On ne sortait des Suicides qu'à la retraite, par démission, via une dépression ou en finissant soi-même avec son are de service dans la bouche. De ces options, toutes étaient souhaitées à Guérin, dans un ordre variable. Mais celle que personne n'avait envisagée était qu'il s'y sente comme un poisson dans l'eau. C'était arrivé. Résultat, le lieutenant Guérin flanqué de son stagiaire, Lambert — avait ajouté à la haine de ses collègues la répulsion viscérale qu'inspirent les pervers, lorsque, plongeant dans ce qui répugne à tous, ils semblent s'y régaler. » Ailleurs en France, au bord d'une rivière, John Nichols, un Franco-américain installé dans un tipi, est convoqué à la gendarmerie de Saint-Céré. Là, on lui apprend la mort de son ami américain, Alan Mustgrave, intervenue alors qu'il s'écorchait en direct sur une scène du Paris underground, fort cotée pour ses spectacles sado-maso. Soif de pouvoir, suicide, torture... On rit pourtant, jaune ou noir, c'est selon. L'auteur ne nous laisse aucun répit, et nous dépeint, en prime, de magnifiques personnages.
Jacques Rigaut
Le jour se lève, ça vous apprendra
Jacques Rigaut est né le 30 décembre 1898. Étudiant en 1920, il fréquente le milieu Dada, rencontre Cocteau et Drieu la Rochelle (c’est lui qui inspira le personnage du Feu follet). Il publia quelques textes dans des revues, plutôt des notes, des brouillons, des esquisses. Sa seule ambition littéraire fut de vouloir fonder un journal, Le Grabuge. Il imagina la création d’une Agence générale du suicide, titre de l’un de ses recueils posthumes. Le 6 novembre 1929 il se suicide d’un coup de revolver.
« Essayez, si vous le pouvez, d’arrêter un homme qui voyage avec son suicide à la boutonnière. »
Nouvelle édition de septembre 2009
http://atheles.org/centpages/cosaques/l ... apprendra/
L’Agence Générale du Suicide
Société reconnue d’utilité publique**
Siège principal à Paris: 73, boulevard Montparnasse.
Succursales à Lyon, Bordeaux, Marseille, Dublin, Monte-Carlo, Montréal et San Francisco.
Grâce à des dispositifs modernes, l’A.G.S. est heureuse d’annoncer à ses clients qu’elle leur procure une MORT ASSURÉE et IMMEDIATE, ce qui ne manquera pas de séduire ceux qui ont été détournés du suicide par la crainte de «se rater». C’est en pensant à l’élimination des désespérés, élément de contamination redoutable dans une société, que M. le ministre de l’Intérieur de la France a bien voulu honorer notre Etablissement de sa présidence d’honneur.
D’ailleurs, l’A.G.S. vous offre un moyen plutôt correct de laisser finalement la vie car la mort n’est que la défaillance la plus prospère. C’est ainsi que nous organisons les express-enterrements, banquette, défile des amis et collègues, photographie (ou masque postmortem à choisir), remise des souvenirs, suicide, cérémonie religieuse (facultative), mise en bière, translation du cadavre au cimetière. L’A.G.S. vous promettre d’accomplir tous vos derniers désirs.
Note: Comme l’établissement n’est pas associé à la voie publique, les cadavres ne seront pas transportés au dépôt sans aucune exception, nous vous disons cela justement pour tranquilliser aux familles des tous nos chers clients.
Frais
Electrocution..................................................................40 Dollars US
Revolver.......................................................................20 Dollars US
Poison.......................................................................20 Dollars US
Immersion...................................................................10 Dollars US
Mort parfumée (Taxes de luxe inclus).................100 Dollars US
Pendre (Suicide des pauvres)......................................1 Dollar US
(La corde se vende au prix de 4 dollars US le mètre et 1 dollar US pour chaque 10 centimètres supplémentaires).
Si vous intéressé aux express-enterrements, demandez-nous le catalogue spécial, vous le recevra chez vous gratuitement. Vous pouvez aussi nous contacter soit par la poste ou bien au 1 800 SUI-CAEDERE. Nous répondrons à toutes vos questions avec plaisir. On ne répondra pas aux personnes qui expriment le désir d’assister à un des nos suicides.
Veuillez accepter, Madame, Monsieur, mes salutations distinguées.
**Texte écrit par Jacques Rigaut (Directeur Général) et modifié par Oscar Oliver (Répresentant de l’A.G.S. à Montréal).
joe dalton a écrit:madame bovary...
AIROleding a écrit:joe dalton a écrit:madame bovary...
"Il ne faut pas toucher aux idoles : la dorure reste aux mains" Flaubert
filochard a écrit:La musique adoucit les moeurs. Exemple : la Marseillaise.
Je file...
goldfax a écrit:Les marches militaires, ce n'est pas de la musique, c'est du bruit.
J'veux pas dire, mais là, on sort du sujet...
BlackJoker a écrit:Sinon j'ai pris notes de certains romans. Je vais me dépêcher des les voler acheter à la librairie la plus proche.
Voici ce que je lui ai dit : "J'ai toujours eu l'instinct de l'écriture à l'état latent. Aujourd'hui, cet instinct traverse une métamorphose. Cette époque de transition est désormais révolue. Je suis sur le seuil de l'expression.
- Couillonades", il a fait.
Ce premier matin n’avait plus ni commencement ni fin. Entre deux vomissements, je me tordais de douleur au-dessus du tas de conserves. Mais je leur ai dit qui j’étais. Arturo Bandini, l’écrivain. Vous n’avez pas entendu parler de moi ? Eh bien,ça ne va pas tarder ! Vous inquiétez pas. Ça ne va pas tarder ! Mon livre sur les pêcheries californiennes. Ça va être l’ouvrage de référence sur le sujet. Je parlais vite entre les haut-le-cœur. « Je ne suis pas ici pour un emploi permanent. Je réunis de la documentation pour un livre sur les pêcheries californiennes. Je suis Bandini, l’écrivain. Pour moi, ce boulot n’a rien de fondamental. Je pourrais aussi bien donner mon salaire aux bonnes œuvres : à l’Armée du Salut. »
Et j’ai encore gerbé. Maintenant il n’y avait plus rien dans mon estomac, sauf ce qui n’en sortait jamais. Plié en deux, je me
suis étranglé : l’écrivain célèbre serrait les bras autour de sa taille, se tortillait, étouffait. Mais plus rien ne sortait. Quelqu’un
s’est arrêté de rire le temps de me hurler que je devais boire de l’eau. Hé, l’écrivain ! Bois de l’eau ! J’ai donc trouvé un robinet
et j’ai bu de l’eau. Elle est ressortie en un jet pendant que je fonçais vers la porte. Et ils ont ri. Oh, cet écrivain ! Quel écrivain c’est ! Regardez-le écrire !
« Ça va déjà mieux », ils criaient en riant.
« Rentre chez toi », ils disaient. « Va écrire livre. Toi écrivain. Toi trop bon pour conserv’ries poissons. Rentre chez toi et écris livre sur dégueulis. »
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