Le communisme primitif n'est plus ce qu'il était

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Re: Le communisme primitif n'est plus ce qu'il était

Messagede Antigone le Sam 13 Fév 2010 11:56

Le Laboratoire - 08 fev 2010

La question du pouvoir dans les sociétés primitives

Au cours des deux dernières décennies, l’ethnologie a connu an développement brillant grâce à quoi les sociétés primitives ont échappé sinon à leur destin (la disparition) du moins à l’exil auquel les condamnait, clans la pensée et l’imagination de l’Occident, une tradition d’exotisme très ancienne. A la conviction candide que la civilisation européenne était absolument supérieure à tout autre système de société s’est peu à peu substituée la reconnaissance d’un relativisme culturel qui, renonçant à l’affirmation impérialiste d’une hiérarchie des valeurs, admet désormais, s’abstenant de les juger, la coexistence des différences socioculturelles. En d’autres termes, on ne projette plus sur les sociétés primitives le regard curieux ou amusé de l’amateur plus ou moins éclairé, plus ou moins humaniste, en les prend en quelque sorte au sérieux. La question est de savoir jusqu’où va cette prise au sérieux.

Qu’entend-on précisément par société primitive ?
La réponse nous est fournie par l’anthropologie la plus classique lorsqu’elle veut déterminer l’être spécifique de ces sociétés, lorsqu’elle veut indiquer ce qui fait d’elles des formations sociales irréductibles : les sociétés primitives sont les sociétés sans Etat, elles sont les sociétés dont le corps ne possède pas d’organe séparé du pouvoir politique.
C’est selon la présence ou l’absence de l’Etat; que l’on opère un premier classement des sociétés, au terme duquel elles se répartissent en deux groupes: les sociétés sans Etat et les sociétés à Etat, les sociétés primitives et les autres. Ce qui ne signifie pas, bien entendu, que toutes les sociétés à Etat soient identiques entre elles : on ne saurait réduire à un seul type les diverses figures historiques de l’Etat et rien ne permet de confondre entre eux. L’Etat despotique archaïque, ou l’Etat, libéral bourgeois, ou l’Etat totalitaire fasciste ou communiste. Prenant donc garde d’éviter cette confusion qui empêcherait en particulier de comprendre la nouveauté et la spécificité radicales de l’Etat totalitaire. on retiendra qu’une propriété commune fait s’opposer en bloc les sociétés à Etat aux sociétés primitives.
Les premières présentent toutes cette dimension de division Inconnue chez les autres, toutes les sociétés à Etat sont divisées, en leur être, en dominants et dominés, tandis que les sociétés sans Etat Ignorent cette division: déterminer les sociétés primitives comme sociétés sans Etat, c’est énoncer qu’elles sont, en leur être, homogènes parce qu’elles sont indivisées. Et l’on retrouve ici la définition ethnologique de ces sociétés : elles n’ont pas d’organe sépare du pouvoir, le pouvoir n’est pas séparé de la société.

Prendre au sérieux les sociétés primitives revient ainsi à réfléchir sur cette proposition qui, en effet, les définit parfaitement: on ne peut y isoler me sphère politique distincte de la sphère du social. On sait que, des son aurore grecque, la pensée politique de l’Occident a su déceler dans le politique l’essence du social humain (l’homme est un animal politique), tout en saisissant l’essence du politique dans la division sociale entre dominants et dominés, entre ceux qui savent et donc commandent et ceux: qui ne savent pu et donc obéissent. Le social c’est le politique, le politique c’est l’exercice du pouvoir (légitime ou non, peu importe ici) par un ou quelques-uns sur le reste de la société (pour son bien ou son mal, peu importe ici) : pour Héracilte, comme pour Platon et Aristote, il n’est de société que sous l’égide des rois, la société n’est pas pensable sans sa division entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent et la où fait défaut l’exercice du pouvoir, on se trouve dans l’Infrasocial, dans la non-société.

C’est à peu près en ces termes que les premiers Européens jugèrent les Indiens d’Amérique du Sud, à l’aube du XVII siècle. Constatant que les « chefs » ne possédaient aucun pouvoir sur les tribus, que personne n’y commandait ni n’y obéissait, ils déclaraient que ces gens n’étaient point policés, que ce n’étaient point de véritables sociétés: des Sauvages c sans foi, sans loi, sans roi.

