Anarlivres : l'actualité de l'édition libertaire

Liens et sites, lectures, alternatives concrètes, bons plans et astuces...

Anarlivres : l'actualité de l'édition libertaire

Messagede vroum le Jeu 23 Aoû 2012 18:08

ANARLIVRES

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Un site qui chronique régulièrement les bouquins et périodiques anarchistes :

http://anarlivres.free.fr/index.html

PUBLICATIONS

Tenter de réconcilier christianisme et anarchisme n'est pas chose facile. C'est pourtant à cette tâche que se sont attelés Jacques de Guillebon et Falk van Gaver avec L'Anarchisme chrétien (L'Œuvre éditions, 416 p., 29 euros).
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Malgré le fameux Ni Dieu ni maître, sur le seul plan moral et individuel, anarchistes et chrétiens partagent ou devraient partager le respect de l'être humain, la révolte devant l'injustice, l'oppression, le mensonge, la tyranie, la corruption et la violence, le désir de se perfectionner et la soif de connaissance… Autant les auteurs sont convaincants avec Proudhon, Tolstoï, Gandhi (« Christ hindou »), Thoreau, Ellul, autant on demeure dubitatif en ce qui concerne François d'Assise, Benoît-Joseph Labre, Barbey d'Aurevilly, Claudel, Bernanos, Chesterton, etc. Sans parler d'un Retté, anarchiste de lettres puis, ayant renié ses convictions précédentes, fou de Dieu ! Un « clochard céleste » ou un « divin dandy » ne constitue pas forcément un anarchiste. Quant à Péguy et à Simone Weil, ne s'agit-il pas plus d'une proximité de lutte que d'une adhésion aux idées libertaires ? En quête d'absolu et négateurs de toute autorité (extérieure), nombre de chrétiens cités revendiquent non pas la suppression de l'Etat mais un Etat minimum… à l'instar, pourrions-nous dire, des libertariens et autres néolibéraux. Peut-on leur suggérer de se libérer aussi de l'Eglise, institution criminelle et liberticide s'il en est ? Reste un ouvrage foisonnant, bien souvent passionnant, qui est le premier à explorer ce thème. La tendance insurrectionniste a fait des apparitions fréquentes et diverses dans l'histoire de l'anarchisme. Elle semble depuis quelques années renaître, alors que la période paraît sans perspectives de changement en profondeur et privée de sujet révolutionnaire, avec des écrits (L'Insurrection qui vient), des pratiques (luttes anti-G8 ou dans le Val de Suze) « et même des mises en scène politico-médiatiques comme celle menée contre les “sept de Tarnac” ».
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Avec La Tentation insurrectionniste (Acratie, 106 p., 10 euros), J. Wajnsztejn et C. Gzavier s'attachent à remonter aux prémisses de cette résurgence dans les années 1970 et analysent les positions théoriques et les actions d'un certain nombre de groupes et revues (Les Fossoyeurs du vieux monde, Os Gangaceiros, La Bibliothèque des émeutes, Tiqqun, L'Appel). Puis ils dégagent les limites théoriques, pratiques et organisationnelles de l'insurrectionnalisme ; lui reprochant une analyse insuffisante des transformations de l'Etat, de négliger les mécanismes de domination par consentement, de privilégier le « spectacle de l'affrontement » et le culte de l'émeute ou de la violence, soulignant les risques avant-gardistes ou de professionnalisation de la lutte armée… Etude très argumentée de ce phénomème, le livre nous renvoie aussi à notre propre incapacité et à l'interrogation de base : que faire ? Les Editions CNT-RP nous offrent avec Cuba : révolution dans la révolution. Expériences libératrices et créatrices (328 p., 18 euros), de Miguel Chueca, Karel Negrete et Daniel Pinós, un recueil de textes « relatifs à la situation passée, présente et future de la grande île des Caraïbes » afin de « mieux faire connaître (…) les divers protagonistes du mouvement contestataire cubain ».
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Pendant trop longtemps, les anarchistes de langue française ont semblé se désintéresser de la situation dans ce pays, pris entre les feux de la propagande anti et pro-Castro. En 2004, les mêmes éditions ont publié L'Anarchisme à Cuba de Frank Fernández (lire recension), suivi de « Témoignages sur la révolution cubaine » d'Augustin Souchy, puis des sites comme Polémica cubana (en français) ou le Groupe d'appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba (Galsic) ont tenté de renouer les fils. Ce qui permet d'assister – et sans doute d'aider – à la renaissance de l'anarchisme dans ce pays tenté, après l'échec du socialisme d'Etat et la mise à l'écart de son leader historique, de rétablir progressivement le capitalisme privé afin de perpétuer la domination de la classe dirigeante. Les textes présentés abordent aussi bien les questions politiques que des sujets sociétaux tels que le racisme, l'homosexualité, la liberté d'expression, l'environnement…, ou d'ordre culturel. La plupart d'entre eux ont été élaborés par des militants de diverses tendances adhérant à l'Observatoire critique de la révolution cubaine qui prône un socialisme démocratique et participatif. Il aura fallu près de quarante ans pour que la version française des Mémoires de Cipriano Mera voient le jour. La traduction, la réécriture, la frappe, le montage et la correction ont été réalisés par le groupe Sacco et Vanzetti (Fédération anarchiste), mais les aléas de la vie militante, la lassitude et le vieillissement des militants ont fait que c'est grâce au dynamisme des éditions Le Coquelicot que Guerre, exil et prison d'un anarcho-syndicaliste (préfaces de Fernando Gomez Pelaez, 325 p., 22 euros) est enfin publié.
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Le témoignage de ce militant de la Confédération national du travail sur la guerre d'Espagne est essentiel car son auteur, maçon de son état, finira par commander le IVe Corps d'armée avec le grade de lieutenant-colonel. Observateur privilégié et acteur de terrain de l'affrontement militaire avec les troupes nationalistes, de la militarisation des milices, des coups bas et sabotages communistes, il porte une appréciation lucide sur les événements et contredit nombre d'interprétations historiques. C'est aussi une façon de rendre hommage à cet infatigable combattant qui, ayant tout naturellement repris la truelle en 1947, ne rendit pas les armes et apporta son soutien aux Jeunesses libertaires dans leur lutte contre le franquisme au cours des années 1960. Publiée d'abord en fascicules, puis en 1934 en quatre volumes comptant près de 3 000 pages, grâce à la contribution financière du groupe espagnol Los Solidarios (Durruti, Ascaso, Oliver…), L'Encyclopédie anarchiste est le grand œuvre de Sébastien Faure qui a su s'entourer d'une équipe de rédacteurs de toutes sensibilités. Il s'agissait d'« embrasser, dans la mesure du possible, toutes les conceptions et toute la documentation se rapportant au mouvement anarchiste et, par extension, au mouvement social tout entier ». Cet ouvrage était devenu rare, cher (plus de 1 000 euros sur le marché du livre ancien) et difficilement consultable. Les éditions Equateurs ont entrepris sa réédition et le premier volume (lettres A-C, introduction d'Olivier Frébourg, 606 p., 30 euros) vient de paraître, six autres devraient suivre.
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Magnifique réalisation technique, avec un brochage « dos cousu-collé », du beau papier, et une parfaite lisibilité du texte. Certaines définitions ont certes un peu vieillies (du fait de connaissances scientifiques nouvelles ou de conceptions trop ancrées dans l'esprit du temps), mais l'intérêt historique et celui du retour aux sources en ce qui concerne des notions aujourd'hui frelatées (laïcité) ou des combats quelque peu oubliés (antimilitarisme, internationalisme, contre l'obscurantisme religieux, pour le contrôle ouvrier…) sont incontestables. Et pour ceux qui ne peuvent consentir à cette dépense ou qui souhaitent « goûter le produit », rendez-vous sur un site qui lui est consacré et qui offre la possibilité de butiner les définitions ou de télécharger intégralement l'ouvrage au format pdf. Les Editions du Sextant, quant à elles, ont récemment réédité les souvenirs de Pierre Kropotkine (1842-1921, lire biographie) sous le titre Autour d'une vie.
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Mémoires d'un révolutionnaire (480 p., 26 euros), avec une présentation de Pierre Sommermeyer. Issu d'une famille de la noblesse russe, Kropotkine a abandonné une carrière militaire toute tracée pour entreprendre des études universitaires. En 1871, il adhère en Suisse à l'Association internationale des travailleurs (AIT) et fait siennes les idées libertaires. De retour en Russie, il se livre à la propagande révolutionnaire, avant d'être arrêté et emprisonné. Evadé, il deviendra l'éditeur des trois principaux journaux de l'anarchisme francophone et le théoricien du communisme libertaire à travers de nombreux ouvrages (lire bibliographie). Plusieurs fois condamné pour délits de presse, il sera régulièrement expulsé et connaîtra de multiples exils… Après la révolution, il regagne la Russie pour assister en spectateur impuissant mais critique à la mise en place de la dictature bolchevique. C'est à une traversée du XIXe siècle que nous invite la lecture de ses Mémoires. La spontanéité a du bon et, parfois, dans la lutte, renverse la situation. Mais il ne faut pas tout attendre d'elle. Quand on analyse les événements sociaux, on trouve bien plus souvent à leur origine un long travail d'éducation, de construction du collectif. La brochure La Force du collectif (Libertalia, coll. A boulets rouges, 56 p., 5 euros), entretien avec Charles Piaget réalisé par le Réseau citoyens résistants, nous en apporte une nouvelle preuve avec l'exemple de Lip.
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Le conflit dans cette fabrique de montres à Besançon en 1973 fut exemplaire (par ses initiatives, sa pratique autogestionnaire, son sens du collectif et de l'unité, son ouverture sur l'extérieur…) et très médiatisé. Piaget en a été l'un de ses animateurs et nous livre les principes, les outils de cette démocratie de lutte et d'émancipation individuelle. « La pire des choses, c'est quand certains veulent s'imposer. Il faut arriver à être à égalité avec les autres, sinon il n'y a plus qu'à demander aux chefs de se réunir et puis c'est fini ! » Une belle leçon qui semble aujourd'hui reprise par les mouvements d'Indignés. Les quatre fins (pas tant que cela) enquêteurs des services secrets (!) de la FA Ted Chaucre, Pat O'Neil, Denis Saint et Ed Merlieux (si, si, ils existent vraiment) sont de retour pour élucider deux crimes commis rue de Solférino. Meurtres exquis au Parti socialiste (Les Editions libertaires, 86 p., 10 euros), de Jean-Marc Raynaud, a été publié avant les élections législatives.
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L'auteur s'est trompé de cadavre : dans la « vraie vie », ce n'est pas Olivier Aïoli, secrétaire fédéral du PS de Charente-Maritime, qui est flingué mais Ségolène Impérial, victime d'un parachutage loupé et… du suffrage universel. Après vous avoir dit que le concierge défenestré s'appelait Jean Jaurès, vous aurez compris qu'il s'agit d'une farce – noire – pour lancer quelques jugements bien sentis sur le socialisme réformiste, le PS, la première alternance et les années Mitterrand… On y reconnaît des politicards bien vivants (François Ballande, Manuel Valse, Martine Babry, un certain Merluchon) et quelques militants libertaires, on y croise aussi « Herr Doctor » Marx, le Saint-Père, Georges Marchais, Durruti, Messali Hadj, Raspoutine et bien d'autres dans un joyeux et abracadabrantesque foutoir, illustré par les saisissantes caricatures de Charli (Jean-Charles Vincent). A lire sur la plage, avant la rentrée !




