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PUBLICATIONSAvec Syndicalistes et libertaires. Une histoire de l'Union des travailleurs communistes libertaires (1974-1991) (Editions d'Alternative libertaire, 286 p., 12 euros), Théo Rival fait œuvre de pionnier et nous présente une riche documentation (articles de presse, documents internes, entretiens, iconographie…) pour retracer le parcours d'une poignée de jeunes ouvriers, exclus de l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) et décidés à mener une action libertaire par le biais du syndicalisme. Attirés par la CFDT, prônant alors une orientation axée sur la lutte et autogestionnaire, ils vont poursuivre essentiellement deux objectifs : tenter d'instaurer une pratique libertaire et de s'implanter durablement (essentiellement à La Poste, à la SNCF, dans l'éducation et l'aérien). Ils seront parmi les « moutons noirs » qui s'opposeront au recentrage de la confédération et à la stratégie de la négociation, puis participeront à la création de SUD… A la fois étude historique, réflexion sur une intervention libertaire et témoignage sur une période du syndicalisme et des luttes, l'ouvrage est écrit de façon simple et vivante. On appréciera aussi la grande lucidité et la sincérité du bilan, malgré quelques scories marxisantes, entre autres cette conceptualisation par l'ORA d'une « dictature antiétatique du prolétariat », et les « relations tumultueuses » du courant communiste libertaire avec la LCR (devenue NPA). En lisant la brochure de Pierre Kropotkine (biographie),
La Guerre (suivie de « Kropotkine et la guerre » de René Berthier, 75 p., 9 euros), réédité par Artibella, la surprise naît de constater que peu de choses ont changé depuis sa première publication en 1912. Certes la science et les techniques se sont considérablement développées, mais fondamentalement l'analyse demeure pertinente : rôle de la finance, des multinationales et de la presse pour provoquer des conflits… sources de profits. Changez les lieux et les dates, et le texte vous paraîtra d'une brûlante actualité. Ce qui deviendra le complexe militaro-industriel est parfaitement décrit, de même que le renforcement de la barbarie par la technologie. La boucherie de la Première Guerre mondiale va peu après en apporter la démonstration. A ce sujet, René Berthier revient sur le Manifeste des Seize (lire article de L'Encyclopédie anarchiste) et explicite la position réaliste de Kropotkine soutenant en 1916 l'Union sacrée. Il en conclut que, lorsque le révolutionnaire ne peut pas peser sur les événements, le pragmatisme doit céder la place au respect des principes. S'il ignore qui est Jean-Marie Tixier, le vieux lecteur du Monde libertaire connaît en revanche Mato-Topé, son nom de plume.
Dans L'Ecartèlement algérien (préf. de Benoist Rey, Les Editions libertaires, 245 p., 15 euros), le récent grand-père livre en héritage son histoire et celle de sa famille. Son récit de « pied noir », de fils d'instituteurs du bled, de prof à la fac d'Alger va à l'encontre de nombre de préjugés. Non, tous les Français d'Algérie n'étaient pas de riches colons mais peu se rebellaient contre le colonialisme, le racisme ordinaire, l'injustice, le mépris de l'« indigène »… Combien de possibilités communes gâchées par les massacres, la bêtise, l'ignorance, la cupidité ? Il n'oublie pas non plus l'indépendance confisquée par les différents gouvernements, les richesses du pays accaparées par une minorité, la dictature du parti unique, le contrôle social, le choix d'un nationalisme arabe oublieux des métissages (influences berbère, juive, française, espagnole, etc.), la crise culturelle qui en découle, la tentation islamiste savamment cultivée. Le poison de la guerre demeure encore pour les appelés poursuivis par la culpabilité et pour les « pieds noirs » (losers de l'histoire) qui cultivent leur haine et apportent leurs voix au Front national, alors que les élites nationales respectives se sont entendu pour continuer à faire du business. Ecartelé entre ses origines et son présent, l'auteur n'a eu de cesse d'établir des passerelles entre les deux rives de la Méditerranée. Le cinéma est l'une d'entre elles et les pages sur les films réalisés à propos de l'Algérie et de la guerre ne sont pas les moins intéressantes.
