Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Débats politiques, confrontation avec d'autres idéologies politiques...

Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede L'Unique le Jeu 16 Sep 2010 20:29

fu hsang a écrit:apres je ne connais pas les pratiques de ces personnes mmais elles m ont l air assez ouverte

(sans vouloir préjuger) quand ils auront besoin d'écrémer tu seras le premier concerné.
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Re: Gauche communiste et anarchisme internationaliste

Messagede hocus le Jeu 16 Sep 2010 21:38

Johan a écrit:
hocus a écrit:En fait je me demandais si ils mettraient par exemple les maoistes du népal dans ces "minorités prolétariennes révolutionnaires".

"Concrètement, notre organisation, qui est marxiste, considère qu’elle lutte pour le prolétariat aux côtés des militants anarchistes internationalistes et face aux Partis “communistes” et maoïstes (se proclamant pourtant eux aussi marxistes)."

Ça me parait on ne peut plus clair...


Oui effectivement, je suis passé beaucoup trop vite là dessus. :oops:

Du coup, ils sont contre l'organisation en Parti alors. C'est intéressant. Tu connais leur mode d'organisation ? (je vais aller fouiller en attendant)
hocus
 

Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede conan le Jeu 16 Sep 2010 22:05

Ben ce sont des conseillistes non ?
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede hocus le Jeu 16 Sep 2010 22:05

Zut alors, j'avais encore faux :

Le regroupement des révolutionnaires en vue de la constitution d’un véritable parti communiste mondial, indispensable au prolétariat pour le renversement de la domination capitaliste et pour sa marche vers la société communiste.
source : http://fr.internationalism.org/positions (c'est bien le même CCI ? )

Je suis un peu dans la confusion, le doute, et l'incompréhension là du coup.
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede Schwàrzlucks le Jeu 16 Sep 2010 22:10

On va peut-être me prendre pour un dogmatique mais pour moi le trotskisme est à jeter ! Je pense que le seul communisme qui laisse encore la place à l'individu est libertaire, sans ça c'est la primauté totale de la communauté sur l'individu qui n'a plus le droit à l'existence. C'est bien beau ces discours mais ils le disent eux-mêmes, ils sont pour la transition par une dictature du prolétariat...
Dictature du prolétariat qui soit dit en passant est un non-sens. S'il y a abolition des classes, il n'y a plus de prolétariat, donc pourquoi parlerait-on d'une dictature d'une classe ? Où alors, comme le passé l'a démontré, il s'agit là de "l'élite éclairée du prolétariat" qui conduirait la dictature sur le peuple, nouvelle classe dominée. (ou plutôt dans la continuité) De même le passage à l'absence d'état est dangereuse et n'a rien à voir avec l'anarchisme.
Faut rappeler que, selon Marx me semble-t'il, la transition peut se faire une fois que la collectivité a bien appris en elle les fonctionnements du communisme. Autant dans l'anarchisme nous avons l'éducationnisme que je juge nécessaire et qui n'est pas là pour imposer ce qu'il faut faire aux individus mais leur donner les pistes de réflexion et d'organisation, autant là c'est une continuité sous forme de "dictature mentale", le peuple doit avoir assimilé l'idéologie, les gens ne sont plus que pantins.
(sans oublier l'irréalisme de cette transition, le mythe du bon dictateur qui oeuvrerait pour le bien de son peuple et réaliserait sa détronisation lui-même... no comment)

[edit] Ah bah oui je me disais hocus, parce que quand on prône le passage par une transition dictatoriale faut bien un organe de parti, ça me semblait étrange qu'ils n'en aient pas.

[re-edit] Bah tiens xD "* Toutes les fractions de la bourgeoisie sont également réactionnaires. Tous les soi-disant partis «ouvriers», «socialistes», «communiste» (les ex-«communistes» aujourd’hui), les organisations gau­chistes (trotskistes, maoïstes et ex-maoïstes, anarchistes officiels), consti­tuent la gauche de l’appareil politique du capital. Toutes les tactiques de «front populaire», «front anti-fasciste» ou «front unique», mêlant les intérêts du prolétariat à ceux d’une fraction de la bour­geoisie, ne servent qu’à contenir et détourner la lutte du proléta­riat."

