Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Débats politiques, confrontation avec d'autres idéologies politiques...

Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede L'autre facteur le Lun 11 Mai 2009 16:57

Sans faire trop long et en sachant qu'il y a dans le mouvement libertaire des appréciations différentes de l'intérêt du syndicalisme, je pense qu'il faut se pencher sur les évolutions du syndicalisme. Au moins pour celles et ceux qui pensent que pour faire la révolution sociale il faut à minima que les travailleurs s'organisent pour reprendre en charge la production, et qu'en attendant que d'autres formes de regroupements que les syndicats soient investis en masse par les travailleuses et travailleurs, il faut prendre en compte les formes de regroupements qui existent dans le salariat.
Sans développer outre mesure on sait que partout en Europe, avec des rythmes différents il y a une volonté d'intégration complète du syndicalime (Allemagne il y a longtemps, Italie espagne plus récemment...etc...). En France, cette tendance n'est pas totalement aboutie quoi qu'on en dise. Je ne parle d'anarcho-syndicalime, c'est encore un autre sujet.
Même si le vers était dans le fruit à l'origine (histoire du syndicalisme chrétien), il a fallu 25 ans (1978 - 2003) pour que la CFDT bascule totalement dans le camps du syndicalisme d'accompagnement assumé et que tout les soubressauts internes liés à cette mutation soient digérés. Tout n'a pas pu être digéré et ça a laisser de la place à une nouvelle organisation syndicale ; Solidaires qui regroupe aujourd'hui 90000 adhérants.
Depuis les années 90, c'est au tour de la CGT d'être rentrée dans cette mutation. Je ne developpe pas ici les raisons de cette mutation et ça ne veut pas dire qu'il n'y avaient pas de critiques à faire sur la CGT avant, mais là ce qui se joue, c'est la fin du syndicalisme contre outil de contestation sociale.
Si la mutation de la CGT va à son terme, c'est une catastrophe à la fois pour le syndicalisme de lutte, mais aussi pour tout courant révolutionnaire dans la mesure où cela imprimera des comportements sur les salariés qui rendront les choses bien plus difficile (voir situation de l'Espagne où rien ne se passe au niveau national et interpro, même pas les journées sans lendemain qu'on connait ici, alors qu'il y a 17% de chomage au lieu de 9% ici). Il n'y aurait comme moyen d'intervenir que des choses qui resteraient aux portes d'entrées des boites.
Or il y a 3 options. Mutation réussit sans difficultés internes. Difficultés internes qui empêchent ou ralentissent les mutations, ou départs de secteurs de la CGT et éventuellement recomposition syndicale. Toutes ces options dans une situation où le pouvoir à décider de modifier les règles de représentativité syndicale pour bousculer le paysage syndical en essayant de créer deux gros pole d'accompagnement pour remplacer les "8 orga syndicales" de l'intersyndicale actuelle.

Donc l'objet de ce topic est de lister les choses qui montrent des signes de résistances à la mutatuon de la CGT ou des conséquences des tiraillements stratégiques internes.

Par exemple autour de la date du 19 mars, il y a eu pas mal de motions syndicales (syndicats, UL, UD) qui réclamaient à la Conf une position plus offensive que de proposer le 1er mai unitaire. Et ce coup-ci ce n'était pas seulement les syndicats "tenus" par le POI (dont on connait la pratique de motion).
Autre exemple, dans le Nord, le syndicat CGT de je sais plus quelle boite de l'automobile à décidé de manifester avec Solidaires le 19 mars. Enfin, dans le secteur des télécomunications, il y a eu marginalement quelques passages de la CGT(fapt) à Sud-ptt (à un sous traitant de SFR et à Médiapost par exemple).
L'autre facteur
 

Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede scrash le Lun 11 Mai 2009 19:56

Ce qui se passe à la cgt est moyennement intéressant pour moi, ça me rappelle trop "les 80% du temps de discussion à parler de tactique de pouvoir" quand j'étais à sud ptt.
C'était en permanence "et la cgt tatatitata et la cfdt tatatitatata et fo tatat " etc

Je ne te pourris pas ton topic, je le dis une fois et puis je vous laisse entre ceux qui sont motivés....
scrash
 

Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede Berckman le Mar 12 Mai 2009 00:02

Mouais enfin dans les boites où il y a aucune présence syndicale, les luttes sont très rare.
Et la mécanique d'intégration va liquider toute perspective de lutte nationale en dehors (et encore) du monde étudiant-e.

Pour le reste, et pour rester plus dans le sujet :

L'un des outils phares de la bureaucratie confédérale pour liquider l'opposition syndicale interne, c'est actuellement le cogitiel.
Il faut savoir que jusqu'au 48ème congrès, les syndicats CGT, du fait de l'héritage fédéraliste, fonctionnait de la manière suivante : le syndicat local perçoit la cotisation et reverse une partie à la fédération et la confédération.
Cela permettait au syndicat local, en cas de conflit, de conserver une certaine autonomie financière et donc augmenter ces chances de survies face aux coups de la bureaucratie.
Aujourd'hui, le cogitiel impose une toute autre structure : c'est la confédération qui perçoit la cotisation et qui reverse au syndicat un prorata.
C'est le passage définitif au centralisme structurel. Cela permet au centre, la bureaucratie confédérale, de couper les vivres à un syndicat oppositionnel.
C'est cette technique qui a été utilisée, outre les exclusions plus directes, dans la CFDT, pour le recentrage, ce qui a aboutit à l'exclusion de milliers de travailleuses et travailleurs combattifs, à la liquidation de l'opposition interne, et aussi au départ dans la nature de sections syndicales entières, ce qui a considérablement dégradé la situation des travailleuses et des travailleurs dans la lutte des classes.
L'hypothèse que tu fait Léo s'est justement montré caduque : cela ne s'est pas traduit par un renforcement de l'autonomie ouvrière, ou le développement d'une alternative de masse, mais au contraire à un très fort affaiblissement des luttes dans les années 80 (ce recentrage est d'ailleurs un effet des réseaux cathos de gauche, liés au PS, mais cela a justement permis d'affaiblir l'opposition à la politique de casse sociale).

