Maurice JOYEUX

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Photo: Roland Bosdeveix:

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PREFACE de Michel Ragon

En 1947, à vingt-trois ans, grâce à Henri Poulaille, je publie mon premier livre: Les Ecrivains du Peuple ; et celui-ci me dit d'aller en porter un exemplaire à un libraire de Montmartre qui a pris pour enseigne: "Le Château des brouillards".

Photos: Michel Ragon ; Henri Poulaille:

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C'est ainsi que j'ai rencontré pour la première fois Maurice Joyeux, alors libraire et néanmoins anarchiste.

Photo: Maurice Joyeux:

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Rencontre qui, pour moi, allait devenir aussi fructueuse que celle de Poulaille. Mes deux aînés m'ouvraient une voie qui est toujours demeurée la mienne: celle de la philosophie et de l'action libertaire.

Photo: Poulaille:

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Pour Poulaille, Maurice Joyeux était un jeune homme. Il était en effet son aîné de quatorze ans. Pour moi, Maurice Joyeux était un aîné déjà prestigieux. Coïncidence étrange, il était, lui aussi, mon aîné de quatorze ans.

Photos: Poulaille ; Maurice Joyeux:

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Si Henry Poulaille m'a beaucoup donné, Maurice Joyeux m'a beaucoup offert. Il m'a permis de collaborer à La Rue, au Monde Libertaire, à Radio Libertaire et de fréquenter le Groupe Louise Michel.

Photos: Henry Poulaille ; Maurice Joyeux:

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Photo: Louise Michel:

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Toujours, il demeura un camarade attentif, critique positif à l'occasion, parfait ami toujours.

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Très vite, à l'amitié de Maurice Joyeux s'ajouta celle de sa compagne, Suzy Chevet, de sa fille Claudette, de son gendre Pepito Rosell et des trois petits-enfants: Ninon, Thyde et Wally qui continuent aujourd'hui l'œuvre des parents et grands-parents, au sein de la Fédération Anarchiste.

Photos:
1: de gauche à droite: Maurice Joyeux, Pepito Rosell, Claudette.
2: de gauche à droite: Wally, Claudette, Thyde, Maurice Joyeux, Pepito Rosell, Suzy Chevet et assise, Ninon.
3: Thyde.

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Cette biographie et étude critique de l'œuvre de Maurice Joyeux montre bien la transformation qui s'est opérée chez Maurice Joyeux à partir du moment où il a partagé sa vie avec Suzy.

Photos: Maurice Joyeux ; Suzy:

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Avant Suzy, c'était un révolté, un bagarreur. Avec Suzy, ce devint un révolutionnaire conscient et un organisateur.

Photo: Suzy à Carrare en 1968:

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Qui a assisté aux sensationnels galas de la Fédération Anarchiste, au Moulin de la Galette ou au Palais de la Mutualité, avec leur affluence record et leur programme exceptionnel (Brassens, Léo Ferré, Jean Yanne, etc.) se souvient de l'efficacité de Suzy et avec quelle communication chaleureuse elle obtenait des collaborations épatantes pour nos galas.

Photos: Brassens ; Léo Ferré ; Jean Yanne:

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Photo: Suzy:

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Roland Bosdeveix appelle Maurice Joyeux un "vieux lion". C'est dire l'énergie qu'il diffusait. Mais par son physique il ne ressemblait guère à un lion. Ni d'ailleurs à un tigre. De petite taille, très mince, nerveux, toujours en mouvement, coléreux, imprécateur, enthousiaste, il avait conservé, à la fois dans son langage et son aspect, l'allure de l'ouvrier trimardeur qu'il avait longtemps été.

Photos: Roland Bosdeveix ; Maurice Joyeux:

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Les tribuns sont rares et parfois dangereux lorsqu'ils donnent dans le populisme. Maurice Joyeux était populaire, à la voix forte, aux paroles claires, vibrantes, chaleureuses, convaincantes.

Photo: Maurice Joyeux:

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Sa culture littéraire et politique était exceptionnelle. De Proudhon et Bakounine à Camus et André Breton, il avait beaucoup lu, beaucoup réfléchi. Ses critiques de livres dans Le Monde Libertaire témoignent de l'étendue de ses connaissances et de la pertinence de ses jugements.

Photos: Proudhon ; Bakounine ; Camus:

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Photo: André Breton:

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Théoricien, son ouvrage L'Anarchie dans la société moderne demeure un classique de la littérature libertaire. Lorsque je fus amené à diriger une collection de volumes sur les sciences humaines, aux Editions Casterman, j'offris naturellement la possibilité à Maurice de rédiger un livre et il publia avec succès: L'Anarchie et la révolte de la jeunesse.

Photo: Maurice:

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Après la mort accidentelle de Suzy, en 1972, il y eut chez Maurice une fêlure qui ne se guérit jamais.

Photo: Suzy ; Maurice:

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Aux obsèques, au crématorium du Père Lachaise, une véritable foule était venue. J'eus beaucoup de mal à me frayer un passage pour dire le petit message d'adieu que Wally m'avait demandé de prononcer au nom de la famille.

Le 31 mars 2004