de conan le Mar 29 Déc 2009 17:39
La question est à mon sens, en partie celle-ci :
n'est-ce pas la révolution sociale, comprise comme fin des structures permettant la re-production du consentement à la domination (étatiques, économiques, cléricales, médiatiques, éducatives etc...), qui peut permettre vraiment d'offrir la chance de renverser cette domination intégrée ?
C'est ce que croient les révolutionnaires, et je le crois aussi, du moins en partie.
D'autant plus qu'aucune révolte individuelle, aussi radicale soit-elle dans sa quête louable d'émancipation, ne peut s'affranchir d'une répression structurelle, et d'une dépendance aux rouages du système.
Je ne crois pas néanmoins pas la révolution suffisante pour autant, pour briser le consentement. La dynamique destructrice de l'idéologie dominante sera certes enrayée, mais la roue continuera de tourner un moment encore, tant les cerveaux en auront été imprégnés. Les cerveaux se chargeront de se construire un nouvel essieu pour la faire tourner, juste un peu différemment, et ce sera rebelote, dans des formes peut-être plus vicieuses encore... c'est là, hélas, toute l'histoire des révolutions jusqu'ici.
Je me place donc à mi-chemin entre la perspective sociale et la perspective individuelle... de même que l'individu et ses rapports sociaux sont indissociables.
Là où je rejoins Geoffrey, sur deux points, c'est que d'une part pour rendre cette révolution possible :
- il faut avoir au moins, à défaut de mobiliser une majorité des gens, su court-circuiter la capacité du pouvoir à mobiliser des effets de consentement de masse pour venir appuyer sa répression des mouvements sociaux
- il faut en outre que ces gens développent une révolte autonome, c'est une capacité qui se cultive. Si une révolution peut aider à libérer ces capacités d'autonomie individuelle et sociale, nulle révolution venue de l'extérieur des gens ne saurait réellement perdurer si elle décide à la place des gens eux-mêmes.
Plus je réfléchis à ces questions et plus j'ai l'intuition qui se confirme que le changement ne peut être ni seulement social, ni seulement individuel, mais qu'il doit marcher sur ces deux jambes (approfondissement de mouvements collectifs en vue d'une révolution structurelle, ET déconstruction personnelle avec construction d'alternatives réelles), sans subordonner l'une à l'autre, mais en réalisant leur unité intime...
En cela, je me refuse à porter l'étiquette communiste ou individualiste. Cet étiquetage est le boulet de l'anarchisme depuis plus d'un siècle. C'est la réconciliation intime de ces perspectives et de ces angles d'attaque, au sein des individus comme au sein des organisations collectives qu'ils adoptent, qui peut seule, à mon avis, nous permettre de triompher.
"L'anarchie, c'est la victoire de l'esprit sur la certitude" Georges Henein