Journaux et revue de gauche mais vrais faux-amis

Journaux et revue de gauche mais vrais faux-amis

Messagede Protesta le Lun 10 Avr 2017 20:27

Pour ce qui est de la revue BALLAST, elle est gracieusement distribuer dans beaucoup de librairie de gauche ou d’extrême gauche, voire Anarchiste

Ballast

Ballast, qui édite une édition spéciale Ballast Debout, est une revue éditée par les éditions Aden, soutenues pour le premier numéro par les Ateliers de Création libertaires. Aden est une maison qui édite à la fois des auteurs libertaires et des staliniens. A son catalogue on compte par exemple l’hagiographe de Staline Domenico Losurdo et l’administrateur du Grand Soir Maxime Vivas. L’éditeur assume ce mélange des genres : « Ce qui me plaît, c’est d’avoir un catalogue essentiellement axé sur la critique de la société dans laquelle on vit, et cette société peut être critiquée de diverses façons. C’est ça qui est intéressant. C’est de se dire : le point de départ est tout ce qui bouge, disons, pour être simple, à la gauche de la social-démocratie, et on contribue ensuite à transformer ces idées en bouquins afin d’alimenter le débat comme le catalogue. » (Ballast, 12 janvier 2015).
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De fait, Ballast a un objectif : faire dialoguer anarchistes et nationalistes de gauche, comme si les premiers avaient quelque chose à gagner au contact des seconds ! Alors même que le rapport de force n’est pas du tout en leur faveur. Depuis sa création, la revue s’est illustrée par des articles très discutables : sous couvert de critiquer Soral, elle lui a accordé le mérite du « charisme », avant de concéder l’existence de « groupuscules gauchistes hystériques » qui auraient, main dans la main avec Finkie, produit l’ascension inexorable de Soral (rien que ça), elle a interviewé le rappeur quenellier Médine, a dressé un portrait très complaisant de Jacques Vergès dans lequel il est à peine question de sa défense du nazi Klaus Barbie…



http://www.lesenrages.antifa-net.fr/tag ... allast/#35
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Re: Journaux et revue de gauche mais vrais faux-amis

Messagede Protesta le Lun 10 Avr 2017 20:33

Fakir, journal sexiste et anti-féministe

Et s’agissant de l’égalité hommes-femmes, Ruffin a fait cette réponse hallucinante : « J’en parle peu car il me semble que cette égalité va de soi. Fakir est un journal assez féministe, mais pas sur le plan théorique. Beaucoup de femmes y sont mises en valeur. Ceux qui écrivent sont surtout des hommes, c’est vrai. » Aux hommes l’intellect, aux femmes les apparences… Circulez, y a rien à voir !
Fakir n°53, décembre 2011-février 2012.
Fakir n°53, décembre 2011-février 2012.

De fait, pour Ruffin, on dirait que les femmes sont avant tout des ventres destinés à produire de la chair à patron (à défaut de chair à canon). Elles aussi sont sujet de moqueries : on ne compte plus le nombre de dessins sexistes publiés dans ce journal. Tout comme il est nationaliste et productiviste (mais aussi décroissant, allez comprendre…), Fakir est un journal logiquement nataliste. Si François Ruffin y parle des conditions d’accouchement en France, c’est pour mieux se mettre en scène : il a ainsi consacré dans Fakir une bande dessinée entière à la naissance de son enfant. Également, Fakir a déjà abordé la question des congés maternité. Pourtant, rien ou pas grand chose sur la contraception, l’IVG, le non-désir d’enfant… Rien non plus sur la PMA, sujet pourtant éminemment d’actualité. Bien peu ou pas du tout enfin de contenus sur les inégalités hommes/femmes au travail, ce qui est étonnant au vu de la ligne que prétend défendre Fakir.
Fakir n°48, décembre 2010.
Fakir n°48, décembre 2010.

Une seule fois il a été question de contraception dans le journal, en mars 2014, dans le cadre d’un article anxiogène, peu informatif voire désinformatif. Il s’agissait du témoignage d’une femme ayant vécu des souffrances physiques sous pilule, intitulé « Le feu dans la culotte« . Bien sûr, il n’est pas question ici de remettre en doute ce témoignage, qui contient au demeurant des éléments intéressants sur le sentiment de maltraitance médicale que vivent encore trop souvent bien des femmes dans le cadre de consultations en gynécologie. Cet article aurait donc pu être une véritable occasion d’informer les lectrices sur leurs droits et sur les différents moyens de contraception à leur disposition, leurs avantages et leurs inconvénients.

