Codename Utopia, projet de société alternative

Débats politiques, confrontation avec d'autres idéologies politiques...

Codename Utopia, projet de société alternative

Messagede gégé le Sam 17 Juil 2010 20:27

Salut les camarades :trinque:

Je viens vous rendre visite histoire de vous parler du projet Codename Utopia, visant à écrire collectivement une sorte de manifeste posant les bases de ce qui pourrait être une alternative viable au système capitaliste, présentée sous tous ses aspects : économie, démocratie, éducation, justice, ...
Ce texte n'a évidemment pas pour but de dicter une société toute faite et pré-machée, mais de proposer un certain nombre d'idées se voulant cohérentes entre elles tout en donnant un avant goût des possibilités qui nous sont offertes.

Bref. Pour résumer très succinctement les grands "axes" de ce projet : http://codenameutopia.alwaysdata.net/propagande.pdf (j'avais écrit un truc exprès pour vous, mais en fait ce que j'ai écrit dans ce tract est plus complet).

A propos de la monnaie : Cette nouvelle monnaie non thésaurisable pourrait être considérée comme une transition vers une suppression totale de la monnaie, une fois que nous aurons atteint une société "stable", libre, sans classes sociales ou inégalités, et surtout débarrassée du "carcan" et de la mentalité capitalistes.

Pour la lecture complète et le forum : http://codenameutopia.alwaysdata.net

Voila. Vous êtes invités à donner votre avis de manière constructive ;)
Pour avoir un peu fréquenté les forums gauchistes (qu'ils soient cocos, totos ou anar), et parcouru quelques posts de celui-là, je sais que la grande tolérance et le dogmatisme de certains va les emmener à me descendre en flamme. Je demande juste un peu d'ouverture et de réflexion, histoire que la discussion serve à quelque chose :)

Have fun.
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Re: Codename Utopia, projet de société alternative

Messagede willio le Sam 17 Juil 2010 22:12

Mouais, pas fan des programmes tout faits en effet. :^^:

Je comprends bien que ce ne sont que des pistes mais bon le fait de donner un nom de projet de société c'est déjà un signe de vouloir tout prévoir pour l'ensemble d'une société. Or l'anarchie se construit dans la diversité des choix et des pratiques.
Et puis il y a des points théoriques avec lesquels j'ai du mal.
En particulier l'économie dont les rouages ont l'air déjà tout réglés (avec une monnaie comme ceci, des revenus comme cela, des prix comme ça...).
Mais aussi la démocratie directe par internet, une police et une justice professionnelle... :confus:

Désolé de si peu développer mais je n'ai regardé que l'affiche que tu proposes. Si tu veux débattre de points particulier, ça pourrait être utile de créer des topics spéciaux.
Vous avez cru jusqu’à ce jour qu’il y avait des tyrans ? Et bien ! vous vous êtes trompés, il n’y a que des esclaves : là où nul n’obéit, personne ne commande.
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Re: Codename Utopia, projet de société alternative

Messagede gégé le Sam 17 Juil 2010 23:46

Justement, le principe c'est qu'une fois une société réellement démocratique en place, le Peuple (la communauté, les citoyens, appelle ça comme tu veux) peut décider par lui-même de ce qu'il veut. Et ce sur tous les aspects (éco, éducation,...) et à tous les niveaux, y compris locaux. Et puis, si tu ne proposes jamais rien d'un tant soit peu concret pour remplacer le système, personne ne voudra te suivre, tu es condamné à l'immobilisme.

Cela dit, l'humanité a dépassé le stade des petites tribus qui vivent dans des cavernes depuis fort longtemps. Il faut bien un cadre commun pour organiser tout ce petit monde (soit 6 milliards de personnes !), la satisfaction de leurs besoins, le partage du travail et des ressources.