FOIRE AUX LIVRES, COLLOQUE,
EXPOSITION, THÉÂTRE…

Théâtre champêtre libertaire. Le Centre international de recherches sur l'anarchisme (CIRA) limousin organise plusieurs représentations théâtrales, les 22 et 23 septembre, au château de Ligoure (à Le Vigen, près de Limoges). Le Théâtre rural d'animation culturelle (TRAC) de Beaumes-de-Venise présentera deux pièces d'Albert Camus : L'Etat de siège, mise en scène de Vincent Siano (samedi à 21 heures) et Révolte dans les Asturies (dimanche à 15 h 30). La compagnie La Balancelle de Paris jouera deux pièces sur deux personnages du mouvement anarchiste : Armand Robin (samedi à 15 heures) et Alexandre Marius Jacob (samedi à 17 heures). Débats possibles après les spectacles. Prix : 10 euros pour un spectacle ou le pass à 20 euros pour les quatre. Restauration : repas complet végétarien-végétalien à prix libre (prix de revient supérieur à 5 euros). Pique-niques possibles et espace mômes. Navette avec la gare de Limoges (appelez le 06-81-88-08 19 ou le 06-64-36-95 21 pour prévenir de l'heure d'arrivée). Réservation par courriel : cira.limousin(at)free.fr - site Internet.
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L'anar de la série noire. A la Bibliothèque des littératures policières (Bilipo), se tient jusqu'au 13 octobre une exposition « Meckert-Amila : de la Blanche à la Série noire » pour rendre hommage à Jean Meckert (1910-1995), l'une des figures majeures du roman noir français. Sous le pseudonyme de Jean Amila, il marqua profondément de son empreinte les premières décennies de la collection Série noire avec plus d'une vingtaine de romans (lire notice sur Wikipédia). Cette exposition bénéficie des archives inédites du fils de l'écrivain, Laurent Meckert, et des documents de la bibliothèque. Bilipo, 48-50, rue du Cardinal-Lemoine (M° Cardinal-Lemoine). Du mardi au vendredi, de 14 à 18 heures ; samedi, de 10 à 17 heures (entrée libre).




DIVERS

En vrac sur le Web (juillet). Du 14 au 22 mai s'est tenu à Paris, sous juridiction antiterroriste, le procès de six personnes accusées d'association de malfaiteurs « en vue de la préparation d'actes de terrorisme » (lire « En vrac… » de mai) pour des faits remontant à 2006 et 2007. Au cours du procès, les accusés se sont revendiqués du « mouvement contestataire » ou « anticapitaliste » et ont opté pour une défense politique basée sur la contestation de la qualification terroriste et de l'association de malfaiteurs, sur la dénonciation du contexte politique et de l'enquête à charge, et sur le refus de la « preuve » ADN. Si la tentative de créer un épouvantail « anarcho-autonome » a sombré dans le ridicule, il s'est agi pour le pouvoir de durcir encore les lois sécuritaires et d'avertir que la contestation sociale ne devait pas sortir du seul cadre autorisé et défini par l'Etat. Les peines sont conformes au réquisitoire du procureur, ou légèrement allégées, et s'échelonnent de six mois à un an de prison ferme, correspondant pour chacun(e) – à peu de chose près – à la durée des détentions préventives (lire précisions sur Indymedia Paris). Un pur hasard, bien sûr ! Des peines avec sursis, de six mois à deux ans, s'y ajoutent pour maintenir une certaine pression. A noter que le caractère terroriste de l'affaire a été maintenu et que tous les inculpés ont été relaxé du délit de refus de prélèvement ADN. Dossier complet de l'affaire établi par Mauvaises intentions. La police n'arrête pas de déjouer des complots anarchistes… Ce samedi 2 juin, à 18 heures, une demi-douzaine de fourgons de gardes-mobiles et quelques valeureux membres des brigades anticriminalité se sont positionnés devant l'Espace autogéré des Tanneries afin de s'assurer que ne se déroulerait pas un… alleycat nocturne (soit un jeu de piste à vélo). Selon les animateurs du lieu (site Internet), des personnes motivées, après une première réussie il y a quelques mois à Dijon, les avaient sollicités pour que la course ait pour point de départ les Tanneries. Cette « manifestation anarcho-libertaire » (sic) aurait fait frémir le préfet de « zone de défense » de Metz qui, en lien avec le ministère de l'intérieur et en concertation avec la préfecture de Bourgone, a pris un arrêté d'interdiction dans le cadre du plan national de sécurité. Pas moins ! Peuvent pas parler français comme tout le monde ces « cycloterroristes ». Encore heureux que les pandores ne leur ont pas demandé leur ADN car, de façon quasi systématique, ceux-ci effectuent des prélèvements pour nourrir le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). Destiné à l'origine, en 1998, à enregistrer quelques deux mille déliquants sexuels, celui-ci conserve actuellement l'« identité génétique » de deux millions de Français (trente mille supplémentaires chaque mois). Il suffit que vous soyez suspecté, ou simple témoin, d'un délit pour en faire partie (informations complémentaires sur Refus ADN). D'où l'intérêt de s'en servir contre des militants politiques, associatifs ou syndicaux lors d'arrestations suite à n'importe quel acte de contestation sociale. Récemment Xavier Renou, poursuivi pour refus de prélèvement, et le Collectif des désobéissants ont posé à la Cour de cassation une question prioritaire de constitutionnalité à propos du fait « que les segments d'ADN prélevés par la police pendant les gardes à vue [permettaient de déterminer la] couleur de peau et [les] éventuelles prédispositions à des maladies génétiques ». De quoi constituer une belle base de données raciales et sanitaires… Le 19 juin, la Cour a rejeté la question et entériné de fait une pratique qui permet des dérives dangereuses. Le Collectif a lancé une pétition pour réclamer l'abrogation de la loi et l'amnestie des « désobéissants ». La librairie Quilombo (23, rue Voltaire, Paris 11e) ferme cet été et la vente par correspondance est interrompue du samedi 28 juillet, à 20 heures, au mardi 21 août à 13 heures (site Internet - courriel : quilombo[at]globenet.org - tél. : 01-43-71-21-07). Pour sa part, la librairie du Monde libertaire reste ouverte (du mardi au vendredi, de 14 heures à 19 h 30 ; le samedi, de 10 heures à 19 h 30), au 145, rue Amelot, Paris 11e (site Internet) - courriel : librairie-publico[at]sfr.fr - tél. : 01-48-05-34-08). Cessation d'activité, définitive cette fois, de la Bibliothèque La Rue (10, rue Robert-Planquette, Paris 18e ; site Internet ; courriel : Paris.bibliothequelarue[at]no-log.org) qui a été animée pendant quatorze ans par des membres de la Fédération anarchiste. Il est possible de rendre les livres empruntés jusqu'au mois de décembre : tous les samedis de 15 h 30 à 18 heures jusqu'au 7 juillet, puis les premiers samedis des mois de septembre à décembre, de 15 heures à 17 heures. Des groupes de la région parisienne envisagent de monter un nouveau projet autour de ce lieu emblématique. Nous ne pouvons que les encourager. Que vous partiez ou non en vacances, vous pouvez toujours aller flâner, sinon à la campagne, du moins dans un jardin, un terrain vague ou une friche. Le groupe Pavillon noir (Fédération anarchiste de la Vienne) a mis en ligne un précieux et passionnant vade-mecum sur les « propriétés alimentaires, condimentaires et médicinales des plantes du carré botanique du jardin des plantes de Poitiers ». Apprenez à reconnaître et à utiliser l'armoise, la bourrache, le chardon-marie, le cumin des près, le fenouil, la lavande et bien d'autres. « Ce topo, réalisé dans la volonté d'une réappropriation sociale des savoirs, fait suite à la visite du 30 mai dernier, animée par un membre du groupe. » Ces camarades qui ne manquent ni d'idées ni d'humour ont également concocté un horoscope un peu particulier : « Bélier (en avril, on ne blague plus) : Les maîtres vous tondent, leurs roquets vous mordent. Vous en avez assez d'être un mouton et de reproduire le troupeau. Cessez de ruminer votre colère et montrez les cornes » ; « Gémeaux (en juin, occupe ton usine) : Entre travail à la chaîne et loisirs chez Castorama, vous vous sentez doublé. Le manège enchanté de votre quotidien aliéné vous polluxe la vie. Si vous ne voulez pas finir schizo, retrouvez votre moitié révoltée ! ». Et ainsi de suite. Normand Baillargeon qui, avec Chantal Santerre, a édité la première anthologie des écrits en français de Voltairine de Cleyre (lire bibliographie) lui rend un touchant hommage à l'occasion du centenaire de sa mort, le 20 juin 1912. Dans « Pour saluer Voltairine de Cleyre », paru sur le site de l'hebdomadaire culturel de Montréal Voir, il livre des jugements de contemporains à son sujet et quelques éléments biographiques. En avril de cette année, l'Atelier de création libertaire (ACL) a réédité le livre Semaines agitées (250 p. avec un CD audio, 12 euros), publié initialement par autoédition en mai 2011, qui témoigne du mouvement contre la réforme des retraites à Lyon en octobre 2010. Grâce aux auteurs, on peut retrouver en ligne et en libre disposition articles (lecture chronologique ou thématique), photographies, témoignages audio… Tout ce qu'il faut pour se plonger totalement dans les événements et suivre pas à pas les différents protagonistes. Il est possible aussi de parcourir le livre sur Calameo.com

En juin, nous annoncions que l'exposition « Albert Camus, l'étranger qui nous rassemble », prévue à Aix-en-Provence sous l'égide de l'historien Benjamin Stora, avait été annulée – censurée – par la mairie UMP de la ville. Nous laissions supposer que la présence de nombreux électeurs anciennement Algérie française expliquait cette réserve envers Camus. C'est faux, le site du Nouvel Observateur du 1er août nous apprend que « cette » expo aura bien lieu, à partir du 7 novembre 2013, mais avec Michel Onfray comme commissaire. Son titre provisoire est « Camus : l'homme révolté », et elle proposera « un regard sur les multiples facettes du personnage en élargissant le propos tel qu'il avait été initialement envisagé autour d'une inscription purement historique de sa vie et de son œuvre », selon le communiqué de la communauté du pays d'Aix (CPA). Reste à savoir si l'on craint plus l'« étranger » que le « révolté » et si Onfray rassure plus que Stora… A suivre !




