inQu’est-ce que la démocratie ?
Nous sommes en présence d’un détournement sémantique qui n’est pas anodin mais la conséquence du triomphe de la « révolution bourgeoise » créatrice d’un bloc imaginaire, issu de la Grande Révolution, qui construit l’espace public de la représentation, et qui méconnaît, écarte et réprime les formes alternatives plébéiennes des assemblées primaires, mandats contrôlés et souveraineté directe du peuple, toutes formes présentes d’emblée dans l’action révolutionnaire. [6]
Par ailleurs, c’est dans les pages où Tocqueville anticipe sur l’état d’une société d’individus, privés, anonymes et échangeables, que sa vision paraît plus en accord avec notre société démocratique. Ce qui était une menace est devenu une réalité : une foule innombrable d’hommes « qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils remplissent leur âme ». Cette sorte de servitude réglée, douce et paisible, « pourrait se combiner mieux qu’on ne l’imagine avec quelques-unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s’établir à l’ombre de la souveraineté du peuple. [...] Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent ». [36]
Les « démocraties modernes » dans leur réalité
JPEG - 8.8 ko Cette idée « faible » de la démocratie correspond au régime politique « démocratique », bien connu, des sociétés occidentales, et qui tend, non sans difficultés, à se généraliser au reste du monde. Ses caractéristiques sont bien établies : le pouvoir est de type techno-bureaucratique, de plus en plus spécialisé, complexe, fragmenté, insaisissable [13] ; il appartient à une oligarchie dite « libérale », entièrement asservie aux objectifs de profit et de croissance économique, qu’elle assimile au progrès, et toujours disposée, quand cela devient nécessaire, à substituer la répression au libéralisme ; la majorité parlementaire qui se borne pour l’essentiel à entériner les mesures élaborées dans le secret des commissions spécialisées relève intégralement d’une démocratie médiatique : un monde de personnages, dans lequel « les élections sont devenues des concours de beauté entre dirigeants charismatiques soutenus par les appareils des partis ». [14] Ce type de fonctionnement génère, au grand dam des acteurs et des observateurs du politique, une « déception démocratique » qui s’exprime par l’indifférence envers les débats politiques, l’inculture politique, l’abstention électorale, l’inconsistance et la contingence des choix électoraux, le sentiment généralisé d’impuissance et la disposition à suivre les exhortations de tel ou tel bateleur fort en gueule, l’investissement exclusif dans des objectifs individuels privés, etc. Un « régime démocratique » enfin qui est tout disposé à organiser, le moment venu, le démantèlement des protections sociales qu’avaient imposées, au long des décennies, des luttes sociales souvent acharnées. [15]
Nous voulons la mort de la gauche pour aider la lutte, nous voulons la mort de la gauche tout autant que celle de la droite et du capitalisme.
Nous voulons détruire la gauche car elle empêche toute prise de conscience collective, elle freine toute initiative de renversement d’une société que nous rejetons tous : toute initiative révolutionnaire.
Non, ce texte n’a pas pour but de s’attaquer aux partis déjà haïs de la gauche plurielle. Car nous savons déjà que cette gauche est critiquable de par ses positions, de par ses actions, et de par le simple fait d’exister en tant que partis politiques, par le simple fait de réclamer le pouvoir.
Ce texte a été écrit pour critiquer la gauche, quelle qu’elle soit. Son existence même. La gauche telle qu’elle est en 2003, dans ses partis, dans ses mouvements (l’altermondialisation pour n’en citer qu’un). La gauche qu’elle soit institutionnelle ou non. Pas seulement celle qui expulse les squatteur- euses et les sans- papier- e- s, qui se fout des travailleurs, qui pactise avec le Medef, qui lutte pour le pouvoir, qui use de tous les artifices de la société capitaliste.
Toute la gauche. Celle qui milite. Celle qui réclame, qui proteste gentiment, qui veut réformer le capitalisme... Celle qui se dit libertaire, qui se complait dans le tourisme militant et dans ses revendications...
Pour répondre à Bangbang, tu me dis que nous sommes dans une démocratie et ensuite tu me dis que le peuple n'a pas le pouvoir. Si j'ai citer le grec c'est justement pour appuyer sur la différence entre la vrai définition (pouvoir au peuple) et la définition donnée par le système pour se glorifier.
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