Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Débats politiques, confrontation avec d'autres idéologies politiques...

Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Pia le Lun 29 Déc 2008 18:13

:arrow: http://www.non-fides.fr/spip.php?article142

Deux poids, deux mesures
De l’onanisme en milieu militant.

Avec la même unanimité que l’on peut voir aujourd’hui pour encenser les emeutiers grecs, après les émeutes urbaines de 2005 en France, un cortège de communiqués ont condamné les violences. Les émeutiers, ici, sont des « irresponsables », des « inconscients » qui « se tirent une balle dans le pied » et se mettent « les leurs » à dos. Les leurs ? Voici le meilleur moyen de souligner la séparation entre « les militants » qui pondent leurs analyses tranquillement installés dans leurs sièges au coin du feu et ceux, que beaucoup d’entre eux s’amuse à appeler « les masses », qui eux s’insurgent en foutant le feu.

Suite à la mort de Bouna et Zied, la révolte était au mieux « compréhensible », mais ce n’était pas la « bonne » révolte, LA révolte « politisée » (celle qui aboutirait à la Révolution Sociale), et les cibles n’étaient pas les bonnes non plus ; foutre le feu oui, mais pas à l’école primaire de la ville, pas aux associations de « grands frères » chargées d’assurer la médiation, pas à la voiture du voisin prolétaire, pas à la bibliothèque du quartier, pas aux entreprises qui amènent « l’égalité des chances » dans les banlieues parce que faire « cela » revenait à un suicide politique.

Mais était-ce vraiment le choix des cibles qui démangeaient nos révolutionnaires franchouillards ? On se pose la question quand on voit les réactions de ces mêmes personnes lorsque le même type d’événements a lieu en Grèce , mais cette fois, lorsqu’ils sont « produits » par des personnes qui ajoutent un A cerclé et autres signes de reconnaissances tribaux sur les murs (comprenez : « par des gens déjà conscientisés »).

Dans le premier cas, il s’agit « d’irresponsabilité », dans l’autre, c’est « l’insurrection qui vient ». Ce qui semble cristalliser l’attention de nos révolutionnaires dans ces émeutes à l’étranger, c’est le folklore militant.
En effet, la France est un des pays où ont lieu le plus d’émeutes urbaines, et ce depuis le début des années 80 (depuis Vaulx en Velin en 79). Encore il y a peu, Vitry-le-francois, Roman-sur-Isere, Villiers-le-Bel, Grigny, La Courneuve, Les muraux etc. ont explosé. Mais personne aux balcons, finalement, c’est devenu si commun de se révolter dans les banlieues…
Seulement, dans ces milieux, l’exotisme règne. La France, ses banlieues pourries, ses « racailles obsédées par l’argent facile et le bizness » et sa « jeunesse dépolitisée » contre la Grèce, son soleil, ses îles fleuries et ses black blocs photogéniques.

Ces « analyses » militantes créent donc une hiérarchisation entre les explosions de rage régulières des banlieues et celles, plus sporadiques, comme à Oaxaca ou en Grèce. Ils reconnaissent donc à certaines populations le privilège d’être le ou les « sujets révolutionnaires », tandis que d’autres restent, à mot couvert, des avatars modernes du lumpenprolétariat, incapables d’aller au delà de la révolte. Car les révoltes, dans leurs esprits, ne sont bonnes qu’à être le prélude du Grand Soir, ou d’un hypothétique processus révolutionnaire, ce qui revient au même.

Une étrange compétition semble alors s’installer, entre ceux et celles qui ne feraient « que » cramer la voiture de leur voisin, l’école de leur petit frère ou le bureau de poste de leurs parents, et ceux qui ont déjà tout compris, ceux qui s’en prennent directement aux symboles du Pouvoir. Pourtant, les cocktails Molotov sont de même facture, et une école qui brûle reste une école qui brûle, d’Ithaque à Aubervilliers.

Il est bien plus facile pour un libertaire, un trotskiste ou n’importe quel autre gauchiste de s’identifier à un étudiant de classe moyenne, déjà actif dans les mouvements sociaux et surtout, affublé des mêmes symboles folkloriques qu’à un individu qui n’a pas la même « culture politique » et qui d’ailleurs n’a pas forcément attendu de lire l’intégrale de Bakounine pour foutre le feu à ce monde. La rage spontanée des pauvres, elle, n’a rien de folklorique ; elle n’est ni esthétique ni pompée d’un manuel commercialisé à la Fnac.

Dans les divers commentaires à propos des révoltes en Grèce, on a pu lire que le Pouvoir se chiait dessus, qu’il était à deux doigts de vaciller, que l’insurrection se propageait à vitesse grand V, et autres projections fantasmées. Faux, la révolte était somme toute balisée, elle est restée dans un cadre « classique », connu par les forces de l’ordre, et ce , quelque soit le nombre de banques cramées. Si l’insurrection venait vraiment, ce ne serait pas des grenades lacrymogènes que l’Etat enverrait, mais l’armée.
En 2005 par contre, peu après les premiers tirs en direction de la police et le relatif retour au « calme », une note interne des renseignements généraux décrivait la situation comme « insurrectionnelle ». En effet, dans cette note de huit pages de la D.C.R.G. nommée « crise des banlieues : violences urbaines ou insurrection des citées ? » on pouvait lire : « la France a connu sous forme d’insurrection non organisée avec émergence dans le temps et dans l’espace, une révolte populaire des citées, sans leader et sans proposition de programme » et ce, en totale contradiction avec leur ministre de tutelle de l’époque. La note rajoute : « aucune manipulation n’a été détectée, permettant d’accréditer la thèse d’un soulèvement généralisé et organisé ». Cette fois-ci, la France s’est véritablement chiée dessus, dans des proportions incomparables avec d’autres crises « politiques » comme le CPE. Le déploiement des hélicoptères de surveillance et les mesures de couvre-feu en témoignent. Le 8 novembre, De Villepin décrète l’Etat d’urgence, autorisant ainsi les préfets à mettre en place des mesures « exceptionnelles », alors même que le « calme » était peu à peu en train de revenir.

Le but de ce texte n’est pas de minimiser une révolte ou d’en maximiser une autre, mais de mettre les militants face à leurs contradictions. Pourquoi eux se permettent-ils de maximiser ou de minimiser, et selon quels critères ? Nous nous foutons des symboles, la seule chose qui importe dans une émeute, c’est la rage qui la guide, et non les « capacités pré ou post-révolutionnaires » de ceux qui la font [1]. Mais se réfugier dans le fantasme exotique d’une insurrection en Grèce permet de ne pas trop se mouiller ici, et de redorer un blason terni par des actes manquants. Pour nous, condamner une émeute de banlieue -sous un prétexte fallacieux ou un autre- équivaut à condamner une grève sauvage, une attaque de keufs ou l’incendie d’un centre de rétention ; c’est nier la révolte qui anime les enragéEs, en faisant d’eux des objets d’étude sociologique qui, pour se faire, doivent nécessairement adopter un point de vue extérieur et distant, voir condescendant. Assis au coin du feu, le révolutionnaire a tout le loisir de pondre d’imposantes réflexions qui feront autorité et montreront la voie à ceux qui eux, n’ont pas que ça à foutre.

Solidarité avec les incarcérés de 2005 comme de 2008.

[1] Il est évident par ailleurs que nous ne serons jamais solidaires d’une émeute conduite par des ennemis, ou par n’importe quel groupe ayant l’intention de s’emparer du pouvoir ou de commettre des massacres, cela va sans dire.

