de Lehning le Ven 26 Mai 2023 15:35
Kropotkine dit aux paysans: "A cette époque, le sol appartenait aux communes, composées de ceux qui cultivaient la terre eux-mêmes, avec leurs bras ; mais à force de fraudes, d'abus, de violence, les terres communales sont devenues possessions privées". Il faut donc que les paysans, organisés en communes, reprennent ces terres pour les mettre à la disposition de ceux qui voudraient les cultiver. Et encore: "Vous avez besoin d'une route ? Eh bien, que les habitants des communes voisines s'entendent entre eux, ils la feront mieux que le ministère des travaux publics. Une voie ferrée ? Les communes intéressées de la région entière la feront mieux que les sous-traitants qui accumulent les millions et font des voies défectueuses. Vous avez besoin d'écoles ? Vous les ferez vous-mêmes aussi bien que les messieurs de Paris, et même mieux. L'Etat n'a rien à voir dans tout cela ; écoles, routes, canaux seront mieux faits par vous et à moindres frais." Ces passages de Paroles d'un révolté montrent bien que dans La Conquête du pain, là où il dit que la commune distribuera les denrées, rationnera le bois, réglera les questions de pâturages, partagera les terres, etc., il n'entend pas parler de commune "succursale de l'Etat" mais d'une association libre des intéressés, qui peut être, suivant le cas, la coopérative, la corporation ou la simple union de plusieurs personnes unies dans un but commun. Kropotkine ne se préoccupe guère, bien qu'il reconnaisse leur gravité, des dangers inhérents au particularisme. Voici un passage caractéristique à cet égard:
"Encore de nos jours l'esprit de clocher pourrait exciter beaucoup de jalousie entre deux communes voisines, empêcher leur alliance directe et même allumer des luttes fratricides. Mais si ces jalousies peuvent effectivement empêcher la fédération directe de ces deux communes, c'est au moyen des grands centres que cette fédération s'établira. Aujourd'hui, deux très petites municipalités voisines n'ont souvent rien qui les unisse directement ; les quelques relations qu'elles maintiennent serviraient plutôt à faire naître des conflits qu'à créer entre elles des liens de solidarité. Mais toutes deux ont déjà un centre commun avec lequel elles sont en fréquente relation et sans lequel elles ne pourraient exister ; et malgré toutes les jalousies de clocher, elles se verront contraintes à l'union par l'intermédiaire de la grande ville où elles s'approvisionnent et amènent leurs produits ; chacune d'elles devra faire partie de la même fédération, pour maintenir leurs relations avec ce foyer et s'unir autour de lui".
Photo: Kropotkine:
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