conan a écrit:Allons, refuser la sanction comme mode de réglement d'un conflit n'est ni "libéral" (le libéralisme économique se définissant au contraire par l'existence d'un Etat-juge et contraignant), ni "petit-bourgeois" (sous-entendrais-tu que le "prolétariat" serait à l'inverse naturellement brutal ?)
je ne parlais pas de libéralisme économique mais politique. J'aurais dû préciser, excuse-moi.
Le prolétariat, dans sa phase active de libération "doit" (devrait) mettre en pratique des actes allant contre la vulgate pacifiste du néolibéralisme.
Oui les ruptures politiques sont brutales, parce quiconque voit ses interêts s'en aller réagit avec brutalité et je ne vois pas comment écraser cette brutalité sinon par une Force Collective encore plus forte, à la fois en terme de puissance matérielle mais également en terme d'idées, d'utopies, de mythes qui doivent véhiculés (entre-autre) l'idée de Justice (je conseillerais jamais assez de lire
Réflexions sur la violence de Sorel et les deux tomes de
La guerre et la paix de Proudhon, ça donne à réfléchir sur ce qu'est la violence, sur ce dont elle peut aboutir par rapport à celles et ceux qui la manient, etc.).
Non, cette position est au contraire la plus efficace pour faire en sorte que chacun puisse potentiellement devenir conscient... et en tant que pédagogue, confronté au quotidien à la violence, je ne pense pas que mes propos soient idéalistes, ils sont bien au contraire inspirés de l'expérience et des observations les plus élémentaires.
Elle est louable, mais c'est prendre l'individu dans ce qu'il a de désincarné, de dé-contextualisé je dirais.
Déjà, on aimerait que les gens soient conscients selon
notre vision des choses (même moi je relativise) ; pour les fafs, les capitalistes, etc. c'est un autre niveau de conscience, mais pour eux, leur conscience est rationnelle (au moins autant que la vision qu'on a de la notre). Faut accepter de dire que la nôtre est meilleure et agir en conséquence.
En fonction de ta vision des choses, ça me donne l'impression qu'un individu rentre en fait dans le super-marché des idéologies politiques et choisit la meilleure qui est sans aucun doute, l'anarchisme. Seulement c'est pas comme ça que ça marche, y a des arguments fafs qui sont plus porteurs dans telle situation sociale (parce que les individu-es auront rationnalisé d'une certaine manière leur processus de vie) et dans d'autres situations, ça sera autre chose, etc.
Le fait est que si l'on veut voir triompher l'équité et l'autonomie dans l'humanité, il faut combattre activement les autres (tout en pensant que celles et ceux qui les portent peuvent changer, mais que eux/elles seuls ont la clé pour changer), c'est à dire toutes celles dont les mouvements qui ne portent pas au moins l'équité et l'autonomie en germe dans leur sein. Surtout en ce moment où je peux voir les idées xénophobes et nationalistes (re)devenir légitimes auprès d'un grand nombre de prolétaires.
Qui a un tant soit peu de psychologie et d'expérience humaine sait que les choses ne se règlent pas par la violence, mais que la violence ne fait que retarder le réglement des conflits.
De toutes façons, la
violence est partout ; tout est conflit. sans conflit, on avance pas. Donc oui, les conflits engendrent les conflits, qui sont tous autant porteurs de paix.
Quant à moi, contrairement à ce que tu affirmes je crois que rien ne change dès lors qu'est concédé "un minimum de coercition"... j'ai l'impression de lire la vulgate ultradominante de l'autoritarisme !
Coercition,
influence,
mobilisation,
Force Collective ; par-là j'entendais : "tout ce qui peut se faire bouger un individu sans que celui-ci, seul, aurait pris la décision de se bouger". La dialectique proudhonienne nous dit justement que, contrairement à la dialectique hégélienne, les termes d'une équation ne se résolvent pas, ils s'équilibrent.