Extrait de Non Fides N°III, à paraitre en Janvier.
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Vilaine bureaucrate le Lun 29 Déc 2008 18:40

Ya contradiction,
"Nous nous foutons des symboles, la seule chose qui importe dans une émeute, c’est la rage qui la guide, et non les « capacités pré ou post-révolutionnaires »
de ceux qui la font " et ya aussi l'idée qu'il faut bien un minimum de conscience, et qu'on ne fait pas ça pour certaines raisons et avec n'importe qui.
Je vois pas l'interet chez les autonomes, d'etre faussement "de base". Alors que meme le "de base" je vois a trop ce que ça signifie..
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Olé le Lun 29 Déc 2008 19:00

Il y a des textes que tu as postée ici Pia, et que j'ai trouvé franchement bons. Mais celui-là je ne le comprends pas... je ne dois pas être dans le même pays car lorsque tu dis "Pour nous, condamner une émeute de banlieue -sous un prétexte fallacieux ou un autre- équivaut à condamner une grève sauvage, une attaque de keufs ou l’incendie d’un centre de rétention ; c’est nier la révolte qui anime les enragéEs"
Mais qui condamne ici une révolte? Personne à ce que je sache. Qui a condamné les émeutes de banlieue? Personne non plus! Ce qui n'empêche pas d'avoir un regard critique, sans adopter une attitude légaliste de "condamnation".
Il y a autre choses qui me gène dans ce texte: le fait de parler de " libertaire, un trotskiste ou n’importe quel autre gauchiste" c'est faire là des mélanges douteux, et des généralités assez simplistes.
Ainsi, un libertaire se met dans le même panier qu'un trotsko... et puis un libertaire c'est quoi? Il y a plein de gens dans la pensée anarchiste et libertaire qui ne sont pas " des anar-camembert-saucisson" et qui ne sont pas non plus "vilains totoïdes nihilistes" et qui se foutent de tout cela. Ton texte nie la diversité des individus, met dans le même sac tout ce qui n'est pas revendiqué autonome.
Ca serait bien un jour d'arrêter les stéréotypes et clichés de ce genre, au même titre que "les indiv", "les inorgas" ou autres qualificatifs.

Même chose concernant la "culture politique" tu fais des généralités et amalgames, entre des "révolutionnaires bien pensant" donnant leur critique sur le blog ou au fond du canapé et des individus qui cherchent à se forger intérieurement mais qui agissent aussi. Et puis pour critiquer bakounine, il a bien fallu que tu t'y intéresse aussi non? C'est que tu as un peu de culture politique toi aussi, et tu vois ça n'empêche pas la spontanéité dans l'action.
Olé
 

Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Pia le Lun 29 Déc 2008 20:32

Vilaine bureaucrate a écrit:Ya contradiction,
"Nous nous foutons des symboles, la seule chose qui importe dans une émeute, c’est la rage qui la guide, et non les « capacités pré ou post-révolutionnaires »
de ceux qui la font " et ya aussi l'idée qu'il faut bien un minimum de conscience, et qu'on ne fait pas ça pour certaines raisons et avec n'importe qui.
Je vois pas l'interet chez les autonomes, d'etre faussement "de base". Alors que meme le "de base" je vois a trop ce que ça signifie..


de base?
j'ai rien compris.

Mais qui condamne ici une révolte? Personne à ce que je sache. Qui a condamné les émeutes de banlieue?

Voici un extrait d'un texte de l'AIT dispo ici: http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1186
Chez ceux des libertaires qui prônent la "visibilité médiatique" [1], les réactions ont été encore plus tardives. A croire que cette "visibilité", dont ils font un axe essentiel de leur stratégie, n’est destinée qu’à leur permettre d’ajouter une signature sur les tracts des partis politiques ou à suivre les manifs plan-plan des syndicats. Quand l’ambiance se teinte de révolte, ce n’est plus à de la visibilité que nous assistons, ce n’est même pas à une humble discrétion, c’est carrément à une disparition corps et biens. Le silence initial des "libertaires visibles" est d’autant plus assourdissant que c’est à Paris que les événements ont débuté dès le 27 octobre 2005 et que c’est dans cette même ville que se trouve -de fait même quand la forme affichée est autre- la "tête" de ces organisations là.

Or, ce n’est qu’autour du 07 novembre 2005, plus de dix jours après le début des événements que les premiers -et bien piteux- communiqués de presse ont été rédigés. La lecture de ces écrits démontre surtout, s’il restait un doute, que le mouvement libertaire français a intégré le discours dominant sur la violence [2]. Les communiqués d’Alternative libertaire (AL), de la Fédération anarchiste (FA), vont "regretter" la violence des manifestants. Le ton est lamentable et ne sort pas de la litanie médiatique : "Oui, il y a des raisons de se révolter, mais brûler des voitures, frapper au hasard ne fait que du tort." (Premier communiqué de la Fédération anarchiste, 08 novembre 2005).

Remarquons au passage que cette focalisation de toute la gauche et de l’extrême gauche sur les voitures brûlées est curieuse à de nombreux titre. Ne serait-ce que parce que ces milieux revendiquent souvent … l’abandon de la voiture au profit des transports en commun ou du vélo.

Remarquons également que, sans amener aucune piste concrète, ces organisations semblent découvrir que l’expression de la révolte est toujours un mouvement contradictoire dans lequel le révolté met en jeu ses intérêts présents dans l’espoir d’un avenir meilleur. Alors oui, la révolte, surtout si elle est matée et contenue, s’effectue au détriment de ceux qui la font. C’est là un risque qu’apparemment les "anarchistes" français de la FA et AL ne sont pas prêts de courir.

Il aura également fallu beaucoup attendre pour savoir ce que pensait de la situation la CNT-Vignoles. Ensuite, les prises de position se sont multipliées. Mais, la seule conclusion que l’on puisse tirer de leur lecture, est l’invraisemblable incohérence de cette organisation. Ainsi, le titre du communiqué de "l’Union régionale de la région parisienne" est éclatant de radicalité : "Nous sommes tous de la racaille" Proclame-t-il. Quel dommage qu’il ait fallu attendre le 11 novembre 2005 pour lire une affirmation aussi fière et aussi … décalée !

Car, ce communiqué paraît quand, en région parisienne, le mouvement a pratiquement disparu. Et ou est la cohérence avec le premier communiqué des Vignoles, bien moins fier, daté du 6 novembre 2005 : "Les enseignants de la CNT ne prônent pas bien sûr les incendies de voitures ni de bâtiments publics, mais ils ne prônent pas non plus la résignation". Ou, bien pire, avec l’éditorial du site web de l’Union régionale CNT-Vignoles d’Aquitaine (qui détient, c’est symbolique, le bureau national de cette organisation). Ce communiqué critique ouvertement les irresponsables ("la CNT regrette les comportements irresponsables d’une fraction de la jeunesse sacrifiée") avant de conclure, d’un peu compréhensible (vu le contenu de tout le texte) "Où est la vraie racaille ?" Bref, la confusion règne. Aux Vignoles, les uns dénoncent les "comportements irresponsables" et se demandent où est “la racaille” pendant que leurs camarades leurs répondent, certes avec un prudent retard, : "C’est nous". Et il faut attendre le 13 novembre pour que, dans ces groupes qui se réclament du "syndicalisme révolutionnaire", on se rappelle qu’en cas de révolte, le minimum de l’action syndicaliste, c’est d’appeler à la grève en solidarité. Le mot de "grève" est finalement lâché le 13 novembre. Oui, mais le 13 novembre, tout était fini.


