Comment ne pas donner d'identité en garde a vue et ressorti

[bajotierra]

TEMOIGNAGE DE LA GARDE A VUE DE MONSIEUR X.
Ou comment ne pas donner d'identité en garde a vue et ressortir libre et non accusable.

Vendredi 6 Mars 2015.


Une expulsion dans le Tarn.
Je suis mis en Garde A Vue (GAV) sur les lieux de l'expulsion a 14h20.
L'Officier de Police Judiciaire (OPJ) me demande de décliner mon identité car je n'ai pas de papiers sur moi. Je refuse.
Il me lit mes droits, me propose de voir un médecin. J'accepte.
Me demande le nom de mon avocat, me lit le chef d'accusation : « Participation sans armes a un rassemblement apres somations de dispertion »

Je refuse de signer la mise en GAV. Ils m'emmenent en voiture a la gendarmerie d'Albi. Durant le trajet les deux OPJ sont très sympathiques, nous discutons. Ils essayent de glaner des infos sur moi et sur le rassemblement au fil de la discution. Ils insitent légerement sur mon identitée, m'expliquant que ça vas rallonger la procédure etc etc...

Nous arrivons a la gendarmerie. Les deux OPJ m'emmenent dans leur bureau. Ils continuent a insister de plus en plus lourdement sur mon identitée. Je ne leur donne rien,je leur explique que c'est politique, que c'est pas contre eux ou pour les faire chier.

Ils font venir le medecin. Je ne souffre pour l'instant d'aucune blessure mais j'ai décidé de demander un examen médical avant la GAV pour pouvoir en faire un autre, comparatif, après la fin de la GAV au cas ou je me fasse défoncer la gueule entre temps.
Il m'examine très rapidement. Me pose quelques questions personelles, au hasard de la conversation, c'est louche. Lui aussi vas finir par insister sur mon identitée. Je ne lui dit rien.

Ils me mettent en cellule.

Ils me sortent de cellule en fin d'aprem'. Ils me disent avoir apellés mon avocate qui ne seras pas la avant demain, raison de plus pour ne pas ralonger encore la GAV et lacher mon identitée maintenant. Je refuse. Ils m'auditionnent, je ne déclare rien et répond par oui ou non aux questions auxquelles je souhaite répondre.
Mon etat civil est une suite de X et Y.
Je refuse le chef d'inculpation et ne le signe pas. Ils m'annoncent que maintenant ils vont procéder a une vérification d'identitée grace a mes empreintes digitales car je refuse de leur donner un nom ou des papiers. Je leurs répond très clairement que je ne veut pas qu'ils prennent mes empreintes.
Ils m'expliquent alors qu'on ne peut pas refuser la vérification d'identitée.
« On a du te dire qu'on peut refuser le fichage ADN et les empreintes et photos, c'est vrai, mais les empreintes pour la verification d'identitée c'est totalement different ! On ne peut pas les refuser ça n'existe pas ça.» me disent-ils.

Je persiste et leur fait savoir mon refus.
C'est alors que des deux OPJ qui jusqu'à présent jouaient le rôle du « flic gentil », un devient immediatement (et ce jusqu'à la fin) le « flic méchant ». Agressif et violent donc.

L'interogatoire change de style. Claques derrière la tête et bousculades deviennent de rigeur. On m'explique que l'on vas prendre mes empreintes digitales de forces puisque je n'accepte pas de mon plein grès et que si je m'oppose physiquement a la verif' d'indentitée on vas rajouter « Outrage et Rebéllion » aux chefs d'inculpations.
Je vois arriver « flic méchant », je m'assied donc sur mes deux mains. Il m'attrape par le tee-shirt et me traine jusqu'à la salle où s'effectue la prise d'empreintes. Là il me fait une clef de bras et prend ma main de force et essayant de l'appuier sur l'encre. Je serre le poing, je me débat. Il lache l'affaire, me remet des menottes et me confie a « flic gentil » qui vas me remettre en cellule.
Juste avant de m'enfermer « flic gentil » tente une dernière manipulation mentale pour obtenir mon identitée. Je refuse.

