ROSA LUXEMBOURG : MYTHES ET RÉALITÉS

Débats politiques, confrontation avec d'autres idéologies politiques...

ROSA LUXEMBOURG : MYTHES ET RÉALITÉS

Messagede vroum le Ven 20 Mar 2015 14:48

ROSA LUXEMBOURG : MYTHES ET RÉALITÉS 1

Source : http://monde-nouveau.net/spip.php?article569

version .pdf ici : http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/---sur_le_luxembourgisme.pdf

Il est des modes dans le mouvement révolutionnaire -- le mouvement libertaire n'en étant pas exempt -- d'idolâtrer des personnages, héros ou rédempteurs de la théorie, sans bien les connaître, ni dans les actes ni dans leurs écrits Après les modes Lénine et Trotski, plus près de nous les modes Che Guevarra et Mao-tsé-toung, au vu ou à la découverte de leurs réalisations pratiques que l'on ne peut plus mettre sur le seul Staline, est venue la mode de l'anti-léninisme. Cette mode classe les vrais marxistes, communistes de conseil ou conseillistes, qui, sur des positions différentes et même contradictoires, se retrouvent sur des positions anti-bolcheviques et portent les noms de Karl Korsch, Paul Mattick, Anton Pannekoek, Otto Rühle, Helmut Wagner, Bordiga, etc. Cependant, c'est incontestablement le nom de Rosa Luxembourg qui sera le plus en vue, ceci, depuis longtemps, et sujet à bien des déformations et des récupérations. Bien sûr, l'ultra-gauche, qui s'appelle ainsi pour se différencier de l'extrême-gauche trotskiste ou maoïste, en fait, les conseillistes, se l'annexe. Les communistes et socialistes, sans en parler beaucoup, essaient tout de même de la garder dans leur patrimoine. Après Trotski, oubliant qu'il avait été une de ses cibles principales, ce sont les trotskistes qui essaient d'en faire un emblème pour la Quatrième Internationale. Même des libertaires, non anarchistes, verront en elle la synthèse pratique et théorique du marxisme et de l'anarchisme.

Cette femme, courageuse tant physiquement que théoriquement, participant à la révolution allemande, dénonçant la dictature dans la révolution russe, et, enfin, assassinée après avoir été torturée par des sociaux-démocrates allemands, réunit incontestablement tous les ingrédients d'un mythe, auquel il faut ajouter le silence sur ces écrits. Les mythes sont souvent utilisés pour légitimer des positions politiques intéressées par le parrainage d'une grande figure historique. Tant que ses écrits n'étaient pas imprimés, certains oublièrent sa critique de la révolution russe et des conceptions ultracentralistes de Lénine et de Trotski sur le Parti, ses conceptions de l'impérialisme en désaccord avec celles de Lénine, ses conceptions sur la spontanéité et la grève générale. D'autres [oublièrent] son attaque contre les « révisionnismes » de Bernstein et de Kautsky, son attaque contre les conceptions de la dictature du prolétariat de Lénine et de Trotski au nom du marxisme. C'est aussi en bonne marxiste qu'elle attaquera l'anarchisme, non au travers d'une critique théorique, mais, comme ces prédécesseurs, au travers de déformations conscientes de l'anarchisme et de calomnies. Cela frisera même la démence, tant elle était préoccupée par la nécessité de se défendre elle-même de l'accusation proférée à son égard par beaucoup de communistes. Elle-même, d'ailleurs, traitera Bernstein d'anarchiste ; les marxistes actuels ont de qui tenir... Les anarchistes n'en attendaient pas moins d'elle, n'étant pas antimarxistes depuis 1917, mais théoriquement depuis Proudhon, et pratiquement depuis Bakounine et la Première Internationale, l'Association internationale des travailleurs. Il doit être évident pour le lecteur qu'il n'est nullement question de faire une description objective du luxembourgisme, pour cela rien ne peut remplacer la lecture des textes de Rosa Luxembourg, mais plutôt de nous intéresser aux points importants de sa doctrine en vue d'une critique anarchiste. Nous laisserons donc de côté la théorie de l'accumulation élargie et de l'impérialisme, qui n'a d'intérêt capital que pour les marxistes, c'est même certainement pour eux le point le plus important ; Henri Lefèvre écrit :

« Seule Rosa Luxembourg ouvrit le marxisme sur sa propre problématique, alors que la plupart des autres, sinon tous, l'ont bloqué ».