Tellement plus facile de dire "gauchiste = collabo" que d'argumenter...
Schwàrzlucks
 

Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede Nico37 le Jeu 16 Sep 2010 22:30

Sauf que le CCI n'est pas trotskyste ni officiellement bordiguiste. Pour autant, ses militants ne me sont pas spécialement sympathiques a priori ni leur presse.
Nico37
 

Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede fu hsang le Ven 17 Sep 2010 09:44

L'Unique a écrit:
fu hsang a écrit:apres je ne connais pas les pratiques de ces personnes mmais elles m ont l air assez ouverte

(sans vouloir préjuger) quand ils auront besoin d'écrémer tu seras le premier concerné.


bah tu sais chez les anars libertaires , "ils " ecrement aussi ;)

si il n y avait que les mechants stals et les mechants trots , ce seraient trop simples :)
bon , leur orga , je l ai jamais rencontré , ni leur militant d ailleur donc je ne me prononcerais que sur leur ecrits ^^
fu hsang
 

Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede conan le Ven 17 Sep 2010 10:03

Bien d'accord, les phrases ronflantes et les théories c'est bien, mais on rencontre avant tout des gens et c'est à l'usage que l'on voit si l'on peut tisser des rapports égalitaires et responsables ou qu'on découvre avec dépit qu'on a affaire à des narcissiques dominateurs et manipulateurs. Bien sûr les gens évoluent aussi avec leurs réflexions, les structures dans lesquelles ils évoluent et pour ça la réflexion libertaire c'est sympa, mais avant tout ce qui compte c'est de vivre ensemble des rapports sociaux d'entraide, quelles que soient les étiquettes dont les gens s'affublent - ou pas.
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede Antigone le Ven 17 Sep 2010 16:07

hocus a écrit:Du coup, ils sont contre l'organisation en Parti alors. C'est intéressant. Tu connais leur mode d'organisation ? (je vais aller fouiller en attendant)

Ce sont des bolchos. Ils se réclament de tout ce qu'ont fait les bolcheviks jusqu'en 1919-20 (prise du pouvoir, avant-garde, Parti etc.). Ils ont comme référence le 1er congrès de l'Internationale communiste. (brrr... vent glacial sur le forum).

Intéressant ce face à face entre des officiers frais émoulus d'une école militaire et des desperados mexicains et débraillés !
J'exagère à peine, mais pas tant que ça. Bonne chance
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
L'Autonomie, ça devrait ressembler à ça
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede fu hsang le Ven 17 Sep 2010 17:44

Intéressant ce face à face entre des officiers frais émoulus d'une école militaire et des desperados mexicains et débraillés !
J'exagère à peine, mais pas tant que ça. Bonne chance


ça , c est joliment imagé...
faut voir ce qu il en sort , voire , aller voir meme
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede lucas le Ven 24 Sep 2010 13:24

Un certain nombre de commentaires de ces derniers jours expriment le souci de connaitre qui est le CCI. C’est pourquoi je vais essayé, dans un premier temps, de répondre à ce souci.

Le CCI est une organisation née dans les années 70, organisation se constituant d’emblée de façon internationale et internationaliste.
Le CCI se réclame de la Gauche Communiste, courant regroupant les Gauches qui se sont opposées à la dégénrescence de la révolution russe et la 3° internationale et qui depuis ont exprimé la volonté d'en tirer des enseignements.
Le CCI se revendique donc comme continuateur du travail politique de ce courant prolétarien avec la volonté de poursuivre son travail théorique et son action pour l’émancipation du prolétariat et la destruction du capitalisme.

Je mets ci-après un lien qui décrit succintement les positions de base de cette organisation :

http://fr.internationalism.org/positions

Lucas - symphatisant de la Gauche Communiste.
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede filochard le Ven 24 Sep 2010 20:47

CNT : quel nom de merde !

Un parasite.
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede lucas le Ven 1 Oct 2010 17:00

Appel lancé par des militants de la CNT-AIT, du CCI et d'autres militants révolutionnaires:

Assemblée Populaire Ponzan

Lutter, oui !
Mais lutter comment ?

Nous sommes des centaines de milliers à participer aux manifestations
organisées par les syndicats, mais la plupart
d’entre nous sont frustrés par la façon dont celles-ci se déroulent.
L’expérience passée nous a enseigné que ces journées d’action à
répétition sont des balades stériles. Si nous ne réagissons pas, si
nous ne prenons pas la parole pour décider ensemble de comment
faire pour mener et développer notre lutte, l’ensemble des attaques
contre nos conditions de vie—dont celle sur les retraites—
nous seront imposées, et d’autres suivront.
C’est pour cela que nous invitons à venir débattre
salariés, chômeurs, précaires ou retraités, pour briser
l’atomisation que nous impose ce système et élaborer
ensemble des méthodes de lutte !

