Philippe Muray ou le tranchant de la critique.

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Philippe Muray ou le tranchant de la critique.

Messagede Boehme le Lun 3 Nov 2014 20:28

D'aucuns de ceux qui veulent faire état de notre société s'essaient à la chose le temps d'une saison, le temps d'un ennui. Sur un amas de prose qu'on distingue difficilement d'un communiqué de presse, il chantent la grandeur du débat et de l'esprit critique, cette essence divine flottante, ce pneuma essentiel derrière lequel tout le monde court, à bout de souffle. Au terme de plusieurs copinages littéraires, de copiages littéraux et de copieuses ratures, les permutations permises des qualificatifs étant épuisées, la prétention du mois s'empilera chez les marchands de camelotes tandis que chez les marchands de journaux, besaces du conformisme et de l'anti, s'étaleront les amis du verbe mort-né. Fondamentalisme religieux et anti-fondamentalisme religieux, deux faces de la même monnaie de singe qu'on devra débourser sans faire la grimace, pour la sainte paix des commerces.

Philippe Muray expliquait aux djihadistes, dans l'un de ses derniers billets confidentiels concernant le 11 septembre, jour fatal à la science où l'on apprit avec émerveillement que les lois physiques de la gravitation terrestre ne s'appliquaient plus dans le monde qui s'annonçait avec fracas, que l'Occident pourrissant gagnera toujours, lui qui, pour être toujours plus mort, n'a plus rien à perdre. L'Occident des valeurs mercantilisées, des valeurs citoyennes et humanistes, ces valeurs dont on a depuis onze lustres liquidé le sens. L'Occident des noms propres, des animateurs branchouilles, des joyeuses et sympathiques bobines fardées de bonne conscience, qu'il aligne depuis la minuscule lorgnette qui lui sert de meurtrière. Et aussi bien le propos prend-il l'allure d'un couperet, hachant menu la bouillie malsaine qu'on vend sous le nom de "Culture", crevant les baudruches de kermesses militantes, rossant les mutins de Panurge, ces petits malins revenus de tout et surtout de rien. C'est que Philippe Muray n'est pas une couseuse de concept, lui qui ne concède rien à la petitesse de notre temps et à l'horreur de nos moeurs. Que les pantouflards du concept en cénacle philosophants et les planqués du mouvement collectif se réjouissent de savoir qu'il y a eu au moins une personne qui a su faire regretter aux tristes camelots, aux bouffons animés et aux canidés édentés de son temps d'avoir touché du grand Empire du Bien les bénéfices de la fête.

Oeuvres principales.

Céline, Gallimard, coll. « Tel », 2001.
Le XIXe siècle à travers les âges, Gallimard, coll. « Tel », 1999.
L'Empire du Bien, Les Belles Lettres, 1991, 1998, 2002, 2006, 2010.
Après l'Histoire (chroniques mensuelles parues dans La Revue des Deux Mondes de janvier 1998 à janvier 2000)
Tome I, Les Belles Lettres, 1999, 2002 et 2010.
Tome II, Les Belles Lettres, 2000, 2002 et 2010.
Chers djihadistes…, Fayard, 2002.
Exorcismes spirituels (chroniques et entretiens parus dans divers médias)
Tome I : Rejet de greffe, Les Belles Lettres, 1997 (rééditions : 2002, 2006 et 2010)
Articles sur la littérature ; sur « l'époque qui commence »
Tome II : Les Mutins de Panurge, Les Belles Lettres, 1998 (rééditions : 2006 et 2010)
Articles sur la littérature et l'art ; chroniques de télévision (L'Idiot international, mai 1991 à janvier 1994)
Tome III : Exorcismes spirituels, Les Belles Lettres, 2002, 2003 et 2010.
Tome IV : Moderne contre moderne, Les Belles Lettres, 2005 et 2010.
« Je ne vole que ce qui m'appartient déjà. » (L'Unique)
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Boehme
 
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