D'un intérêt capital pour le marxisme, il ne l'est pas pour l'anarchisme, d'une part parce que rejetant les postulats économiques marxistes nous rejetons à plus forte raison les développements qui en sont issus, d'autre part parce que ce n'est pas sur ce point que le luxembourgisme s'est constitué et a fait mirage.

RÉVOLUTION RUSSE ET BOLCHEVISME

Sa critique de la révolution russe dirigée par le bolchevisme, c'est la matérialisation de sa critique de la conception léniniste et trotskiste (lorsque Trotski rejoint Lénine) du Parti, c'est-à-dire le centralisme jacobin, et l'aspect blanquiste de l'infaillibilité du comité central dans le Parti et l'infaillibilité du Parti dans la révolution. Il faut donc donner acte à Rosa Luxembourg de ne pas avoir attendu la révolution russe pour engager le débat au sein des partis marxistes, que l'on appelait alors socio-démocrates, puisqu'elle écrit dès 1903-1904 un article : « Question d'organisation de la social-démocratie russe », où l'on trouve :

« Fonder, comme Lénine, le centralisme dans la social-démocratie sur ces deux principes : la subordination aveugle de toutes les organisations jusque dans les moindres détails vis-à-vis du centre, qui, seul, pense, travaille et décide pour tous, et la séparation rigoureuse du noyau organisé par rapport à l'entourage révolutionnaire, cela nous paraît donc une transposition mécanique des principes conspirateurs d'organisations blanquistes dans le mouvement socialiste des masses ouvrières ». Elle écrit plus loin : « Le centralisme social-démocrate ne saurait se fonder ni sur l'obéissance aveugle, ni sur une subordination mécanique des militants au centre du Parti. D'autre part, il ne peut exister de cloisons étanches entre le noyau prolétaire conscient, organisé dans les solides cadres du Parti, et les couches ambiantes du prolétariat, déjà entraîné dans la lutte de classes et chez qui la conscience de classes s'accroît sans cesse ».

Notons au passage que Trotski fait les mêmes critiques contre Lénine à la même époque, 1904, dans son livre Les Tâches politiques 2, où, répondant au livre Que faire ?, de Lénine, il le traite de chef de l'aile réactionnaire de la social-démocratie. Il oubliera cela lorsqu'il sera au pouvoir et n'entendra pas les critiques de Rosa Luxembourg et de ses amis, puis il retrouvera un morceau de celles-ci contre la bureaucratie lorsqu'il sera évincé du pouvoir (le pouvoir nous a habitués à ces revirements, mais il est important que cela soit dit d'un personnage qui passe pour le modèle de l'anti-stalinisme, mais qui n'est en fait qu'un Staline manqué). Cohérente avec ses critiques précédentes du jacobinisme léniniste, elle critique, dans la révolution russe, la suppression de la liberté de la presse d'association et de réunion. Elle accuse les chefs bolcheviques d'étouffer la révolution par ces mesures et de pratiquer la dictature comme la bourgeoisie.

Pour elle, la dictature « consiste dans la manière d'appliquer la démocratie, non dans son abolition... Mais cette dictature doit être l’œuvre de la classe et non d'une petite minorité dirigeante, au nom de la classe ».

« La liberté pour les seuls partisans du gouvernement, pour les seuls membres d'un parti, aussi nombreux soient-ils, ce n'est pas la liberté. » On peut noter, enfin, ce qu'elle écrivait par rapport aux anarchistes dans la révolution russe de 1905 dans sa brochure Grève de masse, Parti et syndicats : « Quel est le rôle joué par l'anarchisme dans la révolution russe ? Il est devenu l'enseigne de voleurs et de pillards vulgaires : c'est sous la raison sociale de "l'anarcho-communisme" qu'ont été commis une grande partie de ces innombrables vols et brigandages chez les particuliers, qui, dans chaque période de dépression, de reflux momentané de la révolution, font ravage. L'anarchisme dans la révolution russe n'est pas la théorie du prolétariat militant mais l'enseigne idéologique du lumpenprolétariat contre-révolutionnaire fondant comme une bande de requins dans le sillage du navire de guerre de la révolution. Et c'est ainsi sans doute que finit la carrière historique de l'anarchisme. »


Pour ne pas se contredire, elle ne parlera plus d'anarchisme dans la révolution russe, et ne verra en Ukraine que le nationalisme petit-bourgeois, ce qui fait preuve d'une mauvaise foi notoire, même si elle est assassinée en mai 1919.

