Mais il y a des anarchistes qui, en songeant à ces difficultés, s'oublient eux-mêmes et oublient leurs propres buts politiques et sociaux, et d'adaptent dès maintenant aux difficultés en transigeant avec l'erreur et la tyrannie. Comme ils prévoient un état de choses imparfait, ils l'acceptent sans autres formes de procès, dans leur pourtant noble impatience de sortir de l'état actuel, plus imparfait encore.
Ils voient l'erreur et le danger de demain et, le considérant comme inévitable, s'en font les partisans. Ils renoncent au but ultime du libre socialisme, de l'anarchie communiste, pour considérer les transitions qui leur semblent nécessaires: la république sociale, la constituante, la dictature prolétarienne, le socialisme marxiste, en s'associant ainsi, de fait sinon en paroles, aux autres partis, en servant d'autres buts et d'autres intérêts, en renvoyant à plus tard le "mieux" qu'ils gardent dans leur esprit.