'ailleurs le temps au lecteur de reprendre son souffle...Qui s'en plaindrait?
On en oublie même l'oeuvre de mort qui sévit un peu partout et l'auteur n 'hésite pas à jouer de son humour « délirant » : « il ressortait de cette cacophonie que l'on avait enfin réussi à fusionner les différents conflits locaux qui enflammaient la planète ».
Nous voilà plongés dans un roman qui ressemble à s'y méprendre à une bande dessinée. Le lecteur retrouvant là un nouveau « vaisseau de pierre ».
Jean-François CHALOT