SPONTANÉITÉ ET GREVE GÉNÉRALE, PARTI ET SYNDICATS

De cette critique du léninisme et du trotskisme (sur laquelle nous reviendrons plus loin), du substitutionnisme ou centralisme démocratique, (le Parti à la place du peuple, le comité central à la place du Parti, etc.), Rosa Luxembourg tirera sa théorie de la grève générale, des relations entre masses, syndicats et Parti et son affirmation que les luttes économiques sont des luttes politiques. Pour faire sa proposition sur la grève générale, qu'elle appelle plutôt grève de masse, elle commence par attaquer la grève générale sociale, et ce, sur plusieurs pages, dans sa brochure : Grève de masse, Parti et syndicats. Reprenant la vieille critique d'Engels contre Bakounine, l'accusant de fabriquer artificiellement les révolutions, elle écrit :

« La grève générale est, dans le programme de Bakounine, le levier qui sert à déclencher la révolution sociale. Un beau matin, tous les ouvriers de toutes les entreprises d'un pays ou même du monde entier abandonnent le travail, obligeant ainsi, en quatre semaines tout au plus, les classes possédantes soit à capituler, soit à attaquer les ouvriers, si bien que ceux-ci auraient le droit de se défendre, et par la même occasion d'abattre la vieille société tout entière ».

Elle continue à ridiculiser l'anarchisme en écrivant :

« Pour la conception anarchiste des choses en effet, la spéculation sur le "grand chambardement", sur la révolution sociale, n'est qu'un caractère extérieur et non essentiel : l'essentiel, c'est la façon toute abstraite, anti-historique, de considérer la grève de masse ainsi d'ailleurs que toutes les conditions de la lutte prolétarienne. L'anarchisme n'envisage que deux conditions matérielles préalables de ces spéculations "révolutionnaires" : c'est d'abord "l'espace éthéré" et ensuite la bonne volonté et le courage de sauver l'humanité de la vallée de larmes capitaliste où elle gémit aujourd'hui... Le malheur a toujours été pour l'anarchisme que des méthodes de lutte improvisées dans "l'espace éthéré" se sont toujours révélées de pures utopies ; en outre la plupart du temps, comme elles refusaient de compter avec la triste réalité méprisée, elles cessaient insensiblement d'être des théories révolutionnaires pour devenir les auxiliaires pratiques de la réaction. »

Après cette falsification de l'anarchisme, elle déclare que sa théorie de la grève de masse est « dirigée contre la théorie anarchiste de la grève générale » et par l'utilisation de la dialectique comme seuls peuvent le faire les marxistes, elle conclut en écrivant :

« Ainsi la dialectique de l'histoire, le fondement de roc sur lequel s'appuie toute la doctrine du socialisme marxiste, a eu ce résultat que l'anarchisme auquel l'idée de la grève de masse était indissolublement liée, est entré en contradiction avec la pratique de la grève de masse elle-même ; en revanche la grève de masse, combattue naguère comme contraire à l'action politique du prolétariat, apparaît aujourd'hui comme l'arme la plus puissante de la lutte politique pour la conquête des droits politiques ».