En ce qui concerne les "points théoriques" :

* Démocratie directe par Internet : il y aurait aussi des AG (démocratie en entreprise et locale) et des référendums papiers (décisions "étatiques" importantes). Mais tu ne peux décemment pas réunir des millions de personnes dans une salle tous les 4 matins pour prendre une décision. Si tu lis le chapitre correspondant, tu verra que je parle de sécurité, de logiciels libres, de garde-fous, etc. Le concept peut faire peur à première vue, surtout si on a des tendances technophobes (internet --> espionnage --> BIG BROTHER :militaire:), mais si il est bien organisé il peut être un outil précieux.

* Police : je pense détester cette institution autant que toi ;) Je ne savais pas quoi utiliser comme autre mot. Mais il ne s'agirait pas de la police qu'on connaît avec ses pouvoirs autoritaires, mais d'une sorte de "fonctionnaires de sécurité" destinés à protéger ou aider les gens, de proximité, révocables par la population, éventuellement limités dans le temps, etc.

* Justice professionnelle : quand je parle de "professionnels" c'est plus de médecins, psys, etc. Après, pour le reste, je ne suis pas rentré dans les détails, ce sera un choix démocratique à faire. A mon humble avis, pour les tribunaux, il faudrait un mélange de citoyens (mais bien éduqués, capables de réfléchir par eux-mêmes, tout ça, car sinon c'est la "tyrannie populaire") et de juges professionnels pour encadrer. Car, oui, être un juge objectif et compétent, ça s'apprend.

Bon, après, je ne me dit pas officiellement "anarchiste", mais plutôt "communiste libertaire" au sens large. Il est possible que l'on ait des différences de point de vue, mais je pense que l'on peut discuter là dessus, ça ne pourra qu'être enrichissant :)
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Re: Codename Utopia, projet de société alternative

Messagede willio le Dim 18 Juil 2010 00:24

gégé a écrit:Justement, le principe c'est qu'une fois une société réellement démocratique en place, le Peuple (la communauté, les citoyens, appelle ça comme tu veux) peut décider par lui-même de ce qu'il veut. Et ce sur tous les aspects (éco, éducation,...) et à tous les niveaux, y compris locaux. Et puis, si tu ne proposes jamais rien d'un tant soit peu concret pour remplacer le système, personne ne voudra te suivre, tu es condamné à l'immobilisme.

En fait je ne compte pas qu'on "me suive". J'aspire juste à ne plus devoir suivre un système pour survivre.


Il faut bien un cadre commun pour organiser tout ce petit monde (soit 6 milliards de personnes !), la satisfaction de leurs besoins, le partage du travail et des ressources.

Une articulation fédérale éventuellement mais pourquoi veux-tu organiser tout le monde sur le même modèle ? Suivant les cultures, les régions, les choix individuels, ça m'étonnerait que tout rentre dans un même cadre.



* Démocratie directe par Internet : il y aurait aussi des AG (démocratie en entreprise et locale) et des référendums papiers (décisions "étatiques" importantes). Mais tu ne peux décemment pas réunir des millions de personnes dans une salle tous les 4 matins pour prendre une décision. Si tu lis le chapitre correspondant, tu verra que je parle de sécurité, de logiciels libres, de garde-fous, etc. Le concept peut faire peur à première vue, surtout si on a des tendances technophobes (internet --> espionnage --> BIG BROTHER :militaire:), mais si il est bien organisé il peut être un outil précieux.

Même si on accepte la démocratie directe (perso la démocratie me pose un problème mais bref, admettons), elle nécessite un minimum de discussions et ne peut se résumer à des décisions prises par votes... Un référendum implique une façon de poser une question... et l'anarchie c'est pas des maths. Sauf peut-être pour qui n'est pas trop exigeant sur le pouvoir qui s'exerce par les majorités sur les minorités. Le débat qui doit précéder une prise de décision ne se résume pas en général à un choix OUI/NON. Les discussions doivent précisément amener à des solutions consensuelles.


* Police : je pense détester cette institution autant que toi ;) Je ne savais pas quoi utiliser comme autre mot. Mais il ne s'agirait pas de la police qu'on connaît avec ses pouvoirs autoritaires, mais d'une sorte de "fonctionnaires de sécurité" destinés à protéger ou aider les gens, de proximité, révocables par la population, éventuellement limités dans le temps, etc.