Caracremada. Vie et légendes du dernier guérillero catalan (Les Editions libertaires, 123 p., 11 euros) relate la vie de Ramón Vila Capdevila (1908-1963), dit Face brulée (séquelle d'un incendie). Né dans un pauvre village de la région du Haut Llobregat, il travaille jeune dans une fabrique, puis à la mine de charbon. Il y fréquente des militants cénétistes et est condamné une première fois en 1933 pour distribution de tracts et rébellion, puis en 1936 une fusillade l'oppose à des policiers. Arrêté, Caracremada sera libéré par la révolution et rejoindra une unité combattante. Réfugié en France, il connaîtra les camps, participera brillamment à la Résistance sous le nom de capitaine Raymond. De 1946 à 1950, il mène des opérations de guérilla en Espagne en relation avec le mouvement libertaire espagnol (lire ci-dessous). Et continuera sa lutte, seul ou presque, jusqu'à sa mort au cours d'une embuscade de la Guardia civil. Bien qu'il soit parfois difficile de séparer la réalité de la légende, on peut reprocher à l'auteur ce mélange qui transforme l'évocation en œuvre de fiction. Quoi qu'il en soit, il a su montrer cet enfermement du combattant qui perd contact avec la réalité : ce n'est plus la victoire qui importe, mais la vengeance. Au prix d'une lutte contre-productive et de victimes innocentes…
Spécialiste des affaires criminelles, Bernard Hautecloque se penche dans Moi Mécislas, voleur, pitre, anarchiste ! (Normant, 163 p., 15,90 euros) sur un fait divers qui a eu un certain retentissement dans les années 1920 : l'attaque par trois personnes d'un wagon du train de nuit Paris-Marseille, les passagers sont dévalisés et une personne tuée. La police retrouvera rapidement la trace de ces « pieds nickelés » et l'arrestation de deux d'entre eux se soldera par une fusillade : les bandits et un policier restant sur le carreau. Le troisième personnage de la bande, Jacques Charrier, nous intéresse plus particulièrement puisqu'il est le fils naturel du poète et essayiste libertaire Mécislas Golberg (biographie sur Wikipédia). Il se revendique anarchiste individualiste et illégaliste (bio sur Dictionnaire des militants anarchistes). Fantasque, révolté, revendiquant son acte avec énergie, il rendra difficile la tâche de son avocat. N'ayant pas de sang sur les mains, il sera malgré tout condamné à mort et « épousera » crânement la Veuve le 3 août 1922, après avoir laissé un testament « non terminé pour cause de décès involontaire ». L'éditeur précise que « ce texte a mauvaise réputation » et, en effet,
la Confession de Michel Bakounine (préf. de Jean-Christophe Angaut, Le Passager clandestin, 192 p., 9 euros) peut surprendre : prisonnier dans la sinistre forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg , il y « confesse » au tsar Nicolas Ier sa participation active au « printemps des peuples ». La mystique révolutionnaire condamne cette attitude « indigne » et c'est tout l'intérêt de la préface de nous restituer le contexte : que pouvait-il faire en 1851, isolé, sans soutien, à part tenter de desserrer l'étau pour espérer s'échapper et recommencer la lutte – ce qu'il fit après s'être évadé en 1861. Par ailleurs, ce texte « commandé » lui permet de faire le point, comporte des éléments autobiographiques importants (certes tronqués du fait de l'assujettissement, mais compensés par les notes) et possède une qualité littéraire incontestable. On peut cependant s'étonner que le respect qu'il montre ne semble pas totalement feint, signe d'une remise en cause inachevée de l'autocratie et d'une éducation aristocratique. A cette époque, Bakounine, démocrate préoccupé par la « question nationale », n'est pas encore anarchiste et ce n'est que bien plus tard qu'il privilégiera la « question sociale ». Le parallèle établi entre les révolutions de 1848 et le récent « printemps arabe » n'est pas inutile ; souhaitons cependant une évolution différente : en France, la République s'était alors montré une marâtre, faisant tirer sur les ouvriers et préparant ainsi le coup d'Etat de Napoléon III.
Rééditée pour la première fois depuis sa publication en 1903, La Fille manquée (postf. de Marie-France David-de-Palacio et Patrick Cardon, GKC Question de genre, 182 p., 17 euros) a attiré sur Han Ryner (biographie) les foudres de la critique. C'est en effet l'histoire d'un garçon, frèle et maladif, quelque peu effiminé, sensible et introverti, qui connaît ses premiers émois amoureux auprès de ses condisciples d'un internat catholique. Il deviendra la « reine Françoise » en répondant à leurs besoins et établira pour un temps un monde d'harmonie. Ne pouvant satisfaire complètement une femme et faute de s'accepter réellement en tant qu'homosexuel, il finit par se suicider. En écrivant ce roman, quel était le but de son auteur ? Ce n'est certes pas de condamner cette forme d'amour, mais peut-être l'institution et ses tares. Alors est-ce pour prôner une insurrection sensuelle, décrire les élans, les doutes et les déchirures d'un être, défendre une certaine pluralité sexuelle, une ambivalence amoureuse, écrire un plaidoyer androgyne ?… Ajoutons que les descriptions sont crues mais troublantes et que l'on peut déceler des traces de misogynie. Chacun, après avoir lu ce formidable roman, pourra se faire son idée.
