Il me souvient de ses violents coups de gueule qui finiront quelquefois en coups de poing. Par exemple, après l'année 1968 je repense aux pitreries du groupe de Nanterre de la Fédération anarchiste, la T.A.C. (Tribune action culturelle), amalgamant un zeste de pensée marxiste avec la pensée libertaire, et qui venait perturber nos cours ou nos réunions ; ou au groupe du XX° arrondissement, lui aussi de la Fédération anarchiste, se réclamant du situationnisme et qui insultait copieusement la F.A. et le Groupe libertaire Louise Michel (XVIII°) par voie d'affiches placardées dans tout Paris. Il eut droit à une virée de militants, dont je fus, pour réparer les insultes proférées à notre égard.
Mais ces révolutionnaires de pacotille, donneurs de leçon étaient plus forts en gueule qu'en gestes... Sans doute par crainte des représailles ils déguerpiront assez vite du mouvement. Il me souvient aussi de voir Maurice dans une salle de la Mutualité, passablement agacé par le tumulte créé par des provocateurs "ploum, ploum" dont l'objectif était de faire capoter les réunions que nous organisions dans la capitale, sauter vivement de la tribune pour aller se coltiner avec ceux-ci. De le voir également participer au service d'ordre à l'entrée des portes de nos galas où, après 1968, quelques petits malins, au nom de l'anarchie et de la gratuité, voulaient entrer sans payer. (1) Ou encore aux services d'ordre chargés de protéger les militants vendeurs du Monde libertaire, la "chienlit", que les groupes d'extrême-droite Ordre nouveau voulaient faire disparaître des rues. Malgré ces exemples et les apparences, Maurice était un homme tolérant, attentif et acceptant la contradiction.
Mais il n'acceptait guère la manipulation. Encore moins la violence, la haine ou la provocation... Il était prêt à se coltiner avec tous ceux qui tenteront de les lui imposer.
(1): Saluons quelques-uns de nos camarades "gros bras" du Groupe Louise Michel: Gérard Paris, Floréal Melgar, Jacques Cugini... d'un naturel pacifique mais qui n'aimaient pas pour autant qu'on leur marche sur les pieds.
Photos: Louise Michel ; Maurice ; salle de la Mutualité: