Personnellement, je ne suis pas contre les assemblées par principe. Mais j'pense que la "forme-AG" est critiquable, notamment dans la mesure où elle est une caricature (en "miniature") du parlementarisme bourgeois. Pour ne prendre qu'un exemple:
- Lors d'un début de "mouvement social" dans une faculté, 200 étudiants votent en AG à la quasi-unanimité la grève avec blocage et occupation. Pourquoi à la quasi-unanimité? Parce que les AG n'intéressent pas grand monde tant que le fonctionnement "normal" de la faculté n'est pas interrompu, et parce que ne vont en AG, au début d'un mouvement social, que les partisans de la grève.
- Puis 2/3/4 mois plus tard, le déblocage de la faculté est voté à une courte majorité dans une AG de 4000 ou 5000 étudiants.
Et le pire c'est qu'il y a un (relatif...) consensus entre grévistes et anti-grévistes pour considérer 1) que le blocage est légitime tant qu'il est "majoritaire" 2) qu'il faut par contre le lever dès qu'une "majorité" des étudiants est contre.
Je trouve que cela n'a pas grand sens: 200 étudiants peuvent "légitimement" bloquer leur faculté au début d'une lutte mais, quelques mois plus tard, les bloqueurs, tout en étant dix fois plus nombreux qu'au début, doivent renoncer aux piquets de grève sous prétexte qu'ils sont désormais "minoritaires". Pour moi, une telle vision des choses occulte totalement une question essentielle: celle des rapports de forces. En d'autres termes: je ne considère pas les opposants à la grève comme soudainement plus légitimes dès qu'ils atteignent le seuil ("démocratique") magique de "50% des voix + 1 voix".
Pour une critique plus poussée de l'idéologie démocratique, je renvoie au "Mort à la démocratie" de Léon de Mattis.
edit: Pour que ce soit bien clair, je précise que je suis tout à fait conscient que le mépris de la démocratie bourgeoise peut parfois cacher un mépris... de la démocratie tout court. Le cas le plus évident est celui des bolcheviks qui ont "dissous" l'Assemblée constituante puis, dans la foulée, vidé les conseils ouvriers de leur signification première. Il ne s'agit donc pas pour moi de faire l'apologie de la dictature, seulement de poser des questions pour lesquelles je ne prétend pas, pour l'instant, avoir de réponse satisfaisante.