Nombre de syndicats CGT refusent encore ce changement structurel, et c'est un enjeu important de lutte interne.

Il y a une politique de plus en plus liquidatrice de la bureaucratie confédérale CGT qui cherche à briser toute opposition interne, parce qu'elle se sait menacée actuellement, son alignement de plus en plus ouvert sur les positions cédétistes et pro-patronale suscitant des remous internes :

Tentative d'exclusion du syndicat forclum Rhône Alpes 110 adhérents, parce qu'il refusait la politique de collaboration de classe des permanents fédéraux :
http://jacques.tourtaux.over-blog.com.o ... 81001.html

Tentative de liquidation de l'UL de Douai par la confédération (un échec pour le moment)

Réactions :

Déclaration de la Région Métallurgie CGT Nord/Pas de Calais.



De nombreux syndicats CGT sont aujourd'hui ciblés par la confédération, les Unions départementales et fédérations pour tenter de les exclure, comme ce fût le cas pour le syndicat CGT Forclum où le tribunal a tranché en refusant l’exclusion exigée par leur fédération de la construction et la direction de l’entreprise. C’est une grande victoire pour la classe ouvrière face au patronat et au glissement réformiste de la direction confédérale CGT.

Les seuls reproches qu’ils font à ces syndicats sont d'être fidèles aux valeurs fondamentales de la CGT à savoir : bannir l'exploitation de l'homme par l'homme et la socialisation des moyens de production et d'échange.

Dans le Nord, l'Union locale de Douai, son secrétaire général sont depuis des mois l'objet d'assauts digne de ce qu’ont connu aux états unis dans les années 1920, les dirigeants des syndicats sako et venzetti ou le Makartisme dans les années 1950.

La pression, les coups portés, les menaces de mort envers sa fille qu’a subit Jacques Leclercq ne sont pas étrangers à l'attaque cardiaque foudroyante qui l'a emporté. La famille porte plainte car le harcèlement continue notamment la fille et la mère de Jacques. Espérons que la police et la justice seront aussi promptes à découvrir les responsables qui avaient assigné Jacques au tribunal, il suffit de regarder parmi les fidèles de l’UD du Nord pour trouver les coupables.

Depuis des mois, le syndicat CGT Renault Douai subit l'assaut d'une fraction de militants animés par un ancien membre du bureau fédéral de la métallurgie, surnommé dans le Douaisis le mercenaire, vous aurez bien entendu reconnu « le sieur Caré ».

Il est aujourd’hui libéré de sa tâche de secrétaire de l'institut d'histoire de la fédération de la métallurgie avec tous les moyens ; voiture, carte bleue, téléphone portable sans limite, restaurants pour soudoyer et corrompre des militants etc De plus ce dirigeant corrompu a maintenant un double emploi, puisqu'il vient d'être nommé responsable par la fédération PCF du Nord pour animer la campagne des élections Européenne.

A ce jour le syndicat CGT Renault Douai est toujours debout face à l’adversaire de classe et ceux qui l’accompagnent. Pour la direction de la Fédération de la métallurgie. C’est un échec, c’est pour cette raison que le délégué central Renault Fabien Gache et l’administrateur Audevard en collaboration avec le sieur Caré font leurs apparitions dans cette opération de purge envers le syndicat CGT Renault Douai (des tracts sont distribués dans ce sens où Fabien Gache serait le sauveur du désastre industriel et social de Renault face à la crise du capitalisme).

Ces attaques frontales contre le syndicalisme de classe sont issues de la confédération Européenne des syndicats (CES) où la direction confédérale de la CGT ne cesse de glisser sur des bases réformistes en collaborant avec le capitalisme Européen. C’est tellement vrai que le secrétaire général de la CES M. Monks déclarait devant la presse qu’il faut sauver le capitalisme, et dans la communication de la CGT, prônait pour moraliser le capitalisme.

On comprend mieux, le sens et les objectifs des violentes attaques contre les militants de classe, leurs syndicats dont la CGT Renault Douai qui tire sa légitimité par ses congrès, de ses forces organisées qui progressent malgré une campagne de propagande haineuse organisée par des dirigeants plus soucieux de la lutte des places que la lutte des classes.

C’est pour toutes ces raisons que la région métallurgie tient à porter à la connaissance de l’ensemble des militants cette situation et le besoin de soutien aux camarades de Renault Douai, de leur Union Locale et de son défunt secrétaire général J Leclercq.

La puissance du mouvement social qui grandit en France ulcère les technocrates de Bruxelles et de la CES. Ils exigent que la direction confédérale CGT fasse le ménage plus vite et plus fort, la chasse aux sorcières est organisée : en premier lieu couper les vivres en utilisant le nouveau système financier COGETIS à ceux et celles qui appellent depuis plus d’un an, au tous ensemble mais aussi l’éviction de militants investis de responsabilité ayant une expérience de classe de plus de 20 ans qui refusent d’appliquer l’orientation réformiste qui sera portée par le 49é congrès confédéral de décembre 2009.

La recomposition syndicale européenne est engagée autour de l'axe CGT/CFDT dans le cadre de leur future fusion, ils veulent que cela se fasse rapidement, c’est la ligne du secrétaire général Thibault qui a été dictée lors de la réunion du 7 janvier 2009 avec comme mot d’ordre « taper fort sur ceux qui résistent » ce qui explique le manque de soutien à toute les luttes engagées en bas, tout comme les assemblées de militants comme celle de l'auto qui demandent de l'action sans aucun écho de leur fédération.