Sinon il n'y a qu'à lire sur ce forum les messages de quierrot, sebiseb et d'autres dont j'oublie les pseudos.

Il y a autre choses qui me gène dans ce texte: le fait de parler de " libertaire, un trotskiste ou n’importe quel autre gauchiste" c'est faire là des mélanges douteux, et des généralités assez simplistes.


Tu remarquera que le mot "libertaire" est employé plutot que "anarchiste". Il y a des raisons..
Sinon oui, quand je vois dans ma rue des militants d'AL et des militants du NPA coller leurs affiches cote à cote en bas de chez moi, j'hesite plus trop à foutre les "libertaires" et les trotsk dans le meme panier.
Ainsi, un libertaire se met dans le même panier qu'un trotsko... et puis un libertaire c'est quoi? Il y a plein de gens dans la pensée anarchiste et libertaire qui ne sont pas " des anar-camembert-saucisson" et qui ne sont pas non plus "vilains totoïdes nihilistes" et qui se foutent de tout cela.

Ce texte ne s'adresse qu'à ceux qui se sentent visés. Aprés si tu te sens visé lorsque le texte parle de ces révolutionnaires, c'est dommage.

Même chose concernant la "culture politique" tu fais des généralités et amalgames, entre des "révolutionnaires bien pensant" donnant leur critique sur le blog ou au fond du canapé et des individus qui cherchent à se forger intérieurement mais qui agissent aussi. Et puis pour critiquer bakounine, il a bien fallu que tu t'y intéresse aussi non? C'est que tu as un peu de culture politique toi aussi, et tu vois ça n'empêche pas la spontanéité dans l'action.


Le texte ne prétend pas du tout que l'érudition empêche la spontanéité, mais qu'elle sert parfois de refuge, notamment dans ce petit milieu.

je viens de retomber la dessus sinon,
sebiseb a écrit:Que je sache, personne n'a jamais dit que les émeutes de 2005 n'étaient pas "légitimes" - mais qu'elles ne pouvaient conduire à la révolution, parce que c'était une réaction spontanée après le meurtre des deux jeunes. De plus, elles n'avaient pas vraiment de construction politique (à part celle que certains intellectuels de gauche ont voulu lui coller).


Voici le gros malin qui rentre exactement et parfaitement dans le cadre de ce que décrit ce texte, tu ne crois pas? (la discussion entiére est dispo ici: viewtopic.php?f=29&t=1039 )
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Roro le Mar 30 Déc 2008 04:20

Je voudrais juste revenir sur un truc Pia.

Sinon oui, quand je vois dans ma rue des militants d'AL et des militants du NPA coller leurs affiches cote à cote en bas de chez moi, j'hesite plus trop à foutre les "libertaires" et les trotsk dans le meme panier.


A Bordeaux, on est un peu obligé de passer par d'autres orgas et de s'allier ponctuellement avec. Ce qui à mon sens n'empêche nullement de prendre du recul et de les envoyer chier quand on est pas d'accord. Alliance quand on est d'accord politiquement, chacun dans son coin quand ça diverge. Pourquoi on enverrait chier la Ligue si on est d'accord politiquement sur un sujet précis ? Attention, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit : il s'agit pas de s'allier de façon systématique avec la Ligue (ou une autre orga d'extrême gauche d'ailleurs) mais de dire "puisqu'on est d'accord, luttons sur ce terrain-là ensemble". Après peut-être que je surestime le milieu anar parisien, je sait pas, je le connais pas.

De plus, les attitudes d'une orga d'extrême gauche peuvent varier d'une ville à l'autre et ce qui se passe à Paris avec la Ligue ne vaut pas comme règle générale. Y a pas que la Ligue parisienne en France. Mais ça c'est un truc qu'à Paris vous avez un peu de mal à saisir (c'est pas uniquement contre toi Pia, je parle ici d'une attitude générale des camarades parisiens). Les luttes ne se passent pas uniquement à Paris...

Ceci dit, sur le fond du texte je suis entièrement d'accord avec. Je lui reprocherait peut-être son côté donneur de leçon.
Roro
 

Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Vilaine bureaucrate le Mar 30 Déc 2008 05:28

de base?
j'ai rien compris.

je trouve qu'ya une idéalisation de l'émeutier, c'est pas suffisant. Meme si je peux etre d'accord avec la these du texte.... et que je l'ai BIEN compris.
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede bajotierra le Mar 30 Déc 2008 10:57

Ce que tu écris roro au sujet de la Ligue ne tient pas compte de leur duplicité tacticienne

D'un côté ils sont les champions de "l'unité ", et cela c'est un truc largement partragé dans tous les coins de france et de navarre , puis dans ton cas ils t'enfonceront en insistant par exemple sur le fait que les anars sont incapables de s'organiser par eux mêmes tant et si bien quils doivent s'allier a d'autres mouvements plus costauds (eux donc ) .
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Roro le Mar 30 Déc 2008 15:16

bajotierra a écrit:Ce que tu écris roro au sujet de la Ligue ne tient pas compte de leur duplicité tacticienne

D'un côté ils sont les champions de "l'unité ", et cela c'est un truc largement partragé dans tous les coins de france et de navarre , puis dans ton cas ils t'enfonceront en insistant par exemple sur le fait que les anars sont incapables de s'organiser par eux mêmes tant et si bien quils doivent s'allier a d'autres mouvements plus costauds (eux donc ) .


Je suis bien d'accord avec toi. Et je commence à être rodé sur ce point (je pense notamment au niveau de la fac). Mais, sur la question des sans-papiers par exemple, je milite avec eux au sein du CRSP (collectif de soutien aux sans-paps qui a la liberté de circulation et d'installation comme base politique) et je ne pense pas que ce soit ici de la duplicité, je commence à bien les connaitre à la longue.

Je sais sur quoi on peut leur faire confiance et sur quoi on ne peut pas. Je connais aussi leur façon de gérer une lutte, voire la manipuler et s'en servir comme marche-pied pour rafler de nouveaux militants, de nouveaux électeurs. Je sais aussi très bien comment est géré leur NPA pour y avoir fait un passage durant 3-4 mois quand ils l'ont lancé en novembre 2007. Et, s'il y a un mouvement sur la fac à la rentrée, je sait très bien comment ça va se passer vu que j'en ai eut un aperçu...

Après, le travail avec la Ligue reste assez minoritaire et je reste quand même largement avec le milieu libertaire local. On va dire que je commence à connaitre un peu trop la Ligue... :wink:
Roro
 

Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Pia le Mar 30 Déc 2008 15:51

Roro a écrit:Je voudrais juste revenir sur un truc Pia.

Sinon oui, quand je vois dans ma rue des militants d'AL et des militants du NPA coller leurs affiches cote à cote en bas de chez moi, j'hesite plus trop à foutre les "libertaires" et les trotsk dans le meme panier.


A Bordeaux, on est un peu obligé de passer par d'autres orgas et de s'allier ponctuellement avec. Ce qui à mon sens n'empêche nullement de prendre du recul et de les envoyer chier quand on est pas d'accord. Alliance quand on est d'accord politiquement, chacun dans son coin quand ça diverge. Pourquoi on enverrait chier la Ligue si on est d'accord politiquement sur un sujet précis ? Attention, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit : il s'agit pas de s'allier de façon systématique avec la Ligue (ou une autre orga d'extrême gauche d'ailleurs) mais de dire "puisqu'on est d'accord, luttons sur ce terrain-là ensemble". Après peut-être que je surestime le milieu anar parisien, je sait pas, je le connais pas.