Il est bien vrai que, plus d’une fois, les ethnologues eux-mêmes ont éprouvé un embarras certain lorsqu’il s’agissait non point tant de comprendre, mais simplement de décrire cette très exotique particularité des sociétés primitives : ceux que l’on nomme les leaders sont démunie de tout Pouvoir, la chefferie s’institue à l’extérieur de l’exercice du pouvoir politique. Fonctionnellement, cela paraît absurde : comment penser dans la disjonction chefferie et pouvoir ? A quoi servent les chefs, s’il leur manque l’attribut essentiel qui ferait d’eux justement des chefs, à savoir la possibilité d’exercer le pouvoir sur la communauté ? En réalité, que le chef sauvage ne détienne pas le pouvoir de commander ne signifie pas pour autant qu’il ne sert à rien : Il est au contraire Investi par la société d’un certain nombre de tâches et l’un pourrait à ce titre voir en lui une sorte de fonctionnaire (non rémunéré) de la société. Que fait un chef sans pouvoir ? Il est, pour l’essentiel, commis à prendre en charge et à assumer la volonté de la société d’apparaître comme une totalité une, c’est-à-dire l’effort concerté, délibéré de la communauté en vue d’affirmer sa spécificité, son autonomie, son Indépendance par rapport aux autres communautés.
En d’autres termes, le leader primitif est principalement l’homme qui parle au nom de la société lorsque circonstances et événements la mettent en relation avec les autres. Or ces derniers se répartissent toujours, pour toute communauté primitive, en deux classes: les amis et les ennemis.
Avec les premiers, Il s’agit de nouer ou de renforcer des relations d’alliance, avec les autres il s’agit de mener à bien, lorsque le cas se présente, les opérations guerrières. Il S’ensuit que les fonctions concrètes, empiriques du leader se déploient dans le champ, pourrait-on dire, des relations Internationales et exigent par suite les qualités afférentes à ce type d’activité: habileté, talent diplomatique en vue de consolider les réseaux d’alliance qui assureront la sécurité de la communauté courage, dispositions guerrières en vue d’assurer une défense efficace contre les raids des ennemis ou, si possible, la victoire en cas d’expédition contre eux.

Mais ne sont-ce point là, objectera-t-on, les tâches mêmes d’un ministre des affaires étrangères ou d’un ministre de la défense ? Assurément. A cette différence près néanmoins, mais fondamentale: c’est que le leader primitif ne prend jamais de décision de son propre chef (si l’on peut dire) en vue de l’imposer ensuite à sa communauté. La stratégie d’alliance qu’il développe, la tactique militaire qu’il envisage ne sont jamais les siennes propres, mais celles qui répondent exactement au désir ou à la volonté explicite de la tribu. Toutes les tractations ou négociations éventuelles sont publiques, l’intention de faire la guerre n’est proclamée qu’autant que la société veut. qu’il en soit ainsi. Et il ne peut naturellement en être autrement: an leader aurait-il en effet l’idée de mener, pour son propre compte, une politique d’alliance ou d’hostilité avec ses voisins, qu’il n’aurait de toute manière aucun moyen d’imposer ses buts à la société puisque, nous le savons, il est dépourvu de tout pouvoir. Il ne dispose, en fait, que d’un droit, ou plutôt d’un devoir de porte-parole : dire aux Autres le désir et la volonté de la société.