Retrouvons-nous à la fin de la manifestation de ce samedi 2
octobre aux allées Jean Jaurès pour débattre ensemble
de comment faire pour mener et développer notre lutte ! Ne nous
dispersons pas ! Profitons de ce moment pour créer un réel lieu de
discussion fraternel, ouvert à tous !


Pour prendre contact et participer à l’assemblée populaire Ponzan,
nous vous invitons à vous joindre à nous le :
dimanche 3 octobre à 16h
au jardin Compans-Caffarelli, allée Francisco Ponzan.
lucas
 
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede bajotierra le Ven 1 Oct 2010 17:37

Appel lancé par des militants de la CNT-AIT, du CCI et d'autres militants révolutionnaires:

Assemblée Populaire Ponzan



Bonjour lucas ,

Cet appel n'est pas "lancé par des militants de la CNT-AIT, du CCI et d'autres militants révolutionnaires" comme tu l'écris mais est lancé tout simplement par l' Assemblée Populaire Ponzan ( dans laquelle effectivement on retrouve des militants de la CNT-AIT, du CCI mais pas seulement car une grande majorité des participants ne sont pas organisés dans ces deux groupes )
il me semble que cela fait une différence , nottement avec des réunions publiques lancées par ces deux groupes( la prochaine aura lieue le 14 octobre prochain ) , non ?
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede Antigone le Mar 12 Oct 2010 12:45

CCI - 29 sep 2010
http://fr.internationalism.org/ri416/qu ... ste_3.html

Gauche communiste et anarchisme internationaliste (3):
Quel état d’esprit doit animer le débat ?

par le Courant communiste international

Cette série s’est donnée pour but de démontrer que les membres de la Gauche communiste et les anarchistes internationalistes ont le devoir de discuter et même de collaborer. La raison en est simple. Nous partageons au-delà de nos divergences, parfois importantes, les positions révolutionnaires essentielles: l’internationalisme, le rejet de toute collaboration et de tout compromis avec des forces politiques bourgeoises, la défense de “la prise en main des luttes par les ouvriers eux-mêmes”…(1)

Malgré cette évidence, depuis longtemps, les relations entre ces deux courants révolutionnaires ont été presque inexistantes. Nous commençons juste à voir depuis quelques années l’ébauche d’un débat et d’une collaboration. C’est le fruit de la douloureuse histoire du mouvement ouvrier. L’attitude de la majorité du Parti bolchevik dans les années 1918-1924 (l’interdiction de toute presse anarchiste sans distinction, l’affrontement à l’armée de Makhno, l’écrasement dans le sang des marins insurgés de Cronstadt…) a creusé un fossé entre les révolutionnaires marxistes et anarchistes. Mais surtout, le stalinisme, qui a massacré des milliers d’anarchistes (2) au nom du “communisme ”, a causé un véritable traumatisme pour des décennies (3).

Aujourd’hui encore, il existe de part et d’autre certaines craintes à débattre et à collaborer. Pour dépasser ces difficultés, il faut être persuadé d’appartenir bel et bien au même camp, celui de la révolution et du prolétariat, malgré les divergences. Mais cela ne peut suffire. Nous devons aussi faire un effort conscient pour cultiver la qualité de nos débats. “S’élever de l’abstrait au concret” est toujours l’étape la plus périlleuse. C’est pourquoi, par cet article, le CCI tient à préciser avec quel état d’esprit il aborde cette possible, et nécessaire, relation de la Gauche communiste et de l’anarchisme internationaliste.

La critique constructive entre révolutionnaires est une absolue nécessité

Notre presse a maintes fois répété, sous différentes formes, l’affirmation suivant laquelle l’anarchisme portait la marque originelle de l’idéologie petite-bourgeoise. Cette critique, effectivement radicale, est souvent jugée comme inacceptable par les militants anarchistes, y compris les plus ouverts habituellement à la discussion. Et aujourd’hui encore, une nouvelle fois, ce qualificatif de “petit-bourgeois” accolé au mot “anarchisme” suffit à certains pour ne plus vouloir entendre parler du CCI. Récemment, sur notre forum Internet, un participant qui se réclame de l’anarchisme a même qualifié cette critique de véritable “injure”. Tel n’est pas notre point de vue.