De plus, les attitudes d'une orga d'extrême gauche peuvent varier d'une ville à l'autre et ce qui se passe à Paris avec la Ligue ne vaut pas comme règle générale. Y a pas que la Ligue parisienne en France. Mais ça c'est un truc qu'à Paris vous avez un peu de mal à saisir (c'est pas uniquement contre toi Pia, je parle ici d'une attitude générale des camarades parisiens). Les luttes ne se passent pas uniquement à Paris...

Ceci dit, sur le fond du texte je suis entièrement d'accord avec. Je lui reprocherait peut-être son côté donneur de leçon.


Je te rassure, ca ne se passe pas qu'à Bordeaux :wink:
Il y a des luttes sur lesquelles on ne peut pas se permettre de foutre à la porte ceux avec qui les bases politiques sont opposées (comme les trotsk).
Mais si dans ces luttes, les trotsk prennent le pouvoir, je pense qu'il faut partir, pour ne pas se retrouver à être leur chair à canon électorale.
Dans le cadre d'un collectif anti-rafle ici, quelques personnes de la ligue ont commencé à nous faire du pied, à venir à nos réus etc.. mais peu à peu ils sont partis d'eux mêmes, à force de voir qu'il n'y avait rien à récupérer chez nous, pas même le rajout d'une signature à la con en bas d'un truc unitaire (comprendre par "unitaire" un tract déjà écrit ou tout et n'importe quoi peut venir rajouter sa signature pour mettre un peu de beurre dans ses épinards militant).
Dans ce cadre, même pas besoin de les foutre à la porte puisqu'ils se cassent eux mêmes!
Je sais que dans le cadre d'une lutte de fac, par exemple, c'est beaucoup plus difficile. Parce qu'ils sont généralement plus nombreux, plus visibles et plus demagos... Mais il faut toujours faire attention à être plus nombreux qu'eux, ou à les foutre dehors, sinon ça finit toujours par faire des tracts unitaires et à tenter de rafler de nouveaux militants (comprendre: vendre plus de ticket à leurs concerts raggae).
Tout cela est empirique!

Mais pour revenir à ce que tu disais, dans mon post précédent je parlais de collage collectif entre AL et NPA ou chacun des deux collaient des pubs pour leur réunions/meeting de recrutement de chair fraiche respectifs, pas un truc commun. Dans ce cas là je ne vois absolument pas en quoi l'alliance est nécessaire aux gauchistes d'AL... à moins qu'ils n'aient pas les moyens d'acheter de la colle à force de tirer des affiches geantes en quadrichromie.

Vilaine bureaucrate a écrit:
de base?
j'ai rien compris.

je trouve qu'ya une idéalisation de l'émeutier, c'est pas suffisant. Meme si je peux etre d'accord avec la these du texte.... et que je l'ai BIEN compris.


Ok, mais peux tu me dire en quoi nous idéaliserions "l'emeutier"?
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Mango le Mar 30 Déc 2008 20:16

Pour retourner au texte du sujet : il y a une contradiction dans votre avant dernier paragraphe. Vous dites que la révolte en Grèce n'est pas une insurrection parce que sinon ce serait l'armée qui serait intervenu. Or pour les émeutes de 2005 l'armée n'est pas intervenu (et si il y a eu les couvre feu l'armée n'était pas sur le point d'être envoyé), donc selon votre logique 2005 n'a donc pas été une insurrection.
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Pia le Mar 30 Déc 2008 20:43

Mango a écrit:Pour retourner au texte du sujet : il y a une contradiction dans votre avant dernier paragraphe. Vous dites que la révolte en Grèce n'est pas une insurrection parce que sinon ce serait l'armée qui serait intervenu. Or pour les émeutes de 2005 l'armée n'est pas intervenu (et si il y a eu les couvre feu l'armée n'était pas sur le point d'être envoyé), donc selon votre logique 2005 n'a donc pas été une insurrection.



En effet, mais où est la contradiction? Ou as tu lu que nous disions que 2005 était une insurrection et pas 2008?
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Berckman le Mar 30 Déc 2008 22:42

Je ne savais pas que Non fides avait un problème avec l'onanisme... :wink:
Passée cette remarque formelle, j'ai quelques questions sur ce texte : les révoltés grecs sont tous des "étudiants de classe moyenne" ? Sur quoi se fonde Non fides pour faire cette affirmation ?

on a pu lire que le Pouvoir se chiait dessus, qu’il était à deux doigts de vaciller
Où ?

Sur la situation et son caractère "insurrectionnel" ou non (en 2005 comme en grèce), quelle est la définition que fait Non fides d'une insurrection ? Dans le texte cela n'est pas très clair : il est affirmé que ce qui la définirait (en creux) c'est "l'envoi de l'armée" (donc finalement c'est la réaction du pouvoir qui définit la situation comme insurrectionnelle), et quelques lignes plus loin c'est le rapport de la DCRG qui est cité définissant la situation en 2005 comme "insurrectionnelle", (alors qu'il n'y a pas eu envoi de l'armée) sans qu'on sache ce qu'en pense non Fidès.

Sur cette affirmation,
la seule chose qui importe dans une émeute, c’est la rage qui la guide
vous rajoutez
[1] Il est évident par ailleurs que nous ne serons jamais solidaires d’une émeute conduite par des ennemis, ou par n’importe quel groupe ayant l’intention de s’emparer du pouvoir ou de commettre des massacres, cela va sans dire.
Cela me semble un brin contradictoire. Ce qui compte donc ce n'est pas seulement la rage qui guide les émeutiers, mais aussi le fait qu'il ne soient pas "des ennemis". Qu'est-ce qui définit ces ennemis ?

Quelle place Non fidès accorde t'il a la réflexion sur les stratégies et les tactiques de lutte ? Dans quels espaces ?
Peut t'on critiquer une forme d'action ? Dans quelles conditions ?
Quelle conception a Non Fidès de la transformation révolutionnaire ? Les camarades considèrent ils et elles comme nécessaire une révolution ? Sous quelle forme ?
Berckman
 

Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede chaperon rouge le Sam 3 Jan 2009 05:45

Des communiqués comme ça, même si leurs auteur(e)s veulent souvent s'éloigner de la classe moyenne, ça en sent très souvent à plein nez. Faire le plein d'émotions pour se changer du quotidien morbide de l'entourage qui attise le dégout, se défouler même au risque de recevoir des coups... Ça m'amène parfois même à penser si ce n'est pas le genre de truc qui est le plus susceptible d'amener les jeunes à une massive rupture... mais bon, je reste plutôt "st-thomas" là-dessus, même si c'est évident que la classe moyenne se meurt de morbidité et se fait prendre à la gorge par les nouvelles mesures du néo-libéralisme, on ne peut pas attendre que le changement social fleurisse selon nos envies si on y travaille pas(si les moutons de la bergerie veulent s'organiser contre les loups, il faudrait d'abord qu'ils sachent pour sortir de leur simplicité d'esprit et qu'ils ne se mettent pas à suivre servilement le premier venu quand le temps viendra).