Qu’en est-il, d’autre part, clos fonctions du chef non plus comme préposé de son groupe aux relations extérieures avec les étrangers, mais dans ses relations internes avec le groupe soi-même ?
Il va de soi que si la communauté le reconnaît comme leader (comme porte-parole) lorsqu’elle affirme son unité par rapport aux autres unités, elle le crédité d’un minimum de confiance garantie par les qualités qu’il déploie précisément au .service de sa société. C’est ce que l’on nomme le prestige, très généralement confondu. à tort bien entendu, avec le pouvoir. On comprend aima fort bien qu’au sein de sa propre société, l’opinion du leader, étayée par le prestige dont il jouit, soit, le cm échéant, entendue avec plus de considération que celle des autres individus.
Mais l’attention particulière dont on honore (pas toujours d’ailleurs) la parole du chef ne va jamais jusqu’à la laisser se transformer en parole de commandement, en discours de pouvoir: le point de vue du leader ne sera écouté qu’autant qu’il exprime le point de vue de la société comme totalité une. Il en résulte que non seulement le chef ne formule pu d’ordres, dont il sait d’avance que personne n’y obéirait, mais qu’il ne peut même pas (c’est-à-dire qu’il n’en détient pas le pouvoir) arbitrer lorsque se présente par exemple un conflit entre deux Individus ou deux familles.
Il tentera non pas de régler le litige au nom d’une loi absente dont il serait l’organe, mais de l’apaiser en faisant appel, au sens propre, aux bons sentiments des parties opposées, en se référant sans cesse à la tradition de bonne entente léguée, depuis toujours, par les ancêtres.
De la bouche du chef jaillissent non pu les mots qui sanctionneraient la relation de commandement-obéïssance, mais le discours de la société elle-Même sur elle-même, discours au travers duquel elle se proclame elle-même communauté indivisée et volonté de persévérer en cet être indivisé.

Les sociétés primitives sont donc des sociétés indivisées (et pour cela, chacune se veut totalité une) : société sans classes -pas de riches exploiteurs des pauvres -, sociétés sans division en dominants et dominés- pas d’organe séparé du pouvoir. Il est temps maintenant de prendre complètement au sérieux cette dernière propriété sociologique des sociétés primitives. La séparation entre chefferie, et pouvoir signifie-t-elle que la question du pouvoir ne s’y pose pas, que ces sociétés sont a-politiques ? A cette question. la pensée évolutionniste et sa variante en apparence la moins sommaire, le marxisme (engelsien surtout) – répond qu’il en est bien ainsi et que cela tient au caractère primitif, c’est-à-dire premier de ces sociétés : elles sont l’enfance de l’humanité, le premier âge de son évolution, et comme telles incomplètes, inachevées, destinées par conséquent à grandir, à devenir adultes, à passer de l’a-politique au politique. Le destin de toute société, c’est sa division, c’est le pouvoir séparé de la société, c’est l’Etat comme organe qui sait et dit le bien commun à tous et se charge de leur imposer.

Telle est la conception traditionnelle, quasi générale, des sociétés primitives comme sociétés sans Etat. L’absence de l’Etat marque Jour incomplétude, le stade embryonnaire de leur existence, leur a-historicité. Mais en est-il bien ainsi ?
On voit bien qu’un tel jugement n’est en fait qu’un préjugé idéologique, d’impliquer que conception de l’histoire comme mouvement nécessaire de l’humanité à travers des figures du social qui s’engendrent et s’enchaînent mécaniquement. Mais que l’on refuse cette néo-théologie de l’histoire et son continuisme fanatique : dès lors les sociétés primitives cessent d’occuper le degré zéro de l’histoire, grosses qu’elles seraient en même temps de toute l’histoire à venir, inscrite d’avance en leur être. Libérée de ce peu innocent exotisme, l’anthropologie peut alors prendre au sérieux: la vraie question du politique : pourquoi les sociétés primitives sont-elles des sociétés sans Etat ?
Comme sociétés complètes, achevées, adultes et non plus comme embryons infra-politiques, les sociétés primitives n’ont pas l’Etat parce qu’elles le refusent, parce qu’elles refusent la division du corps social en dominants et dominés.
La politique des Sauvages, c’est bien en effet de faire sans cesse obstacle à l’apparition d’un organe séparé du pouvoir, d’empêcher la rencontre d’avance sue fatale entre institution de la chefferie et exercice du pouvoir.
Dans la société Primitive, il n’y a pas d’organe séparé du pouvoir parce que le pouvoir n’est pas sépare de la société, par ce que c’est elle qui le détient, comme totalité une, en me de maintenir son être indivisé, en vue de conjurer l’apparition en son sein de l’inégalité entre maîtres et sujets, entre le chef et la tribu. Détenir le pouvoir, c’est l’exercer ; l’exercer, c’est dominer ceux sur qui Il s’exerce: voilà très précisément ce dont ne veulent pu (ne voulurent pu) les sociétés primitives, voilà pourquoi les chefs y sont sans pouvoir, pourquoi le pouvoir ne se détache pas du corps un de la société. Refus de l’inégalité, refus du pouvoir sépare : même et constant souci des sociétés primitives. Elles savaient fort bien qu’à renoncer à cette lutte, qu’à cesser d’endiguer ces forces souterraines qui se nomment désir de pouvoir et désir de soumission et sans la libération desquelles ne saurait se comprendre l’irruption de la domination et de la servitude, elles savaient qu’elles y perdraient leur liberté.