Littérature toujours avec le recueil des écrits (préfaces, prières d'insérer, hommages…) qu'Henry Poulaille (biographie) a consacré à des écrivains prolétariens : La Littérature par le peuple (textes rassemblés et annotés par Jean-Paul Morel, Jérôme Radwan et Patrick Ramseyer, Les Amis d'Henry Poulaille - Plein Chant, 522 p., 26 euros). L'occasion de (re)découvrir des « autogestionnaires de l'écriture » qui ont pris la plume, souvent après leur journée de labeur, pour faire partager leurs vies, peines et joies, leurs luttes, leurs espoirs… Marguerite Audoux, la couturière ; les frères Bonneff, observateurs attentifs de la vie ouvrière ; le vagabond et conteur roumain Panaït Istrati (lire « Sur les traces de Panaït Istrati ») ; le militant libertaire Pierre Piller, plus connu sous le nom de Gaston Leval (bio sur Wikipédia) ; le mineur Constant Malva ; l'institutrice Florence Littré ; le marin Edouard Peisson, Victor Serge, Charles-Louis Philippe, Ramuz et de nombreux autres, plus ou moins oubliés. Souhaitons que cette « introduction » à la « littérature du peuple » (cf. Wikipédia) donne envie de lire ces témoignages maintenant irremplaçables et précieux d'un temps passé et de renouer avec ce mouvement.
Les éditions Le Cavalier bleu ont réédité l'opuscule de Philippe Pelletier à propos des « idées reçues sur le mouvement libertaire » (L'Anarchisme, vent debout !, 254 p., 22 euros). Nous ne pouvons que répéter ce que nous disions alors : l'auteur « passe en revue les a priori que l'on peut avoir sur le sujet et y répond. “L'anarchie, c'est le chaos”, les anarchistes “aiment détruire”, tous des terroristes, des nihilistes, des fous, des gauchistes (au choix !), ils “sont jeunes, ça leur passera”, “il n'y a pas de programme”, j'en passe et des meilleurs… Et réussit à faire le tour de la question en à peine plus de cent pages. Bravo l'artiste ! C'est un sprint à chaque chapitre, mais tout est dit et bien dit. Les dernières pages sont, bien sûr, une invitation à “aller plus loin” (livres, revues, sur la Toile). » Précisons que cette nouvelle publication, comportant quelques ajouts, a été totalement remaquettée, de façon plus aérée, avec un format plus grand, offrant ainsi une meilleure qualité de lecture.
Parmi les autres rééditions, signalons Lucio. Maçon, anarchiste et faussaire (Editions du Ravin bleu, 298 p., 10 euros) dans lequel Bernard Thomas (nécrologie) relate avec panache les aventures picaresques de Lucio Urtubia Jiménez qui, en 1957, après sa rencontre avec Fancisco Sabaté, dit Quico, guérillero antifranquiste et anarchiste, va se lancer dans une série d'« expropriations » et de « récupérations » pour financer la lutte. Fabrication de faux papiers et falsification de chèques de voyage de la Citibank s'ensuivront… La « petite histoire de l'école qui résiste » Apprendre à désobéir (224 p., 10 euros), de Laurence Biberfeld et Grégory Chambat, a été republiée par Libertalia : lire notre précédente recension. En mai dernier, nous nous faisions l'écho d'un appel à souscription des Editions de La Pigne concernant Dix-Huit ans de bagne (112 p., 9 euros), de Jacob Law. L'ouvrage est maintenant disponible et on lira avec profit l'excellent article qu'Anne Steiner consacre à son auteur dans Article 11. Bonne lecture.
RÉUNIONS-DÉBATSParis, 14 et 15 décembre. Pour que vive le Jargon libre, bourse aux livres samedi, de 15 à 21 heures, et dimanche, de 12 à 21 heures. A 18 h 30, dimanche, concert de Houligani Dangereux. Bibliothèque-archives (consultation sur place et possibilité de scanner les documents) sur le mouvement libertaire et révolutionnaire, le Jargon libre est ouvert tous les jours, du lundi au samedi, de 15 à 20 heures, au 32, rue Henri-Chevreau, Paris 20e.
Bagnolet, 19 décembre. A 19 heures, permanence « Résister à la psychiatrie » et projection du documentaire Fauteurs de trouble (2012, 65 min), de Jean-Claude Julien, suivie d'une discussion libre à propos du rôle sécuritaire de la psychiatrie. Au Rémouleur, 106, rue Victor-Hugo.
