Chronique, critique de l'album J'y croyais pas de Fred Alpi

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Chronique, critique de l'album J'y croyais pas de Fred Alpi

Messagede vroum le Dim 24 Juil 2011 12:19

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Et de quatre pour Fred Alpi ! Depuis Ici & Maintenant en 2000, le rocker libertaire a sorti trois albums studio et un live de très bon aloi, Se reposer ou être libre, en 2006. Fred Alpi est un homme debout : il préfère les discours au premier degré aux métaphores, et ce, même dans ses chansons d’amour.

Avec J’y croyais pas, Fred Alpi aborde ses atmosphères musicales de façon différente : le tempo est un peu plus calme que dans ses deux premiers disques studio (encore que) et l’instrumentation est mitonnée pour un duo de guitares, celles de Fred (acoustique) et de Gilles Fegeant (électrique). La troisième reprise de la chanson fétiche de Fred Alpi, « Chanson pour Joe Hill » – cette fois en allemand, après le français (2000) et le suédois (2003) – permet de mesurer ces différences d’instrumentation et de tempo : elle dure ici presque une minute de plus que dans sa version d’origine… L’atmosphère générale de l’album, elle, reste cette étonnante rencontre de l’alternative rock d’aujourd’hui avec le folk blues et les protest songs de Tom Paxton, Phil Ochs et Woody Guthrie…

Tom Paxton, justement, avec son « What did you learn in School today ? », est dans le collimateur du remarquable « C’est pour ton bien », protest blues diablement rythmé sur l’éducation. La tradition d’un des grands admirateurs français, libertaires et folk rock de Guthrie, François Béranger, n’est pas bien loin non plus. Dans cette lignée se situe résolument la superbe chanson titre, « J’y croyais pas », chanson d’amour heureuse, à la façon de « La fille que j’aime », de Béranger... Les deux guitares tournent l’une autour de l’autre comme deux gitanes. Virtuose et touchant.

Dans un genre plus rock (on peut penser à « Lyla », d’Oasis, au tout début de l’intro), on trouve « Surveiller et punir », protest talking blues sur la prison, aux paroles simples, premier degré, d’autant plus efficaces qu’emballées par deux guitares en folie – ou encore « Etranges Abysses », manifeste politique et poétique qui va chercher loin l’espoir. Très loin : « Les aliénés dociles tournent en rond et au pas/ Dans des cellules grises dont on ne s’évade pas »… Rock toujours : « Le Fric, la Frime, la Cocaïne », à la guitare sale dédiée à un certain Nicolas S., et « C.R.I.S.T.I.N.A. », chanson allégorique sur le « Renseignement Intérieur » : « C.R.I.S.T.I.N.A./ Je sais que tu m’écoutes/ Même quand je parle tout bas ». Amusant, jusque dans les folies de la guitare électrique.

L’un des moments les plus étranges – et sans doute l’un des meilleurs – de cet album peu commun est la reprise d’« Etranges Abysses » par le rappeur Skalpel : le flow de Skalpel donne une vie encore plus violente au manifeste d’Alpi, en totale complémentarité et opposition avec le jeu country rock inchangé des deux guitares… Fred Alpi montre ainsi qu’il sera toujours là où on ne l’attend pas – et qu’il en est fier.
Jean-Claude Demari
(15/20)

Article publié par Jean-Claude Demari alias JCD le 14 juillet 2011
Liste des titres

1. J'y croyais pas
2. Surveiller et punir
3. C'est pour ton bien
4. Entre Vichy et Las Vegas
5. Joe Hill's Last Will
6. Le fric, la frime, la cocaïne
7. Etranges Abysses
8. C'était pas un mec pour toi
9. Deux ex machina
10. C.R.I.S.T.I.N.A.
11. T'étais mon chien
12. Joe Hill sista vilja
13. Äquinoktium
14. Lied für Joe Hill
15. Etranges Abysses (par Skalpel)
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