Je m'endors.

Vers 20h « flic gentil » me reveille, me demande si j'ai faim. Je lui dit que oui. C'est alors qu'il m'explique que si je ne lui donne pas mon nom et mon prénom je ne mangerais pas...

Soit, je ne mange pas.

Une amie dans la cellule d'à coté me fait savoir qu'ils lui montrent des photos de moi et lui demandant de m'identifier. Elle ne lache rien.

Le lendemain matin il ne reste plus que « flic gentil », il me réveille et re tente un petit coup de manipulation mentale genre « tous tes copains on lachés, il reste que toi, tu est tout seul … »
« lache l'affaire ça sert a rien on est en train de la trouver etc.. »
Je ne dit rien.

Je voit mon avocate vers les 11heures du matin. Je lui explique mon système de defense : Je ne décline pas mon identitée, je ne signe rien, je ne déclare rien.
Elle m'explique ce que j'encours : Dans le pire des cas 48h de GAV au lieu des 24h initiales, 48h durant lesquelles j'aurais carrément le temps de craquer. Normalement si a la fin de la GAV ils n'ont toujours pas mon nom, ils me laisserons partir avec une convocation pour tel jour a telle heure au nom de Monsieur X pour tel chef d'inculpation.
Apres le cour entrevu, je décide de continuer comme ça.

Une nouvelle audition, en présence de l'avocate cette fois. Je refuse une nouvelle fois de décliner mon identitée. Je ne répond que par oui ou non aux questions auxquelles je souhaite répondre, ignorant les autres. Et je déclare la raison de ma présence sur ce lieu a ce moment. Puis j'explique que je ne dirais plus rien.
Il me montre une nouvelle fois les documents m'accusant.
Je refuse de les signer. Je ne signe pas ma déclaration non plus.
Mon avocate s'en vas.

Il me remet en cellule.


Il me sort de cellule, prend des photos de moi de force en me plaquant au mur.

Je demandait depuis le début de la journée un verre d'eau et des mouchoirs. Il me monte dans son bureau, l'eau et les mouchoirs sont sur la table. Je prend le verre d'eau en faisant bien attention de ne pas y mettre les doigts dessus. Je me mouche.
A ce moment, « flic gentil » prend mon mouchoir (sans gants) et m'explique que « ça, c'est pour le labo... ! », que ce mouchoir vas etre analysé pour y prélever mon ADN et permettre ainsi de m'identifier.

Je lui explique calmement que c'est une saisie com-plé-te-ment illégale, que le procureur vas se foutre de sa gueule et que les experts a miami c'est a la télé. De plus il a pas mis de gants en touchant le mouchoir.

Il pérsiste et essaye de me convaincre que ça y est je suis foutu.

Un quart d'heure après il me dit que c'est la fin de la GAV, je refuse de signer la sortie de GAV et la saisie du mouchoir.

Je sort sans convocation. Sans accusation. Sans rien.




Ne rien lacher en Garde a Vue, c'est possible !
Violences physique, violences psychologique, manipulation mentale, sympathie débridée : ils peuvent tout essayer pour te faire craquer.
Si tu ne lache rien en 24h, il leur faut un bon motif pour te garder 24h de plus. Le refus de verification d'identitée peut en etre un, si le chef d'inculpation (ce de quoi on t'accuse) est suffisament grave. Si tu lache rien en 48h, ils ne peuvent rien faire a part te mettre en préventive si le délit est assez grave.

Ne fait pas confiance au docteur.e, il travaille avec les flic.que.s.
Ne fait pas confiance a l'avocat.e, il peut te menacer de multiples manières.
Ne fait (bien sur) pas confiance aux flic.que.s. Qu'illes soit super chouettes et te payent des clopes toute la journée ou bien qu'illes te mettent des claques dans la gueule.



Monsieur X.

[l'étrangère]

On voit bien là que lorsqu'on lâche et qu'on laisse l'autre glisser sur nous, que nous cédons pas à l'intimidation et que notre pensée reste à l'intérieur de nous, nous sommes libres. C'est comme une balance quand l'un est en haut l'autre est en bas...