Le problème c'est d'en faire des professionnels. La gestion des conflits est l'affaire de tou-te-s celles/ceux qui se sentent concerné-e-s.

Voici un petit dialogue, que je mets en spoiler parce que c'est un peu long.

GEORGES = Anarchiste
LOUIS = Ouvrier

---------------------------------------------------------------------------

LOUIS. - J’ai su que l’on discute ici le soir la question sociale et je suis venu pour adresser une demande à mon ami Georges.

Dis-moi, est-il vrai que vous autres anarchistes, vous voudriez qu’il n’y eut plus de police ?

GEORGES. - Certainement. Eh quoi ! n’es-tu pas de cet avis ? Depuis quand es-tu devenu l’ami des policiers et des gendarmes ?

LOUIS. - Je ne suis pas leur ami, tu le sais, mais je ne suis pas davantage l’ami des voleurs et des assassins. Je veux que mon bien et ma vie soient gardés et bien gardés.

GEORGES. - Et qui te garde des gardiens ?

Crois-tu que les hommes deviennent sans cause voleurs et assassins ?

Le meilleur moyen de pourvoir à notre sécurité est-il de nous mettre sur le dos une bande de gens qui, sous prétexte de nous défendre, nous opprime et nous rançonne, et fait mille fois plus de mal que tous les voleurs et tous les assassins ensemble ?

Ou ne serait-il pas meilleur de détruire les causes du mal, en faisant en sorte que tous puissent vivre sans s’arracher mutuellement le pain de la bouche et que tous puissent s’éduquer et se développer de manière, à bannir du coeur humain les funestes passions de la jalousie, de la haine et de la vengeance ?

LOUIS. - Mais quoi ! les hommes sont mauvais par nature, et s’il n’y avait pas les lois, les juges et les gendarmes pour nous tenir en respect, pires que les loups, nous nous dévorerions entre nous.

GEORGES. - S’il en était ainsi, ce serait une raison de plus de ne donner à personne le pouvoir de commander et de disposer de la liberté des autres. Contraints de lutter contre tous, chacun par nos propres forces, nous saurions courir le risque de la lutte, nous pourrions être de temps en temps ou vainqueurs ou vaincus ; nous serions des sauvages, mais nous jouirions au moins de la liberté relative des forêts et des âpres émotions de la bête de proie. Mais si volontairement nous donnions à quelques-uns le droit et le pouvoir de nous imposer leur volonté, justement, selon toi, parce que nous sommes des hommes prédisposés à nous entre-dévorer, ce serait comme nous vouer de nous-mêmes à l’esclavage et à la misère.

Mais tu te trompes, mon ami ; les hommes sont bons ou mauvais selon les circonstances. Ce qui est commun à tous, c’est l’instinct de conservation, l’aspiration au bien-être et au développement de leurs propres facultés. Tant que pour vivre bien, il faut faire du mal aux autres, un petit nombre seulement résiste, et avec beaucoup d’effort, à la tentation. Mais fais en sorte que les hommes trouvent dans la société de leurs semblables les conditions de leur bien-être et de leur développement et il y aura autant de difficulté à être méchant qu’il y en a aujourd’hui à être bon.


LOUIS. - Admettons. Mais cependant, dans l’attente de la transformation sociale, la police empêche les délits.

GEORGES. - Empêche !

LOUIS. - Enfin, elle en empêche un grand nombre et livre à la justice les auteurs de ceux qu’elle n’a pu empêcher.

GEORGES. - Ceci non plus n’est pas vrai. L’influence de la police sur le nombre et l’importance des délits est à peu près nulle. En effet, quelles que soient les réformes dans l’organisation de la magistrature, de la police et des prisons, que l’on augmente ou que l’on diminue le nombre des policiers, tant que les conditions économiques et morales du peuple ne changent pas, la criminalité reste sensiblement la même.