PÉRIODIQUES

Le Monde libertaire (n° 1679, 28 juin au 11 juillet, 24 p., 2,50 euros, site) consacre deux articles au sport, l'un dénonce le foot business et en particulier le projet de construction d'un grand stade près de Lyon, l'autre, interview d'un libertaire sportif de haut niveau, présente assez bien la thématique « anarchie, sport et compétition ».
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Les dirigeants de l'Olympique lyonnais se sont mis en tête de réaliser un chantier pharaonique, très coûteux et peu utile : spéculation, expropriation et spoliation sont au rendez-vous. Comment concilier sport de combat (judo), élitisme et engagement libertaire ? Plaisir de l'effort, rôle éducatif… « le problème n'est pas le sport en lui-même, mais sa récupération par le capitalisme » est-il affirmé. Autre texte particulièrement intéressant, celui d'Agnès Pavlowsky qui évoque « Les camps de la honte », c'est-à-dire la façon dont la France a accueilli les réfugiés républicains espagnols en 1939, lors de la Retirada (« retraite »), en métropole et en Algérie. Impréparation, infamie, aveuglement politique sont les maîtres mots de cet épisode peu glorieux. Retour sur le contexte historique et politique, et sur les conditions d'existence dans ces camps de concentration. A contretemps (n° 43, juillet, 32 p., « pas de prix, juste des frais », site) nous offre une photographie du mouvement libertaire en France datant de 1951 en reproduisant une série d'articles parus dans Combat au mois d'avril de cette année : la Fédération anarchiste, l'anarcho-syndicalisme, les mouvements espagnol et bulgare en exil, la jeunesse libertaire. Plusieurs articles à propos d'ouvrages récents : « Pour un socialisme débarrassé du progressisme », « Le gouvernement circonstanciel de l'anarchie », « Soumissions et résistances au nazisme »… et de nombreuses notes de lecture. « Ecole et handicap », c'est le thème abordé par le dossier de N'autre école (n° 32, printemps, 56 p., 4 euros, site) qui affirme, arguments et expériences à l'appui, que la place des personnes « en situation de handicap » est bien dans la société, donc à l'école.
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Il a fallu, semble-t-il, et il faudra encore batailler sur ce terrain pour permettre à l'institution et à tous ses acteurs de s'adapter à tous les élèves sans exception, plutôt que de laisser de côté celles et ceux qui diffèrent des normes. Comment accueillir des élèves autistes, comment concevoir une école véritablement « inclusive », comment une classe spécialisée (Ulis) se met en place, comment se faire reconnaître quand on est « handicapé », comment se définissent les acteurs des structures de soin ou de travail ?… A travers des récits et des parcours, on constate que la question du handicap traverse tout le champ social. Glossaire et encarts juridiques complètent ce dossier. Au sommaire également, un article sur « Simone Weil et la question de l'éducation ouvrière » et plusieurs pages de recensions. Ce numéros est agréablement illustré par les artistes handicapés de Personimages. On peut ne pas partager le sentiment de Jean-Pierre Garnier à propos d'Albert Camus (sa pensée, écrit-il, « à défaut d'être toujours profonde, (…) a le mérite de la clarté »), n'avoir pas tout à fait les mêmes raisons de ne pas apprécier Michel Onfray et son récent ouvrage (cf. « Le dernier nouveau philosophe », dans Le Monde diplomatique de mars 2012), et lire avec intérêt ses trois textes sur « le droit à la ville » et la « démocratie participative » (sic) parus dans la revue des études lefebvriennes La Somme et le Reste (n° 21, mai, 17 p., à télécharger sur le site).
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De Henri Lefebvre à David Harvey, le concept de « droit à la ville » s'est révélé en pratique être celui des élites dirigeantes ; que faire alors pour le réaliser concrètement alors que les conditions d'existence des classes populaires ne cessent de se détériorer ? Quel rôle joue le territoire dans l'expression physique de l'égalité – ou plutôt de l'inégalité – des conditions sociales ? Depuis des décennies, on évoque la participation des habitants à la politique urbaine. Cela ne sert en définitive qu'à faire accepter des remodelages décidés en haut lieu car il ne s'agit pas de « participer » mais d'intervenir et de contrôler. La nouvelle publication du secrétariat international de la Confédération nationale du travail (CNT), Terre & Liberté (n° 2, mai, 2 euros, site), s'inscrit « au service de la lutte des classes sans frontières, elle veut prendre le temps d'expliquer des situations qui nous sont éloignées, prendre le temps de la réfexion pour sortir du rythme ultrarapide de l'actualité ».
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Ce second numéro consacre son dossier central aux soulèvements populaires qui ont traversé le Maghreb et le Proche-Orient depuis fin 2010. On y trouve également des articles sur l'Afrique du Sud, le Japon, les Indignés… La Bafouille rebelle (n° 3, mai-juin, 4 p., à télécharger [934 Ko], site), newletters de la fédération CNT des activités postales, du courrier et des télécommunications, quant à elle, met à mal le « mythe de la gestion humaine de la Poste qui serait différente de celle de France Télécom » et dénonce le pseudo « dialogue sur la vie au travail », notant également que la dégradation de la qualité de service est directement imputable aux politiques de réorganisation de la direction. Offensive (n° 34, juin, 52 p., 4 euros, site) consacre son dossier à « L'info en lutte(s) ». Constatant que nous vivons dans une société médiatique où l'information est généralement utilisée comme moyen d'assurer la soumission à l'ordre social, la revue se demande comment investir ce terrain d'action. « En politisant nos pratiques et nos réflexions, en défendant une information émancipatrice et autonome, un large champ d'expérimentation s'offre à nous. Car l'information et un enjeu de lutte et un enjeu au sein des luttes. » La solution consiste-t-elle à « rejeter les postures d'expert-e-s et de spécialistes, casser le rapport vertical du savoir descendant, défendre le “faire avec” en lieu et place du “faire à la place de”, agir depuis l'“intérieur” des luttes, sur le terrain et au contact, pour accompagner, (s')encourager et (se) donner de la force » ?
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Présentation et analyse de différentes « expérimentations » : média dans la lutte ; journal alternatif local ; Offensive, un espace de réflexion différent ; l'enquête ouvrière ; une écriture collective ; la vidéo légère et… féministe ; Indymedia ; une expérience de vidéo-activisme (Primitivi)…
"Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs, cherchez-y la vérité, créez-la vous-mêmes ! Vous ne la trouverez nulle part ailleurs." (N. Makhno)
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Re: Anarlivres : l'actualité de l'édition libertaire

Messagede vroum le Ven 28 Déc 2012 11:45

http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html

PUBLICATIONS

En septembre, nous nous étions moqués de la collection « Les rebelles », très socialisante, lancée par Le Monde pour célébrer les « grandes voix de l'insoumission », « ceux qui ont dit non ! » (lire). Il est temps, après avoir parcouru Les Anarchistes. Ni Dieu ni maître ! (Le Monde, boutique, 221 p., 5,90 euros) de rendre justice à cette anthologie présentée par Sylvain Boulouque. Les grands anciens sont bien sûr au rendez-vous (Proudhon, Bakounine, Kropotkine, Reclus, Libertad…), ainsi que des écrivains ou poètes (Mirbeau, Camus, Armand Robin, Brassens, Ferré…). Si des littérateurs manquent à l'appel (se référer pour cela aux Briseurs de formules de Caroline Granier), notons qu'il est difficile d'être exhaustif en si peu de pages. On peut aussi regretter l'absence de penseurs plus contemporains (Daniel Guérin, Jacques Ellul, Murray Bookchin…) ou actuels mais, ne faisant pas l'unanimité (fort heureusement !), c'était prendre le risque de s'enliser dans les sables mouvants de la polémique. Quoi qu'il en soit, il faut saluer le travail de celui qui a choisi ces textes reflétant bien la diversité de la pensée libertaire, les a agréablement présentés et commentés, faisant de ce recueil un vade-mecum peu onéreux à offir à toute personne s'interrogeant sur l'anarchisme. Comment la littérature qui s'adresse aux jeunes rend-elle compte de l'existence des immigrés et des difficultés de ceux en situation irrégulière ? Lire les sans-papiers. Littérature jeunesse et engagement (Editions CNT-RP, coll. N'autre école, 190 p., 10 euros), de Claire Hugon, y répond amplement avec un souci de clarté et de précision, fournissant une riche bibliographie avec résumé des ouvrages. Les enfants et les ados, plus que tous autres, peuvent être confrontés à l'arrestation, à l'enfermement ou à l'expulsion d'un(e) camarade. L'auteure décrit d'abord les caractéristiques de son sujet d'étude (spécificités de cette littérature, de la population migrante et de la politique migratoire de la France) avant de s'intéresser aux objectifs des écrivains : informer, dénoncer et proposer, remarquant qu'il est assez rare que le système politique soit remis en cause et une alternative proposée. Elle s'attaque ensuite à la problématique de l'engagement et à son sens pour les différents acteurs (éditeurs, auteurs, lecteurs). Un formidable guide pour les enseignants et les parents, qui pourra aussi passionner tous ceux qui se sentent concernés. Ne sommes-nous pas tous des immigrés de la première, deuxième ou énième génération ? Avec Le Ventre est encore fécond (Libertalia, 155 p., 7 euros), le journaliste Dominique Vidal nous livre une très instructive étude sur « les nouvelles extrême droite européennes », sujet qu'il maîtrise parfaitement. Distinguant les « trois familles » (fascistes nostalgiques, « ovnis politiques », partis antisystème en quête de respectabilité), il constate que l'antisémitisme traditionnel tend à disparaître (sauf à l'Est) au profit de l'islamophobie (le musulman est le nouveau bouc émissaire) et tente d'expliquer le vote populaire et ouvrier en faveur de l'extrême droite par la crise économique, la « mise en flottement » des identités traditionnelles et l'évolution du rapport à la nation (suite à la mondialisation). Après avoir traité des particularités de l'Europe centrale et orientale, Vidal conclut sur les similitudes et les différences entre notre époque et les années 1920-1930. Qu'on partage ou non son analyse (sur l'islamophobie et le vote ouvrier, entre autres), on ne peut nier son aspect documenté et argumenté qui en fait une très bonne base de débat. C'est ce qui manque à l'ouvrage de Justhom, Un brûlot sous l'éteignoir (Les Editions libertaires, 64 p., 5 euros). Le sous-titre, « De la tendance des pouvoirs politiques à mettre en veilleuse le mouvement associatif », nous laissait espérer une démonstration étayée, avec des données chiffrées, alors qu'il s'agit d'un simple libelle, intéressant certes mais un peu décevant. Après un historique du mouvement associatif où il montre bien que ses relations avec le pouvoir (quel qu'il soit) est une valse « entre amours et désamours », l'auteur aborde, à l'orée du XXe siècle, son développement pour remédier aux défaillances de l'Etat qui, progressivement, va le contrôler puis lui déléguer un certain nombre de fonctions (mutualité, économie sociale). Et il y a fort à parier que ce jeu de soumission-répulsion dure encore longtemps, faisant certainement tout l'intérêt de ce secteur. Il est toujours difficile de chroniquer une revue (site) comme Art & Anarchie (Editions K'A, 235 p., 20 euros) et ce troisième numéro n'échappe pas à la règle. La diversité des moyens d'expression, leur entrelacement, la variété des sujets abordés l'expliquent. Une maquette sobre et aérée met parfaitement en valeur les contributions. La première d'entre elles concerne le peintre Nato, « libertaire et libertin », adepte du happening et de l'« obscénité critique » (son site vaut le détour, en particulier pour son « tournis textuel »). Puis s'enchaînent les « poésies visuelles » de Joël Frémiot, les hommages au chanteur Allain Leprest et au dessinateur Helios Gómez, « poète, gitan et anarchiste », les réalisations de Rémy Pénard sur l'usine et le travail, les œuvres de Serse Luigetti, des TRACT'eurs, de Fernando Aguiar… Sans oublier les textes sur le graveur Louis Moreau, sur Léo Campion (« Le trublion anarchiste, qui a réussi sa vie ! »), celui de Pietro Ferrua à propos du compositeur américain John Cage, l'évocation de Léo Ferré et de Jean Vodaine par Louis Arti, André Robèr se souvenant de Jean Dassonval, et bien d'autres choses encore. Les Editions du Sextant poursuivent leur publication des écrits de Voltairine de Cleyre (1866-1912, biographie), après Le Mariage est une mauvaise action et De l'action directe (lire recensions, voici Anarchisme et traditions américaines (introduction de Chris Crass, traduction d'Yves Coleman, 60 p., 7 euros). Dans ce texte, copieusement et judicieusement annoté, elle met en parallèle les idéaux de la révolution américaine et ceux de l'anarchisme, constatant combien les premiers ont décliné, principalement sous l'influence du commerce puis de l'industrie. Et appelle de ses vœux un retour à la terre, la création de communautés à échelle humaine vivant en autosubsistance, solidaires les unes des autres, sans armée. Même si l'on ne goûte pas le côté insurrectionniste, avant-gardiste et militarisme d'Auguste Blanqui (1805-1881), on appréciera son pamphlet Qui fait la soupe doit la manger (suivi d'un extrait d'« Instructions pour une prise d'armes », Editions d'ores et déjà, Paris, 48 p., 4 euros) où l'on peut lire : « La nation s'appauvrit de la perte d'un travailleur ; elle s'enrichit de celle d'un oisif. La mort d'un riche est un bienfait. » Qui oserait écrire cela à notre époque ? Alors que les médias nous enseignent que l'exil d'un riche en Belgique est regrettable et que Mme Bettencourt est tout, sauf une oisive… De tout temps, l'humanité a rêvé d'un monde meilleur, non pas aux cieux mais sur terre… ou sur mer, si on se réfère à la dimension politique de la piraterie (analysée entre autres par Marcus Rediker dans Pirates de tous les pays et dans Les Forçats de la mer, publiés en français par Libertalia). La même maison d'édition présente Libertalia, une utopie pirate (illustrations de Tôma Sickart, postface de Marcus Rediker, 142 p., 8 euros.), de Daniel Defoe, qui relate les aventures au XVIIIe siècle du capitaine Misson et la fondation d'une colonie à Madagascar. Cette république, où la propriété est abolie et les ressources mises en commun, repose sur une organisation sociale certes hiérarchisée mais avec contrôle des mandatés et assemblées générales (hydrarchie), prônant l'égalité (classe, sexe, race, nationalité), le refus de l'esclavage, de l'Eglise (sans remettre en cause Dieu) et la rotation des tâches de responsabilité. C'est aussi l'occasion d'apprendre l'existence de nombreux Noirs (anciens esclaves) sur les navires pirates ; ce qui n'est guère apparent dans les films de genre plus attirés par le romantisme que par la lutte des classes et de libération. Parmi les rééditions, signalons La Fédération jurassienne (Entremonde, coll. La rupture, 144 p., 12 euros), de Marianne Enckell, qui s'intéresse à l'Association internationale des travailleurs (1864-1872) et plus particulèrement aux conflits dans la fédération suisse romande entre partisans de Bakounine et de Marx qui vont préfigurer la scission au sein de l'Internationale, donnant naissance à Saint-Imier (Jura suisse) à un courant antiautoritaire, berceau de l'anarchisme. Les éditions Mille et une nuits ont rassemblé dans Ce que nous voulons et autres textes anarchistes (La petite collection, 80 pages, 3,50 euros) quatre brochures de vulgarisation écrites par Jean Grave (1854-1939, biographie) : analyse de la mutation industrielle (« Le machinisme »), condamnation du pillage colonial (« La colonisation »), importance de l'éducation et de l'évolution individuelle (« La panacée-révolution ») et objectifs des anarchistes (« Ce que nous voulons »). Les adeptes de la lecture numérique retrouveront ces mêmes textes, dans leur version originale, sur Gallica.