Aussi profonds que soient nos désaccords réciproques, ils ne doivent pas nous faire perdre de vue que les militants de la Gauche communiste et ceux de l’anarchisme internationaliste débattent entre révolutionnaires. D’ailleurs, les anarchistes internationalistes adressent eux-aussi de nombreuses critiques au marxisme, à commencer par ses prétendus penchants naturels pour l’autoritarisme et le réformisme. Le site de la CNT-AIT en France, par exemple, contient de multiples passages de ce genre:
“Les marxistes devenaient progressivement [à partir de 1871] les endormeurs des exploités et signaient l’acte de naissance du réformisme ouvrier” (4).
“Le marxisme est responsable de l’orientation de la classe ouvrière vers l’action parlementaire […]. C’est seulement quand on aura compris cela que l’on verra que la voie de la libération sociale nous conduit vers la terre heureuse de l’anarchisme, en passant bien au-dessus du marxisme” (5).

Il ne s’agit pas là “d’injures” mais de critiques radicales… avec lesquelles nous sommes évidemment en total désaccord ! C’est aussi dans le sens de la critique ouverte que doit être considérée notre analyse de la nature de l’anarchisme. Cette analyse mérite d’ailleurs d’être rappelée ici en quelques mots. Dans un chapitre intitulé “Le noyau petit-bourgeois de l’anarchisme”, nous écrivions en 1994: “Le développement de l’anarchisme dans la seconde moitié du xixe siècle était le produit de la résistance des couches petites-bourgeoises (artisans, commerçants, petits paysans) à la marche triomphante du capital, résistance au processus de prolétarisation qui les privait de leur “indépendance” sociale passée. Plus fort dans les pays où le capital industriel s’est développé tardivement, à la périphérie orientale et méridionale de l’Europe, il exprimait à la fois la rébellion de ces couches contre le capitalisme, et leur incapacité à voir plus loin que celui-ci, vers le futur communiste; au contraire, il énonçait leur désir de retour à un passé semi-mythique de communautés locales libres et de producteurs strictement indépendants, débarrassés de l’oppression du capital industriel et de l’Etat bourgeois centralisé. Le “père” de l’anarchisme, Pierre-Joseph Proudhon, était l’incarnation classique de cette attitude, avec sa haine féroce non seulement envers l’Etat et les grands capitalistes, mais envers le collectivisme sous toutes ses formes, y compris envers les syndicats, les grèves et les expressions similaires de la collectivité de la classe ouvrière. A l’encontre de toutes les tendances profondes qui se développaient au sein de la société capitaliste, l’idéal de Proudhon était une société “mutualiste”, fondée sur la production artisanale individuelle, liée par le libre-échange et le libre-crédit” (6).

Ou encore, dans “Anarchisme et communisme”, daté de 2001: “Dans la genèse de l’anarchisme, c’est le point de vue de l’ouvrier fraîchement prolétarisé et qui refuse de toutes ses fibres cette prolétarisation qui s’exprime. Issus récemment de la paysannerie ou de l’artisanat, souvent mi-ouvrier et mi-artisan (comme les horlogers du Jura suisse, par exemple), ces ouvriers exprimaient le regret du passé face au drame que constituait pour eux la chute dans la condition ouvrière. Leurs aspirations sociales consistaient à vouloir faire tourner la roue de l’histoire en arrière. Au centre de cette conception il y a la nostalgie de la petite propriété. C’est pourquoi, à la suite de Marx, nous analysons l’anarchisme comme l’expression de la pénétration de l’idéologie petite-bourgeoise au sein du prolétariat” (7).

Autrement dit, nous reconnaissons que, dès sa naissance, l’anarchisme est marqué par un profond sentiment de révolte contre la barbarie de l’exploitation capitaliste mais qu’il hérite aussi de la vision des “artisans, commerçants, petits paysans” qui l’ont constitué à sa naissance. Cela ne signifie absolument pas qu’aujourd’hui, tous les groupes anarchistes sont “petits-bourgeois”. Il est évident que la CNT-AIT, le KRAS (8) et d’autres sont animés du souffle révolutionnaire de la classe ouvrière. Plus largement, tout au long du xixe siècle et du xxe, de nombreux ouvriers ont épousé la cause anarchiste et ont lutté réellement pour l’abolition du capitalisme et l’avènement du communisme, de Louise Michel à Durruti en passant, entre autres, par Voline ou Malatesta. Lors de la vague révolutionnaire de 1917, une partie des anarchistes a même formé, dans les rangs ouvriers, des bataillons parmi les plus combatifs.