Paris, 20 décembre. Conférence « Résistance et révolution dans la science-fiction » par Bertille (groupe Etoile noire de la FA), à partir de 19 h 30. Bibliothèque La Rue, 10, rue Robert-Planquette, Paris 18e (M° Abbesses ou Blanche). Site Internet.
Pont-en-Royans, 21 décembre. Le collectif libertaire La Rue râle organise la deuxième édition d'un festival du court-métrage. Projection de 14 heures à 20 h 30 dans la salle de cinéma de la médiathèque La Halle, place de la Halle. Plus d'infos.
Paris, 20 décembre. Soirée « Blues en liberté » (Radio-Libertaire) avec un film de Wim Wenders consacré à Skip James, Blind Willie Johnson et JB Lenoir. A 19 h 30, à la Librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, Paris 11e. Entrée libre.
Bagnolet, 28 décembre. Projection du film Paths of Glory (Les Sentiers de la gloire, 1957, 88 min, VOSTFR), de Stanley Kubrick, sur la boucherie de 1914-1918 et sur les fusillés pour l'exemple. Au Rémouleur, 106, rue Victor-Hugo.
Paris, 8 janvier. Débat autour du livre Poste stressante. Une entreprise en souffrance (Seuil), avec l'auteur, Sébastien Fontenelle, et Régis Blanchot, syndicaliste à SUD-PTT. A 19 h 45, au CICP, 21 ter, rue Voltaire, Paris 11e. Organisé par la librairie Quilombo. Site Internet.
Marseille, 11 janvier. A 17 heures, conférence-débat « Géographie et anarchie : quels rapports, quelle émancipation ? », avec Philippe Pelletier, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. Au local du Centre international de recherche sur l'anarchisme (CIRA), 50, rue Consolat, Marseille 1er. Site Internet.
FOIRE AUX LIVRES, COLLOQUE,
EXPOSITION, THÉÂTRE…Camus à Aix-en-Provence. Expositions, rencontres, cinéma, spectacles, lectures… à la Cité du livre, jusqu'au 5 janvier 2014, pour fêter les cents ans de la naissance du romancier et philosophe : « Albert Camus, citoyen du monde ». « Mêlant manuscrits autographes, tapuscrits, éditions originales et photographies, la scénographie laisse une large place au multimédia et propose une véritable expérience sensorielle pour une immersion au cœur de la pensée de Camus. Le parcours s'affranchit de la chronologie et construit sa propre narration pour un cheminement ludique et poétique dans une œuvre en mouvement. » Programme complet de la manifestation et quelques vidéos postfuturistes et très SF.
Livres soldés. Jusqu'à fin janvier 2014, les éditions de l'Atelier de création libertaire (ACL), qui vont fêter leurs trente-cinq ans d'activité (1979-2014) proposent tous leurs titres (sauf ceux parus en 2013-2014) à moitié prix, franco de port et sans minimum d'achat. Comment procéder ? Explications détaillées. Catalogue de novembre à télécharger. « Sous les pavés, les bonnes affaires », affirment Les Editions libertaires qui présentent jusqu'au 31 décembre cinq ouvrages à 5 euros (achat minimum de deux livres, participation au frais de port : 10 %, port gratuit pour cinq ouvrages commandés). La règle du jeu. Pas de réduction sur le catalogue de la librairie du Monde libertaire mais les abonnés au journal du même nom ne payent pas les frais de port. Parutions récentes (y compris CD et DVD) et une sélection d'ouvrages effectuée par les animatrices de l'émission « Femmes libres » sur Radio-Libertaire (mercredi à 18 h 30).
Expo Vallotton. Les Galeries nationales du Grand Palais présentent jusqu'au 20 janvier 2014 (tous les jours de 10 à 20 heures, sauf le mardi, nocturnes jusqu'à 22 heures le mercredi) une rétrospective du peintre, graveur et illustrateur Félix Vallotton (1865-1925). Tarif d'entrée : 12 euros, réduit : 8 euros. Dossier pédagogique. Ami de Félix Fénéon, collaborateur de La Revue blanche, il fut pour certain un anarchiste embourgeoisé par un beau mariage. Mais, comme le titre de l'expo l'indique, demeura toujours « Le feu sous la glace » car il fut un témoin critique de la société de son temps, un artiste engagé qui a représenté, d'un trait mordant, la France de la fin du siècle dernier et les travers de la bourgeoisie. Sur cet aspect de son œuvre, signalons la parution aux Editions de Paris-Max Chaleil de Félix Vallotton. La vie en noir, dessins de presse (1894-1903), 96 p., 15 euros.