LA CGT RESTERA-T-ELLE UNE ORGANISATION FIDELE AUX OBJECTIFS DE CLASSE DEFINIE A SA NAISSANCE EN 1895 OU VA-T-ELLE DEVENIR UN OUTIL AU SERVICE DE LA REFONDATION DU CAPITALISME ? L'ENJEU EST LA.
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Messagede qierrot le Mar 12 Mai 2009 11:55

La question ici tourne autour de la CGT, à laquelle il n'est pas demandé d'adhérer, pour appréhender une réalité syndicale et mesurer les enjeux. Il n'y a, à part dans nos rèves, pas de phénomène d'auto-organisation tangible, et le syndicalisme de lutte et de transformation sociale n'est pas en capacité actuellement de pallier au manque de coordination et de structuration. De nos capacités à comprendre les choses, analyser les tendances du moment et les transformations importantes qui touchent le monde syndical et appréhender les enjeux, découlent nos capacités à peser sur les évènements et à porter des initiatives, bref à exister un peu aussi autrement qu'en s'enfermant dans le domaine de l'incantation.

J'ai essayé de faire un peu le tour des sites CGT oppositionnels, qui recouvrent des sensibilités et des approches parfois convergentes mais aussi différentes dans le positionnement quant aux attendus de la CGT et du syndicalisme.

Où va la CGT : http://ouvalacgt.over-blog.com/
avec des positionnements pour un syndicalisme de classe.
et un forum récent : http://ouvalacgt.forumactif.com/

CSR (Courant syndicaliste révolutionnaire) : http://kaou.phpnet.org/
où l'on trouve une contribution pour le 49ème congrès de la CGT, avec un retour intéressant sur l'histoire de la CGT sur lequel s'appuie en partie cette contribution : http://www.syndicaliste.fr/spip.php?article397

CGT lutte de classe : http://cgt-luttedeclasse.org/
construit suite à l'organisation d'un meeting fin 2008 réunissant syndicats et membres de la CGT oppositionnels.


Lettre ouverte à Bernard THIBAULT, qui circule en ce moment : http://collectif-syndical-classe.over-b ... 67760.html
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede Berckman le Mar 12 Mai 2009 12:53

Sur les liens de Quierrot, quelques remarques :

"Ou va la CGT" est un site animé par les militants syndicaliste de l'OCML- Voie Prolétarienne, plus communément connu sous le nom de "partisan", une orga maoiste non stalinienne (la plus grosse actuellement en France se réclamant de Mao). Il s'agit onc d'un site de fraction politique.

Plus globalement, à la seule exception du CSR, on retrouve en fait des oppositions syndicales structurées autour d'un noyeau constitué par des organisations politiques (trotskystes ou stalinienne). (Et encore, à bien des titre le CSR fonctionne comme une orga politique)
Les regroupement sur une base strictement syndicalistes sont finalement peu nombreux, et cela derait faciliter l travail de la bureaucratie qui pourra refaire le coup des "coucous" c'est à dire désigner les oppositionnels comme des éléments extérieurs au syndicalisme...
Dernière édition par Berckman le Mar 12 Mai 2009 20:54, édité 1 fois.
Raison: Suppression de la référence aux posts déjà modérés
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede qierrot le Mar 12 Mai 2009 13:00

Oui, le "complot gauchiste". Il y a d'autres oppositions de ce type effectivement liées à des oppositions assez "politiques". Il y a aussi des secteurs "traditionnalistes", appelés "stals" du PCF. L'opposition la plus importante et qui s'appuie peut être le plus sur des sections ou union locale ce situe dans le nord.
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede Nico37 le Mer 22 Juil 2009 18:25

Qui a le communiqué originel ?

La CGT déplore la menace d'explosions d'usines par des salariés il y a 1 heure 7 min

Le syndicat CGT estime qu'il est contre-productif de détruire les instruments de travail pour obtenir de fortes indemnités de licenciement au moment où cette pratique se répand en France. Lire la suite l'article

Très discrète depuis que les salariés de Nortel et New Fabris ont placé des bonbonnes de gaz dans les usines, tandis que d'autres détruisaient des machines, la CGT rappelle que d'autres combats sociaux ont été gagnés sans menaces et autour de projets industriels soutenus par "la force syndicale".

"Ces combats pour les indemnités de départ (...) ne résolvent en rien les problèmes de fond", écrit le syndicat dans un communiqué alors que les salariés de plusieurs entreprises ont menacé en juillet de faire sauter leurs usines ou machines.

Le syndicat dit sa préférence pour le maintien des emplois et "la reconquête industrielle" par rapport à l'obtention de primes de licenciement supérieures aux obligations légales.

Pour autant, la CGT dit comprendre "le désespoir qui gagne les salariés" face au "manque de dialogue social dans les entreprises".

Clément Guillou, édité par Gilles Trequesser
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede qierrot le Mer 22 Juil 2009 19:20

çà corrobore ce que je pensais d'ailleurs dans le topic de "luttes et manifestations" où j'ai mis les infos à ce sujet : viewtopic.php?f=11&t=2407#p40658. J'avais mis en lien avec l'info sur le fait qu'ils enlevaient les bouteilles de gaz que "il semblerait que la CGT ait réussi à calmer le jeu, et calmer sa section syndicale visiblement trop entreprenante...(commentaire tout personnel)".
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede Breaking The Law le Mer 22 Juil 2009 19:32

LA cgt est donc bien un syndicat légaliste et non révolutionnaire , ni de lutte.
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede Nico37 le Mer 22 Juil 2009 22:05

Fédération METALLURGIE : a écrit:MAINTENIR L’OUTIL DE TRAVAIL ET LES EMPLOIS INDUSTRIELS, C’EST POSSIBLE !

Depuis plusieurs jours, certains essaient de réduire les luttes sociales dans notre pays en un combat souvent désespéré autour de l’obtention de primes dites « à la valise ». Les témoignages et les images « choc » se multiplient dans de nombreux médias autour d’entreprises comme SKF, NEW FABRIS, NORTEL etc.