Ces attaques contre l'anarchisme faites, tout son ouvrage sera rempli de petites remarques sur l'anarchisme ou Bakounine. Qu'en est-il donc de cette fameuse grève de masse ? 1) Il est absolument faux d'imaginer la grève de masse comme une action unique, la grève de masse est bien plutôt un terme qui désigne collectivement toute une période de lutte de classes s'étendant sur plusieurs années, parfois sur des décennies... 2) Mais si nous considérons non plus cette variété mineure que représente la grève de démonstration, mais la grève de lutte, telle qu'aujourd'hui en Russie elle constitue le support réel de l'action prolétarienne, on est frappé du fait que l'élément économique et l'élément politique sont indissolublement liés... 3) Enfin les événements de Russie nous montrent que la grève de masse est inséparable de la révolution. L'histoire de la grève de masse en Russie se confond avec l'histoire de la révolution 3... Ceci n'est en fait, ni plus ni moins, que la lutte pour le gouvernement des soviets. La spontanéité a sa place dans le fait que cette grève de masse est déclenchée par les masses et non pas par le parti social-démocrate qui, lui, doit plutôt s'intéresser à prendre la direction de ce mouvement lorsqu'il se déclenche et n'a pas à s'intéresser au mécanisme de déclenchement de cette grève de masse. Rosa Luxembourg attribue donc les rôles aux masses, syndicats et Parti, et elle exclut une entente totale entre les chefs des syndicats et ceux du Parti qui incarnent pour elle « la séparation des formes du mouvement ouvrier ». Pour elle, la division n'est pas lutte économique pour les syndicats et lutte politique pour le Parti mais « la lutte syndicale embrasse les intérêts présents, la lutte socialiste les intérêts futurs du mouvement ouvrier ». En fait « le rapport des syndicats au Parti socialiste est, en conséquence, celui d'une partie au tout ». Et : « Le mouvement ouvrier allemand revêt de la sorte la forme particulière d'une double pyramide, dont la base et le corps sont constitués par une même masse, mais dont les pointes vont s'éloignant l'une de l'autre ». Il faut donc, pour ces deux organisations « adapter leurs rapports réciproques à la conscience de la masse prolétarienne : il s'agit de rétablir, entre la direction de la social-démocratie et les syndicats, le rapport naturel qui correspond au rapport de fait dans le mouvement ouvrier ». Forte de ces démonstrations, sa définition du parti devient :

« La social-démocratie est l'avant-garde la plus éclairée et la plus consciente du prolétariat. Elle ne peut ni ne doit attendre avec fatalisme, les bras croisés, que se produise une "situation révolutionnaire" ni que le mouvement populaire spontané tombe du ciel. Au contraire, elle a le devoir, comme toujours, de devancer le cours des choses, de chercher à le précipiter... en faisant comprendre aux couches les plus larges du prolétariat que la venue d'une telle période est inévitable... Pour entraîner les couches les plus larges du prolétariat dans une action politique de là social-démocratie, et, inversement, pour que la social-démocratie puisse prendre et garder la direction véritable d'un mouvement de masse, et être à la tête du mouvement au sens politique du terme ».

« LUXEMBOURGISME » ET ANARCHISME

Nous pourrions nous demander tout d'abord si le « luxembourgisme » existe et quelle est son originalité? Nous sommes tentés de constater que Rosa Luxembourg tient les propos de bon nombre de marxistes lorsqu'ils ne sont pas au pouvoir, un marxisme à visage humain où la discussion et la persuasion sont reines. Car en fait, ce n'est pas l'essentiel du bolchevisme qui est attaqué, mais uniquement ses stratégies, et ce, sur la base d'un marxisme des plus orthodoxes et souvent des plus économiques. Le mirage, ou l'escroquerie de Rosa Luxembourg et de tous ceux que l'on représente comme les dissidents, provient du fait que l'on privilégie leurs critiques du léninisme, du jacobinisme, du centralisme, de la suppression de la liberté d'expression ; toutes critiques qui semblent très libertaires. Mais outre le fait qu'ils réclament la liberté d'expression parce qu'en fait, ce sont eux les victimes, car ils ne peuvent s'exprimer dans le mouvement communiste international (Trotski contre la liberté d'expression deviendra pour lorsqu'il sera exclu), on remarque à peine leurs propositions.

On s'apercevra alors qu'ils sont plus sectaires que Lénine, auquel ils reprocheront de ne pas avoir suivi à la lettre les préceptes de Marx. La conception de Rosa Luxembourg de la grève de masse, des syndicats et du Parti est des plus totalitaires et des plus éloignées de l'anarchisme. Elle engage le syndicalisme dans la lutte politique, parlementaire s'il le faut, pour en faire un bon soutien au Parti, et le syndicat n'est plus subordonné au Parti mais est une partie de la social-démocratie : seule la course au pouvoir compte. Alors qu'elle écrit masses souvent au pluriel, et syndicats toujours au pluriel, Parti, lui, est toujours au singulier. Lui est armé du matérialisme historique, et l'on ne fait pas la révolution par idéal, mais parce que inscrit comme nécessité historique après l'effondrement du capitalisme dû à « la baisse fatale du taux de profit », et à la limite des débouchés extérieurs nécessaires à l'impérialisme :

« La plus grande conquête de la lutte des classes prolétarienne au cours de son développement a été la découverte que la réalisation du socialisme trouve un appui dans les fondements économiques de la société capitaliste. Jusque là, le socialisme était un idéal, l'objet de rêves millénaires de l'humanité ; il est devenu une nécessité historique ».