Du côté des BD.

Plusieurs albums ont récemment attiré notre attention pour les thèmes traités. Et tout d'abord Thoreau. La vie sublime (Editions du Lombard, 88 p., 20,50 euros), de Maximilien Leroy (scénario) et A. Dan (dessin), sur le philosophe et poète américain (1817-1862), naturaliste et libertaire, père pour certains de la désobéissance civile et de l'objection de croissance. On le retrouve en 1845 bâtissant une cabane dans la forêt, souhaitant vivre en autonomie pour se dissocier d'une société dont il condamne les pratiques esclavagistes et la soif de profit. Sa vie et ses combats sont relatés, l'aspect contemplatif des dessins et du personnage n'excluant pas un engagement qui admet la violence et la résistance armée pour défendre une cause. Le scénariste évite ainsi de donner à son héros un rendu trop lisse et simplificateur. Maximilien Leroy est aussi l'auteur d'une vidéo, Sur la route de Thoreau, et, en tant que dessinateur, a commis en 2010 un album sur Nietzsche (scénario de Michel Onfray, Editions du Lombard, 126 p., 20 euros). Le succès public fut au rendez-vous, ainsi que la critique médiatique acerbe (effet Onfray garanti). Ce qui n'oblitère pas la qualité du travail de Leroy. Si l'on apprécie Nietzsche et le philosophe caennais, le mieux est de s'y risquer. On peut aussi préférer Max Stirner et le dernier opuscule de la saga Ermo (lire recension précédente) qui conte le voyage d'un jeune garçon avec un cirque lors de la guerre d'Espagne. Bruno Loth, son auteur, propose de souscrire au tome 6 (Mort à Madrid, Libre d'images, 56 p., 16 euros port compris, parution courant décembre) sur son site. Le Monde libertaire n° 1688 lui a consacré un article dont est extrait cette planche. On découvrira aussi l'histoire de son père, Jacques, à travers les albums Apprenti (2010) et sa suite, Ouvrier (2012). Ce n'est pas une BD mais les illustrations et le graphisme priment dans l'ouvrage Dieudonné. Des « Assiettes » aux « Durs »… (préf. de Jean-Louis Pelletier, CCIP-Gobelins, 36 p., 8 euros, en vente exclusivement à la librairie du Monde libertaire) que Franck Sénateur et Jacky Giraudo ont réalisé sur l'ouvrier ébéniste condamné à mort, puis aux travaux forcés (les « durs ») à perpétuité, dans le cadre de l'affaire de la « bande à Bonnot ». Son seul crime : être anarchiste et avoir hébergé Jules Bonnot. Les assises (« assiettes ») le conduiront au bagne dont il s'évadera après quinze ans de captivité. Une campagne de presse lancée par le journaliste Albert Londres obtiendra finalement sa grâce et il pourra regagner la France. L'un écrira L'Homme qui s'évada et le second La Vie des forçats (réédité en 2007 par Libertalia). C'est une lettre de Dieudonné au Dr Moinet et une opportunité – faire réaliser l'ouvrage par une classe de BTS – qui ont réuni Sénateur, spécialiste du bagne et professeur aux Gobelins, et Giraudo, bouquiniste du « fait divers ». Ils nous livrent ainsi des documents totalement inédits ou rarement publiés. Le journal L'Union-L'Ardennais nous apprend que la colonie libertaire L'Essai (1903-1909), constituée à l'initiative de Fortuné Henry (biographie), pourrait faire l'objet d'un album (sortie prévue en 2014 chez Dargaud) conçu par l'auteur et illustrateur Nicolas Debon qui effectuait des repérages début novembre. Sur le sujet, on peut lire l'intéressant texte que lui consacre le site de la municipalité d'Aiglemont et se référer aux reproductions de cartes postales la concernant sur Cartoliste.




RÉUNIONS-DÉBATS

Lille, 26 décembre. Projection à 20 heures du documentaire Vivir la utopia (95 min, 1997), de Juan Gamero, retraçant le parcours d'anarchistes et de membres de la CNT avant et pendant la guerre d'Espagne. Suivie d'un débat. A L'Insoumise (bouquinerie occupée), 10, rue d'Arras (M° Porte-de-Douai).

Bagnolet, 5 janvier. Projection du documentaire Anarchroniques (85 min, 2011), de Karine Rosso et Fernando Garcia Blanes, et discussion sur l'actualité des luttes libertaires au Québec. A 18 heures, au Rémouleur, 106, rue Victor-Hugo (M° Robespierre ou Gallieni). Pour s'inscrire à la lettre d'info.

Rouen, 7 janvier. Projection des Sentiers de l'utopie (2011), d'Isabelle Fremeaux et John Jordan, et débat à 20 h 30, à La Maladrerie, 52, rue Bouquet. Site Internet.

Lyon, 9 janvier. Le collectif rhodanien de soutien aux opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes organise la projection du documentaire Au cœur de la lutte, de Christophe Kergosien et Pierrick Morin, puis débat. A 19 h 45, librairie La Gryffe, 5, rue Sébastien-Gryphe, Lyon 7e. Site Internet.

Marseille, 12 janvier. A 17 heures, causerie avec Michel Sahuc et le groupe FA de Montpellier : « Quelle économie anarchiste ? ». Au local du Centre international de recherche sur l'anarchisme (CIRA), 50, rue Consolat, Marseille 1er. Courriel : cira.marseille(at)free.fr - site Internet.

Lyon, 12 janvier. Le Cedrats et la librairie La Gryffe ont programmé un « Atelier de réflexion et d'échanges 2012-2013 », série de rencontres concernant le syndicalisme qui se tiendront le samedi de chaque mois, à 15 heures, alternativement dans les locaux des deux structures. Ce mois-ci, « L'éclatement syndical (1980-1990) », coordonné et présenté par Sophie Béroud à la librairie La Gryffe, 5, rue Sébastien-Gryphe, Lyon 7e. Tél. : 04-78-61-02-25 - site Internet.

Castelnaudary, 18 janvier. « Que se passe-t-il vraiment en Grèce ? Laboratoire du pire, mais aussi d'alternatives solidaires », soirée rencontre-débat animée par Yannis Youlountas. A 19 heures, Quai n° 10, 10, quai du Port. Sur place, petite restauration possible : assiettes grecques à partager dans une ambiance musicale de rebétiko.

Bordeaux, 19 janvier. Lecture théâtrale de La Vie de Marius Jacob, anarchiste et cambrioleur, à 20 h 30, Athénée libertaire, 7, rue du Muguet.




FOIRE AUX LIVRES, COLLOQUE,
EXPOSITION, THÉÂTRE…


Livres à la Halle Saint-Pierre. La librairie éphémère s'installe, avec plus de six cents titres de cinquante éditeurs, à la Halle Saint-Pierre, 2, rue Ronsard, Paris 18e, du 11 décembre au 6 janvier (de 10 à 18 heures en semaine, entrée libre). Trois expositions sont prévues autour de trois ouvrages. Vous y retrouverez Ab Irato, Les Fondeurs de briques, Le Passager clandestin, Rue des cascades et bien d'autres. Vernissage le 13 décembre, de 18 à 21 heures, avec séance de dédicaces, concert-slam, lecture musicale… Informations complémentaires.

Expo Bonnot. Jusqu'au 30 décembre, le Musée de Nogent-sur-Marne présente une exposition intitulée « Bonnot et compagnie, la bande tragique ». C'est dans cette ville que s'est achevée l'épopée des derniers membres du groupe, Octave Garnier et René Valet, il y a cent ans, dans la nuit du 14 au 15 mai 1912. Journaux d'époque, photographies, estampes, cartes postales et reconstitution d'une scène d'interrogatoire sont au rendez-vous. Adresse : 36, bd Gallieni, 94130 Nogent-sur-Marne (tél. : 01-48-75-51-25). Site Internet.

Louise Michel à Marseille. Commémoration de sa mort, le 9 janvier 1905, dans la cité phocéenne, avec la chorale La Lutte enchantée (site). Rendez-vous, le 10 janvier, à 18 h 30 au kiosque des Réformés, puis arrêt devant le Duc Hôtel (lieu de décès de Louise Michel), 19, boulevard Dugommier. Ensuite remontée de la Canebière et, par la rue Thiers, « on s'arrête devant les plaques de rue pour une action et des chansons ». Le 12 janvier, journée commémorative organisée par le collectif Nosotros et le ciné-club populaire, social et antifasciste de Marseille. A 11 heures, rendez-vous sur la Plaine, dépôt de gerbes et chants de la Commune au Duc Hôtel ; 12 heures, « apéro communard » sur la Plaine et repas à prix libre (tous les régimes alimentaires seront honorés) ; 14 heures, projection au Molotov, 3, place Paul-Cézanne, de La Commune de Peter Watkins (durée 4 heures, avec entracte). Popcorn, douceurs et boissons en vente sur place.

Théâtre. Le Festival international de théâtre anarchiste de Montréal (Fitam) recherche, pour sa huitième édition qui se déroulera les 21 et 22 mai 2013, des pièces de théâtre écrites en français ou en anglais portant sur le thème de l'anarchisme ou sur tout sujet s'y rapportant, c'est-à-dire contre toute forme de pouvoir, le capitalisme, la guerre, l'aliénation, le travail salarié… Il prendra aussi en considération les textes traitant, à partir d'une perspective anarchiste, de justice écologique, sociale et économique, de race, de classe et de genre. Date limite d'inscription : 20 janvier 2013. Les troupes et personnes souhaitant y présenter leurs œuvres doivent remplir le formulaire de participation disponible en ligne. Plus d'informations sur le site du festival. Courriel : anarchistefestival(at)yahoo.ca - adresse postale : Montreal International Anarchist Theatre Festival, CP 266, succ. C, Montreal, QC H2L 4K1, Canada.

Affiches politiques aux Invalides. La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) organise jusqu'au 24 février 2013 une exposition, « Colère, parole : affiche-action. Quand la politique s'écrit dans la rue », au Musée d'histoire contemporaine, Hôtel national des Invalide, cour d'honneur, Paris 7e (M° La Tour-Maubourg ou Varenne). Ouvert tous les jours (sauf fériés et 1er lundi de chaque mois), de 10 heures à 17 heures (prix d'entrée : 5 euros, tarifs réduit : 3 euros). « Avec plus de 150 documents, l'exposition dresse une généalogie de l'écrit urbain par le prisme des affiches texte, au cœur des révolutions qui ont façonné notre société » : de la Révolution française à aujourd'hui, en passant par la Commune de Paris, la Résistance, la Libération et Mai 68. Site de l'expo. N'oubliez pas que les affiches sont vivantes dans la rue et mortes au musée. Et si vous voulez voir des exemplaires plus spécifiquement libertaires, allez faire un tour sur le site Placard Ficedl. C'est permanent… et gratuit !