Théâtre anarchiste. Les organisateurs du Festival international de théâtre anarchiste de Montréal (Fitam) recherchent pour une neuvième édition en mai-juin 2014 des troupes et/ou des individus qui souhaitent présenter leurs œuvres. Il doit s'agir de textes en français ou en anglais sur le thème de l'anarchisme ou sur tout sujet se rapportant à l'anarchisme, c'est-à-dire contre toute forme de pouvoir, y compris l'Etat, le capitalisme, la guerre, l'aliénation, le travail salarié, etc. Le Fitam prendra aussi en considération les écrits traitant, à partir d'une perspective anarchiste de justice écologique, sociale et économique, de race, de classe et de genre. Les œuvres d'auteur-e-s anarchistes et non anarchistes sont les bienvenues. Date limite d'inscription : 31 janvier 2014. Formulaire de participation disponible en ligne - courriel : anarchistefestival(at)yahoo.ca - adresse postale : Montreal International Anarchist Theatre Festival, CP 266, Succ. 'C', Montréal, QCH2L 4K1, Canada.
DIVERSProduits dérivés (2). Deuxième épisode de notre feuilleton avec Michel Bakounine (1814-1876, biographie). Bon vivant – un ogre (au propre et au figuré) pour certains –, il est naturel de lui rendre hommage en dégustant des spaghetti a la Bakunin (recette), après avoir siroté un Bakunin, dont la composition (3 parts de vodka parfum orange, 1 part de brandy parfum orange, 4 parts de jus d'orange, 1 part de jus de citron, 1 « pointe » de grenadine et une rondelle d'orange) nous a été fournie par Absolut. Cette boisson sera bien sûr servie dans un mug à son effigie. Et n'oublions pas, après le repas, de fumer un cigare dont la bague (faisant partie d'une collection commémorant les cent ans de la Première Internationale, à Bruxelles, le 6 septembre 1964) reproduit les traits du révolutionnaire russe. Ensuite, on peut se dégourdir les jambes en bonne compagnie avec le FC Bakunin (l'équipe aurait été constituée en 1975 en Suisse pour un match contre le FC Comités de soldats). Pour le choix des maillots, pas de souci, il y a pléthore. En revanche, peu de rues portent son nom : le très intéressant blog de Jean-Christophe Angaut en cite deux en France : l'une à Morlaix (Finistère), l'autre à Nailloux (Haute-Garonne). Et, plus à l'est ? « Il y en a notamment deux en Ukraine (à Dniepropetrovsk et à Yalta, en Crimée – où il s'agit d'un passage) et deux en Russie, à Tver, grande ville la plus proche de Priamoukhino, le village d'origine de la famille Bakounine, et à Tomsk. » Pour d'autres, le concours est lancé… Sur le même site, il est fait mention d'une sculpture « cubo-futuriste » de Boris Korolev (1884/85-1963), érigée à Moscou en septembre 1919, jamais inaugurée, déplacée et finalement détruite (lire article). On peut aussi trouver des miniatures en métal de cette statue.
Le même artiste commit en 1926 un buste en bois (article), assez peu ressemblant d'ailleurs. Les artistes ont souvent été inspiré par le visage ou la stature de Bakounine. Parmi les plus anciens, notons Félix Vallotton (1865-1925) qui exécuta un bois gravé publié, d'après L'Ephéméride anarchiste, dans le numéro du 15 février 1895 de La Revue blanche ; William Barbotin, lui, réalisa un beau portrait ; sans oublier la peinture en pied du divisionniste italien Plinio Nomellini (1866-1943) (article). En 1968, Mattia Léoni grava une médaille (6,8 cm de diamètre, en bronze) en son honneur. Et, sur Internet, on trouve des réalisations plus récentes telles que la peinture pop art d'Utz Benkel (2000), la composition de Zeelsz (« Pas de Dieu. Pas de propriétaire. La Révolution est la voie de l'Anarchie ») ou ce photomontage détournement par 3D4D. Parions que se payer la tête en albatre du « camarade vitamine » (ainsi nommé par Léo Ferré), conçu par Jean-Marie Fiori (site), n'est pas à la portée de toutes les bourses. Plus accessible, ce « pion » Bakou est un élément des strips d'Esprit 68. Il se retrouve avec Louise (Michel), Nestor (Makhno), Buena (Durruti), Léon (Trotski) et Guy (Debord). A découper, à coller et à fabriquer soi-même… comme cette couronne que l'on trouve dans l'ouvrage Baj/Bakunin, Atti del Convegno, Monte Verità, Ascona, 5 ottobre 1996 (« compte-rendu de la conférence organisée le 5 octobre 1996 à Monte Verità, Ascona », éditions La Baronata), hommage du peintre italien Enrico Baj (1924-2003) et d'autres à Bakounine. Autre amusement avec une carte qui est en fait extraite d'un dessin paru dans le journal grec Kathimerini du 4 avril 2010. On rêve d'un jeu complet avec Kropotkine et Proudhon en « rois », Emma Goldman et Voltairine de Cleyre en « dames », par exemple. Pour terminer, signalons un pin's, un timbre et une enveloppe d'origine russe. Par ailleurs, allez fureter sur Cartoliste et sur Placard Ficedl pour dénicher de nombreuses cartes postales et affiches sur le même sujet. 2014 étant l'année du bicentenaire de sa naissance, on peut penser que colifichets et babioles seront aussi au rendez-vous.