Il y a depuis toujours, au sein de la mouvance anarchiste, une bataille contre cette tendance originelle à être influencée par l’idéologie de la petite-bourgeoisie radicalisée. C’est en partie ce que recouvrent les profondes divergences entre les anarchistes individualistes, mutualistes, réformistes, communistes-nationalistes et communistes-internationalistes (seuls ces derniers appartenant réellement au camp révolutionnaire). Mais, même les anarchistes internationalistes subissent l’influence des racines historiques de leur mouvance. Telle est la cause de leur tendance à remplacer la “lutte de la classe ouvrière” par la “résistance populaire autonome”, par exemple.

Pour le CCI, il est donc de sa responsabilité d’exposer honnêtement, à la lumière du jour, tous ces désaccords, afin de contribuer de son mieux au renforcement général du camp révolutionnaire. Tout comme il est de la responsabilité des anarchistes internationalistes de continuer d’exprimer leurs critiques envers le marxisme. Cela ne doit en rien constituer un obstacle à la tenue fraternelle de nos débats ou être un frein à d’éventuelles collaborations, au contraire (9).

Pour le CCI, les marxistes et les anarchistes ont-ils un rapport de maître à élève ?

Toutes ces critiques, le CCI ne les adresse pas aux anarchistes tel un maître corrigeant son élève. Des interventions sur notre forum ont pourtant reproché à notre organisation son ton “professoral”. Au-delà du goût pour tel ou tel style littéraire, il se cache derrière ces remarques une véritable question théorique. Le CCI envers la CNT-AIT, et, plus généralement, la Gauche communiste envers l’anarchisme internationaliste ont-ils un rôle de “guide” ou de “modèle” ? Pensons-nous être une minorité éclairée devant insuffler la vérité, la bonne conscience ?

Une telle conception serait en totale contradiction avec la tradition même de la Gauche communiste. Et elle renvoie plus profondément encore au lien qui unit les révolutionnaires communistes à leur classe.

Marx affirme, dans les Annales franco-allemandes : “Nous ne nous présentons pas au monde en doctrinaires armés d’un nouveau principe: voici la vérité, agenouille-toi! Nous développons pour le monde des principes nouveaux que nous tirons des principes mêmes du monde. Nous ne lui disons pas: “renonce à tes luttes, ce sont des enfantillages; c’est à nous de te faire entendre la vraie devise du combat”. Tout ce que nous faisons, c’est montrer au monde pourquoi il lutte en réalité ” (10).

Les révolutionnaires, marxistes ou anarchistes internationalistes, ne sont pas au-dessus de la classe ouvrière, ils en font intégralement partie, ils sont unis à elle par mille liens. Leur organisation est la sécrétion collective du prolétariat.

Jamais donc le CCI ne s’est considéré comme une organisation ayant la vocation d’imposer son point de vue à la classe ouvrière ou aux autres groupes révolutionnaires. Nous faisons pleinement nôtres ces lignes du Manifeste communiste de 1848: “Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers. Ils n’ont point d’intérêts qui les séparent de l’ensemble du prolétariat. Ils n’établissent pas de principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement ouvrier.” C’est ce même principe que Bilan, organe de la Gauche communiste italienne, fait vivre lors de la parution de son premier numéro en 1933: “Certes, notre fraction se réclame d’un long passé politique, d’une tradition profonde dans le mouvement italien et international, d’un ensemble de positions politiques fondamentales. Mais elle n’entend pas se prévaloir de ses précédents politiques pour demander des adhésions aux solutions qu’elle préconise pour la situation actuelle. Bien au contraire, elle convie les révolutionnaires à soumettre à la vérification des événements les positions qu’elle défend actuellement aussi bien que les positions politiques contenues dans ses documents de base.”