DIVERS

En vrac sur le Web (décembre). Une brochure de 40 pages, La Querelle des modernes et des modernes, vient d'être conçue comme « réponse aux critiques et développement de l'argumentaire de l'Appel des 451 sur les métiers du livre » (lire info). A télécharger pour lecture page par page ou pour impression sur le site. Et, ainsi que le précisent les initiateurs du texte : « Il s'agit d'un document de travail intermédiaire, en préparation des rencontres nationales des 12 et 13 janvier 2013 à la Parole errante, à Montreuil, sur les métiers du livre. Un programme détaillé de ces rencontres sera disponible dans les semaines à venir. » Déniché sur le Web des « archives sur la gauche radicale » où l'on peut trouver des exemplaires complets (et parfois des collections entières) de journaux anarchistes des années 1880-1890 : Le Droit anarchique, L'Hydre anarchiste, Le Défi, L'Emeute, Le Drapeau noir, La Lutte, L'Etendard, L'Alarme… Pour chacun, on en saura plus en consultant Bianco : 100 ans de presse anarchiste : présentation, responsables, collaborateurs, lieux de conservation, etc. Egalement des documents et ouvrages plus contemporains sur l'autonomie politique (Os Cangaceiros, par exemple), en différentes langues. Nous avions évoqué en septembre dernier le tournage du documentaire-fiction consacré à Alexandre Marius Jacob (1879-1954, lire biographie) et aux « travailleurs de la nuit » qui cambriolaient au début du XXe siècle les riches demeures car « le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend ». Hors les lois et la servitude (51 min), réalisé par Michel Mathurin, rapporte les motivations, les exploits, le séjour au bagne et le suicide du cambrioleur anarchiste. Un site à l'esthétique plutôt réussi présente les coulisses du tournage et les comédiens, ainsi qu'une bande-annonce. Autre film, mais cette fois à propos du géographe anarchiste de Sainte-Foy-la-Grande. Réalisé par Nicolas Eprendre, Elisée Reclus, la passion du monde (53 min) raconte sa vie et ses idées. Il est composé d'interviews d'Hélène Sarrazin (biographe), Kenneth White (écrivain), Philippe Pelletier et Federico Ferretti (géographes), illustré de photographies de Nadar, de reproductions d'ouvrages et de paysages parcourus en son temps par le savant adepte de la marche. Des textes mêlant poésie et humour, pensée scientifique et politique sont lus par Carlo Brandt. Ce qui fait de ce film un agréable et instructif divertissement. Présentation, possibilité de commande (15 euros) et bande-annonce. L'actualité cinématographique est particulièrement riche en ce mois car un autre film capte l'attention. Article 23 (81 min), de Jean-Pierre Delépine (sortie prévue le 12 décembre), rappelle que « la déclaration universelle des droits de l'homme stipule que chaque être humain a droit à un travail dans des conditions équitables et satisfaisantes… ». Or on se suicide de plus en plus au travail : la compétition exacerbée tue, plus de solidarité entre individu mais la guerre, le stress… Le réalisateur dédie d'ailleurs son long-métrage à la mémoire des disparus de France Télécom, Renault, La Poste, Thales, Areva, EDF, GDF Suez, PSA, ONF, Pôle emploi, Klarius, Veolia, CA, LCL, SG, BNP, Natixis, BPCE… Bande-annonce - site du film. Les éditions Le Passager clandestin annoncent la création d'une nouvelle collection – Dyschroniques – dédiée à des nouvelles de science-fiction ou d'anticipation (de 48 à 144 p., de 4 à 8 euros) : « A travers ces textes essentiels, se révèle le regard d'auteurs d'horizons et d'époques différents, interrogeant la marche du monde, l'état des sociétés et l'avenir de l'homme. Lorsque les futurs d'hier rencontrent notre présent… » Parution, en janvier : Le Testament d'un enfant mort, de Philippe Curval ; La Tour des damnés, de Brian Aldis ; et, en février, Le Mercenaire, de Mack Reynolds, puis Un logique nommé Joe, de Murray Leinster. Si vous voulez suivre le développement et les activités du courant libertaire à Cuba, il faut vous référer à Polémica cubana qui essaie de relater le quotidien et la réalité de l'île en dehors de toutes œillères anti ou procastristes. L'actualité, la culture, l'histoire, la politique, les faits de société sont ainsi passés en revue. A signaler également, les archives du site depuis février 2010 et les nombreux liens, en particulier concernant les Amériques centrale et du Sud. Le dernier numéro (octobre 2012) des Cahiers de civilisation espagnole contemporaine comportait un important dossier sur l'anarchisme espagnol à l'occasion, avec un peu de retard, du centenaire de la création de la Confédération nationale du travail (1910). Plusieurs articles ont été rédigés en français (texte intégral en libre accès) : présentation du dossier ; « L'anarchiste et la philosophe », à propos de la correspondance de Simone Weil avec Antonio Atarés (1941-1951) ; « Les anarchistes espagnols dans les conspirations contre la dictature et la monarchie (1923-1930) » et un autre sur « les similitudes entre la démarche [d'] artistes contemporains et l'aspiration à un changement social voulu par le “modèle éducationiste-réalisateur” libertaire ». Les autres textes semblent tout aussi passionnant ; encore faut-il maîtriser la langue de Cervantès… Un article de Guillaume Davranche, historien et membre de l'équipe éditoriale d'Alternative libertaire, est consultable sur le site des Cahiers d'histoire : « Pelloutier, Pouget, Hamon, Lazare et le retour de l'anarchisme au socialisme (1893-1900) ». Il est intéressant à plus d'un titre et d'abord parce qu'il va quelque peu à l'encontre d'un schéma maintenant classique : « (…) à la période insurrectionnaliste (1878-1886) aurait succédé une période grève-généraliste (1886-1892), puis la parenthèse terroriste (1892-1894) aurait entraîné le basculement définitif dans la période syndicaliste (après 1894). » D'après lui, ce « basculement » n'a pas été aussi abrupt et aurait été préparé par les contacts d'une fraction du mouvement anarchiste avec une aile gauche antiparlementaire du courant socialiste en vue d'un rapprochement. Si la tentative échoua, elle constitua cependant un prélude au développement du syndicalisme révolutionnaire. Une vidéo pour finir, montrant la participation de la CNT à la manifestation contre le chômage et la précarité du 1er décembre à Paris. Les syndicats de la région parisienne avaient appelé à une prolongation de celle-ci en direction d'Altedia, acteur majeur du placement privé (sous-traitance de Pôle emploi), puis vers le cinéma Gaumont-Pathé à Opéra où des salariés luttent contre la dévalorisation de leurs métiers. Sur Caméra au poing, blog du secteur vidéo, on trouve nombre d'autres enregistrements (entre autres d'émissions de radio) sur divers sujets (ainsi que des conseils techniques pour les vidéastes militants).



Solidarité internationale.

Le groupe éditeur du mensuel Sicilia libertaria souhaite acquérir un local (90 m2, deux étages) à Ragusa (Sicile, Italie) et lance un appel à la solidarité internationale pour réunir les 20 000 euros qui lui manquent. Celui-ci sera le siège du journal, du groupe et d'un centre d'archives du mouvement. Tout don (si minime soit-il) sera le bienvenu. Envoi par mandat international à : Giuseppe Gurrieri, c/o Sicilia libertaria, Via G. B. Odierna 212, 97100 Ragusa, Italie. Tél. : 00-39-932-651-612 (Pippo et Letizia) - courriel : info(at)sicilialibertaria




PÉRIODIQUES

Alors que la presse politique radicale est étranglée par les réformes néolibérales du secteur et son existence menacée, on apprend grâce à un rapport parlementaire que les médias papier traditionnels sont incapables de s'adapter à la concurrence du numérique et que les héraults du modernisme, de la compétitivité et du libéralisme à tous crins ne subsistent que par la manne étatique (1 milliard d'euros en 2011, soit 11 % de leur chiffre d'affaires). Le site OWNI dévoile ainsi en avant-première les données de ce rapport (répartition des aides, subventions, taux de TVA réduit, etc.). En tête des « assistés » : Le Monde, Le Figaro, Ouest France, La Croix, Télérama, Libération, Le Nouvel Observateur, L'Express… « Leur liberté » de propager la propagande des milieux affairistes et économiques (voir Les Nouveaux Chiens de garde) nous coûte cher ! En ce qui concerne la presse libertaire, le dernier numéro de Courant alternatif (n° 224, novembre, 32 p., 3 euros, site) est particulièrement axé sur l'environnement : nucléaire et changement de gouvernement, maigre mobilisation du réseau Sortir du nucléaire, procès de trois opposants aux transports de déchets nucléaires, contre l'Ayraultport de Notre-Dame-des-Champs, les dangers de l'aquaculture… Deux articles retiennent également l'attention : le contrôle et le fichage d'une foule de contestataires (l'exemple de la place Bellecour en octobre 2010) ; Barack Obama et la banalisation du meurtre d'Etat. Alternative libertaire (n° 222, novembre, 20 p., 2 euros, site), quant à lui, annonce la couleur sur sa « une » : « Pour un féminisme radical ». A côté d'« un militantisme lobbyiste et [du] militantisme “déshabillé” [Femen] qui cherche à attirer les médias, il manque aujourd'hui la voix d'un féminisme de combat ». Campagne pour l'égalité des salaires, comptes rendus de la rencontre D'égal à égales et d'un débat sur la prostitution concluent ce petit dossier. A noter aussi un article historique sur « L'irruption de la classe ouvrière argentine » il y a cent dix ans. On peut télécharger le dernier bulletin (n° 68, été 2012, 29 p., site) du Centre international de recherches sur l'anarchisme (CIRA) de Lausanne : le rapport d'activités pour 2011 nous apprend que la numérisation du Réveil anarchiste/Risvelgio anarchico et de La Voix du peuple est terminée, et la mise en ligne avec un moteur de recherche en cours de réalisation ; quelques infos sur l'ancienne Bibliothèque Germinal de Genève nous sont communiquées, ainsi qu'un compte rendu du Salon du livre anarchiste de Montréal. La liste des ouvrages catalogués en 2011 clôt cette livraison. Plusieurs textes d'A contretemps (n° 44, novembre, 32 p., « pas de prix, juste des frais… », site) sont consacrés à un « Hommage à Vlady (1920-2005) », peintre « d'exception toujours méconnu sous nos latitudes ». Vladimir Kibaltchitch, de son nom d'état civil, est le fils de l'écrivain Victor Serge (biographie). Né à Petrograd (aujourd'hui Saint-Pétersbourg), mort à Cuernavaca (Mexique), il a vécu avec sa famille la répression envers les « révolutionnaires vaincus », la relégation à Orenbourg (« antichambre du Goulag ») sous Staline, la libération grâce à la mobilisation d'intellectuels français, dont Henry Poulaille (biographie), et l'exil, puis la fuite au Mexique suite à l'occupation nazie de la France… Comment voulez-vous ne pas être ainsi marqué par le siècle ? « Héritier des dissidences – anarchiste et marxiste critique – écrasées sous le marteau du socialisme réellement inexistant, Vlady, vagabond métaphysique, décida de se confronter, pinceaux en main, à cette histoire des révolutions inabouties, trahies, assassinées pour en faire le sujet d'une interrogation entre processus révolutionnaire et pouvoir (…). » Son œuvre (voir reproductions sur Vlady - Le peintre du paradoxe) est également influencée par la Renaissance italienne, le surréalisme et la peinture muraliste mexicaine. Passionnant ! Le Monde libertaire hors-série (n° 46, novembre-décembre, 64 p., 5 euros, site), outre que son logo n'apparaît que très peu sur la « une », est essentiellement consacré à la Rencontre internationale de Saint-Imier (lire info) : historique, comptes rendus de débat, expositions, entretiens de Radio-Libertaire, BD… Deux autres sujets thématiques (« Rouen : occupation du foyer de la Maladrerie », « Les groupements d'achats alimentaires ») et quelques articles culturels complètent ce numéro. Plutôt intéressant et bien maquetté, il paraît cependant hésiter entre le dossier hors-série et la revue de réflexion, laissant le lecteur quelque peu déstabilisé. Les éditions du Monde libertaire, de leur côté, viennent d'éditer un agenda 2013 composé de dessins inédits faits par les « dessineux » du journal et de citations (en vente uniquement au 145, rue Amelot, Paris 11e, au prix de 7 euros). Signalons par ailleurs que Le Monde libertaire hebdo (n° 1687, 15 au 21 novembre, 24 p., 2,50 euros) consacre un texte à Agustín García Calvo (1926-2012), signé par Octavio Alberola que l'on peut aussi lire en ligne sur Polémica cubana. Cet universitaire réputé, philologue, traducteur, linguiste et dramaturge, décédé le 1er novembre à Zamora (Espagne), était aussi un libertaire. Le Combat syndicaliste (n° 373, novembre, 12 p., 2 euros, site), le mensuel de la Confédération nationale du travail (CNT), lance une campagne pour la réduction de la journée de travail à 6 heures, soit 30 heures par semaine. Par ces temps de crise économique orchestrée par le capitalisme, il est juste de partager le travail (pour lutter contre le chômage) et les richesses produites. Et ce combat doit être international… Utopique ! La journée de 8 heures l'était aussi au début du XXe siècle. Egalement : rencontre avec un militant américain des IWW impliqué dans la lutte au sein de la chaîne de restauration Starbucks, souscription pour le café des coopératives zapatistes et quatre pages d'informations internationales.
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Re: Anarlivres : l'actualité de l'édition libertaire

