Déséquilibrer la langue Ce texte a été précédemment publié sous le titre Le devenir-rap ou l'art des "disjonctions incluses [1]. Nous le proposons à nouveau dans ce recueil [Expérimentations politiques, Fulenn, rééd. 2009] car le rap est exemplaire d'une pratique qui s'empare de la langue ordinaire de manière à y construire une langue singulière. C'est bien ce mouvement qui nous intéresse ici, politiquement et sociologiquement : ce surgissement de l'étrangeté à l'intérieur du quotidien, cette capacité à renverser une situation pour la constituer dans une toute autre perspective, cette faculté d'agir de l'intérieur et par l'intérieur pour faire advenir une différence ou une nouveauté.
Cette dérive théorique au prétexte du rap a été conçue et rédigée en 1995 pour la revue Futur antérieur. Depuis lors, cette pratique musicale a prouvé qu'elle pouvait parfaitement s'intégrer à l'industrie médiatico-culturelle et se développer comme produit à forte valeur ajoutée. Mais la question du rap s'est posée pour nous en d'autres termes. Le rap a poussé au plus haut point l'art de déséquilibrer la langue et d'en faire surgir l'étrangeté, en son sein même. L'art de squatter la langue et d'y construire un devenir autre. Ce qui intéresse notre propos c'est moins le rap en tant que genre musical ou produit culturel, encore moins le rap des sociologues qui serait supposé révéler quelque chose d'un nouveau lumpen; ce qui motive notre propos c'est bien le devenir-rap de la langue, une certaine expérience de la dissidence, une faculté, une puissance – la faculté de faire déraper la langue convenue et "scolarisée" pour lui faire rendre une langue singulière. Un devenir-rap qu'il s'agit d'opposer à n'importe quel produit-rap (lignes vestimentaires ou têtes de gondole de la FNAC). Un antagonisme qui se manifeste sur le mode de la dissidence, une inimitié radicale qui fait rupture de l'intérieur, un exode.
Le rap est-il un style de musique politique et susceptible de porter une parole politique ? Oui, évidemment : étymologiquement, à la base, RAP est un rétro acronyme des expressions « Rhythm and Poetry » et « Rock Against Police. » Le rap s’accroche-t-il à des courants, à des hommes, à des institutions politiques ? Non, par la force des choses. « Rock Against Police. » C’est dans ce paradoxe d’un rap français « conscient » (il touche à 80% des classes dites « populaires », c’est-à-dire moyennes et pauvres, et parmi elles à 60% de jeunes, entre 12 et 25 ans), mais qui a déserté la scène et les honneurs, la revendication et le militantisme sous bannière, à la fois pour (une solution politique) et contre (une police identitaire) -, que l’article de Pascal Nicolas-Le Strat se place. Or, dans ce même article, si le cadre peut paraître bien ajusté, l’exemple d’appui fait défaut. Comme un signe du refus de toute autorité dans le rap, et puisque son auteur a d’abord voulu généraliser le propos, la parole déroule. A nous de la particulariser.
http://blindox.free.fr/.music/stupeflip/Stupeflip%20-%20Stup%20Religion/
http://blindox.free.fr/.music/stupeflip/Vengeance/
Un DVD Stupeflip est prévu pour le premier trimestre 2010, au programme :
Un reportage inédits, 1h30 de Live, images et bonus exclusifs, clips et autres surprises...
Ce dvd sera uniquement vendu en ligne et permettra le financement du 3ème album !
Lepauvre a écrit:kesta contre technique et machines?
Lepauvre a écrit:Que tu l'aimes ou pas est un autre sujet, mais l'argument des machines ne tient pas.
romu a écrit:LE rap ? Du rap, des rap, non ?
C'est le bien connu procédé rhétorique en vogue de LA femme, LES arabes, LES jeunes, LES extrémistes,
Et effectivement, c'est l'homme qui choisis le son qu'il veut faire sortir de la machine. S'il veut juste cacher ses billevesées il pourra mettre du son entrainant ou bien électro, mais certains arrivent quand même à rendre le son proprement musical secondaire tout en ajoutant une ambiance qui colle aux textes (je pense forcément à Kyma). Et des chanteurs aujourd'hui font encore du rap épuré, ou le son se limite à une vielle boucle discrète (certains morceaux du dernier Rocé par ex, et des gars non produit/commercialisé ...) laissant la parole au premier plan
(que signigie "etre fly" ?)
le blob a écrit:Lepauvre a écrit:Que tu l'aimes ou pas est un autre sujet, mais l'argument des machines ne tient pas.
plus ça vas, plus tu parles comme une autorité !
30 ans de Rap Under US/FR (79-2009) Et un max de Midschool 92-99 !
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