de Lehning le Dim 27 Nov 2022 19:48
Cet accord fut possible parce que Rosselli, séduit par l'expérience libertaire catalane, ouvrit à celle-ci son programme (1), d'ailleurs jamais clairement défini, et que Berneri n'était autre qu'un anarchiste sui generis tenant compte de la réalité, disponible aux confrontations, aux vérifications, aux critiques.
De toute façon, il est évident que ni Berneri ni Rosselli, et donc ni les anarchistes ni les gens de Giustizia e Libertà, ne renoncent par là à leurs principes respectifs. Rosselli, dès son arrivée en Espagne, soutient résolument la constitution d'une colonne italienne autonome. Suivant en cela ses convictions, c'est donc à cette espèce de gouvernement révolutionnaire catalan connu sous le nom de Comité central des milices antifascistes qu'il s'adresse avec ses quelques partisans pour obtenir des aides et des autorisations. Mais la formation d'une colonne italienne autonome ne peut se faire sans la participation d'un nombre suffisant d'antifascistes. Les anarchistes italiens de Barcelone, de leur côté, ne sont pas suffisamment nombreux pour pouvoir constituer une colonne. D'ailleurs, ceux d'entre eux qui viennent en Catalogne pour se battre ne s'adressent pas au Comité des milices mais au Comité de la défense de la F.A.I., où ils retrouvent Berneri, avec qui ils partagent l'idée de constituer une légion anarchiste internationale. En attendant, de très nombreux libertaires italiens s'engagent, en particulier dans la colonne Durruti, dans celle d'Ortiz ou dans la colonne de Fer.
(1): Cf. entre autres l'écrit de C. Rosselli, paru dans Giustizia e Libertà (Paris), 31 juillet 1936, sous le titre: "Il dovere dei rivoluzionari" ; maintenant dans C. Rosselli: Oggi in Spagna e domani in Italia, Turin, 1967, p. 17-20.
Photo: Rosselli:
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