Messagede vroum le Lun 16 Déc 2013 10:53

http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#perio1

Vous voulez faire connaître un ouvrage
récemment édité, enyoyez-nous un exemplaire
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PUBLICATIONS


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Avec Syndicalistes et libertaires. Une histoire de l'Union des travailleurs communistes libertaires (1974-1991) (Editions d'Alternative libertaire, 286 p., 12 euros), Théo Rival fait œuvre de pionnier et nous présente une riche documentation (articles de presse, documents internes, entretiens, iconographie…) pour retracer le parcours d'une poignée de jeunes ouvriers, exclus de l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) et décidés à mener une action libertaire par le biais du syndicalisme. Attirés par la CFDT, prônant alors une orientation axée sur la lutte et autogestionnaire, ils vont poursuivre essentiellement deux objectifs : tenter d'instaurer une pratique libertaire et de s'implanter durablement (essentiellement à La Poste, à la SNCF, dans l'éducation et l'aérien). Ils seront parmi les « moutons noirs » qui s'opposeront au recentrage de la confédération et à la stratégie de la négociation, puis participeront à la création de SUD… A la fois étude historique, réflexion sur une intervention libertaire et témoignage sur une période du syndicalisme et des luttes, l'ouvrage est écrit de façon simple et vivante. On appréciera aussi la grande lucidité et la sincérité du bilan, malgré quelques scories marxisantes, entre autres cette conceptualisation par l'ORA d'une « dictature antiétatique du prolétariat », et les « relations tumultueuses » du courant communiste libertaire avec la LCR (devenue NPA). En lisant la brochure de Pierre Kropotkine (biographie),
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La Guerre (suivie de « Kropotkine et la guerre » de René Berthier, 75 p., 9 euros), réédité par Artibella, la surprise naît de constater que peu de choses ont changé depuis sa première publication en 1912. Certes la science et les techniques se sont considérablement développées, mais fondamentalement l'analyse demeure pertinente : rôle de la finance, des multinationales et de la presse pour provoquer des conflits… sources de profits. Changez les lieux et les dates, et le texte vous paraîtra d'une brûlante actualité. Ce qui deviendra le complexe militaro-industriel est parfaitement décrit, de même que le renforcement de la barbarie par la technologie. La boucherie de la Première Guerre mondiale va peu après en apporter la démonstration. A ce sujet, René Berthier revient sur le Manifeste des Seize (lire article de L'Encyclopédie anarchiste) et explicite la position réaliste de Kropotkine soutenant en 1916 l'Union sacrée. Il en conclut que, lorsque le révolutionnaire ne peut pas peser sur les événements, le pragmatisme doit céder la place au respect des principes. S'il ignore qui est Jean-Marie Tixier, le vieux lecteur du Monde libertaire connaît en revanche Mato-Topé, son nom de plume.
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Dans L'Ecartèlement algérien (préf. de Benoist Rey, Les Editions libertaires, 245 p., 15 euros), le récent grand-père livre en héritage son histoire et celle de sa famille. Son récit de « pied noir », de fils d'instituteurs du bled, de prof à la fac d'Alger va à l'encontre de nombre de préjugés. Non, tous les Français d'Algérie n'étaient pas de riches colons mais peu se rebellaient contre le colonialisme, le racisme ordinaire, l'injustice, le mépris de l'« indigène »… Combien de possibilités communes gâchées par les massacres, la bêtise, l'ignorance, la cupidité ? Il n'oublie pas non plus l'indépendance confisquée par les différents gouvernements, les richesses du pays accaparées par une minorité, la dictature du parti unique, le contrôle social, le choix d'un nationalisme arabe oublieux des métissages (influences berbère, juive, française, espagnole, etc.), la crise culturelle qui en découle, la tentation islamiste savamment cultivée. Le poison de la guerre demeure encore pour les appelés poursuivis par la culpabilité et pour les « pieds noirs » (losers de l'histoire) qui cultivent leur haine et apportent leurs voix au Front national, alors que les élites nationales respectives se sont entendu pour continuer à faire du business. Ecartelé entre ses origines et son présent, l'auteur n'a eu de cesse d'établir des passerelles entre les deux rives de la Méditerranée. Le cinéma est l'une d'entre elles et les pages sur les films réalisés à propos de l'Algérie et de la guerre ne sont pas les moins intéressantes.
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Caracremada. Vie et légendes du dernier guérillero catalan (Les Editions libertaires, 123 p., 11 euros) relate la vie de Ramón Vila Capdevila (1908-1963), dit Face brulée (séquelle d'un incendie). Né dans un pauvre village de la région du Haut Llobregat, il travaille jeune dans une fabrique, puis à la mine de charbon. Il y fréquente des militants cénétistes et est condamné une première fois en 1933 pour distribution de tracts et rébellion, puis en 1936 une fusillade l'oppose à des policiers. Arrêté, Caracremada sera libéré par la révolution et rejoindra une unité combattante. Réfugié en France, il connaîtra les camps, participera brillamment à la Résistance sous le nom de capitaine Raymond. De 1946 à 1950, il mène des opérations de guérilla en Espagne en relation avec le mouvement libertaire espagnol (lire ci-dessous). Et continuera sa lutte, seul ou presque, jusqu'à sa mort au cours d'une embuscade de la Guardia civil. Bien qu'il soit parfois difficile de séparer la réalité de la légende, on peut reprocher à l'auteur ce mélange qui transforme l'évocation en œuvre de fiction. Quoi qu'il en soit, il a su montrer cet enfermement du combattant qui perd contact avec la réalité : ce n'est plus la victoire qui importe, mais la vengeance. Au prix d'une lutte contre-productive et de victimes innocentes…
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Spécialiste des affaires criminelles, Bernard Hautecloque se penche dans Moi Mécislas, voleur, pitre, anarchiste ! (Normant, 163 p., 15,90 euros) sur un fait divers qui a eu un certain retentissement dans les années 1920 : l'attaque par trois personnes d'un wagon du train de nuit Paris-Marseille, les passagers sont dévalisés et une personne tuée. La police retrouvera rapidement la trace de ces « pieds nickelés » et l'arrestation de deux d'entre eux se soldera par une fusillade : les bandits et un policier restant sur le carreau. Le troisième personnage de la bande, Jacques Charrier, nous intéresse plus particulièrement puisqu'il est le fils naturel du poète et essayiste libertaire Mécislas Golberg (biographie sur Wikipédia). Il se revendique anarchiste individualiste et illégaliste (bio sur Dictionnaire des militants anarchistes). Fantasque, révolté, revendiquant son acte avec énergie, il rendra difficile la tâche de son avocat. N'ayant pas de sang sur les mains, il sera malgré tout condamné à mort et « épousera » crânement la Veuve le 3 août 1922, après avoir laissé un testament « non terminé pour cause de décès involontaire ». L'éditeur précise que « ce texte a mauvaise réputation » et, en effet,
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la Confession de Michel Bakounine (préf. de Jean-Christophe Angaut, Le Passager clandestin, 192 p., 9 euros) peut surprendre : prisonnier dans la sinistre forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg , il y « confesse » au tsar Nicolas Ier sa participation active au « printemps des peuples ». La mystique révolutionnaire condamne cette attitude « indigne » et c'est tout l'intérêt de la préface de nous restituer le contexte : que pouvait-il faire en 1851, isolé, sans soutien, à part tenter de desserrer l'étau pour espérer s'échapper et recommencer la lutte – ce qu'il fit après s'être évadé en 1861. Par ailleurs, ce texte « commandé » lui permet de faire le point, comporte des éléments autobiographiques importants (certes tronqués du fait de l'assujettissement, mais compensés par les notes) et possède une qualité littéraire incontestable. On peut cependant s'étonner que le respect qu'il montre ne semble pas totalement feint, signe d'une remise en cause inachevée de l'autocratie et d'une éducation aristocratique. A cette époque, Bakounine, démocrate préoccupé par la « question nationale », n'est pas encore anarchiste et ce n'est que bien plus tard qu'il privilégiera la « question sociale ». Le parallèle établi entre les révolutions de 1848 et le récent « printemps arabe » n'est pas inutile ; souhaitons cependant une évolution différente : en France, la République s'était alors montré une marâtre, faisant tirer sur les ouvriers et préparant ainsi le coup d'Etat de Napoléon III.
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Rééditée pour la première fois depuis sa publication en 1903, La Fille manquée (postf. de Marie-France David-de-Palacio et Patrick Cardon, GKC Question de genre, 182 p., 17 euros) a attiré sur Han Ryner (biographie) les foudres de la critique. C'est en effet l'histoire d'un garçon, frèle et maladif, quelque peu effiminé, sensible et introverti, qui connaît ses premiers émois amoureux auprès de ses condisciples d'un internat catholique. Il deviendra la « reine Françoise » en répondant à leurs besoins et établira pour un temps un monde d'harmonie. Ne pouvant satisfaire complètement une femme et faute de s'accepter réellement en tant qu'homosexuel, il finit par se suicider. En écrivant ce roman, quel était le but de son auteur ? Ce n'est certes pas de condamner cette forme d'amour, mais peut-être l'institution et ses tares. Alors est-ce pour prôner une insurrection sensuelle, décrire les élans, les doutes et les déchirures d'un être, défendre une certaine pluralité sexuelle, une ambivalence amoureuse, écrire un plaidoyer androgyne ?… Ajoutons que les descriptions sont crues mais troublantes et que l'on peut déceler des traces de misogynie. Chacun, après avoir lu ce formidable roman, pourra se faire son idée.
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Littérature toujours avec le recueil des écrits (préfaces, prières d'insérer, hommages…) qu'Henry Poulaille (biographie) a consacré à des écrivains prolétariens : La Littérature par le peuple (textes rassemblés et annotés par Jean-Paul Morel, Jérôme Radwan et Patrick Ramseyer, Les Amis d'Henry Poulaille - Plein Chant, 522 p., 26 euros). L'occasion de (re)découvrir des « autogestionnaires de l'écriture » qui ont pris la plume, souvent après leur journée de labeur, pour faire partager leurs vies, peines et joies, leurs luttes, leurs espoirs… Marguerite Audoux, la couturière ; les frères Bonneff, observateurs attentifs de la vie ouvrière ; le vagabond et conteur roumain Panaït Istrati (lire « Sur les traces de Panaït Istrati ») ; le militant libertaire Pierre Piller, plus connu sous le nom de Gaston Leval (bio sur Wikipédia) ; le mineur Constant Malva ; l'institutrice Florence Littré ; le marin Edouard Peisson, Victor Serge, Charles-Louis Philippe, Ramuz et de nombreux autres, plus ou moins oubliés. Souhaitons que cette « introduction » à la « littérature du peuple » (cf. Wikipédia) donne envie de lire ces témoignages maintenant irremplaçables et précieux d'un temps passé et de renouer avec ce mouvement.
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Les éditions Le Cavalier bleu ont réédité l'opuscule de Philippe Pelletier à propos des « idées reçues sur le mouvement libertaire » (L'Anarchisme, vent debout !, 254 p., 22 euros). Nous ne pouvons que répéter ce que nous disions alors : l'auteur « passe en revue les a priori que l'on peut avoir sur le sujet et y répond. “L'anarchie, c'est le chaos”, les anarchistes “aiment détruire”, tous des terroristes, des nihilistes, des fous, des gauchistes (au choix !), ils “sont jeunes, ça leur passera”, “il n'y a pas de programme”, j'en passe et des meilleurs… Et réussit à faire le tour de la question en à peine plus de cent pages. Bravo l'artiste ! C'est un sprint à chaque chapitre, mais tout est dit et bien dit. Les dernières pages sont, bien sûr, une invitation à “aller plus loin” (livres, revues, sur la Toile). » Précisons que cette nouvelle publication, comportant quelques ajouts, a été totalement remaquettée, de façon plus aérée, avec un format plus grand, offrant ainsi une meilleure qualité de lecture.
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Parmi les autres rééditions, signalons Lucio. Maçon, anarchiste et faussaire (Editions du Ravin bleu, 298 p., 10 euros) dans lequel Bernard Thomas (nécrologie) relate avec panache les aventures picaresques de Lucio Urtubia Jiménez qui, en 1957, après sa rencontre avec Fancisco Sabaté, dit Quico, guérillero antifranquiste et anarchiste, va se lancer dans une série d'« expropriations » et de « récupérations » pour financer la lutte. Fabrication de faux papiers et falsification de chèques de voyage de la Citibank s'ensuivront… La « petite histoire de l'école qui résiste » Apprendre à désobéir (224 p., 10 euros), de Laurence Biberfeld et Grégory Chambat, a été republiée par Libertalia : lire notre précédente recension. En mai dernier, nous nous faisions l'écho d'un appel à souscription des Editions de La Pigne concernant Dix-Huit ans de bagne (112 p., 9 euros), de Jacob Law. L'ouvrage est maintenant disponible et on lira avec profit l'excellent article qu'Anne Steiner consacre à son auteur dans Article 11. Bonne lecture.