Reste que ça serait limiter abusivement le sens du terme émeute que d'en sélectionner quelques cas marquants pour les idées prônées et d'en balayer les autres. Si elles peuvent être un moment émancipatoire pour des jeunes relativement privilégié(e)s, je crois que c'est manquer de conscience d'en dire autant pour celles ayant lieu dans les territoires occupés, les réserves indiennes, les quartiers lacérés par les chiens de l'état, les masses oubliées et occultées en terre hostile, etc... devant lesquel(le)s les États ont la gachette beaucoup plus facile. Il ne s'agit pas que d'une question de couleur ou de conditions économiques mais aussi, de pouvoir dans la société civile. Ça m'amène à dire que dans le sujet, je trouve curieux l'affirmation de la casse d'un côté et la critique(ou la "casse" plutôt) des gens qui essaient de s'organiser de l'autre(je ne dis pas pour autant qu'un absence de critique soit souhaitable). Si je n'aurais lu que ce message sur les événements de 2005 je pourrais peut-être croire à une désertion des militant(e)s solidaires potentiels mais en fait, ce n'est pas représentatif de ce que j'avais pu lire à l'occasion. Et puis, je sais bien que d'une façon comme d'une autre, il y a toute sorte de gens pour condamner soit les orgas ou individus de tentatives de récupération des événements, soit d'un trop grand manque de rapprochement avec les révolté(e)s dans la solidarité affirmée, soit de trop de critiques amenées envers ceux/celles-ci,... alors ça fait pas nouveau à entendre et quant on aux raisons derrière les positionnements respectifs, on reste sur notre faim...

Pour les groupes organisés ouverts faudrait pas non plus oublier que les représailles sont encore possibles en 2008 pour de simples questions d'allégences politiques (évidemment les petits groupes fermés et les individus isolés ont beaucoup moins à craindre que les groupes ouverts) - les anars font souvent de bons boucs émissaires quand la police peine à pointer des responsables crédibles (pour exemple: le Collectif Démanarchie (anarchistes de Québec) suite aux émeutes de 1996(assaut de 2000 personnes contre le parlement de Québec le soir de la Saint-Jean-Baptiste) que l'ONG Ligue antifasciste mondiale (LAM) avait désignée comme responsable à cause de ses idées politiques et des membres du collectif avait été jugés).

En terminant, je sais pas si vous connaissez ce site - une couverture international des événements protestataires très diversifiés par un prof d'antropo : http://berthoalain.wordpress.com/
GUERRE À LA GUERRE, À BAS TOUTES LES ARMÉES
chaperon rouge
 
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Mango le Sam 3 Jan 2009 13:35

Ou as tu lu que nous disions que 2005 était une insurrection et pas 2008?

Et bien vous écrivez pour la Grèce "Si l’insurrection venait vraiment, ce ne serait pas des grenades lacrymogènes que l’Etat enverrait, mais l’armée." Donc je comprend que vous ne considérez pas cette révolte comme insurrectionnelle. Par contre pour la France vous reprenez les conclusions du rapport des RG qui qualifient les émeutes de 2005 comme une situation insurrectionnelle, vous semblez d'accord parce que vous ne les réfutez pas.


Pourquoi eux se permettent-ils de maximiser ou de minimiser, et selon quels critères ?
Peut être parce que en Grèce il n'y a pas seulement que des émeutes mais aussi des occupations, des manifs, des assemblées générales, mêlant plusieurs générations, des tracts et des communiqués à foison. Les militants sont surement plus attiré par ce genre d'actions que par seulement l'émeute pure. Je ne crois pas que ce soit seulement par exotisme mais plus simplement parce que ce qui s'est passé à Oaxaca ou en Grèce étaient porteurs de changements.
Nous nous foutons des symboles, la seule chose qui importe dans une émeute, c’est la rage qui la guide, et non les « capacités pré ou post-révolutionnaires » de ceux qui la font [1]
C'est là toute différence, si le milieu militant rêvait d'Oaxaca c'est parce que d'une émeute est né une commune autonome et que les émeutes qui ont suivi était en réponse aux agressions policières afin de défendre cette commune. La violence n'est pas vu comme une fin en soit mais le passage obligé pour l'émancipation sociale et politique. De même pour la Grèce : des assemblées populaires se sont mis en place, il y a eu des centaines de lycées occupés.

c’est nier la révolte qui anime les enragéEs, en faisant d’eux des objets d’étude sociologique qui, pour se faire, doivent nécessairement adopter un point de vue extérieur et distant, voir condescendant
Ce à quoi vous n'échappez pas non plus, vous avez une vision de l'émeutier de 2005 aussi stéréotypée : Cette façon de voir dans "le" jeune de banlieue qu'un "enragé" est bel et bien un gros stéréotype éculé, s'interdire de les critiquer parce qu'ils viennent de banlieue est aussi une vision condescendante car vous érigez bien une barrière entre eux et le reste de la société.
Tiens j'ai passé une petite soirée de réveillon avec des copains et copines dont la plupart ont grandit dans des cités Hlm (ce qui n'est pas mon cas), et bien si ils n'aiment pas trop les flics par vécu ils trouvent que c'est de la merde en barre de bruler des bagnoles et encore plus de bruler une école (bruler des bagnoles le 31 décembre n'est vu que comme une connerie d'adolescent, rien de plus, rien de moins). Les discours misérabilistes sont très mal perçus, et la rage qu'on peut avoir contre l'ordre actuel et contre les violences policières ne les dispensent pas d'être critique vis a vis des cramages de bagnoles (et la critique ne veut pas dire condamnation en soit des émeutes, encore moins vouloir l'emprisonnement des émeutiers ni prendre position pour le pouvoir. Et après tout c'est mieux qu'il y ait eu des grosses émeutes que rien du tout, ça se serait passé 10 ans plus tôt on aurait tous eu des copains, de la famille, ou nous même qui y aurait participé). Et ces critiques ne viennent pas des milieux militants de gauche ou d'extrême gauche mais simplement d'une partie des jeunes adultes des cités . J'ai l'impression à la lecture de vos texte que vous vous interdisez de voir dans les jeunes émeutiers autre chose que d'éternels incendiaires.


Ah et pour terminer, vous condamnez les "milieux militants" mais votre revue, vos textes ne sont lus que dans ces milieux... c'est le plus gros paradoxe de votre texte.
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Pia le Lun 5 Jan 2009 03:50

Berckman a écrit:
on a pu lire que le Pouvoir se chiait dessus, qu’il était à deux doigts de vaciller
Où ?


Ici sur ce forum, par exemple.
qierrot a écrit:Il y a une grève générale d'annoncée pour mercredi en Grèce, il y a une partie de la population qui se bouge, et celà fait vaciller le pouvoir.

willio a écrit:La situation a l'air vraiment insurrectionnelle là bas. Il faut espérer que la grève générale de mercredi sera l'occasion de transformer ces soulèvements en un début de révolution...


sebiseb a écrit:Pour les informations que l'on peut avoir, il semble que les manifestants ne soient pas seulement des anarchistes (autonomes ou autres) - Toute l'opposition, et à priori une grande partie du peuple soutenait la révolte -> le meurtre du jeune par un policier ayant été l'élément déclencheur.