La chefferie n’est, dans la société primitive, que le lieu supposé, apparent du pouvoir.
Quel en est le lieu réel ?
C’est le corps social lui-même qui le détient et l’exerce comme unité indivisée. Ce pouvoir non séparé de la société s’exerce en un seul sens, Il anime un seul projet: maintenir dans l’indivision l’être de la société, empêcher que l’inégalité entre les hommes installe la division dans la société. Il s’ensuit que ce pouvoir s’exerce sur tout ce qui est susceptible d’aliéner la société, d’y introduire l’inégalité : Il s’exerce, entre autres, sur l’institution d’où pourrait surgir la captation du pouvoir, la chefferie. Le chef est, dans la tribu, sous surveillance : la société veille à ne pu laisser le goût du prestige se transformer en désir de pouvoir.
Si le désir de pouvoir du chef devient trop évident, la procédure mise en jeu est simple : on l’abandonne, voire même on le tue. Le spectre de la division haute peut-être la société primitive, mais elle possède les moyens de l’exorciser.

L’exemple des sociétés primitives nom enseigne que la division n’est pas inhérente à l’être du social, qu’en d’autres termes l’Etat n’est pas éternel, qu’il a, ici et là, une date de naissance.
Pourquoi a-t-il émergé ?
La question de l’origine de l’Etat doit se préciser ainsi : à quelles conditions une société cesse-t-elle d’être primitive ?
Pourquoi les codages qui conjurent l’Etat défaillent-ils, à tel ou tel moment de l’histoire ?
Il est hors de doute que seule l’interrogation attentive du fonctionnement des sociétés primitives permettra d’éclairer le problème des origines. Et peut-être la lumière ainsi jetée sur le moment de la naissance de l’Etat éclairera-t-elle également les conditions de possibilité (réalisables ou non) de sa mort.
Pierre Clastres

Vous trouverez une brochure regroupant plusieurs de ses textes (dont celui-ci) sur http://infokiosques.net/spip.php?article654
Pierre Clastres est l'auteur de La société contre l’État et Archéologie de la violence.
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Re: Le communisme primitif n'est plus ce qu'il était

Messagede ledt le Dim 25 Nov 2012 13:08

http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/11/23/nos-ancetres-les-democrates_1794063_3260.html

Nos ancêtres les démocrates.

Il faut ouvrir Avant l'histoire comme un "tableau de la société humaine" tel que Rousseau qualifiait son propos dans Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité entre les hommes (1755). D'ailleurs, cet ouvrage d'anthropologie, qui fascine par son ampleur, aurait pu s'intituler tantôt "Discours sur l'origine de la richesse et de la pauvreté", tantôt "Discours sur l'origine de l'agriculture", ou encore "Discours sur les sciences et les arts".

Armé de sa folle érudition, qui n'exclut pas une part reconnue d'"intuition", Alain Testart brosse une fresque d'une remarquable audace, proposant rien de moins que saisir "le sens global de l'évolution" - depuis des sociétés sans richesse jusqu'à des sociétés structurées par la "propriété fundiaire", où travailler une terre ne suffit pas à s'en assurer la possession. A ses yeux, l'histoire a un sens, et le dire, ce n'est pas suggérer que la forme contemporaine des sociétés serait supérieure à celles qui l'ont précédée - tout laisse croire que les sociétés du paléolithique étaient socialement plus complexes que les nôtres ! -, mais prendre acte du fait qu'"à l'origine, tous étaient chasseurs" et que s'est inventé par la suite un mode de vie agricole, même si tous les peuples ne l'ont pas adopté. Avant l'histoire retrace cet ordre de succession, non nécessaire mais irréversible.

