de Lehning le Jeu 16 Mar 2023 20:25
L'expérience italienne des années 1918-1922, les révolutions russe, allemande, hongroise et autrichienne, n'ont pas été suivies ni par le mouvement espagnol, ni par le mouvement italien. Et ce dernier n'a depuis longtemps aucun théoricien de la taille de Malatesta. A quelques exceptions près, le mouvement espagnol présente, sur le plan théorico-culturel, des analogies avec le mouvement anarchiste des pays balkaniques, scandinaves et d'Extrême-Orient: c'est un mouvement chez qui l'élaboration théorique et tactique est lente et non autonome.
J'ai pu constater à plusieurs reprises, en voulant me documenter sur des problèmes sociaux espagnols, que la lecture assidue des quotidiens de la C.N.T. et des périodiques anarchistes me fournissait un matériel bien inférieur à celui que l'on peut tirer des revues françaises comme Le Monde, La Critique sociale, La Révolution prolétarienne. Les idées dominantes chez les dirigeants de la C.N.T. sont celles du syndicalisme révolutionnaire français ; celles qui prévalent dans la F.A.I. sont celles des kropotkiniens, avec des déviations analogues à celles qui se sont manifestées dans le makhnovisme (en tant que courant théorique). Les scissions de la C.N.T., les insurrections, les persécutions ont empêché le mouvement anarchiste espagnol de concentrer ses forces sur ses meilleures initiatives culturelles. En sorte que la propagande n'a pas encore un caractère précis, et qu'il manque un programme constructif avec des lignes compréhensibles. Le mouvement anarchiste ibérique est un nuage riche d'éclairs, mais reste un nuage. J'insiste sur l'insuffisance programmatique parce que je crois que les insuffisances tactiques en découlent.
Photo: Malatesta:
- Fichiers joints
-
-
-
"Le forum anarchiste est ce que ses membres en font."