Suite à notre précédent article sur Francisco Ferrer, Marianne du CIRA de Lausanne nous signale une belle collection de plaques commémoratives en Italie.
En vrac sur le Web (décembre). L'assemblée générale de l'Association des amis du Maitron, qui s'est tenu le 4 décembre, a été entre autres l'occasion de présenter le Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone (Les Editions de l'Atelier) qui devrait paraître fin avril 2014. Une souscription est d'ores et déjà lancée (téléchargez le bon, PDF 2,3 Mo) : 40 euros, au lieu de 50. « Cinq cents biographies, dont soixante sont illustrées, ont été retenues pour le dictionnaire papier, avec le souci de respecter la diversité du mouvement libertaire. (…) [A celui-ci] s'ajoutent plus de deux mille cinq cents biographies consultables sur le site Maitron-en-ligne, auquel les acheteurs et souscripteurs auront accès. » Cet ouvrage de 528 pages, qui est le fruit du travail d'une quarantaine de rédacteurs, pourra être retiré à la librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, 75011 Paris, ou envoyé (5 euros de port en supplément). Après Les Tontons flingueurs (1963), de Georges Lautner, dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles, on pourra savourer sans modération du même dialoguiste, Michel Audiard, Le Président (1961) et plus particulièrement l'intervention du président du conseil Jean Gabin à l'Assemblée nationale sur l'Europe de la finance (extrait sur YouTube). Tout y passe : les conflits d'intérêts, les connivences, les banques, le pétrole… et cela n'a pas pris une ride. L'Ukraine, dont les médias relatent actuellement les tiraillements entre l'Est et l'Ouest, entre la Russie de Poutine et l'Union européenne, soit entre la peste et le choléra, s'est dotée depuis le 25 octobre d'une nouvelle pièce de 2 hryvnias (à peu près 0,20 euros) évoquant Nestor Makhno (biographie), émise par la banque centrale dans le cadre de la série «
Les personnalités de l'Ukraine ». A côté du visage et du nom du leader de la Makhnovtchina, le mouvement insurrectionnel paysan d'inspiration libertaire, il a été gravé (agrandissement) : terre/volonté et peuple/pouvoir. Si le message est quelque peu énigmatique, l'édition d'une telle pièce semble surtout vouloir flatter le nationalisme ukrainien. Le site Internet de la Confédération nationale du travail (CNT) a été entièrement refait : plus moderne, plus clair, plus dynamique… et ça bouge beaucoup ! On y trouve un graphisme en « une », un édito, un « fil d'actus », un agenda, des rubriques communiqués, vidéo et publications, ainsi que les menus déroulants habituels. Un vent de fraîcheur bienvenu ! A l'occasion de la parution de Cuba gráfica. Histoire de l'affiche cubaine (L'Echappée), des affiches sérigraphiées, en tirage limité, présentées dans le livre, sont exposées et en vente à la librairie Quilombo (ouverte du lundi [en décembre] au samedi, de 13 à 20 heures), 23, rue Voltaire, Paris 11e. Les éditeurs de cet ouvrage ont eu la « maladresse » de retenir Jean-Claude Michéa parmi les « 20 penseurs vraiment critiques » de leur dernière publication (Radicalité, 432 p., 25 euros).