Au contraire, il suffit de la plus légère modification dans les rapports entre propriétaires et travailleurs, du moindre changement dans le prix du blé et des autres aliments de première nécessité ou d’une crise laissant les ouvriers sans travail, ou de la Propagande d’une idée qui ouvre au peuple de nouveaux horizons et lui apporte le sourire de nouvelles espérances, pour qu’aussitôt un accroissement ou une diminution de la criminalité en soit visiblement l’effet. Il est vrai que la police envoie en prison les délinquants lorsqu’elle peut leur mettre la main dessus, mais puisque ceci ne sert pas à éviter de nouveaux délits, c’est un mal ajouté au mal, une souffrance de plus inutilement infligée à des êtres humains.

Et si même quelques délits étaient évités par l’action de la police, ceci serait bien loin de suffire à compenser ceux qu’elle provoque et les vexations qu’elle impose au public.

Leur fonction même met les policiers en lutte contre tout le public, les rend suspects à tous, en fait comme des chasseurs d’hommes, les induit à mettre leur amour-propre dans la découverte de « beaux » cas de criminalité et crée en eux une mentalité spéciale qui finit très souvent par développer des instincts absolument antisociaux. Le fait n’est pas rare qu’un policier, dont la mission devrait être de prévenir le crime ou de le découvrir, le provoque, au contraire, ou l’invente dans l’intérêt de sa carrière et pour se donner de l’importance et se rendre nécessaire.

LOUIS. - Mais alors les policiers seraient eux-mêmes des malfaiteurs ! Ceci peut arriver quelques fois, d’autant plus que le personnel de la police n’est pas toujours recruté dans la fleur de la population ; mais en général...

GEORGES. - En général, le milieu agit inexorablement et la déformation professionnelle atteint même ceux qui seraient appelés à mieux.

Dis-moi donc ce que peut être ou ce que peut devenir la mentalité d’un homme qui s’oblige, de par le salaire qu’il reçoit, à poursuivre, arrêter, tourmenter, quiconque lui est indiqué par ses supérieurs, sans se préoccuper s’il a affaire à un coupable ou à un innocent, à un brigand ou à un apôtre ?

LOUIS. - Oui... mais...

GEORGES. - Mais laisse-moi te dire quelques mots sur le point le plus important de la question, c’est-à-dire sur ce que sont les prétendus méfaits que la police se charge de prévenir et de réprimer.

Certainement, parmi les actes que punit le code, il en est qui sont et seront toujours de mauvaises actions, mais ils sont l’exception et résultent de l’état d’abrutissement et de désespoir où la misère réduit les hommes.

Mais, en général, les actes punis sont ceux qui lèsent les privilèges que les riches se sont attribués et ceux qui attaquent le gouvernement dans l’exercice de son Autorité. De sorte que la police, efficace ou non, est destinée à protéger non pas la société tout entière, mais les privilégiés, et à tenir la peuple soumis. Tu parlais de voleurs. Mais qui est plus voleur que le propriétaire qui s’enrichit en dérobant le produit du travail des ouvriers ?

Tu parlais d’assassins. Mais qui est plus assassin que les Capitalistes qui, pour garder le privilège de commander et de vivre oisifs, sont la cause des privations atroces et de la mort prématurée de millions de travailleurs, sans parler de la continuelle hécatombe d’enfants.

Ces voleurs et ces assassins, bien plus coupables et plus dangereux que les malheureux poussés au crime par les misérables conditions où ils vivent, la police ne les touche jamais, loin de là.

LOUIS. - En somme, tu crois que la révolution faite, les hommes deviendront subitement, de but en blanc, autant de petits saints. Ils respecteront mutuellement leurs droits, il s’aimeront et s’aideront ; il n’y aura plus ni haines, ni jalousies... le paradis terrestre, quoi ?

GEORGES. - En aucune façon. Je ne crois pas que les transformations morales se produisent brusquement, de but en blanc. Il y aura, certes, un grand changement par le seul fait du pain assuré et de la liberté conquise, mais toutes les passions mauvaises qui se sont incarnées en nous par l’action séculaire de l’esclavage et de la lutte de chacun contre tous ne disparaîtront pas tout à coup. Pendant longtemps encore, il y aura des gens qui se sentiront tentés d’imposer par la violence leur propre volonté aux autres, ou qui voudront profiter des circonstances favorables pour se créer des privilèges, ou qui conserveront pour le travail cette aversion qui leur est inspirée par les conditions d’esclavage où ils sont aujourd’hui contraints de travailler, etc.