Je pense la même chose pour l'Autorité et la Liberté.
conan a écrit:-soit laisser se perpétrer la violence contre soi et les autres, dans un dédain masochiste de la vie "terrestre" (le coup du "laissez à césar" ou encore "tendre la joue gauche", ou encore l'incitation à Simon-Pierre de rengainer son épée lors de l'arrestation, pour que la volonté du Père s'accomplisse, et bien sûr la soumission à flagellation, à la torture et à la crucifixion, etc... ce qui est une attitude passive et une soumission à la violence)
-soit défendre leur foi par la violence (Jésus qui dit ne vient pas pour apporter la paix mais l'épée et la division -chez Mathieu, X-34-36- ou encore incitant ses disciples à vendre leurs vêtements pour s'acheter une épée -chez Luc, XXII,36).
Héhé, mais en fait, on pourrait dire, dans des proportions moindres, que les deux positions en conflit sur ce forum relève de ces deux positions.
- dans une perspective idéaliste de la révolution sociale et politique, les tenant-es du laissez-aller-laissez-faire veulent éviter le conflit, celui-ci étant forcément porteur de passions, de vociférations, mais aussi d'entr'aide, de mise-en-avant individuel et donc de
violence ; parce que quelqu'un (ou un groupe) a décidé de répondre à une autre violence qu'il trouvait insupportable (soit en raison de son ethique soit en raison des termes du contrat qui lient les gens du forum). Donc pour moi, celles et ceux qui, en considérant que ce forum est un outil de lutte anarchiste et révolutionnaire (peut-être que les libéraux-libertaires ne le considèrent pas comme tel après tout), laisse une violence perdurer, n'ont pas une attitude
volontariste face à la violence (j'imagine les révolutionnaires discuter gentillement avec les fascistes en 1936 pour les pousser à s'arrêter parce qu'il faut bien qu'ils comprennent que ce qu'ils font, c'est pas bien) et peuvent bien être considéré-es comme étant plus
passif-ves que les utilisateur-trices occasionnel-les qui ne viennent qu'une fois l'an sans vraiment trop participer à la vie du forum.
- dans une perspective révolutionnaire de classe, bien entendu qu'il faut apporter l'épée et la division ; les ennemis politiques et économiques ne partiront pas tout seul, même si la majorité le souhaite (cf : les iranien-nes en révolte qui ne sont pas des tendres et qui ont bien raison) ; adopter une stratégie de classe revient évidemment à diviser la société, parce que certaines personnes trouvent plus d'interêts à ce fonctionnement sociétal que d'autres (surtout qu'en ces temps de crise, la vision qu'ont les agents sur la situation tend justement à diviser la société entre : travailleur-ses et profiteurs ; il serait dommage de jouer les tendres).
Et une des dialectiques anarchistes, qui est la dialectique proudhonienne, la dialectique sérielle, tend justement à séparer les choses, à les
sérier, pour mettre en avant le pluralisme en actes dans la société et "garder" ce qui est en adéquation avec la Justice.
En fait, je vois surtout deux visions différentes sur le rôle du forum. Une qui voit le forum comme un
outil politique pour l'anarchisme fait
par les anarchistes (ou toutes celles et ceux voulant une révolution sociale et politique dans une optique libertaire) pour permettrent la mutualisation des info et l'autre qui voit le forum, comme un lieu de discussion politique qui ressemblerait un peu à la vie de tous les jours mais à la différence près que les "proprio" sont des anarchistes... agissant comme des libéraux.
Les deux se valent en fait, faudrait juste clarifier ; parce que dans le premier cas, il est effectivement indadmissible de ne pas sanctionner (après prévention active) la reproduction discursive des idées sexistes, homophobes, voires (apparemment) soraliennes.
Dans le deuxième cas, ça me gêne moins, puisque c'est ce que tout le monde peut entendre dans la vie de tous les jours...