Ce qui leur est vivement reproché par Yves Coleman sur le site Mondialisme.org (« A propos du réac Jean-Claude Michéa [alias Nietzschéa]… »). Autre critique, celle qui vise le site grenoblois anti-technologies Pièces et main-d'œuvre, l'accusant de « dérives confusionnistes » : éloge du patriotisme républicain, affirmation que l'antifascisme est has been, homophobie. L'ami Jean-Denis Rémond, le « bidouilleur numérique », nous offre un récital Armand Gatti (site Internet) avec : un enregistrement de Ces empereurs aux ombrelles trouées, pièce créée en 1991 dans le cadre du Festival d'Avignon qui met en scène les religions monothéistes et la question de Dieu dans l'histoire des hommes ; le mémoire de master II de Charlotte Cayeux, L'Esthétique libertaire dans les films d'Armand Gatti ; un entretien avec David Rappe à propos de Rendez-vous avec Armand Gatti. 10 rencontres entre Armand Gatti et des collégiens de Vaux-en-Velin (La Parole errante) ; un autre, mené par José Pivin, avec Gatti sur sa vie et son œuvre ; et le film El otro Cristóbal que celui-ci a tourné à Cuba en 1962, conte symbolique et surréaliste où le dictateur Anastasio cherche à s'emparer du ciel et à vaincre le dieu Olofi, alors que Cristobal, prisonnier politique, s'y oppose puis cherche à revenir sur la terre désormais promise au bonheur des hommes. Au Parlement français, une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel est actuellement en discussion, elle prévoit de sanctionner les clients, d'abroger le délit de racolage passif, et contient de (timides) dispositions pour accompagner les personnes souhaitant sortir de la prostitution. Elle a aussitôt fait rebondir le vieux débat à propos de l'abolitionnisme qui touche (et divise) également les mouvements féministe et libertaire. Sans avoir ni l'impudence ni le sot espoir de trancher définitivement cette question, on peut cependant présenter des textes qui apportent des informations sur le sujet. C'est le cas du sociologue Lilian Mathieu (lire ses commentaires) qui signale un certain nombre d'« oublis » dans l'article collectif « L'abolitionnisme, une lutte d'émancipation », paru sur Médiapart. Pour sa part, Francis Dupuis-Déri tente, avec « Les anarchistes et la prostitution : perspectives historiques » (revue électronique Genre, sexualité & société) de retracer les réflexions passées du mouvement et les orientations que l'on peut en tirer. Le 15 novembre dernier, Jeremy Hammond, hacker anarchiste et anti-guerre, a été condamné à dix ans de prison aux Etats-Unis.
Connu sous le pseudonyme d'Anarchaos, il était accusé de s'être introduit illégalement au sein des systèmes d'information de Stratfor, une entreprise américaine spécialisée dans le renseignement qui avait espionné des militants des droits de l'homme sur demande de diverses sociétés et du gouvernement américain. Des informations confidentielles concernant environ 860 000 personnes et 60 000 cartes de crédit furent alors dérobées et 700 000 dollars versés à différentes ONG. Tout cela encouragé et permis par le FBI qui contrôlait en sous-main les opérations. Avant sa condamnation, incarcéré depuis déjà vingt mois, il a pu lire une déclaration traduite en français. Pour lui écrire et lui apporter son soutien.
PÉRIODIQUESA contretemps (n° 47, décembre, 32 p., « pas de prix, juste des frais… », site) juge le temps venu, après la publication ces dernières années de divers ouvrages sur le sujet, d'aborder la question de la résistance libertaire au franquisme « avec une approche critique assumée » : « Il faut nécessairement sortir de la légende et du martyrologe pour saisir, au plus près de ces contingences, la réalité d'un combat qui fut tout à la fois glorieux et hasardeux. » S'appuyant pour cela sur une étude de Guillaume Goutte à paraître aux Editions libertaires, Passeurs d'espoir. Réseaux de passage du Mouvement libertaires espagnol (MLE), 1939-1975, et sur un entretien réalisé en 1976 (inédit en français) avec Mariano Aguayo Morán (1922-1994) sur le groupe d'action Los Maños. On peut distinguer plusieurs périodes dans cette lutte armée : de 1939 à 1945, elle s'inscrit dans le mouvement général contre le nazi-fascisme ; de 1946 à 1950, il s'agit de groupes, plus ou moins autonomes, soutenus par l'exil ; de 1951 à 1960, actions des dernières unités malgré l'abandon de cette stratégie par les instances libertaires en France ; de 1961 à 1967, apparition d'une nouvelle génération liée à la fondation de l'organisme Défense intérieur et aux Jeunesses libertaires ; enfin, dans les années 1970, activisme de groupes sans lien avec le MLE (MIL, GARI). Une revue (espagnole) des livres conclut ce dossier (lire ci-dessus). Signalons aussi les autres recensions (entre autres sur la Révolution française et sur l'actualité de Rosa Luxemburg) dont une très réussie à propos de l'ouvrage de Benjamin Stora et Jean-Baptiste Péretié, Camus brûlant.