LOUIS. - Donc, même après la révolution, il faudra se défendre contre les malfaiteurs.

GEORGES. - Très probablement. Bien entendu qu’alors on considérera comme malfaiteurs non pas ceux qui n’entendent pas mourir de faim sans se révolter et encore moins ceux qui attaquent l’organisation sociale actuelle et prétendent y substituer un ordre meilleur, mais ceux qui feront du mal à tous, ceux qui attenteront à l’intégrité de l’individu, à la liberté et au bien-être des autres.

LOUIS. - Bien. Donc il faudra toujours une police.

GEORGES. - Mais pas du tout. Ce serait vraiment une grande sottise si pour se garder contre quelque violent, quelque fainéant et quelque dégénéré, on ouvrait école de fainéantise et de violence en constituant un corps de bandits qui s’habituent à considérer les citoyens comme chair à menottes et à prison et fassent de la chasse à l’homme leur principale ou même leur unique occupation.

LOUIS. - Mais alors ?

GEORGES. - Alors, nous nous défendrons par nous-mêmes.

LOUIS. - Et tu crois que cela soit possible ?

GEORGES. - Non seulement je crois possible que le peuple se défende, de lui-même, sans déléguer à personne les fonctions spéciales de la défense sociale, mais je suis convaincu que c’est la seule manière efficace.

Dis-moi un peu ! Si demain vient chez toi un homme recherché par la police, iras-tu le dénoncer ?

LOUIS. - Mais, es-tu fou ? Pas même si c’était le pire des assassins. Est-ce que tu me prends pour un mouchard ?

GEORGES. - Ah ! ah ! Ce doit être un bien vilain métier que celui de policier si tout homme qui se respecte se sentirait déshonoré de le faire, même en le croyant nécessaire à la société.

Et maintenant, dis-moi une autre chose. S’il t’arrivait un malade de maladie infectieuse ou un fou furieux, le conduirais-tu à l’hôpital ?

LOUIS. - Certainement.

GEORGES. - Même de force ?

LOUIS. - Mais... tu dois comprendre ! Le laisser libre pourrait faire du mal à tant de gens.

GEORGES. - Maintenant, peux-tu m’expliquer pourquoi tu te garderais bien de dénoncer un assassin, tandis qu’un fou ou un pestiféré, tu le conduirais à l’hôpital, même de force.

LOUIS. - Mais... d’abord parce qu’il me répugne de faire le policier, tandis que je trouve honorable et humanitaire de faire l’infirmier.

GEORGES. -Tu vois donc que le premier effet de la police est de désintéresser les citoyens de la défense sociale et même de les mettre du côté de ceux qu’à tort ou à raison elle persécute.

LOUIS. - Et puis, quand je conduis quelqu’un à l’hôpital, je sais que je le laisse aux mains des médecins, qui chercheront à le guérir pour le remettre en liberté dès qu’il sera devenu inoffensif pour ses semblables. Et s’il est incurable, ils chercheront à adoucir ses souffrances et ne lui infligeront jamais un traitement plus sévère qu’il n’est strictement nécessaire. Et si les médecins ne faisaient pas leur devoir, le public les y obligerait, parce qu’il est entendu que l’on tient les gens à l’hôpital pour les soigner et non pour les martyriser. Tandis que, au contraire, si l’on remet un homme entre les mains des gens de police, ils mettent leur amour-propre à le faire condamner sans beaucoup se soucier s’il est coupable ou innocent, puis ils le mettent dans une prison où, au lieu de chercher à l’améliorer à force de soins affectueux, ils font tout pour le faire souffrir et l’exaspérer et ils le relâchent ennemi plus dangereux pour la société qu’il ne l’était à son entrée. Mais ceci pourrait être modifié par une réforme radicale.