Elle reproche même à certains de concevoir un « socialisme fondé sur des notions morales de justice, la lutte contre le mode de répartition des richesses plutôt que contre le mode de production ; une conception des antagonismes de classes réduit à l'antagonisme entre pauvres et riches ».

Qu'importe que l'Homme soit plus heureux, pourvu que l'Histoire se déroule ! Tout cela est du marxisme pur et dur, et les divergences avec Lénine et Trotski sont des plus minimes, sur la forme. Elle voudrait, par souci d'efficacité, que tout cela se fasse par la persuasion, et que les chefs de la social-démocratie soient reconnus, non pas du droit divin mais du droit de l'Histoire, et ne s'imposent pas par des moyens coercitifs. Il y a chez elle ce mythe que le marxisme n'est pas une idéologie mais la science du prolétariat, et, pourvu qu'on prenne le temps sans brusquer les gens, le mouvement ouvrier dans son ensemble, par nécessité historique, deviendra marxiste. Lénine et Trotski seront bien plus réalistes et arriveront, par la force et l'intrigue, à faire entrer le mouvement ouvrier dans la lutte politique, et ce, dans le monde entier, grâce à la IIIe Internationale, l'Internationale syndicale rouge et le Parti ayant un même sommet et faisant coïncider le plus possible la base, entraînant cette conception dans tous les partis socialistes, communistes, fascistes et cléricaux. Dans « le Monde libertaire » hebdomadaire du 6 janvier 1983, Jean-Marc Raynaud écrivait :

« Et là, à l'ombre d'Anton Pannekoek ou de Rosa Luxembourg, ils peuvent alors rêver tout haut d'un marxisme qui ne sécréterait pas le totalitarisme et d'un parti d'avant-garde vacciné contre le léninisme et le stalinisme. Et ils ne se privent pas de rêver, et de rêver encore ».

Cela pour les militants sincères, mais d'autres, politiciens, essaient de refaire une virginité au marxisme, et tels l'U.R.S.S. ou les P.C. condamneront le stalinisme pour continuer la même chose, ils peuvent condamner le léninisme et faire la même chose. Le trotskisme est la dernière sentinelle du stalinisme et de l'U.R.S.S. Son rôle est de récupérer les déçus et de les maintenir dans la périphérie du stalinisme (défense inconditionnelle de l'U.R.S.S.), en clamant l'âge d'or du bolchévisme, ou de les écoeurer à jamais de tout travail social. Le « luxembourgisme » est le rempart, certainement le dernier, du marxisme, basé sur des mythes et le non-exercice du pouvoir, chargé de ramener le troupeau au bercail du vrai marxisme : celui qui fait la même chose sous un autre verbiage philosophique vantant le paradis. Une fois la sentinelle dépassée et le rempart franchi, ce sera enfin le marxisme qui sera au banc des accusés. Et certains s'étonneront que la critique du marxisme et l'entrevue des conséquences de son application étaient déjà faits, non par des voyants ou des prophètes, mais par des anarchistes réfutant, sur la base de leur théorie, les aspects dialectiques, philosophiques, économiques et éthiques du marxisme, fussent-ils de Marx jeune.

Groupe Malatesta de la Fédération anarchiste.

Notes :

1 texte du groupe Malatesta de la Fédération anarchiste.

2 Lire : Nos tâches politiques (1904). (Note de Monde-nouveau.)

3 Le principe de la grève générale a été adopté par le CGT, à l'unanimité moins une voix, lors du congrès national des chambres syndicales et groupes corporatifs ouvriers tenu à Paris en 1893. A ce congrès ne figuraient évidemment pas que des anarchistes, bien qu'il y en eût quelques-uns. La grève générale n'est pas une idée particulièrement « anarchiste » : elle avait déjà été discutée lors des congrès de l'AIT. Elle a ensuite été reprise par le courant syndicaliste révolutionnaire de la CGT. Contrairement aux propos d'Engels, les délégués du congrès avaient conscience qu'il fallait envisager la grève générale avec prudence : le rapporteur de la séance précise bien que « la grève générale, c'est la révolution sociale ». (http://monde-nouveau.net/spip.php?article284) (Note de Monde-nouveau.)
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