La question est de savoir duquel de l'opposition démocratique ou des anarchistes préparent plus activement l'après révolution !?


là on est carrément en train de préparer "l'après-révolution" :lol:

J'ai juste parcouru une page sur presque une dizaine de la conversation mais je pense que cela suffit. Et pour être encore plus dans le sujet du texte, quierrot et sebiseb sont de fervents opposants aux révoltes de 2005. Cette fois tu pourra aller regarder toi même dans les discussions, moi j'ai la flemme :wink:

Berckman a écrit:Sur cette affirmation,
la seule chose qui importe dans une émeute, c’est la rage qui la guide
vous rajoutez
[1] Il est évident par ailleurs que nous ne serons jamais solidaires d’une émeute conduite par des ennemis, ou par n’importe quel groupe ayant l’intention de s’emparer du pouvoir ou de commettre des massacres, cela va sans dire.
Cela me semble un brin contradictoire. Ce qui compte donc ce n'est pas seulement la rage qui guide les émeutiers, mais aussi le fait qu'il ne soient pas "des ennemis". Qu'est-ce qui définit ces ennemis ?

Nous définissons rapidement nos ennemis ici: http://www.non-fides.fr/spip.php?article34

Mango a écrit:
Ou as tu lu que nous disions que 2005 était une insurrection et pas 2008?

Et bien vous écrivez pour la Grèce "Si l’insurrection venait vraiment, ce ne serait pas des grenades lacrymogènes que l’Etat enverrait, mais l’armée." Donc je comprend que vous ne considérez pas cette révolte comme insurrectionnelle. Par contre pour la France vous reprenez les conclusions du rapport des RG qui qualifient les émeutes de 2005 comme une situation insurrectionnelle, vous semblez d'accord parce que vous ne les réfutez pas.


Ne pas réfuter équivaut à acquiescer? il me semble que le reste du texte est assez clair pour ne pas avoir à préciser que 2005 n'était pas non plus une Insurrection.

Mango a écrit:
Pourquoi eux se permettent-ils de maximiser ou de minimiser, et selon quels critères ?
Peut être parce que en Grèce il n'y a pas seulement que des émeutes mais aussi des occupations, des manifs, des assemblées générales, mêlant plusieurs générations, des tracts et des communiqués à foison. Les militants sont surement plus attiré par ce genre d'actions que par seulement l'émeute pure. Je ne crois pas que ce soit seulement par exotisme mais plus simplement parce que ce qui s'est passé à Oaxaca ou en Grèce étaient porteurs de changements.

Et aussi d'une culture "militante" dans laquelle nous baignons nous aussi. Et donc à laquelle nous sommes tous plus sensibles. Ce qui d'un strict point de vue de l'affect est tout à fait normal. Mais à un moment il faut se rendre compte que nos formes de luttes (occups, tracts, communiqués etc.) ne sont pas forcement souveraines en terme d'efficacité. La preuve: 200 ans de culture politique.
Par ailleurs il ne me semble pas que nous soyons nés avec l'idée d'écrire des tracts et des communiqués, ce sont des pratiques culturelles, transmises. De générations en générations depuis 68. A l'école, lorsque je me tapais des heures de colle j'écrivais pas des tracts et des communiqués pour protester.

Les emeutiers de 2005 étaient peu à avoir des parents maoïstes/anarcho/marxiste/révolutionnaires issus de mai 68. Et les orgas ont toujours désertées (à part peut être le PCF...) les banlieues.
La transmission des pratiques et les pratiques ne sont donc pas les mêmes que dans les milieux révolutionnaires français, très majoritairement issus de la classe moyenne blanche depuis les trente honteuses. Or, la classe moyenne blanche soixantehuitarde est relativement rare par ici.

Mango a écrit:
c’est nier la révolte qui anime les enragéEs, en faisant d’eux des objets d’étude sociologique qui, pour se faire, doivent nécessairement adopter un point de vue extérieur et distant, voir condescendant
Ce à quoi vous n'échappez pas non plus, vous avez une vision de l'émeutier de 2005 aussi stéréotypée : Cette façon de voir dans "le" jeune de banlieue qu'un "enragé" est bel et bien un gros stéréotype éculé, s'interdire de les critiquer parce qu'ils viennent de banlieue est aussi une vision condescendante car vous érigez bien une barrière entre eux et le reste de la société.


Nul part tu nous entendra dire qu'il faut s'interdire toute critique, au contraire. Ce que dit le texte, c'est que les mouvements gauchistes et libertaires se sont empressés de n'emettre QUE des critiques, aucune initiative de solidarité (à quelques exceptions prés).
Ce qui est une autre question. Nous n'avons donc pas besoin dans ce texte de critiquer ou de condamner les émeutes de 2005, le mouvement libertaire s'en charge déjà très bien tout seul.
Mango a écrit:Ah et pour terminer, vous condamnez les "milieux militants" mais votre revue, vos textes ne sont lus que dans ces milieux... c'est le plus gros paradoxe de votre texte.


Le gros de la diffusion du zine s'effectue sur des marchés de quartiers populaires où nous tenons des tables de presses régulières où quelques liens se sont tissés. Pas de militants en vue. Mais vu que tu te permet tout de même ce genre de supputations, peux tu m'expliquer d'où tu tire ce genre d'informations?
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede qierrot le Lun 5 Jan 2009 10:44

Pia a écrit:J'ai juste parcouru une page sur presque une dizaine de la conversation mais je pense que cela suffit. Et pour être encore plus dans le sujet du texte, quierrot et sebiseb sont de fervents opposants aux révoltes de 2005. Cette fois tu pourra aller regarder toi même dans les discussions, moi j'ai la flemme
Bah "opposants" il va bien falloir les amener les éléments, car il n'y a rien de plus faux !

2005 par ci 2005 par là, les analyses développées par AL nottamment à cette époque ne s'arrêtaient pas à la question de l'émeute et du cramage de bagnole, mais posaient la question en terme de liens dans les luttes et de perspectives. Ce n'est pas parce que l'on vante le feu et l'émeute sans lendemain que l'on est plus radical. A ce propos c'est bien ce qui ressort du regard de non fides sur les évènements grecs, là ou les anarchistes révolutionnaires se sont plus attachés aux liens étudiants/travailleurs, anarchistes/population. 2005 çà restera bien un élément pour s'en prendre aux autres organisations du mouvement libertaire sans beaucoup de pratiques non plus pour amener des biscuits à la nécessaire réflexion à mener sur la manière de peser d'avantage dans "les banlieues" comme partout en général. D'aileurs il n'y a ni chez non fides ni chez la cnt-ait de campagne pour les victimes de la reppression et les inculpés de cette époque. "2005" sert de hochet pour faire les malins et jouer au plus radical que moi tu meurt.

En tout cas c'est bien la vision essentiellement émeutière que l'on rencontre chez non fides et le gout de la mise en scène de la révolte violente et du spectacle de la "radicalité". Et les questions de berckman resteront sans réponses parce qu'il n'y en a pas justement. Non fides ne se revendique pas de la révolution sociale mais de la révolte. C'est pour celà qu'il n'y a pas de fond et de contenus réels dans les "productions" de ce micro-groupuscule, à l'image de ce nouveau texte rempli de contradictions présenté ici. C'est de la gesticulation de l'incantation et de la parade.

Et pendant que j'y suis cette posture du seul contre tous amène des positionnements navrants comme celui rencontré actuellement sur le forum de non fides où Pia répond à l'annonce du rassemblement unitaire de soutien aux 6 manifestants arrêtés et inculpés à la fin d'un des rassemblements de soutien aux Grecs en lutte, par un "beurk", suivi par un émule qui inscrit "pouf pouf". Mais c'est normal il n'y aurait que du "gauchiste" à soutenir. Triste spectacle !
qierrot
 

Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede bajotierra le Lun 5 Jan 2009 11:40

D'aileurs il n'y a ni chez non fides ni chez la cnt-ait de campagne pour les victimes de la reppression et les inculpés de cette époque.