Mais sans ce type d’éclairage, il ne pouvait que laisser désarmées celles qui sont insatisfaites de leur pilule, puisque la femme qui témoigne indique qu’elle se retrouve aujourd’hui sans contraception, et que c’est finalement la seule solution alternative à la pilule vraiment présentée. Une solution qui présente un défaut majeur tout de même : le risque d’une grossesse non désirée, bien peu souligné dans l’article. Or, on peut penser que cette femme est tombée sur des médecins peu soucieux de l’informer, de l’aider dans ses choix contraceptifs et de respecter ses droits. Par exemple, elle raconte que l’un d’eux a refusé de lui poser un stérilet car elle est sans enfant. Or, cette raison, encore souvent invoquée par nombre de gynécologues, est non pertinente tant d’un point de vue médical que légal. Pourquoi Fakir n’en a soufflé mot ? Une petite recherche, par exemple sur l’excellent site de Martin Winckler, aurait pourtant permis d’éclairer sa lanterne.
Cliché anti-femmes poilues, signé Valère (oui, oui, c'est une femme !)
Cliché anti-femmes poilues, signé Valère (oui, oui, c’est une femme !)

Douteuse aussi est la réponse faite par un médecin interviewé, interrogé sur le fait qu’à aucun moment cette femme ne se soit vue proposer d’arrêter la pilule : « Ils ne sont pas toujours bien informés. Beaucoup ont la hantise d’une grossesse non désirée. Et puis, la pilule est un trésor pour les laboratoires, ils font pression de façon forte sur les médecins pour dire qu’il n’y a pas de contre-indication ni de problème. Critiquer la pilule apparaît comme nostalgique du passé, il y a une pression culturelle très efficace. D’autant que la France est le pays qui utilise le plus la contraception hormonale ! » Pour autant, peut-on relativiser ainsi la crainte d’un risque de grossesse en cas d’arrêt de contraception ? Et la hantise en question est-elle d’abord celle du médecin ou de la femme concernée ? Pourquoi ce médecin, au lieu de dire craindre d’être un passéiste s’il critique la pilule, n’indique-t-il pas qu’il existe désormais tout un panel d’autres moyens contraceptifs efficaces qu’il peut proposer aux femmes, dont plusieurs méthodes sans hormones : les spermicides (associés à un diaphragme), le stérilet en cuivre et deux méthodes définitives, la ligature des trompes et le dispositif Essure, auxquels il faudrait ajouter la vasectomie pour ces messieurs ? Et si les médecins s’estiment mal informés, n’est-il pas de leur devoir de se tenir au courant des dernières avancées médicales afin de pouvoir proposer les meilleurs soins possibles à leurs patientes et patients ? Il existe d’ailleurs des revues indépendantes de tout laboratoire, dont Prescrire est la plus connue, et que quiconque s’intéressant de manière un peu approfondie aux sujets médicaux ou au poids des labos, surtout si il ou elle est journaliste, devrait connaître, au moins de réputation.

On le voit : en matière d’information des femmes, de défense de leurs droits et de militantisme féministe, Fakir a encore beaucoup à faire. Est-ce que c’est parce que pour son grand chef, qui cite volontiers Christophe Guilluy comme une référence, tout comme pour toute une partie de la gauche dite « critique », ces questions « sociétales » que sont les droits des femmes où ceux des homosexuels, ou encore une certaine forme de lutte contre le racisme, sont vus comme des prétextes utilisés par la gauche de gouvernement pour ne pas faire de social, comme si social et « sociétal » devaient forcément s’opposer ?

D’ailleurs, les participantes et participants au meeting organisé par Fakir, Frédéric Lordon et leurs amis le mercredi 20 avril à la Bourse du Travail a Paris ont pu expérimenter le virilisme et le machisme de Ruffin. Plusieurs témoignages nous sont parvenus s’agissant de la difficulté qu’ont eu les femmes à y prendre la parole, François Ruffin ayant même été vu arrachant le micro à l’une d’elles qui voulait y lire une déclaration. Un camarade nous a transmis ce témoignage : « notons qu’à cette AG Ruffin s’est posé en grand chef et que la plupart des intervenants étaient des mecs, les femmes ont dû se battre pour avoir un peu la parole, avec peu de succès. »
Fakir n°61, été 2014.
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Re: Journaux et revue de gauche mais vrais faux-amis

Messagede Lehning le Mer 12 Avr 2017 19:16

Bonsoir !

Aaaah je déteste Ruffin de Fakir (je l'ai déjà rencontré se la pétant dans un pseudo festival militant de journaux soit-disants alternatifs). Une vraie diva !^^

Au secours !

Salutations Anarchistes !
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