On y reçoit d'étonnantes révélations. La misère, par exemple, serait une calamité d'invention récente. Elle naît, selon Alain Testart, lorsque les terres deviennent des biens comme les autres que l'on peut vendre et acheter, et qu'ainsi des hommes se trouvent privés de leur moyen de production. Auparavant, dès lors qu'il suffisait de travailler son champ pour s'assurer la propriété de son lopin, personne ne souffrait de la faim. Les miséreux apparurent probablement juste avant l'Antiquité classique ; la plèbe de Rome, formée d'anciens paysans expropriés, désoeuvrés, ce sont eux ; eux aussi, ces millions de gueux venus vers les villes "grossir une classe ouvrière ravagée par le chômage".

Mais n'allons pas conclure à un âge d'or pour autant, à une quelconque "condition primitive", comme disait Rousseau, qui pourrait nous inspirer de la nostalgie. Les sociétés du paléolithique supérieur (35000-10000 ans av. J.-C.) reposaient sur de criantes inégalités, loin de l'idéal de "communisme primitif" avec lequel on a voulu les confondre. Par exemple, posséder plusieurs épouses ou n'en posséder aucune pouvait représenter une considérable différence : l'un ira chaque jour chercher sa pitance, quand l'autre sera approvisionné en produits de cueillette ; s'il se consacre aux choses de la religion, il aura tout loisir de devenir "influent et redouté". Et encore, ces formes de domination-là n'en devinrent-elles que plus évidentes avec "l'invention de la richesse", qu'on date, en gros, du néolithique (vers 10000-2000 av. J.-C.). Là se départagent les riches et les pauvres - quand il faudra attendre longtemps encore avant que ne s'abattent sur les hommes les deux maux symétriques que sont, aux yeux des moralistes, le luxe et la misère.

Cet évolutionnisme tel qu'il le conçoit, Alain Testart le défend depuis longtemps au sein d'une discipline où le mot sert souvent de repoussoir. A rebours de l'époque, le directeur de recherche émérite du CNRS se permet un coup de chapeau aux savants du XIXe siècle comme l'Américain Lewis H. Morgan, le Français Fustel de Coulanges ou le Britannique Henry Sumner Maine pour avoir eu, en leur temps, la "grandeur de penser une évolution globale de l'humanité". C'est cette ambition qu'il reprend dans Avant l'histoire, mais en la fondant cette fois sur les données archéologiques.

"ASSEMBLÉES POPULAIRES"

Le livre converge vers un ultime chapitre, le plus risqué, le plus stimulant, où Alain Testart essaie de restituer les organisations politiques, sans doute l'exercice le plus "périlleux" tant ces dernières se laissent peu percevoir dans les fouilles ou les ruines. Mais la prudence n'éteint pas la flamme de l'anthropologue dont la sagacité s'exerce cette fois sur notre continent : nulle part ailleurs, en dehors de l'époque contemporaine, on ne rencontre "dans une même tranche de temps autant de peuples différents et qui tous mettent en scène des assemblées populaires". Cette tradition démocratique puiserait-elle ses origines dans les temps les plus reculés, ce qui en expliquerait la permanence ? Rien ne s'y oppose. Des traces archéologiques permettent d'envisager qu'au Rubané (5500-4800 av. J.-C.), quand l'Europe tempérée était sans doute cannibale, le peuple se rassemblait (déjà) et participait aux décisions collectives. C'est un fond ancien, en quelque sorte, qui expliquerait la tonalité démocratique persistante de l'Europe, "aventure unique au monde". L'hypothèse qui clôt cette époustouflante entreprise intellectuelle pourrait ainsi se fondre dans un "Discours sur les origines de la démocratie". Jurés de l'académie de Dijon, voilà un candidat sérieux !

Avant l'histoire. L'évolution des sociétés, de Lascaux à Carnac, d'Alain Testart, Gallimard, "Bibliothèque des sciences humaines"....
Julie Clarini


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Re: Le communisme primitif n'est plus ce qu'il était

Messagede bajotierra le Dim 25 Nov 2012 14:30

salut ,

effectivement a partir de la révolution néolithique l'humanité n'est plus obligé de vivre au jour le jour
paradoxalement c'est la constitution de stocks de nourriture qui va entrainer des constuctions élevées pour les sotcker, ces constructions devinrent symboles de continuité de la vie sociale , ceux qui eurent la responsabilité des les surveiller acquirent là un prestige quasi surnaturel ...

"les ilots de stockage furent les premiers temples et leurs gardiens les premiers prêtres "... ( chris harmann , gordon child )
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