Mensonge éhonté tu devrais arréter de boire les propos de tes gourous virtuels, kesta , et au d'autant moind contredits que ceslibertaires ls censurent sur leur site (cce forum ) tout ce qui vient les contredire . ..... Tape cnt ait et novembre 2005 sur un moteur de recherche et tu verras que de nombreuse actions ont eu lieu organisées par la cnt ait de façon autonome et avec la participation des habitants et victimes de la répression un exemple ici

http://www.altermonde-sans-frontiere.co ... rticle5297

MON FILS A EU LA MAIN ARRACHEE PAR UNE GRENADE"
Réseau Résistons Ensemble

Lors du rassemblement de la CNT-AIT, place du Capitole, samedi 12 novembre 2005, plusieurs habitants des quartiers sont venus témoigner publiquement des réalités qu’ils vivent. Nous re-transcrivons ci-dessous une partie du témoignage fait à cette occasion par la mère de Réda (le jeune homme dont la main droite a été littéralement arrachée par une grenade policière à La Reynerie le lundi 7 nov. 2005), au micro de la radio libre Canal-Sud.

La mère de Reda : Mon fils, il a 21 ans, il est sorti pour regarder ce qui se passait. Il a sauvé quelques vies, empêché que des enfants soient défigurés. Vous croyez que c’est normal qu’on tire une grenade comme ça ? ne me dites pas !

Un participant au rassemblement : Pour faire un tel dégât, c’est une grenade militaire, une grenade offensive.

La mère de Reda : Il n’était pas parmi les révoltés. Sa main a été déchiquetée. Irréparable. Il a perdu toute la main, la droite, et c’est normal ça ?

Un participant : Non c’est pas normal et c’est pour ça qu’on proteste, c’est une grenade de type offensif qui a été tirée, en principe, c’est réservé à un emploi dans des guerres, mais au Mirail y a pas la guerre !

Quelqu’un : Ah si !

Un autre participant : C’est la guerre de Sarkozy, c’est une guerre contre les pauvres. Ils viennent, ils provoquent et ils tirent.

La mère de Reda : Un jeune de 21 ans, il ne travaille pas, il n’a pas le chômage, il ne peut pas être RMISte ni rien du tout, quand même c’est trop, et s’il n’y avait pas moi ? C’est mon fils quand même, et c’est pas un petit jeune qui était dehors, c’est pas un enfant de 9 ans qui était dehors, c’est pas un enfant de 14 ans qui était dehors, c’est un jeune de 21 ans. Il n’a pas d’antécédents, il n’a jamais été remarqué par la police, la grenade il l’a prise pour l’éloigner, parce qu’elle était tombée près d’un groupe d’enfants. Tous ses doigts sont restés sur place. Pour les secours, ni le Samu, ni les pompiers, personne s’est déplacé, c’est des jeunes qui l’ont emmené.

Une femme : Pourquoi ? Ils n’ont pas répondu, ils ne venaient pas ?

La mère de Reda : Non. La police, ils rigolaient, il y a des témoins, ils rigolaient sur place, ils le voyaient souffrir, hurler, sa main déchiquetée, ses doigts par terre et c’est des garçons qui l’ont emmené vers l’hôpital. Même un monsieur est venu, un monsieur français qui est de notre quartier, il m’a dit "Madame, c’est moi qui ai récolté les doigts de votre fils" ! Déchiquetés, là quand même c’est trop, c’était lundi le jour du drame, lundi soir à 18h30. Oui, j’ai mon fils qui a été amputé d’une main après une grenade qu’ils ont lancée.

Une autre femme : Je viens d’arriver de l’étranger, il y a eu beaucoup de violences ?

La mère de Reda : Non, il y a pas eu beaucoup de violences sur le quartier, il y a eu beaucoup de pression, alors on était encadrés par les CRS. Même nous les mamans, il faut voir comment ils nous traitent ! Et pourtant, où vous voulez qu’on aille ? Où vous voulez que ces jeunes, que cette génération aille ? C’est des jeunes qui sont nés ici. Je sais pas quoi dire, j’aurais du les remettre dans mon ventre et les laisser, ne pas leur donner une vie ! Un, il a 25 ans, sans travail, bon il a pu un petit peu travailler une fois. Ma fille, elle a un BEP vente, là où elle va, comme elle habite le Mirail, on la prend pas. Alors où on va ?

Une femme qui arrive : Où habitez vous donc ?

La mère de Reda : Au Mirail, à la Reynerie, et on dirait que là-bas il y a des apaches ! C’est devenu un ghetto, ils veulent travailler quand même ces jeunes ! Ils veulent bouger ! Comment voulez-vous qu’ils s’en sortent ces jeunes ? C’est trop. Il est sorti à 6 heures et demi et il s’est fait amputer d’une main par les CRS !

Une femme : Et les secours, alors ce sont des gens ?...

Un ami de Réda : C’est des gens de la cité qui l’ont amené à l’hôpital.

La mère de Reda : Les secours, ils ne sont pas venus, personne, heureusement il y a un grand comme lui, il lui a arraché le pull il lui a fait un garrot alors qu’il y avait du sang partout, et il a perdu connaissance, et eux, la police, ils rigolaient !

Une femme : Et après ?

La mère de Reda : Ils ont eu un accident, ça s’est produit sur la rocade, vers les Pradettes, personne ne voulait s’arrêter pour le prendre. Alors on laisse les gens mourir, ils auraient pu le tuer, voilà, c’est tout ce que j’ai à vous dire.
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Phébus le Lun 5 Jan 2009 15:47

Pia a écrit:Sinon oui, quand je vois dans ma rue des militants d'AL et des militants du NPA coller leurs affiches cote à cote en bas de chez moi, j'hesite plus trop à foutre les "libertaires" et les trotsk dans le meme panier.


Tiens, ils collent des affiches en bas de chez toi... C'est donc signe qu'ils ne font pas que se la dorer au coin du feu et pondre des analyses...
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Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede Berckman le Lun 5 Jan 2009 18:10

Ici sur ce forum, par exemple.

Mouais, d'un autre côté je suis pas sur que l'enthousiasme un peu débordant de quelques camarades puissent être lu comme une analyse politique de la situation. Le problème du texte d'ailleurs c'est qu'il mixe deux niveau, celui individuel (comme les propos que tu cites) et les positionnements collectifs (des groupes ou orgas). Or dans les communications des organisations et des différents groupes du mouvement libertaire, je n'ai pas lu de tels propos.
Justement c'est la discussion collective qui permet d'évaluer les situations de manière à éviter les simplifications ou les conclusions hatives...


J'ai juste parcouru une page sur presque une dizaine de la conversation mais je pense que cela suffit. Et pour être encore plus dans le sujet du texte, quierrot et sebiseb sont de fervents opposants aux révoltes de 2005. Cette fois tu pourra aller regarder toi même dans les discussions, moi j'ai la flemme :wink:

Je pense qu'ils en ont une appréciation différente de la tienne. Mais de là à les décrire comme "fervents opposants", il me semble que c'est une interprètation un brin caricaturale.

Nous définissons rapidement nos ennemis ici: http://www.non-fides.fr/spip.php?article34

Désolé, mais sans volonté polémique, le terme "rapidement" est effectivement approprié. Vous faites référence à des systèmes de dominations, mais jamais aux actrices et acteurs de ceux-ci. On ne combat pas que des idées, dans une lutte, mais aussi des personnes qui les portent, qui les mettent en oeuvre.
Dans un mouvement social comme la révolte de 2005, comme dans n'importe quel mouvement social, nous y avons des alliés, mais aussi des adversaires. Ce qui est vrai pour une grève l'est pour une révolte émeutière.
Et dans les deux cas ce n'est pas la rage qui fait clivage, mais bel et bien les aspirations, l'éthique, les pratiques...