Au cours du premier trimestre 2009, on évoquait les séquestrations de dirigeants d’entreprise en parlant déjà de violences comme chez CATERPILAR ou encore MOLEX.

Nous comprenons les tensions qui existent, le désespoir qui gagne les salariés. Depuis plusieurs mois, notre fédération s’inquiète du manque de dialogue social dans les entreprises et des comportements de « patrons voyous » qui agissent souvent en toute impunité.

En voulant faire croire aux salariés que les caisses sont vides, on assiste à une poursuite de distribution de parachutes dorés, de dividendes aux actionnaires, de stock-options…

Face à cette violence patronale, des salariés utilisent des formes d’action qui reflètent leur désespoir et un manque de perspective d’avenir. Ces combats pour les indemnités de départ en sont la terrible illustration et ne résolvent en rien les problèmes de fond.

Cette situation interpelle toute la société française. La crise mondiale n’explique pas tout. En tout cas, elle ne légitime pas des décisions et des mesures qui aggravent la situation économique et sociale.

Les positions dogmatiques autour du déclin inéluctable de l’industrie et de ses emplois ne datent pas d’hier. La CGT a toujours combattu ces idées et l’actualité récente montre que des victoires sont possibles, que cette casse industrielle n’est pas la solution.

PLUSIEURS EXEMPLES MERITERAIENT PLUS D’ATTENTION MEDIATIQUE ET DES PROLONGEMENTS POLITIQUES.

- les salariés de la SBFM, une fonderie automobile, ont préservé leur outil de travail et 100% des emplois de leur site après plusieurs mois de lutte. En étant racheter par RENAULT, ils viennent de faire la démonstration que les politiques d’externalisation des productions de la part des grands groupes, ne sont pas des solutions économiquement et industriellement efficaces. Ils ont fait la démonstration que les entreprises industrielles ont besoin d’être orientées vers des projets industriels et que les seules logiques financières conduisent au pire.
- Les salariés des groupes SONAS, WAGON ou RENCAST ont obtenu des résultats très importants tant sur le maintien des sites de production que sur les emplois concernés
Dans tous ces cas, les projets industriels soutenus par les salariés et leurs organisations syndicales ont contraint les donneurs d’ordre et les pouvoirs publics, à discuter en direct et à travailler sur le long terme. Dans tous ces cas, la force syndicale, c'est-à-dire le nombre de syndiqués, a constitué un atout important.

CES SUCCES TRES IMPORTANTS EN APPELENT D’AUTRES TRES RAPIDEMENT, NOUS PENSONS A MOLEX OU A LA REPARATION NAVALE MARSEILLAISE.

Cette période de congés ne constitue pas une trêve dans les mobilisations pour nous. Des solutions de reprise d’activités doivent être trouvées rapidement chez MOLEX par exemple.

Ces batailles symbolisent l’engagement de toute la CGT autour de la reconquête industrielle et des nombreux emplois à préserver ou à conquérir dans les entreprises. Ces actions trouveront des prolongements nationaux dès la rentrée de septembre dans la campagne nationale engagée par la CGT depuis le début de l’année.

Montreuil, le mardi 22 juillet 2009


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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede qierrot le Jeu 23 Juil 2009 00:30

Breaking The Law a écrit:LA cgt est donc bien un syndicat légaliste et non révolutionnaire , ni de lutte.

tu te réveilles ? :wink:
non révolutionnaire c'est sûr depuis longtemps. D'ailleurs est-ce que le syndicalisme est révolutionnaire en soit, moi j'en sais rien par exemple. Je parle d'avantage d'outil et de dynamique, et en loccurence de dynamique révolutionnaire.
Par contre contrairement à la CFDT par exemple on peut encore ranger la CGT à la fois dans le cadre légaliste et de lutte. Le prochain congrès, même s'il s'annonce en continuité d'un tournant de plus en plus collaborationiste, permettra de voir quels sont les rapports de forces internes, car il y a encore des oppositions vives face à la direction de ce syndicat.
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede leo le Jeu 23 Juil 2009 15:34

Difficile d’aborder cela car les problématiques sont nombreuses et s’entrecroisent souvent.

Quelques remarques générales.

Sur le syndicalisme en général

Je crois que la tendance générale du syndicalisme à s’intégrer au capitalisme se poursuit.
En France il prend la forme d’un émiettement considérable des organisations de type confédéral (nationale) en même temps que se réduit considérablement le nombre de syndiqués et encore plus de militants syndicaux. Huit ( ! ) confédérations nationales pour moins de 8% de syndiqués !
Dans le cadre de ce processus d’intégration, la tendance est à l’affaiblissement progressif des capacités et volontés de lutte des organisations syndicales au profit de la recherche de compromis, de maintenir ou développer une structure reconnue, financée (par les aides publiques ou les dons et autres rémunérations du privé), et que la concurrence des bureaucraties entre elles ne peut qu’aviver et accélérer.

La présence du syndicalisme.
1) Là où les salariés sont les plus nombreux (les PME), le syndicalisme est globalement absent, surtout dans les petites qui sont les plus nombreuses.

2) Dans les grandes entreprises, la force et la présence des syndicats s’amenuise à mesure que se réduit le nombre et la dimension des sites de production, de travail.

3) Le dernier bastion du syndicalisme est celui du secteur d’Etat au sens large (fonctions publiques diverses – nationale, territoriale, hospitalière -, entreprises d’origine publiques en cours de privatisations.
Or ce secteur est lui-même en cours de réduction accéléré des effectifs.

Bref, pour des raisons objectives de réorganisation du salariat, le syndicalisme est en cours d’affaiblissement.

Et, n’étant pas trotskiste, je ne crois pas que cela soit une question de “direction” réformiste qu’il faudrait remplacer par une autre, plus “révolutionnaire”.