GEORGES. - Mon cher ami, pour réformer ou détruire une institution, la première chose est de ne pas constituer une corporation intéressée à la conserver.

La police (et ce que l’on dit d’elle s’applique aussi à la magistrature), en faisant le métier d’envoyer les gens en prison et de les massacrer à l’occasion, finit toujours par se sentir et par être en lutte avec le public. Elle s’acharne sur le délinquant, vrai ou supposé, avec la passion du chasseur poursuivant le gibier, mais en même temps, elle est intéressée à ce qu’il y ait des délinquants, parce qu’ils sont sa raison d’être et plus leur nombre croît et plus ils sont dangereux, plus le pouvoir et l’importance sociale de la police augmentent.

Pour que le délit soit traité d’une façon rationnelle, pour que l’on en recherche les causes et que l’on fasse réellement tout pour l’éliminer, il faut que cette tâche soit confiée à ceux qui sont exposés à souffrir des conséquences du délit, c’est-à-dire à tout le peuple et non pas à ceux pour qui l’existence du délit est une source de pouvoir et de gain.



* Justice professionnelle : quand je parle de "professionnels" c'est plus de médecins, psys, etc. Après, pour le reste, je ne suis pas rentré dans les détails, ce sera un choix démocratique à faire. A mon humble avis, pour les tribunaux, il faudrait un mélange de citoyens (mais bien éduqués, capables de réfléchir par eux-mêmes, tout ça, car sinon c'est la "tyrannie populaire") et de juges professionnels pour encadrer. Car, oui, être un juge objectif et compétent, ça s'apprend.

Comment tu définis les "bien éduqués" et les autres ? En gros tu dis que tu prends tous les bons côtés... sans la tyrannie populaire... C'est un peu trop facile...


Je pense, de manière générale, que tu imagines trop ton utopie à partir de la société actuelle. L'anarchie ne se fait pas sans anarchistes, elle ne tient pas une seconde avec des gens qui n'ont pas compris certaines choses, avec des gens se sont pas sortis de la tête les valeurs capitalistes, la compétition, etc.
Du coup tout ce qui consiste à faire rentrer les gens qui dévieraient du "modèle anar" est voué à l'échec. Ce sont les individus qui créent l'anarchie, pas un système qui l'impose.

Bon, après, je ne me dit pas officiellement "anarchiste", mais plutôt "communiste libertaire" au sens large. Il est possible que l'on ait des différences de point de vue, mais je pense que l'on peut discuter là dessus, ça ne pourra qu'être enrichissant :)

Oui oui... :)
Vous avez cru jusqu’à ce jour qu’il y avait des tyrans ? Et bien ! vous vous êtes trompés, il n’y a que des esclaves : là où nul n’obéit, personne ne commande.
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Re: Codename Utopia, projet de société alternative

Messagede gégé le Dim 18 Juil 2010 01:41

En fait je ne compte pas qu'on "me suive". J'aspire juste à ne plus devoir suivre un système pour survivre.


Une révolution ne se fait malheureusement pas à une, cent ni même mille personnes :p

Une articulation fédérale éventuellement mais pourquoi veux-tu organiser tout le monde sur le même modèle ? Suivant les cultures, les régions, les choix individuels, ça m'étonnerait que tout rentre dans un même cadre.


Qu'appelles-tu une articulation fédérale ? Je ne crois pas que ce soit bien différent du système proposé :p
De plus, comme je l'ai dit, il ne s'agit pas d'imposer à tous exactement les même choses, mais de laisser le choix aux citoyens de manière locale. Il faut juste un modèle commun afin d'assurer à tous le pouvoir sur ces décisions, la liberté, un moyen de partage du travail et de la production.

Même si on accepte la démocratie directe (perso la démocratie me pose un problème mais bref, admettons), elle nécessite un minimum de discussions et ne peut se résumer à des décisions prises par votes... Un référendum implique une façon de poser une question... et l'anarchie c'est pas des maths. Sauf peut-être pour qui n'est pas trop exigeant sur le pouvoir qui s'exerce par les majorités sur les minorités. Le débat qui doit précéder une prise de décision ne se résume pas en général à un choix OUI/NON. Les discussions doivent précisément amener à des solutions consensuelles.