RÉUNIONS-DÉBATS

Paris, 14 et 15 décembre. Pour que vive le Jargon libre, bourse aux livres samedi, de 15 à 21 heures, et dimanche, de 12 à 21 heures. A 18 h 30, dimanche, concert de Houligani Dangereux. Bibliothèque-archives (consultation sur place et possibilité de scanner les documents) sur le mouvement libertaire et révolutionnaire, le Jargon libre est ouvert tous les jours, du lundi au samedi, de 15 à 20 heures, au 32, rue Henri-Chevreau, Paris 20e.

Bagnolet, 19 décembre. A 19 heures, permanence « Résister à la psychiatrie » et projection du documentaire Fauteurs de trouble (2012, 65 min), de Jean-Claude Julien, suivie d'une discussion libre à propos du rôle sécuritaire de la psychiatrie. Au Rémouleur, 106, rue Victor-Hugo.

Paris, 20 décembre. Conférence « Résistance et révolution dans la science-fiction » par Bertille (groupe Etoile noire de la FA), à partir de 19 h 30. Bibliothèque La Rue, 10, rue Robert-Planquette, Paris 18e (M° Abbesses ou Blanche). Site Internet.

Pont-en-Royans, 21 décembre. Le collectif libertaire La Rue râle organise la deuxième édition d'un festival du court-métrage. Projection de 14 heures à 20 h 30 dans la salle de cinéma de la médiathèque La Halle, place de la Halle. Plus d'infos.

Paris, 20 décembre. Soirée « Blues en liberté » (Radio-Libertaire) avec un film de Wim Wenders consacré à Skip James, Blind Willie Johnson et JB Lenoir. A 19 h 30, à la Librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, Paris 11e. Entrée libre.

Bagnolet, 28 décembre. Projection du film Paths of Glory (Les Sentiers de la gloire, 1957, 88 min, VOSTFR), de Stanley Kubrick, sur la boucherie de 1914-1918 et sur les fusillés pour l'exemple. Au Rémouleur, 106, rue Victor-Hugo.

Paris, 8 janvier. Débat autour du livre Poste stressante. Une entreprise en souffrance (Seuil), avec l'auteur, Sébastien Fontenelle, et Régis Blanchot, syndicaliste à SUD-PTT. A 19 h 45, au CICP, 21 ter, rue Voltaire, Paris 11e. Organisé par la librairie Quilombo. Site Internet.

Marseille, 11 janvier. A 17 heures, conférence-débat « Géographie et anarchie : quels rapports, quelle émancipation ? », avec Philippe Pelletier, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. Au local du Centre international de recherche sur l'anarchisme (CIRA), 50, rue Consolat, Marseille 1er. Site Internet.






FOIRE AUX LIVRES, COLLOQUE,
EXPOSITION, THÉÂTRE…


Camus à Aix-en-Provence. Expositions, rencontres, cinéma, spectacles, lectures… à la Cité du livre, jusqu'au 5 janvier 2014, pour fêter les cents ans de la naissance du romancier et philosophe : « Albert Camus, citoyen du monde ». « Mêlant manuscrits autographes, tapuscrits, éditions originales et photographies, la scénographie laisse une large place au multimédia et propose une véritable expérience sensorielle pour une immersion au cœur de la pensée de Camus. Le parcours s'affranchit de la chronologie et construit sa propre narration pour un cheminement ludique et poétique dans une œuvre en mouvement. » Programme complet de la manifestation et quelques vidéos postfuturistes et très SF.

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Livres soldés. Jusqu'à fin janvier 2014, les éditions de l'Atelier de création libertaire (ACL), qui vont fêter leurs trente-cinq ans d'activité (1979-2014) proposent tous leurs titres (sauf ceux parus en 2013-2014) à moitié prix, franco de port et sans minimum d'achat. Comment procéder ? Explications détaillées. Catalogue de novembre à télécharger. « Sous les pavés, les bonnes affaires », affirment Les Editions libertaires qui présentent jusqu'au 31 décembre cinq ouvrages à 5 euros (achat minimum de deux livres, participation au frais de port : 10 %, port gratuit pour cinq ouvrages commandés). La règle du jeu. Pas de réduction sur le catalogue de la librairie du Monde libertaire mais les abonnés au journal du même nom ne payent pas les frais de port. Parutions récentes (y compris CD et DVD) et une sélection d'ouvrages effectuée par les animatrices de l'émission « Femmes libres » sur Radio-Libertaire (mercredi à 18 h 30).

Expo Vallotton. Les Galeries nationales du Grand Palais présentent jusqu'au 20 janvier 2014 (tous les jours de 10 à 20 heures, sauf le mardi, nocturnes jusqu'à 22 heures le mercredi) une rétrospective du peintre, graveur et illustrateur Félix Vallotton (1865-1925). Tarif d'entrée : 12 euros, réduit : 8 euros. Dossier pédagogique. Ami de Félix Fénéon, collaborateur de La Revue blanche, il fut pour certain un anarchiste embourgeoisé par un beau mariage. Mais, comme le titre de l'expo l'indique, demeura toujours « Le feu sous la glace » car il fut un témoin critique de la société de son temps, un artiste engagé qui a représenté, d'un trait mordant, la France de la fin du siècle dernier et les travers de la bourgeoisie. Sur cet aspect de son œuvre, signalons la parution aux Editions de Paris-Max Chaleil de Félix Vallotton. La vie en noir, dessins de presse (1894-1903), 96 p., 15 euros.

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Théâtre anarchiste. Les organisateurs du Festival international de théâtre anarchiste de Montréal (Fitam) recherchent pour une neuvième édition en mai-juin 2014 des troupes et/ou des individus qui souhaitent présenter leurs œuvres. Il doit s'agir de textes en français ou en anglais sur le thème de l'anarchisme ou sur tout sujet se rapportant à l'anarchisme, c'est-à-dire contre toute forme de pouvoir, y compris l'Etat, le capitalisme, la guerre, l'aliénation, le travail salarié, etc. Le Fitam prendra aussi en considération les écrits traitant, à partir d'une perspective anarchiste de justice écologique, sociale et économique, de race, de classe et de genre. Les œuvres d'auteur-e-s anarchistes et non anarchistes sont les bienvenues. Date limite d'inscription : 31 janvier 2014. Formulaire de participation disponible en ligne - courriel : anarchistefestival(at)yahoo.ca - adresse postale : Montreal International Anarchist Theatre Festival, CP 266, Succ. 'C', Montréal, QCH2L 4K1, Canada.






DIVERS

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Produits dérivés (2). Deuxième épisode de notre feuilleton avec Michel Bakounine (1814-1876, biographie). Bon vivant – un ogre (au propre et au figuré) pour certains –, il est naturel de lui rendre hommage en dégustant des spaghetti a la Bakunin (recette), après avoir siroté un Bakunin, dont la composition (3 parts de vodka parfum orange, 1 part de brandy parfum orange, 4 parts de jus d'orange, 1 part de jus de citron, 1 « pointe » de grenadine et une rondelle d'orange) nous a été fournie par Absolut. Cette boisson sera bien sûr servie dans un mug à son effigie. Et n'oublions pas, après le repas, de fumer un cigare dont la bague (faisant partie d'une collection commémorant les cent ans de la Première Internationale, à Bruxelles, le 6 septembre 1964) reproduit les traits du révolutionnaire russe. Ensuite, on peut se dégourdir les jambes en bonne compagnie avec le FC Bakunin (l'équipe aurait été constituée en 1975 en Suisse pour un match contre le FC Comités de soldats). Pour le choix des maillots, pas de souci, il y a pléthore. En revanche, peu de rues portent son nom : le très intéressant blog de Jean-Christophe Angaut en cite deux en France : l'une à Morlaix (Finistère), l'autre à Nailloux (Haute-Garonne). Et, plus à l'est ? « Il y en a notamment deux en Ukraine (à Dniepropetrovsk et à Yalta, en Crimée – où il s'agit d'un passage) et deux en Russie, à Tver, grande ville la plus proche de Priamoukhino, le village d'origine de la famille Bakounine, et à Tomsk. » Pour d'autres, le concours est lancé… Sur le même site, il est fait mention d'une sculpture « cubo-futuriste » de Boris Korolev (1884/85-1963), érigée à Moscou en septembre 1919, jamais inaugurée, déplacée et finalement détruite (lire article). On peut aussi trouver des miniatures en métal de cette statue.
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Le même artiste commit en 1926 un buste en bois (article), assez peu ressemblant d'ailleurs. Les artistes ont souvent été inspiré par le visage ou la stature de Bakounine. Parmi les plus anciens, notons Félix Vallotton (1865-1925) qui exécuta un bois gravé publié, d'après L'Ephéméride anarchiste, dans le numéro du 15 février 1895 de La Revue blanche ; William Barbotin, lui, réalisa un beau portrait ; sans oublier la peinture en pied du divisionniste italien Plinio Nomellini (1866-1943) (article). En 1968, Mattia Léoni grava une médaille (6,8 cm de diamètre, en bronze) en son honneur. Et, sur Internet, on trouve des réalisations plus récentes telles que la peinture pop art d'Utz Benkel (2000), la composition de Zeelsz (« Pas de Dieu. Pas de propriétaire. La Révolution est la voie de l'Anarchie ») ou ce photomontage détournement par 3D4D. Parions que se payer la tête en albatre du « camarade vitamine » (ainsi nommé par Léo Ferré), conçu par Jean-Marie Fiori (site), n'est pas à la portée de toutes les bourses. Plus accessible, ce « pion » Bakou est un élément des strips d'Esprit 68. Il se retrouve avec Louise (Michel), Nestor (Makhno), Buena (Durruti), Léon (Trotski) et Guy (Debord). A découper, à coller et à fabriquer soi-même… comme cette couronne que l'on trouve dans l'ouvrage Baj/Bakunin, Atti del Convegno, Monte Verità, Ascona, 5 ottobre 1996 (« compte-rendu de la conférence organisée le 5 octobre 1996 à Monte Verità, Ascona », éditions La Baronata), hommage du peintre italien Enrico Baj (1924-2003) et d'autres à Bakounine. Autre amusement avec une carte qui est en fait extraite d'un dessin paru dans le journal grec Kathimerini du 4 avril 2010. On rêve d'un jeu complet avec Kropotkine et Proudhon en « rois », Emma Goldman et Voltairine de Cleyre en « dames », par exemple. Pour terminer, signalons un pin's, un timbre et une enveloppe d'origine russe. Par ailleurs, allez fureter sur Cartoliste et sur Placard Ficedl pour dénicher de nombreuses cartes postales et affiches sur le même sujet. 2014 étant l'année du bicentenaire de sa naissance, on peut penser que colifichets et babioles seront aussi au rendez-vous.

Suite à notre précédent article sur Francisco Ferrer, Marianne du CIRA de Lausanne nous signale une belle collection de plaques commémoratives en Italie.