Sur la CGT

Il n’est pas nécessaire d’avoir une boule de cristal pour deviner ce qui va se passer.
Cela s’appelle recentrage, c'est-à-dire se retrouver au « centre » du jeu syndical, de cette inter-syndicale nationale que nous connaissons depuis près d’un an. Le « centre » signifiant le point d’articulation, de jonction, de compromis entre tout ce petit monde des directions syndicales. Cela suppose donc un rapprochement avec l’autre grand syndicat qui compte dans ce pays ; la CFDT. L’axe essentiel est donc CGT-CFDT. Les 6 autres confédérations suivent. Fondamentalement parce qu’elles sont d’accord et sans doute aussi car sans peu de moyens et/ou de volonté de tracer une autre voie.

Sans doute ce recentrage de la CGT provoque et va provoquer des résistances ici ou là. Je n’aime pas faire des pronostics (et j’aime bien les surprises) mais je ne vois pas de courants importants pouvant infléchir cette tendance. D’autant que, parmi les “opposants” internes dans la CGT (genre UD-Paris), on peut avoir de sérieux doute sur le fait d’y voir une opposition porteuse de transformation libertaire, de modes de luttes auto-organisés et donc de l’intérêt d’en faire des alliés !
Mais principalement, pour les raisons évoquées plus haut d’affaiblissement du syndicalisme et de sa tendance à l’intégration. Car les courants militants, ce qu’ils font, ce qu’ils sont prêts à faire (c’est aussi une question d’“imaginaire”) sont aussi le produit d’une situation, d’un contexte. Et le contexte présent n’est pas à la radicalisation. En interne, le conformisme et le patriotisme d’organisation sont déjà de puissants facteurs de normalisation. Plus globalement, le discours de la “crise” fait peur. C’est sa fonction principale. Et la peur, et la menace qu’elle contient, ont toujours mieux discipliné les populations que n’importe qu’elle autre message.

Et là, il ne faut pas se tromper d’analyse ni de période. Il n’y a pas aujourd’hui d’un côté des directions syndicales « molles » et de l’autre une base « radicale », prête à tout, à déborder, à en découdre, etc. Ici ou là, il y a bien des énervements (séquestrations, menaces de sabotages…), mais globalement les travailleurs sont sur la défensive. Car cela fait plus de 30 ans qu’ils sont sur la défensive ! Cela fait, depuis la fin des « 30 glorieuses » (vers 1977-79) que le nouveau schéma de l’expansion capitaliste (des richesses et des profits) s’est fait sous le régime d’une crise/restructuration permanente du côté des salariés (intérimaires, externalisation/sous-traitance, robotisation, management par objectifs, délocalisations, temps partiels, etc…). Par ailleurs, les grandes bagarres générales sur le salariat (les retraites) ont été perdues et aujourd’hui plus personne ne conteste l’allongement continu des années de travail et de cotisation.
Comme disait Antigone dans un autre topic les travailleurs se font virer « en chialant » après des années et des années de boîte. Sauf que certains ont 25 ans, d’autres 45, 50 ans et plus. Et qu’aujourd’hui, les “accompagnements sociaux” aux licenciements (qui étaient des “amortisseurs” dans le langage convenu) sont beaucoup moindres que dans les années 80-90, et que l’âge de la retraite s’est allongé (plus de plan sociaux avec pré-retraites à 53 ans !).

Avoir un œil sur la CGT ?
Oui, sans doute, comme sur le reste.
Et en ce qui me concerne, avec un niveau d’espérance assez faible.
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede Breaking The Law le Jeu 23 Juil 2009 19:51

Ce n'est pas tant une question de nombre de syndiqués que de la réelle representation des syndicats et de leur politiques. Les syndicats ne marchent que pour eux et leur petites combines avec l'etat et les entreprises ne marche pas . Hier c'était des casseurs de grève , aujourd'hui ce sont des vendus du capitalisme , toujours les memes idées et les memes politiques. Tout ça pour dire qu'avec 100 000 hommes motivés les puissants pourraient avoir peur mais avec 10 millions de syndiqués les patrons rigolent...
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede Arthur le Ven 24 Juil 2009 14:00

Comme souvent la dénonciation de pratiques syndicales réformistes s'accompagnent d'un rejet du syndicalisme en général.
Depuis son origine ont cohabité, au début au sein de mêmes organisations, une tendance réformiste et une autre révolutionnaire.

La difficulté pour le Syndicalisme Révolutionnaire est de devoir faire front aux attaques - non concertées, faut pas verser dans la paranoia - du patronat et de l'Etat, des syndicalistes réformistes, des gauchistes et de larges fractions de l'anarchisme organisé, ou des tenant de l'autonomie diffuse.

La qualité des échanges réclamerait cependant que chacun puisse argumenter sans avoir recours à l'amalgame.
En ce sens les interrogations de Quierrot
D'ailleurs est-ce que le syndicalisme est révolutionnaire en soit, moi j'en sais rien par exemple

Qui n'en sont pas vraiment, je crois, nous permettent de mesurer tout ce qui fait la différence entre des organisations syndicales comme les SUDs qui engrangent aujourd'hui la venue de salariés en demande de radicalité apparente et la CNT-f qui cherche à s'inscrire, parfois difficilement, dans une pratique révolutionnaire ayant pour objectif la syndicalisation des moyens de production.