Oui oui, je suis bien d'accord, et j'en parle dans le texte. Le système de vote ne devra pas proposer un bête choix OUI/NON, mais un espace de débat, de réflexion, etc.
Cela dit, les solutions consensuelles n'existent pas, et ceci est de plus en plus visible au fur et à mesure que l'on augmente le nombre de participants. Chacun a sa propre vision, ses propres idées, sa propre manière de vivre, on ne pourra jamais mettre tout le monde d'accord, et c'est tant mieux.

Si tu n'accepte pas la démocratie, même directe, what else ? :pote:


Le problème c'est d'en faire des professionnels. La gestion des conflits est l'affaire de tou-te-s celles/ceux qui se sentent concerné-e-s.


Je suis bien d'accord avec ton petit texte : si il n'y a plus de misère, le "pain assuré", l'éducation pour tous, on peut facilement espérer que les "conflits" vont décroître exponentiellement. Cela-dit, il restera toujours quelques "cas". Le changement de système ne peut pas résoudre tous les problèmes et les malheurs individuels.
Faire justice soi-même est un concept dangereux qui peut mener à n'importe quoi. Et nous aurons bien besoin de professionnels destinés à assurer en permanence la sécurité d'un endroit, d'une manifestation, ...
Après, si tu veux, on peut très bien limiter ce côté professionnel et employant des volontaires, en limitant leur durée de contrat, etc. Mais ce qui importe surtout, c'est la redéfinition de leur rôle et la limitation absolue de leurs "pouvoirs" aujourd'hui abusivement utilisés.


Comment tu définis les "bien éduqués" et les autres ? En gros tu dis que tu prends tous les bons côtés... sans la tyrannie populaire... C'est un peu trop facile...


Je reprend en avance ta phrase d'après : " L'anarchie ne se fait pas sans anarchistes, elle ne tient pas une seconde avec des gens qui n'ont pas compris certaines choses, avec des gens se sont pas sortis de la tête les valeurs capitalistes, la compétition, etc.". Quand je dis éduqués, je parle d'une société éduquée, pas de "choisir des gens éduqués". Une société où l'éducation permet de faire germer les valeurs de solidarité, de réflexion personnelle, etc. :avocat:


Je pense, de manière générale, que tu imagines trop ton utopie à partir de la société actuelle.


Malheureusement, c'est d'elle que l'on doit partir si l'on veut créer quelque chose de réaliste.

Du coup tout ce qui consiste à faire rentrer les gens qui dévieraient du "modèle anar" est voué à l'échec. Ce sont les individus qui créent l'anarchie, pas un système qui l'impose.


Le système n'impose que ce qui est nécessaire à sa modification démocratique :D


Bon, j'avoue avoir un peu de mal à comprendre la conception anarchiste (ou du moins la tienne, vu que chacun a la sienne propre :o) de la société idéale. Mais c'est pareil avec les marxistes qui parlent de "créer un état prolétaire" ou de "collectiviser les moyens de production" en se refusant d'aller plus loin. Trop flou pour moi.


ps : :antifa: la svastika c'est pourtant un joli symbole boudhiste :p
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Re: Codename Utopia, projet de société alternative

Messagede gégé le Mer 18 Aoû 2010 15:01

Plop :)

Juste pour signaler la sortie de la version 0.32 de Codename Utopia. Je me suis servi de tes critiques et remarques pour améliorer certains trucs. Merci à toi ! ;)
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Re: Codename Utopia, projet de société alternative

Messagede BlackJoker le Mer 18 Aoû 2010 15:54

possibilité d'avoir le lien de "la version 0.32 de Codename Utopia" ? :wink:
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Re: Codename Utopia, projet de société alternative

Messagede gégé le Mer 18 Aoû 2010 16:18

http://codenameutopia.alwaysdata.net/

Y'a des liens à jour sur différents formats : PDF ou Calaméo :p
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