de Lehning le Jeu 11 Aoû 2022 16:43
"La nouvelle de l'assassinat de Mirbach est communiquée aux représentants du congrès. Pendant que continuent les discussions et que les prévisions se succèdent, peu à peu, et sous prétexte de réunion de fraction, les internationalistes, les bolcheviks, tous les partis à l'exception des S.R.G., sont appelés en dehors de la salle.
Vers huit heures du soir ne restent plus dans la salle que les représentants des S.R.G. et leurs partisans. Moi, je cherche à sortir. Le grand théâtre est entouré de gardes rouges qui barrent le passage.
Alors les S.R.G. se sentent entre les mains de l'ennemi implacable.
Ils paieront pour tous, évidemment.
"Dans la salle, vide aux trois quarts, et rendue encore plus sinistre par la lumière des lampadaires, règne un silence tragique. Les présents décident de constituer un comité et y nomme à la présidence Spiridonova. Tous debouts, gravement, ils chantent d'abord une marche funèbre - se sentent-ils déjà condamnés ? Puis l'Internationale, ensuite encore d'autres chants révolutionnaires d'une tristesse poignante.
"Mais bientôt tous ces jeunes combatifs, ces femmes ardentes, retrouvent leur équilibre dans une gaieté un peu nerveuse. Des discours émouvants sont prononcés, et même certains encore pleins d'humour.
"Les heures passent. Un ami bolchevique me conseille de sortir, car, lorsque les C.R.G. seront faits prisonniers, ma qualité d'officier français pourrait m'exposer inutilement aux brutalités des soldats.
Vers trois heures du matin, je suis son conseil et je sors après beaucoup de difficultés, malgré le saufconduit. Dans les rues obscures il n'y a pas un seul passant. Au loin, on entend quelques coups de fusils...". (1)
(1): - J. Sadoul, Notes sur la révolution bolchevique, pages 393, 399, 400.
Photos: Mirbach ; Spiridonova ; J. Sadoul:
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