rubion a écrit: Je pense que les révolutionnaires de façon organisé on un rôle primordial dans le processus de prise de conscience au sein de la classe ouvrière et que si il ne sont pas à la hauteur de ce rôle la révolution échouera.
Bah certes, mais malheureusement, et comme d'habitude, on risque de rester sur notre faim, car une fois dit, je ne trouve plus de nourriture côté pratiques. On va donc là vite tourner en rond...
il y a une critique du syndicalisme que je partage. j'ai même partagé cette forme d'antisyndicalisme que vous portez et avec le même type d'arguments. Mais lorsque l'on veut agir et être au plus près des travailleurs-euses, cette question syndicale s'est posée. Le développement de la CNT-le syndicat, mais surtout la création des SUDs ont permi la création d'espaces intéressants (voire incontournables, au moins de mon point de vue localement). Et si je parle d'espace c'est que je pense que c'est cette dimension qui est importante, plus même pour moi et d'autres camarades que la dimension revendicative en elle même. J'en avais aussi parlé par ailleurs dans le topic "la grève est elle défaite". Car notre conception du syndicalisme, qui diffère en ce sens de la conception marxiste traditionelle, amène une dimension politique et révolutionnaire. Comme nous estimons que les syndicats doivent être indépendants et autonomes, que nous n'avons pas cette conception du parti au dessus de tout, on leur donne une dimension de premier plan. Nous estimons parce que la question du politique et des choix de société doivent être partagés par le plus grand nombre que ces espaces peuvent permettre aussi une appropriation de ces questions. On le voit bien d'ailleurs dans les parties que j'ai cité plus haut du texte d'orientation adopté au congrès Solidaires 37, par exemple. Les libertaires attachent aussi beaucoup d'importance à la question interprofessionelle et oeuvrons non seulement à apporter du contenu et du sens mais aussi du lien. Et au delà des questions strictement liées au monde du travail, nous avons et amenons une dimension plus globaliste et politique au sens large (anti-capitalisme, féminisme, écologie, anti-racisme, contre les atteintes aux libertés, internationalisme...)
Nous sommes conscients que cette dimension revendicative est à la fois moteur et évidemment indispensable en terme de dynamique, et en même temps source d'intègration possible si l'on ne conçoit le syndicalisme que dans cette fonction. Nous sommes aussi conscients, comme je le disais plus haut que la question du fonctionnement, du contrôle des mandatés et de la rotation est de première importance aussi pour parrer aux risques de bureaucratisation. Bref, et puisque dans votre presse on est évidemment, et trop souvent, assimilés à des "traitres" et des "contre-révolutionnaires" on trouvera là une partie de l'argumentation dans laquelle il y a à la fois le sens, les questionnements et critiques partagées, les divergences sur la conception à la fois du rôle donné au parti et du rôle donné au syndicat et plus largement à ce type de structuration. En tout cas je pense que la différence repose sur le rapport à la pratique avant tout, car s'enfermer dans sa tour d'ivoire ne permet pas d'être auprès de la population. Et ce rapport à la pratique porte des inconvénients, des erreurs, des échecs, des questionnements et interrogations, bref des choses toutes naturelles en fait. L'important c'est dans le rapport au sens et au contenu, le rapport théorie/pratique/théorie..., et aussi et surtout dans les échanges nécessaires là dessus entre militants révolutionnaires qui pratiquent.
Alors, pour essayer d'arriver malgré celà à dégager des pistes où nous pourrions anarchistes révolutionnaires, commnunistes-libertaires et ultra-gaughe échanger à partir de pratiques communes, il y avait aussi dans un de mes posts plus haut un exemple extra-syndical d'espace à créer, car nous expérimentons aussi dans ce domaine. Et, l'extrait du tract d'appel de syndiqués et non syndiqués que les militants du Collectif Alternative Libertaire local avaient impulsé, et qui à été repris notamment par Solidaires 37, que j'ai mis plus haut, peut faire partie justement, s'il y a volonté de pratique réelle, des éléments et pistes à partager. J'avais aussi créé un topic pour discuter là desssus et échanger, qui est descendu dans les méandres du forum, ce qui est aussi significatif du rapport à la pratique et à la réflexion là dessus pour beaucoup des membres de ce forum dans ce domaine : viewtopic.php?f=12&t=491 . En tête de ce topic çà a fait un article du journal du "petit noir" n°1. Si pour moi certains syndicats peuvent constituer des espaces du possible, d'autres espaces plus larges sont à imaginer, inventer et créer pour construire de l'unité à la base, de l'auto-organisation, et des espaces non seulement de luttes mais aussi de rencontre, d'échanges et d'élaboration; des espaces où se croiseront et se melleront des travailleurs des précaires, des chomeurs, des lycéens, des étudiants..., des espaces qui peuvent se décliner de manière différentes et dans des endroits différents (on peut en imaginer dans les quartiers par exemple). Cette démarche est plus portée d'ailleurs par le courant libertaire que par l'extrème gauche traditionelle, le NPA étant par exemple une réponse toute faite en terme de création d'espaces plus élargis et militants mais autour de la création d'un parti qui évidemment ne peut unifier très large, mais qui en plus porte des illusions (électoralistes, réformistes...), sans compter les divergences de fond sur le rôle du parti (nous commençons d'ailleurs à être confrontés dans le champ syndical par exemple à des véléités de ce nouveau parti à être "porte parole des mouvements sociaux", et à vouloir peser dans la vie syndicale d'une manière que l'on ne peut que condamner et rejeter).
Et donc si on arrive à porter ce type de démarche et de dynamique, ce qui est loin d'être simple et facile, d'autant que nos forces militantes sont peu nombreuses et déjà très occupées, on aura peut-être la possibilité de se croiser d'avantage...Celà vaut aussi en partie pour réponse à Joe. Car pour m'être énormément impliqué dans les années 80 dans la question et la pratique ("jeunes contre la galère" et construction de réseau national...) autour de l'organisation des chomeurs et précaires, je sais que l'on ne peut donner au "précaire" cette image centrale du sujet révolutionnaire moderne qu'avait voulu construire une partie du mouvement autonome de l'époque, comme de certains totos d'aujourd'hui, et que la question de l'organisation des travailleurs est importante.
Et donc c'est bien dans la création d'espaces unifiants à la base qu'il y a des pistes à fouiller, des expériences à mener...ensemble !