Ne pas réfuter équivaut à acquiescer? il me semble que le reste du texte est assez clair pour ne pas avoir à préciser que 2005 n'était pas non plus une Insurrection.

Ben désolé, non. Mango n'est pas le seul a avoir compris ça différement.

Et aussi d'une culture "militante" dans laquelle nous baignons nous aussi. Et donc à laquelle nous sommes tous plus sensibles. Ce qui d'un strict point de vue de l'affect est tout à fait normal. Mais à un moment il faut se rendre compte que nos formes de luttes (occups, tracts, communiqués etc.) ne sont pas forcement souveraines en terme d'efficacité. La preuve: 200 ans de culture politique.
Par ailleurs il ne me semble pas que nous soyons nés avec l'idée d'écrire des tracts et des communiqués, ce sont des pratiques culturelles, transmises. De générations en générations depuis 68. A l'école, lorsque je me tapais des heures de colle j'écrivais pas des tracts et des communiqués pour protester.
Les emeutiers de 2005 étaient peu à avoir des parents maoïstes/anarcho/marxiste/révolutionnaires issus de mai 68. Et les orgas ont toujours désertées (à part peut être le PCF...) les banlieues.
La transmission des pratiques et les pratiques ne sont donc pas les mêmes que dans les milieux révolutionnaires français, très majoritairement issus de la classe moyenne blanche depuis les trente honteuses. Or, la classe moyenne blanche soixantehuitarde est relativement rare par ici.

Mouais, y a pas besoin d'avoir des parents maoistes ou de classe moyenne pour écrire des tracts. J'ai l'impression que tu passes sous silence totalement le fait qu'il y a des centaines de personnes politisées dans les quartiers populaires de banlieue, qui ne sont pas nécessairement organisées dans des organisations politiques, mais qui ont une forme de culture politique (et dont par exemple les mouvements lycéens sont aussi en partie le vecteur).
Après, je suis d'accord qu'il y a, particulièrement en région parisienne, une très faible présence des organisations révolutionnaires dans les quartiers populaires de banlieue. Il y a aussi le cas très fréquent de camarades qui habitent en banlieue mais sont actifs politiquement sur Paris (effet capitale, poids de l'activisme). Mais d'une part cela n'a rien d'une fatalité (et non cela n'a pas toujours été le cas). D'autre part cela n'explique pas tout : le fait de s'organiser n'est pas le produit de l'action unilatérale des orgas -quelles qu'elles soient-, mais aussi de la volonté des un-e-s et des autres de se regrouper.

Bref au delà de cela je pense que le gros problème réside dans le fait de vouloir interpréter avec UNE grille d'explication un mouvement qui comme plein d'autres mouvements regroupaient des actrices et acteurs différents les un-e-s des autre-s-, des motivations et des aspirations différentes les un-e-s des autres. Quand j'en discute avec mes voisins, avec des lycéen-ne-s des quartiers ayant participé aux émeutes, la critique existe sur telle ou telle forme d'action, et elle ne se confond ni avec une comdamnation en bloc du mouvement, ni avec l'acceptation en bloc de tout ce qui s'est fait dans ce cadre. Pourquoi les libertaires ne pourraient ils pas non plus faire oeuvre de soutien critique ?

Nul part tu nous entendra dire qu'il faut s'interdire toute critique, au contraire. Ce que dit le texte, c'est que les mouvements gauchistes et libertaires se sont empressés de n'emettre QUE des critiques, aucune initiative de solidarité (à quelques exceptions prés).

La solidarité qui s'est mis en oeuvre n'a pas fait l'objet systématiquement de communiqués. Par exemple, moi je suis allé plusieurs fois au tribunal de Bobigny, où j'ai croisé des camarades de l'envolée, pour soutenir les inculpés. Avec le comité de soutien aux mal-logés qu'on avait sur Auber, on est allé discuter avec les habitants dans le quartier du pont blanc, le lendemain de l'incendie d'un entrepot textile. Les discours n'étaient d'ailleurs pas aussi unilatéraux, dans un sens ou dans un autre, que cela a été présenté à droite et à gauche. Mais ce qui nous importait, c'était aussi d'aider à casser le discours et la dynamique d'opposition au sein de la population, très forte y compris au sein des quartiers populaires.
Y a eu aussi une manif partant de 4 chemins, où on s'est peut être croisé.
Bref je vais pas m'étendre sur la question, mais je n'ai jamais vu l'intérêt qu'il y avais de faire de grands communiqués pour mettre en avant des pratiques de solidarité sommes toutes logiques, mais très modestes. Et je n'ai pas vu grand chose qui permettait à quiconque de se poser en donneur de leçon...
Berckman
 

Re: Deux poids, deux mesures. De l’onanisme en milieu militant.

Messagede qierrot le Mar 6 Jan 2009 01:57

Je trouve qu'il ne casse pas des briques et qu'il est un peu léger, mais l'édito du journal d''Alternative Libertaire de janvier arrive justement à mêler pas mal de choses...une synthèse ? :lol:

Edito : La beauté est dans la rue

En Grèce, selon nos camarades, une idée circulait mi-décembre dans les rangs des manifestations : le recul de Xavier Darcos devant le mouvement lycéen en France a été la première conséquence du mouvement social grec.

Et c’est bien là la crainte manifestée par le gouvernement sarkozyste : voir dans l’Hexagone une réplique du Décembre grec, qui s’étire déjà à janvier.

La jeunesse semble vouloir aujourd’hui prendre l’initiative des hostilités contre les oligarchies capitalistes. Et la jeunesse grecque, par l’ampleur de son insurrection, par son exemplarité, annonce la couleur : tout se joue dans la rue.

Là-bas comme ici, par delà les frontières, le moteur des manifestations ou des émeutes est la question de l’avenir à assurer à une jeunesse qui fonce à toute vitesse vers le mur de la crise sociale.

Se répondant par-delà la Méditerranée, la « génération 600 euros » là bas et la destruction du service public d’éducation ici sont les deux conséquences d’un même système. Celui d’un capitalisme prédateur qui pensait pouvoir encore se repaître longtemps des chairs, attendries par l’apathie, d’un prolétariat en déroute.

Et c’est du pouvoir d’État que le Capital peut espérer le meilleur soutien.

L’État, bras armé ou « divertissement démocratique » selon l’enjeu et les situations.

Mais le capitalisme est en crise et il veut faire payer l’addition aux populations laborieuses, à la jeunesse.

Il risque de croiser le chemin d’un révolte déterminée, empruntant les rues d’Athènes ou de Paris, et bien décidée à lui faire rendre gorge.

Au développement international de la crise capitaliste doit répondre celui, tout aussi international des luttes sociales. Avec les travailleurs et les travailleuses associées à l’élan donné par la jeunesse.

Soyons en sûrs, en Grèce, en France, comme partout ailleurs, la beauté est dans la rue.

Alternative libertaire, le 22 décembre 2008


http://alternativelibertaire.org/spip.php?rubrique144


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Au développement international de la crise capitaliste doit répondre celui, tout aussi international des luttes sociales. Avec les travailleurs et les travailleuses associées à l’élan donné par la jeunesse.


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