Alors que, depuis dix ans, la revue Offensive paraissait tous les trois mois avec une régularité de métronome (cf. liste des parutions), ce trente-huitième numéro arrive avec six mois de retard pour annoncer une pause d'un an afin de « faire le point ». « Il est temps de réfléchir à nouveau à quelques questions : quel sens a la publication Offensive aujourd'hui ? Quelles questions nous semblent importantes à aborder ? Sous quel angle ? », constate l'équipe de rédaction. Contrairement à l'habitude, cette livraison (n° 38, novembre, 52 p., 4 euros, site) n'est pas axée sur un thème central mais sur trois minidossiers, comme autant de rappels de l'activité passée : « autonomie contre autonomie » (du gauchisme au néolibéralisme, un même mot pour des notions bien différentes), « emprise technologique » (constat de développement et rapport d'étape) et « féminisme » (autour de la notion de genre et à propos de non-maternité). Et bien d'autres articles, preuve de la variété des sujets, abordant le conflit technoscience-« humanités » dans l'université ; le « débat » dans le monde de l'autisme ; le Ghana, poubelle électronique ; les grèves de 1936 ; la lutte aux Etats-Unis contre le gaz de schiste ; un entretien sur la mémoire de la révolution espagnole et sur l'exil ; le cirque au féminin ; des infos de contre-culture… Espérons que cette pause ne se transformera pas en adieu car la revue a su acquérir une place à part dans la « constellation libertaire », une identité constituée par sa volonté de susciter des réflexions enracinées dans la pratique et d'établir des bilans de lutte, cela avec la plus grande honnêteté intellectuelle possible et une rare volonté d'ouverture. Au sommaire du n° 13 (novembre, recto-verso, gratuit, à télécharger de Lucioles (site), bulletin anarchiste de Paris et sa région : notre insécurité et la leur, d'une rafle à Barbès aux manifestations lycéennes contre les expulsions, brèves « incendiaires »… et les ennuis des diffuseurs du journal à Belleville (cf. compte rendu).
Un magnifique hors-série du Monde libertaire (n° 52, novembre-décembre, 66 p., 5 euros, site), mais c'est la moindre des choses lorsque le thème choisi est l'art… Le numéro présente tout d'abord une réflexion historique et conceptuelle sur le compagnonnage « art et anarchie », puis un entretien avec Tim Holland (alias Sole), un rappeur américain de Portland. Se succèdent ensuite : politique et culture avec la revue internationale i10, fondée par l'anarchiste hollandais Arthur Lehning (1899-2000, biographie) ; la pratique du pochoir, « démarche de réappropriation d'un espace public toujours plus privatisé et capitalisé » (avec un portfolio Street Art) ; un article suprenant et original sur le canular d'artistes et/ou artistique ; un texte fouillé sur Vallotton, « de la guerre sociale… à la guerre des sexes, puis à la guerre totale » (orné d'un second portfolio consacré au dessinateur). D'autres textes abordent le surréalisme, la « musique libre », le cinéma… Très intéressant et maquetté avec soin. La revue Art et anarchie (lire recension du n° 4), animée par le groupe John-Cage de la Fédération anarchiste, qui explore depuis plusieurs années ce même sujet, a semble-t-il été « oubliée ». On nous répondra que, sur 66 pages, il est impossible de tout aborder et que d'autres sujets ont été laissés de côté (la BD, le théâtre de rue, la chanson militante, une vision féministe, etc.), mais c'est tout de même regrettable pour ces compagnons.
Le trimestriel de la Coordination des groupes anarchistes (CGA), Infos et analyses libertaires (n° 96, octobre-décembre, 16 p., 1 euro, site) s'intéresse à la réforme des retraites (en 2013, le « capitalisme continue son offensive »), à la surveillance informatique des Etats (et comment s'y opposer) et à la fracturation hydraulique (solution à l'organisation énergivore de la société). Un article « Féminisme et antifascisme » constate au sein des groupes libertaires antifascistes la surreprésentation masculine, la différence entre antisexisme et féminisme, et s'interroge sur la question du rapport à la violence. Un entretien, publié initialement sur le site Anarkismo.net, revient sur les luttes de juin dernier contre l'augmentation des transports à São Paulo (Brésil) et ses environs. Deux militants de l'Organização Anarquista Socialismo Libertário (OASL), Pablo Pamplona et Thiago Calixto, répondent aux questions de Jonathan Bane (membre de la Zabalaza Anarchist Communist Front, organisation sud-africaine). En prime, sur le même site, on peut télécharger la lettre d'info de la CGA (n° 3, décembre, 4 p.) : « Création d'un collectif de lutte contre l'extrême-droite à Clermont-Ferrand », « Interview d'un lycéen du MILI », « Montpellier : ça bouge aussi dans les facs ! »…