Depuis sa naissance, notre organisation essaye de cultiver ce même état d’esprit d’ouverture et cette même volonté de débattre. Ainsi, dès 1977, nous écrivions:
“Dans nos rapports avec [les autres groupes révolutionnaires], proches du CCI mais extérieurs, notre but est clair. Nous essayons d’établir une discussion fraternelle et approfondie des différentes questions affrontées par la classe ouvrière.
“Nous ne pourrons réellement assumer notre fonction (…) à leur égard que si nous sommes en même temps capables:
– de nous garder de considérer que nous sommes le seul et unique groupement révolutionnaire existant aujourd’hui;
– de défendre face à eux nos positions avec fermeté;
– de conserver à leur égard une attitude ouverte à la discussion, laquelle doit se mener publiquement et non à travers des échanges confidentiels” (11).

Il s’agit là pour nous d’une règle de conduite. Nous sommes convaincus de la validité de nos positions (tout en étant ouverts à une critique raisonnée), mais nous ne les prenons pas comme “la solution aux problèmes du monde”. Il s’agit pour nous d’un apport au combat collectif de la classe ouvrière. C’est pourquoi nous attachons une importance toute particulière à la culture du débat. En 2007, le CCI a même consacré tout un texte d’orientation à cette seule question: “La culture du débat: une arme de la lutte de classe”. Nous y affirmions: “Si les organisations révolutionnaires veulent remplir leur rôle fondamental de développement et d’extension de la conscience de classe, la culture d’une discussion collective, internationale, fraternelle et publique est absolument essentielle” (12).

Pour autant, le lecteur attentif aura remarqué que toutes ces citations contiennent, en plus de l’idée de la nécessité de débattre, l’affirmation que le CCI doit aussi défendre fermement ses positions politiques. Il ne s’agit pas là d’une contradiction. Vouloir discuter ouvertement ne signifie pas croire que toutes les idées sont égales, que toutes les positions se valent. Comme nous le soulignions dans notre texte de 1977: “Loin de s’exclure, fermeté sur les principes et ouverture dans l’attitude vont de pair: nous n’avons pas peur de discuter précisément parce que nous sommes convaincus de la validité de nos positions.”

Dans le passé comme à l’avenir, le mouvement ouvrier a eu et aura besoin de débats francs, ouverts et fraternels entre ses différentes tendances révolutionnaires. Cette multiplicité des points de vue et des approches sera une richesse et un apport indispensables à la lutte du prolétariat et au développement de sa conscience. Nous nous répétons, mais à l’intérieur du territoire commun des révolutionnaires, il peut y avoir de profondes divergences. Celles-ci doivent absolument s’exprimer et être débattues. Nous ne demandons pas aux anarchistes internationalistes qu’ils renoncent à leurs propres critères ni à ce qu’ils considèrent être leur patrimoine théorique. Au contraire, nous souhaitons vivement qu’ils les exposent avec clarté, en réponse aux questions qui se posent à tous, qu’ils acceptent la critique et la polémique de la même façon que nous ne considérons pas nos positions comme “le dernier mot”, mais comme une contribution ouverte à des arguments contradictoires. Nous ne disons pas à ces camarades: “rendez vos armes face à la supériorité proclamée du marxisme”.

Nous respectons profondément la nature révolutionnaire des anarchistes internationalistes, nous savons que nous combattrons côte à côte quand les mouvements de luttes massifs se feront jour. Mais nous défendrons aussi fermement, de façon convaincue (et, nous l’espérons, convaincante), nos positions sur la Révolution russe et le Parti bolchevique, la centralisation, la période de transition, la décadence du capitalisme, le rôle anti-ouvrier du syndicalisme… Ce n’est pas là nous poser dans un rapport de maître à élève ou espérer convertir quelques anarchistes pour les happer dans nos rangs mais participer pleinement au débat nécessaire entre les révolutionnaires.

Comme vous le voyez, camarades, ce débat risque fort d’être animé… et passionnant !

Pour conclure cette série de trois articles sur “La Gauche communiste et l’anarchisme internationaliste”, nous finirons par ces quelques mots de Malatesta:
“Si nous, anarchistes, pouvions faire la révolution tout seuls, ou bien si les socialistes (13) pouvaient la faire tout seuls, on pourrait se payer le luxe d’agir chacun de son côté, et peut-être d’en venir aux mains. Mais la révolution, c’est le prolétariat tout entier qui la fera, le peuple tout entier, dont les socialistes et les anarchistes ne sont numériquement qu’une minorité, même si le peuple semble avoir beaucoup de sympathie pour les uns et pour les autres. Nous diviser, même là où nous pouvons être unis, ce serait diviser le prolétariat, ou plus exactement, refroidir ses sympathies et le rendre moins enclin à suivre cette noble orientation socialiste commune, qu’ensemble les socialistes et les anarchistes pourraient faire triompher au sein de la révolution. C’est aux révolutionnaires d’y veiller, et particulièrement aux socialistes et aux anarchistes, en n’accentuant pas leurs motifs de dissensions et surtout en s’occupant des faits et des buts qui peuvent les unir et leur faire atteindre le plus grand résultat révolutionnaire possible” (Volontà, 1er mai 1920).

