Bonjour !
J'ai vingt-quatre ans, je suis étudiante. Cela fait quelques temps que je m'intéresse à l'anarchisme.
Il y a encore quelques mois j'étais chrétienne (convertie en plus) ; je l'ai été pendant plusieurs années. Des choses se sont passées depuis, qui m'ont fait cesser de croire en Dieu. J'ai éprouvé un grand sentiment de liberté de ne plus être aliénée par la religion.
Il y a encore un peu plus d'un an, je me disais "ni de droite ni de gauche." J'étais donc, je m'en suis rendue compte a posteriori, plutôt de droite. Des choses se sont passées également qui m'ont fait changer de bord politique, notamment des rencontres que j'ai faites à la fac, et des ressources que j'ai trouvée sur Internet : je pense que je suis maintenant à "la gauche de la gauche". Le livre "La morale anarchiste" de Kropotkine a aussi été important pour moi, bien que je l'ai lu il y a de cela plusieurs années maintenant.
En ce qui concerne la gauche dont je fais partie, je dois avouer que jusqu'à présent j'ai été dans la gauche intersectionnelle. Je fréquente des gens de la gauche intersectionnelle, et des gens trotskystes, qui sont totalement opposés à la gauche intersectionnelle. Je ne connais aucun anarchiste dans mon entourage.
Je relève néanmoins des incompatibilités entre certaines de mes positions et la gauche intersectionnelle : est-ce parce que je ne suis pas encore assez déconstruite ? est-ce parce ce qu'il y a fondamentalement un problème dans cette idéologie ? il est encore trop tôt pour moi, pour répondre à cette question.
La première chose qui me dérange dans la gauche intersectionnelle (c'est la principale), c'est le manque de possibilité de s'exprimer et de débattre que j'y trouve, en tout cas dans le milieu que je fréquente. Bien sûr, je m'oppose à tout propos discriminant ou d'incitation à la haine. Mais je pense que l'on devrait juste pouvoir poser des questions de manière bienveillante, quand on n'a pas compris quelque chose ; je pense que museler son adversaire ne permet pas de lae faire changer d'avis. Or, j'ai l'impression qu'un certain puritanisme règne dans ce milieu (en tout cas celui que je fréquente) qui fait qu'on ne peut même plus débattre. Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de tabous dans cette partie de la gauche, et que leur argumentaire repose sur beaucoup de non-dits, beaucoup de zones d'ombre, de choses qu'on ne peut pas explorer sous peine de passer pour quelqu'un.e de malentionné.e.
La deuxième chose qui me dérange dans cette partie de la gauche, c'est (mais là, c'est peut-être moi qui ne suis pas assez déconstruite) le fait qu'elle se replie sur une multiplicité d'identités. Peut-être me trompé-je, peut-être l'individualisme tant qu'il ne nuit pas à la liberté d'autrui est-il une bonne chose ; mais j'ai l'impression que beaucoup s'enferment dans des identités victimaires, dans des revendications qui entrent parfois en contradiction les unes avec les autres, et qu'un tel éclatement nous divise plus qu'autre chose, nous empêche d'atteindre un projet de société cohérent. Je doute que ce point soit un véritable problème, parce que comme je l'ai dit plus haut, peut-être être individualiste sous certaines conditions est-il une bonne chose. Une pensée collective, c'est notamment ce que défendent les religions, les totalitarismes, les sectes. Mais d'un autre côté, je trouve que cet individualisme s'accorde assez mal avec l'idée que je me fais de la gauche.
Pour ma part, je suis privilégiée du point de vue de la classe sociale à laquelle j'appartiens. Mais aux yeux d'un.e intersectionnel.le, je suis plutôt défavorisée, car je suis une femme, neuroatypique (je touche l'allocation adulte handicapé), racisée et queer. Peut-on être un.e anarchiste sincère et favorisé.e du point de vue de sa classe sociale selon vous ?
Concernant mes engagements dans la vie de tous les jours, je n'en ai pas beaucoup, à part le fait d'être végétalienne et de faire partie d'une ou deux assos, dont une où je suis bénévole : elles ne sont pas rattachées à des partis politiques, mais ont des revendications précises et militantes sur certains sujets.
Je viens sur ce forum pour en apprendre plus sur l'anarchisme et pour pouvoir discuter de sujets politiques et sociaux. J'espère que ma présentation n'a heurté personne, ce n'est pas du tout dans mon intention : je suis simplement en questionnement, et je dois l'avouer, un peu perdue.
Bonne journée à vous (et désolée pour le long message)