Fraternelles Salutations Syndicalistes.
Arthur
 
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede qierrot le Ven 24 Juil 2009 15:05

Il ne faut pas tout vouloir comme celà interprêter et je ne me sent pas éloigné d'ailleurs de ce que tu dis. Mais il est vrai que je parlerai d'avantage de pratiques révolutionnaires. On peut encore en rencontrer dans certains secteurs de la CGT d'ailleurs, de moins en moins certes. Je contribue avec d'autres camarades à apporter du sens et du contenu dans le syndicat, et dans l'interpro qui me semble être un travail essentiel (et qui est pour la socialisation des moyens de production :wink: ). Il est vrai que je me sent aussi à la fois du courant syndicaliste révolutionnaire mais aussi du conseillisme (du conseillisme libertaire s'entend), d'où cette question autour de la nature du syndicalisme que l'on peut en effet interroger sans pour autant le rejeter. Il y aurait matière à ouvrir un topic en effet sur ces questions, et qui pourrait être moins caricatural et certainement plus enrichissant que le topic que l'on a vu déjà ici sur la question du syndicalisme d'ailleurs...
Sur la question de la syndicalisation ou de la socialisation, celà renvoie au débat historique entre anarcho-syndicalistes, et le projet expliqué par Pierre Besnard dans "Le monde nouveau", et une vision communiste libertaire plus conseilliste. Il y aurait sans doute matière à lancer un topic là dessus aussi...
qierrot
 

Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede Arthur le Sam 25 Juil 2009 11:16

dans l'interpro qui me semble être un travail essentiel


Si, sans conteste et dans l'esprit de la Fédération des Bourses du Travail, le travail interpro permet l'unité de classe et combat le corporatisme, n'est-il pas devenu le lieu d'un travail politique où s'opposent les différentes "chapelles" pour la conquête de zones d'influances et des futurs militants de leurs organisations spécifiques ?
N'est-ce pas là que le NPA est venu pécher une partie de son renouveau ?
Et si le NPA nous fait une relecture de la créaton du PCF, les anarchistes doivent-ils y participer, en leur abandonnant le syndicalisme comme ils l'ont fait dans les années 20 ?

Si les militants syndicaux s'investissent tant dans ce travail interpro, n'est-ce pas la preuve que le syndicalisme d'entreprise qui a anéanti le syndicalisme d'industrie, à vocation réellement révolutionnaire, a ammené les syndicalistes à renoncer a faire de leur organisation l'outil de la transformation sociale ?
Les difficultes de Solidaire à construire ce syndicalisme d'industrie, les relents d'Humanisme que l'on constate dans le positionnement de ces militants sur la question de sans-papiers - par exemple, montre à mon sens la faiblesse -dit sans anémosité - d'un syndicalisme ne s'inscrivant pas dans un projet révolutionnaire.

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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede qierrot le Sam 25 Juil 2009 12:47

On rentre dans ce débat qui va nous faire partir en hs par rapport au titre de ce topic, et c'est pourquoi je pense et dit encore qu'un topic sur le sujet serait intéressant. Je prend le syndicat pour ce qu'il est, un outil qui en ce qui concerne le syndicat où je suis, dans le département ou je suis, me parrait pleinement approprié. Les libertaires pèsent beaucoup, parce qu'ils sont actifs, dans la vie et le contenu du Solidaires local. Celà a joué notamment dans la sortie de l'intersyndicale locale. La CNT, disparue depuis, n'a jamais dépassé les effectifs du moindre groupe anar du coin là où je suis, et la plupart des ex membres de la CNT font du bon boulot syndical dans les SUDs et dans Solidaires. Je ne prend pas non plus le syndicat dans lequel je suis pour une chapelle et ne me sent pas en concurrence avec d'autres et notamment avec la CNT dans laquelle se mène aussi un boulot syndical intéressant même si l'on sait que malheureusement il y en a dedans qui confondent syndicat et organisation politique, mais je sais Arthur que tu ne fais pas partie de cette sensibilité. De fait une crise de plus en plus importante se profile dans la CNT, et quelques uns de ces membres les plus actifs dans le domaine syndical sont même partis à la CGT pour sortir un peu du gettho. En disant celà je ne souhaite pas non plus la mort de cet espace syndicaliste révolutionnaire, il me parait important même si ce n'est pas mon choix actuel que ce type d'espace puisse aussi se développer.
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede Arthur le Sam 25 Juil 2009 14:53

Je me souviens d'un camarade du syndicat du Commerce CNT qui se désespérait, seul militant syndical sur sa boite, d'avoir favorisé, bien malgré lui, l'adhésion de certains de ses collègues à la CGT.
Tout ça me semble cependant parfaitement compréhensible.
Ayant expliqué à ses collègues, par la parole ou par tracts, qu'il fallait s'organiser face à l'attitude offensive de leur employeur, ceux-ci ont été rapidement convaincu de cette nécessité.
Mais quand un travailleur intègre la notion de lutte de classe, sa première réaction reste de se tourner vers l'organisation syndicale qui lui semble la plus puissante donc la plus à même d'établir un rapport de force favorable face au patronat.
Ce camarade avait échoué a démontrer en quoi le syndicalisme révolutionnaire de la CNT était différent et donc porteur de pratiques, de fonctionnement et d'un projet bien éloigné de celui de la CGT ou de toute autre organisation syndicale existante.
Mais peut-être n'en était-il pas lui même convaincu, comme d'ailleurs nos ex-camarades partis rejoindre SUD ou la CGT. 50 ans d'hégémonie stalinienne ont laissé une partie du mouvement libertaire à la ramasse et prêt à singer, sous prétexte d'une efficacité qui reste à prouver, la première pratique de casse du mouvement ouvrier comme l'est le syndicalisme d'entreprise.

De fait une crise de plus en plus importante se profile dans la CNT

Je ne connais pas les informations dont tu sembles disposer et qui te permettent d'annoncer cela.
La CNT-f, comme toutes les organisations connait la lassitude des militants qui leur fait croire un moment que l'herbe est plus verte ailleurs.
Chacun connait l'espérance moyenne de vie d'un militant, et ce quelque soit son organisation. Plus l'organisation est petite, l'engagement militant demandé important, la gratification inexistante et plutôt la mise en accusation fréquente, plus la perte de militants de valeur est visible.
Peu de militants, engagés fortement, soumis à la répression de l'employeur et aux mesquineries d'adhérents de base résistent à l'appel de décharges ou de fonctionnarisation que seuls peuvent offrir des organisations syndicales plus importantes. Souvent les camarades formés à la CNT ont décidé d'aller paître sur ces plus vertes prairies. Qui leur en ferait le reproche ?