En vrac sur le Web (décembre).
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L'assemblée générale de l'Association des amis du Maitron, qui s'est tenu le 4 décembre, a été entre autres l'occasion de présenter le Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone (Les Editions de l'Atelier) qui devrait paraître fin avril 2014. Une souscription est d'ores et déjà lancée (téléchargez le bon, PDF 2,3 Mo) : 40 euros, au lieu de 50. « Cinq cents biographies, dont soixante sont illustrées, ont été retenues pour le dictionnaire papier, avec le souci de respecter la diversité du mouvement libertaire. (…) [A celui-ci] s'ajoutent plus de deux mille cinq cents biographies consultables sur le site Maitron-en-ligne, auquel les acheteurs et souscripteurs auront accès. » Cet ouvrage de 528 pages, qui est le fruit du travail d'une quarantaine de rédacteurs, pourra être retiré à la librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, 75011 Paris, ou envoyé (5 euros de port en supplément). Après Les Tontons flingueurs (1963), de Georges Lautner, dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles, on pourra savourer sans modération du même dialoguiste, Michel Audiard, Le Président (1961) et plus particulièrement l'intervention du président du conseil Jean Gabin à l'Assemblée nationale sur l'Europe de la finance (extrait sur YouTube). Tout y passe : les conflits d'intérêts, les connivences, les banques, le pétrole… et cela n'a pas pris une ride. L'Ukraine, dont les médias relatent actuellement les tiraillements entre l'Est et l'Ouest, entre la Russie de Poutine et l'Union européenne, soit entre la peste et le choléra, s'est dotée depuis le 25 octobre d'une nouvelle pièce de 2 hryvnias (à peu près 0,20 euros) évoquant Nestor Makhno (biographie), émise par la banque centrale dans le cadre de la série «
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Les personnalités de l'Ukraine ». A côté du visage et du nom du leader de la Makhnovtchina, le mouvement insurrectionnel paysan d'inspiration libertaire, il a été gravé (agrandissement) : terre/volonté et peuple/pouvoir. Si le message est quelque peu énigmatique, l'édition d'une telle pièce semble surtout vouloir flatter le nationalisme ukrainien. Le site Internet de la Confédération nationale du travail (CNT) a été entièrement refait : plus moderne, plus clair, plus dynamique… et ça bouge beaucoup ! On y trouve un graphisme en « une », un édito, un « fil d'actus », un agenda, des rubriques communiqués, vidéo et publications, ainsi que les menus déroulants habituels. Un vent de fraîcheur bienvenu ! A l'occasion de la parution de Cuba gráfica. Histoire de l'affiche cubaine (L'Echappée), des affiches sérigraphiées, en tirage limité, présentées dans le livre, sont exposées et en vente à la librairie Quilombo (ouverte du lundi [en décembre] au samedi, de 13 à 20 heures), 23, rue Voltaire, Paris 11e. Les éditeurs de cet ouvrage ont eu la « maladresse » de retenir Jean-Claude Michéa parmi les « 20 penseurs vraiment critiques » de leur dernière publication (Radicalité, 432 p., 25 euros).
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Ce qui leur est vivement reproché par Yves Coleman sur le site Mondialisme.org (« A propos du réac Jean-Claude Michéa [alias Nietzschéa]… »). Autre critique, celle qui vise le site grenoblois anti-technologies Pièces et main-d'œuvre, l'accusant de « dérives confusionnistes » : éloge du patriotisme républicain, affirmation que l'antifascisme est has been, homophobie. L'ami Jean-Denis Rémond, le « bidouilleur numérique », nous offre un récital Armand Gatti (site Internet) avec : un enregistrement de Ces empereurs aux ombrelles trouées, pièce créée en 1991 dans le cadre du Festival d'Avignon qui met en scène les religions monothéistes et la question de Dieu dans l'histoire des hommes ; le mémoire de master II de Charlotte Cayeux, L'Esthétique libertaire dans les films d'Armand Gatti ; un entretien avec David Rappe à propos de Rendez-vous avec Armand Gatti. 10 rencontres entre Armand Gatti et des collégiens de Vaux-en-Velin (La Parole errante) ; un autre, mené par José Pivin, avec Gatti sur sa vie et son œuvre ; et le film El otro Cristóbal que celui-ci a tourné à Cuba en 1962, conte symbolique et surréaliste où le dictateur Anastasio cherche à s'emparer du ciel et à vaincre le dieu Olofi, alors que Cristobal, prisonnier politique, s'y oppose puis cherche à revenir sur la terre désormais promise au bonheur des hommes. Au Parlement français, une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel est actuellement en discussion, elle prévoit de sanctionner les clients, d'abroger le délit de racolage passif, et contient de (timides) dispositions pour accompagner les personnes souhaitant sortir de la prostitution. Elle a aussitôt fait rebondir le vieux débat à propos de l'abolitionnisme qui touche (et divise) également les mouvements féministe et libertaire. Sans avoir ni l'impudence ni le sot espoir de trancher définitivement cette question, on peut cependant présenter des textes qui apportent des informations sur le sujet. C'est le cas du sociologue Lilian Mathieu (lire ses commentaires) qui signale un certain nombre d'« oublis » dans l'article collectif « L'abolitionnisme, une lutte d'émancipation », paru sur Médiapart. Pour sa part, Francis Dupuis-Déri tente, avec « Les anarchistes et la prostitution : perspectives historiques » (revue électronique Genre, sexualité & société) de retracer les réflexions passées du mouvement et les orientations que l'on peut en tirer. Le 15 novembre dernier, Jeremy Hammond, hacker anarchiste et anti-guerre, a été condamné à dix ans de prison aux Etats-Unis.
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Connu sous le pseudonyme d'Anarchaos, il était accusé de s'être introduit illégalement au sein des systèmes d'information de Stratfor, une entreprise américaine spécialisée dans le renseignement qui avait espionné des militants des droits de l'homme sur demande de diverses sociétés et du gouvernement américain. Des informations confidentielles concernant environ 860 000 personnes et 60 000 cartes de crédit furent alors dérobées et 700 000 dollars versés à différentes ONG. Tout cela encouragé et permis par le FBI qui contrôlait en sous-main les opérations. Avant sa condamnation, incarcéré depuis déjà vingt mois, il a pu lire une déclaration traduite en français. Pour lui écrire et lui apporter son soutien.




PÉRIODIQUES

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A contretemps (n° 47, décembre, 32 p., « pas de prix, juste des frais… », site) juge le temps venu, après la publication ces dernières années de divers ouvrages sur le sujet, d'aborder la question de la résistance libertaire au franquisme « avec une approche critique assumée » : « Il faut nécessairement sortir de la légende et du martyrologe pour saisir, au plus près de ces contingences, la réalité d'un combat qui fut tout à la fois glorieux et hasardeux. » S'appuyant pour cela sur une étude de Guillaume Goutte à paraître aux Editions libertaires, Passeurs d'espoir. Réseaux de passage du Mouvement libertaires espagnol (MLE), 1939-1975, et sur un entretien réalisé en 1976 (inédit en français) avec Mariano Aguayo Morán (1922-1994) sur le groupe d'action Los Maños. On peut distinguer plusieurs périodes dans cette lutte armée : de 1939 à 1945, elle s'inscrit dans le mouvement général contre le nazi-fascisme ; de 1946 à 1950, il s'agit de groupes, plus ou moins autonomes, soutenus par l'exil ; de 1951 à 1960, actions des dernières unités malgré l'abandon de cette stratégie par les instances libertaires en France ; de 1961 à 1967, apparition d'une nouvelle génération liée à la fondation de l'organisme Défense intérieur et aux Jeunesses libertaires ; enfin, dans les années 1970, activisme de groupes sans lien avec le MLE (MIL, GARI). Une revue (espagnole) des livres conclut ce dossier (lire ci-dessus). Signalons aussi les autres recensions (entre autres sur la Révolution française et sur l'actualité de Rosa Luxemburg) dont une très réussie à propos de l'ouvrage de Benjamin Stora et Jean-Baptiste Péretié, Camus brûlant.
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Alors que, depuis dix ans, la revue Offensive paraissait tous les trois mois avec une régularité de métronome (cf. liste des parutions), ce trente-huitième numéro arrive avec six mois de retard pour annoncer une pause d'un an afin de « faire le point ». « Il est temps de réfléchir à nouveau à quelques questions : quel sens a la publication Offensive aujourd'hui ? Quelles questions nous semblent importantes à aborder ? Sous quel angle ? », constate l'équipe de rédaction. Contrairement à l'habitude, cette livraison (n° 38, novembre, 52 p., 4 euros, site) n'est pas axée sur un thème central mais sur trois minidossiers, comme autant de rappels de l'activité passée : « autonomie contre autonomie » (du gauchisme au néolibéralisme, un même mot pour des notions bien différentes), « emprise technologique » (constat de développement et rapport d'étape) et « féminisme » (autour de la notion de genre et à propos de non-maternité). Et bien d'autres articles, preuve de la variété des sujets, abordant le conflit technoscience-« humanités » dans l'université ; le « débat » dans le monde de l'autisme ; le Ghana, poubelle électronique ; les grèves de 1936 ; la lutte aux Etats-Unis contre le gaz de schiste ; un entretien sur la mémoire de la révolution espagnole et sur l'exil ; le cirque au féminin ; des infos de contre-culture… Espérons que cette pause ne se transformera pas en adieu car la revue a su acquérir une place à part dans la « constellation libertaire », une identité constituée par sa volonté de susciter des réflexions enracinées dans la pratique et d'établir des bilans de lutte, cela avec la plus grande honnêteté intellectuelle possible et une rare volonté d'ouverture. Au sommaire du n° 13 (novembre, recto-verso, gratuit, à télécharger de Lucioles (site), bulletin anarchiste de Paris et sa région : notre insécurité et la leur, d'une rafle à Barbès aux manifestations lycéennes contre les expulsions, brèves « incendiaires »… et les ennuis des diffuseurs du journal à Belleville (cf. compte rendu).
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Un magnifique hors-série du Monde libertaire (n° 52, novembre-décembre, 66 p., 5 euros, site), mais c'est la moindre des choses lorsque le thème choisi est l'art… Le numéro présente tout d'abord une réflexion historique et conceptuelle sur le compagnonnage « art et anarchie », puis un entretien avec Tim Holland (alias Sole), un rappeur américain de Portland. Se succèdent ensuite : politique et culture avec la revue internationale i10, fondée par l'anarchiste hollandais Arthur Lehning (1899-2000, biographie) ; la pratique du pochoir, « démarche de réappropriation d'un espace public toujours plus privatisé et capitalisé » (avec un portfolio Street Art) ; un article suprenant et original sur le canular d'artistes et/ou artistique ; un texte fouillé sur Vallotton, « de la guerre sociale… à la guerre des sexes, puis à la guerre totale » (orné d'un second portfolio consacré au dessinateur). D'autres textes abordent le surréalisme, la « musique libre », le cinéma… Très intéressant et maquetté avec soin. La revue Art et anarchie (lire recension du n° 4), animée par le groupe John-Cage de la Fédération anarchiste, qui explore depuis plusieurs années ce même sujet, a semble-t-il été « oubliée ». On nous répondra que, sur 66 pages, il est impossible de tout aborder et que d'autres sujets ont été laissés de côté (la BD, le théâtre de rue, la chanson militante, une vision féministe, etc.), mais c'est tout de même regrettable pour ces compagnons.
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Le trimestriel de la Coordination des groupes anarchistes (CGA), Infos et analyses libertaires (n° 96, octobre-décembre, 16 p., 1 euro, site) s'intéresse à la réforme des retraites (en 2013, le « capitalisme continue son offensive »), à la surveillance informatique des Etats (et comment s'y opposer) et à la fracturation hydraulique (solution à l'organisation énergivore de la société). Un article « Féminisme et antifascisme » constate au sein des groupes libertaires antifascistes la surreprésentation masculine, la différence entre antisexisme et féminisme, et s'interroge sur la question du rapport à la violence. Un entretien, publié initialement sur le site Anarkismo.net, revient sur les luttes de juin dernier contre l'augmentation des transports à São Paulo (Brésil) et ses environs. Deux militants de l'Organização Anarquista Socialismo Libertário (OASL), Pablo Pamplona et Thiago Calixto, répondent aux questions de Jonathan Bane (membre de la Zabalaza Anarchist Communist Front, organisation sud-africaine). En prime, sur le même site, on peut télécharger la lettre d'info de la CGA (n° 3, décembre, 4 p.) : « Création d'un collectif de lutte contre l'extrême-droite à Clermont-Ferrand », « Interview d'un lycéen du MILI », « Montpellier : ça bouge aussi dans les facs ! »…
"Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs, cherchez-y la vérité, créez-la vous-mêmes ! Vous ne la trouverez nulle part ailleurs." (N. Makhno)
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