CCI, septembre 2010

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Notes

1) Voir la première partie de cette série: “Ce que nous avons en commun ”.

2) Comme des milliers de marxistes et des millions de prolétaires en général, d’ailleurs.

3) Lire la deuxième partie de cette série “Sur nos difficultés à débattre et comment les dépasser”.

4) http://cnt-ait.info/article.php3?id_art ... e+marxisme

5) Il s’agit là plus précisément d’une citation de Rudolf Rocker que la CNT-AIT reprend à son compte.

6) In “Le communisme n’est pas un bel idéal, mais une nécessite matérielle [10e partie]”.

7) http://fr.internationalism.org/rinte102/anar.htm

8) Il s’agit de la section en Russie de l’AIT avec qui nous entretenons de très bonnes relations de camaraderie et dont nous avons publié plusieurs prises de position dans notre presse.

9) Cela dit, au cours du débat qui a eu lieu ces derniers mois, des camarades (compagnons) anarchistes ont à juste titre protesté contre des formules outrancières prononçant une sentence définitive et injustifiée à l’égard de l’anarchisme. En nous replongeant à nouveau dans certains de nos anciens textes, nous avons trouvé à notre tour des passages que nous n’écririons plus aujourd’hui. Par exemple:
– “Des éléments ouvriers peuvent penser adhérer à la révolution à partir de l’anarchisme, mais pour adhérer à un programme révolutionnaire il faut rompre avec l’anarchisme” (http://fr.internationalism.org/rinte102/anar.htm).
– “C’est pour cela que le prolétariat doit se détourner résolument de ces marchands d’illusions que sont les anarchistes” (http://fr.internationalism.org/ri321/anarchisme.htm).
– Notre article “Anarchisme et communisme”, qui pourtant décortique méticuleusement la lutte des “Amis de Durruti” au sein de la CNT dans l’Espagne des années 1930, caricature au détour d’une phrase la vision de l’anarchisme qu’a le CCI en affirmant qu’il n’y avait plus “une flamme révolutionnaire” en 1936 au sein de la CNT. Notre série d’articles plus récents sur l’anarcho-syndicalisme, tout en dénonçant à nouveau l’intégration de la direction de la CNT aux rouages de l’État et sa contribution au désarmement politique des ouvriers anarchistes (ce qui a facilité le travail d’assassins du stalinisme), a montré à quel point la situation était complexe. Il y a eu au sein de la CNT, au niveau international, de vrais combats pour défendre des positions authentiquement prolétariennes et contre la trahison que constituait l’intégration de cette organisation à l’État espagnol (lire notre série sur le syndicalisme révolutionnaire:).

10) Cité par Franz Mehring dans sa biographie de K. Marx.

11) In “Les groupes politiques prolétariens”, Revue internationale no 11, 4e trimestre 1977.

12) Cet article est disponible sur notre site Internet à l’adresse suivante: http://fr.internationalism.org/rint131/ ... lasse.html

13) Au moment où Malatesta écrit cet article, le Parti socialiste italien regroupe encore, à côté des réformistes, les éléments révolutionnaires qui vont fonder le PCI en janvier 1921 au Congrès de Livourne.


Réunion publique du jeudi 14 octobre à Toulouse

Suite a la réunion publique du jeudi 16 septembre les participants avaient exprimé le souhait de continuer le débat autour des thèmes suivants:

- Comment comprendre les luttes aujourd’hui
- Quel mode d’organisation, d’action, d'agitation
- Utilité de la propagande et laquelle

Des militants du CCI, de Tumulto, de la CNT-AIT et d'autres révolutionnaires vous invitent à venir en discuter,
le Jeudi 14 octobre 2010 à 20h30,
Salle Saint-Jean à Toulouse,
au 2 Rue Saint- Jean, métro Carmes
Ni rouge, ni noir. Révolutionnaire sans drapeau.
L'Autonomie, ça devrait ressembler à ça
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede id73160 le Jeu 14 Oct 2010 06:15