Toutes ces choses n'ont que peu d'intérêt.
La différenciation de nos syndicalismes et donc du projet dont ils sont porteurs est bien plus importante, et je constate que tu ne réponds pas à mes interrogations sur syndicalisme d'entreprise et syndicalisme d'industrie.
Je suis personnellement adhérent dans un syndicat d'industie CNT: le syndicat du bâtiment.
Peux-tu m'expliquer pourquoi les travailleurs du bois sont rattachés, à Solidaire, dans un SUD Industrie rassemblant aussi l'automobile, l'ensemble des produit manufacturés, etc ?

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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede qierrot le Sam 25 Juil 2009 15:17

J'en sais rien mon vieux, tu sais que Solidaires est un espace en recherche et en construction...Je n'ai pas trop envie d'avoir un débat de "boutiquiers" sur cette question, ce n'est d'ailleurs pas comme celà que je voyais les choses, comme je l'ai dit, et malgré le fait que tu cherches à envoyer le débat la dessus. On est en HS par rapport au topic, je t'invite encore à créer un topic là dessus si tu le veux, et je ne dis pas celà pour chercher à me défiler, chacun sait ici que ce n'est pas dans ma nature. :wink:

Edit : Nico37 a lancé un topic là : viewtopic.php?f=12&t=2445&start=0&st=0&sk=t&sd=a
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Re: Evolution du syndicalisme - avoir un oeil sur la CGT

Messagede Nico37 le Ven 7 Aoû 2009 20:22

Quand la CGT mène sa vie de château
Par Marie Huret, publié le 06/08/2009 11:31 - mis à jour le 06/08/2009 12:37

A Courcelle-sur-Yvette, des militants triés sur le volet suivent régulièrement des stages de perfectionnement. Au fil des ans, le décor - un manoir tout confort - s'est modernisé, la pédagogie aussi.
Au bout d'une allée fleurie se dresse le manoir. Des sculptures poussent sur la pelouse bichonnée comme à Versailles. Tout autour, du vert : 7,5 hectares, avec tennis et terrain de basket. Trop chaud pour jouer ce midi. Les invités, en bermuda, se réfugient sous les parasols du "coinvivial" - c'est son nom - où gravitent les gobelets de pastis. Coiffé d'un panama, un jeune sifflote "Sous le soleil exactement...", sans lâcher son guide rouge. Pas le Michelin, l'autre : le Code du travail. Le Routard du cégétiste.

Avant de reprendre les différents combats syndicaux, des militants de la CGT ont suivi un stage de perfectionnement dans l'Essonne.
On se pince pour y croire : des syndicalistes au château ! Plus précisément à Courcelle-sur-Yvette (Essonne), au coeur de la très cossue vallée de Chevreuse, à une heure de Paris. L'ancien moulin, réaménagé en hôtel cosy - salle de cinéma, appareils de muscu, billard... - n'appartient ni au Club Med ni à un riche propriétaire, mais... à la CGT. C'est là que se niche l'académie de la lutte sociale. Des férus de la négo. Des futurs Bernard Thibault. Là que se croisent les hauts potentiels de la confédération : quelque 4 000 militants ingurgitent toute l'année les nouvelles règles de la représentativité ou l'histoire de la scission de 1947. En cette période de crise, les syndicalistes sous pression fourbissent leurs stratégies à Courcelle. Révisent le déminage de plan social. Ne viennent que les stagiaires proposés par leur hiérarchie. Cet été, c'est complet. "Nous veillons à ce qu'il y ait du brassage, mais nous devons refuser du monde, confie Lucien Vives, directeur du centre. L'endroit fait beaucoup d'envieux."

Parfaire sa culture de syndicaliste

Ancienne propriété des Rothschild, puis d'un Russe blanc ayant collaboré avec les Allemands, le manoir fut un bordel pour les officiers de la Wehrmacht... Repris le 24 août 1944 par les Francs-tireurs et partisans (FTP) pour ouvrir le passage au général Leclerc venu libérer Paris, le site a été racheté en 1947 par la CGT, qui le baptisera centre Benoît-Frachon, en référence au résistant communiste, secrétaire général de la confédération de 1945 à 1967. Comme dans un musée, son bureau trône dans une pièce, orné d'un écriteau : "Quiconque néglige sa formation se voue inéluctablement à la stagnation."
L'aphorisme n'a pas pris une ride. Ce matin, le centre tourne à plein régime. En salle n° 3 : les conseillers prud'homaux. Salle n° 4 : les techniciens du spectacle. Salle n° 5 : les cheminots. Ce midi, le chef cuisinier s'apprête à servir 135 couverts, du confit de canard et des haricots verts. "Y a-t-il des régimes particuliers ?" s'enquiert une formatrice. "Des régimes spéciaux ?" s'amuse Marc, 37 ans, chef de cabine et délégué syndical chez Air France, compagnie tenaillée par des menaces de plan social. Encarté depuis 1999, ce bourlingueur originaire de Picardie possède une licence de civilisation scandinave. Parle le portugais. Mais a dû maîtriser un idiome aussi ardu : l'uppercut. Négocier, cela s'apprend. "C'est le nerf de la guerre, souligne Marc. Les dirigeants d'entreprise possèdent un solide bagage intellectuel, il faut nous mettre au niveau."

C'est à Courcelle que se repèrent les cadres de Montreuil

Quand la "cégète" retourne à l'école, la pédagogie pioche dans les sphères de Freinet et Piaget. Le stagiaire est associé à tout : on ne l'abreuve plus de pavés marxistes, on le fait participer. Une révolution amorcée à la fin des années 1990. "Jusque-là, il y avait très peu de débats, plutôt des leçons magistrales, souligne Nicole Franchault, formatrice à Courcelle. Sur l'évolution du salariat, on lisait du Magniadas [un économiste-syndicaliste], on discutait du Magniadas. Aujourd'hui, la formation cherche à rendre le stagiaire acteur."
PowerPoint, jeux de rôles et cas pratiques musclent le contenu. Réunies autour d'une table en U, une douzaine de recrues suivent la session "Formation de formateurs". Il y a là un conducteur de bus d'Evry, un camarade de la Fédération de la construction, une élue de l'Union départementale de Montpellier... Chacun apprend à animer un groupe. En langage Courcelle, ça s'appelle la théorie du Mecc : motiver-entreprendre-chercher-construire.
Démonstration avec Franck, 42 ans, tunique blanche et cheveux longs. Cet élagueur à la mairie d'Evreux, membre de la commission exécutive de la CGT pour la fonction publique territoriale, interpelle ses camarades : "Si un élément perturbateur me pourrit une formation, je l'isole ?" Réponse de Nicole Franchault : "Ce serait au groupe de lui dire : "Ça suffit !"" Franck a déjà suivi deux sessions de direction au manoir : "Cela donne de l'assurance, explique-t-il. J'ai dû négocier avec Bernard Debré quand il était encore maire d'Evreux. Il faut maîtriser à fond sa prise de parole, en gardant un certain culot ; je l'ai appris ici."

A chacun son fief
C'est une première : le n° 1 de la CGT, Bernard Thibault, se rendra cet été au château de Bierville, comme invité de l'université d'été de la CFDT (du 25 au 28 août). Nichée à Boissy-la-Rivière (Essonne), l'élégante propriété - tennis, minigolf, salons - sert de centre de formation à la CFDT. Une riche famille proche de Napoléon en fut propriétaire. C'est d'abord la CFTC qui, en 1950, hérita du domaine, à la mort de son propriétaire, le député Marc Sangnier, polytechnicien issu de la grande bourgeoisie. Après la scission de 1964 et la naissance de la CFDT, celle-ci a récupéré le lieu.
De son côté, Force ouvrière forme ses stagiaires au château de la Brévière, au coeur de la forêt de Compiègne (Oise), à 75 kilomètres de Paris : un legs du syndicat suédois LO effectué en 1972.

Le centre se refuse à donner des notes et des diplômes, mais c'est à Courcelle que se repèrent les cadres de Montreuil et que les réseaux se tissent. Responsable de la formation à la confédération, Jean-Paul Quinqueneau a ainsi tenu son petit carnet : "Pendant les stages, je notais les noms des personnalités que je remarquais." N° 2 de la CGT, Maryse Dumas a elle-même été repérée vers la fin des années 1970 par le futur secrétaire général Louis Vianney, qui ne la connaissait que de nom. "C'est une véritable école, nous apprenons à parler en public, à réaliser des synthèses, confie Maryse Dumas. Ce n'est pas vraiment le diplôme qui compte chez nous, c'est même plutôt un handicap. Nous ne voulons pas d'un bureau confédéral qui serait composé d'énarques !"
Pour les militants qui ont abrégé leur parcours scolaire, l'apprentissage syndical permet de raccrocher les wagons du savoir. "De grandir", souligne Maurad Rabhi, 39 ans, secrétaire général de la Fédération textile et membre du bureau confédéral depuis 2003. Elevé dans les Ardennes, ce fils de Kabyles, devenu technicien de maintenance, aurait pu figer son avenir à l'usine. Son diplôme ? Le bac pro. Son véritable examen ? Sa lutte jusqu'au-boutiste aux côtés des Cellatex [les salariés avaient menacé de jeter des produits chimiques dans une rivière] en 2000. Depuis, le militant n'a cessé de monter dans les instances de la CGT. Il traite avec les patrons du Medef. "Le social n'est pas une science exacte, vous pouvez rouler dans la farine un gars sorti de Polytechnique, dit-il, plus difficilement un militant de terrain." En septembre, Maurad Rabhi emmènera son équipe de la fédération en séminaire à Courcelle : "Là-bas, on se met au vert, on oublie la pression."

L'ambiance a évolué au fil du temps

A l'heure où la France affiche l'un des plus faibles taux de syndicalisation d'Europe - il plafonne à 8 % des salariés - l'internat chouchoute ses recrues. Les dortoirs des années 1970 ont été remplacés par 130 chambres avec bonbons sur la table de nuit comme à l'hôtel Ibis. Les sucreries ne sont pas le seul attrait du château. "C'est la drague", confie un habitué. Les organisateurs en ont bien conscience : pour 2 euros, un distributeur fournit "4 préservatifs Manix Super". Fini, l'époque où le domaine vivait en autarcie, le portail fermé, les internes bridés comme au monastère. "Les stages de niveau supérieur duraient un mois ; du coup, les fêtes de clôture dégénéraient", se souvient Bernard Moreau, qui a contribué à la mue pédagogique du centre. Le jour où cet ex-directeur a fêté son départ, Bernard Thibault l'a titillé sur la discipline de fer qui régnait à l'époque où lui venait en stage avec les cheminots.
Depuis, l'ambiance a bien changé. En ce soir d'été, la salle de cinéma joue Séraphine, le film multicésarisé - demain, L'Elégance du hérisson, le livre, sera décrypté au café littéraire. Pendant que ses camarades se ravitaillent en cacahuètes au supermarché, Ghislaine, une brune pendue à son téléphone, tente de régler le problème de travailleurs bulgares exploités sur les chantiers de Saint-Nazaire. Son portable vibre toutes les deux minutes : "Où en est-on ?" s'inquiète la juriste. Des balles de tennis claquent au loin, un autre match commence.
Nico37
 

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