C’est en partie ce que recouvrent les profondes divergences entre les anarchistes individualistes, mutualistes, réformistes, communistes-nationalistes et communistes-internationalistes (seuls ces derniers appartenant réellement au camp révolutionnaire

On dirait du pierô :)

le débat pourquoi pas, mais en se posant en juge révolutionnaire dès le début (toi tu l'es, toi tu l'es pas), il me semble que ça part mal :confus:
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede fu hsang le Jeu 14 Oct 2010 10:27

faut pas trop leur en demander la :)
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede lucas le Dim 31 Oct 2010 18:26

Pour répondre à id73160 du 14 octobre:

Il me semble que la question de savoir avec qui on discute est importante. La nécessité de débattre entre révolutionnaires est fondamentale surtout dans la situation sociale actuelle où il faut envisager d’avoir des actions communes. Mais ce débat ne peut se faire à n’importe quel prix.
Se revendiquer internationaliste et défendre cette position a toujours été une ligne de démarcation infranchissable dans l’histoire des luttes ouvrières. Pourquoi cela? parce qu’il y a des principes dans le combat révolutionnaire sur lesquels on ne peut transiger. Pour prendre un exemple on ne peut pas parler de révolution avec un réformiste, car les réformistes ont défendu, dans le sang, le système contre la classe ouvrière. De même on ne peut pas discuter avec des organisations nationalistes car au nom de la défense de la nation elles ont poussé les prolétaires à se battre entre eux. Les trotskystes revendiquent leur participation à la II° boucherie mondiale au nom de l’antifascisme. Tout comme ils se revendiquent de leur soutien au FLN en Algérie, aux organisations palestiniennes, au Viêt-Cong, des conflits qui ont vu ou qui voient des organisations bourgeoises dites progressistes appeler les ouvriers à défendre l’Etat soit disant socialiste etc...
On ne peut pas discuter non plus avec des anarchistes qui ont soutenu la participation à de telles guerres ou à des nationalismes (basque, palestinien entre autres) parce que comme pour les trotskystes, cela signifie qu'ils ont poussé les ouvriers dans les carnages impérialistes.

L’Internationalisme a été une position décisive face à la boucherie impérialiste en 1914, où nombre de révolutionnaires ont pris position pour l’union sacrée. Les internationalistes ont été peu nombreux dès le début du conflit et c’est entre autre cette position qui leur a permis de se regrouper et d’appeler les ouvriers au défaitisme révolutionnaire. C’est cette même attitude qui permettra aux révolutionnaires de reconnaitre et défendre les soulèvements ouvriers en 1917 et 1918 en Russie et en Allemagne.
Bien sûr on pourrait dire que la situation avait une autre gravité qu’aujourd’hui, mais c’est dès à présent qu’il faut tenir compte de cette frontière politique pour être à même de préparer les combats de demain.

Lucas - sympathisant de la Gauche communiste.
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede conan le Dim 31 Oct 2010 19:33

Mouais, l'internationalisme c'est fondamental... mais c'est pas suffisant non plus. Le capital par exemple, est très internationaliste dans un certain sens... bon c'est pas pour comparer des doctrines pas très comparables, ce serait de mauvaise foi, c'est juste pour dire que si l'internationalisme est indispensable, il n'est à mon sens pas suffisant - et mérite d'être défini sur des bases plus claires : égalitaire et donc anticapitaliste, mais donc aussi antiautoritaire.
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Re: Vers un rapprochement entre CCI et CNT-AIT ?

Messagede JPD le Dim 31 Oct 2010 19:49

en gros tu discutes avec personne d'autant que c'est toi qui colle les étiquettes.
Si, tu diras discuter avec "la base" qui n'est pas englué dans les pratiques réformistes, nationalistes trotskyste et aussi je suppose maoiste, pabliste, ananar, tiers mondiste...
En fait une base sur laquelle tu projetteras des contenus improbables et fantasmés.
Mais si la plupart des militants ont les positions que tu critiques il faudrait expliquer pourquoi. Ce sont des méchants ? Des nuls qui n'ont rien compris ? Des gens qui se font avoir, tromper ?
Sinon les débats se résument à un émiettement de petits groupes hautement théoriques ayant l'impression de "comprendre le monde" mais impuissants à le changer et dont le seul espoir est de servir un jour pour former le parti qui éclairera tous ces élements avec qui on ne discute pas.
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